Entre courtoisie et grivoiserie : visages contrastés de l’Honneur femenin dans la littérature de Bourgogne

  • Between Courtesy and Saucy : Contrasting Faces of Honneur femenin in Burgundian Literature

DOI : 10.54563/bdba.93

p. 17-38

Résumés

Si la littérature de Bourgogne s’inscrit expressément dans la tradition courtoise qui marque en profondeur le lyrisme français de l’automne du Moyen Âge, elle est aussi marquée en profondeur par une veine didactique et moralisante qui stigmatise volontiers la frivolité du jeu courtois, tandis que nombre d’œuvres émanant de ce creuset relèvent, par ailleurs, de la « galanterie souriante » (Daniel Poirion) qui s’épanouit à la cour du Grand Duc d’Occident. L’on se propose d’examiner ici ces visages contrastés de l’Honneur femenin à la lumière de quelques textes encore trop méconnus.

If the literature of Burgundy is expressly inscribed in the courtly tradition which deeply marks the french lyricism of the autumn of the Middle Ages, it is also marked in depth by a didactic and moralizing vein which readily stigmatizes the frivolity of courtly play, while that many works emanating from this crucible are, moreover, part of the “galanterie souriante” (Daniel Poirion) which flourished at the court of the “Grand Duc d’Occident”. We propose to examine here these contrasting faces of Honneur femenin in the light of a few texts that are still too little known.

Texte

Au sein de la riche production littéraire qui s’épanouit sous l’égide de la cour de Bourgogne, la veine courtoise et les subtilités du langage amoureux n’affleurent, çà et là, que sur le mode mineur. En dépit du prodigieux essor que connaît alors la culture chevaleresque, le lyrisme des grands poètes bourguignons est dominé, bien davantage, par le « discours de la gloire1 » et par les amples constructions allégoriques où se déploient avec exubérance toutes les couleurs de la Grande Rhétorique2. Pour reprendre la formule de Daniel Poirion, il s’agit là, pour l’essentiel, d’une « muse truculente », propre à impressionner « par sa puissance oratoire3 », muse qui n’accorde dès lors qu’une place assez modeste aux raffinements infinis de l’univers courtois.

L’on sait pourtant le rôle majeur joué par la maison de Bourgogne dans la Cour amoureuse dite de Charles VI, fondée en réalité à l’initiative de Philippe le Hardi et de Louis de Bourbon. C’est à l’Hôtel d’Artois, résidence parisienne du duc de Bourgogne, qu’est promulguée la charte de cette nouvelle court d’amours, établie, comme il se doit, le jour saint Valentin, l’an de grace mil quatre cens – soit le 14 février 1401 (n. st.). À s’en remettre à ce précieux document, l’institution, à vocation essentiellement poétique, devait œuvrer à l’honneur, loenge, recommandacion et service de toutes dames et damoiselles, recourant pour ce faire à des poètes chevronnés, ayans experte congnoissance en la science de rethorique, approuvéz factistes par apparence et renommee4. La collation des armoriaux de la Cour amoureuse, qui comptent au total 950 entrées, permet d’apprécier la place dominante qu’y occupent les élites bourguignonnes, qui en viennent peu à peu à confisquer l’institution. Qui plus est, les notables des grandes villes du Nord, en particulier Lille et Tournai, s’y trouvent largement représentés, qu’il s’agisse des membres de la noblesse ou de la bourgeoisie marchande5. La personnalité du prince de la Cour amoureuse, le patricien tournaisien Pierre de Hauteville6, témoigne des liens étroits de cette institution avec les puys poétiques du Nord de la France, dont elle reproduit, sur plus d’un point, le mode de fonctionnement7. Force est toutefois de constater que l’on ne conserve guère de traces de l’activité poétique de cette gracieuse assemblee : comme le constatait déjà Georges Doutrepont, c’est qu’elle voit le jour à une époque où « la vie littéraire de Bourgogne en est encore à son stade de formation8 ». Si attaché fût-il à la loenge des dames, Philippe le Bon ne jugera pas opportun de pérenniser l’institution qu’il avait vu éclore en ses vertes années.

Nul doute, cependant, que le lyrisme courtois n’ait été au cœur de la culture musicale de la cour de Bourgogne, célèbre entre toutes pour le luxe ostentatoire de ses fêtes et autres divertissements. Si ce creuset n’a guère produit de recueil poétique comparable au fameux Livre d’Amis de la cour de Blois9, les chansonniers nous ont heureusement conservé les œuvres des grands compositeurs dont les ducs Valois s’assurèrent les services. Deux des figures de proue de la musique polyphonique, Gilles Binchois et Antoine Busnois, furent attachés à la chapelle ducale, respectivement sous Philippe le Bon (ca 1430-1452) et sous Charles le Téméraire (1467-1477)10. Véritables joyaux de l’ars subtilior, les compositions de Binchois n’en expriment pas moins, par la finesse de leurs vers, la gamme la plus variée des sentiments courtois, de la naissance de l’amour au drame de la séparation, en passant par les affres des espérances déçues11.

Le Livre de la Prison composé par Jean Régnier durant ses longs mois de captivité à Beauvais (1431-1432) nous a transmis, de même, quelques-unes de ces pièces d’inspiration courtoise assurément très appréciées à la cour des ducs. Le bailli d’Auxerre réunit là, au beau milieu de cette sorte d’anthologie, un ensemble de sept ballades et de deux rondeaux qu’il composa, à ce qu’il déclare, à la requête d’aimables visiteurs et visiteuses qui vinrent lui tenir compagnie pendant sa détention. Plusieurs de ces dames, heureuses de lui confier les secrets de leur cœur, recoururent à ses talents pour traduire leur état d’âme et déclarer leur flamme à leur amant12. L’une d’elles, creature bien parfaicte selon nature, lui fit présent, pour le réconforter, d’une fleur de Ne m’oubliez mie, comprenons un brin de myosotis, en remerciement de quoi il lui offrit un rondeau13. L’on ne saurait afficher avec plus de clarté la part d’artifice du jeu courtois, le poète endossant ici sans vergogne le statut d’« écrivain public14 », même si ces prétendues commandes ne sont peut-être qu’un habile subterfuge propre à justifier de telles insertions lyriques.

