La compagnie des Spectres de Lydie Salvayre : le texte et le nom

DOI : 10.54563/gfhla.222

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La Compagnie des spectres1, ouvrage récompensé du Prix Novembre, est un roman de Lydie Salvayre paru en 1997 qui entre désormais dans ce genre quelque peu à part des romans contemporains traitant de la Seconde Guerre Mondiale et de ses suites. Drôle et tragique, sadique en somme, le roman retrace l’histoire d’une famille (Rose Mélie, la mère, et Louisiane, la fille) à qui rend visite un huissier pour inventaire avant saisie et expulsion. L’huissier, maître Échinard, passe une mauvaise journée puisqu’il est confronté aux discussions de deux personnages singuliers. D’une part, il est confronté à la folie de Rose qui, depuis le meurtre de son frère Jean par les miliciens du régime de Vichy, mélange le passé, le présent et l’avenir et prend le pauvre maître Échinard pour un employé du régime. Elle ne manque pas de dénoncer à son attention ce qu’elle appelle les « paralipomènes » que l’Histoire a tus et tait encore, pour la reconnaissance desquelles elle lutte farouchement. D’autre part, l’huissier est confronté à la prodigalité rhétorique de Louisiane qui cherche par tous les moyens à garder sa télévision, outil qui rassasie son principal centre d’intérêt : les baisers et les choses du sexe.

Sur le mode de la microhistoire, mêlée au récit de témoignage, La Compagnie des spectres présente une situation contemporaine tout en parlant du passé, et plus précisément de l’Occupation. La récurrence des noms propres de personnages historiques mêlés aux noms propres de personnages fictionnels, et l’importance numérique de cette récurrence, incite à interroger la fonction du nom propre dans ce roman2.

En réponse, nous verrons comment le roman crée, par le biais du nom, une tension entre le fictionnel et le factuel non seulement par la proportion de noms propres, mais encore par la motivation des noms des deux types notamment grâce aux altérations phonétiques et morphologiques. Les référents de ces noms propres altérés, par ailleurs, vont fluctuer et prendre de l’ampleur jusqu’à englober des types de personne, et non plus être la propriété d’un individu.

Importance du nom propre

Pour commencer, le roman met en concurrence deux narrateurs qui, appartenant à la même famille, ont le même patronyme, la mère et la fille. Le narrateur-personnage Louisiane Mélie propose le récit cadre du roman. Ce récit cadre est à fonction évaluative d’un récit enchâssé proposé par Rose Mélie, qui tend à éclipser sa fille en tant que narratrice. Le récit de Louisiane est celui de la visite de l’huissier. Il est situé dans le présent :

L’huissier, qui avait décidément un grand sens de la retenue, leva sur moi ses petits yeux dénués d’expression. Et sur ce ton froid, impersonnel et monocorde qui me semblait parfois le comble de la distinction (sans doute parce qu’il était à l’opposé du nôtre, parfois plaintif, souvent criard, toujours exagéré et dramatique), De quelle année date votre appareil de télévision ? S’enquit-il en rajustant ses lunettes à montures dorées. (p. 46)

A contrario, les récits de Rose se passent, en grande partie, pendant l’Occupation, dans la petite ville de Venerque où elle et sa mère ont vu mourir Jean, son frère, des mains des jumeaux Juel, orgueilleux miliciens du régime, qui inspirent la terreur :

Mais ce jour dont je vous parle, dit maman, ce jour où s’écrivit devant nous la lettre de délation qui fit à elle seule basculer tout un monde, le cafetier quitta le comptoir dont il était la pièce maîtresse et qui sans lui semblait incomplet, pour s’installer à une table, près du calorifère. Il était entouré de Desmottes et Larzillère. Lorsque le pharmacien, que tous semblaient attendre, poussa la porte du café, le cafetier de sa plume écrivit. (p. 72)

La nomenclature ainsi formée, nous nous rendons compte que deux espaces miroirs sont délimités dans le roman : l’espace-appartement, qui concentre tous les personnages fictionnels du présent ; l’espace-Venerque, qui concentre tous les personnages fictionnels du passé. Ces deux espaces coexistent avec l’espace-monde, espace de la factualité, qui influe sur l’espace fictionnel par l’Occupation, d’une part, et par les valeurs représentées par l’huissier (justice, argent, société, etc.), d’autre part. Celui-ci est traité comme un intrus dans l’espace-appartement3. Aussi, aucun personnage historique ne pénètre jamais physiquement l’un des espaces fictionnels et, de même, il est malaisé pour les personnages fictionnels de se confronter aux éléments historiquement avérés. Seulement un personnage fictionnel pénètre l’espace-monde, mais il n’est jamais nommé. Il s’agit de la mère de Rose qui s’en va à Vichy faire ses doléances au Maréchal Pétain comme c’est le droit de tout citoyen :

Arrivée devant l’Hôtel du Parc où se pressait une foule de passants en gabardine et chapeau mou, ta grand-mère repéra huit ou neuf gardes mobiles en faction devant le propylée, quatre miliciens typiques : l’œil mauvais et le doigt sur la détente, aussi accorts que celui-là, dit maman en lorgnant l’huissier qui ne réagit pas, et une sentinelle plantée dans sa guérite, rigoureusement perpendiculaire au trottoir, avec un air d’ennui terrible collé sur le visage. (p. 89)

La scène se poursuit par l’arrestation de la mère de Rose par les gardes. La mère de Rose est le seul personnage fictionnel à pénétrer l’espace-monde, mais c’est aussi le seul personne important, au vu de l’intrigue, à n’être pas nommé. De cela, nous pouvons déduire une première observation : la nomination contraint le personnage à son espace-type.

