1. Problématique
1.1. Phraséologismes
Les phraséologismes (aussi appelés unités phraséologiques ou phrasèmes) sont des séquences :
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polylexicales : elles sont formées d’au moins deux unités utilisées en contiguïté ou à proximité dans les textes ;
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préfabriquées d’un point de vue cognitif : il y a mémorisation « connectée » des unités figurant dans leur signifiant ;
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contraintes au plan paradigmatique : les unités en présence ne commutent pas librement avec d’autres unités de sens proche.
Le territoire phraséologique s’est construit par strates, au rythme de recherches menées dans des cadres théoriques et méthodologiques diversifiés. Ce territoire est devenu aujourd’hui si vaste qu’on peine à en fixer les limites et à établir la ligne de partage entre certaines de ses sous-classes. Rappelons quelques jalons relatifs au développement de ce champ d’étude :
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Décennie 1970. Une place importante a été réservée aux expressions intra-phrastiques (verbales et nominales, en particulier) et aux collocations (au sein des phrases), notamment aux verbes supports, dans des perspectives lexico-syntaxiques (p. ex. M. Gross, 1976, 1982) et lexico-sémantiques (entre autres Mel’čuk, 1978).
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Décennie 1980. L’intérêt s’est étendu aux routines conversationnelles et aux expressions méta-communicatives en contexte situationnel (notamment Coulmas, 1979, 1981 ; Schegloff, 1986). Cette ouverture a coïncidé avec l’expansion de la pragmatique linguistique dans les années 1980 (p. ex. Levinson, 1983) et avec la consolidation de nouvelles approches méthodologiques, dont l’analyse conversationnelle, qui met entre autres à l’honneur les questions de politesse linguistique dans des perspectives interculturelles (p. ex. Atkinson & Heritage (Eds), 1984).
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Décennies 1990-2000. La parémiologie a alimenté de tous temps les réflexions profanes. L’intérêt des linguistes – notamment des sémanticiens et des pragmaticiens – pour le domaine est récent. Une première série d’études, savamment documentées, est parue à la fin du XXème siècle (p. ex. Anscombre, 1994 ; Kleiber, 1999 ; Schapira, 1999 ; Anscombre (dir.), 2000). L’intérêt pour la parémiologie sous un angle pragma-sémantique ne s’est par la suite jamais démenti.
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Décennie 2010. Dans Phrasemes in Language and Phraseology in Linguistics publié en 1995, I. A. Mel’čuk a introduit le terme pragmatème. Ce dernier désigne un type de phrasème, compositionnel au plan sémantique, dont l’usage est contraint par la situation de communication extralinguistique. Par exemple, la séquence embarquement immédiat, produite de manière récurrente dans les aéroports, est un pragmatème. Son sens correspond à la somme des sens exprimés par les éléments qui la composent, à savoir ‘embarquement’ ‘immédiat’. Il est difficile de prévoir quel sort sera réservé à la notion de « pragmatème » à moyen et à long termes. Pour l’heure, en tout cas, elle suscite l’engouement (p. ex. Fléchon, Frassi & Polguère, 2012 ; Blanco, 2013 ; Polguère, 2016 ; Blanco & Mejri, 2018 ; González-Rey, 2020 ; Dostie & Jobin-Tessier, 2021).