Bien plus intimes et personnelles sont, a priori, les poésies amoureuses de son contemporain Michault Taillevent. Les archives ducales rendent compte, largement, des vingt-deux années de vie curiale (1426-1448) de ce fidèle serviteur, attaché à l’hôtel de Philippe le Bon en qualité de valet de chambre et de joueur de farces a gaiges15. Or, s’il sacrifie, dans son Débat du Cœur et de l’Œil, à un « thème favori du badinage amoureux16 », Taillevent se signale bien davantage, à travers l’ensemble de son œuvre, par une forme de subversion de l’univers courtois. Tandis que s’exprime, dans le Débat, une « aspiration à la quiétude » née des tourments suscités par les peines de cœur, les quatre recueils de ballades du poète résonnent avant tout comme un adieu à l’amour17. Ce sont là tour à tour son Congé d’Amour, où il se dit aussy amoureux qu’une ronce18, et la Bien Allée de Michault, cadeau de départ offert à l’Amour pour ce que d’amer ne lui chault19. De même, le recours à l’architecture allégorique lui permet de concevoir la vision angoissante de l’Ediffice de l’ostel dolloureux d’Amours, et la prétendue Resource de ce dolloureux hostel débouche sur un message didactique et moral où l’amour est de nature toute spirituelle. S’il convient certes de reconnaître dans cette désillusion amoureuse une thématique fort répandue dans la poésie du temps20, les réflexions de Michault Taillevent ne s’en signalent pas moins par leur profondeur psychologique, où se fait jour une veine personnelle apparentée déjà à la voix singulière du povre escolier Villon, l’amant remis et renïé jetant l’anathème sur le dieu d’Amours21.

Ce sentiment exacerbé de la souffrance amoureuse réapparaît, vingt ans plus tard, avec une vigueur accrue dans la Danse aux aveugles (1464) du Bourguignon Pierre Michault, attesté dans l’entourage de Charles, comte de Charolais, au milieu des années 146022. Ce prosimètre offre, sous la forme d’un songe allégorique, une méditation sur la fragilité de la condition humaine, en butte aux assauts de trois puissances aveugles et maléfiques, Cupido, Fortune et Atropos. La première scène contemplée par l’Acteur, soigneusement représentée par le miniaturiste du manuscrit lillois23, est décrite comme suit par Entendement : Le prince assis en ce trosne est le dieu d’Amours, Cupido ; la dame tenant le brandon a sa destre est sa mere, la deesse Venus ; le menestreu masle sonnant la musette est Fol Appetit et l’autre, qui est damoiselle, jouant du leut, est Oyseuse : ainsy c’est la dance du dieu d’Amours24. Si l’on reconnaît là plusieurs des protagonistes du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris, le long discours où Cupido fait étalage de sa puissance, qui se prolonge sur une vingtaine de dizains, rompt radicalement avec la tradition courtoise : ainsi qu’il le déclare à Entendement, l’Acteur est glacé d’horreur et saisi d’une frayeur extrême en découvrant les effets néfastes de l’amour et l’aveuglement de ses pauvres victimes, entraînées malgré elles dans cette danse effrénée, menant le corps et l’âme à leur totale perdition25.

Certes, l’amour courtois trouve à la cour de Bourgogne un ardent défenseur en la personne de Martin le Franc, qui lui consacre un livre entier de son vaste Champion des dames (1441-1442)26. C’est en effet au duc Philippe le Bon que cet homme d’Église, proche du pape Félix V, choisit de dédier ce vibrant plaidoyer en faveur du beau sexe : ainsi qu’il s’en explique dans son Prologue, cette dédicace est motivée par la renommée universelle du Grand Duc d’Occident et, principalement, lui déclare-t-il, que le nom d’Amours toujours avez eu en digne reverence et la querelle des dames singulierement recommandee27. Quoiqu’il connût très tôt les honneurs de l’impression, diffusé qu’il fut, aux alentours de 1488, dans un fameux incunable lyonnais28, le poème fut loin de susciter l’engouement escompté auprès du lectorat bourguignon des années 1440, si bien que Martin le Franc fit part de sa déconvenue dans un savoureux dialogue entre le livre et son auteur29. De fait, tout laisse à penser que l’entourage du duc Philippe ne fut guère enthousiasmé par l’intransigeance de ce champion de la gent féminine30, qui s’était fait un devoir d’exposer par le menu les règles de l’éthique courtoise auxquelles tout amant était tenu de se conformer : sévère rappel à l’ordre qui s’appuyait tantôt sur le Bréviaire des Nobles d’Alain Chartier31, tantôt sur la Retenue d’Amours de Charles d’Orléans, dont les dix commandements sont paraphrasés au fil d’une dizaine de huitains32. Mais, bien plus, Martin le Franc n’avait pas hésité à reprocher aux beaux seigneurs de la cour leurs fréquents écarts de conduite. Tandis qu’il dénonce, dans son troisième Livre, la faintise et desleauté des amoureux de maintenant33, il tense vertement, au terme de son Livre II, les jennes princes qui s’adonnent à la luxure34 :

Vertu tient elle les cordeaulx
Du regime de nos seigneurs
Quant de nuit vont par les bordeaux
Es habis de leurs serviteurs ?
[…]
Ilz vont de nuit par les estuves
Unes et aultres estrillier.
La verras en bains et en cuves
Leurs corps toute nuit voutrilier,
[…]
Fuyez, fuyez fausses delices !
Qui les sieut, il ne peut entrer
Dedens les vertueuses lices
Ne soy gentil homme monstrer
35.