D’ailleurs, la présence d’un personnage fictionnel sans nom dans l’espace-monde semble entraîner la fictionalisation de celui-ci : les gardes ne sont pas nommés, ils ne sont pas décrits, et font donc appel au centre productif du fictionnel, l’imaginaire. L’arrestation de la mère de Rose par ces gardes (gardes de la frontière entre les deux espaces-mondes ?) permet d’éviter la confrontation – qui s’incarne dans la rencontre entre la mère et Pétain – entre fiction et factualité, et donc de maintenir la séparation fictionnel/factuel.

Ainsi, la rencontre du fictionnel et du factuel est problématique. Et ce problème est posé par la rencontre des noms appartenant à l’un et l’autre monde. La fiction et la factualité sont compartimentées par le nom propre. D’où son importance dans ce roman, laquelle importance s’exprime non seulement par la diversité catégorielle de celui-ci mais encore par les rapports de force, sur un plan numérique, qui opposent ces catégories. En effet, nous pouvons distinguer cinq catégories de référent du nom propre selon que celui-ci désigne un personnage fictionnel (Rose Mélie, Louisiane, etc.), un personnage historique (Pétain, Darnand, de Gaulle, Pline le Jeune, Cicéron, etc.), un lieu factuel (Créteil, Paris, etc.) et des institutions (la Patrie, la Milice, La Garonne – un journal –, etc.).

Le roman de Lydie Salvayre est singulier : alors que le présent ne comporte que trois personnages, le roman en met en scène plus d’une vingtaine. Parmi ceux-là, il y a, d’une part, trois noms de personnages historiques récurrents, et marquants : Pétain et de Gaulle, dont les noms sont modifiés sur le plan de la forme, et Darnand4

À la répétition de ces trois noms, et aux transformations dont ils font régulièrement l’objet, s’ajoutent plusieurs personnages historiques dont les noms ont, dans ce roman, une moindre importance, comme par exemple Cheneaux de Leyritz5 (qui fut un des fonctionnaires du régime de Vichy à Toulouse). Mais encore s’ajoutent des noms d’auteurs classiques qui n’en restent pas moins des personnages historiquement avérés, tels Cicéron, Pline le Jeune, Suétone, ou encore Pascal (« elle avait lu les Pensées de Pascal, p. 166), ou encore des noms de personnages contemporains célèbres (« Mel Gibson […] Sophie Marceau », p. 148). De fait, le roman renforce l’effet de réel en ajoutant, à la nomination récurrente des trois personnages historiques, une multitude de noms factuels secondaires.

D’autre part, dix personnages fictionnels sont nommés, dont quatre font partie d’un couple : Nelly et Jawad, amis de Louisiane (« Nelly et Jawad se livrent à des prises époustouflantes », p. 148), couple de l’espace-appartement, et les jumeaux Juel (« c’est la première fois de leur vie que les jumeaux Juel sont fiers », p. 71), couple de l’espace-Venerque. Les autres personnages sont les sus-cités : Louisiane, Rose, maître Échinard, auxquels s’ajoutent le Dr. Donque (première apparition p. 22), M. Leducq (le propriétaire de l’appartement, p. 12), Robert Biron (qui fait l’objet d’une délation à Venerque). Quelques personnages fictionnels gravitent autour de ceux-ci : la mère de Rose, les gardes qui l’arrêtent, l’évocation des relations de Rose lorsqu’elle travaillait encore à la Poste (« bientôt, ses premières confusions apparurent qui alertèrent Josette et Marceline, ses collègues », p. 161), et les personnages qui ont dénoncé Robert Biron.

D’où notre deuxième observation : il y a plus de noms de personnages fictionnels importants, du point de vue de l’intrigue, que de référents historiques importants. Cela permet de garder le roman dans le domaine de la fiction, de garder les deux types d’espace relativement hermétiques l’un par rapport à l’autre.