À l’instar de ce qui s’observe dans les autres domaines de la linguistique et, plus largement, des sciences du langage, l’accès facilité aux corpus de tous types (aussi bien oraux qu’écrits) depuis une vingtaine d’années a ouvert de nouvelles perspectives en phraséologie. La quête empiriste, alliée à une volonté d’objectivation accrue, a conduit certains chercheurs à aborder les phraséologismes en termes de fréquence. Sous cet angle, une cooccurrence en corpus serait un phraséologisme si elle apparaît avec une fréquence suffisamment élevée, sans qu’on s’accorde d’ailleurs sur le seuil minimal à atteindre (entre autres Gries, 2008). Toutefois, à y regarder de près, la fréquence s’avère d’une portée limitée pour repérer et, surtout, pour définir le phraséologisme. Par exemple, Colson (2008) mentionne que certains types de phrasèmes, très bien étudiés par ailleurs, sont marginaux d’un point de vue strictement statistique ; il en est ainsi des expressions idiomatiques (cf. idioms en anglais) traditionnellement définies par leur caractère imagé (p. ex. avoir du pain sur planche, tomber dans les pommes, en rang d’oignons, etc.). De même, les parémies, qui font office de séquences phraséologiques prototypiques, sont peu fréquentes ; elles exigent la mise en œuvre de stratégies particulières pour être relevées dans les corpus, telles la recherche d’expressions usuelles dans leur environnement du type comme on dit, comme chacun sait, etc. (Pęzik, 2018). Quoi qu’il en soit de cette question ponctuelle, l’outillage développé grâce aux corpus a fait émerger de nouvelles réalités qui montrent bien, comme cela a été évoqué d’entrée de jeu, à quel point les limites du territoire phraséologique restent difficiles à fixer. Nous pensons ici, en particulier, aux colligations (depuis Firth, 1957, entre autres Hoey, 2004 ; Legallois, 2012 ; Lehecka, 2015) et aux cadres collocationnels ou motifs (Longrée, Luong & Mellet, 2008 ; Legallois, 2012 ; Lavigne, Longrée & Mellet, 2018), qui reposent sur des attractions lexicales mutuelles, repérables de manière probabiliste. On entre désormais de plein pied sur le territoire d’une phraséologie étendue (Legallois & Tutin, 2013).
1.2. Phraséologismes pragmatiques
L’histoire récente de la phraséologie reflète celle de la linguistique tout court : comme on l’a observé plus haut, ses objets d’étude se sont élargis au rythme de la place grandissante accordée, depuis les années 1980, aux questions pragmatiques et, de manière notable à partir des années 2000, aux données de corpus. L’analyse des phrasèmes a bénéficié d’un cadre conceptuel élargi, qui tient explicitement compte des éléments co(n)textuels mobilisés lors des processus de production et d’interprétation des messages ainsi que des dimensions interactive et actionnelle du langage. Vus ainsi, de nombreux phraséologismes se sont révélés être pragmatiques de diverses façons, comme du reste bon nombre de lexies monolexicales (p. ex. merci et voyons). Le terme phraséologisme pragmatique, qui semble tout indiqué pour désigner cette réalité, est attribué à H. Burger, comme le précise M. Kauffer ici même, dans un article consacré aux actes de langage stéréotypés (ALS) construits avec le verbe dire. De même, Dziadkiewicz (2007) écrit :
Forgé par Burger (1973, 1982), le terme de phraséologismes pragmatiques (PP) désigne un large groupe de formulations conventionnelles réalisant des actes de langage déterminés qui ne peuvent être décrits que dans un cadre pragmatique, c’est-à-dire faisant référence à la situation de leur énonciation. L’auteur a inclus parmi les PP des expressions fixes telles que Guten Tag (Bonjour) et Guten Appetit (Bon appétit), mais aussi des constructions lexico-grammaticales ouvertes comme Würden Sie mir bitte den Zucker herüberreichen ? (Me passeriez-vous le sucre, s’il vous plaît ?) ou Hätten Sie die Freundlichkeit mich ins Theater zu begleiten ? (Auriez-vous l’amabilité de m’accompagner au théâtre ?). (Dziadkiewicz 2007, p. 1)
En nous inspirant des présentations historiques et épistémologiques de la pragmatique offertes notamment dans Kleiber (1982), Levinson (1983), Turner (1997) et Bracops (2010), nous montrons dans ce qui suit que la « pragmaticalité » de nombreux phrasèmes peut être entrevue sous divers angles qui, loin de s’opposer, se complètent. Nous nous intéressons en particulier à la relation enchevêtrée entre la sémantique et la pragmatique, ce qui nous amène au passage à considérer l’existence de phraséologismes pragmatiques qui ne réalisent pas forcément des actes de langage, contrairement à ce qu’on peut lire dans la citation précédente. À titre d’exemple, cela se produit avec certains groupements de marqueurs discursifs, comme bon mais et mais là, étudiés dans l’article signé ici par Mathilde Dargnat et Jacques Jayez.
