1966 est l'année du début du déménagement de la Faculté des sciences de l'Université de Lille sur le nouveau campus d'Annappes, petite ville d'environ 10 000 habitants qui fusionnera en 1970 avec les communes d'Ascq et de Flers-lez-Lille pour créer la ville nouvelle de Villeneuve d'Ascq, en périphérie est de Lille. 1966 est aussi la dernière année de la Propédeutique. Les étudiants qui s'orientaient vers la Géologie suivaient la « Propé SPCN » (Sciences physiques, chimiques et naturelles). Dès la rentrée d'octobre 1966, la réforme Fouchet amènera un Premier Cycle sous forme de DUES (Diplôme Universitaire d'Etudes Scientifiques) en deux ans, avec des options : MP, PC, CB-BG en première année, CB et BG étant séparés en seconde année. Le nouveau campus est en construction : le premier Département à s'installer est celui des Sciences de la Terre, qui s'installe au SN5 à la fin de l'été. Néanmoins, la Société géologique du Nord (SGN) a continué de se réunir dans ses locaux historiques du centre-ville de Lille, à l'ancienne Faculté des sciences, au 23 de la rue Gosselet. Le conseil d'administration, élu à la séance du 5 janvier, est composé de :
Président d'Honneur : M. Pierre PRUVOST
Président : M. Pierre DOLLE
Première Vice-Présidente : Mme Simone DEFRETIN
Vice-présidents : Mlle Dorothée LE MAÎTRE & M. Gérard WATERLOT
Secrétaire : M. Jean PROUVOST
Secrétaire adjoint : M. Jacques PAQUET
Trésorier : M. l'Abbé Gilbert TIEGHEM
Déléguée aux publications : Mme Paule M. CORSIN (ex DANZE-CORSIN)
Archiviste bibliothécaire : M. Emile MERIAUX
Conseillers : MM. Charles DELATTRE, Alphonse BEUGNIES, René MARLIERE, Alexis BOUROZ, Paul CORSIN & Paul CELET.
On peut évaluer le nombre de membres de la SGN en 1966 d'après la liste des membres publiée dans le tome LXXXV de 1965 des Annales (328), en y ajoutant les membres élus au cours des séances mensuelles de 1966 : 4 le 5 janvier, 2 le 2 février, 2 le 30 mars, 2 le 1er juin, moins trois décès, ceux de MM. Louis Dollé, J. Chavy et Edmond Leroux, tous trois anciens présidents de la SGN, respectivement en 1926, 1936 et 1958 (Bonte, 1966 ; Blieck et al., 2014, tabl. 2 – où s'est glissée une erreur concernant le prénom de M. Leroux). Ce qui amène à un total de 335, proche du maximum de membres enregistré au cours de l'histoire de la SGN, dans les années 1967 à 1973 (343 puis 344). En 1966, la SGN s'est réunie huit fois en séances ordinaires (5 janvier – avec renouvellement des membres du Conseil d'administration, 2 février, 2 mars, 30 mars, 27 avril, 1er juin, 9 novembre et 7 décembre), et une fois en réunion extraordinaire, le 12 juin, sous la forme d'une « Excursion de sédimentologie dans l'Eocène du Massif tertiaire de Saint-Gobain, sous la direction de M. P. DOLLE, Chef du Laboratoire de recherches pétrographiques des H.B.N.P.C. » (Ann. SGN, LXXXVI, p. 213). Ses travaux ont donné lieu à la publication de 22 articles dans le tome LXXXVI des Annales (extrait de la table des matières du tome, p. 239-241, où certains articles sont référencés à deux voire trois rubriques différentes) :
Stratigraphie
P. ANDREIEFF & G. DUÉE, La succession des zones de faciès dans la partie occidentale de la chaîne bordière des Monts Péloritains (Sicile nord-orientale),
C.F.P. (M), COPESEP, R.A.P. & S.N.P.A, Contribntion à la connaissance des bassins paléozoïques du Nord de la France (suite). Tableaux des core-drills,
G. WATERLOT. La tourbière du Vallon du Schoubrouck, affluent de l'Aa, rive droite (cuvette de Clairmarais),
A. BONTE, Le Quaternaire de la Pointe aux Oies entre Wimereux et Ambleteuse (Pas-de-Calais),
G. DASSONVILLE, Observations géologiques nouvelles à la carrière de Raimbeaucourt (Nord),
C. HEDDEBAUT, Données nouvelles sur le Silurien et le Dévonien des Pyrénées basques,
P. CELET, Remarques sur l'Albien et le Cénomanien du sous-sol de Rozoy-sur-Serre (Aisne),
Hydrogéologie
