Le rôle des figures féminines dans les tournois et pas d’armes à la cour de Bourgogne

  • The Role of Female Figures in Tournaments and Pas d’Armes at The Court of Burgundy

DOI : 10.54563/bdba.155

p. 91-104

Résumés

Sous l’influence de l’imaginaire arthurien, on observe une transformation du caractère des tournois qui, en devenant des spectacles chevaleresques, accordent une place aux femmes pendant l’épreuve, pour la remise des prix et lors des réjouissances qui suivent. Leur rôle dépend de la dimension littéraire des textes et est plus développé dans les biographies chevaleresques que chez les chroniqueurs. Il dépend aussi du contexte de la joute : dans les pas d’armes, elles interviennent aussi comme protagonistes des scénarios mis en scène.

The influence of Arthurian literature, results in a transformation of the character of tournaments which become chivalrous performances with a place given to women during the event, for the presentation of the prizes and during the festivities which follow. Their role depends on the literary dimension of the texts, more developed in chivalrous biographies than among chroniclers. It also depends on the context of the joust: in the Pas d’armes, they also intervene as protagonists of the scenarios staged.

Texte

Dans un article sur la place des hommes et des femmes dans les fêtes de cour bourguignonnes, Éric Bousmar note ceci : « il semble à la lecture des grandes sources narratives des règnes de Philippe le Bon et de Charles le Hardi qu’il n’y ait pas de fête de cour sans dames1 ». Je voudrais prolonger la réflexion qu’il a faite avec la lecture des Chroniques, notamment celles d’Olivier de la Marche et de Mathieu d’Escouchy, qui ont rendu compte des tournois et pas d’armes tenus principalement sous l’égide de Philippe le Bon. Tous deux amateurs de ces divertissements, particulièrement La Marche qui est impliqué dans l’organisation des fêtes de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire, ils offrent des témoignages pertinents2. J’interrogerai également la biographie chevaleresque de Jacques de Lalaing et la version romanesque de ce type de récit qu’est le roman de Gilles de Chin. Mon intérêt pour les tournois et pas d’armes bourguignons s’inscrit dans la continuité d’un travail récent sur les listes de participants dans le corpus des tournois romanesques et des tournoiements. Parmi ceux-ci, les tournois de Hem et de Chauvency tels qu’ils sont décrits par Sarrasin dans le Roman du Hem et par Jacques Bretel dans le Tournoi de Chauvency, me serviront de transition avant d’aborder le domaine bourguignon.

Pour éclairer les pratiques bourguignonnes lors des joutes et pas d’armes qui sont partie prenante des cérémoniaux de cour, je retournerai aux sources de la présence de femmes lors de la tenue de tournois. La participation féminine est étroitement liée à la transformation du caractère des tournois qui, au cours du xiie siècle et sous l’influence de l’univers littéraire de Chrétien de Troyes, tendent à devenir plus un spectacle chevaleresque qu’un jeu militaire3. Elle se manifeste lors des différentes étapes du déroulement de l’événement : l’épreuve elle-même, la remise des prix, les réjouissances qui suivent. Parallèlement, la mise en scène de scénarios inspirés de la matière arthurienne, notamment pour servir de prétexte aux pas d’armes, offre aux femmes un rôle de protagonistes de ces affabulations. Après avoir examiné sur quel substrat s’inscrivent les tournois et pas d’armes bourguignons, je m’intéresserai à la façon dont les auteurs des biographies chevaleresques puis les chroniqueurs ont rendu compte de la présence féminine dans ces deux facettes de l’événement.

Il semblerait que la participation des femmes au déroulement des tournois soit liée à la popularité des romans de Chrétien de Troyes et à la place qu’il leur donne dans les descriptions qu’il offre de ces affrontements dans ses romans. Dans le Chevalier de la Charrette, où le tournoi de Noauz est organisé pour répondre au désir des dames de se trouver un mari, apparaît le motif qui deviendra récurrent, de la manche donnée au chevalier élu par l’une d’elles afin qu’il combatte en son honneur et pour son amour, motif qu’on retrouve dans le Conte du Graal avec la manche donnée à Gauvain par la Pucelle aux Petites manches. Le roman de Gilles de Chin témoigne de cette récurrence : troublée par la renommée du héros, la comtesse de Nassau lui fait parvenir une manche de soie et une ceinture garnie d’or et de pierres précieuses qu’il portera durant le tournoi en signe de l’amour qu’ils partageront4. La reprise du motif dans le Livre des fais de Jacques de Lalaing n’est pas sans évoquer la compétition entre les deux filles de Thibaut de Tintagel dans le Conte du Graal, avec celle qui intervient entre ses admiratrices, Madame d’Orléans, la sœur du duc de Clèves et la duchesse de Calabre, l’une envoyant secrètement au chevalier une moult riche mance et l’autre une guimpe5.

Dans son article sur les tournois romanesques, notamment celui de Saint-Trond du Roman de la Rose et de Guillaume de Dole de Jean Renart, John Baldwin énonce cette intrusion des représentations courtoises dans une activité emblématique de la valeur chevaleresque en termes de corruption du « sport viril de Guillaume le Maréchal […] par la mainmise féminine6 ». La tradition romanesque a contribué à transposer dans la réalité la présence féminine lors des jeux chevaleresques. Cela s’explique par la corrélation entre l’intérêt de la classe aristocratique pour les tournois au cours du xiie siècle et celui qu’elle portait aux romanciers dont l’art émergeait à la même période et qu’elle patronnait. Au moment de l’écriture du Chevalier de la Charrette, le comte Henri de Champagne, époux de Marie, la protectrice et inspiratrice de Chrétien de Troyes, organisait le grand tournoi de Lagny-sur-Marne7. D’un côté, la description de ceux que le romancier met en scène dans le Chevalier de la Charrette et le Conte du Graal s’est inspirée de performances réelles puisqu’il n’avait pas de modèle littéraire. De l’autre, ses fictionnalisations ont conféré l’autorité de l’histoire arthurienne à des pratiques chevaleresques qui n’ont cessé de s’en inspirer8. L’influence exercée par l’imaginaire arthurien et plus largement romanesque combinée à celle de l’héroïsme mythologique marquera les pas d’armes organisés par le duc de Bourgogne et ses vassaux9.

