Les femmes fugaces de quelques récits de pèlerinage bourguignons

  • The Fleeting Women of Some Burgundian Pilgrimage Stories

DOI : 10.54563/bdba.126

p. 65-76

Abstracts

Les femmes sont relativement peu présentes dans les récits de voyage bourguignons, alors que nous savons qu’elles participaient elles aussi aux pèlerinages en Terre Sainte. Dans les récits de voyage de Georges Lengherand, mayeur de Mons (1485-1486), de Jean de Tournai, bourgeois et marchand de Valenciennes (1488-1489), et de Jacques Lesaige, marchand de drap de soie originaire de Douai (1519), on constate que les femmes apparaissent sous de multiples visages sans toutefois être mises à l’honneur. Elles ne font que passer dans le récit et font très souvent partie des impressions laissées par le voyage, représentant la fugacité d’un instant.

Women are relatively less present in Burgundy's travel accounts, although we know that they too participated in pilgrimages to the Holy Land. In the travel accounts of Georges Lengherand, mayor of Mons (1485-1486), of Jean de Tournai, bourgeois and merchant of Valenciennes (1488-1489), and of Jacques Lesaige, silk cloth merchant from Douai (1519), we see that women appear in many faces without being honored. They only pass through the story and are very often part of the impressions left by the trip, representing the fleetingness of a moment.

Outline

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Les femmes sont relativement peu présentes dans les récits de voyage bourguignons, alors que nous savons qu’elles participaient elles aussi aux pèlerinages en Terre Sainte. Comment expliquer cette absence relative ? Tout d’abord, les récits de pèlerinage ont été écrits par des hommes, sauf certaines exceptions, par exemple le livre autobiographique de la mystique anglaise Margery Kempe, où elle décrit entre autres ses nombreux pèlerinages1. De manière générale, chaque auteur évoque le groupe de pèlerins dans sa globalité, et surtout ceux avec lesquels il se lie, soit des hommes. Les femmes forment des groupes séparés. Dans son récit, le dominicain allemand Félix Fabri rappelle que les pèlerines de son navire n’étaient pas de prime abord les bienvenues, car les jeunes nobles qui partaient se faire adouber à Jérusalem estimaient que la présence féminine était indigne d’eux2.

Qu’en est-il dans les récits de pèlerinage bourguignons ? Il y est bien question de femmes : de pèlerines, d’épouses de taverniers, de femmes étrangères, de prostituées, de femmes de chez soi et aussi de femmes du passé, réelles ou légendaires, ayant trait à la religion ou à l’histoire. Quelles qu’elles soient, on remarque qu’elles ne font que passer dans le récit ; elles font très souvent partie des impressions laissées par le voyage, représentent la fugacité d’un instant. Si l’auteur en fait mention, c’est parce qu’elles l’ont marqué pour une raison ou une autre : il peut s’agir par exemple de leur beauté, d’une situation insolite dans laquelle elles se trouvent, de leur étrangeté ou de leur lien avec le voyageur, lorsqu’il s’agit d’une proche. Nous nous intéresserons ici aux différentes images de la femme dans trois récits de pèlerinage bourguignons de la fin du Moyen Âge : ceux de Georges Lengherand, mayeur de Mons (1485-1486), de Jean de Tournai, bourgeois et marchand de Valenciennes (1488-1489), et de Jacques Lesaige, marchand de drap de soie originaire de Douai (1519).

Les pèlerines

Il est très peu question des femmes pèlerines dans les récits de voyage bourguignons. Cependant, Jacques Lesaige en fait mention lors de son séjour en Terre Sainte, dans un contexte particulier. Alors que son groupe vient de visiter le lieu de naissance de saint Jean-Baptiste, deux Turcs bloquent la sortie et réclament à chacun une somme d’argent, ce qui ne manque pas d’exaspérer le voyageur, pourtant habitué à ces pratiques courantes. En effet, lorsqu’il constate la manière dont boutoient bien rudement lesdis paillars deux femmes pellerines, Lesaige ne peut s’empêcher de réagir, en dépit des recommandations faites aux pèlerins dès leur arrivée à Jaffa. De fait, on leur conseillait de subir sans réagir les humiliations et les attaques, afin d’éviter tout problème et aussi de considérer ces affronts comme autant d’épreuves susceptibles de leur procurer des indulgences. Faisant fi de ces règles et laissant libre cours à sa colère, le pèlerin décide de voler au secours des deux femmes :

Je commenchay a parler hault, et dire, ces traistres cy nous composeroient ils, et se ne sont que deux ; quy m’en voldra croire nous vuideriesmes malgre eulx. Et je vous promes par le sainct voyaige que ay faict, quil ny eult que ung de nos pellerins qui estoit hongrois lesquel me aydesist, et me fist signe quil en teroit lung et le tint, et laultre vint a tout ung baston pour me fraper, et quant je vis la parence a tous mes besaches que avoie, ou il y avoit du pain et aultre chose donay sy grant horion au traicte ; il ne sen donnoit point de garde desdites besaches, donc il se senty frapper courrut pour se plaindre, adoncq chascun courut a son asne, et je m’en allay muschier contre ung gros ollivier, car il y en avoit largement. Aulcuns a quy javoie fait ce plaisir deschapper recongnurent celuy quy tenoit mon asne et le menerent la ou jestoie. Adoncq soubit je deslogeay et vins bien rade, tant que fusmes au lieu ou fut pris le bos pour faire la saincte vraye croix3.