Dans sa quête pour cerner l’objet d’étude de la pragmatique, Kleiber (1982) distingue trois paliers ou niveaux où ce domaine interagit avec la langue :
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Le premier palier transparaît lorsque des éléments pragmatiques (p. ex. une valeur illocutoire, le renvoi à des paramètres (co)contextuels, telle une référence aux actants de l’énonciation, etc.) appartiennent aux signifiés des unités linguistiques ou des phrases. Ils sont codés dans la langue. Cette pragmatique, dite de premier niveau, correspond à ce que J.-C. Anscombre et O. Ducrot (1983, p. 20) appellent, en se référant explicitement à A. Culioli, la pragmatique intégrée. Elle a notamment inspiré de nombreuses études sur les marqueurs discursifs, les connecteurs textuels et autres mots du discours (p. ex. Ducrot et al., 1980) ;
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Le deuxième palier se manifeste lorsque la valeur pragmatique effective est relativement prévisible en raison de conventions d’usage qui orientent l’emploi de telle ou telle unité de langue ou construction lexico-syntaxique, sans pour autant être codifiée dans son sens. Un exemple classique est celui des questions du type Pouvez-vous faire X ? qui sont spontanément interprétées comme des demandes en vertu de règles relevant de la politesse linguistique ;
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Le troisième palier renvoie à celui où les éléments du contexte situationnel (p. ex. le temps et le lieu) et les connaissances idéologiques et culturelles guident l’usage et l’interprétation des unités de langue et des énoncés. Ces éléments ne sont pas inscrits ou codifiés dans la langue ; ils lui sont extérieurs. Par exemple, l’énoncé il ne fait pas très froid aujourd’hui pourrait être interprété, dans un contexte donné, comme une invitation à aller se promener en forêt, en fonction d’un principe de pertinence (Grice, 1957 ; Sperber & Wilson, 1995 ; Wilson & Sperber, 2004).
Les trois paliers susmentionnés, à travers lesquels les questions pragmatiques peuvent être entrevues, ne s’opposent pas. L’interprétation d’un énoncé peut mobiliser simultanément plusieurs sortes d’indices pragmatiques. De la même manière, un phraséologisme quelconque peut être pragmatique de plus d’une façon. Cela se produira si, d’une part, certains éléments du contexte sont inscrits dans son sémantisme (comme des termes déictiques, une valeur illocutoire) et si, d’autre part, sa production/interprétation requiert une connaissance du monde (c’est-à-dire la prise en compte du contexte situationnel, comme le temps et le lieu ainsi que la mobilisation d’un ensemble de savoirs idéologiques et culturels). En guise d’exemple, une phrase préfabriquée comme il n’y a pas de quoi est d’abord pragmatique parce qu’elle encode dans son sens des éléments du contexte, à travers une référence aux actants de l’énonciation, auxquels s’ajoute une valeur illocutoire intrinsèque : dans les grandes lignes, ‘je’ asserte que ce pourquoi ‘tu’ le remercie ou s’excuse est peu de chose et, à la limite, ne mérite pas d’être relevé. Il serait difficile de définir une telle phrase sans faire référence aux éléments précités. Ensuite, il n’y a pas de quoi est pragmatique pour la raison suivante : son utilisation repose sur des connaissances culturelles reliées à des stratégies de politesse qui consistent, de la part du locuteur, à ménager l’ego de l’autre en diminuant, selon le cas, soit l’importance du geste qu’il (le locuteur) a posé (lorsque l’interlocuteur le remercie), soit la gravité du geste posé par l’interlocuteur (lorsque ce dernier s’excuse). La phrase considérée est une routine discursive stéréotypée et son usage (ou celui d’une formule ritualisée similaire) est souhaitable, voire attendu dans certains contextes, conformément aux règles qui orientent les comportements sociaux.
