Isabeau de Bavière, reine de France, au prisme des chroniqueurs bourguignons contemporains

  • Isabeau of Bavaria, Queen of France, through the Prism of Contemporary Burgundian Chroniclers

DOI : 10.54563/bdba.135

p. 77-90

Résumés

Isabeau de Bavière compte parmi les figures jugées les plus sulfureuses de l’histoire de France. C’est à la littérature monarchique officielle et à des œuvres pamphlétaires d’obédience bourguignonne qu’elle le doit principalement. Chez les chroniqueurs bourguignons – Monstrelet, Lefèvre de Saint-Rémy, Fénin ou la Chronique des Cordeliers –, Isabeau apparaît en revanche comme un personnage marginal et qui semble n’avoir eu aucune incidence sur le jeu politique de son temps. L’essentiel des développements qui la concernent, font plutôt d’elle une alliée fidèle pour Jean sans Peur, et une carte qu’il fut en mesure d’abattre pour s’assurer le contrôle sur un royaume de France alors en déshérence.

Isabeau of Bavaria is one of the most sulphurous figures in French history thanks to official monarchical literature and to pamphleteer writings of Burgundian obedience. Among the Burgundian chroniclers – Monstrelet, Lefèvre de Saint-Rémy, Fénin or the Chronique des Cordeliers –, Isabeau, on the other hand, appears as a marginal figure who seems to have had no impact on the political game of his time. Most of the developments that concern her make her rather a staunch ally of John the Fearless, and a card that he was able to cut down to secure control over the kingdom of France.

Texte

Entre les 17 juillet 1385 et 24 septembre 1435, dates, respectivement, de son mariage avec Charles VI et de son décès, soit durant un peu plus d’un demi-siècle, Isabeau de Bavière aura été reine de France. Il n’est donc pas étonnant que cette vie longue, mais aussi tumultueuse, ait nourri une bibliographie substantielle, consistante, en quantité tout au moins. Au sein de cette littérature, l’on épinglera, parmi les plus anciens, les travaux, au xixe siècle, d’Auguste Vallet de Viriville, sur le personnage en lui-même, sur sa bibliothèque1, qui ne sont peut-être pas les plus marquants de cet auteur, mais qui, au même titre que le reste de son œuvre, évidemment jugée positiviste, restent encore utiles de nos jours, ou le livre de Marcel Thibault sur la jeunesse d’Isabeau2. À l’autre bout de la chaîne, à notre époque, après plusieurs biographies en français, celles de Marie-Véronique Clin3 ou de Jean Verdon4, mais aussi en langue allemande, sous la plume de Heidrun Kimm5, il y a lieu de mettre en exergue les publications de toute une école anglo-saxonne, fort intéressée par la personnalité d’Isabeau, à l’étude de laquelle, souvent, mais pas exclusivement, elle assigne une perspective relevant des gender studies. Parmi cette littérature en langue anglaise assez prolifique, l’on aura à cœur de retenir, en bonne place, les noms, connus depuis plusieurs années, de Rachel Gibbons6, et surtout, avec en particulier un livre récent, de la chercheuse néo-zélandaise Tracy Adams7. Parmi tous, j’ai pour ma part envie de réserver une place toute particulière à Yann Grandeau, un auteur dont l’on peine à brosser la biographie, et aux divers articles qu’il publia il y a quelques décennies déjà8, lesquels offrent un ensemble considérable d’informations sur la souveraine française, son entourage, son existence publique tout autant que privée, ainsi que sur la vie politique de son temps et développée dans son sillage. L’on peut légitimement penser que ces divers textes étaient de nature à constituer les linéaments d’une biographie que nul autre mieux que lui n’aurait pu écrire sur Isabeau. Une biographie qui reste souhaitée, une biographie qui, à mon sens, permettrait de donner une vraie épaisseur historique à cette souveraine française encore très largement méconnue.

Pourtant, et là réside assurément un réel paradoxe, sans atteindre le niveau de notoriété de quelques grandes figures royales féminines de l’histoire de France comme Aliénor d’Aquitaine ou Marie-Antoinette, Isabeau de Bavière est un personnage historique plutôt bien connu du grand public, sur lequel, en tout cas, il est en mesure de s’exprimer quelque peu. Aussi bien, dans le présent propos, après avoir brièvement rappelé en quoi consistent les dimensions du personnage que la mémoire collective a retenu, je m’attacherai à présenter les informations distillées par les sources bourguignonnes à propos de cette souveraine française, avant de préciser, en fonction de la teneur de celles-ci, et de leur caractère favorable, neutre ou défavorable, quel type d’infléchissement, positif ou négatif, elles ont pu apporter au profil royal, tel que perçu, au fil du temps, sinon par l’historien, en tout cas par l’amateur d’histoire.

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Force est de le constater, d’Isabeau de Bavière, ce ne sont guère, par exemple, les antécédents familiaux, les actes dynastiques, les nombreux enfantements, ni même d’ailleurs le parcours politique, pourtant bien réel, et complexe, qui subsistent dans l’imaginaire collectif. Isabeau, au vrai, pour tout un chacun, c’est avant tout une réputation sulfureuse qui lui colle véritablement à la peau, une image très péjorative portant principalement sur les années 1405-1406 et tenant pêle-mêle à des crimes d’adultère et d’inceste, à un train de vie dispendieux et, partant, à une voracité pécuniaire peu commune, à un entourage dissolu, à son piètre instinct maternel et à son peu de considération pour son royal époux9.