Le voyageur, dans son rapport conflictuel avec les Turcs, se met ici en scène en véritable héros, volant au secours des deux femmes. On remarque que seul un autre pèlerin, hongrois, l’assiste dans sa mission, le reste du groupe craignant certainement des représailles. Il s’agit donc d’un cas exceptionnel.

Jean de Tournai rapporte quant à lui une anecdote plutôt distrayante, relative à sa visite des fontaines de Siloé. Alors que le groupe se trouve près de la piscine de Siloé, lieu de la guérison de l’aveugle-né, les pèlerins se mouillent les yeux de l’eau des trois fontaines. Or, un sarrasin était en train de laver des peaux de mouton dans la fontaine du milieu. Lorsqu’il voit arriver les voyageurs, il agite les peaux de manière à rendre l’eau trouble. Jean de Tournai se rend donc à la troisième fontaine pour se laver les yeux. Plusieurs femmes pèlerines lui demandent alors ses services : adonc les demoiselles me prierent que je preinsse mes mains plaines de ladicte eau, et que je leur en jectasse parmy leurs visaiges, ce que je fis4. Lorsque le sarrasin s’en aperçoit, il se met lui aussi à arroser Jean de Tournai et les pèlerines. Le voyageur réplique en l’arrosant à son tour. L’étranger tente de l’attirer dans la fontaine pour le mouiller intégralement, mais n’y parvient pas. En fin de compte, la pratique dévotionnelle s’est transformée en un jeu plutôt amusant, à cause de la demande des pèlerines, qui craignaient de trop se mouiller elles-mêmes.

Les femmes de Grèce

Au cours du voyage maritime en direction de la Terre Sainte, les pèlerins font escale dans les îles grecques. À Modon (Méthoni), Jean de Tournai remarque que les maréchaux-ferrants sont assistés de leurs femmes, qui participent ainsi au travail tout en s’occupant de leurs enfants. Il note que, lorsque le fer est chaud,

la femme wide hors de sa maison et prendent ung marteau, et la forgent sur ladicte englume dont ledict marisseau est tousjours assis sur la terre, et la femme basse son dos tout en forgant, et ont leur enffant en leur repose emprés eulx, pendant entre deux bastons ou arbres. Et la quand les enffans pleurent, ilz boutent de leur pied une foys et par ainssy dedict repos se berce tout a par luy5.

Toujours à Modon, le voyageur admire le travail artisanal des femmes juives, qui font des fort belles chaintures de soie a grandes houppes, et sont faictes a ouvraige de hunes d’une demie douzaine de polz de large ou plus, et ne sont non plus grosses qu’ung bon gros doigt, dont les aulcunes coustent byen ung ducat d’or, et deux pour ung ducat, et bien vi pour ung ducat6.

Dans le récit de Jacques Lesaige, les pèlerins font une première escale à Zante. Le marchand s’intéresse au statut des hommes d’Église, qui ont le droit de se marier, mais une fois seulement : tous les prestres sont mariés, et le sont avant quils dissent messe. Et se leur femme moroit ils nen poeult avoir d’aultre, car sil en reprenoient les enfans quy en aroient seroient battards7. Avec neuf autres pèlerins, Lesaige se met en quête d’un hébergement pour la nuit. Ils communiquent par signes avec leur hôtesse, car sur l’île la seule langue parlée est le grec. En attendant qu’elle leur apprête le souper, ils visitent la ville. Au gré de leur promenade, Lesaige, à l’image de son prédécesseur Jean de Tournai, admire le travail des forgerons dans la rue, notamment le fait qu’ils sont assistés de jeunes hommes ou femmes qui se servent de sortes de soufflets pour attiser le feu : qui est le plus estraing[n]e chose a regarder que ne scaroit escripte […] car ils sont tant de ce mestier et si dru que il samble que on soit en fairie8.

De retour chez leur hôtesse, les pèlerins doivent souper dans des conditions rudimentaires, à l’extérieur et par terre. Quelle n’est pas leur surprise lorsque l’hôtesse prend un morceau de tissu qui lui sert de coiffe et l’étend sous les assiettes en guise de nappe. L’écrivain poursuit : dont nous fit bien rire, et le ruasmes envois, car nous eusmes plus chier a mengier sans nappe. Elle nous fit signe que y torquissiesmes nos dots ; mais nen volliesmes point et mengeasmes très bien, loés soit Dieu, car nous nestiesmes point degoutés9. Malgré des conditions matérielles inhabituelles, le repas proposé par la grecque s’avère satisfaisant. Une fois le repas terminé, les voyageurs paient l’addition, grâce à un interprète sachant parler italien, qui doit traduire les propos de l’hôtesse. Ils peuvent ensuite aller se coucher.