Reconnaissons-le, de telles remontrances n’étaient guère propices à lui ménager la sympathie d’une cour réputée, précisément, pour son libertinage…

Si l’on voit fleurir en terre bourguignonne plusieurs autres traités relevant du genre des miroirs des dames, l’argumentation développée le plus souvent par leurs auteurs repose non plus sur les valeurs issues de la tradition courtoise, mais sur l’exaltation d’un idéal de vertu féminine, illustré notamment par les héroïnes du passé. Ainsi en va-t-il du Procés de Honneur femenin (ca 1461-1464), que nous devons là encore à la plume de Pierre Michault36. Optant cette fois pour la fiction juridique, le poète y relate le procès intenté par l’Advocat des dames à l’ensemble de leurs détracteurs. Seule la mention d’Alain Chartier et de Martin le Franc parmi les soutiens de la gent féminine rappelle toutefois la dimension courtoise de la querelle37. Deux de ces miroirs des dames sont construits, de manière assez originale, sur le procédé de l’allégorie vestimentaire : chacune des pièces de la parure des femmes y renvoie à l’une des vertus qu’elles se doivent de cultiver. Ce sont là d’une part le Droit actour des dames, poème anonyme légèrement postérieur au Procés de Pierre Michault (ca 1466)38, de l’autre le Parement et triumphe des dames, prosimètre composé par Olivier de la Marche au soir de sa carrière, vers 149439. Or la visée étroitement didactique de ces miroirs exclut toute référence à l’univers courtois. Le voile nommé touret attaché à la coiffe et masquant parfois une bonne partie du visage symbolise, dans le Droit actour, la crainte salutaire qui aide la dame à se défier des mauvaises rencontres :

Craignez de faire acointance
A homme, si bien ne savez
Qu’il ait en luy sens et science,
Que vostre honneur partout gardez
40.

C’est, bien davantage, à la crainte de Dieu que renvoie, sous la plume d’Olivier de la Marche, le ruban dont se sert la dame pour attacher ses cheveux, une crainte qui doit l’engager, au dire du poète, à renoncer aux plaisants artifices du jeu courtois :

Fuyons atraiz, faulx samblans et eullades !
ayons maintien ferme, constant et saige !
n’apetons point de faire gens malades
par motz soubtilz, par rondeaux, par balades
qui de present sont en cours et usage
41.

Au côté de cette veine didactique et moralisante, où la courtoisie ne semble guère la bienvenue, se développe pourtant un registre ludique et facétieux où la matière amoureuse est largement mise à l’honneur. Éric Bousmar a souligné fort justement le « contexte [...] ludique » de la diffusion à la cour de Bourgogne de la traduction par Fernand de Lucène du Triunfo de las doñas de Juan Rodríguez del Padrón (ca 1460). Ainsi qu’il le constate, le contexte de réception de ce miroir castillan est subtilement défini dans les dédicaces émanant du commanditaire de cette traduction, Vasco Quemada de Villalobos, écuyer d’écurie du duc Philippe le Bon42. L’une d’entre elles, adressée à la comtesse de Charolais, Isabelle de Bourbon, est bâtie tout entière sur une métaphore religieuse, où Villalobos se pose en ambassadeur du dieu d’Amours, qui, affirme-t-il, lui a donné pour mission d’octroyer cent jours d’indulgences à tous ceulx et celles qui le présent livre liront ou oront, et d’excommunier ceux qui le dédaigneront en les bannissant de la grâce des dames et du Temple d’Amours :

Au sourplus, ma très-redoubtée dame, de l’absolue puissance d’amours, de qui j’ay le présent embassade, je ottroie cens jours de pardon à tous ceulx et celles qui le présent livre liront ou oront, et qui prester y vouldront ayde et faveur en ceste tant méritoire œuvre ; et aulx autres, comme rebelles et prodians à leurs souverains, je les banis de la grâce des dames, et dénonce excommeniés et interdis du temple d’amours, à cloque sonnée et chandelle estainte, sans jamais estre parchonniers des osmones, pryères, bienfais, ne quelconques aultres souffrages ordonnez pour les amoureux malades qui gisent au purgatoire d’amours, en espoir de parvenir en aulcun temps à sa gloire43.

De même, la dédicace spécifique du manuscrit 2027 de la Bibliothèque royale de Belgique, adressée sans doute à la duchesse Isabelle de Portugal, engage ouvertement la destinataire à se servir de ce traité pour corriger les propos diffamatoires colportés par certains membres de sa maison, nommez selon lui les compaignons du cabaret, lesqueulx, veullant ygnorer les femenines vertus, prenent souant leur passe temps, apres vin et espices, a deuiser du noble sexe, tant loable44. Nous ne sommes guère enclin, pour notre part, à prendre au sérieux, comme l’ont fait certains chercheurs45, la condamnation de cette prétendue confrérie du cabaret, dont la dénomination même, plaisante à souhait, laisse aisément entrevoir le caractère factice. Nous y verrions bien plutôt, avec Éric Bousmar, une « mise en scène » rhétorique46 permettant à l’écuyer ducal de se poser en fervent serviteur des dames et de se ménager un emploi dans le jeu de la cour et ses divertissements.

La légèreté de ton dont sont empreintes de telles épîtres trouve un écho quasiment contemporain dans une autre « défense des femmes », intitulée le Purgatoire des mauvais maris47. Si cette œuvre anonyme ne nous est parvenue que dans l’imprimé brugeois de Colard Mansion (ca 1479-1484)48, l’ouvrage manuscrit est attesté dès 1467 dans l’inventaire après décès de la librairie de Philippe le Bon49. L’auteur y raconte comment il découvrit, sous la conduite de dame Raison, le purgatoire où les mauvais maris sont sévèrement châtiés de leur inconduite envers leur femme. À s’en remettre au prologue de l’ouvrage, c’est là encore dans un contexte résolument festif qu’il fut appelé à rédiger cette virulente satire. La scène se situe à Bruges, dans la paroisse de Saint-Donat, où l’auteur est convié à un banquet joyeux auquel prennent part pluiseurs notables dames et damoiselles, pour l’amour et l’honneur desquelles se firent pluiseurs esbatemens, dansses et devises, chascun endroit ce que son cuer lui apportoit. Or, au beau milieu de ces devises des plus courtoises, l’un des convives eut l’audace de s’en prendre à l’honneur des dames et de soutenir, en s’appuyant sur Le Livre des Proverbes, qu’il n’était guère possible de trouver en ce bas monde une femme permanable en bonté ne en [...] chasteté. La réaction suscitée par cette attaque constitue, à notre sens, un témoignage des plus vivants quant à l’étroite implication des dames et damoiselles dans les débats mettant en cause leur honneur :

Et en cestui trouble chascune prist son chascun apart soy pour se entretenir en devises joyeuses mais quoy qu’elles deissent tousjours cheoient et venoient sur cestui maudit propos. [...] se commencerent a fort complaindre de celle fausse trongne et mal entendue auctorité, et avec ce disoient que ce n’estoit pas le commencement ne la premiere fois que les hommes les avoient pointes de telz et pareilz aguillons, et que se tout estoit bien regardé que entre les hommes auroit trop plus de deffaulz que entre elles. Puis toutes d’un accort, et aussy meslé d’aucun pou de courroux, me prierent et requirent, pour le me bien guerredonner en lieu et temps avenir, et que leur secretaire voulsisse en cestui procès estre et y faire contre les hommes mauvais et deshonnestes et villains aucunes invectives reprehendant leurs vices publicques et destestables50.