Lorsque, à tort ou à raison, peu importe à dire vrai, un personnage historique est accablé de traits de caractère de ce type, tout particulièrement lorsqu’ils sont tous rassemblés en une seule et même personne, la vie de celle-ci a toutes les chances d’être régulièrement recyclée par la littérature historique, en ce compris celle de facture correcte, souvent sans référencement aucun. Isabeau n’a évidemment pas fait exception à la règle. Reste que cet affublement de tares variées, Isabeau ne le tient pas de quelque esprit fumeux de notre temps. Ce portrait au vitriol de la reine de France, Tracy Adams l’a montré à plusieurs reprises, on le doit – et je ne peux y revenir ici – à des auteurs comme Michel Pintoin, plus connu sous le nom de Religieux de Saint-Denis, en l’occurrence le scribe officiel, à l’époque de Charles VI, de l’historiographie monarchique confiée aux bons soins de l’abbaye dyonisienne10, et l’auteur du Songe véritable, œuvre pamphlétaire en vers rédigée en 1406 par un partisan parisien de Jean sans Peur11, qui l’ont élaboré, touche après touche12.

Tracy Adams ne s’attache pas autant à l’analyse du Pastoralet13, œuvre pastorale en vers, à la fois de circonstance et de fiction, composée entre 1422 et 1425, dont l’on ne connaît guère de l’auteur que son origine picarde, et quelques-unes de ses sources – Froissart, peut-être les sermons de Jean Petit et le Songe véritable – mais qui se dit a l’onneur et loenge du duc de Bourgogne Jean sans Peur14. L’image négative d’Isabeau s’y trouve là aussi exposée. Parmi les personnages principaux du Pastoralet, l’on remarque le duc Jean de Bourgogne, Charles VI, Louis d’Orléans et Isabeau de Bavière, ces deux derniers, dans le texte, portant les noms de Tristifer et de Belligere. Louis d’Orléans y est dépeint comme un coureur de jupons, dans les rets duquel Isabeau, jolie, mais vaporeuse et infidèle, finira par tomber, leurs amours aussi ardentes qu’illicites étant à l’origine de tous les malheurs du peuple de France, un pays désormais mené non plus par l’ordre social, mais par la passion. De celle, folle, de Tristifer, qui le conduira à semer partout désordre et violence, et même, par la magie et le poison, à assassiner le roi son frère, ce dernier a été informé et demande à Lëonet, c’est-à-dire à Jean sans Peur, de venger son honneur. Ce dernier ne tarde pas à faire passer Tristifer de vie à trépas, alors que celui-ci venait de quitter Belligere. La reine apparaît une dernière fois lorsqu’elle fait savoir à Lëonet que les Armagnacs, appelés Lupalois dans le poème, la retiennent prisonnière, et sollicite son aide. Bien que Belligere ait été jadis coupable d’accointances avec les Lupalois, Jean sans Peur décide de venir à son secours et la libère de ses geôliers15. De cet épisode pleinement historique, il sera question plus loin, lorsque mon propos portera sur les chroniqueurs bourguignons au plein sens du terme, qui ont jugé nécessaire d’évoquer le personnage d’Isabeau de Bavière.

Mais, avant cela, l’on peut à bon droit, je crois, se demander si cette figure éminente de l’historiographie qu’était Froissart16 fut d’une quelconque manière responsable de l’image scabreuse véhiculée par Isabeau. Dans une précédente étude, et dans une même perspective, je me suis penché sur le couple formé par Valentine Visconti et Louis d’Orléans vus par les chroniqueurs de leur temps17. J’avais pu y constater que les principales sources narratives françaises ou œuvres apparentées, contemporaines de Valentine Visconti, de son union, de ses malheurs, ou légèrement postérieures à ceux-ci, s’étaient montrées, pour ceux qui n’étaient pas directement dans son sillage – Pintoin, en l’occurrence, mais aussi Jean Juvénal des Ursins, proche du Religieux –, sinon bienveillantes, tout au moins honnêtes, mesurées et nuancées à l’égard de l’épouse du duc Louis d’Orléans. De même, chez les chroniqueurs bourguignons, hormis dans la célèbre justification de l’assassinat de Louis d’Orléans de Jean Petit, pièce maîtresse d’un dispositif de propagande bourguignonne au sein duquel, pour élaborer sa théorie du tyrannicide, il se devait de proposer une image très sombre de la duchesse d’Orléans18, cette dernière apparaît très peu, ou ce qu’il en est dit n’est jamais que repris à Jean Petit. En fin de compte, c’est à Froissart que l’on doit la principale diatribe portée à l’encontre de Valentine Visconti, dès l’aube du quatrième livre de ses Chroniques, qu’il termine au tournant des xive et xve siècles, une duchesse présentée comme dévorée d’ambition, obnubilée par la couronne de France, prête au meurtre pour l’acquérir, et dont l’art, en particulier celui du poison, est responsable de la folie de Charles VI, un réquisitoire suscité chez Froissart par sa piètre opinion de Louis d’Orléans et son aversion personnelle pour les Visconti, et nourri par la position pour le moins infamante qu’occupent la femme, la princesse, l’étrangère et l’Italienne parmi la sociologie de l’empoisonnement. L’on pouvait légitimement s’attendre, de la part de Froissart, à des attaques comparables envers Isabeau de Bavière, dont les caractères ne sont pas différents de ceux de sa belle-sœur, en ce compris, malgré son patronyme germanique, ses racines italiennes, puisqu’elle était la fille du duc Étienne III de Bavière-Ingolstadt, certes, mais aussi de Taddea Visconti19, elle-même fille de Barnabo Visconti, seigneur de Milan, et, par suite, cousine de Valentine. Or, il n’en est absolument rien. Mises à part diverses mentions factuelles négligeables, il est un seul long passage dans lequel Froissart a l’occasion d’évoquer plus particulièrement Isabeau, en l’occurrence son entrée à Paris le 22 août 1389, et son sacre, le lendemain20. L’essentiel de son propos porte évidemment sur la foule participant à l’événement, en particulier l’assistance noble qu’il détaille par le menu et dont il célèbre le caractère illustre, la magnificence du cortège, des décors urbains et des tenues arborées, l’expression théâtrale et symbolique du pouvoir, l’environnement sonore, les cérémonies religieuses, les banquets, les entremets, les présents faits à la reine, etc. Il se bornera à dire d’elle – et il n’y a là rien que de très positif – qu’elle estoit une très-vaillante dame qui Dieu doutoit et aimoit21.