Là encore, le marchand rapporte avec humour une anecdote relative à leur nuitée. L’endroit qui leur est assigné est comme une estable et ne comporte qu’un lit suspendu, fait de branches de laurier entrecroisées et recouvertes de deux lincheux bien ort. Comme il n’y a pas de paille, l’hôtesse emprunte à ses voisines deux autres draps et trois coussins. Les pèlerins s’installent ainsi dans le lit et par terre. Lorsque l’hôtesse ferme la porte, ils croient tous crever de punaizie, tellement l’odeur qui règne dans la pièce est insupportable. La chandelle étant toujours allumée, ils parviennent à repérer la cause de la puanteur : sous le lit se trouvent deux grands pots contenant du fumier. Comme l’hôtesse les a enfermés pour la nuit, ils l’appellent pour lui faire part du problème. L’écrivain rapporte : je luy fis signe que nous creviesmes, dont emporta lesdis pots ; mais ad cause quils pesoient elle en respandit se nous. Ainsi, la literie des voyageurs, déjà très sommaire, se trouve imprégnée d’une douce odeur. Pour remédier à la puanteur, l’hôtesse fait ensuite brûler du romarin et du myrte, ce qui, précise Lesaige, fit grant fumée. L’on imagine aisément l’inconfort de la situation. La nuit fut très courte, en raison des rires à répétition des compagnons : toutesfois ne dormimes guerre mais rismes bien maintesfois ad cause desdits pots. À la fin de l’anecdote, l’écrivain rappelle la coutume des habitants de l’île, qui consiste à conserver leurs ordures pour mettre en leurs vignes, et, sur un ton ironique, note que, malgré tout, il fallut paier pour nos beaus gitz dix patars pour nous dix10. Ainsi, le repas inhabituel fut suivi d’une nuit insolite. L’escale est synonyme de dépaysement et source d’anecdotes pour le conteur qu’est devenu Jacques Lesaige au fil de son récit. Ici, l’hôtesse grecque, de par ses coutumes étranges, est à l’origine d’histoires savoureuses.

Georges Lengherand ne rapporte pas d’anecdotes particulières sur les femmes des îles grecques. Toutefois, il note qu’à Rhodes, y a beaucop de belles femmes et fort gentes en leurs habillemens, et sont femmes de très beau taint ; et tiens qu’il en y a largement qui vendent amour en détail. Outre les prostituées, il note que les femmes, tout comme les hommes, sont vendues comme esclaves11. Lors de son escale à Chypre, il est témoin des préparatifs d’une réception organisée à l’occasion de la venue de la mère de la reine : près du port, dames, demoiselles, et pluiseurs gentilz hommes de l’ostel de ladicte roynne le actendoyent et estoyent venus au devant, et avoyent victailles et vaisselle d’argent pour cuisine et aultrement pour le servir12. L’entrée de ce personnage de marque dans la ville de Nicosie oblige le navire des pèlerins à demeurer dans le port, ce qui ne manque pas de déplaire à Lengherand, impatient de se rendre en Terre Sainte.

Les Italiennes

En revanche, en Italie, les tenues vestimentaires extravagantes et la coquetterie des femmes ne cessent d’attirer le regard des pèlerins. À Florence, Jean de Tournai note qu’elles sont fort beubencheuses ; et estoient aulcunes vestues de blanches robes de fort fin drap, a leurs colz patenostres de fin coral, aultres d’argent, aultres de fin or, chascune selon son estat ; les cheveulx ung bien petit passant leurs temples. Il conclut : certes, a veoir leurs atours, ce samblent mieulx publicques que femmes de bien, mais c’est la fachon du pays13. À Sienne, les jeunes femmes se distinguent par leurs fort haultes patoufles, le desseure tout de drap d’or ou de velours cramoisy. Elles s’avancent a pas de jaiant, soutenues par deux domestiques. Le narrateur explique pourquoi les femmes tiennent à marcher de cette manière : ne tiennent les hommes compte de petittes femmes, s’elles ne sont fort grandes et puissantes, et pource lesdictes femmes ont tousjours haultes pantouffles14. De même, lors d’une excursion aux bains chauds de Sainte-Hélène, à proximité de Padoue, le voyageur remarque qu’assez prez, y a une estuve dedens une roche, aussy quy vouldroit on y auroit les damoiselles – autrement dit, l’on s’y procurerait aisément des prostituées15.

Figures féminines centrales du récit, les Vénitiennes surprennent également les pèlerins. Comme les femmes de Sienne, elles ont des pantouffles fort haultes bien de ung pied de hault, et ne sçaivent aller, et samble que on les apprenne a aller, et les fault tenir par deux femmes par la main comme on feroit les enffantz de ung an16. Jean de Tournai remarque par ailleurs que les hommes et les femmes circulent dans la ville séparément, les hommes ensemble et les femmes entre femmes. Lorsque deux femmes qui se connaissent se rencontrent dans la rue, elles s’embrassent sur les joues. Les hommes font de même entre eux. Toutefois, le voyageur note que il seroit reprochable audict Venize que hommes baisassent femmes ne aussy femmes baisassent hommes. Aussy ne voirés jamais aller a l’esbat femmes avec hommes ne homme avec femme tant par terre comme par eaue17. Lors de la fête de l’Ascension, les femmes se rendent à l’église, où elles sont assises assez hault sur haultes chaieres, et est pour elles monstrer plus grandes, car lesdicts Venitiens ne font compte de petittes femmes. Le marchand conclut : c’est une trés grand derision que de les voir, car tout l’aprés disner, il n’i a en ladicte eglise que plaiderie et aussy crierie, et ne ot on goutte pour le murmure desdictes femmes18.