Encore observera-t-on que l’atmosphère festive de cette querelle, qui trouve place au beau milieu de devises joyeuses, engage une nouvelle fois à ne pas trop prendre au sérieux le courroux de ces gentes dames et à l’interpréter plutôt comme une aimable mise en scène associée au jeu courtois.

La riche collection d’imprimés français publiés à Bruges par Colard Mansion recèle du reste un autre ouvrage hautement révélateur des aimables frivolités auxquelles s’adonnaient les familiers de la cour de Bourgogne. Le recueil anonyme des Adevineaux amoureux (ca 1479-1482)51 regroupe des textes de trois catégories : des demandes d’amour, faites de questions et de réponses portant sur les thèmes traditionnels de la casuistique amoureuse52, deux séries de devinettes, pour les premières franchement comiques, et un ensemble de venditions en amour, courts poèmes où une dame propose à un homme, ou inversement, une chose à vendre, son partenaire lui répondant, sur la même rime, en quelques vers jouant sur les topoï de l’amour courtois53.

La cohérence de ce recueil composite est toutefois assurée par l’origine commune de ces textes, qui résultent de la mise par écrit de propos plaisants remplissant la même fonction sociale, destinés qu’ils étaient, les uns comme les autres, à passer plus joyeusement les longues nuis d’yver54. Quant à la dimension nobiliaire de l’ouvrage, elle est revendiquée d’emblée, en tête du prologue où Mansion introduit les demandes d’amour : son but est de permettre aux chevaliers et escuiers d’entretenir dames et damoiselles en gracieuses demandes et responses. L’éditeur se place du reste sous le haut patronage du noble et gentil chevalier seigneur de La Marche, qui non seulement l’a incité à imprimer cedit traittié, mais a tenu à l’enrichir personnellement d’aucunes demandes et responses moult honnestes55. Si les demandes d’amour et les venditions font la part belle à l’inspiration courtoise, il va de soi que cette forme de badinage amoureux est loin d’être exempte d’allusions érotiques et grivoises, assez voisines sans doute, dans leur tonalité, des propos un peu lestes tenus par les joyeux compaignons du cabaret. Aussi Colard Mansion adjure-t-il ses lectrices de ne pas s’offusquer des parolles qui pourraient leur paraître inconvenantes : s’aucune chose y a qui leur semble deshonneste et vergoingneuse, il les engage tout au plus à tourn[er] le fueillet, en convertissant leur maltalent en risee joyeuse, delaissant cest article a une autre qui paraventure comme bonne galoise le mettera en euvre et en fera son prouffit56.

La place nous manque pour explorer ici les œuvres diverses et variées qui témoignent, dans la sphère bourguignonne, de cette veine joyeuse et grivoise, incarnée notamment par la figure trop méconnue de Philippe Bouton57, une veine facétieuse dont les Cent Nouvelles nouvelles représentent à coup sûr l’expression la plus achevée58. Jean Régnier, déjà cité, construit l’une de ses ballades sur le refrain équivoque il n’est ouvrage que de Reims et prétend, de surcroît, avoir rimé ce poème a la requeste de madame de Bourgongne et de toutes ses dames et damoiselles59. Les Nouvelles propheties d’Olivier de la Marche s’offrent comme une plaisante mise en garde adressée à toutes dames dignes d’estre adverties, développant, en une suite de onze huitains, une satire des femmes qui maltraitent leur amant ou, comme l’exprime le poète de manière imagée, ont coutume de prendre en plusieurs lieux [leur] moustarde60.

Jean Molinet, l’indiciaire en titre de la maison de Bourgogne, excelle dans le genre de la poésie parodique et obscène, témoins son Debat du viel gendarme et du viel amoureux ou sa burlesque Complainte d’ung gentilhomme a sa dame, construite tout entière sur les équivoques les plus scabreuses61. Plus subtilement, il parodie sans vergogne, dans son Hault siege d’Amours, l’ultime épisode du Roman de la Rose de Jean de Meun : alors que son modèle décrivait l’assaut du château de Jalousie par les barons du dieu d’Amours62, c’est ici, tout au contraire, ce même dieu, jadis tout‑puissant, qui est assiégé en sa cité par l’Amant éconduit et est contraint, bien vite, de déposer les armes face à l’ardeur belliqueuse de ce vaillant champion. Aussi ce dieu déchu n’a-t-il d’autre choix que d’implorer l’aide des demoiselles, nobles dames et pucelles afin qu’elles cèdent aux exigences de ce noble conquérant63 :

En ce malheureux dangier,
Secourés moy, demoiselles,
En ce malheureux dangier,
Choisissiés, sans plus songier,
D’entre vous la fleur des belles,
Pour rembarer cest Ogier,
Qui faict batailles rengier
Et destruict tous mes sequelles ;
Trouvés fachons, Dieu scet quelles,
De le faire deslogier.
Nobles dames, mettés selles,
A cheval, pour moy vengier,
Secourés moy, demoiselles
64.

Au terme de ce trop bref panorama de la littérature du siècle de Bourgogne, l’on est frappé tout à la fois de la permanence de la tradition courtoise et des multiples transgressions auxquelles est néanmoins soumise cette composante essentielle de la culture chevaleresque. Ce n’est là, au demeurant, que l’une des multiples facettes de cette « poétique du rire carnavalesque » si bien définie par Jean Dufournet, « qui tend à désacraliser, à travers le rire et la parodie » les valeurs traditionnelles de la société65. Si la veine moralisante, largement répandue, engage à stigmatiser la frivolité du jeu courtois, la production ludique et facétieuse qui s’épanouit à la cour des ducs tourne volontiers en dérision la matière amoureuse, pour le plus grand plaisir des compaignons du cabaret ou, pour reprendre la formule de Colard Mansion, de cette bonne galoise66, probablement toute disposée à se divertir elle aussi et à apprécier les allusions grivoises dissimulées dans de tels écrits.