En fonction de ce qui précède, on peut distinguer les phraséologismes pragmatiques au sens faible et les phraséologismes pragmatiques au sens fort, selon la réalité linguistique décrite et l’angle sous lequel on envisage cette même réalité (les deux ne s’excluant pas, comme on l’a vu). Le sens faible couvre les situations où les éléments pragmatiques étudiés sont assimilables à des paramètres sémantiques, en raison de leur codification dans le système linguistique. Le sens fort renvoie aux cas où les éléments pragmatiques mobilisés, qui sont essentiels pour un encodage adéquat du message et un décodage réussi, sont extérieurs à la langue. Il en est ainsi, comme on l’a remarqué, des connaissances situationnelles, idéologiques et culturelles qui fondent la communication humaine. De ce fait, une phrase expressive du type à la bonne heure ! apparaîtra comme un phraséologisme pragmatique au sens faible en ce qu’elle exprime, par convention de langue, « la satisfaction du locuteur en réaction à la situation et/ou au contexte » (Bertrand, 2004, p. 167). De manière approximative, cette phrase signifie ‘je me réjouis de ce que j’entends / du constat que je fais’. Par comparaison, un slogan publicitaire comme choisir le gaz, c’est aussi choisir l’avenir (voir le texte de Lidia Miladi dans ce volume) s’apparente à un phraséologisme pragmatique au sens fort. Les destinataires potentiels du message seront vraisemblablement amenés à inférer en discours un ou des sens cachés. Sous l’apparente neutralité de l’acte de langage assertif, ils pourront notamment y déceler un acte directif visant à orienter leurs actions : la phrase pourra être lue comme un incitatif à opter pour un type particulier d’énergie. Une telle inférence reposera sur le décodage d’un présupposé, à valeur axiologique, selon lequel le gaz serait une énergie propre, donc bonne. Voilà pourquoi les lecteurs du même slogan qui auraient déjà opté pour l’énergie préconisée pourront, de leur côté, ressentir une valorisation de leur choix et un encouragement à poursuivre dans la voie sur laquelle ils se sont déjà engagés. Ils seront alors interpellés par le slogan en leur qualité de citoyens responsables et prévoyants.
De manière sommaire, les phraséologismes pragmatiques prototypiques sont centrés :
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sur le locuteur et sur l’acte d’énonciation, comme l’illustrent les phrases expressives étudiées par Francis Grossmann, Anna Krzyżanowska et Lidia Miladi dans ce volume, du type c’est le bordel ! ;
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sur l’interaction et les interactants, telles les holophrases exprimant le désaccord analysées par Olga Galatanu (p. ex. et alors? et allons donc) ainsi que les séquences appelées à créer des attentes, comme tu sais quoi?, étudiées par Alexander Guryev ;
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sur la structuration du discours, comme les motifs conclusifs scrutés par Dominque Longrée dans des œuvres de Cicéron, tel quae cum ita sint ‘alors que les choses sont ainsi, étant donné la situation’.
En outre, on l’a dit, les phraséologismes pragmatiques présentent une dimension actionnelle lorsqu’ils ont un statut phrastique. Ils accomplissent alors des actes de langage typiquement assertifs, expressifs et/ou directifs. L’article de Maurice Kauffer, portant sur une série de phrases formées sur le verbe dire, (comme c’est toi qui le dis et tu m’en diras tant !) en offre une excellente illustration.
Les propriétés précitées ne sont pas conférées aux phraséologismes en raison de leur caractère polylexical. Elles résultent de leur statut d’unités ou items pragmatiques au sens faible et/ou au sens fort. Premièrement, de nombreux phraséologismes n’ont en rien les propriétés relevées ci-dessus pour les phraséologismes pragmatiques, comme les expressions verbales (p. ex. prendre la poudre d’escampette et en voir de toutes les couleurs) et nominales (p. ex. lit jumeau et garde-robe) ou encore les collocations telles histoire à dormir debout et adresser une critique. Deuxièmement, il existe de nombreuses unités monolexicales pragmatiques, qui renvoient au locuteur et à l’énonciation, à l’interlocuteur et à l’interaction et/ou qui contribuent à la structuration du discours (p. ex. ben, là, alors et pis). Parmi ces unités lexicales, certaines présentent de surcroît une dimension actionnelle (lorsqu’elles ont le statut de mots-phrases), comme chut, bravo et voilà – ce qui constitue une autre facette de leur « pragmaticalité ».