Dans son récit, Jacques Lesaige est également marqué par les femmes de Venise, qu’il a l’occasion, lui aussi, d’observer lors de l’Ascension : je veis venir deux femmes bien accoustrées, car elles avoient robes de damas, et par dessus lesdites robes ung collet de drap dor, et avoient la poytrine a moytié descouvers, et soiés seur quelles estoient bien blanches19. Le pèlerin note qu’elles ne sont autorisées à sortir que lors des grandes fêtes, car les aultres jours tout du long de lannée elles sont en une chambre haulte et leurs filles aussy, mesmes ne vont point a leglise sinon lesdits haulx jours. Leurs maris en sont si jaloux quy ne les laissent point vuider. Et le voyageur de conclure avec philosophie : Il me samble que les poures femmes sont plus heureuses en che monde, car elles vont ou bon leur samble. Ainssy ne voit on que les poures par les rues20. Le lendemain, Lesaige observe

de belles brageoires vestues de drap dor et plaines d’aultres riches acoustremens. Et avoient chascun ung fatras de soye tenant en leurs mains, de quoy elles se eventoient, et estoient faictes comme une raquette dont ne cessoient de leur eventer pour le chaleur, et en tant quon disoit messe estoient tousjours assistes excepté quant on levoit Dieu, il n’y avoit guerre de devotion21.

Dans les deux cas, il s’agit de femmes de riches marchands, qui profitent des jours de fête pour exhiber leur fortune en arborant des tenues vestimentaires extravagantes. Plus haut dans son récit, le regard du voyageur avait aussi été attiré par les habitantes de Parme, selon lui les plus belles femmes du monde, qui avoient affulés ung queuverchief de soye bien délié et ne voit on leur visaige sinon parmi le queuverchief22. Tout comme les Vénitiennes, elles ne peuvent se montrer en public que lors des jours de fête. Le reste du temps, elles vivent enfermées chez elles, en compagnie de leurs filles et de leurs dames de compagnie. Encore une fois, leur surveillance étroite s’explique par la jalousie de leurs maris.

Georges Lengherand est lui aussi frappé par la beauté des Vénitiennes, dont il livre une description détaillée, qui oscille entre admiration et désapprobation :

[…] ay veu tant de dames et damoiselles ce jour richement acoustrées, que je ne say où l’en recoeuvre tant de pierries ne de perles que j’ay veu sur elle. Et pleut à Dieu que touttes les femmes de nostre pays fussent ainsy habillées et attintées touttes les fois qu’elles vouldroyent. Avec ce elles sont fort belles femmes et puissantes ; mais elles sont habillées très fort despourveuement, car l’on leur voit depuis le boult de la teste jusques au dessoubz des mamelles. Devant et derrière, ne sont couvertes que d’un linge de soye noir aussy espés que ung voil de nonnaing et encoire plus cler, et ont galoches si très haultes qu’il semble qu’elles voyent aux estaches, et ce font elles pour estre plus haultes et plus grandes23.

Un peu plus loin dans son récit, il conclut : […] Dieu scet se les femmes de Venise (estoient) le jour d’hier et aujourd’huy bien gorgiases24. L’image donnée des Italiennes est donc assez mitigée : si les trois voyageurs apprécient leur beauté, leur tenue vestimentaire et leur coquetterie font l’objet de critiques, de même que leur nature bavarde et leur comportement peu religieux.

Les sarrasines

Pour ce qui est des femmes sarrasines, c’est surtout dans le récit de Georges Lengherand que l’on trouve les évocations les plus intéressantes. Sur la route de Jaffa à Ramla, il livre une description stéréotypée de ces femmes, qui, accompagnées de leurs enfants, caillassent les pèlerins au point d’en blesser certains25. Mais c’est au cours de son séjour en Égypte qu’il fait part de ses impressions les plus marquantes. En effet, il y assiste à une séance de danse du ventre, ce qui ne manque pas de l’étonner, voire de le choquer. Alors que trois Maures jouent de la musique, vinrent pluiseurs femmes d’Arrabes et du pays qui se prinrent à danser et en danssant crollent et brondient comme s’elles estoient à l’ouvrage. Et pour mieulx monstrer le crollage se chaindent d’une touelle par dessoubz les fesses, et est une très honteuse et infâme chose à veoir. Le mayeur de Mons explique qu’il s’agit d’une coutume arabe : […] les hommes ne les femmes ne sont de riens honteux ; et nous fut dit qu’il n’y a si femme de bien qui ne dansent de ceste sorte pour tant plus esmouvoir les hommes à lubricité, obstant qu’ilz le sont beaucop26. Les belles femmes du Caire attirent pareillement son attention, même si, en public, elles dissimulent leur visage :