D’ailleurs, s’il y a plus de personnages fictionnels importants que de personnages historiques importants, d’un point de vue strictement numérique les personnages historiques sont majoritaires : sur quatre cent quatre-vingt-douze noms écrits dans le roman, deux cent cinquante et un sont des noms de personnages historiques tandis que seulement cent soixante-quinze sont des noms de personnages fictifs. Pour que le relevé soit complet, précisons que trente-huit sont des noms de lieu et vingt-huit des institutions. Voici un schéma sans doute plus clair :

Ainsi, nous ne pouvons que remarquer la majorité absolue des noms de personnages historiques sur les noms de personnages fictionnels. Cette majorité a pour principal effet d’alourdir le récit, c’est-à-dire qu’elle fait sentir combien l’histoire est importante et présente dans l’intrigue du roman. Elle est renforcée par les noms de lieux et institutions qui appartiennent à la factualité, à l’espace-monde, et qui, ajoutés aux personnages historiques, amènent au résultat de 64,43 % de noms appartenant à la factualité. Pour résumer, un tiers des noms propres appartient au fictionnel, les deux tiers restant au factuel. Le lecteur, sous cette abondance de noms propres qu’il connaît, c’est-à-dire souvent dans les grandes lignes (sauf pour l’historien ou le passionné), se perd comme est perdue Rose Mélie. Confronté à une fiction, il va être déstabilisé par cette accumulation de noms propres factuels, qui renvoient à des faits et légendes historiques, d’autant plus que l’histoire qu’il lit (dont l’intrigue principale, comme nous l’avons dit plus haut, consiste en la visite d’un huissier et de la lutte de Louisiane pour conserver sa télévision) n’est pas en rapport direct avec ces noms propres : jamais, ainsi que nous l’avons dit, un personnage fictionnel n’entre en contact direct avec un personnage historique.

Il est donc évident que dans La Compagnie des spectres, le nom propre a un fonctionnement complexe : il sert, tout d’abord, à délimiter la fiction de la réalité par le clivage entre nom de personnage fictionnel et nom de personnage historique. De plus, le nom propre est numériquement significatif : les noms propres à référent factuel sont numériquement majoritaires par rapport aux noms propres de personnages fictionnels. D’où notre première interrogation : pourquoi les noms de personnages historiques sont-ils plus présents alors que le récit repose sur les personnages fictionnels, lesquels n’ont pas de relations avec les personnages historiques ? Que dénote alors le nom propre d’un personnage historique : est-ce toujours le même personnage, bien qu’il ne participe pas au récit, ou est-ce autre chose à déterminer ?

Motivation et déformation du nom propre

Normalement, la motivation de l’acte de nomination est libre. Cependant, dans le cadre romanesque, l’insertion de personnages historiques est censée empêcher l’auteur, puisque ces personnages ont déjà un nom, de jouer sur le sens de ce nom. Lydie Salvayre non seulement joue sur la motivation des noms de tous les personnages fictionnels, mais elle enfreint aussi les règles du nom propre de personnage historique.

En guise d’illustration de la forte motivation des noms de personnages, avant de passer aux figures historiques qui nous intéressent ici, nous prendrons l’exemple du narrateur-personnage, Louisiane. Plusieurs fois, celui qui raconte (qu’il s’agisse du narrateur-personnage Louisiane ou du personnage Rose) avoue au lecteur, en filigrane parfois, cette motivation :

Car ton oncle, ma chérie, [explique Rose,] avait l’âme voyageuse. […] Mais entre tous ses rêves voyageurs, un lui était cher entre tous, celui de descendre le Mississippi […] et c’est en hommage à ce voyage que mon frère ne fit jamais, sinon en songe, que je te donnai le nom de Louisiane, comme si tu étais, en quelque sorte, ma chérie, son enfant géographique. (p. 136)

Cet extrait met en avant la forte signification du nom de Louisiane. En effet, il vient de l’idéalisation par son oncle du voyage en source de bonheur (c’est le principe du tourisme). Le prénom de la jeune fille connote donc le désir de voyage, d’évasion. En parallèle, le personnage possède ce désir particulier puisque non seulement la seule et unique passion de Louisiane est l’amour télévisé (la télévision est, pour elle, un outil au service de son escapisme) mais encore, Louisiane dénonce son désir d’un ailleurs, sans en avoir particulièrement conscience, à plusieurs reprises, par exemple :

[…] je passai une partie de la soirée à rêver à d’improbables miracles, à appeler de mes vœux je ne sais quel désastre qui me permît d’obvier au mien (désastre) : l’effondrement de la cité dont je réchapperais, un tremblement de terre, une crue gigantesque qui emporterait tout. (p. 47)

Les solutions proposées par Louisiane pour « obvier » à la visite de l’huissier comportent un caractère commun et particulier : elles incluent la destruction ou l’altération définitive de l’appartement dont Louisiane, en fait, veut « réchappe[r] ». En sus de la connotation thématique et psychologique du personnage, il y a une connotation sociale exprimée dans le premier extrait du chapitre. En effet, Louisiane n’a pas de père et semble ne pas l’avoir connu. Elle vit seule avec sa mère, sans autre figure paternelle que celle, symbolique, de Jean (puisque le nom de Louisiane vient de lui), le frère de sa mère, jeune homme mort – lui aussi – bien avant la naissance de Louisiane et dont la présence dans l’appartement autant que dans les souvenirs que Rose évoque est importante. Ainsi, le prénom de Louisiane lie le personnage au passé (à la mort de Jean qui a rendu Rose folle), mais aussi à l’avenir par le désir d’évasion qu’il évoque. Le personnage incarne alors tout à fait son rôle de narrateur, autant comme une passerelle entre la fiction et le lecteur que comme une passerelle entre les différents temps du récit.