2. Contributions au numéro
La notion de ‘phraséologisme pragmatique’ désigne, on l’a vu, une réalité multiforme d’une grande complexité. Elle renvoie à une variété imposante de sous-classes qu’on gagne à aborder de manière autonome (ou par sous-groupes, de façon comparative), afin d’en cerner l’essence. C’est donc à cette tâche délicate que s’attellent les auteurs qui signent un texte dans le présent volume. Ce dernier réunit onze articles axés sur des phraséologismes approchés sous l’angle d’une « pragmaticalité » tantôt au sens faible, tantôt au sens fort, tantôt les deux.
La première partie du volume porte sur des types circonscrits de phrases préfabriquées ou toutes faites. On s’intéresse :
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aux locutions-phrases génériques (aux parémies) et aux locutions-phrases situationnelles (Gaétane Dostie) ;
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aux phrases expressives dans une perspective contrastive français-polonais (Francis Grossann, Anna Krzyżanowska & Lidia Miladi) ;
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à une série de phrases formées sur le verbe dire, qui accomplissent divers actes illocutoires (Maurice Kauffer) ;
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aux holophrases exprimant le désaccord (Olga Galatanu) ;
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aux phrases routinières, utilisées pour susciter l’intérêt de l’interlocuteur (Alexander Guryev) ;
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aux phrases circulant dans la publicité (Lidia Miladi) et aux concaténations de phrases employées dans les annonces ferroviaires en France (Dorota Sikora) ;
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à une sous-classe de phraséologismes automnes du mandarin, dits chéngyŭ, dont l’interprétation n’est pas littérale (Yanjing Bi).
La seconde partie de l’ouvrage s’attache aux motifs textuels argumentatifs et cohésifs dans le corpus cicéronien (Dominique Longrée). L’attention se dirige ensuite du côté des constructions pseudo-coordonnées au sein desquelles le relateur agit dans certaines langues, dont le grec et le russe, soit comme un véritable coordonnant, soit comme un marqueur discursif, selon les contextes (Christine Bonnot & Sophie Vassilaki). Le volume se clôt par un examen du phénomène d’attraction lexicale entrevu à travers le marqueur discursif mais et ses cooccurrents fréquents dans les contextes gauche et droit (Mathilde Dargnat & Jacques Jayez).
Le recueil est l’occasion de réfléchir à travers des études de cas fouillées :
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aux propriétés sémantico-pragmatiques et, éventuellement, formelles qui différencient les phraséologismes pragmatiques d’autres catégories de phraséologismes ;
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à leur repérage et à leur extraction dans les corpus ;
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aux sens figuratifs, à la métaphorisation et à l’iconicité langagière ;
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à la modélisation lexicographique de quelques sous-classes de phraséologismes pragmatiques et à la description de ces sortes de phrasèmes dans les dictionnaires unilingues, bilingues et multilingues ;
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à la variation intra- et inter- linguale dans le domaine considéré ;
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aux problèmes soulevés par la traduction des phraséologismes pragmatiques.
Les analyses portent principalement sur le français et, de manière complémentaire (par ordre de présentation des langues traitées), sur le polonais, le mandarin, le latin, le russe et le grec.
L’arrière-plan général du volume est le postulat selon lequel il y a une imbrication forte entre préfabrication mémorielle (et, dans beaucoup de cas, contextuelle), lexique et culture (Galisson, 1988). Au-delà de leurs statuts sémantico-pragmatiques particuliers, les phraséologismes pragmatiques peuvent en effet être vus, nous semble-t-il, comme des moyens de passer « de la langue à la culture », pour reprendre les mots de Gallisson (1991). L’auteur se réfère ici à cette culture transversale partagée par les locuteurs d’une communauté donnée « qui, même s’ils l’ignorent, gouverne la plupart de leurs attitudes, de leurs comportements, de leurs représentations et des coutumes auxquelles ils obéissent » (Galisson, 1991, p. 116).