Quand elles vont par la ville audit Kaire et ailleurs, tousjours sont à cheval ou sur asnes, jambe decha, jambe de là, et touttes couvertes d’une touaille blanche et le visage couverte d’une toule noire, tellement qu’elles voyent au travers et ne les peult on veoir, et sont en cest habit sy lourdes que jamais on ne les extimeroit belles : mais en leurs maisons se parent, et prendent autres habis de soye beaux et riches à merveilles selon la puissance et l’estat du mary ; et singulièrement en chemises de soye brochi[e]s d’or et touailles de teste garnies de pierres, et pareillement les sollers, robes de mesmes larges et légières en fachon de homme, et portent toutes brayes maridanes. Et tousjours pour l’amour de leur mary, en la maison, sont richement parées, et hors non27

Il note aussi que les Maures les plus riches peuvent avoir quatre ou cinq femmes. La première est l’épouse principale, les autres sont des esclaves. Il n’existe pas de cérémonie de mariage proprement dite. Il suffit de payer une somme d’argent qui varie en fonction de la beauté de la femme que l’on souhaite acheter. Lengherand s’étonne de la paix qui règne dans ces ménages, mais en donne une explication négative : mésmerveilles qu’elles ne gratinnent l’un l’autre comme elles feroyent en nostre pays ; mais non font, et s’acordent le plus et le mieulx très bien ; car villains chiens sont si à luxure que chascunne nuyt n’est celle l’une après l’autre ne se treuve avec son mary28. Lengherand remarque aussi que les femmes des mamelouks sont étroitement gardées par des eunuques et n’ont aucun contact avec des hommes, de paour qu’elles ne se eschauffent ou ayent volenté d’aller à aultre. Pour ce qui est de l’alimentation de ces femmes, il note que ne leur soufriroyt on avoir aucun fruit long comme concombres ne chose portant (forme de) nature d’homme dont elles se peussent corrompre, non seullement quand elles meng[ü]ent taillier leur pain en long mais en quarré29. Ces détails ne donnent lieu à aucun commentaire de la part du pèlerin, qui, en simple observateur, se contente de rapporter les faits.

Enfin, dans nos récits de voyage, il est parfois question des femmes de chez soi, c’est-à-dire de l’épouse, de la fille ou de la belle-mère du pèlerin. Lors de son voyage aller à bord du navire, Jean de Tournai indique qu’après le souper il eut une pensée pour sa femme et ses amis. Afin de ne pas céder à la tristesse, il dit avoir trouvé le remède suivant :

pour les mettre en oubly, je m’en allois deviser avec Anglois, lesquelz ne scavoient parler sinon leur anglés ou latyn, et lors pour deviser a eulx, je parlois latin, lequel langaige m’estoit fort pesant car je n’en sçavois point gramment, et en ce j’oubliois ma femme, et mes amys, et avec che je n’y voulois point pensser car il m’estoit force de mettre mon entendement pour parler latyn30.

Jacques Lesaige est lui aussi envahi par la nostalgie du pays. Alors qu’il se trouve dans le Piémont et profite d’un excellent repas, face à un paysage magnifique, il ne peut s’empêcher de penser à son épouse : Pour le plaisanche que javoiet je en souhaiday maintesfois me femme et busmes tous à elle ; car nostre hoste nous fit bon recoeul de bien boire. Et nous dict qu’il avoit bien de dix sorte de vin31. Sur le chemin du retour, entre Douai et Valenciennes, Jean de Tournai est épuisé et a les pieds blessés : il s’arrête dans une auberge et, par le biais d’un charretier, envoie un message chez lui afin de se faire envoyer des chaussures plus confortables. Il donne des directives précises au messager afin d’épargner la sensibilité de son épouse :

je vous prie que de vostre grace il vous plaise aller jusques a nostre mayson, et demandez aprés la demiselle de Faumars, nostre mere, et se ma femme vient premiers avant, se ne luy dictes riens, car elle se mueroit par trop fort. Et dictes a nostre demiselle mere qu’elle m’envoie au cabaret quy est au plus prez des pontz des Vaches, hors de la porte Tournizienne, une paire de cauches et riens aultre32.

Une fois de retour chez lui, il retrouve avec bonheur sa femme et sa belle-mère, qui l’accueillent a grand joie et grand amour, et aussy en grand honneur, ce scet Dieu33.