Mais avant d’en venir à eux et à titre de transition, regardons comment elle se manifeste et comment s’y traduit la présence féminine dans le Roman du Hem et le Tournoi de Chauvency. Sarrasin, l’auteur du premier des deux textes, fait sur un peu plus de 4 000 vers, le récit d’une fête de trois jours avec joutes qui s’est tenue à Hem-sur-Somme, en Picardie, du 8 au 10 octobre 1278. Son compte rendu est commandité par Jeanne, la sœur d’Aubert de Longueval, future épouse de Huart de Bazentin, les deux seigneurs de la marche d’Artois qui ont organisé l’événement10. C’est aussi elle qui préside les joutes tout en incarnant la reine Guenièvre autour de qui se déroulent les cinq interludes qui prennent place pendant les banquets. La trame de ces intermèdes emprunte aux romans de Chrétien de Troyes, notamment au Chevalier au lion, dont les personnages et les motifs ont été absorbés par la culture orale commune au public des tournois qui en comprennent les références11. On retrouve dès le premier jour Soredamors conduite par un nain, qui demande un champion pour libérer son amant emprisonné et subit les moqueries de Keu. Le lendemain apparaît Robert d’Artois en Chevalier au lion qui sauve quatre demoiselles retenues prisonnières par le seigneur du Castel du Bois, et les présente, accompagnées de musiciens. Les autres interludes mettent en scène Keu dans son personnage de persifleur, qui donne lieu à des épisodes comiques. Comme on le voit, la matière arthurienne qui sert de contexte aux joutes, justifie la participation de personnages féminins pour incarner les rôles des intrigues qui sont mises en scène. En dehors de ces circonstances, la présence de femmes reste allusive dans le Roman du Hem. Alors qu’environ deux cents chevaliers qui participent aux joutes ont été inventoriés, seule la dame de Caieus12, Marguerite, sœur de Jeanne et d’Aubert de Longueval, est identifiée.

La situation est tout à fait différente dans le Tournoi de Chauvency où les dames qui assistent aux joutes jouent un rôle primordial. Le tournoi de Chauvency-le-Château, dont Jacques Bretel rend compte, s’est ouvert le 1er octobre 1285. Organisé par le comte Louis de Chiny, il a rassemblé pour une semaine, une soixantaine de participants de l’empire germanique et du royaume de France avec leurs dames dont quatorze sont nommées13. Parmi les premières mentionnées, Agnès, la sœur de Jean Ier de Commercy et son épouse Mahaut d’Aspremont méritent des éloges pour leur courtoisie et leur franchise et la façon charmante dont elles chantent lors des réjouissances à l’issue de la deuxième journée14. Lorsqu’il s’informe auprès des hérauts au sujet de l’identité des jouteurs, Bretel évoque régulièrement les dames de l’assistance devant lesquelles passent ces chevaliers, par exemple Pierre de Grailly qui Devant les Dames vint passant, / Le petit pas, mout simplement15. À l’issue de la première journée, c’est en alléguant le besoin de repos des dames que le héraut Martin met fin aux réjouissances pour inviter au vin et aux fruits d’avant le coucher. Ce sont elles encore qui signalent la reprise des joutes le lendemain :

Et mainte dame avoit montee
Sour les berfrois pour esgarder
Cex qui weullent honor garder,
Et mestre cors en aventure
16.

Bretel nomme l’une des plus prestigieuses, la comtesse de Luxembourg, se contentant ensuite de faire allusion à mainte dame de valour, / Dont je ne puis conte tenir17. Ce sont les dames qui sont tenues responsables des dangers courus par les chevaliers qui s’affrontent pour leur amour : Fames, pour la vostre amistié, / Metent lor cors a cel dolor18. C’est pour elles que les hérauts identifient les participants19, tandis qu’elles commentent le spectacle et l’agrémentent de chansons. Cela donne lieu à des scènes animées avec ces derniers ou bien entre elles pour échanger leurs commentaires :

Des dames qui as loges furent,
Li une a l’autre montre au doit
Et bien en dist ce qu’elle doit :
« Esgardéz, suers, quex bacheler
Com bel se set d’armes meller
20 ! »

Les fêtes d’après tournoi transforment la narration en récit à insertions lyriques avec la mention des refrains échangés entre les jouteurs et les dames21. La fête du deuxième jour des joutes donne lieu à un long passage où se succèdent dance a vïele / Chevaliers contre damoiselles, / Et dames contre bacheler, mais aussi des propos amoureux et des échanges de chansons entre dames et chevaliers22. À l’issue de la rencontre, l’honneur de décerner le prix du tournoi final est réservé à la comtesse de Luxembourg, en une scène que le narrateur s’est plu à développer : il laisse deviner qu’il est ce menestreus de vïele, / Simples et dous comme pucelle qui va l’inviter à offrir le chapelet de fleurs qu’elle a confectionné à André d’Amance, le chevalier qu’elle a élu23. Le passage, qui s’étend sur une centaine de vers24, est révélateur du ton de l’ensemble du texte avec sa description de la comtesse exposée à la vue de tous, Le vis liev[é], lez iex en bas, / Chantant doucement, et ses dialogues enjoués avec les chevaliers et le ménestrel25. Le romanesque se déploie dans le Tournoi de Chauvency, tissé avec le reportage des faits d’armes, donnant une place déterminante aux femmes.