Pour les autres personnages fictionnels, la motivation du nom est plus simple. Pour maître Échinard, par exemple, la construction du nom de l’huissier va se faire en trois étapes à partir du nom commun échine et du suffixe péjoratif -ard. La première étape est l’apocope de la voyelle finale : échin–. La seconde est l’ajout du suffixe en remplacement de celle-ci : échinard. La troisième étape est un procédé d’antonomase : Échinard. Cette dérivation donne le caractère singulier de l’huissier : homme qui s’échine, soit l’image figurée d’un caractère rigoureux et minutieux, augmentée d’un effet d’amplification par la répétition qu’induit le suffixe, puisque celui-ci indique la persistance (ex : « soiffard », « chauffard »)6. Le comportement de l’huissier, tout au long du texte, démontrera que maître Échinard ne se laisse pas distraire, qu’il est tout à son travail.

On peut également évoquer le médecin de Rose Mélie, le docteur Donques. Le nom de celui-ci est facile à décomposer : l’adverbe conclusif « donc » et le morphème « que » apposés, mettant en évidence sur un mode moqueur l’esprit logique et froid du médecin.

Mais ce qui nous intéresse tout particulièrement, c’est le traitement du nom de la figure historique. Il y a deux types de traitement : l’inscription du nom dans le texte sans modification (« Darnand », par exemple, p. 20) et la déformation du nom. Celle-ci concerne uniquement deux personnages historiques : de Gaulle et Pétain.

Nous pouvons faire trois remarques concernant ces personnages. Premièrement, contrairement aux personnages fictionnels dont le prénom prévaut (sauf ceux, naturellement, dont le patronyme est associé à un titre comme maître Échinard), les personnages historiques sont désignés par le patronyme exclusivement. Le patronyme apparaît comme suffisant pour désigner la figure.

Deuxièmement, les patronymes subissant des déformations sont portés par deux personnages opposés : de Gaulle, symbole de la lutte contre l’occupant allemand, et Pétain, symbole de la conciliation avec l’occupant.

Troisièmement, lorsque le nom est déformé, c’est toujours par des personnages qui s’opposent au porteur de ce nom. Ainsi, de Gaulle est appelé « Gogaulle » par les frères Juel et Pétain « Putain » par Rose Mélie :

C’est qui, le copain de Gogaulle qui enfile ta maman ? Tu connais le nom du youtre qui l’enfile ? Tu vas parler salopard ? Mais plus j’y songe, dit maman, plus je me persuade que les jumeaux Juel ne frappaient pas ton oncle dans le but de lui extorquer des aveux. (p. 20)

Radio caca, Radio quoi ? la radio de Gogaulle, et plus particulièrement les harangues immondes d’un dénommé Schuman, avec un nom pareil ça peut être qu’un Angliche (p. 110)

Par suppression de la particule (qui déshonore le nom) et par réduplication de la première syllabe du nom diminué « Gaulle », on assiste à une diminution du nom de Gaulle entraînant une humiliation du porteur. La réduplication crée une homophonie avec « gogol », diminutif de « mongolien », soit l’assimilation du porteur à un trisomique, mais également un paronyme de « gogues », argot inspiré de l’ancien français désignant les latrines. En dernier lieu, cette déformation du nom (historiquement avérée d’ailleurs) dissocie le personnage de sa patrie, l’exile : la principale caractéristique du nom « de Gaulle » est qu’il fait référence, par homophonie, à la Gaule. Le nom du personnage légitime son appartenance à une nation que certains historiens ont voulu bâtir sur les Gaulois plutôt que sur « l’envahisseur romain » ; ici l’altération de ce nom retire cette légitimité.

On observe des effets humiliants similaires sur la déformation du nom Pétain :

[…] ses chancelantes théories, toujours ses histoires à dormir debout, monsieur l’huissier, que Putain ci, que Darnand ça, c’est son dada, que la guerre civile en est à son principe et que le trafic des idées, à l’instar de celui des armes, est soumis à la mafia internationale […] (p. 55)

Pétain devient donc « Putain », d’abord dans la bouche de Rose puis dans celle de Louisiane. On assiste ici à trois types d’altération du patronyme : la première est le remplacement du patronyme par le signifiant « putain » qui entraîne une destitution de la fonction du personnage : de chef d’état, Pétain devient prostitué. Cette fonction, outre ce qu’elle a de culturellement humiliant, n’est pas anodine : elle réfère sans doute au rôle qu’ont joué Pétain et son gouvernement dans la mise en place et la stabilisation de l’Occupation et, surtout, dans la persécution des juifs considérée, du moins par Rose, comme un acte de séduction destiné aux Allemands.

La deuxième concerne la propriété du nom propre : Pétain est un patronyme, « Putain » un nom commun utilisé comme et à la place du patronyme. Le personnage reçoit les propriétés du nom commun, à savoir désigner une classe d’individus peu recommandable, et perd donc son unicité.

La troisième altération est le passage du patronyme, par définition neutre, à un nom commun dont le genre est en principe féminin, alors que la personne ainsi désignée est de sexe masculin. En fait, la célébrité du personnage, qui a tous les attributs du mâle (guerrier, moustache, stature imposante, sagesse de l’âge) fait de son patronyme un nom masculin. Or, ici, la paronymie avec « Putain », nom commun féminin, à la place de « Pétain » fait vaciller le nom de famille dans le féminin. Le porteur est directement féminisé, ce qui est socialement humiliant pour lui.