 

Qu’en est-il à présent des chroniqueurs bourguignons qui se sont intéressés à Isabeau de Bavière ? Quel est leur degré d’implication dans l’élaboration de la légende noire de la reine de France ?

On l’a dit, la reine meurt en 1435, et les écrivains bourguignons chronologiquement concernés par la période antérieure sont peu nombreux.

L’on rappellera simplement ici – ce sujet à fait l’objet d’un article publié dans les actes des journées dunkerquoises consacrées à cet auteur22 – que Jean de Wavrin, auteur d’une œuvre qui est tout autant, selon son titre, un Recueil des Chroniques d’Angleterre, qu’une histoire de France et de Bourgogne, portant sur une période qui va des origines d’Albion jusqu’à 1471, ne retient pas Isabeau parmi les rares personnages féminins auxquels il consacre des développements importants, en l’occurrence Jeanne d’Arc, la comtesse de Hainaut Jacqueline de Bavière et la reine d’Angleterre Marguerite d’Anjou.

George Chastelain23, l’indiciaire de la maison de Bourgogne, est de ceux dont l’œuvre majeure, sa chronique, évoque la reine de France, mais il est bon de rappeler que l’on ne possède qu’un tiers de cette œuvre et que les seules périodes de la vie d’Isabeau couvertes par ce reliquat sont les années 1419-1422, 1430 et 1431. Tout au plus en retiendra-t-on quelques éléments relatifs aux événements qui ont immédiatement précédé le traité de Troyes de mai 1420, en l’occurrence l’excellente réception du nouveau duc Philippe le Bon, dans la ville champenoise, par le couple royal français, et celle tout aussi affable du roi d’Angleterre Henri V24.

En définitive, seuls trois auteurs et œuvres, peut-être quatre, méritent ici de vrais développements : Enguerrand de Monstrelet25, Jean Lefèvre de Saint-Rémy26, Pierre de Fénin27, et, de façon subsidiaire, dans les circonstances présentes, qui sont celles d’une édition très partielle, non critique, à l’issue du tome 6 du Monstrelet édité par Louis Douët-d’Arcq, ladite Chronique des Cordeliers28. À Monstrelet (ca 1390-1453), un noble d’origine picarde, proche du lignage de Luxembourg-Saint-Pol, mais plein d’admiration pour les ducs Jean et Philippe, l’on doit une chronique qui s’étend entre 1400 et 1444 et qu’il considère comme une continuation de celle de Froissart. Jean Lefèvre († 1468), également connu sous l’appellation de Toison d’or, titre porté par le roi d’armes de l’ordre, a rédigé, sur la fin de sa vie, vers 1462, une chronique qui a pour titre suggestif Mémoire sur l’institution de la Toison d’or. Quant à Pierre de Fénin, décédé en 1433, probablement d’origine artésienne et partisan de la puissance bourguignonne, on a conservé de lui une chronique bien documentée, principalement consacrée à la lutte franco-bourguignonne, durant la période 1407-1422. Enfin, la Chronique des Cordeliers, qui porte sur une période qui va de la Création au 25 juillet 1431, se révèle elle aussi très favorable au pouvoir bourguignon.

 

Que retenir des propos tenus dans cet ensemble restreint de chroniques bourguignonnes ? L’on ne peut cacher que c’est avec quelque déception qu’il a fallu conclure à une certaine indigence des œuvres en question. À l’évidence, de ces dernières, Isabeau de Bavière ne constitue pas une figure de proue. Il est cependant quelques épisodes, guère plus de trois, dans lequel ces auteurs lui accordent un rôle réel, des épisodes de la querelle des Armagnacs et des Bourguignons qui sont à peu près les mêmes chez chacun d’eux, raison pour laquelle je ne les distinguerai pas nettement ici.

L’un se situe en août 1410. Alors que Charles VI avait interdit tout rassemblement de gens de guerre dans le royaume, les Orléans réunirent d’énormes forces armées, arguant du fait que le roi et son royaume étaient mal gouvernés. Le souverain exigea d’eux qu’ils renoncent à ravager le royaume, en vain. L’invitation à le rencontrer ne fut pas mieux accueillie. Aussi décida-t-il, afin de trouver une solution à ces différends, d’envoyer un émissaire qui ne fut autre que la reine Isabeau, mais sa rencontre avec les ducs d’Orléans, de Berry et de Bourbon se solda par un échec. Une nouvelle tentative de sa part, assortie de menaces de confiscation des biens orléanais par son époux et de la plus implacable des justices pour eux-mêmes, n’eut pas plus de succès29. À la différence de Lefèvre de Saint-Rémy, qui attribue deux ambassades à la reine, Monstrelet la place uniquement à la tête de la seconde, formée, après celle de Jacques de Bourbon, comte de la Marche, des archevêque et évêque de Reims et de Beauvais ainsi que du grand-maître de Rhodes Philibert de Naillac. Fénin comme la Chronique des Cordeliers ne relatent pas l’événement. En fin de compte, partis de Tours, les Orléans gagnèrent et réduisirent Chartres, avant de s’approcher de Paris. La guerre avec Jean sans Peur, lui aussi richement entouré de troupes, semblait imminente30.

