L'identification et l'étude de l'origine des matériaux constituant les outils en pierre préhistoriques s'inscrivent dans une large perspective de recherche sur les comportements socio-économiques des communautés humaines concernées. Au IIIe millénaire BC, l'outillage lithique et macrolithique des populations du nord de la France repose essentiellement sur l'exploitation des roches sédimentaires (silex et grès) locales et régionales. La caractérisation des territoires d'acquisition des matériaux lithiques au Néolithique final fait l'objet de travaux menés, d'une part, dans le cadre du PCR « Géoarchéologie du silex de la craie dans le nord-ouest de la France » [Programme Collectif de Recherche conduit par Jacques FABRE, retraité de l'Université de Picardie - Laboratoire de Géologie, entre 2002 et 2006] (Allard et al., 2010) et, d'autre part, dans le cadre de la recherche collective pluriannuelle sur « Le Néolithique final dans le nord de la France : une approche pluri-disciplinaire du IIIe millénaire avant notre ère, entre Deûle et Escaut » [Axe de Recherche Collective de l'INRAP initié en 2008, coordonné par Emmanuelle MARTIAL et Ivan PRAUD] (Martial & Praud, 2011). L'approvisionnement en silex se fait majoritairement en position primaire dans les affleurements des différents étages du Crétacé supérieur (Turonien et « Sénonien »). L'emploi d'altérites (silex récoltés sur gîte secondaire) est minoritaire. Ces silex, abondants et de qualité variable, sont employés pour une production d'éclats utilisés comme supports pour l'outillage domestique (Fig. 1 : 1-3). Parallèlement, certains produits finis relevant de savoir-faire élevés, grandes lames (Fig. 1 : 4) et haches (Fig. 1 : 5), sont originaires d'ateliers spécialisés situés à plus ou moins longue distance. L'importance de ces importations et la diversité de leurs origines se sont accentuées au Néolithique final.
Le macro-outillage (Fig. 1 : 6) est lié aux activités de mouture (meules et molettes), d'abrasion (polissoirs), de broyage (broyons) et de débitage (percuteurs, enclumes) pour lesquelles divers faciès de grès aux propriétés mécaniques différentes (grès quartzites de forte cohésion majoritaires et grès fins moins compacts) ont été exploités (Martial et al., 2011 ; Martial & Monchablon, 2010 ; Monchablon, 2014). Ils proviennent des formations sableuses éocènes du Landénien largement répandues dans la région, en bordure de la plaine de Flandre et du Bassin d'Orchies et au sommet de buttes « tertiaires » résiduelles. Il semble qu'à la fin du Néolithique, l'acquisition des blocs se fait par extraction sur gisement primaire (Bostyn et al., 2014). Ainsi, outre les aspects techno-fonctionnels qui caractérisent les productions lithiques du Néolithique final du nord de la France, l'étude de ces assemblages alimente la réflexion sur les relations homme/milieu en abordant, en particulier, les modes d'exploitation et de gestion des ressources naturelles ainsi que le territoire des populations du IIIe millénaire BC.