Finalement, la déformation du nom propre est toujours un acte de violence. Cette violence est multiple : elle se manifeste dans la déformation même du nom (qui engendre plusieurs formes d’humiliation), et dans le même temps la déformation du nom est une manière pour le personnage d’altérer l’identité de son ennemi, de lui enlever ce qui fait symboliquement ce qu’il est. De cette façon, nous ne voyons pas les jumeaux Juel, lorsqu’ils agressent le frère de Rose, l’appeler Jean ; les miliciens qui arrêtent la mère de Rose ne l’appellent pas par son nom alors même qu’ils ont eu sa carte d’identité sous les yeux quelques secondes plus tôt, et préfèrent le surnom « la rousse », qui la rabaisse, car ce surnom réduit le nom à une caractéristique particulière du personnage :

Au moment où le flic lui rendait, comme à regret, ses papiers, un milicien la tira brutalement par le bras, Dégage d’ici, la rousse, le maréchal Pétain a pas de temps à perdre avec les dingues (p. 91)

En fait, si l’agresseur ne nomme pas l’agressé, c’est parce que l’agression est toujours – dans le roman – dirigée davantage vers un groupe de personnes ou un concept que vers la personne même. Ici, la mère de Rose n’est pas nommée car ce sont toutes les femmes que le garde agresse, voire tous ceux qui souhaitent faire leurs doléances. De même, le frère de Rose, Jean, n’est pas nommé par ses agresseurs parce que ce n’est pas lui qu’ils agressent mais bien tous les juifs et les opposants au régime de Vichy.

L’auteur trouve un subterfuge pour donner une signification aux noms des personnages historiques : il modifie leurs noms. Ces modifications sont péjoratives : elles contestent la légitimité du personnage à représenter certaines valeurs et fonctions. Cependant, ce n’est pas là le seul effet qu’impliquent ces déformations. En effet, remplacer Pétain par « Putain » permet, par la même entremise, de remplacer le personnage historique par, en quelque sorte, son double fictionnel, ce qui maintient la frontière établie entre les espaces fictionnels et l’espace-monde. Ainsi, dans les cas où Pétain/« Putain » ne porte pas une charge désapprobatrice, son nom est réduit à « le Maréchal » :

En fin d’après-midi, le Maréchal vénéré offrit une francisque au garçon d’ascenseur qui manqua de s’évanouir, s’enferma dans sa chambre et disputa avec la Maréchale une petite partie de bésigue sans pouvoir s’empêcher de tricher. (p. 101)

Finalement, le nom « Pétain » n’apparaît que dans des usages détournés, c’est-à-dire lorsqu’il ne s’agit pas du personnage mais de représentations de lui, par exemple :

[…] chez le buraliste qui vendait : des bustes de Pétain […] des portraits de Pétain […] des statuettes en plâtre de Pétain […] des mouchoirs à l’effigie de Pétain […] (p. 107-108)

On peut supposer que la nomination est permise en raison de la neutralité des objets représentant les personnes. Ils ne sont pas décrits, juste évoqués, et de ce fait, Pétain peut y être fidèlement représenté par l’imagination du lecteur.

Le rapport entre la « théorie des spectres », les personnages historiques et leurs noms

Ces différents traitements du nom historique sont liés à la « théorie des spectres », développée par Rose Mélie au dix-septième chapitre, qui permet d’éclairer la vision de l’histoire et de son incidence développée dans le reste du roman :

Les spectres existent, commence-t-elle, j’ai réuni en quelques jours les douze preuves de leur existence. Accroche-toi, me dis-je. Tu n’y crois pas ? Mais si, maman, mais si. Ils errent sans visage enveloppés de voiles noirs et se mêlent aux vivants sans que nul ne s’en aperçoive. Car les spectres, à notre différence, sont irrésiliables et inexpulsables, dit maman, non sans humour. Ils vont où bon leur semble. Ils traversent à leur guise les murs et les frontières. (Le speaker annonce sur un ton neutre un nouveau crime en Algérie.) Aujourd’hui ils sont à Alger, comme le montre le reportage, demain ils seront en Égypte, ils vont là où la mort pue, et la mort pue en maints endroits de la planète, il faut bien le reconnaître. (Le speaker annonce la découverte d’un charnier au Rwanda.) Tu te demandes qui ils sont et d’où ils viennent, ma chérie. Les spectres sont les morts assassinés par Putain et les siens qui ressuscitent et viennent nous regarder vivre. […] Il ne suffit pas d’ensevelir les morts assassinés pour annuler leur existence, ma chérie, car leurs âmes immortelles nous reviennent toujours sous une espèce ou sous une autre […] Les crimes impardonnés engendrent de nouveaux crimes […] le passé, ma chérie, infecte infiniment le présent, un poids immonde écrase nos mémoires […] (p. 150 et 151)

