Clément et les jongleurs dans la geste d’Othovien. Le personnage du père adoptif, ses valeurs bourgeoises et sa portée comique dans les enfances de Florent, du roman en octosyllabes aux versions en prose

DOI : 10.54563/bdba.607

Résumés

Résumé :

L’objet de cet article est d’étudier le personnage de Clément, le vilain ou le nobile bourgoys qui achète et adopte le jeune Clément. En analysant de près les cinq séquences faisant intervenir Clément, envisagées dans chacune des quatre versions de la « geste d’Othovien », on verra que la fonction de ce personnage n’est pas seulement comique mais qu’il représente aussi une figure de l’amour paternel et un adjuvant du héros. Ainsi on pourra aussi contribuer, on l’espère, à la réflexion sur les liens unissant les quatre versions et sur le genre du Roman d’Othevien, entre chanson de geste et roman en couplets d’octosyllabes.

Abstract :

This paper aims to study the character of Clément, the vilain or the nobile bourgoys who buys and adopts the young Florent. By a close analysis of the five sequences involving Clément, considered in each of the four versions of the geste d’Othovien, we will see that the role of this character is not only comical, being also a figure of paternal love and an adjuvant for the hero. Thus we will also contribute, as we hope, to the question of the links between the four versions and of the Roman d’Othevien’s genre, between chanson de geste and roman in octosyllabic couplets.

Plan

Texte

Au début du présent millénaire, alors que je travaillais à la rédaction de ma thèse consacrée au personnage de jongleur1, je suis tombé par hasard sur une petite scène assez curieuse et peu connue2 du Roman d’Othevien (dorénavant RO3) qui prend place un peu au-delà de la moitié du roman, au moment de l’adoubement de Florent par Dagobert4. L’adoubement vient d’avoir lieu ; des conteurs, des chanteurs et des jugleors (encore appelés, plus loin, hiraut et menestrel) se présentent au palais de Dagobert et se mettent à jouer de la musique, escomptant robes et deniers5. On retrouve là les deux éléments caractéristiques (performance des jongleurs et rétribution des jongleurs) de ce que j’ai défini dans ma thèse, à la suite de J.-P. Martin6, comme le « cliché rhétorique » des jongleurs7, que j’ai aussi appelé, en élargissant la perspective, au-delà de la chanson de geste, au récit en général, « le topos des jongleurs en fête8 ». Intervient alors le personnage de Clément, le père adoptif de Florent qui, croyant que les jongleurs viennent se moquer de son fils, les chasse à coups de bâton, frappant les uns, brisant les instruments des autres :

Li menestrel foiant s’en vont.
« De Diex, font il, qui fist le mont,
Soit hui cis vilains maleois !
Fait i avons mauvés esplois
9. »

Florent, forment marris, explique à son père que les jongleurs sont venus por [lui] ennorer et servir et lui demande de les rappeler, ce que Clément tente de faire, mais sans succès, car

Li gogleors vont regardant
Li vileins qui les va huchant,
Quident qu’il les vout laidir,
Chascun pense de tost fuïr
10.

La scène, originale voire unique (à ma connaissance), n’en est pas moins d’interprétation assez évidente11. Les jongleurs, qui apparaissent ici, d’autant plus qu’ils sont doués de parole, comme une sorte de personnage collectif, servent, comme bien souvent le « cliché rhétorique » de la chanson de geste, à connoter la noblesse, sa richesse et sa largesse12 ; opposé à eux, les battant et brisant leurs instruments, Clément est le vilain – le terme apparaît à quatre reprises dans le passage, y compris dans la bouche des ménestrels – totalement imperméable à ces valeurs, inscrites au contraire de manière innée dans son fils adoptif Florent, ce pourquoi il demande à son père de rattraper les ménestrels que ce dernier a d’abord chassés.

L’opposition entre valeurs de la noblesse et valeurs de la roture ou de la bourgeoisie, indispensable à la révélation de la véritable noblesse de Florent, et qui apparaît dans plusieurs autres épisodes du RO, est l’un des premiers intérêts de cette scène. Mais le personnage du père adoptif, qui joue un rôle relativement important dans l’histoire, ne se limite pas à incarner les valeurs contraires à la noblesse ; il présente aussi une dimension comique affirmée, même si elle n’est pas soulignée dans sa confrontation avec les jongleurs par le rire des spectateurs, comme cela se produit ailleurs ; enfin il permet la mise en scène de relations entre père et fils certes parfois conflictuelles, comme ici, mais plus souvent marquées par une grande affection, ce qui, sans être exceptionnel, n’est pas forcément si commun dans la littérature ni plus largement dans les représentations médiévales13.

C’est donc l’étude de ces différents aspects du récit, essentiellement portés par le personnage de Clément, que je voudrais engager ici, ainsi que leur réinterprétation au fil du temps dans les autres versions de la « geste d’Othovien », au nombre de quatre au total, comme on le sait, et liées deux à deux14 : le RO en octosyllabes et sa mise en prose, réputée très fidèle15, Florent et Lyon (1500, selon la date de l’imprimé le plus ancien16 ; dorénavant FL) ; la chanson de geste Florent et Octavien (environ 18500 alexandrins, chanson datée de ca. 1356 et éditée par N. Laborderie17 ; dorénavant FO) et sa mise en prose bourguignonne que l’on appellera Othovyen (dorénavant O), forme réduite du titre – Le livre des haulx fais et vaillances de l’empereur Othovyen et de ses deux filz et de cheulx quy d’eulx descendirent – sous lequel cette mise en prose de la version en alexandrins et de Florence de Rome, datée de 1454 (d’après le colophon du ms. Bruxelles, KBR, 10387), est conservée dans quatre autres manuscrits, dont celui de Chantilly, Musée Condé, 652, qui sert de base à l’édition en cours de Matthieu Marchal18.

Pour cela, je me propose d’envisager successivement les cinq principales séquences, se subdivisant parfois elles-mêmes en différents épisodes, mettant en scène le personnage de Clément, le plus souvent (sauf dans la dernière, celle du vol du cheval, et encore ce vol est-il commis à la demande de Florent) en interaction avec son fils adoptif. Je donne à chacune de ces séquences, de longueur inégale, un titre : 1) L’achat de Florent par Clément ; 2) Apprentissage d’un métier (boucher puis changeur) et achats dispendieux (épervier et cheval) ; 3) Les armes rouillées ; 4) L’adoubement de Florent ; 5) Le vol du cheval du soudan par Clément19. Voici, plus précisément, où est située chacune de ces séquences dans les différentes versions de la geste :

  1. L’achat de Florent par Clément : RO, v. 498-552 ; FL, chap. 9 (p. 42-48) ; FO, t. 1, v. 882-922 ; O, chap. 11.
  2. Apprentissage d’un métier (boucher puis changeur) et achats dispendieux (épervier et cheval) : RO, v. 960-1286 ; FL, chap. 14-18 (p. 68-88) ; FO, t. 1, v. 1255-1504 ; O, chap. 15-16.
  3. Les armes rouillées : RO, v. 2091-2322 ; FL, chap. 26-27 (p. 134-144) ; FO, t. 1, v. 2510-2613 ; O, chap. 26-27.
  4. L’adoubement de Florent : RO, v. 2887-3204 ; FL, chap. 30-31 (p. 180-202) ; FO, t. 1, v. 3122-3275 ; O, chap. 30-31.
  5. Le vol du cheval du soudan par Clément : RO, v. 4032-4325 ; FL, chap. 35-36 (p. 240-250) ; FO, t. 1, v. 4871-5124 ; O, chap. 41.

L’ensemble de ces séquences, sauf peut-être la dernière, appartient à ce qu’il est convenu d’appeler les enfances du héros20, moment qui sans lui être tout à fait spécifique est souvent développé avec une ampleur et des thèmes propres à la chanson de geste21, ainsi de l’opposition des valeurs nobles et roturières (ou bourgeoises, ou marchandes), révélatrice de la noblesse du héros, que l’on retrouve notamment dans les chansons d’Hervis de Metz et des Enfances Vivien, ou de la collusion entre éléments comiques et héroïques (on y reviendra). C’est pourquoi l’examen des séquences mettant en scène le personnage de Clément est également susceptible de contribuer à la question de l’appartenance générique du RO en octosyllabes, curieux objet s’il en est22 : désigné comme roman par l’incipit et l’explicit du manuscrit unique, ce qu’il est indubitablement par sa forme, le RO ne s’appelle pas moins chançon dans son prologue, de même qu’aux v. 4772 et 4788, ce à quoi semble bien correspondre une grande part de son contenu. Faut-il alors en conclure, comme Fr. Suard, que « le texte, par son contenu et son style, est bien une chanson de geste23 » ou, avec N. Laborderie, que « c’est bien à un roman que nous avons affaire24 » ? La question se pose d’autant plus, peut-être, que cette indécision générique ne se limite pas forcément à la version en octosyllabes de la « geste d’Othovien », mais peut valoir aussi pour le FO en alexandrins, chanchon ainsi introduite dès le v. 3 du prologue : C’est d’armes et d’amours, de pitié enssement, la formule d’armes et d’amours ayant des résonances indubitablement romanesques25.

L’achat de Florent par Clément

La première apparition de Clément a lieu lors d’un épisode très bref (une cinquantaine de vers dans le RO), celui de l’achat du futur Florent, enfant volé à un chevalier qui l’avait lui-même arraché aux mains du singe qui l’avait lui-même enlevé à sa mère… Mais peu importe ici ces péripéties, qui ne concernent pas notre personnage.

Qui est Clément et comment est-il désigné ? Dans le RO, en dehors justement de ce premier épisode26, il est systématiquement qualifié de vilain27 et même explicitement exclu de la catégorie des bourgeois dans une brève scène située un peu plus loin dans le roman28 où l’on voit l’empereur Othevien, tout juste arrivé à Paris, se demander en voyant le palais de Clément à qui il appartient, à quoi Dagobert répond :

Il n’est chevaliers ne borjois,
Ains est un mens vilains, Climens,
Qui molt est sages et vaillans
29.

Ainsi peut être suggérée, grâce à l’importance de la demeure qui retient même l’attention d’un roi, la richesse de Clément, dont on verra plus loin qu’il est bien aisiés30 et qu’il exerce apparemment le métier de changeur, que connaît en tout cas son fils Gladouain31. Ces deux données (métier de changeur et richesse) se retrouvent dans les autres versions de la geste, à la fois plus explicites32 et amplifiées, la richesse de Clément devenant franchement considérable dans FO, ainsi qu’on peut le mesurer aux réflexions de Florent qui se plaint in petto de l’apparence peu brillante que lui impose son père adoptif, allant curieusement jusqu’à souhaiter sa mort :

« Mon pere a tant d’avoir et tant d’or reluisant,
Encore a en son change plus de mille besant ;
[…]
Par ma foy, s’il fust mort, je fusse bien joyant,
J’eusse deniers toujours assés de demeurans
33. »

En même temps que son statut de riche bourgeois s’affirme, la façon de désigner le personnage change. Ainsi dans FO, lors de sa première apparition, Clément est-il d’emblée présenté comme ung bourgois qui avoit maint florin34, puis qualifié de preudom35, voire de nobile bourgoys36, mais jamais de vilain. De même dans la mise en prose bourguignonne, Clément est ung moult riche bourgoys de Parys37. Enfin si dans FL le terme de villain se trouve en quelques endroits38, il se pourrait bien qu’il s’agisse d’une simple distraction de la part du prosateur, qui l’aurait laissé subsister précisément dans l’épisode, celui des jongleurs, où il apparaît le plus dans le RO (cf. notre introduction) ; en effet, sauf erreur de ma part, le mot ne se retrouve pas ailleurs dans la mise en prose pour désigner Clément, qui par ailleurs devient dans la bouche de Dagobert, lors de la même brève scène (absente dans FO et O) où l’empereur Othevien voyant la demeure du changeur se demande à qui elle appartient, ung bourgois qui s’appelle Clement, moult saige, et par son sens est riche et puissant39. Ces différences de désignation reflètent sans aucun doute une évolution durant le Moyen Âge dans la perception et la représentation du statut de roturier ou de bourgeois, en l’occurrence d’un riche changeur parisien, qui reste pour le xiiie siècle un vulgaire vilain alors qu’il devient au xive ou xve siècle un nobile bourgoys40, qui d’ailleurs sera finalement promu roi de Syrie dans la troisième partie de FO.

