C’est le moins que l’on puisse dire ! Y aura-t-il une trace géologique de la COVID-19, hormis d’avoir bousculé notre agenda comme celui de tout le monde. Pour le coup cet événement est « synchrone, bref et global » comme aurait dit notre ami Patrick De Wever pour le qualifier de candidat marqueur d’une division géologique (De Wever & Meilliez, 2020).
Certes chacun d’entre vous, ayant consulté le site internet rénové de la SGN (http://sgn.univ-lille.fr) aura constaté que l’ensemble des manifestations, laborieusement conçu et monté depuis 3 ans pour marquer ce 150e anniversaire, se trouvera réparti sur l’automne 20201 et une bonne partie de 2021. Entre autres, la séance solennelle prévue les 5 juin (en salle) et 6 juin (sur le terrain) a été reportée respectivement aux 11 et 12 juin 2021. En salle, dans le grand amphi de Lilliad, et sur le terrain, comme prévu, autour de Cassel en mémoire de la première excursion géologique que Jules Gosselet avait montée en juin 1865.
Cependant il y aura quand même deux évènements qui marqueront cette année 2020 pour la SGN. Le premier vient d’une proposition de notre partenaire, la Société Géologique de France, qui a diffusé une synthèse géologique actualisant les connaissances acquises sur le Massif ardennais, dans sa revue Géochronique (n° 154). Ce dossier succède à un dossier tout aussi superbe (n° 153) sur le Maroc. En comparant les deux images de couverture, on comprend de suite que la façon de faire de la géologie n’est pas la même sur ces deux territoires. Nos amis belges, via Geologica Belgica, ont fortement participé à la préparation de ce dossier, piloté par un tandem qui n’a pas ménagé sa peine (Meilliez & Goemaere, 2020). N’oublions pas la Société d’Histoire Naturelle des Ardennes qui a aussi tenu sa place de « veilleur de terrain ». On le verra davantage dès cet automne (10 octobre à Givet) et aussi au printemps prochain (colloque de Givet du 28 au 31 mars 2021). Bref, 2019 et le premier semestre 2020 auront formé une période de coopération fertiles entre sociétés voisines. Il n’y a pas de raison que ça s’arrête.
Le second événement est plus discret, et pourtant il marque une importante étape de la vie de la SGN : ce tome 27 est le premier à être imprimé sur les rotatives de l’Université de Lille qui, grâce à la reconstitution d’une université intégrée dispose des moyens pour se constituer en éditeur scientifique, et s’est lancée dans cette politique audacieuse. A l’échelle du globe, l’édition scientifique était en crise depuis plusieurs années, le modèle précédent ayant surtout montré ses dérives. Les chercheurs devaient payer pour publier des données qu’ils n’ont généralement pas récoltées gratuitement, puis devaient repayer (cher) les abonnements aux revues dans lesquelles ils publiaient. Et ce n’est qu’un aspect de la question. Les maisons d’édition ayant pignon sur rue devenaient davantage des pouvoirs politiques et financiers plutôt que des promoteurs de la pensée scientifique. Et pour couronner le tout, dans chaque nation, les autorités scientifiques obtenaient des crédits de recherche davantage en s’appuyant sur de fallacieux indices supposés scientifiques parce qu’ils étaient numériques, pour qualifier la valeur des chercheurs individuels et des laboratoires. Jusqu’à ce que, ici et là, en quelques mois, des institutions (s’appuyant sur de nombreuses voix) se sont rebellées et ont exigé que les résultats de la recherche financée par les deniers publics soient publics. Le château de sable s’est effrité (tout géologue pouvait le prévoir). De nombreuses universités par le monde se sont lancées dans l’édition scientifique pour valoriser en priorité les travaux de leurs laboratoires. Certes, ce n’est pas une panacée, et on pressent les horizons vers lesquels un tel modèle peut à son tour dériver. Toutefois, c’est dans ce contexte que l’Université de Lille, parmi d’autres, s’est lancée dans l’aventure.
Durant une petite année, un groupe de travail composé de représentants de la quarantaine de revues qui étaient répertoriées sur l’université, conduit par un groupe de pilotage efficace, a élaboré un processus, tenté d’apaiser les craintes des uns et des autres, et finalement proposé une convention à chaque laboratoire ou association qui porte une revue. La SGN, qui porte la doyenne des revues (avec ses 150 ans), a trouvé là une convergence forte avec sa mission de partage de la culture scientifique. Nous avons là une excellente opportunité pour… redécouvrir ce qui se faisait tout naturellement, sans convention, au xixe siècle. Il suffit de lire de-ci de-là des articles des Annales de la SGN pour s’en rendre compte. C’est cet esprit de coopération simple, pour le seul plaisir de comprendre et de progresser ensemble, que l’on soit chercheur, enseignant, ou autre, que l’on doit faire vivre dans la durée. C’est l’esprit qui imprègne toutes les actions montées en partenariat pour ce sesquicentenaire. Une chance : ça ne se terminera pas avec 2020 ! C’est donc un nouvel élan… pour 150 ans !
Ce changement dans nos modalités d’édition a néanmoins un impact sur le contenu « non scientifique » de nos Annales. Considérant jusqu’à présent que nos adhérents n’étaient pas tous « connectés », nous assurions le compte rendu de l’administration de notre association au travers de la rubrique « vie de la société » de notre publication annuelle. Le calendrier de bouclage imposé par le nouveau système d’édition scientifique régional auquel nous adhérons rend cette tradition inopérante. Par ailleurs, nous avons entièrement rénové et repensé notre site Internet pour que la communication soit maintenant parfaitement alimentée et efficace. Tous les comptes rendus institutionnels (AG, CA) s’y trouvent et sont consultables par les adhérents. Les comptes rendus des instances de pilotage, sollicitations pour avis et informations en temps réel sont transmises par courriel aux listes de diffusion appropriées (adhérents, CA, Bureau, conseil scientifique et éditorial) dans des délais très courts grâce à la grande efficacité de notre secrétaire Fabien Graveleau. Dans ce contexte, nous avons jugé nécessaire d’alléger très sensiblement le contenu de notre revue pour lui donner un caractère plus conforme au modèle actuel des revues scientifiques et de partage de contenus thématiques. Bien évidemment nous attacherons une attention toute particulière à continuer à informer largement de ces contenus administratifs nos quelques adhérents qui n’utilisent pas les outils numériques par des moyens adaptés à chaque situation.
En ce 30 octobre 2020, juste avant de mettre sous presse, une deuxième période de confinement commence. L'opération SGN-150 aura pu réaliser : le Dossier Géochronique (Le Massif ardennais), une journée d'animation à Givet (10 octobre) et le colloque sur le thème des Matériaux, en partenariat avec la SIM et UniLaSalle-Beauvais. Le colloque scientifique prévu en mars 2021 est reporté en 2022 (du 19 au 23 avril), à Givet (08). La séance solennelle reste programmée pour les 11 et 12 juin 2021 à la Cité Scientifique (Lilliad / Université de Lille).
Nous travaillons à organiser la mise en ligne sur notre site web de comptes rendus de ces événements ; les communications scientifiques qui en seront tirées seront publiées dans le T28 des ASGN, à paraître fin 2021.