Gros volume que ce tome LXXXIX des Annales. Il fait 432 pages et débute avec la composition du Conseil d'administration ainsi constitué :
Président : M. J. Prouvost
Premier Vice-Président : M. J. Gantois
Vice-Présidents : MM. P. Celet et J. Dercourt
Secrétaire : M. J. Paquet
Secrétaire-adjoint : M. J.-P. Laveine
Trésorier : M. L’Abbé Tieghem
Déléguée aux Publications : Mme Paule-M. Corsin
Archiviste-Bibliothécaire : M. G. Courty
Conseillers : MM. P. Dollé, A. Bonte, Mme S. Defretin, Melle D. Brice, MM. A. Dalinval et Ch. Delattre.
Comme le rappelle l'extrait des statuts de la Société, en page II de couverture, la SGN "a pour objet de concourir à l'avancement de la géologie en général, et particulièrement de la géologie du Nord de la France" à laquelle est entièrement dédié le fascicule 1 de ce tome. Ce fascicule de 129 pages est ainsi consacré aux sujets suivants : le Paléozoïque en Ardenne française (G. Waterlot), le Boulonnais (A. Bonte), le Carbonifère du Nord de la France (A. Bouroz), un aperçu géologique de la région de Lille (G. Waterlot), les grands traits géologiques de l'Artois (C. Delattre), la géologie du Cambrésis et des régions environnantes (P. Celet), une introduction à la géomorphologie du Nord de la France (J. Sommé), la sédimentation du Quaternaire sur le bord Nord de l'anticlinal d'Artois (P. Dollé), la plaine maritime (J. Sommé), et enfin, la Préhistoire du Nord et du Pas-de-Calais - aperçu d'ensemble (G. Tieghem). Où l'on trouve le professeur Jean Sommé, décédé récemment (voir la notice qui lui est consacrée dans ce tome-ci), ainsi que trois des enseignants dont j'ai suivi les cours lorsque j'étais étudiant à l'Université des Sciences et Techniques de Lille (aussi dénommée Université Lille 1, devenue Université de Lille, Faculté des Sciences et Technologies), à savoir MM. Gérard Waterlot, Charles Delattre et Paul Celet. La SGN n'a pas publié d'opuscule équivalent depuis. Une synthèse de la géologie régionale, des Hauts-de-France et de ses environs, incluant une partie du massif ardennais, serait pourtant la bienvenue, mais les quelques tentatives récentes n'ont pas abouti. Les actions du sesquicentenaire [voir ci-dessous] devraient y remédier, en permettant d'actualiser nos connaissances de la géologie régionale.
La Société comptait 290 membres au 1er janvier 1969, y compris les membres à perpétuité et les membres à vie. Or, entre 1963 et 1975, le total des membres de la Société a oscillé entre 301 et 344, ce qui représente l'acmé de l'effectif de la SGN, toutes périodes confondues (Blieck et al., 2014, fig. 10 et tabl. 5). Le nombre de 1969 est donc anormalement bas, mais aucune explication satisfaisante n'a été trouvée pour justifier cette constatation, sauf à imaginer que les registres de la Société ont souffert des troubles de l'année 1968.
La SGN a tenu son assemblée générale annuelle le 8 janvier 1969 et tenu cinq "séances ordinaires" mensuelles (5 février, 5 mars, 4 juin, 24 novembre et 17 décembre). Elle a organisé un colloque sur les tonsteins le 7 mai, dont les actes sont réunis dans le fascicule 3 de ce tome LXXXIX. Rappelons ici que les tonsteins sont des niveaux volcano-sédimentaires minces que l'on trouve en particulier dans les terrains houillers, où ils servaient de repères lithostratigraphiques précis. Sont ainsi traités les tonsteins du Royaume-Uni, la pétrographie des charbons en relation avec les tonsteins, le tonstein Karl du Westphalien de la Ruhr (Allemagne), la minéralogie des tonsteins, les cinérites et gores du Stéphanien des Cévennes, les corrélations lithostratigraphiques entre les tonsteins du Houiller du Nord de la France, ceux du Westphalien du Limbourg (Pays-Bas), et enfin, une synthèse stratigraphique des tonsteins du Houiller du Nord de la France. Un parallèle peut être fait entre ces niveaux volcano-sédimentaires fins du Carbonifère et les niveaux appelés bentonites, récemment détaillés dans le Turonien du Nord-Ouest européen (Amedro et al., 2018).
La Société a également tenu une réunion extraordinaire le dimanche 4 mai 1969, avec, le matin, une visite du laboratoire des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais et de l'usine de la société minière et métallurgique "Pena Roya" (Peñarroya) à Hénin-Liétard (devenue Hénin-Beaumont à la suite de sa fusion avec la commune de Beaumont), et, l'après-midi, une visite du service régional du B. R. G. M. à Annappes (intégrée depuis au sein de la commune de Villeneuve d'Ascq — qui eût dû s'appeler La Neuville-en-Flandre…).
Les fascicules 2 et 4 du tome LXXXIX sont consacrés aux sujets récurrents de la SGN, stratigraphie, tectonique, pétrographie et minéralogie des charbons, paléontologie. Le Paléozoïque occupe la majorité des sujets avec 20 articles sur les 37 que compte le tome. Notons que le fascicule 4 s'ouvre sur une notice biographique de Pierre Pruvost (1890-1967) par Ch. Delattre et G. Waterlot. P. Pruvost fut l'élève et successeur de Charles Barrois, lui-même élève et successeur de Jules Gosselet, premier détenteur de la chaire de géologie de la Faculté des sciences de Lille et co-fondateur de la SGN (Blieck et al., 2014 ; Meilliez & Blieck, 2014). Lorsque P. Pruvost entre au laboratoire de géologie comme aide-préparateur de minéralogie, J. Gosselet, bien que retraité depuis quatre ans, "fréquentait et animait toujours le laboratoire qu'il avait créé. Il prit en charge le jeune préparateur et l'emmenant sur les routes de l'Artois, il lui enseigna le métier de géologue de terrain et le forma à la discipline du lever de cartes géologiques." (Delattre & Waterlot, 1969). La disparition de P. Pruvost clôt le premier siècle d'existence de la SGN (créée en 1870) qui, en 1969, était au faîte de son influence. J'en veux pour preuve les nombreuses institutions et entreprises (bibliothèques universitaires, chambres de commerce, sociétés industrielles, écoles techniques, compagnies houillères, laboratoires de géologie) qui étaient membres de la Société (Tome LXXXIX, liste des membres, p.133-138). Cette influence a ensuite décru de façon drastique jusqu'au début du XXIe siècle (Blieck et al., 2014). La remontée observée depuis les années 2000 avec la reprise de ses activités (séances de communications, conférences, sorties de terrain, visites guidées) se traduit par une augmentation régulière du nombre de ses membres et le retour d'institutions et entreprises partenaires. La célébration du sesquicentenaire de la Société Géologique du Nord en 2020 sera l'occasion de faire un retour sur son passé et de la projeter dans l'avenir…