L’épisode de l’achat de Florent par Clément a beau être bref, en particulier dans le RO, il n’en pose pas moins un certain nombre de questions, à commencer par celle de sa crédibilité sur le plan historique. En l’occurrence, il semble bien que le fait de pouvoir acheter – dans un port41 manifestement situé en Méditerranée et en terre musulmane, puisque Clément revient de Sulie42, autrement dit de Syrie43 – un jeune enfant à ses ravisseurs ne relève pas uniquement de l’invention de l’auteur anonyme, mais corresponde à une réalité historique bien attestée au Moyen Âge, soit esclavage à proprement parler44, soit trafic de prisonniers de guerre, dont les plus importants pouvaient aussi être vendus en fonction de la rançon qu’on espérait en tirer45.

Une autre question concerne les raisons de l’achat, qui n’apparaissent pas très claires dans le RO : s’agit-il d’une sorte de « coup de foudre » paternel (quant l’enfant vit, tantost l’ama46) ; ou bien est-ce l’incapacité de Clément d’engendrer une descendance qui est en cause (onques ne poi avoir enfant, dit-il lui-même47) ? À vrai dire les deux possibilités ne sont pas incompatibles. Toujours est-il que la femme de Clément accueille a molt grant joie48 l’enfant ramené par son mari et accepte de l’élever par grant amor / por l’amistié de sen seinngnor49. Toujours est-il, en outre, que l’on découvre à l’impromptu un peu plus loin50 que le père adoptif a déjà un fils, Gladouain, sans que l’auteur anonyme se mette le moins du monde en peine de remédier à cette incohérence ou ce défaut d’explication. Ce manque de clarté a visiblement gêné le prosateur de FL, qui en cet endroit ne suit pas exactement le RO, mais ajoute une explication a priori de son cru qui tient compte de ce premier fils :

Et puis disoit il : « Il ne m’en chault car l’enfant vault bien le pris. Aussi ma femme n’a q’ung filz et je ne scay s’il est mort ou vif. Et se je le puis porter jusques a Paris, si le feray bien nourrir ; je feray acroyre a ma femme que en Jherusalem l’ay engendré. Et se Gladoin mon filz est trespassé, cest icy sera mon confort et de luy feray mon heritier et si luy donray grant richesse et grans tresors tant que jamais nulle faulte ne pourra avoir mais qu’il soit preudoms et saige51. »

C’est l’occasion de rappeler les caractéristiques de cette mise en prose par rapport à son modèle, sans aucun doute le RO ou un texte très étroitement apparenté : comme l’a mis en évidence P. Di Luca, FL manifeste dans l’ensemble une très grande fidélité vis-à-vis de son modèle, qui va jusqu’au mot à mot52 ; mais cela n’empêche pas diverses modifications ou innovations, comme on le voit ici et comme on le verra de nouveau plus loin.

De son côté la version proposée par FO présente, comparée à celle du RO, quelques traits propres qui au moins en partie contribuent à une plus grande cohérence du récit : si l’on ne sait toujours pas pourquoi Clément a décidé d’acheter un enfant, on sait du moins qu’il est parti en pèlerinage en laissant son épouse, ici nommée Eudeline (Perrine dans la mise en prose bourguignonne53), enceinte d’un fils dont elle a accouché en son absence ; par ailleurs il présente l’enfant à sa femme en prétendant l’avoir engendré en une Sarrazine54. Un tel mensonge n’est pas expliqué mais peut se comprendre dans l’intention de faire passer Florent du statut d’esclave ou assimilé à celui de fils naturel, évidemment plus favorable à une intégration dans la famille, voire à la prétention à une part d’héritage (comme il est dit explicitement dans FL55) ; il n’est probablement pas sans lien non plus avec l’attitude ultérieure de la femme de Clément, qui dans FO se transforme en véritable marâtre, ce qu’elle n’est pas du tout dans le RO. Dès cette première et très brève séquence, on peut donc se faire une idée des relations entre la première partie de FO et le RO, qui suivent globalement le même canevas mais présentent une multitude de divergences dans le détail de la narration, comme la comparaison systématique effectuée par N. Laborderie le montre bien56, ce qui peut d’ailleurs inviter à se poser la question des rapports, directs ou non, effectivement entretenus par les deux textes57. Quoi qu’il en soit de ces rapports, on peut noter en tout cas que la version a priori la plus ancienne, le RO, souffre en différents endroits d’un manque de cohérence ou d’un déficit d’explications qui ne se retrouvent pas, ou dans une moindre mesure, dans les versions ultérieures. En outre, sur quelques points de détail (éventuelle incapacité de Clément à engendrer un héritier, mensonge du même Clément prétendant avoir eu un fils naturel), ce ne sont pas forcément les proximités attendues entre les quatre versions qui se manifestent, mais d’autres relations suggérant des filiations plus complexes, à moins qu’il ne s’agisse de phénomènes d’innovation indépendants les uns des autres.

Une dernière question porte sur les conditions de la transaction, dont toutes les versions soulignent le montant particulièrement élevé : cent perpres d’or dans le RO58, ung besant d’argent fin dans FO59, C escus dans O60 et trente escus d’or dans FL61. Sans entrer dans le détail des conversions, à supposer que cela soit possible et pertinent, on voit bien qu’il s’agit à chaque fois d’un montant très élevé, et même plus élevé que celui demandé par les vendeurs, comme il est précisé dans le RO et sa mise en prose. C’est semble-t-il ce qui explique la réaction des compagnons de Clément, moqué pour la bien mauvaise affaire qu’il vient de faire dans toutes les versions62 sauf FO, qui insiste plutôt sur l’incongruité d’une telle marchandise dans un bateau, puisque les enfants ne font que braire de vespre et de matin63 !

Sans que les textes suggèrent le moindre parallèle entre elles, on ne peut évidemment s’empêcher de songer à la séquence suivante, où Florent fait lui-même deux achats dispendieux, au grand dam de Clément, avec pour conséquence, semble-t-il, la disqualification par anticipation des reproches que le père adressera à son fils, et donc la disqualification de l’opposition entre mépris de l’argent, attitude typique de la noblesse, et souci de l’argent, attitude roturière ou bourgeoise, puisque Clément lui-même, qui n’est pas noble, mais exactement comme le fera son fils plus tard, est capable de dépenser une somme extravagante pour obtenir ce qu’il désire de manière irraisonnée (innée), en l’occurrence un enfant. Au-delà de cette apparente incohérence, ou grâce à elle, c’est me semble-t-il l’amour inconditionnel du père pour son fils que cette première séquence permet d’emblée de manifester et que la suite confirmera.

Apprentissage d’un métier (boucher puis changeur) et achats dispendieux (épervier et cheval)

Dans la séquence suivante, que je résume d’abord telle qu’elle se présente dans le RO, Florent, qui a été élevé comme son frère Gladouain (mes Florens sembloit plus frans hons, est-il précisé64) a bien grandi (non précisé dans le RO et FL, son âge est de 14 ans dans FO, 15 ans dans O) et il est temps pour lui d’apprendre un métier. Il essaie d’abord, car il est grans, menbrus et fors65, celui de boucher, puis celui de changeur, que Clément avait proposé en premier lieu à son frère Gladouain. Ces deux essais aboutissent également à un échec, le fils échangeant d’abord les deux bœufs que lui a confiés son père contre un épervier, puis donnant tout l’argent qu’il est censé changer contre un destrier66. À chaque fois il s’agit d’achats dispendieux, payés un prix extravagant, et même plus élevé que celui demandé dans le cas du cheval (dont le marchand veut trente livres et pour lequel Florent donne quarante), achats démontrant de la part du héros à la fois son ignorance de la valeur de l’argent et son attrait incoercible pour ce qu’on pourrait appeler les attributs voire les insignes de la noblesse, oiseau de chasse ou cheval de guerre – preuve évidente, pour qui sait la voir, de la franchise de Florent, comme le résume bien la femme de Clément :

« Sire, laissés l’enfant ester !
D’aucune franchise li vient :
Ains, je quit, ne vos apartient.
Nature, espoir, li fait entendre
A ce qu’il devroit apprendre.
Il n’a cure de vostre avoir
67. »

Ce thème des achats dispendieux, ou des « transaction désastreuses68 », n’est pas exceptionnel dans la chanson de geste, précisément au moment des enfances d’un héros noble élevé dans un milieu qui n’est pas le sien. On le retrouve notamment dans deux chansons relativement tardives (début du xiiie siècle), Hervis de Metz et les Enfances Vivien (dorénavant HM et EV), où ce milieu est, comme dans le RO, un milieu bourgeois et marchand69. Les enfances du héros deviennent alors un lieu de confrontation et de révélation : c’est par la confrontation entre deux systèmes de valeurs, qu’incarnent essentiellement deux usages de l’argent – dépenser en comptant, thésauriser et faire fructifier d’un côté, dépenser sans compter et redistribuer de l’autre70 – que va se révéler la véritable nature noble de l’enfant, incapable de se plier à la norreture que ses parents adoptifs ou non (dans le cas d’Hervis) veulent lui imposer. Ainsi, comme le note C. Clamote Carreto, grâce à la « présence du marchand », la chanson de geste tend-t-elle à devenir un « genre dialectique et dialogique (et non plus monolithique et monologique71) ».

Comme Florent, Hervis de Metz est élevé dans un milieu qui n’est pas le sien, non parce qu’il a été adopté, mais parce que sa mère Aélis, la fille du duc de Lorraine, qui a dilapidé tous ses biens, a été donnée en mariage au riche prévôt Thierry, auquel est également confié le duché, tandis que son beau-père part en croisade. Arrivé à l’âge de quinze ans, après une éducation de bonne facture, Hervis veut devenir chevalier, mais son père l’envoie apprendre le métier de marchand à la foire de Provins. Ce premier épisode de foire, qui sera suivi de deux autres, est une catastrophe du point de vue économique. Hervis dépense tout l’argent que son père lui a confié en banquets offerts à des centaines d’autres marchands et en effectuant une première « transaction désastreuse » (de barguignier ne sai je riens, comme le précise Hervis lui-même72), l’achat à un écuyer, pour une petite fortune (trois mille marcs), d’un destrier, d’un faucon, d’un lévrier et de deux petits chiens de chasse – à la grande fureur de son père, qui le bat à son retour. Lors d’un deuxième épisode similaire, celui de la foire de Lagny, Hervis offre de nouveaux banquets et achète pour quinze mille marcs sa future épouse Béatrix ; un troisième épisode à la foire de Tyr, tout en renouvelant les banquets, renverse la perspective quand Hervis parvient à vendre la broderie de Béatrix pour la somme proprement astronomique de trente-deux mille marcs73 !

