Des discours sur le Travail, entre la Grande Guerre et la Grande Dépression
DOI : 10.54563/mosaique.746
Abstracts
Après la guerre, nos aïeux définissent nos conditions de travail : huit heures par jour, congés payés, indemnités de chômage. Les fanfares militaires, politiques et idéologiques exaltent en chœur le Travail. Nécessité vitale en un moment de pénurie exceptionnel, il s’enfle grandiose au cours des années vingt ; chaque courant l’érige en valeur centrale de la société et célèbre ses rites. Technique, efficience, vitesse, production, puissance, netteté, pureté : buts de la modernité. Facteur économique négociable dans la Belgique sinistrée de 1919, le Travail réorganisé, est bientôt déifié. Les fidèles pratiquent en ses temples et consomment les produits usinés selon ses prescriptions. La pire sanction est d’être excommunié de ses offices, livré au bolchevisme : c’est le sort du Borinage et de foules de travailleurs licenciés en été 1932, qui exigent le droit à la vie à défaut de droit au travail. C’est une telle vision qu’un lecteur wallon ou bruxellois dégustera dans son quotidien, entre 1918 et 1932.
After WWI, our forefathers establish our working conditions: eight hours work day, paid holidays, unemployment benefits. Military, political and ideological bands hail Labour in unison. From a vital necessity in a moment of exceptional scarseness, it bloats to grandiose proportions during the 1920s; each ideological current sets it as a central value of society and celebrates its rites. Technique, efficiency, speed, production power: goals of modernity. A negotiable economical factor in the destroyed Belgium of 1919, reorganised labour became soon a God. The faithful worship in His shrines and consume products made following His prescriptions. The worst sanction is to be excommunicated from his premises, and exposed to bolshevism: itʹs the fate of the Borinage region and of the masses of laid off workers in the summer of 1932, who demand the right to life by default of a right to work. Such a vision is served to Walloon or Brussels newspaper readers, between 1918 and 1932.
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References
Electronic reference
Michel Majoros, « Des discours sur le Travail, entre la Grande Guerre et la Grande Dépression », Mosaïque [Online], 2 | 2010, Online since 01 janvier 2010, connection on 06 février 2025. URL : https://www.peren-revues.fr/mosaique/746
Author
Michel Majoros
Licencié en histoire contemporaine de l’Université libre de Bruxelles en 1972, Michel Majoros a enseigné pendant trente ans dans des écoles secondaires de la Communauté française, dont dix‐huit dans un institut technique et professionnel de Namur, privilégiant les témoignages et le terrain. Il participe aussi à divers engagements sociaux et voyage longtemps et souvent, avec les moyens locaux, à la rencontre de gens de maint pays et continents. En 2008, il entame à l’Université Libre de Bruxelles un doctorat en Histoire sur Le Droit à la paresse, vu de Belgique, depuis 1919.
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