En somme, dans ces trois récits de pèlerinage, les femmes sont bien présentes, sans toutefois être mises à l’honneur. Sauf lorsqu’il s’agit de femmes connues, elles restent anonymes. Ce sont souvent de belles ou étonnantes passantes que l’on admire ou qui intriguent. Les femmes étrangères font l’objet de critiques en raison de leur impudeur et de leur manque de dévotion. Jamais il n’est fait mention d’un quelconque lien du pèlerin avec une femme du groupe, alors que les récits de voyages ne cessent de mentionner des liens d’amitié qui se nouent entre hommes. Cette présence féminine très discrète dans les textes qui nous intéressent ne reflète certainement pas la réalité. En effet, ce n’est pas parce que les voyageurs n’en font pas souvent mention qu’ils ignoraient les femmes. Ce silence relatif peut s’expliquer entre autres par le fait que le statut de pèlerin exigeait de respecter un vœu de chasteté. D’ailleurs, c’est ce que remarque Jacques Lesaige vers la fin de son récit, quand il évoque une soirée passée en compagnie de jolies veuves grecques dansant fort bien : nous ne laissasmes point a chanter et dansser avecque lesdites vesves ; mais non point touchare cremant le grant maistre quy nous eult fait noyer. Car nous nous aviesmes encoire neuf cens dix mille de mer jusqua Venise34. La crainte de la colère divine dissuade les pèlerins de trop s’attarder sur les femmes dans leurs récits et explique leurs portraits parfois assez mitigés, voire moralisateurs. Il est clair, toutefois, que les femmes étrangères les intriguent, car ils les regardent volontiers. Seules les épouses des voyageurs, dont les prières ont le pouvoir de les sauver de bien des dangers, ont droit à d’affectueuses évocations, souvent empreintes de mélancolie. Les femmes apparaissent donc sous de multiples visages et la question de leur présence est bien plus complexe et plus importante qu’elle n’y paraît de prime abord.

Notes

1 The Book of Margery Kempe, éd. L. Staley, Kalamazoo, Western Michigan University, Medieval Institute Publications, 1996 (Teams Middle English Texts Series). Return to text

2 Félix Fabri, Les Errances de frère Félix, pèlerin en Terre sainte, en Arabie et en Égypte, éd. et trad. J. Meyers et M. Tarayre, 8 vol., Paris, Classiques Garnier, 2013-2020 (Textes littéraires du Moyen Âge, 25-26, 31-32, 40-41, 50, 60), t. 1, p. 157. Sur les livres de pèlerinage au Moyen Âge et à la Renaissance, cf. J. Richard, Les récits de voyages et de pèlerinages, Turnhout, Brepols, 1981 (Typologie des sources du Moyen Âge Occidental, 38) ; N. Chareyron, Les pèlerins de Jérusalem au Moyen Âge. L’aventure du Saint Voyage d’après Journaux et Mémoires, Paris, Imago, 2000 ; M.‑Chr. Gomez-Géraud, Le Crépuscule du grand Voyage. Les récits des pèlerins à Jérusalem (1458-1612), Paris, Champion, 1999 (Les Géographies du Monde, 2) ; Ead., « Le récit de pèlerinage : entre mnémotechnique et liturgie », dans Récits de pèlerinage et récits de voyage à travers les siècles, dir. D. Buschinger, Amiens, Université de Picardie – Jules Verne, 2002 (Médiévales, 21), p. 37-43 ; Ead., « Aux limites de l’écriture viatique, le récit de pèlerinage. L’exemple de la description de Jérusalem », dans Transhumances divines. Voyage et religion, dir. S. Linon-Chipon et J.-F. Guennoc, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2005, p. 33-42 ; A.‑S. De Franceschi, D’Encre et de poussière. L’écriture du pèlerinage à l’épreuve de l’intimité du manuscrit. Récits manuscrits de pèlerinages rédigés en français pendant la Renaissance et la Contre-Réforme (1500-1620), Paris, Champion, 2009 (Les Géographies du Monde, 13) ; N. Chareyron, Éthique et Esthétique du récit de voyage à la fin du Moyen Âge, Paris, Champion, 2013 (Essais sur le Moyen Âge, 57) ; A.‑S. De Franceschi, « Y-a-t-il un récit de pèlerinage “bourguignon” ? L’appartenance bourguignonne comme jalon de l’expression de soi dans la littérature de pèlerinage », dans Écrire le voyage au temps des ducs de Bourgogne. Actes du colloque international organisé à l’Université Littoral – Côte d’Opale, Dunkerque, dir. J. Devaux, M. Marchal et A. Velissariou, Turnhout, Brepols (Burgundica), sous presse. Return to text