Sans mettre les dames à l’avant-scène comme le fait Jacques Bretel, le roman de Gilles de Chin et les Faits de Jacques de Lalaing notent leur présence et le rôle qu’elles jouent lors des trois moments clés de l’événement : la joute elle-même, le choix du vainqueur et l’attribution du prix, les réjouissances d’après tournoi26. Comme l’indique Élisabeth Gaucher-Rémond, le genre biographique est un bon témoin de l’influence qu’ont exercée les romans de la Table Ronde et plus généralement la matière arthurienne27. Nous avons vu précédemment, dans le Roman du Hem et le Tournoi de Chauvency, des exemples de références à des motifs qui évoquent l’hypotexte de Chrétien de Troyes qui, sans nécessairement référer à ses textes, appartiennent à une culture partagée entre les auteurs et leur public. On peut reconnaître, dans Gilles de Chin, le même type d’observation sur les échanges entre les dames et les autres participants que ceux que nous avons notés dans le Tournoi de Chauvency. On a ainsi le salut ritualisé des chevaliers au moment où ils pénètrent dans les lices :

Quant l’eure fu venue et les dames montees es hours, alors chascun chevalier et tout par ordre passerent devant lez hours en saluant lez dames. Messire Gilles de Chin lui .xvi.e de chevaliers passa devant les dames en lez saluant, et elles comme courtoisez lui rendirent son salu28.

On a aussi le topos romanesque du chevalier qui s’engage à jouter pour l’honneur ou l’amour d’une dame : Jacques de Lalaing demande à Madame d’Orléans, la sœur du duc de Clèves, et à la duchesse de Calabre, la permission d’être leur escuier et serviteur, avec la rivalité entre elles qui s’ensuivra29. Sans qu’on s’y étende comme on a pu le voir dans le Tournoi de Chauvency, il est également fait allusion dans les deux textes aux propos des dames au sujet des combattants, sur la beauté et la prestance de Gilles ou les performances de Jacques qui de toutes dames et damoiselles […] estoit aimés et prisiez30.

Les dames ne sont toutefois pas nommées, sauf à une occasion, l’emprise d’armes de Jacques de Lalaing à Bruges avec Thomas, un écuyer anglais, en présence du duc de Bourgogne, auprès de qui estoit la ducesse de Cleves, la contesse d’Estampes et autres pluiseurs grans dames et damoiselles31. Dans le Gilles de Chin, l’attribution des prix peut faire l’objet d’un cérémonial comme à l’issue du premier tournoi au cours duquel le héros se distingue :

[…] et furent ordonnees quatre nobles damoiselles et quatre chevaliers pour amener et conduire les pris et les presenter de par les dames a messires Gilles de Chin. Les chevaliers et damoiselles s’en deppartirent a grant foison torches et trompettes, et as menestrelz et heraulx qui s’acquittoient de leurs offices que grant beaultez estoit a les veoir venir. Chascun des chevaliers menoit une demoiselle, et escuiers qui aloient devant, lesquelz menoient deux moult beaulx coursiers, et aveucq ce estoient moult ricement couvers de draps de soye et or battu ; puis les demoiselles tenoient quatre coupples de blans levriers en beaux las d’or et de soye moult richement ouvré32.

Concernant la présence féminine, peut-on noter une différence dans le traitement qui en est fait chez les chroniqueurs par rapport à ces deux récits biographiques ? Il faut d’abord noter que, parmi les joutes qu’ils ont décrites, plusieurs ne font aucune mention des dames. C’est le cas de trois joutes sur six chez Mathieu d’Escouchy et de huit sur quatorze chez Olivier de la Marche. Lorsque les dames figurent dans leurs récits, ce qui est plus fréquent chez La Marche au fur et à mesure que son texte progresse, il est nécessaire de distinguer des autres épisodes les récits de joutes qui se sont tenues dans le contexte d’un pas d’armes, car ces dernières possèdent un caractère romanesque et théâtral qui permet aux femmes de jouer un rôle de protagonistes dans leur mise en scène.

Pour les joutes tenues en dehors de ce contexte, les dames sont évidemment mentionnées lors des moments convenus. Les dames et damoiselles parmi les nobles hommes là estans mentionnées par Mathieu d’Escouchy ou les soixante ou quatre vingtz dames de si noble maison, que la moindre estoit fille de baron qu’Olivier de la Marche dit avoir vues au banquet à l’occasion des armes du Bâtard Antoine de Bourgogne en Angleterre33, restent généralement anonymes. Il arrive cependant que certaines aient le privilège d’être nommées : il mentionne lui aussi la duchesse d’Étampes qui assiste avec toutes les dames de la court aux armes de l’écuyer anglais Thomas avec Jacques de Lalaing34. Dans son compte rendu de la première joute du jeune comte de Charolais âgé de seize ou dix-sept ans, au cours de laquelle il affronte Jacques de Lalaing, La Marche porte surtout son attention sur les craintes maternelles de la duchesse, alors que le bon duc s’en rioit, et ainsi estoient le pere et la mere en diverse oppinion. L’ung desiroit l’espreuve et l’aultre la seureté35. On peut rencontrer dans ces récits de joutes le motif romanesque des armes tenues pour l’amour d’une dame et à son commandement36 ou celui des éloges décernés par les assistantes aux jouteurs37.

Ces motifs sont bien entendu présents dans la série des pas d’armes qui se tiennent en pays bourguignon au xve siècle, où la participation des dames lors de l’événement est évoquée dans les mêmes circonstances que lors des tournois. Très souvent l’évocation des participants recourt à des formules codées du type contes, barons et chevaliers, contesses, baronnesses, dames et damoiselles38. Ce type d’énumération descendante, que l’on trouve dans Gilles de Chin, est récurrent dans l’ensemble des textes. Lors du Pas de l’Arbre d’or, qui fait partie des festivités destinées à célébrer le mariage de Marguerite d’York et de Charles le Téméraire, Philippe de Clèves, seigneur de Ravestain, dédie son dernier combat à la nouvelle duchesse et autres nobles princesses, dames et damoiselles39. Les comptes rendus des emprises d’armes peuvent reprendre des motifs du récit romanesque : l’invitation à tenir un pas ou à relever des défis peut se faire en faveur des dames, selon la formule, tout aussi convenue que la précédente, qu’utilise Matthieu d’Escouchy dans sa relation du Pas de la Belle pèlerine40. Dans son récit des joutes qui ont eu lieu pendant dix jours à l’occasion des noces fastueuses du duc, La Marche insiste sur les saluts des combattants aux dames et sur le cérémonial du passage devant elles41.