De son côté le cas de Vivien dans les Enfances Vivien (laisses 21 à 41) rappelle de beaucoup plus près encore celui de Florent dans le RO. Capturé par des Sarrasins, Vivien est vendu alors qu’il a sept ans à dame Mabile, / la marcheande, qui fu preuz et nobile74, qui comme Clément paie l’enfant fort cher (C mars d’argent i dona et C livres75). Mariée au marchand Godefroi de Salindres, qui ne lui a pas donné d’enfant, Mabile fait croire à son mari, (opportunément) absent depuis sept ans, que Vivien est son fils dont elle a accouché après son départ. Malgré ses dénégations, Godefroi veut aussitôt apprendre à Vivien le métier de marchand et lui confie de l’argent avec lequel l’enfant achète, à un prix très supérieur à celui demandé, un palefroi à un écuyer (laisse 27), ce qui entraîne la colère de son père, puis une discussion animée sur l’usage qu’il convient de faire de l’argent (« Que valt avoir dont on ne fet barnage ?, dit alors Vivien, cil marcheant sont trop de grant espargne76 ! »). Lors d’un deuxième épisode, celui de la foire de Trésor (tout un programme), le héros frappe d’abord des marchands et finit par échanger avec un écuyer toute sa marchandise contre deux chiens de chasse et un épervier (laisse 33). Un troisième épisode à la foire de Luiserne, une ville qui est aux mains des Sarrasins, renverse là aussi la perspective, puisque c’est à l’aide des trois cents marchands qui l’accompagnent et se soumettent spontanément à son autorité que Vivien prendra la cité77.

Cette proximité avec HM et surtout avec les EV (texte pour lequel on pourrait même envisager un contact direct et une influence, mais dans quel sens ?) invite en tout cas à situer clairement le RO dans le contexte d’un genre, celui de la chanson de geste, à un moment de son développement correspondant plutôt au début du xiiie siècle, ce qui peut éventuellement suggérer l’existence du RO sous une forme plus ancienne, aujourd’hui perdue.

La comparaison avec ces deux chansons de geste suggère aussi une interprétation qui ne va pas tant dans le sens d’une opposition irrémissible entre valeurs nobles et bourgeoises qu’au contraire vers une possible « reconnaissance de l’utilité sociale de la classe marchande » et de son « réalisme économique », reconnaissance « ne s’accompagnant pas pour autant d’une remise en cause de la domination politique de la classe chevaleresque78 » : de même qu’Hervis semble avoir intégré au moins en partie l’éthos du marchand en parvenant à vendre une véritable fortune la broderie de Béatrix à Tyr, de même que sous l’autorité de Vivien et grâce à l’argent de son bourgeois de père les marchands qui l’accompagnent à la foire de Luiserne se transforment en véritables chevalier marcheant79, Florent finit par trouver dans son père, qui pour lui ira voler le cheval du soudan, son meilleur soutien – son père qui dès le départ ne se comporte pas différemment de lui, en achetant Florent un prix exorbitant, comme on l’a vu. On parviendrait là, encore une fois sans que soit fondamentalement remise en cause la supériorité de la noblesse, à une sorte de « synthèse80 » entre valeurs chevaleresques et bourgeoises, plus ou moins poussée selon les cas, plus dans HM ou EV que dans le RO, où néanmoins la collaboration finalement acquise entre le père adoptif et le fils pourrait incarner une telle synthèse.

Outre la mise en scène de l’opposition des valeurs nobles et bourgeoises, ou conjointement à elle, la séquence des achats dispendieux joue aussi un rôle intéressant dans la définition des rapports entre le père et le fils, plus précisément même entre Florent et ses parents adoptifs. Dans le RO comme dans HM et les EV d’ailleurs, à chaque fois que le fils dépensier rentre chez lui avec le produit de ses achats, il se heurte à la colère paternelle, qui peut prendre des formes violentes : après le baston81 dont Clément menace Florent la première fois, après l’achat de l’épervier, c’est a II poins82 que le père saisit le fils, de retour avec un cheval, et s’apprête à le battre comme plâtre, avant d’être semble-t-il arrêté in extremis par sa femme83. Dans le RO en tout cas, la brutalité des punitions, au moins envisagées, est sensiblement tempérée par l’affection que les parents portent à leur enfant, qu’il s’agisse non seulement de la mère retenant son époux, qui d’ailleurs s’excuse aussitôt, mais du père qui se retient lui-même par amour84. Le personnage de l’épouse de Clément, dont le rôle reste secondaire, semble donc avoir pour fonction, dans le RO, de renchérir sur l’amour déjà considérable que Clément éprouve envers son fils. Dans FO, même si le personnage de la mère, changeant complètement d’orientation, devient une espèce de marâtre (la femme Climent que tousjours parlemente85) qui n’hésite pas à moquer Florent (laisse 38) et même à souhaiter sa mort86, sa fonction reste logiquement la même : mettre en lumière l’immense affection du père, qui d’ailleurs dans FO se contente de déplorer les frasques de son fils sans plus menacer de le battre.

Comme l’indique cette dernière remarque, et surtout comme le montre la comparaison détaillée effectuée par N. Laborderie, les différences entre le RO et FO dans cette séquence sont nombreuses : ainsi dans FO l’épisode de l’épervier est-il plus développé, grâce aux conseils moqueurs donnés par l’écuyer (nourrir l’épervier avec du pain et du lait), suivis de la tentative ratée de chasse, aboutissant à la perte de l’oiseau (laisses 36-37), ce qui rappelle tout en les inversant les épisodes parallèles de chasse réussie dans HM87 et les EV (laisses 34-35) ; tandis que l’épisode de l’achat du cheval est déplacé plus loin dans le récit (FO, laisses 46-48). Plus remarquables peut-être sont les divergences concernant le métier de boucher, seulement envisagé dans le RO alors qu’il est effectivement exercé par Florent que l’on voit feisant le mestier qu’il estoit aprenant88 dans FO, où s’ajoute en outre un épisode de rixe entre l’apprenti et les autres bouchers, qui certes tourne à l’avantage de Florent, mais aboutit à cette remarque de Clément :

« Cilz bouchiers sont trop fiers et sont drois ennemy,
[…]
Tu ne durras a eulx, voir, s’ilz t’ont assailly,
Trestous s’asembleront et si t’aront honny
89. »

Il est bien possible, comme le suggère N. Laborderie dans une note de son édition90, que l’importance donnée à l’épisode du métier de boucher dans FO soit en rapport avec la « puissance » de la corporation des bouchers à Paris au Moyen Âge et peut-être plus particulièrement aux xive et xve siècles : en témoignent également, pour s’en tenir au domaine épique, la chanson d’Aiol, dont il sera question plus loin, où les bouchers (même s’ils sont orléanais et non parisiens) ont déjà cette apparence de puissance hostile ; et plus encore, peut-être parce qu’elle est plus proche dans le temps de FO, la chanson d’Hugues Capet (vers 1360) dont le héros éponyme est lui-même petit-fils de boucher (bouchiers fu ly plus riche de trestout le païs) et séjourne dans sa jeunesse chez son oncle le fran bouchier Simon qui est aussi l’homme le plus riche de Paris et veut lui apprendre son métier – cette dernière œuvre ayant la particularité, on l’aura compris, pour contredire une légende peu flatteuse, d’aller vers une revalorisation d’un métier méprisé, ce qui n’est pas sans rapport avec la reconnaissance de la « puissance » de sa corporation91.

Pour nous en tenir à l’épisode du métier de boucher, on peut observer encore quelques menues différences entre les versions en prose et leurs modèles qui, dans le cas de la mise en prose bourguignonne, paraissent aller plutôt dans le sens d’une plus grande vraisemblance, s’agissant soit du personnage de compere [de Clément] qui son bouchier estoit92, auprès de qui Florent fait son apprentissage, ou du bœuf que ce dernier rachète93 après en avoir perdu deux en échange de l’épervier ; preuve une nouvelle fois qu’O n’est pas le résultat d’une « prosification » mécanique mais d’un véritable travail sur le texte, ou éventuellement que le modèle de la mise en prose est proche de FO sans être FO. Quant à FL, il reste de son côté très proche de son modèle probable (RO ou un texte étroitement apparenté), à l’exception toutefois d’un ajout notable, celui de la dispute avec ung escorcheur94, qui peut également se justifier par la recherche d’une plus grande vraisemblance (la grant mocquerie du personnage justifiant le renoncement de Florent à devenir boucher), mais rappelle aussi étrangement la rixe de FO (laisse 39), ouvrant la possibilité de contaminations entre les différentes versions.

Les armes rouillées

Cette troisième séquence, alors que les Sarrasins ont mis le siège devant Paris et que le géant Fernagu sème la terreur, s’ouvre sur un détail qui peut paraître étonnant – Clément se promène avec Florent, âgé de vingt ans, en le tenant par la main95 – mais sans aucun doute révélateur, une fois encore, de l’amour unissant le père et le fils adoptif, puisqu’il est rappelé à peu d’intervalle que Florens amoit forment Climent96 et que li vileins Florent molt ama97. Mis au fait de la situation par son père, Florent réclame des armes pour aller combattre Fernagu et Clément accepte de mauvaise grâce de lui prêter les siennes, en aussi mauvais état soient-elles : qu’il s’agisse de la cotte de mailles, du heaume, du bouclier ou de la lance (et de tout le reste de l’équipement d’un chevalier), toutes sont enfumees ou plus noires que arrement98 ou que pos de terre99. Quant à l’épée, elle est tellement rouillée que Clément et Gladouain doivent s’y mettre à deux pour la faire sortir de son fourreau et finissent par se retrouver cul par-dessus tête :

Gladouain sache et Climent tire,
Li uns a l’autre molt s’aïre ;
Par tel aïr l’espee ont trait
Que Climens verse et ses fieuz chet.
Florens en a grant joie eü
De ceu qu’andui feurent cheü
100.

La séquence, comme en témoigne clairement cette dernière remarque sur la joie de Florent, ou sur sa grande risee dans FO101, a une dimension comique affirmée que viennent confirmer un peu plus loin, Florent partant au combat, d’une part les moqueries de la foule qui le compare à un de chevaliers Arthu ou au fiuz Audegier102, d’autre part les coups de bâton distribués par Clément sur les moqueurs. C’est en ce point que les différentes versions tendent à diverger : simplification ou suppression des allusions moqueuses, FL ne conservant que celle à Arthur et remplaçant celle à Audigier, devenue probablement incompréhensible103, par une référence aux douze pers de France104 ; dans FO ce sont les huissiers de Dagobert et non la foule des Parisiens qui se moquent de Florent et le connétable du même Dagobert qui les frappe pour les faire taire ; cependant ces coups, qu’ils soient portés par Clément ou par le connétable, disparaissent des deux mises en prose105 ; enfin Clément, dans le RO, du haut des remparts, ne cesse d’encourager son fils pendant tout le combat contre Fernagu106 et va même jusqu’à lui prêter main forte alors qu’il rentre dans Paris une troupe de Sarrasins à ses trousses107, ce qui prépare son rôle d’adjuvant lors du vol du cheval du soudan, tandis que ces encouragements paternels sont absents aussi bien dans FO que dans O.

L’intérêt de cette séquence repose entre autres sur le thème ou le motif des armes rouillées ou noircies (enfumees), autrement dit qui n’ont pas servi depuis longtemps et sont dans un état déplorable, façon de rehausser encore l’éclat des exploits qu’elles permettront tout de même d’accomplir. Ce thème, on le sait, n’est pas propre au RO mais se retrouve notamment dans le roman arthurien de Fergus et dans la chanson d’Aiol qui d’ailleurs, étant donné sa date relativement ancienne108, pourrait avoir servi de modèle au RO. Le rapprochement entre les deux textes, qui a été fait depuis longtemps par Foerster109, est facilité par une même référence à la chanson parodique et scatologique d’Audigier : en effet Aiol, lorsqu’il entre dans la ville de Poitiers équipé, comme Florent, des vieilles armes rouillées de son père, se trouve confronté à une même foule moqueuse qui, comme celle de Paris, compare le héros à Audigier ou Raimberge110, ce qui se justifie d’autant plus qu’Audigier comporte également une scène parodique d’adoubement sor un fumier avec des armes sans valeur (et non vieilles : cf. laisse 16)111. Outre la possibilité d’une connaissance indépendante d’Audigier, la référence commune ne donne en soi aucune indication sur le sens de l’emprunt. Cependant les deux textes partagent une seconde référence commune à Arthur, banale dans le RO, où Florent est assimilé à un de chevaliers Arthu112, beaucoup plus mystérieuse dans Aiol, où le cheval Marchegai, qui tue d’un coup de sabot l’un des moqueurs, est comparé à l’un des cevaus le roi Artu : / ne peut consentir home que tout ne tut113 : faudrait-il alors interpréter la référence aux chevaliers d’Arthur dans le RO comme une lectio facilior de cette allusion quelque peu cryptique ?