Dans cet extrait, Rose explique le rapport problématique entre le passé et le présent. Pour elle, le présent est dépendant du passé : toute action humaine est modulée par les actions passées. Ainsi les spectres, résurgence des persécutés du passé, posent la marque de la désapprobation sur ceux qui osent reproduire des crimes similaires à ceux commis durant l’Occupation. Autrement dit, l’Occupation, et par extension la Seconde Guerre Mondiale – en tant que réalités idéologiques – ont créé une donnée de pensée nouvelle : la culpabilisation de certains actes de violence en temps de guerre. C’est-à-dire que ces événements ont entraîné la conception de normes morales de la violence qui ne doivent pas être transgressées7 sous peine d’une désapprobation générale. La guerre, aux niveaux idéologique et légal, acquiert un nouveau système éthique après la Seconde Guerre Mondiale. Le spectre est donc la mémoire évaluative, le souvenir de l’injustice passée qui pourrait permettre d’éviter l’injustice présente, et c’est du moins, pour Rose, la constante réminiscence des crimes que l’homme a commis. Par ailleurs, certains spectres sont aussi les incriminés, « Pétain et les siens », car si les spectres viennent observer le monde et s’incarnent dans les persécutés de l’Occupation, les spectres des criminels s’incarnent dans les persécuteurs8. En résumé, pour Rose, le présent est tributaire du passé mais ignore, ce qui est malheureux, cet héritage.

Cette interprétation de l’Histoire répond à notre question initiale : nous voyons déjà que « Putain » s’incarne dans les tortionnaires du présent, donc il perd son unicité référentielle pour devenir un « nom symbole ». Les exemples donnés sont, par ailleurs, complémentaires dans leur rapport à la France occupée : en Algérie, il s’agissait, au moment de l’édition du roman, du président Bouteflika qui a en commun avec Pétain (et Hitler, par ailleurs) d’être arrivé au pouvoir par voie légale (bien qu’il ait fait l’objet de soupçons de fraude aux élections) ; le Rwanda est tristement célèbre pour la guerre civile qui l’a agité et qui a donné lieu, et c’est là qu’on rejoint le rôle du gouvernement Pétain durant l’Occupation, au génocide des Tutsi. Ainsi, Bouteflika et les responsables du génocide contre les Tutsi sont perçus comme des réincarnations de Pétain qui, puisqu’il entre dans le corps d’un autre, perd l’unicité de son nom.

Cependant, Rose utilise, hors de son exposé sur la théorie des spectres, un système linguistique différent qui change sensiblement l’effet : alors que dans la théorie des spectres il s’agit plutôt de l’incarnation de Pétain dans un autre personnage gardant son nom propre, dans le reste du roman le personnage se transforme en Pétain par comparaison des noms (et des personnages auxquels ils renvoient). Pour cette raison, le nom propre va perdre sa propriété référentielle, c’est-à-dire qu’il ne désignera plus un individu mais, au contraire, devient synecdochique, dans le sens où il englobe plusieurs noms qui entretiennent avec lui les mêmes sens : les persécuteurs, même s’ils ont chacun un nom propre, deviennent Pétain. Pétain ou « Putain » a un statut fluctuant, entre nom propre et antonomase, puisqu’à lui seul il désigne tous les persécuteurs cités dans le roman (Bouteflika, Darnand, etc.).

Nous pouvons donc remplacer notre conception de nom propre par celle de « nom synecdochique » concernant Pétain/« Putain » dans les propos de Rose :

Il faut que vous sachiez, monsieur l’huissier, que dans son esprit obéré, Pétain, Bousquet, Darnand et les jumeaux Juel s’étaient peu à peu confondus en une seule et même figure que par commodité elle appelait Putain, une figure aux traits brouillés, mouvant, labiles, et en laquelle il fallait voir, autant qu’une incarnation humaine, une idée, un symbole. L’emblème même du mal. (p. 165)

Le nom « Putain » ou « Pétain » devient un indice textuel, au sens barthésien du terme9, qui renvoie à l’Occupation et aux personnes du gouvernement de Vichy, mais aussi à toute source humaine du mal. Il s’agit également d’un indice hors-textuel : quand, dans une conversation, on prononce « Pétain », cela renvoie inévitablement au régime de Vichy.

Nous avons établi que la frontière entre la fiction et la factualité était maintenue de plusieurs manières : par remplacement ou déformation du nom du personnage historique, par la non-ingérence du fictionnel dans le factuel et inversement, et enfin par l’effacement du nom (pour l’épisode de la vie ordinaire du Maréchal Pétain et pour la mère de Rose). Cela nous amène à préciser la relation du nom au récit et à l’Histoire.

La postérité du personnage et de son nom influe sur son traitement : Pétain, parce qu’il est à la fois le nom le plus cité et celui qui se rapproche le plus de la frontière fiction/factualité, est un symbole. C’est pourquoi il est transformé en « Putain ». C’est sur cette dernière raison qu’intervient la postérité : si Pétain est transformé en « Putain » parce qu’il s’approche trop de la frontière, c’est également et inclusivement parce que Pétain est un nom éminemment connu et symbolique : il a un renom.