Comme on l’a déjà vu, c’est à l’occasion des réjouissances qui se tiennent après les joutes que le rôle des femmes est noté plus volontiers, notamment lors du banquet lui-même. Elles trouvent place dans l’exposé de l’agencement quasi ritualisé des tables par les chroniqueurs, ainsi Olivier de la Marche à propos du Pas de l’Arbre d’or :

Ce lundy disna monseigneur le duc en la grant salle ; et avoit assis au dessus de luy madame la duchesse de Nolfolck, et de l’aultre costé madame d’Arguel. Aux autres deux tables furent en l’une toutes les dames, et en l’aultre tous les chevaliers et seigneurs angloix ; et fut on grandement servy ; et au regard de madame de Bourgoingne, la mère, et la nouvelle duchesse, elles disnerent en chambre42.

Dans son récit du Banquet du Faisan, Mathieu d’Escouchy détaille la disposition des trois tables, donnant le nom des dames présentes à la première, qu’occupe le duc de Bourgogne, tandis qu’à la seconde seuls ceux des compagnons de son fils, le comte de Charolais, sont mentionnés, meslé aveuc le grant nombre de dames et de demoiselles, et qu’à la troisième table, s’assirent escuiers et demoiselles ensamble43. Pour les danses qui suivent, les chevaliers et dames qui participent à icelle mommerye sont identifiés en deux énumérations de plus d’une dizaine de noms44.

Le fait que le pas d’armes soit, comme l’indique Armand Strubel, « la forme la plus théâtralisée du tournoi et la plus imprégnée de littérature », explique la place qu’occupent les femmes dans les récits qui en sont faits45. Le Banquet du Faisan donne un bon exemple de ce type de théâtralisation avec l’arrivée sur une haquenée d’une tres belle dame, de l’eage de douze ans, qui incarne la princesse de Joye chargée de présenter un chappellet au duc, puis celle de Sainte Église placée dans un château juché sur un éléphant conduit par un géant46. Le cérémonial se poursuit avec la présentation de l’oiseau que porte le héraut Toison d’Or accompagné de deux dames, Yolande fille illégitime du duc de Bourgogne et Isabelle de Neuchâtel, et de deux chevaliers, le seigneur de Créquy et Simon de Lalaing. Après la liste des vœux faits aux dames et au faisan, se déroule un intermède que le chroniqueur qualifie de mistère, qui met en scène une dame toute en blanc qui sur son espaule senestre portoit un rolet ou estoit escript en lettres d’or : Grace-Dieu, accompagnée de douze chevaliers tenant chacun une dame représentant les douze vertus47.

À part l’ymage d’une femme nue sur un pilier, couverte de ses longs cheveux et d’où coulait de l’hypocras, jaillissant de son sein droit, pendant toute la durée du banquet48, les participants à ces scènes sont des personnes réelles qui jouent un rôle, ce qui n’est pas nécessairement toujours le cas. La question qui se pose à propos du rôle qu’ont pu jouer les femmes dans les mises en scène des pas d’armes ou dans les entremets qui animent les banquets est celle à laquelle a tenté de répondre Michelle Szkilnik : s’agit-il de personnes vivantes, d’automates ou bien de peintures49 ? Elle note que, dans la description que donne Olivier de la Marche du Pas de la Fontaine des Pleurs organisé par Jacques de Lalaing, un tableau représente la Vierge, tandis qu’une peinture à sa droite montre une dame versant des larmes auprès de qui se trouve une fontaine avec une licorne portant les trois targes à toucher pour entreprendre l’emprise. Dans la version des Faits de Jacques de Lalaing, les choses sont moins claires. L’annonce de la tenue du pas laisse à penser que la dame présente dans le pavillon avec la licorne pourrait être une figurante. Mais l’auteur précise ensuite qu’il y aura une image de la Vierge dans le pavillon et à sa gauche une image de la dame aux larmes blanches, représentations qui pourraient être toutes deux aussi bien une statue qu’une peinture50. Dans un des entremets du banquet, on trouve à la fois une peinture avec la même scène et des personnes réelles qui semblent jouer une sorte de représentation théâtrale sur une estrade. Un chevalier, sans doute Jacques de Lalaing, s’incline devant la Vierge qui l’invite, ainsi que la dame, à adorer la croix, scène suivie des oraisons des trois personnages51. Il se pourrait qu’il s’agisse aussi d’une maquette statique des lices accompagnée d’un panneau explicatif ou bien animée avec des récitants qui prêtent voix aux personnages, selon l’hypothèse d’Alice Planche52. Il n’y a aucune incertitude en revanche au sujet de la bergère chevauchant un lion dans l’un des entremets du Pas de l’Arbre d’or tenu à l’occasion du mariage de Charles le Téméraire, puisqu’elle est identifiée. Il s’agit de Madame de Beaugrant, la naine de Marie, la fille du duc. Son rôle se limite cependant à tenir une grande bannière de Bourgogne alors que deux chanteurs dissimulés dans le lion chantent une chanson de bienvenue et d’espoir au sujet de cette nouvelle alliance.

