Le paysage et ses récits 7e édition de La Bourse de L'Institut pour La photographie Programme de soutien à La recherche et création

L'essence même du paysage est propice à sa mise en image. Les peintres puis les photographes ne s'y sont pas trompés. L'art du paysage, corrélé à l'invention de la perspective, est né d'une ambition de coller à la nature, de restituer sa réalité.

Depuis deux décennies, cette notion de paysage est remise en question. D'une part, le paysage apparaît comme une construction culturelle occidentale et non comme un rapport direct à une « nature » extérieure ou sauvage, à l'instar du Romantisme. Les travaux d'Anne Cauquelin et d'Alain Roger l'ont décrit, le paysage traduit le point de vue des sociétés qui ont su le cultiver et le construire selon une esthétique spécifique. D'autre part, l'idée même d'une opposition entre « nature » et « culture » a été battue en brèche par l'anthropologie, depuis la publication du fameux livre de Philippe Descola, L'écologie des autres. L'anthropologie et la question de la nature (2011).

La 7e édition de la Bourse de l'Institut s'inscrit dans la lignée des nombreux travaux, artistiques et/ou scientifiques qui repensent la construction esthétique du paysage, tentent d'en déplier ses artifices, déplacent ses points de vue, reconsidèrent les traces et les impacts du vivant ou même de son histoire.

Deux pistes sont privilégiées dans cette réflexion sur la photographie de paysage. L'approche écologique nous conduit à penser le mouvement général de désanthropisation de notre environnement, pour s'ouvrir à de nouvelles formes d'observation, de réflexion sur le non­ humain. Elle invite, selon la formule du pionnier de la pensée écologique, Aldo Leopold, à « penser comme une montagne » (1949). La seconde, politique, s'inscrit dans l'analyse de Jacques Roncière, dans Le Temps du paysage (2020), qui étudie les relations entre le paysage et l'ordre social, interrogeant entre autres la place assignée des hommes dans le paysage.

Faire naître un paysage à l'image, ouvrir à de nouvelles expériences du paysage, jusqu'à en convoquer ses sources, ses récits et ses mythes… Le paysage et ses récits pourrait alors se déployer sur une large gamme de pratiques artistiques et de sujets de recherche qui ouvrent autant d'écritures photographiques sensibles, spéculatives, du mémoriel au fictionnel, de l'étude à l'enquête ou à la fiction, voire l'anticipation, ainsi que des apports à l'histoire visuelle de la photographie de paysage.

Le programme de soutien à la recherche et création de l'Institut vise à développer et croiser des approches diverses autour de la photographie - histoire de la photographie, anthropologie des images, études visuelles, humanités numériques, sciences humaines et sociales, recherche en arts plastiques… Comme chaque année, cet appel est ouvert à des photographes, artistes, chercheurs et curateurs. Tout à la fois international et ancré sur son territoire des Hauts‑de‑France, l'Institut sera aussi particulièrement attentif aux projets qui investiraient des ressources spécifiques à la région et s'inscriraient dans différentes rencontres publiques du programme.

Date limite de candidature : 2 décembre à 15 heures (heure de Paris) informations complémentaires sur le site de l’Institut pour la photographie.

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