Isabeau de Bavière apparaît ici dans le rôle bien connu de la médiatrice, action par excellence des souveraines et princesses consortes, dépourvues, a priori, de réel pouvoir politique31.

Le deuxième épisode apparaît chez chacun des chroniqueurs étudiés ici, en ce compris la Chronique des Cordeliers32, mais, on y revient, concerne également les derniers propos tenus sur Isabeau dans le Pastoralet33. Fin mars 1417, Jean sans Peur organise une nouvelle expédition destinée à ravir le royaume de France aux Armagnacs. C’est alors que lui arrive la nouvelle de l’assignation à résidence d’Isabeau, à Blois puis à Tours, des œuvres du roi, du dauphin et de ces mêmes Armagnacs. Elle y est de toute évidence strictement confinée dans le plus grand inconfort. Le 10 août 1417, le rassemblement des troupes est terminé et l’armée bourguignonne se dirige vers Corbie où Jean sans Peur pénètre le 12. Il y est de retour après quelques jours passés à Amiens, avant de gagner Beauvais et de continuer la marche sur Paris, le 2 septembre. Si Beaumont-sur-Oise, Pontoise, Meulan, Versailles, Châtillon-lès-Paris furent pris, investis ou occupés, Paris, et ce n’était pas la première fois, se refusa à lui. En octobre, les troupes ravirent Montlhéry, Dourdan, Étampes et Chartres. En raison du mauvais temps et d’une épidémie, les opérations furent arrêtées devant Corbeil et, le 26 octobre, Jean sans Peur vint loger à Étampes puis à Chartres. Je le rappelle, il était au courant de l’infortune que connaissait alors la reine de France, prisonnière des Armagnacs, Par le biais d’un secrétaire, Jean de Drosay, il entra secrètement en contact avec Isabeau. Elle lui promit de l’accompagner s’il se portait à son secours et, en gage de sa bonne foi, remit son sceau secret à l’agent ducal. Jean sans Peur décida donc de venir la délivrer. Le 31 octobre au soir, il quitte Chartres en compagnie des meilleurs de ses gens de guerre. Le 2 novembre au matin, une plantureuse avant-garde, à laquelle appartient Jean, seigneur de Fosseux, et le maréchal de Bourgogne Jean de Vergy, se met en embuscade peu avant Tours et prévient la reine de l’arrivée du duc. De son côté, Isabeau avait fait savoir à ses trois geôliers, qui n’étaient autres que son secrétaire, Jean Piquart, son ancien chancelier Guillaume Torel, et un dénommé Laurent du Puy, qu’elle souhaitait venir entendre l’office des morts à l’abbaye de Marmoutiers, par-delà la Loire, et avait obtenu gain de cause contre leur gré. À peine arrivée, elle voit se présenter devant elle Hector de Saveuses, lieutenant du duc de Bourgogne, qui la salue au nom de celui-ci et lui annonce son arrivée. Incontinent, elle fait arrêter ses trois gardiens, mais l’un d’eux, Laurent du Puy, s’enfuit en bateau et se noie dans la Loire. Deux heures plus tard, Jean sans Peur lui faisait grande révérence tandis qu’Isabeau, de son côté, publiquement et solennellement, déclarait leur réconciliation entérinée. Ils pénétrèrent alors dans Tours, qui se soumit à eux, avant d’en partir deux jours plus tard, et de gagner Chartres, le 8 novembre. Le 11 novembre, la reine, au titre de régente du royaume, aiant, pour l’ocupacion de monseigneur le Roy, le gouvernement et administracion de ce royaume, par l’octroy irrévocable à [elle] sur ce fait par mondit seigneur et son grant conseil34, écrivait à toutes ses bonnes villes, les sommant de ne plus tenir compte d’aucun courrier venant du roi ou du dauphin, et, leur promettant toute l’aide nécessaire si d’aucuns cherchaient à leur nuire, de se soumettre au duc et à elle-même, ce qui conduisit au ralliement de cités comme Châlons-en-Champagne, Reims ou encore Troyes. Cet événement eut une portée politique considérable. En effet, en pouvant exciper de sa bonne entente avec Isabeau, consécutive à l’aide militaire qu’il lui avait apportée, alors même que ni Charles VI, mentalement déficient, ni le dauphin Charles, bien trop jeune pour échapper à la tutelle des Armagnacs qui l’entouraient, jugés de « petit état » par le duc, ne pouvaient être partie prenante de la résolution du conflit, comme le dit très bien Bertrand Schnerb, « le duc de Bourgogne pouvait invoquer les pouvoirs que, par une ordonnance publiée en 1403, le roi avait confiés à son épouse pour gouverner le royaume quand il en serait “empêché”35 ».

