La géoarchéologie en Wallonie

  • Geoarchaeology in Wallonia

DOI : 10.54563/asgn.1135

p. 75-76

Index

Mots-clés

géoarchéologie, travail de terrain, analyses spatiales, analyse paysagère

Keywords

geoarchaeology, fieldwork, spatial analysis, landscape analysis

Texte

Les scientifiques qui orientent une partie de leurs recherches vers l'archéologie sont nombreux et issus de disciplines variées. Il s'agit généralement de collaborations occasionnelles répondant à des questions spécifiques. Les sciences de la Terre y occupent une place privilégiée, se concrétisant généralement par des assistances assidues et établies à long terme. En effet, l'archéologue qui explore le passé à travers des traces inscrites dans le sous-sol, le sol ou le paysage a régulièrement besoin d'éclairages adaptés pour comprendre ces contextes et les transformer en connaissance. En Wallonie, la direction de l'archéologie a compris cette situation et a développé depuis de nombreuses années de telles collaborations. En 2009, le Service Public de Wallonie a ainsi intégré au sein de son administration deux géologues. L'un (Stéphane PIRSON) est engagé en tant que spécialiste de la stratigraphie et de la genèse des sites préhistoriques, en particulier en contextes loessiques et karstiques tandis que l'autre (Olivier COLLETTE) est engagé comme géo-pédologue. Ces spécificités les portent vers des sites et des thèmes d'étude assez différents, le premier consacre la majorité de son temps aux époques préhistoriques, alors que les époques historiques sont plutôt du ressort du deuxième. Leurs pratiques géoarchéologiques varient fort en fonction des interventions, des découvertes et des publications. Cette diversité leur permet difficilement d'approfondir des connaissances spécifiques. Loin d'en faire des scientifiques frustrés, le fait de rendre utiles des connaissances issues des sciences de la Terre et de voir certaines questions archéologiques résolues entretiennent leur motivation.

Globalement, les géoarchéologues manipulent les mêmes matériaux, les mêmes outils et les mêmes données que les archéologues mais avec un angle de vue spécifique. Les opérations de terrain consistent principalement en la description et l'interprétation de sédiments tant naturels qu'anthropiques. Ce sont les vestiges archéologiques qui sont concernés mais leurs pratiques les amènent souvent à des changements d'échelle, tant macro- que microscopiques, ce qui offre des mises en perspectives intéressantes. Les principales questions portent sur le taux d'érosion, la stratigraphie relative, les processus sédimentaires, l'identification de phénomènes géo-pédologiques et de leurs liens avec des occupations anciennes, et la reconstitution du contexte géomorphologique. Les « géodonnées » sont régulièrement intégrées à un système d'information géographique. Récemment, des analyses spatiales ont été menées afin d'identifier des éléments géomorphologiques du territoire wallon sur base de critères archéologiques. Les applications sont nombreuses, elles permettent notamment d'estimer des surfaces concernées par des découvertes ponctuelles, de mettre en évidence des potentiels d'occupation du sol, voire la présence de sites. Le caractère prédictif des couches produites exige malgré tout de la prudence car les analyses se fondent sur des connaissances établies, excluant par conséquent le potentiel et l'inconnu.

Contrairement à une idée généralement véhiculée, nos paysages ne résultent pas du contexte naturel mais sont le résultat du travail de l'homme sur son environnement. Le paysage tel qu'il nous est accessible est constitué d'une série de traces plus ou moins diffuses, témoins d'occupations anciennes du territoire. Le géoarchéologue a la possibilité de mettre en évidence certaines traces du paysage. Un tel exercice, qualifié d'analyse paysagère, est présenté brièvement pour la ville de Mons (Fig. 1). La géoarchéologie occupe une place privilégiée au sein de l'archéologie wallonne. Les collaborations sont nombreuses et variées. Par les liens de complémentarité et de synergie elles sont amenées à se développer dans le futur. Quels que soient les exemples abordés l'objectif du spécialiste est de donner accès aux informations issues des sciences de la Terre pour qu'elle se transforme en connaissance archéologique.

Figure 1

Figure 1

Illustration de l'analyse paysagère de la ville de Mons (dessinatrice : Aude VAN DRIESSCHE).
 
Picture of the landscape analysis of the city of Mons (draftswoman : Aude VAN DRIESSCHE).

Illustrations

  • Figure 1

    Figure 1

    Illustration de l'analyse paysagère de la ville de Mons (dessinatrice : Aude VAN DRIESSCHE).
     
    Picture of the landscape analysis of the city of Mons (draftswoman : Aude VAN DRIESSCHE).

Citer cet article

Référence papier

Olivier Collette, « La géoarchéologie en Wallonie », Annales de la Société Géologique du Nord, 22 | 2015, 75-76.

Référence électronique

Olivier Collette, « La géoarchéologie en Wallonie », Annales de la Société Géologique du Nord [En ligne], 22 | 2015, mis en ligne le 14 juin 2022, consulté le 17 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/annales-sgn/1135

Auteur

Olivier Collette

Service Public de Wallonie, DGO4, Direction de l’Archéologie, Rue des Brigades d’Irlande, 1, B-5100 Namur (Belgique) ; olivier.collette@spw.wallonie.be

Droits d'auteur

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