À la différence du RO, Aiol offre en outre la particularité de développer longuement les scènes de railleries, auxquelles le héros est confronté non seulement à Poitiers (laisses 23-27) mais encore à Orléans, jusqu’à son altercation avec le personnage pour le moins haut en couleurs d’Hersent (laisse 70), la bouchère qui a le panche grose et le cul grant114. Ainsi, si l’on ne peut nier me semble-t-il la portée comique115 du motif dans Aiol, elle reste néanmoins assez limitée, voire ambiguë, dans la mesure où le héros, à cause de sa pitoyable apparence, est l’unique cible d’un rire non seulement réitéré avec insistance mais exclusivement hostile et quasiment généralisé. C’est que ces moqueries, comme le souligne à juste titre A. Ghidoni, ne doivent pas seulement prêter à sourire mais jouent aussi un rôle important dans l’épiphanie (pour reprendre le terme utilisé par le critique italien), dans la révélation du héros116. Si les lazzi de la foule ont sans aucun doute la même fonction dans le RO, l’auteur ne s’y attarde pourtant pas et développe le comique avec d’autres moyens, notamment dans la scène d’armement proprement dite, quand on voit Clément et Gladouain s’escrimer à sortir l’épée de son fourreau, alors que de tels développements sont absents d’Aiol, qui se contente de mentionner le don des vieilles armes par le père (laisse 8). La comparaison entre les deux textes permet donc de mettre en évidence un comique nettement plus affirmé dans le RO – ce qui d’ailleurs n’a en soi rien de très surprenant.

En effet, comme l’a récemment rappelé Alain Corbellari en ouverture de son édition du Voyage de Charlemagne à Constantinople et d’Audigier, justement intitulée L’Épopée pour rire, il existe un lien étroit et peut-être insuffisamment reconnu entre comique et chanson de geste, qui ne concerne pas seulement quelques cas exceptionnels, mais touche de façon plus ou moins notable de très nombreuses chansons, à commencer bien sûr par celles qui appartiennent au cycle de Guillaume d’Orange, mais bien d’autres aussi, et des plus anciennes, à tel point que les chansons les plus sérieuses, telle la Chanson de Roland, relèveraient bien plus de l’exception que de la règle117. Étant donné la multitude de formes que ce comique est susceptible de prendre, la diversité de ses tonalités (burlesque, humour, ironie, dérision, parodie, etc.), il est évidemment difficile de réduire sa présence à une seule explication. S’il fallait néanmoins envisager une espèce de justification globale à ce comique, valable je pense pour de nombreux épisodes ou personnages, c’est peut-être dans le contraste ou la respiration que le rire peut permettre de ménager au milieu de l’évocation d’exploits guerriers tous plus formidables les uns que les autres, une sorte d’antidote, si l’on veut, à l’exagération et à l’hyperbole, si caractéristiques de la chanson de geste118. Tel est d’ailleurs le rôle, me semble-t-il, que l’on peut assigner au personnage de Clément, particulièrement dans la séquence des armes rouillées, qui en même temps prélude aux futures prouesses guerrières de Florent (auquel personne, rappelons-le, n’a appris à se battre) et en même temps représente vis-à-vis d’elles une sorte de contrepoids ou de contrepoint ; de même les moqueries réitérées d’Aiol peuvent-elles servir à contrebalancer l’extraordinaire série d’exploits accomplis par le héros dès le début de sa carrière qui, de Bordeaux à Poitiers puis de Poitiers à Orléans, défait successivement (et en moins de mille vers) quatre Sarrasins, six voleurs, un lion, encore trois voleurs et trois chevaliers parents de son rival Macaire.

L’adoubement de Florent

Cette séquence est probablement celle où les divergences entre les deux pans de la tradition sont les plus marquées : il s’agit de l’adoubement de Florent par Dagobert, obtenu en récompense de ses exploits contre les Sarrasins et singulièrement pour avoir tué le géant Fernagu.

Dans le RO, la séquence119 se divise assez nettement en deux parties : d’une part l’annonce de l’adoubement, suscitant des réactions contradictoires de la part de Florent, enthousiaste, et de Clément, nettement plus réservé ; d’autre part l’adoubement lui-même, décrit avec un grand luxe de détails, et donnant lieu à une série de trois petites saynètes mettant en vedette les aptitudes comiques de Climent le vilain120. Dans la première partie, les réserves exprimées par Clément, d’ailleurs assez compréhensibles de la part d’un père aimant son enfant121, amènent Dagobert à proposer également l’adoubement à Climent le vilain, ce qui donne lieu, de la part de ce dernier, à cette étonnante profession de foi en vilainie :

« Voire, dist Climens, par diables,
Sire rois, laissés moi estier !
Je n’ai cure d’armes porter :
Li escus me seroit pesans,
Et li chevaus est trop corans ;
Heaume ne porroie souffrir,
Ne la lance mie tenir.
Si aime molt mex repouser,
Et mes deniers sovent conter ;
Mangier cras chapons et pertris,
Et boivre sovent de bon vins ;
La nuit deduire a ma mollier
Sovent acoler et baisier.
Foi que vos doi, biax sire rois,
Vos me dites come cortois
Et come prodom et senés :
Autre chose ne requerés !
N’ai que fere d’aler en ost.
Mes chevaus me portera tost :
Le col me puisse tot brisier
Au jor que seroi chevalier ! »
Li chevaliers grant joie en ont,
Quant le vilain entendu ont122.

Comme le montre la réaction des chevaliers, ce credo hédoniste, au-delà de sa portée idéologique opposant l’égoïsme du vilain jouisseur à l’abnégation du vaillant chevalier dévoué au bien commun (tel est du moins le portrait en creux que l’on peut en faire), semble avoir avant tout une visée comique, confirmant les aptitudes de Clément dans ce domaine. Ce n’est toutefois que dans la seconde partie de la séquence, l’adoubement lui-même, que le père adoptif donne la pleine mesure de ces aptitudes, d’abord en se montrant incapable de chausser correctement les éperons à Florent123 ; ensuite en chassant les jongleurs venus participer à la fête, comme on l’a vu en introduction de cette étude124 ; enfin en retenant les manteaux des convives125, afin de les contraindre à payer leur escot, ce qui suscite chez li baron tel risee / qui bien dura une luee126.

Les modifications qu’apporte à cette séquence le prosateur anonyme de FL montrent qu’il a été sensible à la dimension comique du personnage de Clément, tout en essayant peut-être de lui redonner une certaine dignité, en faisant complètement disparaître la profession de foi en vilainie, ainsi que la proposition d’adoubement de Dagobert, qui la suscite. En revanche, il ajoute deux nouvelles saynètes comiques aux trois déjà citées, en faisant à chaque fois intervenir Clément : la saynète de la quintaine, juste après celle des éperons127 ; et la saynète des chaulses brodees, juste après celle des manteaux128.

Quant au pan de la tradition représenté par FO et O, il offre une version très différente de la séquence, dont tous les éléments prêtant à rire sont purement et simplement absents, ce qui donne au personnage de Clément un rôle bien différent, et surtout bien plus mince. Il y a là une sorte de dissonance un peu surprenante par rapport à la séquence précédente, celle des armes rouillées, où sa fonction comique est bien affirmée dans toutes les versions ; peut-être s’agit-il encore, eu égard au statut de bourgeois ainsi qu’à l’évolution ultérieure du personnage, de lui conserver une certaine dignité en lui évitant de se montrer ouvertement ridicule. Si Clément émet encore des réserves à l’idée que son fils soit adoubé, c’est en fait pour des raisons exclusivement pécuniaires, que fait rapidement taire la promesse de riches dons, terre grant, / chevaulx et armeüres, or et argent luisant129.

Il faut préciser cependant que les jongleurs n’ont pas tout à fait disparu. Ils sont même encore bien présents, en ouverture et en clôture de la séquence d’adoubement, mais sous la forme on ne peut plus traditionnelle du « cliché rhétorique » volontiers associé à toute célébration festive, en l’occurrence au moment du retour à Paris de Florent, après ses exploits contre les Sarrasins130, puis lors des joutes qui suivent son adoubement131. Les jongleurs restent ainsi dans leur rôle habituel, auquel l’auteur du RO avait su les arracher de manière si originale.

Le vol du cheval du soudan par Clément

Cette dernière séquence confirme ce qui s’esquisse dans la précédente, en tout cas dans le RO : le personnage du père adoptif, sans perdre sa portée comique, devient un véritable adjuvant du héros, en allant voler pour lui le cheval merveilleux du soudan, Bondifer, plus blans que nois sauf la tête qui est rouge et nantie d’une corne ou front132 ; appelé Cornuel dans FO et O, l’animal se retrouve paradoxalement dépourvu de corne ainsi que de tout autre attribut merveilleux, du moins explicite, puisque l’on sait seulement qu’il est divers et fier133. Comme toujours, c’est le molt grant amor134 du père pour le fils qui motive les actes de Clément, amour également souligné dans FO135. Mais Clément – ce qui est somme toute nouveau, le personnage ayant pu apparaître jusqu’alors un peu stupide, en parfaite adéquation à son statut de vilain – sait aussi faire preuve de ruse en se déguisant, non sans avoir noirci son visage, en Sarrasin dans le RO ou en prisonnier sarrasin évadé dans FO et en mettant à contribution sa connaissance du sarrazinois136 ou du languaige esclavon137 acquise lors de son pèlerinage à Jérusalem. Dans le RO, il est explicitement dit que ce déguisement suscite le rire138, ce qui incite à placer une nouvelle fois sous le signe du comique l’ensemble de la séquence, qui de fait s’y prête parfaitement : en se présentant avec aplomb comme un expert en chevaux, Clément parvient à berner complètement le soudan en montant, malgré ses craintes (il a passé plus de XX ans / que seur cheval ne montoi139), sur son cheval sous prétexte de l’examiner et en s’en allant avec lui, non sans avoir au préalable distribué ou fait distribuer quelques coups de bâton (sur le cheval lui-même dans RO ou sur un vallet qui n’en peut mais dans FO). Aussi comique soit-elle, la scène ne s’en conclut pas moins par la mise en valeur du personnage qui, comme il le dit lui-même, a conquis son cheval come bon vilain140.

La comparaison des différentes versions ne suggère pas d’infléchissements notables à cette rapide analyse. En dépit d’un développement accru de la séquence dans la tradition représentée par FO et O, en dépit aussi d’un certain nombre de divergences de détail dont quelques unes ont déjà été relevées, les relations déjà établies entre les textes ne sont pas remises en cause, non plus que le statut acquis par le père adoptif de Florent, à la fois personnage comique et adjuvant valorisé du héros, cette dernière séquence confirmant sur ce plan l’évolution amorcée dans la précédente. Ce statut nouveau peut trouver une sorte de confirmation dans le rapprochement (déjà signalé par Foerster141) qu’il est possible de faire entre cette séquence et un épisode très similaire de la chanson d’Élie de Saint-Gilles (laisses 53-57142) où l’on voit le personnage de Galopin, mi-brigand, mi-enchanteur, dérober pour le donner au héros Prinsaut l’Aragon, cheval extraordinaire appartenant à l’émir Lubien. De nombreux points communs entre les deux épisodes (le vol a lieu lors d’un siège, Galopin se fait passer pour un marchand, il ne sait pas monter à cheval et roue Prinsaut de coups de bâton pour le faire obéir, etc.) mettent d’autant mieux en évidence les similitudes entre les deux personnages commettant par ruse un vol audacieux : ainsi associé à la catégorie des « Galopin épiques143 », Clément paraît se détacher de son statut initialement peu flatteur de vilain pour acquérir – par la grâce de son amour paternel ? – celui d’adjuvant pleinement valorisé, apte à combattre et digne même de régner, puisqu’il finit par devenir roi de Syrie dans la troisième partie de FO.