 Fig. 1

 Fig. 1

Portraits de Guillaume du Faÿ et de Gilles Binchois, dans Martin le Franc, Le Champion des Dames : Paris, BnF, ms. fr. 12476, fol. 98r

© Paris, BnF

 Fig 2

 Fig 2

Une dame rend visite au poète incarcéré, dans Jean Régnier, Les fortunes et adversitez, Paris, Jean de La Garde, 1526 : Paris, BnF, Rés. Ye 1400, fol. 56v

© Paris, BnF

 Fig. 3

 Fig. 3

Pierre Michault, La Danse aux aveugles : Lille, BM, ms. 342 (401), fol. 11r

© Lille, BM

 Fig. 4

 Fig. 4

Dédicace du poème à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, dans Martin le Franc, Le Champion des Dames, Lyon, [avant mai 1488] : Lille, BM, E-2, fol. aii r

© Lille, BM

 Fig. 5

 Fig. 5

Martin le Franc, Le Champion des Dames, Lyon, [avant mai 1488] : Lille, BM, E-2, fol. a(4)v-a(5)r

© Lille, BM

 Fig. 6

 Fig. 6

Olivier de la Marche, Le Parement et triumphe des Dames : Paris, BnF, ms. fr. 1848, fol. 55r

© Paris, BnF

 Fig. 7

 Fig. 7

Le Purgatoire des mauvais maris, Bruges, Colard Mansion, ca 1479-1484 : Paris, BnF, Rés. p. Y2 244, fol. 1r

© Paris, BnF

 Fig. 8

 Fig. 8

Les Adevineaux amoureux, Bruges, Colard Mansion, ca 1479-1484 : Paris, BnF, Rés. Ye 186, fol. 1v

© Paris, BnF

 Fig. 9

 Fig. 9

Jean Molinet, Le hault siege d’Amours : Tournai, Bibliothèque communale, ms. 105, fol. 25r

détruit – d’après Jean Molinet, Les Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 2, ill. hors texte

Notes

1 P. Zumthor, Le masque et la lumière. La poétique des grands rhétoriqueurs, Paris, Seuil, 1978 (Poétique), p. 56-77. Retour au texte

2 Cf. de même Fr. Cornilliat, “Or ne mens”. Couleurs de l’Éloge et du Blâme chez les “Grands Rhétoriqueurs”, Paris, Champion, 1994 (Bibliothèque littéraire de la Renaissance, Série 3, 30). Retour au texte

3 D. Poirion, Le poète et le prince. L’évolution du lyrisme courtois de Guillaume de Machaut à Charles d’Orléans, Paris, P.U.F., 1965 (Université de Grenoble. Publications de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, 35), p. 51. Retour au texte

4 C. Bozzolo et H. Loyau, La cour amoureuse dite de Charles VI, 3 tomes en 2 vol., Paris, Le Léopard d’Or, 1982-1992, t. 1, p. 35-36. Sur l’ancrage bourguignon de cette institution, cf. A. Piaget, « La cour amoureuse dite de Charles VI », Romania, t. 20, 1891, p. 417-454, ici p. 445 ; G. Doutrepont, La littérature française à la cour des Ducs de Bourgogne. Philippe le Hardi – Jean sans Peur – Philippe le Bon – Charles le Téméraire, Paris, Champion, 1909 (Bibliothèque du xve siècle, 8), p. 366-368 ; C. Bozzolo et H. Loyau, La cour amoureuse, p. 3-4. Retour au texte

5 Carla Bozzolo et Hélène Loyau ont pu répertorier, pour le comté de Hainaut et la bonne ville de Tournai, jusqu’à 149 notables : C. Bozzolo et H. Loyau, « Une tranche de la société tournaisienne à la cour amoureuse dite de Charles VI », dans Campin in Context. Peinture et société dans la vallée de l’Escaut à l’époque de Robert Campin (1375-1445). Actes du Colloque international organisé par l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, l’Institut royal du Patrimoine artistique et l’Association des Guides de Tournai, Tournai, Maison de la Culture, 30 mars – 1er avril 2006, dir. L. Nys et D. Vanwijnsberghe, coll. X. Fontaine et J. Debergh, Valenciennes, Bruxelles, Tournai, Presses universitaires de Valenciennes, Institut royal du Patrimoine artistique, Association des Guides de Tournai, 2007, p. 63-71, 313-339. Retour au texte

6 Cf. plus spécialement D. Vanwijsberghe, « La Cour Amoureuse de Charles VI à Tournai et son Prince d’Amour Pierre de Hauteville : commanditaires de livres enluminés ? », dans Hainaut et Tournaisis. Regards sur dix siècles d’histoire. Recueil d’études dédiées à la mémoire de Jacques Nazet (1944-1996), dir. Cl. Billen, J.-M. Duvosquel et A. Vanrie, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 2000 (Archives et Bibliothèques de Belgique, no spécial 58 – Publications extraordinaires de la Société royale d’histoire et d’archéologie de Tournai, 8), p. 135-177. Retour au texte

7 Cf. D. Poirion, Le poète et le prince, p. 38-40. Retour au texte

8 G. Doutrepont, La littérature française, p. 369. Retour au texte

9 Charles d’Orléans, Le Livre d’Amis : Poésies à la cour de Blois (1440-1465), éd. et trad. V. Minet-Mahy et J.‑Cl. Mühlethaler, Paris, Champion, 2010 (Champion Classiques – Moyen Âge, 28). Retour au texte