J.P. VANÇON, La notion de « surface efficace » ; sa signification et son utilité en hydrogéologie,
Sédimentologie
P. DOLLE & F. LEGRAND, Quelques observations sur le Siluro-Dévonien charrié du Pas-de-Calais,
Pétrographie et Minéralogie
E. MÉRIAUX, Caractères des houilles de Dara-e-Souf (Turkestan afghan),
E. MÉRIAUX, A propos des analyses macérales,
P. DOLLÉ & F. LEGRAND, ibid.,
Ch. DELATTRE & E. MERIAUX, Sur un aspect particulier et sur une origine de la micrinite fine,
A. BONTE, Déformations spontanées dans les roches par recouvrance,
E. ALPERN, Etude de la fusibilité de l'inertinite,
Paléontologie
R. COQUEL, Etude des microspores contenues dans des stériles du Westphalien C inférieur. Corrélations palynologiques entre les groupes de Béthune-Nœux et d'Auchel-Bruay,
P. ANDREIEFF & G. DUÉE, ibid.,
J. DROT et J.C. FISCHER, Nouvelles observations sur « Rhynchonella » decorata (Schlotheim), Brachiopode bathonien,
E. NAKOMAN, Contribution à l'étude palynologique des formations tertiaires du Bassin de Thrace. 1. - Etude qualitative, P. DOLLÉ & F. LEGRAND, ibid.,
J. LEVET-CARETTE, Microflore wealdienne provenant d'un puits naturel à la fosse Vieux-Condé (groupe de Valenciennes), D. LAURENTIAUX, Présence du genre Dysmenes Handl., insectes blattaires, dans le Stéphanien dc la Creuse, P.M. CORSIN, S. LOBOZIAK & C. SOYEZ, Sur le problème du genre Tuberculatisporites,
D. LAURENTIAUX, Stephanotermopsis nov. gen., Protorthoptère nouveau du Stéphanien d'Auvergne et problème de l'origine des Termites.
Ceci correspond à une majorité d'articles de géologie sédimentaire, géologie des houilles et paléontologie incluses, avec un seul article de géologie appliquée (hydrogéologie) et un article sur la « mécanique des roches » (par A. Bonte). Dans son allocution de fin de mandat, P. Celet rappelle les difficultés financières de la Société (p. 4) malgré les aides du CNRS et de compagnies privées. Il y évoque très brièvement le problème du « relogement à Annappes ou [du] maintien en ces lieux », en particulier en ce qui concerne la bibliothèque (du 23 rue Gosselet à Lille). P. Dollé, nouveau président élu, évoque alors l'approche de l'année 1970 qui sera celle du centenaire de la Société. Il remarque qu'en un peu moins d'un siècle la SGN a vu l'effectif de ses membres sextupler, passant d'environ 35 membres en 1874 à 326 (en fait 328) en 1966. Et de manière traditionnelle, il rappelle l'engagement de la SGN à la fois en géologie fondamentale et appliquée, en engageant ses jeunes membres à « ne pas hésiter à reprendre les questions déjà étudiées par leur aînés s'ils y trouvent des points dont la solution ne leur paraît pas satisfaisante. » (p. 6). Joli programme …
Arrêtons-nous un instant sur la vie et l'œuvre scientifique de Louis Dollé (cf. Bonte, 1966). Né en 1878 à Niergnies, dans le Cambrésis (Nord), il a fait ses études secondaires et supérieures à Cambrai et à Lille, où il est devenu aide-préparateur de minéralogie puis préparateur de géologie-minéralogie de Charles Barrois. Il accompagnait alors sur le terrain son compatriote cambrésien et Maître ès géologie, Jules Gosselet lui-même, déjà âgé, mais fréquentant assidûment le laboratoire de géologie. C'est cette fréquentation qui a orienté Louis Dollé vers deux sujets d'étude coordonnés, la craie et les eaux souterraines, y compris les problèmes de pollution de ces eaux et d'hygiène publique, en particulier des agglomérations dont une grande partie de l'alimentation en eau provient de la nappe de la craie. Il a également participé au levé de plusieurs cartes géologiques de ce qu'on appelle aujourd'hui les Hauts-de-France. Il est décédé en 1965 dans sa 87e année, à Saint-Lyé (Aube). Il était alors le plus ancien membre de la SGN qu'il avait rejointe en 1902.
Remerciements. — Merci à Francis Meilliez pour ses renseignements concernant le cursus universitaire et le déménagement de la Faculté des Sciences de Lille à Annappes (Villeneuve d'Ascq) en 1966.