Conclusions

Au terme de ce parcours, on peut s’essayer à tirer quelques conclusions, concernant tout d’abord le personnage de Clément, qui au total me semble présenter des traits différents et une inégale importance dans les deux « branches » de la « geste d’Othovien ». Faisant incontestablement partie – ce qui est loin d’aller de soi pour un vilain et constitue une particularité remarquable – des personnages principaux du RO, et par conséquent de FL, Clément intervient à de nombreuses reprises dans le récit, mais avec des traits contradictoires, à la fois positifs (c’est un père aimant qui sert aussi d’adjuvant à Florent) et négatifs (incarnation de la vilainie, il apparaît globalement mal dégrossi et pas très futé), contribuant ainsi à une certaine complexité (incohérence ?) du personnage. Cette importance a bien été perçue par le prosateur anonyme de FL qui, en dépit de son adaptation très fidèle du RO, non seulement a ajouté des éléments comiques à l’épisode de l’adoubement, mais aussi, dans le dernier chapitre de son cru relatant finalement Comment Florent fut couronné roy d’Angleterre144, prend soin de préciser que Florent ne veult pas laisser Clement qu’il n’alast avec luy145, semblant ainsi rejoindre l’autre branche représentée par FO et en tout cas associant de manière indissoluble, dans le hors-texte d’un règne qui ne sera pas raconté, le père et le fils. En revanche, quoique présent bien plus longtemps dans FO, jusque dans la troisième partie où il est même promu roi de Syrie, Clément apparaît paradoxalement moins important, en tout cas dans la première partie, où plusieurs de ses interventions comiques sont supprimées ; parallèlement à l’« ennoblissement146 » du personnage passé du statut de vilain à celui de nobile bourgoys147, dont témoignent aussi ces suppressions, les aspérités de Clément sont presque toutes gommées (sauf l’avarice et la cupidité qu’il manifeste lors de l’adoubement) et ses traits négatifs en grande partie reportés sur sa femme, qui en même temps qu’elle gagne un nom se transforme en marâtre.

D’autres conclusions touchent aux liens entretenus entre les quatre versions de la « geste d’Othovien ». L’étude du personnage de Clément le confirme, la geste se subdivise sans aucun doute en deux « branches » regroupant chacune deux versions plus ou moins récentes dérivant l’une de l’autre : d’une part le RO et FL, d’autre part FO et O. Cette double filiation a beau être indiscutable, cela n’empêche pas entre la version plus ancienne en vers et sa contrepartie plus récente en prose un certain nombre de petits écarts, en général assez peu significatifs, mais qui témoignent me semble-t-il d’un véritable travail d’adaptation du texte source, à vrai dire nettement plus poussé dans la version bourguignonne d’O que dans FL, texte source qui dans l’un et l’autre cas n’est pas soumis à une « prosification » purement mécanique – à supposer d’ailleurs que ce type de « prosification » existe. Quant aux liens entre les deux « branches » de la geste, c’est-à-dire entre le RO et FO, même s’il est évident que les deux textes en vers suivent bien le même canevas, les différences de mise en œuvre sont tellement nombreuses qu’il ne me paraît pas évident, finalement, de faire dériver directement FO du RO ou d’un texte très proche, comme le suggère notamment N. Laborderie ; au contraire l’écart important que l’on ne peut manquer de constater entre les deux versions en vers autorise à postuler, me semble-t-il, l’existence d’une ou plusieurs autres versions perdues, dont peut-être une version en décasyllabes (voir plus loin).

Reste enfin la question générique. Eu égard à un certain nombre de thèmes ou de motifs associés au personnage de Clément (les enfances du héros, l’opposition des valeurs nobles et roturières, l’alliage de l’héroïque et du comique), et sans parler de bien d’autres aspects du texte (la guerre contre les Sarrasins, le combat contre le géant Fernagu ou les amours entre Florent et la princesse sarrasine Marsebille, etc.), il me paraît difficile de ne pas conclure avec Fr. Suard que « le texte, par son contenu et son style, est bien une chanson de geste148 », mais une chanson de geste adoptant la forme du roman, le couplet d’octosyllabes. L’un des seuls cas plus ou moins comparables à ma connaissance149, celui d’Ami et Amile, peut alors suggérer un scénario où le même récit épique (celui du roi Othevien et de ses deux fils Othevien le jeune et Florent) aurait existé sous quatre formes différentes.

1) La forme probablement la plus ancienne (fin du xiie ou début xiiie siècle ?) prise par ce récit serait celle d’une chanson de geste en décasyllabes, attestée dans le cas d’Ami et Amile, perdue dans le cas qui nous occupe mais qu’il me paraît possible de postuler pour les raisons déjà mentionnées ci-dessus. Une datation autour de 1200 de cette version hypothétique est suggérée par les rapprochements qu’il est possible de faire entre le RO et plusieurs chansons de cette période, qu’il s’agisse d’Hervis de Metz, des Enfances Vivien ou encore d’Aiol et d’Élie de Saint-Gilles.

2) À date également ancienne, ou relativement ancienne (rappelons que d’après Vollmöller le RO doit se situer grosso modo dans le deuxième quart du xiiie siècle), le même récit connaît une réélaboration ou une élaboration indépendante en couplets d’octosyllabes. Il pourrait s’agir là d’un phénomène plus spécifiquement propre au domaine anglo-normand, où de fait les chansons de geste conservées sont peu nombreuses150 et les cas de mixité ou d’indétermination générique (Roman de Horn, Beuve de Hamptone151, Roman d’Alexandre de Thomas de Kent) ne sont pas du tout exceptionnels ; ce qui prélude si l’on veut à la fusion du roman et de la chanson de geste qu’opérera le genre du romance en moyen-anglais, où l’on retrouvera aussi bien Roland qu’Arthur, Amis and Amiloun qu’Octovian. Dans le cas d’Amys e Amillyoun, la version anglo-normande en octosyllabes relève plus probablement d’une élaboration indépendante de la même histoire étant donné, en comparaison de la chanson d’Ami et Amile, la « radical concision152 » dont le récit fait preuve, par ailleurs dépourvu de tout trait épique ; tandis qu’il faudrait plutôt voir dans le RO la réélaboration en forme de roman d’un texte au départ épique – réélaboration effectuée en Angleterre à partir d’une chanson française continentale, comme la langue (problématique) du RO pourrait le laisser penser –, la présence de la chanson de geste étant très sensible dans le RO non seulement du fait de l’intrigue, des personnages, etc., comme cela a déjà été souligné, mais jusque dans la forme d’un certain nombre de vers à la tournure nettement formulaire153.

3) À date plus récente (au xive ou au début du xve siècle), la première chanson en décasyllabes fait l’objet d’une récriture et d’une amplification en alexandrins. Le cas est avéré en ce qui concerne Ami et Amile, dont la version en alexandrins, en un peu plus de 14000 vers, constitue une expansion considérable de la chanson initiale (assez fidèlement conservée dans les 2900 vers de la partie centrale), aussi bien en amont (4500 vers consacrés aux enfances d’Ami et Amile) qu’en aval (6700 vers s’attachant aux enfants des deux héros154) ; ce qui, en dépit de l’absence d’une version en décasyllabes, ne peut manquer de faire penser à FO qui en un peu plus de 18000 vers pratique une amplification d’un volume comparable, quoique sur un empan temporel nettement moindre puisqu’il n’est question des exploits d’Othon, le fils de Florent et Marsebille, qu’à la toute fin de la chanson.

4) Enfin, à date plus récente encore (surtout à partir de la seconde moitié du xve siècle), et dérivant de l’un ou l’autre des états antérieurs du même récit, apparaissent une ou plusieurs mises en prose, conservées le plus souvent soit sous forme manuscrite, comme c’est le cas pour O, soit sous forme imprimée, comme c’est le cas pour FL et pour Mille et Amys, mise en prose de la chanson en alexandrins dont l’état le plus ancien connu est un imprimé de Vérard probablement antérieur à 1507155.

Ainsi le rapprochement avec le cas d’Ami et Amile, ajouté au caractère foncièrement épique du RO et à la possible mise en doute de liens vraiment directs entre le RO et FO, suggère à mon sens de revenir à une hypothèse déjà ancienne, défendue notamment par K. Vollmöller et A. Krappe156, d’une chanson d’Othevien en décasyllabes : voilà où nous auront finalement menés Clément et les jongleurs !

Notes

1 S. Menegaldo, Le Jongleur dans la littérature narrative des xiie et xiiie siècles. Du personnage au masque, Paris, Champion, 2005 (Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, 74). Retour au texte

2 Ainsi cette scène n’est-elle pas signalée dans l’ouvrage pourtant fort complet d’Ed. Faral, Les jongleurs en France au Moyen Âge, Paris, Champion, 1910. Retour au texte

3 J’appelle Roman d’Othevien la version en octosyllabes conformément à l’incipit et à l’explicit du ms. unique ; le titre d’Octavian qui s’est imposé pour ce texte à partir de l’édition Vollmöller est à mon sens à bannir, correspondant à la forme germanique du nom Octavien ou Octave. Ce roman a jusqu’ici donné lieu à deux éditions : Octavian. Altfranzösischer Roman. Nach der Oxforder Handschrift Bodl. Hatton 100, éd. K. Vollmöller, Heilbronn, Henninger, 1883 (Altfranzösische Bibliothek, 3) ; C. A. Head, Octavian. A Critical Edition, PhD thesis, Chapel Hill, University of North Carolina, 1978 (thèse non publiée). Aucune de ces éditions n’est satisfaisante. Le principal mérite de l’éd. Head, contrairement à la première, est de ne pas oublier le v. 5158. Quant à celle de Vollmöller, objet de comptes rendus sévères mais utiles (cf. notamment G. Paris, Romania, t. 11, 1882, p. 609-614 ; A. Mussafia, Zeitschrift für Romanische Philologie, t. 6, 1882, p. 628-632), elle accuse surtout son âge, si l’on passe sur ses critères de transcription obsolètes, dans sa volonté de se rapprocher d’un hypothétique état originel (picard ?) du texte en gommant un grand nombre d’irrégularités graphiques et surtout métriques qui pourraient être dues à la copie (ou à la succession de copies) en Angleterre d’un récit (« eine alte Chanson de geste des 12. Jahrhunderts », Octavian, éd. cit., p. xviii) initialement composé sur le continent. J’avais commencé il y a longtemps une édition de ce texte difficile, finalement abandonnée. Il est à espérer que l’achèvement de la thèse entreprise par Jean-Philippe Llored sous la direction de Marie-Madeleine Castellani permettra enfin de le lire sous une forme satisfaisante. Retour au texte

4 RO, v. 3058-3129. Je cite non pas l’édition Vollmöller, dont les défauts ont été signalés, mais ma propre transcription du ms. Oxford, Bodleian Library, Hatton 100, effectuée alors que je travaillais à une édition de ce texte. Retour au texte

5 RO, v. 3068. Retour au texte

6 Cf. J.-P. Martin, Les Motifs dans la chanson de geste. Définition et utilisation, Paris, Champion, 2017 (Discours de l’épopée médiévale, 1) (nouvelle édition d’un ouvrage initialement paru en 1992). Retour au texte