Le concept même de « pas d’armes », joute basée sur le scénario arthurien du combat que doit livrer un chevalier errant au défenseur d’un lieu, explique que ces événements soient imprégnés de littérature, pour reprendre les termes d’Armand Strubel, et donc le rôle qu’y jouent les figures féminines. On retrouve les personnages popularisés par les romans, par exemple Lancelot du Lac, Palamède et Tristan le Léonnois joués au Pas de la Belle Pèlerine, ou Ponthus, le héros de Ponthus et la Belle Sidoine qu’incarne Jacques de Lalaing aux yeux des dames qui l’admirent au Pas de la Fontaine des Pleurs. Mais surtout la trame narrative reprend celle du récit courtois. La dame de l’Île Celée, sur l’ordre de qui le Bâtard Antoine de Bourgogne a entrepris le Pas de l’Arbre d’Or, renvoie au Florimont d’Aymon de Varennes53, tandis que Philippe de Poitiers se présente comme envoyé par sa dame, la Dame Blanche qui n’est pas sans évoquer l’ordre fondé par Boucicaut en 1399. Les dames non nommées, celle qui a poussé à l’errance Jean de Chassa, le chevalier d’Esclavonie et le comte de Roussy prisonnier de sa dame et gardé par un nain, relèvent aussi de l’univers littéraire.

Des deux versions du Pas du Perron Fée, toutes deux marquées par l’imaginaire arthurien, la version B, celle du manuscrit 104 de la Bibliothèque universitaire de Lille qui s’identifie elle-même comme une fiction de faerie, se plaît à afficher un caractère nettement romanesque. Philippe de Lalaing, le prisonnier de la dame à libérer à l’issue du pas d’armes, exhibe une culture littéraire qui va de la Bible aux récits de l’histoire romaine et de la matière arthurienne. La narration des joutes fait place à de longs passages dialogués entre Limbourg, héraut d’armes et serviteur de la dame, et celle-ci ou le duc de Bourgogne, ou encore entre Philippe de Lalaing et la dame, épisode qui se clôt par un échange de baisers et des larmes d’émotion. Le surnom donné à cette dernière, La Toute Passe Dame du Perron Fée, renvoie au Roman de Perceforest. C’est aussi dans cette version, par rapport à celle qui se trouve dans le manuscrit C, Paris, BnF, fr. 5739, que la présence féminine est plus significative. Ainsi, dans cette relation C, le rédacteur n’énumère que les hommes présents sur le hourd, tandis que la version B mentionne, parmi les noble et haultes princesses, dames et damoiselles de l’hôtel de Philippe le Bon, les duchesses de Bourbon et de Gueldes et aultres filles de Bourbon haultement et noblement acompaignies54. La même version donne une dimension théâtrale à l’attribution des prix en décrivant dans le détail trois demoiselles qui estoient tresbelles filles, conduites par un chevalier qui va s’adresser à la duchesse de Bourbon pour l’informer qu’elles apporteront le prix aux trois champions qu’elle aura élus55. Elle choisira deux dames pour les assister dont les noms sont donnés – Ysabeau de Cousans et Marguerite de Francières –, comme le sont ceux des deux chevaliers et des officiers d’armes qui les escorteront56.

Depuis les versions littéraires de tournois, celle de Sarrasin pour Hem et de Jacques Bretel pour Chauvency, l’imaginaire romanesque ou mythologique offre aux femmes un rôle à jouer, particulièrement dans les interludes entre les joutes elles-mêmes. Dans certaines de ces manifestations, ces évocations de figures allégoriques ou romanesques peuvent prendre la forme de personnes réelles ou bien de personnages sculptés ou peints. Leur présence dans le cadre des joutes proprement dites est généralement justifiée par le topos récurrent du jugement attribué par les dames aux combattants les plus méritants. Du fait de leur biais plus littéraire qu’historique, les biographies chevaleresques de Gilles de Chin et de Jacques de Lalaing reprennent les motifs de la salutation des jouteurs aux dames lorsqu’ils passent devant les hourds et des bavardages de celles-ci au sujet de la prestance ou de la beauté des deux héros, motifs largement exploités dans le Tournoi de Chauvency.

Il ne faudrait cependant pas se laisser abuser par la fonction de représentation attribuée aux femmes. Celles-ci restent la plupart du temps dans l’anonymat, ce qui est surtout significatif dans les chroniques. En effet, quel que soit le type de texte, peu sont nommées et identifiées par rapport aux hommes. Elles sont généralement mentionnées dans des formules figées du type contes, barons et chevaliers, contesses, baronnesses, dames et damoiselles, ou de façon courante, dans l’expression dames et damoiselles. Dans le roman de Gilles de Chin, lors du premier tournoi du héros, après la mention rituelle indiquant que dames et chevaliers montent sur les hourds, seuls ces derniers sont nommés57. Quant aux dames qui le sont, elles appartiennent au cercle étroit du duc et de sa famille avec éventuellement quelques épouses de membres de son administration. C’est le cas notamment lors du banquet et de la danse des Vœux du Faisan. Exceptionnellement, elles sont nombreuses à être identifiées dans cet événement qui est, pour le duc et la duchesse, une occasion de faire admirer la puissance de leur famille. Du côté du duc, nous avons sa sœur, la duchesse de Bourbon, sa nièce, sa cousine, trois de ses filles illégitimes et l’épouse du Grand Bâtard Antoine ; du côté de la duchesse, sa nièce et plusieurs de ses demoiselles d’honneur, dont certaines venues du Portugal avec elle. Mais cela reste une exception. Pour prendre la juste mesure de la présence féminine lors des affrontements plus ou moins théâtralisés que sont les joutes tenues dans le cadre de la cour de Bourgogne, on peut se risquer à l’anachronisme et renvoyer à la réflexion de Simone de Beauvoir dans le Deuxième sexe à propos du rôle dévolu aux femmes lors de ces événements :

Les hommes sont trop occupés de leurs rapports de coopération et de lutte pour être les uns pour les autres un public : ils ne se contemplent pas. La femme est à l’écart de leurs activités, elle ne prend pas part aux joutes et aux combats : toute sa situation la destine à jouer ce rôle de regard. C’est pour sa dame que le chevalier combat dans le tournoi ; c’est le suffrage des femmes que les poètes cherchent à obtenir58.