Reste un troisième ensemble de faits, pleinement situés dans le sillage de ceux qui précèdent, à la fois d’un point de vue chronologique, mais aussi dans leur esprit36. Ils concernent la paix de La Tombe, en avril-mai 1418. Henri V d’Angleterre poursuivait sans grande difficulté la conquête de la Normandie. Ses adversaires français finirent par se rendre compte que leurs dissensions ruinaient leur capacité à résister au souverain anglais, et ils décidèrent d’entamer des négociations, sur l’initiative de la belle-mère du dauphin, Yolande d’Aragon, et du duc Jean V de Bretagne. D’un côté, donc, les ambassadeurs parisiens, installés à Montereau, de l’autre, ceux du « couple » formé de Jean sans Peur et d’Isabeau, logés à Bray-sur-Seine, l’ensemble tenant ses sessions au monastère de La Tombe, à mi-chemin entre les deux lieux de résidence. Pour chapeauter le tout, un duo de cardinaux, envoyés sur place par le Concile de Constance et le nouveau pape Martin V, en l’occurrence Giordano Orsini et Guillaume Fillastre. Le 26 mai, les ambassadeurs se mettent d’accord sur un traité de paix prévoyant notamment que l’ensemble des dispositions prises par Isabeau depuis sa libération et son arrivée à Chartres, en novembre 1417, seraient entérinées. Si Jean sans Peur se déclara satisfait des choix opérés, à Paris deux camps s’opposèrent : l’un, formé du roi et du dauphin, favorable au compromis, l’autre, avec à sa tête le comte d’Armagnac et le chancelier de France, opposés à toute paix avec le dynaste bourguignon. Malgré une séance du conseil royal, manifestement stérile, la paix ne fut pas signée, paix qui n’allait d’ailleurs bientôt plus être d’actualité37.

 

Que retenir de ces trois épisodes plus spécialement développés par les chroniqueurs bourguignons qui ont souhaité évoquer la reine de France parmi leur œuvre, et tout spécialement des deux derniers évoqués ? Hormis dans le Songe véritable et le Pastoralet – et encore faut-il tenir compte du fait que ces œuvres tiennent à la fois du récit historique, du pamphlet et de la fiction, que, pour le second, l’essentiel de l’opprobre qui se manifeste en son sein est revêtu par le personnage de Tristifer, c’est-à-dire Louis d’Orléans, et que, toutes deux conservées par deux témoins38, elles ne peuvent avoir eu qu’une diffusion assez restreinte, bien éloignée, à coup sûr, d’un Monstrelet, et de ses nombreuses éditions anciennes, Vérard et autres39 – Isabeau de Bavière n’est nulle part décrite comme un personnage pétri de défauts. Elle apparaît même non seulement comme une médiatrice, dans la position assez traditionnelle, on l’a dit, d’une épouse de roi ou de prince, mais aussi comme un personnage qui, à défaut d’être présenté comme un soutien de poids pour le pouvoir bourguignon qui s’efforce de s’imposer dans le royaume de France, dans le cadre de la guerre qu’il mène contre les Armagnacs, apparaît comme une femme politique dont les choix du même nom semblent avoir été définitivement opérés en faveur de Jean sans Peur. Dans un ouvrage de très grande valeur, qui déroule avec force détails le fil des événements qui se sont succédé entre l’assassinat de Jean sans Peur à Montereau, en septembre 1419, et la signature du traité de Troyes, en mai 1420, Paul Bonenfant40 a bien montré, il est vrai, alors que le principat de Philippe le Bon vient de commencer et que, grâce aux armes, Henri V d’Angleterre est en position de force dans les négociations que toutes les parties sont forcées d’entamer avec lui, combien Isabeau, qui incarne véritablement une troisième voie française face au souverain anglais, à Troyes, où elle réside avec Charles VI, apparaît difficilement saisissable politiquement, incapable de faire des choix mûris et stables, et, sinon hostile, tout au moins très hésitante dès lors que la politique préconisée par Philippe le Bon apparaît comme la seule à même d’éviter une débâcle complète face à l’Anglais. Et pourtant, il semble bien que cette attitude politique peu assurée, et par suite peu fiable, l’on en cherchera sans succès les esquisses dans l’œuvre des chroniqueurs bourguignons.

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Je conclus d’un mot sur un sujet qui, je le reconnais volontiers, n’a pas portés les fruits abondants et juteux que j’espérais. Isabeau de Bavière compte parmi les figures jugées les plus sulfureuses de l’histoire de France. Toutes les turpitudes semblent réunies en elle. Je l’ai dit, mais n’ai pas souhaité développer le sujet ici, tout spécialement parce qu’il a déjà fait l’objet ailleurs de développements de qualité. Ce portrait d’une grande virulence, portant sur une période strictement limitée dans le temps, c’est à la littérature monarchique officielle et à des œuvres pamphlétaires d’obédience bourguignonne, le Songe véritable, mais aussi le Pastoralet, davantage évoqué ici, qu’elle le doit principalement. Chez les chroniqueurs bourguignons, Isabeau apparaît en revanche comme un personnage somme toute marginal et qui semble n’avoir eu aucune épaisseur, aucune incidence sur tout ce jeu politique que connut la couronne de France à l’heure de la guerre des Armagnacs et des Bourguignons et de la double monarchie émanant du traité de Troyes, tout cela absolument à tort d’ailleurs, on le sait, grâce, notamment, à la documentation diplomatique. In fine, l’essentiel des développements qui la concernent, chez Monstrelet, Lefèvre de Saint-Rémy, Fénin ou la Chronique des Cordeliers, font plutôt d’elle une alliée fidèle pour Jean sans Peur, et une carte qu’il fut en mesure d’abattre afin de s’assurer le contrôle sur un royaume de France alors en déshérence.