10 Cf. J. Marix, Histoire de la musique et des musiciens de la cour de Bourgogne sous le règne de Philippe le Bon (1420‑1467), Genève, Minkoff Reprint, 1972 (1re éd., 1939), p. 176-189 ; I. Bossuyt, De Guillaume Dufay à Roland de Lassus. Les très riches heures de la polyphonie franco-flamande, trad. H. Vanhulst, Bruxelles, Paris, Éditions Racine, Éditions du Cerf, 1996, p. 76-86. Sur Antoine Busnois, cf. en particulier Antoine Busnoys. Method, Meaning, and Context in Late Medieval Music, dir. P. Higgins, Oxford, Clarendon Press, 1999. Retour au texte

11 Die Chansons von Gilles Binchois, éd. W. Rehm, Mayence, B. Schott’s Söhne, 1957 (Akademie der Wissenschaften und der Literatur in Mainz. Veröffentlichungen der Kommission für Musikwissenschaft. Musikalische Denkmäler, 2) ; W. H. Kemp, Burgundian Court Song in the Time of Binchois. The Anonymous “Chansons” of El Escorial, MS V.III.24., Oxford, Clarendon Press, 1990 (Oxford Monographs on Music). Cf. infra, fig. 1. Retour au texte

12 Les Fortunes et adversitez de Jean Regnier, éd. E. Droz, Paris, Champion, 1923 (Société des anciens Textes français), p. 79-80, 86-87, 90-94. Retour au texte

13 Ibid., p. 88-89. Cf. infra, fig. 2. Retour au texte

14 P. Champion, Histoire poétique du quinzième siècle, 2 vol., Paris, Champion, 1923 (Bibliothèque du xve siècle, 27), t. 1, p. 227-284 (cit. p. 236). Cf. de même la ballade courtoise qu’il composa en 1439 a la requeste de la royne de France, derniere trespassee, de madame la Daulphine et de madame de Calabre et de plusieurs autres, lesquelles dames estoient a Chaalons : Les Fortunes et adversitez de Jean Regnier, éd. cit., p. 209-210. Retour au texte

15 Cf. R. Deschaux, Un poète bourguignon du xve siècle, Michault Taillevent (Édition et Étude), Genève, Droz, 1975 (Publications romanes et françaises, 132), p. 22-38 (cit. p. 27). Retour au texte

16 D. Poirion, Le poète et le prince, p. 572. Retour au texte

17 R. Deschaux, Un poète bourguignon du xve siècle, p. 251-279 (édition), 327-338 (cit. p. 329). Retour au texte

18 Ibid., p. 256, v. 179. Retour au texte

19 Ibid., p. 258, v. 4. Retour au texte

20 Cf. notamment I. Siciliano, François Villon et les thèmes poétiques du Moyen-Âge, Paris, Nizet, 1967 (1re éd., 1934), p. 324-331. Retour au texte

21 Villon, Poésies, éd. et trad. J. Dufournet, Paris, Flammarion, 1992 (GF, 741), p. 148, v. 712. Cf. J. Devaux, « Villon et La Belle Dame sans mercy », dans François Villon, entre mythe et poésie. Actes du Colloque international des 15‑17 décembre 2006 organisé à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, dir. J. Dufournet, M. Freeman et J. Dérens, Paris, Champion (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge, 9), p. 201-215. Retour au texte

22 Pierre Michault, Œuvres poétiques, éd. B. Folkart, Paris, Union générale d’éditions, 1980 (10/18, 1386 – Bibliothèque médiévale), p. 8. Retour au texte

23 Cf. infra, fig. 3. Retour au texte

24 Pierre Michault, Œuvres poétiques, éd. cit., p. 87. Retour au texte

25 Ibid., p. 88-95. Le Purgatoire d’Amours, poème anonyme de tonalité voisine, fut parfois attribué au même Pierre Michault : Le Purgatoire d’Amours, éd. S. Thonon, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, UCL, 1998 (Travaux de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université catholique de Louvain, 41 – Section de philologie romane, 15). Retour au texte

26 Martin le Franc, Le Champion des dames, éd. R. Deschaux, 5 vol., Paris, Champion, 1999 (Les Classiques français du Moyen Âge, 127-131), t. 3, p. 11-152, v. 11089-14776 (Livre III). Retour au texte

27 Ibid., t. 1, p. 3. Retour au texte

28 Cf. infra, fig. 4-5 ; S. Hériché-Pradeau, « Le Champion des dames de Martin le Franc : l’incunable de Lyon », dans Les premiers imprimés français et la littérature de Bourgogne (1470-1550). Actes du colloque international organisé à l’Université Littoral – Côte d’Opale, Dunkerque, dir. J. Devaux, M. Marchal et A. Velissariou, Paris, Champion, 2021 (Bibliothèque du xve siècle, 86), p. 289-305. Retour au texte

29 Martin le Franc, Complainte du livre du Champion des dames a maistre Martin Le Franc son acteur, dans G. Paris, « Un poème inédit de Martin Le Franc », Romania, t. 16, 1887, p. 383-437 (en particulier p. 423-437). Retour au texte

30 Quelques vers de la Complainte semblent renvoyer expressément au mécontentement manifesté par le public de cour : Se tu veulx la grace sentir, / Des seigneurs, tu doibs a loisir / Mos apiechier et assortir / Tout au plus prez de leur plaisir (ibid., p. 430, v. 217-220). Apiechier : ‘coudre ensemble (plusieurs pièces)’ (DMF 2015 : Dictionnaire du Moyen Français, ATILF – CNRS & Université de Lorraine, 2015, s. v. apiécer (http://www.atilf.atilf.fr/dmf). Retour au texte

31 Martin le Franc, Le Champion des dames, éd. cit., t. 3, p. 68, 147, v. 12585-12586, 14639-14640. Cf. Alain Chartier, Le Bréviaire des Nobles, dans The Poetical Works of Alain Chartier, éd. J. C. Laidlaw, Cambridge, Cambridge University Press, 1974, p. 393-409, 467-469. Retour au texte

32 Martin le Franc, Le Champion des Dames, éd. cit., t. 3, p. 130-133, v. 14169-14272. Pour d’autres références au bon duc d’Orliens, cf. ibid., t. 3, p. 42, 129, v. 11907-11912, 14153-14168. Cf. Charles d’Orléans, La Retenue d’Amours, dans Id., Ballades et rondeaux. Édition du manuscrit 25458 du fonds français de la Bibliothèque Nationale de Paris, éd. et trad. J.‑Cl. Mühlethaler, Paris, Librairie générale française, 1992 (Le Livre de Poche, 4531 – Lettres gothiques), p. 30-59 (en particulier p. 50-55, v. 315-380). Retour au texte