Notes

1 É. Bousmar, « La place des hommes et des femmes dans les fêtes de cour bourguignonnes (Philippe le Bon, Charles le Hardi) », dans À la cour de Bourgogne. Le duc, son entourage, son train, dir. J.‑M. Cauchies, Turnhout, Brepols, 1998 (Burgundica, 1), p. 11-31 (cit. p. 11). On peut aussi citer M. Stanesco, Jeux d’errance du chevalier médiéval. Aspects ludiques de la fonction guerrière dans la littérature du Moyen Âge flamboyant, Leiden, Brill, 1988 (Brill’s in intellectual history, 9), p. 71 : « Le tournoi chevaleresque est le lieu privilégié d’un délicat équilibre : c’est en lui que convergent l’exploit guerrier et le regard féminin ». Retour au texte

2 Cf. J. Devaux, « L’historiographie bourguignonne, une historiographie aveuglante ? », dans La cour de Bourgogne et l’Europe. Le rayonnement et les limites d’un modèle culturel. Actes du colloque international tenu à Paris les 9, 10 et 11 octobre 2007, dir. T. Hiltmann, Fr. Viltart et W. Paravicini, Ostfildern, Thorbecke, 2013 (Beihefte der Francia, 73), p. 83-96 (ici p. 91) ; G. Bureaux, « Pas d’armes et vide iconographique : quand le texte doit remplacer l’image (xve siècle) », Perspectives médiévales, t. 38, 2017, p. 8 (mis en ligne le 1er janvier 2017, consulté le 16 février 2020. URL : http://journals.openedition.org/peme/12792 ; DOI : 10.4000/peme.12792). Retour au texte

3 Cf. L. D. Benson, « The Tournament in the Romances of Chrétien de Troyes and L’histoire de Guillaume le Maréchal », dans Chivalric Literature. Essays on Relations between Literature and Life in the Later Middle Ages, dir. L. D. Benson et J. Leyerle, Kalamazoo, Medieval Institute Publications, 1980 (Studies in medieval culture, 14), p. 1-24. À une exception près, les femmes sont absentes de L’histoire de Guillaume le Maréchal dont l’objectif est la conquête d’un butin et non le désir de gloire comme dans le corpus romanesque : J. W. Baldwin, « Préface », dans Lettres, musique et société en Lorraine médiévale. Autour du Tournoi de Chauvency (Ms. Oxford Bodleian Douce 308), dir. M. Chazan et N. Fr. Regalado, Genève, Droz, 2012 (Publications romanes et françaises, 255), p. 7-24 (ici p. 9, 16). Retour au texte

4 Messire Gilles de Chin natif de Tournesis, éd. A.‑M. Liétard-Rouzé, Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2010 (Textes et perspectives. Bibliothèque des seigneurs du Nord), p. 94, ch. XII [213]. Retour au texte

5 Cf. E. Springer, « Les Fais de Messire Jacques de Lalain » de Jean Lefèvre de Saint-Rémy, Thèse de doctorat, Université de Paris III – Sorbonne nouvelle, 1982, p. 91. Retour au texte

6 J. W. Baldwin, « Jean Renart et le tournoi de Saint-Trond : une conjonction de l’histoire et de la littérature », Annales. Économies – Sociétés – Civilisations, t. 45, 1990, p. 565-588 (cit. p. 576) : cette intrusion du féminin le porte à conclure que les tournois de Tintagel et de Noauz sont une « belle parodie pour amuser un public aristocratique ». Retour au texte

7 Cf. L. D. Benson, « The Tournament in the Romances of Chrétien de Troyes », p. 6 : le tournoi s’est tenu en 1179. Retour au texte

8 Cf. R. S. Loomis, « Chivalric and Dramatic Imitations of Arthurian Romance », dans Medieval Studies in Memory of A. Kingsley Porter, dir. W. R. W. Koehler, 2 vol., Cambridge, Mass., Harvard University Press, 1939 (Harvard-Radcliffe fine art series), t. 1, p. 79-97. Le premier témoignage serait chez Philippe de Novare dans le récit de l’adoubement de ses fils par Jean d’Ibelin, seigneur de Beirut, en 1223 : Mout i ot douné et despendu, et bouhordé, et contrefait les aventures de Bretaigne et de la Table ronde, et moult de manieres de jeus. Philippe de Novare, Mémoires (1218-1243), éd. Ch. Kohler, Paris, Champion, 1913 (Les Classiques français du Moyen Âge, 10), p. 7. Cf. aussi J. Leyerle, « Conclusion : The Major Themes of Chivalric Literature », dans Chivalric Literature, p. 131-147. Retour au texte

9 É. Gaucher-Rémond, « Les influences arthuriennes dans les biographies chevaleresques au xve siècle : la fabrique du grand homme au carrefour du réel et de l’imaginaire », dans Arthur après Arthur. La matière arthurienne tardive en dehors du roman arthurien, de l’intertextualité au phénomène de mode, dir. Chr. Ferlampin-Acher, Rennes, Presses de l’Université de Rennes, 2017 (Interférences), p. 295-308. Les pas d’armes sont apparus à la suite des Tables Rondes qui, au xiiie siècle, réunissaient un groupe de chevaliers pour reconstituer la Table Ronde du roi Arthur : T. Hiltmann, « Un État de noblesse et de chevalerie sans pareilles ? Tournois et hérauts d’armes à la cour des ducs de Bourgogne », dans La cour de Bourgogne et l’Europe, p. 253-288 (ici p. 260). Retour au texte

10 C’est ce dernier qui garantit le paiement de son travail à Sarrasin. Retour au texte

11 C’est ce que démontre Christine Ferlampin-Acher : Chr. Ferlampin-Acher, « À la mode de Bretagne : la culture arthurienne dans le Roman du Hem de Sarrasin (1278) et le Roman de Guillaume d’Orange (entre 1454 et 1456) », dans Arthur après Arthur, p. 517-538. Cf. aussi N. Fr. Regalado, « Performing Romance : Arthurian interludes in Sarrasin’s Roman du Hem (1278) », dans Performing Medieval Narrative, dir. E. Birge Vitz, N. Fr. Regalado et M. Lawrence, Cambridge, D. S. Brewer, 2005, p. 103-119 (ici p. 108-109). Retour au texte