Le nom propre n’est pas définitoire, mais il y a des nuances en ce qu’il est interdépendant de l’individu qui le possède : la connaissance du référent rend, en quelque sorte, le nom définitoire. Par exemple, savoir que l’homme Diderot vivait au XVIIIe siècle peut faire supposer qu’il possédait une perruque et des culottes. Ainsi, le nom est porteur de types liés aux origines10 : McMillan ou O’Donnell nous feront, trompeusement peut-être, plus penser à un homme blanc et roux qu’à un asiatique aux cheveux noirs ou un hispanique moustachu.

Pour en revenir à notre propos, si le nom propre est porteur de sens, le renom, surtout quand il est historique et a, par conséquent, une connotation socio-historique dans la culture générale, l’est d’autant plus. Cela oblige l’auteur de La Compagnie des spectres à remplacer ce nom par un autre, afin de ne pas dépasser la séparation fixée entre monde réel et monde fictionnel, mais cela a aussi l’effet inverse de mettre le personnage historique en avant. Ainsi, Pétain, personnage renommé, ne devient pas tel dans la fiction en raison de cette célébrité : l’auteur lui crée un double fictionnel à travers l’altération du nom, Putain.

Pour prendre un contre-exemple, Darnand, dont le nom apparaît de manière récurrente dans le roman, est un personnage oublié de la culture générale, alors qu’il fut le créateur de la Milice du gouvernement Vichy. Darnand, en tant que personnage historique, n’apparaît que par le nom cité dans la fiction, mais son nom n’a pas besoin d’altération puisqu’il n’a pas de renom. En réalité, Pétain a bien canalisé, dans la mémoire collective, la responsabilité de Vichy, ainsi qu’en témoigne aussi le caractère hypéronymique que Rose lui octroie, a contrario de Darnand et de son nom, non altéré dans la fiction, qui ont disparu de la mémoire collective.

La modification du nom est donc un outil de remplacement d’un personnage historique par son double fictionnel qui, paradoxalement, prend plus d’importance que le personnage historique au nom authentique et entretient une relation plus forte au réel que ce dernier (le réel étant la factualité telle qu’elle est communément admise). Nous trouvons le même remplacement pour de Gaulle qui devient Gogaulle, l’autre grande figure historique concernant l’Occupation en France.

Dans cette dernière partie, nous avons constaté que la propriété du nom et de sa référence changeait à plusieurs reprises dans le roman. En effet, les propriétés du référent du nom sont modifiées par la forte valeur symbolique des personnages : celle-ci donne une exemplarité aux noms. Cela transforme profondément la référence du nom dès lors que, d’un nom à référent unique (Pétain), on fait un nom synecdochique, associé aux multiples référents liés par les traits qu’ils partagent tous. Ces multiples référents sont les personnages qui tendent à accomplir l’exemple.

De plus, il y a une certaine violence dans le fait de perdre la propriété de son nom : c’est un acte de violence à l’encontre de Pétain que de faire de son nom un symbole qui ne lui appartient plus. Mais la violence est également dirigée vers ceux qui correspondent à ce symbole, puisqu’ils perdent leurs propres noms en étant liés à celui-ci. Les « noms synecdochiques » sont nombreux dans l’histoire et, par leur caractère symbolique et globalisant, effacent une majorité de personnages au profit d’individus représentatifs : par exemple, l’histoire efface Darnand au profit de Pétain, dont le nom incarne le régime de Vichy.

Enfin, le nom d’un personnage historique, quand il devient exemplaire comme l’est celui de Pétain, est réduit à sa seule exemplarité : la pensée collective a oublié, par exemple, que Pétain fut un héros de guerre durant la Première Guerre Mondiale. Et la création, dans le roman, d’un double de la figure historique au nom modifié, qui se résume à son exemplarité historique, n’éloigne pas le lecteur du personnage factuel mais, au contraire, tend à l’en rapprocher.

Conclusion

À la lecture de La Compagnie des spectres de Lydie Salvayre, nous nous interrogions sur la présence importante de noms propres aux modalités différentes : noms de personnages historiques, de personnages fictionnels, de lieux, etc. Nous étions convenus de nous intéresser surtout à l’intégration de figures historiques dans la fiction qui, de prime abord, semblaient menacer autant la fiction que la perception de la factualité.

Nous pouvons dire, en conclusion, que le nom propre permet avant tout de démarquer la fiction de la factualité par le clivage absolu qu’il implique entre nom fictionnel et nom de personnage historique. Pour cela, deux procédés : le premier est la non-ingérence d’un personnage historique (dont la nomination est obligatoire pour que sa présence soit effective dans le roman) dans la fictionalité et, inversement, la non-ingérence d’un personnage fictionnel nommé dans la factualité. Le deuxième est la modification du nom du personnage historique permettant de le « déshistoriciser » (en apparence seulement puisqu’il n’en est finalement que plus exemplaire) par la création d’un double agissant, dans la fiction, sous un autre nom.