33 Martin le Franc, Le Champion des Dames, éd. cit., t. 3, p. 51 : Cy reprent le champion les amoureux de maintenant pour leur faintise et desleauté. Cf. de même ibid., p. 51-55, v. 12137-12240. Retour au texte

34 Ibid., t. 2, p. 261 : Le champion […] blasme l’ordure et la folie d’aucuns hommes et meismement la desordonnance de maintenant. Cf. de même ibid., p. 261-271, v. 10825-11088. Retour au texte

35 Ibid., t. 2, p. 267, 270, v. 10969-10972, 10977-10980, 11057-11060. Estrillier : ‘avoir une relation sexuelle avec’ ; voutrilier : ‘se vautrer, se rouler dans la fange’. Retour au texte

36 Pierre Michault, Œuvres poétiques, éd. cit., p. 25-68. Retour au texte

37 Ibid., p. 29. Retour au texte

38 W. Mulertt, « Le Droit actour des dames », Zeitschrift für romanische Philologie, t. 55, 1935, p. 466-494. Retour au texte

39 Olivier de la Marche, Le Triumphe des dames, éd. J. Kalbfleisch, Rostock, Druck der Universitäts-Buchdruckerei von Adler’s Erben, 1901. Cf. infra, fig. 6 ; É. Gaucher, « Olivier de la Marche et l’allégorie : pour une lecture à clés du Triomphe des Dames », dans Les clefs des textes médiévaux. Pouvoir, savoir et interprétation, dir. F. Pomel, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006 (Interférences), p. 235-251. Retour au texte

40 W. Mulertt, « Le Droit actour des dames », p. 487, v. 113-136 (cit. v. 125-128). Sur les différents types de touret, cf. V. Gay, Glossaire archéologique du Moyen Âge et de la Renaissance, t. 2, Texte revu et complété par H. Stein, Paris, Picard, 1928, p. 414. Retour au texte

41 Olivier de la Marche, Le Triumphe des dames, éd. cit., p. 70-71. Retour au texte

42 É. Bousmar, « Le ‘triunfo de las donas’ et la cour de Bourgogne (1460) », dans Diplomates, voyageurs, artistes, pèlerins, marchands entre pays bourguignons et Espagne aux xve et xvie siècles. Rencontres de Madrid-Tolède (25 au 26 septembre 2010), dir. J.-M. Cauchies, Publication du Centre européen d’Études bourguignonnes (xive-xvie s.), t. 51, 2011, p. 31-54, plus spécialement p. 37-47 (cit. p. 43). Sur la diffusion de ce texte, cf. en dernier lieu Fl. Serrano, « Rejovenissons le Triumphe des dames et le Traité de noblesse : deux traductions bourguignonnes du manuscrit aux presses parisiennes », dans Les premiers imprimés français et la littérature de Bourgogne, p. 307-318. Retour au texte

43 L.-P. Gachard, « Notice des Archives de M. le duc de Caraman, précédée de Recherches historiques sur les princes de Chimay et les comtes de Beaumont », Compte-rendu des séances de la Commission royale d’Histoire, t. 11, 1846, p. 109‑256 (cit. p. 256). Le manuscrit contenant cette dédicace est demeuré introuvable à ce jour. Prodir : ‘trahir’. Retour au texte

44 Obras de Juan Rodríguez de la Cámara (ó del Padrón), éd. A. Paz y Meliá, Madrid, Sociedad de Bibliofilos españoles, 1884, p. 315-368 (cit. p. 317). Retour au texte

45 Cf. Ch. C. Willard, « Isabel of Portugal and the French Translation of the ‘Triunfo de las Doñas’ », Revue belge de Philologie et d’Histoire, t. 43, 1965, p. 961-969 ; Fl. Serrano, « Le Triumphe des dames traduit par Fernand de Lucène et les Cent Nouvelles nouvelles au cœur de la Querelle des Femmes bourguignone », Réforme, Humanisme, Renaissance, t. 69, 2009, p. 55-71, en particulier p. 60, qui interprète cette dédicace comme une réaction à la « performance » des conteurs des Cent Nouvelles nouvelles. Retour au texte

46 É. Bousmar, « Le ‘triunfo de las donas’ et la cour de Bourgogne (1460) », p. 44. Cf. de même ibid., p. 43 : « au-delà de motivations peut-être plus profondes, les références au service des dames servent aussi de décor aux formes de sociabilité ». Retour au texte

47 M. Colombo Timelli, « Le Purgatoire des mauvais maris. Introduction et édition », Romania, t. 116, 1998, p. 492-523. Retour au texte

48 Paris, BnF, Rés. p. Y2 244. Cf. infra, fig. 7 ; M. Colombo Timelli, « Anonymous, Purgatoire des mauvais maris », dans Colard Mansion. Incunabula, Prints and Manuscripts in Medieval Bruges, dir. E. Hauwaerts, E. de Wilde et L. Vandamme, Gand, Snoeck, 2018, p. 148 (no 63). Retour au texte

49 J. Barrois, Bibliothèque protypographique ou librairies des fils du roi Jean, Charles V, Jean de Berri, Philippe de Bourgogne et les siens, Paris, Treuttel et Würtz, 1830, p. 203 (no 1399). Retour au texte

50 M. Colombo Timelli, « Le Purgatoire des mauvais maris. Introduction et édition », p. 505-506. Retour au texte

51 Mansion publia successivement deux éditions de ce recueil, conservées respectivement dans les deux témoins suivants : Paris, BnF, Rés. Ye 93 ; Paris, BnF, Rés. Ye 186. Cf. M. Jeay et K. Garay, « Anonymous, Les adevineaux amoureux », dans Colard Mansion. Incunabula, Prints and Manuscripts, p. 150 (no 65). Retour au texte

52 Cf. notamment E. Ilvonen, « Les demandes d’amour dans la littérature française du moyen âge », Neuphilologische Mitteilungen, t. 14, no 5/6, 1912, p. 128-144. Retour au texte