3 Voyage de Jacques Le Saige de Douai à Rome, Notre-Dame-de-Lorette, Jérusalem et autres saints lieux, éd. H.‑R.‑J. Duthillœul, Douai, D’Aubers, 1851, p. 121. Composer : ‘soumettre à un tribut’ ; vuider : ‘évacuer (un lieu de ceux qui s’y trouvent)’. Sur cet auteur, cf. Y. Bellenger, « Le séjour de Jacques Le Saige à Venise en 1519 », Quaderni utinensi, t. 1/2, 1983, p. 77-87 ; Ead., « Un pèlerin à Jérusalem en 1519 », Hebrew University Studies in Literature and the Arts, t. 12/3, 1984, p. 23-59 ; Ead., « Le saint voyage de Jacques Le Saige à Jérusalem (1519) », dans Mélanges sur la littérature de la Renaissance à la mémoire de V.‑L. Saulnier, Genève, Droz, 1984 (Travaux d’Humanisme et Renaissance, 202), p. 39-51 ; Ead., « Le Voyage de Jacques Le Saige en Italie (1519) », Bollettino del Centro Interuniversitario di Ricerche sul Viaggio in Italia, t. 14/7-2, 1986, p. 255-275 ; Ead., Jacques Lesage. Voyage en Terre Sainte d’un marchand de Douai en 1519, Paris, Balland, 1989 ; Ead., « Jacques Lesage, marchand de draps de soie et pèlerin », dans Revue des Amis de Ronsard (Tokyo), t. 3, 1990, p. 79-93 ; A. Velissariou, « Variations sur le thème du départ dans le récit de voyage bourguignon (xve-xvie siècles) », dans « A tant m’en vois ». Figures du départ du Moyen Âge, dir. N. Labère et L. Pierdominici, Fano, Aras Edizioni, 2020 (Piccola biblioteca di studi medievali e rinascimentali, 4), p. 47-79 ; Ead., « Les surprises du voyage : images insolites de l’Autre dans le récit de pèlerinage bourguignon », dans Contestations, subversions et altérités aux xive-xvie siècles. Rencontres de Prague (19-22 septembre 2019), dir. J. Devaux, A. Marchandisse et B. Schnerb, Publication du Centre européen d’Études bourguignonnes (xive-xvie siècle), t. 60, 2020, p. 233-245 ; Ead., « Escales dans les îles grecques en 1519 : le récit de voyage de Jacques Lesaige, marchand de Douai », dans Écrire le voyage au temps des ducs de Bourgogne, sous presse ; Ead., « L’espace du pèlerin dans les récits de voyage de la fin du Moyen Âge », dans Les religions et la construction des espaces de l’Antiquité à nos jours. Actes du colloque tenu à l’Université d’Artois les 9 et 10 octobre 2019, à paraître. Return to text

4 Le récit des voyages et pèlerinages de Jean de Tournai (1488-1489), éd. B. Dansette et M.-A. Nielen, Paris, CNRS Éditions, 2017 (Sources d’histoire médiévale publiées par l’Institut de recherche et d’histoire des textes, 43), p. 174. Sur ce récit, cf. de même Jean de Tournai, The Pilgrim Book of Jehan de Tournay (1488-1489). Being a Critical Edition of the Valenciennes MS. 493, éd. L. L. G. Polak, PhD thesis, Londres, University of London, 1958 ; L. Polak, « Un récit de pèlerinage de 1488-1489 », Le Moyen Âge, t. 87, 1981, p. 71-88 ; Le voyage de Jean de Tournai. De Valenciennes à Rome, Jérusalem et Compostelle (1488-1489), trad. D. Péricard-Méa, transcription F. Blanchet-Brockaert, Cahors, La Louve, 2012 ; A. Velissariou, « Variations sur le thème du départ dans le récit de voyage bourguignon » ; Ead., « Les surprises du voyage : images insolites de l’Autre dans le récit de pèlerinage bourguignon » ; Ead., « L’espace du pèlerin dans les récits de voyage de la fin du Moyen Âge » ; B. Dansette, « Le récit de Jean de Tournai et la littérature bourguignonne de voyage à la fin du xve siècle », dans Écrire le voyage au temps des ducs de Bourgogne, sous presse. Return to text

5 Le récit des voyages et pèlerinages de Jean de Tournai, éd. cit., p. 125. Return to text

6 Ibid., p. 125. Hune : ‘corde’ ; polz : ‘pouce’. Return to text

7 Voyage de Jacques Le Saige, éd. cit., p. 75. Return to text

8 Ibid., p. 74 ; nous corrigeons estraingue en estraingne. Return to text

9 Ibid., p. 75. Envoie, adv. : ‘dehors’ ; torquier : ‘essuyer’. Return to text

10 Ibid., p. 76. Se nous : ‘sur nous’ ; patard : ‘monnaie bourguignonne’. Return to text

11 Voyage de Georges Lengherand, mayeur de Mons en Haynaut, à Venise, Rome, Jérusalem, Mont Sinaï et Le Kayre, 1485-1486, éd. D.-C. Godefroy Ménilglaise, Mons, Masquillier & Dequesne, 1861 (Publications de la Société des Bibliophiles belges, séant à Mons, 19), p. 105. Sur ce texte et son auteur, cf. J. Ch. Lemaire, « Images de la Terre sainte dans le Voyage de Georges Lengherand », dans Un exotisme littéraire médiéval ? Actes du colloque du Centre d’Études médiévales et dialectales de Lille 3, 6-7 octobre 2006, dir. C. Gaullier-Bougassas, Bien dire et bien aprandre, t. 26, 2008, p. 165-181 ; M.-C. Bruwier, « L’étape égyptienne du pèlerinage de Georges Lengherand en Orient », dans Mémoires d’Orient. Du Hainaut à Héliopolis. Catalogue d’exposition, dir. M.-C. Bruwier, G. Docquier et B. Goffin, Morlanwelz, Musée royal de Mariemont, 2010, p. 235-238 ; Ead., « Nouvelles recherches sur une traversée du Sinaï en 1486. Le pèlerinage en Orient de Georges Lengherand, mayeur de Mons », dans Les combats dans les mythes et les littératures de l’Orient, dir. M.-A. Persoons, Ch. Cannuyer et D. De Smet, Bruxelles, Société royale belge d’Études orientales, 2018 (Acta Orientalia Belgica, 31), p. 9-20 ; Ead., G. Docquier et A. Marchandisse, « En tous quartiers ou j’ay esté. Le récit de pèlerinage de Georges Lengherand, mayeur de Mons (1486-1487) : une esquisse », dans Pays bourguignons et Orient : diplomatie, conflits, pèlerinages, échanges (xive-xvie siècles), dir. A. Marchandisse et G. Docquier, Publication du Centre européen d’études bourguignonnes (xive-xvie siècles), t. 56, 2016, p. 191-211 ; G. Docquier, « Homme de Loi, homme de Foi : le profil de Georges Lengherand à travers son récit de pèlerinage », dans Écrire le voyage au temps des ducs de Bourgogne, sous presse. Return to text

