Situées sur le littoral du Boulonnais au sud du Cap Gris-Nez, les dunes de la Slack se développent sur une distance d’environ deux kilomètres entre le village d’Ambleteuse au nord et la Pointe aux Oies au sud (Fig. 1). Ces dunes holocènes sont limitées à la base par deux niveaux tourbeux qui affleurent largement sur l’estran où de nombreuses souches d’arbres (aulnes, bouleaux, chênes, noisetiers) sont visibles à marée basse. À quelques centaines de mètres au sud de l’estuaire de la Slack et sur une courte distance, des dépôts plus anciens affleurent périodiquement sous les dunes holocènes à la faveur des tempêtes qui attaquent le rivage. Il s’agit de la Formation pléistocène de la Slack, définie par Bonte & de Heinzelin (1966) et qui présente la succession lithologique suivante d’après la description publiée par Bonte & Broquet (1963), soit du haut vers le bas :
(4) sables jaunâtres à litage oblique, incluant des lentilles de grès ferrugineux (épais d’environ 3 m) ;
(3) cailloutis de silex et grès à matrice sableuse rougeâtre (3 à 4 m) ;
(2) argiles brunes ou rougeâtres, finement litées (10 à 12 m), dans lesquelles s’insèrent des lits sableux à litage oblique, centimétriques à pluri-décimétriques. Les argiles contiennent des concrétions carbonatées et présentent un faciès « d’argiles à biscuits » ;
(1) conglomérat constitué de galets de silex et de grès emballés dans une matrice de sables grossiers (0 à 0,50 m). Ce cailloutis basal repose sur les Grès et Calcaires tithoniens de la Pointe aux Oies à la surface desquels a été trouvée sur l’estran, dans les années 1960, une industrie à rognons de silex taillés du Paléolithique inférieur.
La formation de la Slack est aujourd’hui attribuée au Pléistocène moyen (Cromérien) sur la base de l’industrie à rognons de silex taillés et interprétée comme représentant le remplissage d’un ancien estuaire de la Slack par des sédiments crétacés remaniés (Bonte & Broquet, 1963 ; Lefèvre & Sommé, 2007).
Au cours de l’hiver 2019-2020, le pied des dunes de la Slack a été fortement érodé à la suite de violentes tempêtes de SW survenues lors de marées de vives eaux, mettant à nu de façon éphémère la base de la série pléistocène et son substratum tithonien. Le fluage du sable a depuis fortement dégradé l’affleurement. La Formation de la Slack restant le plus souvent masquée et n’ayant jamais fait l’objet d’illustrations photographiques, il semble intéressant de combler ce manque. La figure 2 présente un panorama de l’affleurement et la figure 3 une vue rapprochée. Au-dessus des Calcaires de la Pointe aux Oies (Tithonien terminal à faciès purbeckien) à structures en « chou-fleur », les deux unités inférieures de la Formation de la Slack sont bien visibles sur une hauteur d’environ 2 m : le conglomérat basal surmonté des « argiles à biscuits ». Au sein du conglomérat, les galets sont de nature (grès et silex essentiellement), de formes et de tailles variées (centimétriques à décimétriques). Cette unité lithologique est absente dans la partie sud de l’affleurement, ou préservée uniquement dans les dépressions du Jurassique sous forme de galets piégés, puis se développe vers le nord où elle atteint 50 cm. Les « argiles à biscuits » sont quant à elles en contact direct avec le Jurassique au sud de la coupe, mais surmontent le conglomérat plus au nord. Il s’agit d’une alternance de fins lits d’argiles brunes et de sables ocres contenant des plaquettes d’oxydes de fer. De nombreuses concrétions carbonatées sont présentes dans certains lits, dont quelques-unes sont illustrées dans la figure 4. Celles-ci ont des formes aplaties avec des contours variés, une épaisseur de 2 à 10 mm et un diamètre de 1 à 5 cm. Les plus claires présentent des fentes radiales sur les bords et parfois sur l’ensemble de leur surface. Les nodules, ocres, présents dans d’autres lits, sont plus sableux et de forme plus régulière.
Remerciements. — M. Francis Amédro (Calais) m’a aidé à mettre en forme les observations de terrain. Qu’il en soit chaleureusement remercié.