Par ailleurs, cette modification du nom nous donne une indication sur la manière dont le roman traite l’Histoire : certains personnages historiques sont plus importants que d’autres en fonction de leur place dans la mémoire collective. Ainsi Darnand, acteur oublié de l’Occupation, ne voit pas son nom modifié puisqu’il a perdu en historicité, au contraire de Pétain (« Putain ») ou de de Gaulle (« Gogaulle »). Nous remarquons aussi que la majorité des noms de personnages fictionnels sont motivés et ont donc une fonction signifiante concernant une ou plusieurs caractéristiques des personnages qui les portent, tandis que les noms modifiés des personnages historiques ont, quant à eux, une fonction évaluative qui, comme ils sont donnés par les opposants de ces personnages, les définit péjorativement. Ces modifications du nom propre de personnage historique permettent le passage du nom factuel dans le fictionnel, mais, par la mise en avant induite dans la modification, le nom propre n’en fait que mieux référence au personnage historique.

Cependant, dans cette œuvre de fiction, le nom propre de personnage historique prend une place plus importante que le nom de personnage fictionnel. En effet, le personnage historique, qui n’agit pas dans la fiction, inclut dans cette dernière la théorie des spectres et par là l’alourdit : la mémoire du passé parasite toujours le présent et, dans ce roman, cette mémoire le fait à l’extrême. Cela amène une « désappropriation » du nom : ainsi « Putain », et par extension « Pétain », n’appartiennent plus au personnage historique mais deviennent un nom qui subsume tous les personnages ayant les caractéristiques du personnage historique : le nom à référent unique devient synecdochique, et se dote d’une pluralité de référents partageant, avec le premier référent, des propriétés similaires. Le personnage historique est donc réduit, par son nom, à un exemple, un symbole. Cela développe une symbolique de l’histoire particulière : chaque personnage historique suffisamment important et singulier est un symbole – et l’histoire ne garde que ces noms synecdochiques, ces figures exemplaires – dont il faut suivre ou non l’exemple. Chaque personne prônant la déportation, la dictature, ou toute chose qu’a prônée Pétain, au vu de l’Histoire, est Pétain. Ce procédé d’assimilation se retrouve effectivement dans notre société concernant le Front National, par exemple, souvent associé, et il s’en défend, au parti national-socialiste de l’Allemagne des années 1930. Il s’agit donc d’un roman présentant une idée somme toute naturaliste de l’Histoire : il existe une génétique de l’Histoire, et on n’est jamais à l’abri de sa reproduction sous d’autres noms.

Notes

1 Lydie Salvaire, La Compagnie des spectres, éditions du Seuil, Paris, 1997. Les références de page données par la suite renvoient toutes à cette édition. Return to text

2 Ce travail poursuit les recherches menées et dirigées par Mirna Velcic-Canivez et Yves Baudelle dans le cadre de leur séminaire de Master 2 « Le nom propre à l’épreuve des genres », Université Charles-de-Gaulle Lille 3, 2012-2013. Return to text

3 Ce traitement s’observe dès le début du roman, avec la question répétée de Rose : « C’est Darnand qui t’envoie ? » Return to text

4 Par exemple aux pages 20 et 163 : « Le pouvoir consiste à fermer la gueule aux autres, dit maman, mais moi personne ne me fera taire, déclara-t-elle en élevant la voix, ni Putain ni Darnand ni personne » ; « un moment [Bousquet] croit Pétain mort ». Return to text

5 Mentionné p. 17. Return to text

6 Cf. Greg Lessard, Introduction à la linguistique française et générale, Dublin, Queen’s University, 1996, manuel en ligne, chapitre 5 : « La morphologie dérivationnelle », dernière consultation le 15 décembre 2012, URL : http://post.queensu.ca/~lessardg/Cours/215/index.html. Return to text

7 Nous avons encore pu nous en rendre compte quant à l’actuel conflit syrien : la répression des rebelles est devenue autrement plus amorale – dans l’opinion médiatique et publique – à partir du moment où le gouvernement n’a pas respecté la norme consistant à ne pas utiliser d’armes chimiques. Return to text

8 Cf. « Mais elle, en pourparlers avec les spectres. À disputer avec Putain. En tête à tête », p. 173. Return to text

9 Roland Barthes, « Introduction à l’analyse structurale des récits », Communications, n° 8 (1966), chapitre « Recherches sémiologiques : l’analyse structurale du récit », p. 8-9. Return to text

10 Cf., entre autres, Yves Baudelle, « Sémantique de l’onomastique fictionnelle : esquisse d’une topique », in Martine Léonard et Elisabeth Nardout-Lafarge (dir.), Le texte et le nom, Montréal, XYZ, 1996, p. 25-40 et Jean-Louis Vaxelaire, Les noms propres, une analyse lexicologique et historique, Paris, Champion, 2005. Return to text

References

Electronic reference

Simon-Boris Houvenaghel, « La compagnie des Spectres de Lydie Salvayre : le texte et le nom », Grandes figures historiques dans les lettres et les arts [Online], 5 | 2016, Online since 14 décembre 2016, connection on 18 juin 2025. URL : http://www.peren-revues.fr/figures-historiques/222

Author

Simon-Boris Houvenaghel

Université Lille 3-Alithila, Lycée du Val de Vé (Sézanne)

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CC-BY-NC