53 Cf. notamment R. Bergeron, « Les venditions françaises des xive et xvsiècles », dans La langue, le texte, le jeu. Perspectives sur la théâtre médiéval. Actes du colloque international de l’Université McGill, Montréal, 1986, dir. G. Di Stefano et R. M. Bidler, Le Moyen Français, t. 19, 1988, p. 34-57 ; M. Rus, « D’un lyrisme l’autre. À propos des venditions d’amour, de Christine de Pizan aux recueils anonymes de la fin du Moyen Âge », Cahiers de Recherches médiévales et humanistes, t. 9, 2002, p. 201-213. Retour au texte

54 Amorous Games. A Critical Edition of Les Adevineaux Amoureux, éd. J. W. Hassell, Austin, University of Texas Press, 1974 (Publications of the American Folklore Society. Bibliographical and Special Series, 25), p. 227. Retour au texte

55 Ibid., p. 200-201. Retour au texte

56 Ibid. Cf. infra, fig. 8. Retour au texte

57 Cf. infra, la contribution d’Éric Bousmar. Retour au texte

58 Cf. infra, la contribution de Catherine Emerson. Retour au texte

59 Jean Régnier, Les Fortunes et adversitez, éd. cit., p. 211-212. Cf. de même ibid., p. 177-178, une chanson en rondel sur le thème de la chasse d’amour, interprétée par Régnier devant monseigneur le duc de Bourgongne et monseigneur le duc de Bourbon au boys de Dyjon a leur requeste (ibid., p. 177). Retour au texte

60 H. Stein, Étude biographique, littéraire et bibliographique sur Olivier de la Marche, Bruxelles, Hayez, 1888 (Mémoires couronnés par l’Académie Royale de Belgique, 49), p. 207-209. L’on retrouve ici, dans un contexte similaire, la moustardiere de Philippe Bouton : cf. infra, p. xxx, la contribution d’Éric Bousmar. Retour au texte

61 Jean Molinet, Les Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, 3 vol., Paris, Société des Anciens Textes Français, 1936-1939, t. 2, p. 616-627, 729-731. Sur la large place occupée par l’obscénité dans l’œuvre de Molinet, cf. en dernier lieu M. Jeay, « Dire ou ne pas dire. ‘Faire catleya’ au Moyen Âge », dans Obscène Moyen Âge ?, dir. N. Labère, Paris, Champion, 2015 (Bibliothèque du xve siècle, 80), p. 115-143, en particulier p. 137-143 (« Le registre facétieux en territoire bourguignon »). Retour au texte

62 Guillaume de Lorris et Jean de Meun, Le Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 3 vol., Paris, Champion, 1965-1970 (C.F.M.A., 92, 95, 98), t. 3, p. 121-141, v. 2064-21315. Retour au texte

63 Jean Molinet, Les Faictz et Dictz, éd. cit., t. 2, p. 569-583 (cit. p. 569, 582-583, v. 4, 370-371, 400). Cf. infra, fig. 9. Retour au texte

64 Ibid., t. 2, p. 582-583, v. 381-393. Retour au texte

65 Cf. en dernier lieu J. Dufournet, « Villon et la génération de Louis XI », dans Id., Dernières recherches sur Villon, Paris, Champion, 2008 (Bibliothèque du xve siècle, 73), p. 23-29 (cit. p. 25). Retour au texte

66 Cf. supra, n. 44, 56. Retour au texte

Illustrations

  •  Fig. 1

     Fig. 1

    Portraits de Guillaume du Faÿ et de Gilles Binchois, dans Martin le Franc, Le Champion des Dames : Paris, BnF, ms. fr. 12476, fol. 98r

    © Paris, BnF

  •  Fig 2

     Fig 2

    Une dame rend visite au poète incarcéré, dans Jean Régnier, Les fortunes et adversitez, Paris, Jean de La Garde, 1526 : Paris, BnF, Rés. Ye 1400, fol. 56v

    © Paris, BnF

  •  Fig. 3

     Fig. 3

    Pierre Michault, La Danse aux aveugles : Lille, BM, ms. 342 (401), fol. 11r

    © Lille, BM

  •  Fig. 4

     Fig. 4

    Dédicace du poème à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, dans Martin le Franc, Le Champion des Dames, Lyon, [avant mai 1488] : Lille, BM, E-2, fol. aii r

    © Lille, BM

  •  Fig. 5

     Fig. 5

    Martin le Franc, Le Champion des Dames, Lyon, [avant mai 1488] : Lille, BM, E-2, fol. a(4)v-a(5)r

    © Lille, BM

  •  Fig. 6

     Fig. 6

    Olivier de la Marche, Le Parement et triumphe des Dames : Paris, BnF, ms. fr. 1848, fol. 55r

    © Paris, BnF

  •  Fig. 7

     Fig. 7

    Le Purgatoire des mauvais maris, Bruges, Colard Mansion, ca 1479-1484 : Paris, BnF, Rés. p. Y2 244, fol. 1r

    © Paris, BnF

  •  Fig. 8

     Fig. 8

    Les Adevineaux amoureux, Bruges, Colard Mansion, ca 1479-1484 : Paris, BnF, Rés. Ye 186, fol. 1v

    © Paris, BnF

  •  Fig. 9

     Fig. 9

    Jean Molinet, Le hault siege d’Amours : Tournai, Bibliothèque communale, ms. 105, fol. 25r

    détruit – d’après Jean Molinet, Les Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 2, ill. hors texte

Citer cet article

Référence papier

Jean Devaux, « Entre courtoisie et grivoiserie : visages contrastés de l’Honneur femenin dans la littérature de Bourgogne », Bien Dire et Bien Aprandre, 36 | 2021, 17-38.

Référence électronique

Jean Devaux, « Entre courtoisie et grivoiserie : visages contrastés de l’Honneur femenin dans la littérature de Bourgogne », Bien Dire et Bien Aprandre [En ligne], 36 | 2021, mis en ligne le 01 février 2022, consulté le 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/93

Auteur

Jean Devaux

Univ. Littoral Côte d’Opale, UR 4030, HLLI, Unité de Recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel, F-62200 Boulogne‑sur‑Mer, France

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