L’humain, cet être interactivement prédisposé ? Une histoire du déterminisme de l’inné en génétique humaine
DOI : 10.54563/mosaique.933
Abstracts
Cet article propose de retracer l’histoire du couple dichotomique de l’inné et de l’acquis, au XXe siècle et en génétique humaine, grâce aux concepts de déterminisme et de prédisposition. Plus spécifiquement, la génétique humaine a évolué d’un déterminisme essentialiste, faisant des facteurs innés les causes ultimes de la nature humaine, vers un déterminisme probabiliste, reconnaissant l’importance des facteurs environnementaux et l’exprimant en termes de prédisposition génétique. Cette évolution épistémologique se comprend grâce à l’histoire des liens entre génétique et eugénisme aux USA au début du XXe siècle, de la génétique médicale en Angleterre dès 1920 et du développement de la biologie moléculaire à partir des années 1950. Ils expliquent la popularité du déterminisme de l’inné. Mais le XXIe siècle voit se développer une nouvelle ère épistémologique, l’ère post-génomique, qui tend à dépasser théoriquement et concrètement l’opposition entre inné et acquis. La génétique humaine ne se veut plus principalement innée-centrée, et nous verrons qu’il est désormais question de prédisposition interactive.
This paper proposes a history of nature and nurture dichotomy, in the 20th century and in human genetics, based on the concepts of determinism and predisposition. More specifically, the field of human genetics has evolved from an essentialist determinism, wherein innate traits are the ultimate causes of human nature, to a probabilistic determinism, recognizing the importance of environmental factors and expressing it in terms of genetic predisposition. This epistemological evolution is accounted for by the links between genetics and eugenics in the U.S.A. in the early 20th century, the history of medical genetics in 1920’s England and of molecular biology in the 1950’s. These relations explain the popularity of innate determinism. But a new epistemological era has been developing in the 21st century, the postgenomic era, which tends to overcome theoretically and practically the opposition between nature and nurture. Human genetics is no longer innate-centered, which gave birth to a new concept: interactive predisposition.
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Laurence Perbal, « L’humain, cet être interactivement prédisposé ? Une histoire du déterminisme de l’inné en génétique humaine », Mosaïque [Online], 4 | 2010, Online since 01 juillet 2010, connection on 11 décembre 2024. URL : https://www.peren-revues.fr/mosaique/933
Author
Laurence Perbal
Après des licences en philosophie (2003) et en biologie (2005), Laurence Perbal a soutenu en mars 2009 et en tant qu’aspirant du FRS-FNRS une thèse de doctorat en philosophie des sciences à l’Université Libre de Bruxelles intitulée « Gènes et comportements : au-delà de l’inné et de l’acquis ». Il s’agit d’une analyse historique critique de l’épistémologie de la Génétique des Comportements au XXe siècle. Chargée de Recherches du FRS-FNRS et boursière de la BAEF depuis octobre 2009, elle poursuit actuellement ses recherches postdoctorales en tant que chercheuse invitée à l’Université de Columbia à New York, USA. Après les aspects historiques et épistémologiques, elle étudie à présent les questions idéologiques et éthiques suscitées par la génétique humaine.
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