12 Sarrasin, Le Roman du Hem, éd. A. Henry, Bruxelles, Paris, Éditions de la Revue de l’Université de Bruxelles, Les Belles Lettres, 1939 (Travaux de la Faculté de philosophie et lettres de l’Université de Bruxelles, 9), 1939, p. 13, v. 451. Retour au texte

13 Sur l’identité de ces participants, cf. L. Delobette, « La noblesse comtoise au tournoi de Chauvency », dans Lettres, musique et société en Lorraine médiévale, p. 245-272. Retour au texte

14 Jacques Bretel, Le Tournoi de Chauvency, éd. M. Delbouille, Liège, Paris, Vaillant-Carmanne, Droz, 1932 (Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, 49), p. 7-8, v. 156-160 ; p. 43-44, v. 1302-1312. Sur les chansons du Tournoi de Chauvency, cf. A. Butterfield, « The Musical Context of the Tournoi de Chauvency in Oxford, Bodleian Ms. Douce 308 », dans Lettres, musique et société en Lorraine médiévale, p. 399-422 ; S. N. Rosenfeld, « Le Tournoi de Chauvency et le chansonnier du Ms. Douce 308 reliés par le chant », dans ibid., p. 423-433. Retour au texte

15 Jacques Bretel, Le Tournoi de Chauvency, éd. cit., p. 27, v. 766-777 ; p. 50, v. 1527-1428 ; p. 56, v. 1735-1736. Retour au texte

16 Ibid., p. 16, v. 422-425. Retour au texte

17 Ibid., p. 17, v. 442-443. Elle sera à nouveau mentionnée à la fin de la journée, avec la comtesse de Chiny (ibid., p. 42, v. 1252-1260). Retour au texte

18 Ibid., p. 20, v. 554-555. Le passage occupe les vers 537-574. Cf. aussi ibid., p. 33-35, v. 842-1006 ; p. 58, v. 1804-1810 ; p. 62-63, v. 1939-1970 ; ou encore ibid., p. 53-54, v. 1622-1690, l’admonestation d’un héraut aux dames afin qu’elles accordent leur intérêt aux chevaliers valeureux. Retour au texte

19 Ibid., p. 35-36, v. 1007-1047 ; p. 40, v. 1196-1202 ; p. 65, v. 2013-2030. Retour au texte

20 Ibid., p. 29, v. 830-834. Le passage se poursuit jusqu’au vers 843. Cf. aussi ibid., p. 30-31, v. 866-873 ; p. 50-51, v. 1550-1562 ; p. 56-57, v. 1750-1762 ; p. 98, v. 3062-3066 ; ou encore ibid., p. 40, v. 1178-1193 (échanges entre les dames et les hérauts). Retour au texte

21 Ibid., p. 44-45, v. 1348-1370. Cf. de même ibid., p. 76, v. 2365-2391 (scène de banquet et de chansons animée par les dames) ; ibid., p. 99, v. 3094-3114 (carole dansée par les dames et les chevaliers). Retour au texte

22 Ibid., p. 76-83, v. 2365-2613 (cit. p. 77, v. 2403-2405). Cf. de même ibid., p. 104, v. 3254-3256 (au cours du tournoi du quatrième jour, chanson d’Agnès de Commercy) ; ibid., p. 106, v. 3315-3328 (autres chansons par Renaud de Trie et les dames sur les échafauds). Retour au texte

23 Ibid., p. 135, v. 4223-4224. Retour au texte

24 Ibid., p. 134-138 (v. 4181-4300). Retour au texte

25 Ibid., p. 135, v. 4218-4219. Retour au texte

26 Messire Gilles de Chin, éd. cit., p. 84, 167, 187, 189 (mentions des dames sur les hourds) ; ibid., p. 87, 88, 114, 163, 164 (attribution des prix) ; ibid., p. 87 (présence au banquet). E. Springer, « Les Fais de Messire Jacques de Lalain », p. 60 (présence des dames sur les hourds et au banquet) ; ibid., p. 92, 113, 302 (présence et salut aux dames) ; ibid., p. 67, 117 (attribution des prix par les dames). Retour au texte

27 É. Gaucher-Rémond, « Les influences arthuriennes dans les biographies chevaleresques au xve siècle », p. 295-307 (ici p. 295, 300). Retour au texte

28 Messire Gilles de Chin, éd. cit., p. 187, ch. XLVIII [1307]. Retour au texte

29 E. Springer, « Les Fais de Messire Jacques de Lalain », p. 76. Retour au texte

30 Ibid., p. 68 ; Messire Gilles de Chin, éd. cit., p. 99, 163, 187. Retour au texte

31 E. Springer, « Les Fais de Messire Jacques de Lalain », p. 302. Retour au texte

32 Messire Gilles de Chin, éd. cit., p. 87, ch. VIII [139-131]. Cf. aussi dans ce texte, sur la solennité de la cérémonie dont les femmes sont partie prenante avec chevaliers et musiciens, ibid., p. 97, 114, 164, ch. XXXIX [1030-1031] (cit.) : […] entrerent layens grant foison tromppettes et menestrés qui venoient sonnant et juant de leurs instrumens devant les pris ; puis venoient apprez quatre chevaliers et .iiii. haultes dames qui presenterent et donnerent le pris du tournoy a messire Gilles de Chin. Retour au texte

33 Chronique de Mathieu d’Escouchy, éd. G. du Fresne de Beaucourt, 2 vol., Paris, Renouard, 1863-1864 (Société de l’Histoire de France), t. 1, p. 109 ; Mémoires d’Olivier de la Marche, maître d’hôtel et capitaine des gardes de Charles le Téméraire, éd. H. Beaune et J. d’Arbaumont, 4 vol., Paris, Renouard, 1883-1888 (Société de l’Histoire de France), t. 3, p. 54. Retour au texte