Notes

1 A. Vallet de Viriville, « Isabeau de Bavière, reine de France. Étude historique », Revue française, 4e année, t. 15, 1858, p. 41-53, 113-120, 233-241, 297-305 – nous avons utilisé un tirage à part, Paris, J. Techener, 1859 ; Id., La bibliothèque d’Isabeau de Bavière, femme de Charles VI, roi de France ; suivie de la Notice d’un livre d’heures qui paraît avoir appartenu à cette princesse, Paris, J. Techener, 1858. Retour au texte

2 M. Thibault, Isabeau de Bavière, reine de France. La jeunesse, 1370-1405, Paris, Perrin, 1903. Retour au texte

3 M.-V. Clin, Isabeau de Bavière. La reine calomniée, Paris, Perrin, 1999. Retour au texte

4 J. Verdon, Isabeau de Bavière, Paris, Tallandier, 1981 (Figures de proue du Moyen Âge, 8). Retour au texte

5 H. Kimm, Isabeau de Bavière, reine de France, 1370-1435. Beitrag zur Geschichte einer bayerischen Herzogstochter und des französischen Königshauses, Munich, Stadtarchiv München, 1969 (Miscellanea Bavarica Monacensia, 13). Retour au texte

6 En dernier lieu R. C. Gibbons, « Isabeau of Bavaria, Queen of France : Queenship and Political Authority as “Lieutenante-Général” of the Realm », dans Queenship, Gender, and Reputation in the Medieval and Early Modern West, 1060-1600, dir. Z. E. Rohr et L. Benz, Basingstoke, Palgrave MacMillan, 2016 (Queenship and Power), p. 143-160, trad. angl. de « Isabeau de Bavière : reine de France ou “lieutenant-général” du royaume ? », dans Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, dir. É. Bousmar, J. Dumont, A. Marchandisse et B. Schnerb, Bruxelles, De Boeck Université, 2012 (Bibliothèque du Moyen Âge, 28), p. 101-112. Retour au texte

7 Tr. Adams, The Life and Afterlife of Isabeau of Bavaria, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2010 (Rethinking Theory). Retour au texte

8 Y. Grandeau, « Itinéraire d’Isabeau de Bavière », dans Actes du 89e Congrès national des Sociétés savantes tenu à Lyon, Bulletin philologique et historique, Année 1964, 1967, p. 569-670 ; Id., « Les enfants de Charles VI. Essai sur la vie privée des princes et des princesses de la Maison de France à la fin du Moyen Âge », dans Actes du 92e Congrès national des Sociétés Savantes tenu à Strasbourg et Colmar, Bulletin philologique et historique, Année 1967, t. 2, 1969, p. 809-849 ; Id., « Les dernières années d’Isabeau de Bavière », dans Valenciennes et les Anciens Pays-Bas. Mélanges offerts à Paul Lefrancq, Mémoires du Cercle archéologique et historique de Valenciennes, t. 9, 1976, p. 411-428 ; Id., « De quelques dames qui ont servi la reine Isabeau de Bavière », Bulletin philologique et historique, 1975, p. 129-238 ; Id., « Isabeau de Bavière, ou l’amour conjugal », dans Études sur la sensibilité. Actes du 102e Congrès national des Sociétés savantes, Limoges, 1977, Paris, Bibliothèque nationale, 1979, p. 117-148 ; Id., « L’exercice de la piété à la cour de France. Les dévotions d’Isabeau de Bavière », dans Jeanne d’Arc. Une époque, un rayonnement. Colloque d’histoire médiévale, Orléans – Octobre 1979, Paris, Éditions du CNRS, 1982, p. 150-152. Retour au texte

9 Cf. T. Straub, « Isabeau de Bavière, Legende und Wirklichkeit », Zeitschrift für Bayerische Landesgeschichte, t. 44, 1981, p. 131-155 ; Id., Isabeau de Bavière, Königin von Frankreich. Ausstellung im Herzogskasten, 4. November-1. Dezember 1985, Ingolstadt, Stadt Ingolstadt, 1985, p. 45-57 (avec iconographie). Cf. aussi Tr. Adams, The Life and Afterlife of Isabeau of Bavaria, p. 38-72. Retour au texte

10 Chronique du Religieux de Saint-Denys contenant le règne de Charles VI de 1380 à 1422, éd. et trad. L. Bellaguet, introduction de B. Guenée, 6 tomes en 3 vol., Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1994 (1re éd., 1839-1852). Retour au texte

11 « Le songe véritable, pamphlet politique d’un Parisien du xve siècle », éd. H. Moranvillé, Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. 17, 1890, p. 217-438. Retour au texte

12 Tr. Adams, The Life and Afterlife of Isabeau of Bavaria, p. 113-148 ; cf. aussi Ead., « Isabeau de Bavière : la création d’une reine scandaleuse », Cahiers de Recherches médiévales et humanistes, t. 25, 2013, p. 223-235. Retour au texte

13 Tr. Adams, The Life and Afterlife of Isabeau of Bavaria, p. 161-163. Retour au texte

14 Le Pastoralet, éd. J. Blanchard, Paris, PUF, 1983 (Publications de l’Université de Rouen, 92), cit. p. 39. À son propos, cf. ibid. p. 7-38 ; Id., La pastorale en France aux xive et xve siècles. Recherches sur les structures de l’imaginaire médiéval, Paris, Champion, 1983 (Bibliothèque du xve siècle, 45), p. 148-235 ; S. Lefèvre, « Pastoralet », dans Dictionnaire des Lettres françaises, dir. G. Grente, Le Moyen Âge, dir. R. Bossuat, L. Pichard et G. Raynaud de Lage, édition entièrement revue et mise à jour, dir. G. Hasenohr et M. Zink, Paris, Fayard, 1992 (Le Livre de Poche. Encyclopédies d’aujourd’hui), p. 1101-1102. Retour au texte

15 Le Pastoralet, éd. cit., p. 12-21. Retour au texte

16 Sur Froissart, je me bornerai à mentionner le dernier ouvrage paru, en l’occurrence V. Soukupovà, La construction de la réalité historique chez Jean Froissart. L’historien et sa matière, Paris, Champion, 2021 (Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, 129). Retour au texte