7 S. Menegaldo, Le Jongleur, p. 87-90. Retour au texte

8 Ibid., p. 229-233. Retour au texte

9 RO, v. 3084-3087. Retour au texte

10 Ibid., v. 3116-3119. Retour au texte

11 Cf. ce que j’en dis dans S. Menegaldo, Le Jongleur, p. 396. Retour au texte

12 Ibid., p. 91-92. Retour au texte

13 Sur la paternité médiévale, cf. notamment le dossier « Être père à la fin du Moyen Âge » réuni par D. Lett dans les Cahiers de recherches médiévales, t. 4, 1997 (en ligne). Retour au texte

14 Pour un état de l’art, cf. les notices « Florent et Lyon » et « Florent et Octavien » de P. Di Luca dans le Nouveau répertoire de mises en prose (xive-xvie siècle), dir. M. Colombo Timelli, B. Ferrari, A. Schoysman et Fr. Suard, Paris, Classiques Garnier, 2014 (Textes littéraires du Moyen Âge, 30 – Mises en prose, 4), p. 239-244 ; p. 245-252. Retour au texte

15 Paolo Di Luca parle d’« adaptation presque littérale » (P. Di Luca, « Florent et Lyon », p. 240), ce qui d’ailleurs est peut-être excessif. Retour au texte

16 Édité (si l’on peut dire) dans Florent et Lyon. Wilhelm Salzmann : Kaiser Octavianus, éd. X. von Ertzdorff, U. Seelbach et Chr. Wolf, Amsterdam, Rodopi, 1993 (Internationale Forschung zur allgemeinen und vergleichenden Literaturwissenschaft, 4). Retour au texte

17 Florent et Octavien. Chanson de geste du xive siècle, éd. N. Laborderie, 2 vol., Paris, Champion, 1991 (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge, 17). Retour au texte

18 Tous mes remerciements à Matthieu Marchal qui a eu la gentillesse de me communiquer sa transcription du ms. de Chantilly. Sur ce ms., enluminé par le fameux Maître de Wavrin, cf. l’étude iconographique de M. Pérez-Simon, « L’image narratrice dans le roman d’Othovyen », dans L’Art du récit à la cour de Bourgogne. L’activité de Jean de Wavrin et de son atelier, éd. J. Devaux et M. Marchal, Paris, Champion, 2018 (Bibliothèque du xve siècle, 84), p. 331-347. Retour au texte

19 Clément n’intervient plus ensuite que lors des révélations finales (RO, v. 5291-5315), qui n’apportent rien de plus au personnage. Retour au texte

20 Sur la question des enfances, thème et « sous-genre » épique, cf. en dernier ressort l’étude très riche d’Andrea Ghidoni et sa bibliographie : A. Ghidoni, L’Eroe imberbe. Le enfances nelle chansons de geste : poetica e semiologia di un genere epico medievale, Alessandria, Edizioni dell’Orso, 2018 (Scrittura e scrittori. Nuova serie, 4). Retour au texte

21 Ainsi il est assez symptomatique, me semble-t-il, que le recueil Enfances « romanesques », PRIS-MA, t. 12, 1996 consacre autant de contributions à la chanson de geste qu’au roman lui-même… Retour au texte

22 Cas remarquable de discordance entre forme et contenu, le RO n’est pas pour autant le seul exemple de ce genre : outre Amys e Amillyoun (version en octosyllabes d’Ami et Amile), dont nous aurons à reparler, qu’on songe par exemple à Brun de la Montagne, au Lion de Bourges en octosyllabes, ou tout simplement aux différentes versions du Roman d’Alexandre. Retour au texte

23 Fr. Suard, Guide de la chanson de geste et de sa postérité littéraire (xie-xve siècle), Paris, Champion, 2011 (Moyen-Âge – Outils et synthèse, 4), p. 259. Retour au texte

24 Florent et Octavien, éd. cit., t. 1, p. cxxxvi. Retour au texte

25 Cf. l’étude bien connue de M. Stanesco, « D’armes et d’amour : la fortune d’une devise médiévale », Travaux de littérature, t. 2, 1989, repris dans D’armes et d’amours. Études de littérature arthurienne, Orléans, Paradigme, 2002 (Medievalia, 39), p. 325-347. Retour au texte

26 Présenté d’emblée comme un paumier […] / qui de Paris de France estoit (v. 508-509), il est accueilli à son retour par les borjois (v. 537) de Paris, sans qu’il soit dit explicitement qu’il en fasse partie. Retour au texte

27 RO, v. 960, 1089, 1106, etc. Retour au texte

28 Ibid., v. 1610-1626. Retour au texte

29 Ibid., v. 1618-1620. Retour au texte

30 Toujours en lien avec sa demeure : Climens estoit bien aisïés, / a Sain Germain fu herbergiés, / ses hosteaus fu et bons et beaus / et clos de tours tot au quarneaus (Ibid., v. 972-975). Retour au texte

31 Ibid., v. 1142-1143. Retour au texte

32 Le personnage est explicitement désigné comme Climent le changeur dans FO (t. 1, v. 2174) de même que dans O (chap. 21 et 22) ; dans FO il est également question du change (t. 1, v. 1308 et 1490) de Clément, autrement dit de sa boutique de changeur. Retour au texte

33 FO, t. 1, v. 1307-1308 et 1313-1314. On retrouve les mêmes réflexions, aussi peu filiales, dans O, chap. 15. Retour au texte

34 La avoit ung bourgois qui avoit maint florin, / il avoit nom Climent, molt ot cueur enterin, / bourgois fu de Paris (FO, t. 1, v. 882-884). Retour au texte

35 FO, t. 1, v. 1260, 1350, 1361, etc. Retour au texte

36 Ibid., v. 2512. Retour au texte

37 O, chap. 11. Retour au texte

38 FL, p. 188, l. 1 et 196, l. 2. Retour au texte

39 Ibid., p. 110, l. 6-8. Le texte est cité d’après l’édition citée de X. von Ertzdorff et U. Seelbach, dont la transcription strictement diplomatique est toutefois régularisée, en conformité avec la pratique habituelle en cette matière : dissimilation i / j et u / v, ajout si besoin d’accents aigus en finale, d’apostrophes, de majuscules et de signes de ponctuation, notamment guillemets, etc. Retour au texte

40 FO, t. 1, v. 2512. Retour au texte

41 RO, v. 494. Retour au texte

42 Ibid., v. 510. Retour au texte

43 La localisation de ce port n’est pas franchement plus précise dans les autres versions. Retour au texte

44 Sur ce sujet cf. la récente synthèse de S. Victor, Les Fils de Canaan. L’esclavage au Moyen Âge, Paris, Vendémiaire, 2019 (Retour au Moyen Âge). Retour au texte

45 Pour d’autres exemples littéraires, cf. J. N. Faaborg, Les Enfants dans la littérature française du Moyen Âge, Copenhague, Museum Tusculanum, 1997 (Études romanes de l’Université de Copenhague, 39), p. 74-76. Retour au texte

46 RO, v. 512. Retour au texte

47 RO, v. 526. Cette explication, absente dans FO et FL, se retrouve sous une forme un peu différente dans O, chap. 11, Clément déclarant : « au fort je n’ay pas encores d’enfant »Retour au texte

48 RO, v. 544. Retour au texte

49 Ibid., v. 551-552. Retour au texte

50 Ibid., v. 966-967. Retour au texte

51 FL, p. 46, l. 10-16. Retour au texte

52 Cf. la notice du Nouveau répertoire de mises en prose (xive-xvie siècle), citée plus haut, ainsi que P. Di Luca, « Pour une première approche de Florent et Lyon. Source, histoire éditoriale et morphologie de la mise en prose », dans Le Roman français dans les premiers imprimés, dir. A. Schoysman et M. Colombo Timelli, Paris, Classiques Garnier, 2016 (Rencontres, 147 – Civilisation médiévale, 17), p. 59-79, en particulier p. 76-78. Retour au texte

53 On notera, malgré la banalisation du prénom, le maintien de la même finale confirmant, s’il était besoin, la relation entre FO et O. Retour au texte

54 FO, t. 1, v. 906. Ce mensonge, de manière assez surprenante, disparaît de la mise en prose bourguignonne, où Clément se contente de dire à sa femme : « Dame, je vous apporte ung enfant, lequel j’ay achetté en terre de Sarazins » (O, chap. 11). En revanche il réapparaît, quoique sous une forme différente, dans FL, où il est dit de cette même épouse qu’elle creoit fermement que Clement l’eust engendré (p. 48, l. 13-14). Retour au texte

55 Normalement exclus de l’héritage au Moyen Âge, les enfants naturels pouvaient du moins bénéficier de legs par testament, faisant plus ou moins (selon les périodes et les régions) partie de la famille : cf. sur ce point Bâtards et bâtardises dans l’Europe médiévale et moderne, dir. C. Avignon, Rennes, PUR, 2016 (Histoire), en particulier l’Introduction de C. Avignon (p. 11-32) et, de la même, « Sans gens ni genus ? Configurations coutumières, reconfigurations pratiques de la condition de l’enfant illégitime (xiie-xve siècle) » (p. 135-145) ; et aussi R. Carron, Enfant et parenté dans la France médiévale : xe-xiiie siècles, Genève, Droz, 1989 (Travaux d’histoire éthico-politique, 49), en particulier p. 144-156 ; J. N. Faaborg, Les Enfants dans la littérature française du Moyen Âge, p. 57-70. Mes remerciements à Marco Maulu pour m’avoir suggéré cette explication. Retour au texte

56 Cf. Florent et Octavien, éd. cit., t. 1, p. cxxxvii-clv pour la comparaison elle-même et p. clv-clxi pour les conclusions qu’amène la comparaison, notamment sur le caractère progressif de l’amplification et le gain en vraisemblance. Retour au texte

57 Dans l’introduction de son édition citée, N. Laborderie ne semble pas mettre en doute les liens entre FO et le RO, désignant notamment le second comme le « modèle » (p. clv) de la première. Anticipant sur notre conclusion, il nous paraît que la possibilité de faire dériver la chanson en alexandrins d’une version antérieure et perdue en décasyllabes est tout autant envisageable. Retour au texte

58 RO, v. 513 : perpre vaut pour hyperpère, monnaie d’or byzantine. Retour au texte

59 FO, v. 885. Retour au texte

60 O, chap. 11. Retour au texte

61 FL, p. 46, l. 5. Retour au texte

62 Li marchant molt le gaberent : / « Mestre, dient cil qui la ierent, / deniers avés a bon marché, / bien avés vostr’ or enploié ! » (RO, v. 514-517). Cf. de même O, chap. 11 et FL, p. 46, l. 5-7. Retour au texte

63 FO, t. 1, v. 889 et 893. Retour au texte

64 RO, v. 969. Retour au texte

65 Ibid., v. 997. Les v. 996-997 du manuscrit (et de l’édition Vollmöller) sont à inverser pour le sens : car il est grans, menbrus et fors, / bien fait de menbres et de cors. Retour au texte

66 RO, v. 1171. Retour au texte

67 Ibid., v. 1233-1238. Retour au texte

68 J’emprunte cette formule à M. de Combarieu, « Le héros épique peut-il être un héros burlesque ou dérisoire ? », dans Burlesque et dérision dans les épopées de l’Occident médiéval, dir. B. Guidot, Besançon, Université de Besançon, 1995 (Annales littéraires de l’Université de Besançon, 558 – Littéraires, 3), p. 25-48 (cit. p. 26). Retour au texte