12 Voyage de Georges Lengherand, éd. cit., p. 108. Return to text

13 Le récit des voyages et pèlerinages de Jean de Tournai, éd. cit., p. 38. Beubencheux : ‘orgueilleux’ ; patenostre : ‘chapelet’. Return to text

14 Ibid., p. 40. Return to text

15 Ibid., p. 89. Return to text

16 Ibid., p. 96. Return to text

17 Ibid. Return to text

18 Ibid. Return to text

19 Voyage de Jacques Le Saige, éd. cit., p. 51. Return to text

20 Ibid., p. 51. Return to text

21 Ibid., p. 52. Brageoire : ‘coquette’. Return to text

22 Ibid., p. 17. Délié : ‘fin, délicat’. Return to text

23 Voyage de Georges Lengherand, éd. cit., p. 47. Attinter : ‘parer’ ; estache : ‘échasse’. Return to text

24 Ibid., p. 80. Gorgias : ‘élégant’. Return to text

25 Ibid., p. 114. Return to text

26 Ibid., p. 174. Croller : ‘se trémousser’ ; brondir : ‘s’agiter’ ; estre à l’ouvrage : ‘faire l’amour’ ; crollage : ‘trémoussement’ ; touelle : ‘pièce d’étoffe’ ; obstant que : ‘du fait que’. Return to text

27 Ibid., p. 184. Nous corrigeons brochiés en brochi[e]s. Brochier : ‘passer en tissant sur le fond uni d’une étoffe des fils qui forment un dessin’ (DMF 2015 : Dictionnaire du Moyen Français, ATILF – CNRS & Université de Lorraine, 2015 ; http://www.atilf.atilf.fr/dmf) ; brayes maridanes : ‘braies marines, pantalon bouffant’ (cf. V. Gay, Glossaire archéologique du Moyen Âge et de la Renaissance, t. 1, Paris, Librairie de la Société bibliographique, 1887, p. 209-210 ; C. Herbert, Les récits de voyage des xive et xve siècles lemmatisés : apports lexicographiques au Dictionnaire du Moyen Français, Thèse de doctorat, Nancy, Université de Lorraine, ATILF-CNRS, 2016, p. 241). Return to text

28 Voyage de Georges Lengherand, éd. cit., p. 184. Gratinner : ‘écorcher (d’un coup d’ongles)’ (DMF 2015). Return to text

29 Voyage de Georges Lengherand, éd. cit., p. 180. Nous corrigeons mengnent en meng[ü]ent. Return to text

30 Le récit des voyages et pèlerinages de Jean de Tournai, éd. cit., p. 117. Return to text

31 Voyage de Jacques Le Saige, éd. cit., p. 12-13. Souhaider : ‘boire à la santé de’. Return to text

32 Le récit des voyages et pèlerinages de Jean de Tournai, éd. cit., p. 340. Se muer : ‘s’émouvoir’ ; cauches : ‘chausses’. Return to text

33 Ibid., p. 341. Sur le retour du pèlerin, cf. A.-S. De Franceschi, « Retour de pèlerinage, des rites et des fêtes », dans Champ fructueux. Images du legs esthétique et religieux de la Picardie de la latinité tardive au xixe siècle, dir. G. Gros, Amiens, CEMAR – Encrage Université, 2007, p. 205-215. Return to text

34 Voyage de Jacques Le Saige, éd. cit., p. 160. Cremir : ‘craindre’. Return to text

References

Bibliographical reference

Alexandra Velissariou, « Les femmes fugaces de quelques récits de pèlerinage bourguignons », Bien Dire et Bien Aprandre, 36 | 2021, 65-76.

Electronic reference

Alexandra Velissariou, « Les femmes fugaces de quelques récits de pèlerinage bourguignons », Bien Dire et Bien Aprandre [Online], 36 | 2021, Online since 01 février 2022, connection on 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/126

Author

Alexandra Velissariou

Univ. Littoral Côte d’Opale UR 4030, HLLI, Unité de Recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel, F-62200 Boulogne‑sur‑Mer, France

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