17 A. Marchandisse, « Milan, les Visconti, l’union de Valentine et de Louis d’Orléans, vus par Froissart et par les auteurs contemporains », dans Autour du xve siècle. Journée d’étude en l’honneur d’Alberto Vàrvaro. Communications présentées au Symposium de clôture de la Chaire Francqui au titre étranger (Liège, 10-11 mai 2004), dir. P. Moreno et G. Palumbo, Genève, Droz, 2008 (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l’Université de Liège, 292), p. 93-116. Retour au texte

18 Cf. A. Coville, Jean Petit. La question du tyrannicide au commencement du xve siècle, Paris, Picard, 1932. Retour au texte

19 À son propos, cf. B. Schönewald, « Die Herzoginnen von Bayern-Ingolstadt », dans Zeit der Frauen. Ingolstädterinnen aus drei Jahrtausenden, dir. B. Leininger, M. Müller-Braun, B. Plötz et B. Schönewald, Sammelblatt des Historischen Vereins Ingolstadt, t. 113, 2004, p. 35-53, ici p. 36-38 ; H. Patze, « Die Wittelsbacher in der mittelalterlichen Politik Europas », Zeitschrift für bayerische Landesgeschichte, t. 44, 1981, p. 33-79, ici p. 72-73 ; T. Straub, « Die Mailänder Heirat Herzog Stephans III. des Kneißels und Das wirkliche Geburtsjahr Herzog Ludwigs des Bärtigen und seiner Schwester Isabeau de Bavière », Sammelblatt des Historischen Vereins Ingolstadt, t. 77, 1968, p. 5-12 ; Id., « Die fünf Ingolstädter Herzoginnen », dans Bayern-Ingolstadt, Bayern-Landshut. 1392–1506. Glanz und Elend einer Teilung. Ausstellung des Stadtarchivs, 20. September 1992 bis 22. November 1992, Ingolstadt, Stadtarchiv Ingolstadt, 1992, p. 43-44. Retour au texte

20 Jean Froissart, Chroniques de France et d’Angleterre. Livre quatrième, éd. A. Vàrvaro, Bruxelles, Académie royale de Belgique – Classe des Lettres, 2015 (Mémoires de la Classe des Lettres, 2104 – Collection des Anciens Auteurs Belges, 18), p. 10-23 ; Id., Chroniques. Livre III (du Voyage en Béarn a la campagne de Gascogne) et livre IV (années 1349-1400), éd. P. Ainsworth et A. Vàrvaro, Paris, Librairie générale française, 2004 (Le Livre de Poche, 4563 – Lettres gothiques), p. 348-365 ; Id., Chroniques, éd. J. B. M. C. Kervyn de Lettenhove, 28 vol., Osnabrück, Biblio Verlag, 1967 (réimpr. anast. de l’éd. Bruxelles, 1867-1877), t. 14, p. 5-25. Retour au texte

21 Ibid., t. 1, Introduction, 1re partie, p. 350. Retour au texte

22 A. Marchandisse, « L’image de la femme de pouvoir dans les Croniques de Jean de Wavrin », dans L’art du récit à la cour de Bourgogne. L’activité de Jean de Wavrin et de son atelier. Actes du colloque international organisé les 24 et 25 octobre 2013 à l’Université du Littoral – Côte d’Opale (Dunkerque), dir. J. Devaux et M. Marchal, Paris, Champion, 2018 (Bibliothèque du xve siècle, 84), p. 35-50 (ici p. 40) – il s’agit du dernier volume consacré à cet auteur. Retour au texte

23 Sur Chastelain, pour l’historien, les deux ouvrages essentiels restent les suivants : J.-Cl. Delclos, Le témoignage de Georges Chastellain, historiographe de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire, Genève, Droz, 1980 (Publications romanes et françaises, 155) ; GrSmall, George Chastelain and the Shaping of Valois Burgundy. Political and Historical Culture at Court in the Fifteenth Century, Woodbridge, Boydell, 1997 (Royal Historical Society Studies in History. New Series). Retour au texte

24 Georges Chastellain, Œuvres, éd. J. B. M. C. Kervyn de Lettenhove, 8 vol., Bruxelles, F. Heussner, 1863-1866, t. 1, p. 114, 133. Sur Troyes, l’on se reportera au récent catalogue Troyes 1420. Un roi pour deux couronnes, dir. A. Baudin et V. Toureille, Gand, Troyes, Snoeck, 2020 (cf. en particulier A. Marchandisse, « De Montereau à Troyes », dans ibid., p. 42-47). Retour au texte

25 Sur Monstrelet, cf. en dernier lieu P. Courroux, L’Écriture de l’histoire dans les chroniques françaises (xiie-xve siècle), Paris, Classiques Garnier, 2016 (Histoire culturelle, 1), p. 401-443. Il reste cependant beaucoup à révéler sur ce chroniqueur. Retour au texte

26 Sur cet auteur, l’on dispose désormais de la monographie suivante : A. Grosjean, Toison d’or et sa plume. La Chronique de Jean Lefèvre de Saint-Rémy (1408-1436), Turnhout, Brepols, 2017 (Burgundica, 25). Retour au texte