34 Ibid., t. 2, p. 124. Retour au texte

35 Ibid., t. 2, p. 215. Retour au texte

36 Ibid., t. 1, p. 323, 325. Retour au texte

37 Chronique de Mathieu d’Escouchy, t. 1, p. 42, 50. Retour au texte

38 Messire Gilles de Chin, éd. cit., p. 99, ch. XIII [269]. Retour au texte

39 Mémoires d’Olivier de la Marche, t. 3, p. 129. Retour au texte

40 Chronique de Mathieu d’Escouchy, t. 1, p. 249. Retour au texte

41 Mémoires d’Olivier de la Marche, t. 4, p. 131-141. Retour au texte

42 Ibid., t. 3, p. 138. Retour au texte

43 Chronique de Mathieu d’Escouchy, t. 2, p. 140-141. Olivier de la Marche reprend le passage à quelques menues variantes près : Mémoires d’Olivier de la Marche, t. 2, p. 354-355. Pour l’assistance, des hourds sont montés, qui furent tantost plains de hommes et de femmes, dont la plus grant part estoient desguisez et incongneux (Chronique de Mathieu d’Escouchy, t. 2, p. 139). Sur les dames présentes au Banquet du Faisan, cf. M. Sommé, « La participation de la duchesse Isabelle de Portugal et des femmes au Banquet du Faisan », dans Le Banquet du Faisan. 1454 : l’Occident face au défi de l’Empire ottoman, dir. M.‑Th. Caron et D. Clauzel, Arras, Artois Presses Université, 1997 (Histoire), p. 257-271. Retour au texte

44 Chronique de Mathieu d’Escouchy, t. 2, p. 236 ; Mémoires d’Olivier de la Marche, t. 2, p. 378. Retour au texte

45 A. Strubel, « Le pas d’armes. Le tournoi entre romanesque et théâtral », dans Théâtre et spectacles hier et aujourd’hui. Moyen Âge et Renaissance. Actes du 115e Congrès national des sociétés savantes (Avignon, 1990), Section d’histoire médiévale et de philologie, Paris, Éditions du CTHS, 1991, p. 273-284 (cit. p. 273). Retour au texte

46 Chronique de Mathieu d’Escouchy, t. 2, p. 121-123, 153-154. Retour au texte

47 Ibid., t. 2, p. 235, 226. Retour au texte

48 Ibid., t. 2, p. 137-138. Retour au texte

49 M. Szkilnik, « Mise en mots, mise en images : Le Livre des faits du bon chevalier Jacques de Lalain », dans Texte et image, dir. C. Croizy-Naquet, Villeneuve-d’Ascq, Université Charles de Gaulle – Lille 3, 2003 (Ateliers, 30), p. 75-87. Retour au texte

50 M. Szkilnik s’interroge à ce propos : ibid., p. 77. Retour au texte

51 E. Springer, « Les Fais de Messire Jacques de Lalain », p. 389-393 ; M. Szkilnik, « Mise en mots, mise en images », p. 79-81. Retour au texte

52 A. Planche, « Du tournoi au théâtre en Bourgogne : le Pas de la Fontaine des Pleurs à Chalon-sur-Saône (1449-1450) », Le Moyen Âge, t. 81, 1975, p. 97-128. Retour au texte

53 Ce roman a connu une mise en prose à la cour de Bourgogne. Cf. Le Florimont en prose. Édition du ms. 12566, éd. H. Bidaux, 3 vol., Thèse de doctorat, Villeneuve-d’Ascq, Université Charles de Gaulle – Lille 3, 2007 ; M.-M. Castellani, « Florimont (ms. fr. 12566) », dans Nouveau Répertoire de mises en prose (xive-xvie siècle), dir. M. Colombo Timelli, B. Ferrari, A. Schoysman et Fr. Suard, Paris, Classiques Garnier, 2014 (Textes littéraires du Moyen Âge, 30 – Mises en prose, 4), p. 259-266. Retour au texte

54 Le Pas du Perron fée (Édition des manuscrits Paris, BnF fr 5739 et Lille BU 104), éd. Chl. Horn, A. Rochebouet et M. Szkilnik, Paris, Champion, 2013 (Les Classiques français du Moyen Âge, 169), p. 161. Retour au texte

55 Ibid., p. 219. Retour au texte

56 Il s’agit du seigneur de Créquy, de Simon de Lalaing et, pour les officiers d’armes, de Toison d’Or et des rois de Flandre et d’Artois. La rédaction C (Paris, BnF, ms. fr. 5739) ne décrit pas les trois dames et se contente d’indiquer que la duchesse de Bourbon est priée de désigner deux damoiselles de son hostel, ou aultres telles qu’il luy plairoit, pour presenter et donner les trois prix (ibid., p. 132). Retour au texte

57 Dans le récit que fait George Chastelain du banquet que le duc de Bourgogne tint à l’intention des seigneurs et dames de Paris à la suite des joutes qu’il a organisées, les premiers sont identifiés, tandis que les secondes sont en si grand nombre […] que annuy seroit de les compter (Georges Chastellain, Œuvres, éd. J. M. B. C. Kervyn de Lettenhove, 8 vol., Bruxelles, Heussner, 1863-1866, t. 4, p. 139). Retour au texte

58 S. de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, 2 vol., Paris, Gallimard, 1949, t. 1, p. 256. Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Madeleine Jeay, « Le rôle des figures féminines dans les tournois et pas d’armes à la cour de Bourgogne », Bien Dire et Bien Aprandre, 36 | 2021, 91-104.

Référence électronique

Madeleine Jeay, « Le rôle des figures féminines dans les tournois et pas d’armes à la cour de Bourgogne », Bien Dire et Bien Aprandre [En ligne], 36 | 2021, mis en ligne le 01 février 2022, consulté le 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/155

Auteur

Madeleine Jeay

McMaster University, Canada

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