69 Pour lire ces épisodes, je me suis notamment appuyé sur C. Jones, The Noble Merchant : Problems of Genre and Lineage in « Hervis de Mes », Chapel Hill, University of North Carolina, 1993 (North Carolina studies in the Romance languages and literatures, 241), en particulier p. 81-87 ; Ph. Haugeard, Ruses médiévales de la générosité. Donner, dépenser, dominer dans la littérature épique et romanesque des xiie et xiiie siècles, Paris, Champion, 2013 (Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, 109), p. 176-185 (sur Hervis de Metz) ; C. F. Clamote Carreto, Contez vous qui savez de nombre… Imaginaire marchand et économie du récit au Moyen Âge, Paris, Champion, 2014 (Essais sur le Moyen Âge, 58), qui consacre trois chapitres à l’imaginaire marchand dans la chanson de geste (p. 219-288), dont un qui porte entièrement sur les Enfances Vivien (p. 237-267) ; A. Ghidoni, L’Eroe imberbe, p. 159-169. Cf. aussi B. Guidot, « Enfances, chevalerie et bourgeoisie : idéologie et pratique dans Hervis de Mes », dans Chanson de geste et réécritures, Orléans, Paradigme, 2008 (Medievalia, 68), p. 29-46 ; Id., « Les enfances de Vivien ont-elles un caractère romanesque ? », Enfances « romanesques », PRIS-MA, t. 12, 1996, p. 167-186 ; J.-Ch. Herbin, « Les enfances ‘romanesques’ de Hervis de Metz », Enfances « romanesques », PRIS-MA, t. 12, 1996, p. 27-37. Quoiqu’entretenant manifestement un lien privilégié avec la chanson de geste, on notera que les « enfances marchandes », ainsi qu’on pourrait les nommer, ne lui sont pas exclusives, puisqu’on les trouve aussi dans Guillaume d’Angleterre, par exemple. Retour au texte

70 Je paraphrase M. de Combarieu, « Le héros épique », p. 27. C. Jones parle pour sa part de l’opposition entre « aristocratic distribution and bourgeois accumulation » (C. Jones, The Noble Merchant, p. 82) ou encore, citant Ph. Walter, entre « une noblesse qui ne sait que distribuer l’argent qu’elle ne produit pas et une bourgeoisie qui produit la richesse sans la distribuer » (ibid., p. 84). Retour au texte

71 C. F. Clamote Carreto, Contez vous qui savez de nombre, p. 226. Retour au texte

72 Cf. Hervis de Mes, éd. J.-Ch. Herbin, Genève, Droz, 1992 (Textes littéraires français, 414), v. 380. Retour au texte

73 Le résumé des épisodes qui nous intéressent se trouve dans Hervis de Mes, éd. cit., p. lxxxi-lxxxiii. Retour au texte

74 Cf. Les Enfances Vivien, éd. M. Rouquier, Genève, Droz, 1997 (Textes littéraires français, 478), v. 540-541. Retour au texte

75 EV, v. 545. Retour au texte

76 Ibid., v. 865 et 867. Retour au texte

77 Le résumé des épisodes qui nous intéressent se trouve dans Les Enfances Vivien, éd. cit., p. xxxi-xxxiii. Retour au texte

78 Ph. Haugeard, Ruses médiévales de la générosité, p. 179. Retour au texte

79 EV, v. 1455. Retour au texte

80 Le terme apparaît respectivement chez C. Jones, à propos d’Hervis de Metz – « the hero manages to achieve a synthesis of the two social roles he has inherited » (C. Jones, The Noble Merchant, p. 84) – et chez C. Clamote Carreto, à propos des EV : « le récit s’ouvre vers la possibilité d’une synthèse qui, sans faire ouvertement l’apologie d’une économie monétaire au détriment de l’éthique chevaleresque et guerrière (ou vice-versa), réhabilite toutefois l’image et la fonction socio-politique des marchands élevés au rang de chevaliers par le biais des batailles menées contre les Sarrasins » (C. F. Clamote Carreto, Contez vous qui savez de nombre, p. 239). Retour au texte

81 RO, v. 1113. Retour au texte

82 Ibid., v. 1229. Retour au texte

83 Le texte du RO n’est pas tout à fait clair sur ce point, les v. 1230-1231 (la l’eüst malement batu, / quant sa famme li a tolu), qui laissent entendre que Clément a été arrêté par sa femme avant d’avoir eu le temps de battre son fils, étant contredits par les excuses que présente ensuite le père, v. 1240 (« Je l’a batu, ore me repent »). Retour au texte

84 Comme Clément le dit lui-même à Florent : « se je ne vous amasse tant, / je vos batisse ja si bien / de ce baston que je ci tien, / jamés ne feussiés honorés » (v. 1111-1114). Retour au texte

85 FO, t. 1, v. 1408. Retour au texte

86 Ibid., v. 1726. Retour au texte

87 HM, v. 424-454. Retour au texte

88 FO, t. 1, v. 1294. Retour au texte

89 Ibid., v. 1459 et 1462-1463. Retour au texte

90 Florent et Octavien, éd. cit., t. 2, p. 604 (v. 1459-1463). Retour au texte

91 Cf. Hugues Capet, éd. N. Laborderie, Paris, Champion, 1997 (Les Classiques français du Moyen Âge, 122), cit. v. 62 et 91. Plus généralement sur l’image du boucher au Moyen Âge, cf. Fl. Vigneron, « Les bouchers ‘méchantes gens’ : l’image d’un métier déprécié dans la littérature médiévale », dans Métiers et marginalité dans la littérature, dir. A. Bouloumié, Angers, Presses de l’Université d’Angers, 2004 (Recherches sur l’imaginaire, 30), p. 69-82. Retour au texte

92 O, chap. 15. Retour au texte

93 Ibid., chap. 16. Retour au texte

94 FL, p. 72, l. 26-p. 74, l. 14. Retour au texte

95 RO, v. 2103. Retour au texte

96 Ibid., v. 2109. Retour au texte

97 Ibid., v. 2115. Retour au texte

98 Ibid., v. 2198. Retour au texte

99 Ibid., v. 2203. Retour au texte

100 RO, v. 2225-2230. Retour au texte

101 FO, t. 1, v. 2560. Retour au texte

102 RO, v. 2282 et 2285. Retour au texte

103 Si l’on en croit les Règles de la seconde rhétorique, Audigier devait encore être connu au début du xve siècle, mais peut-être pas beaucoup au-delà : cf. L’Épopée pour rire. Le Voyage de Charlemagne à Jérusalem et à Constantinople, et Audigier, éd. et trad. A. Corbellari, Paris, Champion, 2017 (Champion Classiques – Moyen Âge, 45), p. 69. Retour au texte

104 FL, p. 142, l. 17. Retour au texte

105 Pour être tout à fait exact, les coups de bâton de Clément disparaissent dans FL mais se retrouvent à un autre moment dans O (chap. 30), quand Florent rentre à Paris après avoir tué Fernagu : Ainsy tout parlementant le congnestable et Flourent entrerent dedens Paris et droit a l’entree de la porte trouverent l’empereur et le roy qui les recheurent en grant reverence et le misrent en le moyesne d’eulx deux et ainsy chevaulcherent jusques au palais et furent plus de deux eures ains que la peuissent venir, car tant y avoit de peuple pour venir voir l’enfant que increable seroit de le dire, mais sachiés que Climens et Clodoains estoient tant joieulx que plus on ne porroit dire ne raconter. Et menoient Flourent par la rengne du cheval chascun ung baston en la main et frappoient a destre et a senestre pour la grant presse qui autour d’eulx estoit. Moult estoit Climens joieulx de son filz a qui on faisoit tant d’onneur. Il est probable qu’il puisse s’agir aussi bien d’un souvenir de la tradition représentée par le RO que d’une innovation individuelle. Retour au texte

106 Cf. RO, v. 2317-2322, 2365-2370, 2389-2392, etc. Retour au texte

107 Climens i a main cop doné / et maint Sarrazin enversé (RO, v. 2737-2738). Retour au texte

108 J.-M. Ardouin, le dernier éditeur de ce texte, situe la chanson, telle qu’elle nous est parvenue dans le manuscrit unique Paris, BnF, fr. 25516, « entre la fin du xiie siècle et le début du xiiie siècle » : cf. Aiol, éd. J.-M. Ardouin, Paris, Champion, 2016 (Les Classiques français du Moyen Âge, 176), p. 103. Mais la chanson a très certainement connu des réalisations plus anciennes, peut-être du milieu du xiie siècle, si l’on en croit notamment l’allusion au héros que l’on trouve dans un poème de Raimbaut d’Orange. Sur le rapprochement entre Fergus et Aiol, cf. Ph. Bennett, « Aiol et Fergus : deux débuts sauvages », dans Le Souffle épique : l’esprit de la chanson de geste. Études en l’honneur de Bernard Guidot, dir. S. Bazin-Tacchella, D. de Carné et M. Ott, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2011 (Écritures), p. 461-467. Retour au texte

109 Cf. Aiol et Mirabel und Elie de Saint Gille, éd. W. Foerster, 2 t. en 3 vol., Heilbronn, Henninger, 1876-1882, t. 1, p. xxvi-xxvii. Retour au texte

110 Cf. Aiol, éd. cit., v. 953 et 992-993. Retour au texte

111 Nous lisons le texte dans l’édition d’A. Corbellari dans L’Épopée pour rire (cit. v. 186). Retour au texte

112 RO, v. 2282. Retour au texte

113 Aiol, éd. cit., v. 936-937 : allusion mystérieuse, que la note de J.-M. Ardouin ne parvient pas vraiment à éclaircir, pas plus que n’y sont parvenus, à notre connaissance, les éditeurs antérieurs du texte, W. Foerster ou J. Normand et G. Raynaud. Retour au texte

114 Aiol, éd. cit., v. 2689. Noter que les personnages de la marchecliere (v. 2700), autrement dit de la bouchère, Hersent et de son époux sont présentés comme enrichis par l’épargne et par l’usure (v. 2667), ce qui rappelle le reproche qu’adresse Vivien à ses parents adoptifs : « Usurier senble qui tant d’avoir amasse » (EV, v. 854). Retour au texte

115 Sur le comique dans Aiol, cf. notamment P. Le Rider, « Le rire dans Aiol », Enfances « romanesques », PRIS-MA, t. 12, 1996, p. 57-74 ; Fr. Suard, « Gabs et révélation du héros dans la chanson d’Aiol », dans Burlesque et dérision dans les épopées de l’Occident médiéval, p. 59-78 ; Cl. Roussel, « Emplois et contre-emplois épiques du burlesque. Le cas d’Aiol », dans Poétiques du burlesque, dir. D. Bertrand, Paris, Champion, 1998 (Champion-varia, 27), p. 147-162. Plus largement sur cette chanson, on pourra consulter les différents travaux publiés par S. Obergfell Malicote, en particulier « ‘Cil novel jougleor’ : Parody, Illumination and Genre Renewal in Aiol », Romania, t. 120, 2002, p. 353-405. Retour au texte

116 Cf. A. Ghidoni, L’Eroe imberbe, p. 332-342. Retour au texte

117 L’Épopée pour rire, p. 8. De même Cl. Roussel note que « l’inclusion de séquences à tonalité burlesque dans la littérature épique médiévale remonte selon toute vraisemblance aux origines mêmes de la chanson de geste. » (Cl. Roussel, « Emplois et contre-emplois épiques du burlesque. Le cas d’Aiol », p. 147). Retour au texte