27 Sur Pierre de Fénin, chroniqueur encore peu étudié, cf. M. Zingel, Frankreich, das Reich und Burgund im Urteil der burgundischen Historiographie des 15. Jahrhunderts, Sigmaringen, Thorbecke, 1995 (Vorträge und Forschungen, Sonderband 40), p. 89-95 ; G. Tyl-Labory, « Pierre de Fénin », dans Dictionnaire des lettres françaises, p. 1173, l’on ajoutera l’un ou l’autre texte issu d’un mémoire de maîtrise en histoire de l’Université d’Orléans, réalisé sous la direction de Françoise Michaud-Fréjaville) : Ph. Barbier, Pierre de Févin, chroniqueur artésien du xve siècle. Entre guerre civile et guerre de Cent Ans, le regard fidèle d’un noble sur son temps, Mémoire de maîtrise, Orléans, Université d’Orléans, 2004 ; Id., « Pierre de Févin, chroniqueur de son temps », Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, t. 677-678, 2006, p. 569-582 ; Id., « Les Sentiments dans les chroniques de la fin du Moyen Âge, d’après la chronique de Pierre de Févin », Les Temps médiévaux, t. 23, 2006, p. 64-67. Retour au texte

28 À son propos, l’on ne dispose guère que de G. Tyl-Labory, « Chronique dite des Cordeliers », dans Dictionnaire des lettres françaises, p. 291. Retour au texte

29 Jean le Fèvre, Chronique, éd. Fr. Morand, 2 vol., Paris, Librairie Renouard, 1876 (Publications pour la Société de l’histoire de France, 178, 204), t. 1, p. 20-21 ; Enguerran de Monstrelet, Chronique (1400-1444), éd. L. Douët-d’Arcq, 6 vol., Paris, Vve Jules Renouard, 1867, t. 2, p. 89-91. Retour au texte

30 Sur cet épisode, cf. B. Schnerb, Jean sans Peur, le prince meurtrier, Paris, Payot & Rivages, 2005 (Biographie Payot), p. 525. Retour au texte

31 Sur cette question, cf. la mise au point de J. Devaux, « A vostre priere et parole il en vauldra grandement mieulx : images de la médiatrice dans les Chroniques de Froissart », dans Femmes de pouvoir, femmes politiques, p. 601-614, et la bibliographie n. 12. Retour au texte

32 Jean le Fèvre, Chronique, éd. cit., t. 1, p. 315-316 ; Enguerran de Monstrelet, Chronique, éd. cit., t. 2, p. 176, 226-235 ; Pierre de Fénin, Mémoires, éd. É. Dupont, Paris, J. Renouard, 1837 (Publications pour la Société de l’histoire de France), p. 80-81 ; Chronique des Cordeliers [= Extrait d’une chronique anonyme pour le règne de Charles VI, 1400-1422], éd. L. Douët-d’Arcq, dans Enguerran de Monstrelet, Chronique, éd. cit., t. 6, p. 191‑327, ici p. 242. Retour au texte

33 Cf. supra, n. 15. Retour au texte

34 Enguerran de Monstrelet, Chronique, éd. cit., t. 2, p. 235. Retour au texte

35 Sur cet épisode, cf. B. Schnerb, Jean sans Peur, p. 660-661 (cit. p. 661) ; Id., La noblesse au service du prince. Les Saveuse : un hostel noble de Picardie au temps de l’État bourguignon (v. 1380-v. 1490), Turnhout, Brepols, 2018 (Burgundica, 27), p. 93-94. Retour au texte

36 Jean le Fèvre, Chronique, éd. cit., t. 1, p. 325-326 ; Enguerran de Monstrelet, Chronique, éd. cit., t. 2, p. 176, 246-247 ; Pierre de Fénin, Mémoires, éd. cit., p. 255-256 ; Chronique des Cordeliers, éd. cit., p. 246-249, 251-254. Retour au texte

37 Sur cet épisode, cf. B. Schnerb, Jean sans Peur, p. 664-665. Retour au texte

38 « Le songe véritable », éd. cit., p. 217-220 (Paris, BnF, mss fr. 12488 (fin xve s.) et n. acq. fr. 6222 (début xve s.), fol. 1ro-13vo) – nous avons utilisé une édition en tirage à part, Paris, Société de l’Histoire de Paris, 1891, p. 1-4 ; Le Pastoralet, éd. cit., p. 7 (Bruxelles, KBR, ms. 11064 (xve s.) ; La Haye, Koninklijke Bibliotheek, ms. 71 E 51, copie du précédent (xviiie s.)) ; https://www.arlima.net/qt/songe_veritable.html ; https://www.arlima.net/ad/bucarius.html. Retour au texte

39 H. Wijsman, « History in Transition : Enguerrand de Monstrelet’s Chronique in Manuscript and Print (c. 1450-c. 1600) », dans The Book Triumphant. Print in Transition in the Sixteenth and Seventeenth Centuries, dir. M. Walsby et Gr. Kemp, Leyde-Boston, Brill, 2011 (Library of the Written Word. The Handpress World, 15), p. 199-252, ici p. 214-228. Retour au texte

40 P. Bonenfant, Du meurtre de Montereau au traité de Troyes, Bruxelles, Palais des Académies, 1958 (Académie royale de Belgique. Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques. Mémoires, Collection in-8°, 52/4), rééd. dans Id., Philippe le Bon. Sa politique, son action, dir. A.-M. Bonenfant-Feytmans, Bruxelles, De Boeck Université, 1996 (Bibliothèque du Moyen Âge, 9), passim. Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Alain Marchandisse, « Isabeau de Bavière, reine de France, au prisme des chroniqueurs bourguignons contemporains », Bien Dire et Bien Aprandre, 36 | 2021, 77-90.

Référence électronique

Alain Marchandisse, « Isabeau de Bavière, reine de France, au prisme des chroniqueurs bourguignons contemporains », Bien Dire et Bien Aprandre [En ligne], 36 | 2021, mis en ligne le 01 février 2022, consulté le 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/135

Auteur

Alain Marchandisse

Maître de recherches du FRS-FNRS / Université de Liège, U.R. Transitions

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