Scurra Atticus ? Le comique de Socrate d’Athènes à Rome
DOI : 10.54563/mosaique.1586
Résumés
Nos sources grecques sur Socrate établissent deux types de relation au comique, générique en tant que personnage de comédie, ou réflexif (par l’ironie) dans l’exercice de son activité philosophique. Nous pouvons alors définir un comique objectif (d’infériorité), dans lequel le philosophe est raillé, et un comique subjectif (de supériorité), où il ridiculise ses interlocuteurs dans un but psychagogique, le rire sanctionnant la réussite de la transmission de son enseignement. À Rome, nous assistons à une évolution de ces modèles de pensée ; chez Plaute, Socrate se métamorphose en un esclave rusé, transformant la comédie en un espace de réussite de la parole socratique, alors que cette dernière échoue dans la satire de Lucilius, par son incapacité à proposer des solutions aux problèmes passionnels. Le modèle socratique est disqualifié comme inopérant dans le domaine oratoire, frappant ses épigones de ridicule. C’est finalement dans la figure d’un Socrate farcesque que le comique acquiert de nouveau une dimension morale et protreptique ; les caractères comiques se transforment pour devenir vecteurs de philosophie.
Our Greek sources on Socrates place the philosopher in two types of contact with the comic idea : first, as a character in a comic play ; and second, as an ironic and self-aware comic subject using humour for philosophical ends. We can then define an objective, “passive” comic mode, in which the philosopher is predominantly the object of ridicule, and a subjective, “active” comic mode in which Socrates mocks his interlocutors for psychagogical ends, their laughter revealing the successful transmission of his ideas. In Rome, these modes of thought undergo significant evolution. In Plautus, Socrates has metamorphosed into the “cunning slave,” effecting a successful translation of the Socratic voice into the Roman theatrical idiom. In Lucilius’ satires, conversely, this voice falls short, and is portrayed instead as incapable of proposing solutions to emotionally laden problems. For many Romans, the Socratic model is disqualified as ineffective in the oratorical domain and his followers become objects of derision. Nevertheless, it is eventually by way of the farcical Socrates that the comic genre reacquires a protreptic and moral dimension, its stock figures reborn as vectors of philosophy.
Index
Texte
Citer cet article
Référence électronique
Mélanie Lucciano, « Scurra Atticus ? Le comique de Socrate d’Athènes à Rome », Mosaïque [En ligne], 9 | 2013, mis en ligne le 15 juillet 2013, consulté le 20 mai 2025. URL : https://www.peren-revues.fr/mosaique/1586
Auteur
Mélanie Lucciano
Mélanie Lucciano, agrégée de Lettres Classiques, est doctorante dans le cadre d’une cotutelle internationale de thèse franco-italienne entre l’Université Paris-Sorbonne et l’Università degli Studi di Torino. Elle travaille sous la direction de Messieurs les Professeurs Carlos Lévy et Ermanno Malaspina sur le sujet suivant : « Paene Socratico genere : figures de Socrate dans la littérature et la philosophie à Rome de Plaute à Sénèque ». Elle est actuellement ingénieur d’études à Paris 3 – Sorbonne Nouvelle dans le cadre du projet ANR « Renaissances d’Horace » dirigée par Mme le Professeur Nathalie Dauvois.
Droits d'auteur
CC-BY