118 Sur la question des liens qu’entretiennent chanson de geste et comique, faute à ma connaissance d’une étude d’ensemble sur le sujet, on pourra par exemple se reporter à Ph. Ménard, Le Rire et le sourire dans le roman courtois en France au Moyen Âge (1150-1250), Genève, Droz, 1969 (Publications romanes et françaises, 105), qui consacre un chapitre liminaire au « rire dans les chansons de geste du xiie siècle », p. 19-144, utile en dépit de son côté catalogue un peu fourre-tout ; à M. Rossi, Huon de Bordeaux et l’évolution du genre épique au xiiie siècle, Paris, Champion, 1975 (Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, 2), en particulier p. 436-438 ; à Burlesque et dérision dans les épopées de l’Occident médiéval, dir. B. Guidot, recueil déjà cité ; enfin à Fr. Suard, « La place du comique dans l’épique », et à D. Boutet, « Le rire et le mélange des registres : autour du cycle de Guillaume d’Orange », tous deux dans Plaisir de l’épopée, dir. G. Mathieu-Castellani, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 2000 (Créations européennes), respectivement p. 23-39 et 41-53. Il est possible en outre que le cadre des enfances soit particulièrement propice à l’éclosion du comique : cf. sur ce point S. Taylor, « Comic Incongruity in Medieval French Enfances », Romance Quarterly, t. 35, 1988, p. 3-10 (non consulté) et A. Ghidoni, L’Eroe imberbe, p. 332-342. Retour au texte

119 RO, v. 2887-3204. Retour au texte

120 Ibid., v. 2854. Retour au texte

121 Voici la réponse que fait Clément à la proposition de Dagobert, qui montre bien l’inquiétude que peut éprouver un père qui n’est pas lui-même chevalier à voir son fils s’engager dans le métier des armes : « Laissiés mon fil, biax sire chers, / ne veil pas qu’il soit chevaliers ; / ains le prendroi a mon mestier, / mes deniers le feroi changier. / Se en bataille estoit ocis / et de Sarrazins entrepris, / vous n’en donriés pas un besant. / Laissiés, biax sire, mon enfant ! / Tant come je vif, chevaliers ne sera, / de chevalier n’armes avra » (RO, v. 2933-2942). On trouve un constat similaire à propos des risques encourus sur le champ de bataille dans la bouche de Mabile, la mère adoptive de Vivien : « Armes porter soient les maleoites / que leur seignors font gesir janbes droites / et l’ame aler sanz congié de provoire / dedenz enfer sanz eve benoiete » (EV, v. 580-583). Retour au texte

122 RO, v. 2958-2980. Retour au texte

123 Ibid., v. 3034-3057. Retour au texte

124 Ibid., v. 3058-3129. Retour au texte

125 Ibid., v. 3158-3204. Retour au texte

126 Ibid., v. 3195-3196 ; cf. aussi v. 3204. Retour au texte

127 Le roy fist une quintayne en ung jardin dresser de deux haubers maillés menu qui furent a la quintayne astachez et deux escus fors et nouveaulx, et la fut Florent mené ; les chevaliers a cheval monterent pour le damoysel regarder. Le roy Dagobert luy dist : « Amy Florent, faites l’usaige du pays ! Vous devez ung coup frapper a la quintayne. » Adonc Clement dist : « Sire roy, icy a fol usaige : il vaulsist mieulx son coup sus les Sarrazins employer que frapper dessus ses haubers ! » Et quant les seigneurs ouyrent ainsi parler Clement, ilz se prindrent tous a ryre. (FL, p. 190, l. 5-13). Retour au texte

128 Atant firent seoir Florent le nouveau chevalier sur ung drap d’or et chaulses brodees eut chaulsees qui moult riches furent. Et quant Clement ses chaulses vit, si luy dist : « Beau filz, pourquoy avez vous ses chaulses chaulsees ? Unes bonnes chaulses de gris vaulsissent mieulx ! » Alors chascun se print a rire. (FL, p. 200, l. 3-7). Retour au texte

129 FO, t. 1, v. 3171-3172 ; cf. aussi v. 3243-3247. Retour au texte

130 Ibid., v. 3122-3129. Retour au texte

131 Ibid., v. 3270-3271. Retour au texte

132 RO, v. 4054-4058. Retour au texte

133 FO, t. 1, v. 5021. Retour au texte

134 RO, v. 4036. Retour au texte

135 FO, t. 1, v. 4922 et 4942. Retour au texte

136 RO, v. 4094. Retour au texte

137 FO, t. 1, v. 4886. Retour au texte

138 RO, v. 4072 et 4091. Retour au texte

139 Ibid., v. 4197-4198. Retour au texte

140 Ibid., v. 4311 ; cf. aussi v. 4100. Retour au texte

141 Cf. Aiol et Mirabel und Elie de Saint Gille, p. xxvii. Retour au texte

142 Nous utilisons l’édition de B. Guidot, Élie de Saint-Gilles, Paris, Champion, 2013 (Les Classiques français du Moyen Âge, 171). Retour au texte

143 P. Jonin, « Les Galopin épiques », dans Actes du VIe Congrès International de la Société Rencesvals, Aix-En-Provence, 1974, p. 731-745. Retour au texte

144 FL, p. 310, l. 1. Retour au texte

145 Ibid., p. 312, l. 5-6. Retour au texte

146 Florent et Octavien, éd. cit., t. 1, p. clviii. Retour au texte

147 Ibid., v. 2512. Retour au texte

148 Fr. Suard, Guide de la chanson de geste, p. 259. Cet avis est précisé et confirmé dans une contribution récente de Fr. Suard dont je n’ai pu prendre connaissance qu’une fois la présente étude à peu près achevée. Cf. Fr. Suard, « Les habits surprenants de la chanson de geste. À propos d’Othevien (ms. Oxford, Bodleian Library, Hatton 100) », dans De la Pensée de l’Histoire au jeu littéraire. Études médiévales en l’honneur de Dominique Boutet, dir. S. Douchet, M.-P. Halary, S. Lefèvre, P. Moran et J.-R. Valette, Paris, Champion, 2019 (Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, 127), p. 333-348, en particulier p. 347 : « Othevien est donc bien conçu par son auteur comme une chanson de geste procédant suivant le type de la chanson d’aventures, qui associe, comme on sait, la lutte contre l’ennemi de la foi ou du lignage à divers motifs de conte folklorique. ». Retour au texte

149 L’autre cas auquel on peut penser, particulièrement atypique toutefois, est celui du Lion de Bourges en octosyllabes, conservé dans le ms. Paris, BnF, fr. 351. Comme le note Cl. Roussel, « transcrire en octosyllabes à rimes plates une chanson de geste composée en alexandrins constitue, en plein xve siècle, au moment où triomphe la prose, une entreprise insolite » qui aboutit en l’occurrence, étant marqué par « une déconcertante hétérométrie », à « un texte profondément hybride, qui ne se contente pas de juxtaposer les mètres épiques (décasyllabes, alexandrins) et l’octosyllabe romanesque, mais laisse percevoir un glissement vers la prose, sensible non seulement dans l’insertion des rubriques, mais également dans le dérèglement plus ou moins marqué du vers » (Cl. Roussel, « Lion de Bourges (BnF, fr. 351), une mise en prose en octosyllabes ? », dans Poétiques de l’octosyllabe, dir. D. James-Raoul et Fr. Laurent, Paris, Champion, 2018 (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge, 25), p. 173-188, cit. p. 175, 184 et 187). Retour au texte

150 Cf. le répertoire de R. Dean, Anglo-Norman Literature. A Guide to Texts and Manuscripts, Londres, Anglo-Norman Text Society, 1999 (Anglo-Norman Text Society. Occasional publications series, 3), p. 51-51, n°76 à 82.2. Cf. aussi M. Ailes, « Fierenbras. Anglo-Norman Devlopments of the Chanson de Geste », Acts of the Seventeenth International Congress of the Société Rencesvals, Olifant, t. 25, 2006, p. 97-109. Retour au texte

151 Signe de cette indétermination, Beuve de Hamptone est classé comme roman dans le répertoire de R. Dean, Anglo-Norman Literature, p. 89-90, n°153, tandis qu’une étude récente de Cl. Galderisi le définit comme « geste romanesque » (« Les chameaux d’Aristote et la geste romanesque de Beuve de Hamptone », dans Matières à débat, dir. Chr. Ferlampin-Acher et C. Gîrbea, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017 (Interférences), p. 417-430). De son côté – ce qui est une autre façon de souligner les particularités du texte – le dernier éditeur de Beuve de Hamptone en parle comme d’une « chanson de geste pleinement anglo-normande », relevant d’un « traitement spécifiquement anglo-normand du genre épique », dans Beuve de Hamptone. Chanson de geste anglo-normande de la fin du xiie siècle, éd. et trad. J.-P. Martin, Paris, Champion, 2014 (Champion Classiques – Moyen Âge, 38), cit. p. 71. Retour au texte

152 S. Dannenbaum, « Insular Tradition in the Story of Amis and Amiloun », Neophilologus, t. 67, 1983, p. 611-622 (cit. p. 612). Cet article, qui compare le romance en moyen-anglais à la version anglo-normande, est l’une des rares études consacrées à cette dernière avec celle de M. de Combarieu, « Une extrême amitié », dans Ami et Amile. Une chanson de geste de l’amitié, dir. J. Dufournet, Paris, Champion (Unichamp, 16), 1987, p. 15-38, qui pour sa part compare Amys e Amillyoun à Ami et Amile. En revanche cette même version anglo-normande a donné lieu à pas moins de trois éditions différentes : Amys e Amillyoun, éd. H. Fukui, Londres, Anglo-Norman Text Society, 1990 (Plain Texts Series, 7) ; Amys and Amylion, éd. Fr. Le Saux, Exeter, University of Exeter Press, 1993 (Exeter Medieval English Texts and Studies) ; Anglo-Norman Amys e Amilioun : The Text of Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, MS. 345 (olim Codex Durlac 38) in Parallel with London, British Library, MS Royal 12 C. XII, éd. J. Ford, Oxford, Society for the Study of Medieval Languages and Literature, 2011 (Medium Ævum Monographs, 27). Retour au texte

153 Le RO comporte en effet, de manière à ma connaissance exceptionnelle pour un roman, un certain nombre de vers « formulaires » qui se répètent à l’identique ou presque tout au long du texte, ainsi Que molt estoit et gente et bele (v. 1830, 3344, 3925, 4485), Que nus n’en ose a lui issir (v. 2096, 2151, 2307), La lance brandi maintenant (v. 2351, 3989, 4441), L’escu contre son pis serra (v. 3816, 4442, 4568, 4618), Maint Sarrazin a craventé (v. 4467, 4681, 4821), Maint Sarrazin i trebouchoit (v. 4516, 4521, 4570), etc. Retour au texte

154 J’emprunte ces données chiffrées à J.-P. Martin, « Les nouvelles aventures d’Ami et Amile au xve siècle », dans Façonner son personnage au Moyen Âge, dir. Ch. Connochie-Bourgne, Aix-en-Provence, Publications de l’université de Provence, 2007 (Senefiance, 53), p. 223-232. Retour au texte

155 Cf. la notice « Milles et Amys » d’A. Velissariou dans le Nouveau répertoire de mises en prose (xive-xvie siècle), p. 573-583 ; ou encore, Ead. « Michel Le Noir et Antoine Vérard, éditeurs de Milles et Amys », dans Raconter en prose (xive-xvie siècle), dir. P. Cifarelli, M. Colombo Timelli, M. Milani et A. Schoysman, Paris, Classiques Garnier, 2017 (Rencontres, 279 – Civilisation médiévale, 21), p. 287-300. Retour au texte

156 Cf. Octavian, éd. cit., p. xviii et A. H. Krappe, « Florent et Octavian », Romania, t. 65, 1939, p. 359-373, ce dernier toutefois manquant sans aucun doute de prudence lorsqu’il parle d’emblée d’une « chanson de geste perdue (O), beaucoup plus courte et infiniment plus simple, datant sans doute du xiie siècle » (p. 359). Retour au texte

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Référence électronique

Silvère Menegaldo, « Clément et les jongleurs dans la geste d’Othovien. Le personnage du père adoptif, ses valeurs bourgeoises et sa portée comique dans les enfances de Florent, du roman en octosyllabes aux versions en prose », Bien Dire et Bien Aprandre [En ligne], 34 | 2019, mis en ligne le 11 avril 2022, consulté le 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/607

Auteur

Silvère Menegaldo

Université de Tours – CESR

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