L’Histoire de Gérard de Nevers ou les parcours érotiques d’un chevalier et sa demoiselle : une lecture renouvelée des miniatures du Maître de Wavrin

  • The Histoire de Gérard de Nevers : the erotic journeys of a knight and his young lady. A renewed reading of Wavrin Master’s miniatures

DOI : 10.54563/bdba.247

p. 215-230

Résumés

L’objectif de cette contribution est d’apporter un éclairage nouveau sur les miniatures du Maître de Wavrin et la manière dont elles doivent être lues. Le cycle iconographique de l’Histoire de Gérard de Nevers (Bruxelles, KBR, ms. 9631) en est un exemple particulièrement divertissant dans lequel l’enlumineur donne à voir une lecture personnelle du texte. L’étude de quelques miniatures permet de cerner l’esprit de l’artiste anonyme. Maître de l’allusion et du détournement, le Maître de Wavrin reprend et transforme les traditions et les topoi littéraires ou iconographiques tout en restant dans l’esprit du texte. Grâce à une imagerie riche et des formules iconographiques souvent originales, il inscrit dans les images des jeux sur les mots. Les locutions, expressions et proverbes de l’époque invitent le spectateur à participer activement et à faire une lecture vivante et pleine d’humour des images. Alors qu’il met en scène les aventures curiales et chevaleresques du jeune Gérard, l’enlumineur suggère que le parcours de ce dernier, jalonné de rencontres avec des demoiselles, est également un parcours initiatique amoureux et érotique. La grivoiserie et l’humour inhérents aux miniatures n’excluent pas une sensibilité particulière pour l’héroïne. D’ailleurs, le Maître de Wavrin s’attache à démontrer les compétences érotiques mais aussi guerrières dont elle fait preuve, en parallèle à son homologue masculin.

This paper aims to outline a new reading of Wavrin Master’s images. Indeed, the iconographic cycle of Gérard de Nevers (Bruxelles, KBR, ms. 9631) provides a pleasant overview of the spirit that conditioned the production of the miniatures. The Wavrin Master excels in alluding, deflecting and giving a personal – and yet very faithful – interpretation of the text. His rich imagery and his original iconographic formulae stem from topoi – both iconographic and literary – he plays with. As a result, the images abound in symbolic meanings. Language plays a seminal role as idioms, expressions or proverbs pervade the scenes taking place before the eyes of the spectator. The reader is invited (and very probably expected) to participate actively in the construction of meaning as well as humour. As the Wavrin Master stages Gérard’s chivalric adventures, he pays particular attention to the damsels punctuating what proves to be an erotic initiatory journey. What may appear as saucy does not prevent the Master from conveying a sensitive picture of the heroine. As a matter of fact, showing that her journey is initiatory in eroticism and warfare – just as the male protagonist’s – appears to be a major preoccupation of his.

Texte

Le manuscrit de l’Histoire de Gérard de Nevers enluminé par le Maître de Wavrin dans les années 1450 (Bruxelles, KBR, ms. 96311), comporte des images surprenantes voire énigmatiques dont la fonction symbolique reste encore à déchiffrer2. C’est selon cet angle particulier que nous nous sommes penchée sur elles. Les histoires d’armes et d’amour constituent un terreau fertile pour accéder à différents niveaux de lecture de ces images extrêmement codifiées qu’il convient d’analyser et interpréter, à partir de modes de pensée symbolique et analogique qui ont conditionné la production et la lecture du manuscrit.

La spontanéité apparente du geste de l’artiste suggère un mode de lecture bien particulier, celui d’une parole sur le vif3. Les images du Maître de Wavrin sont ancrées dans les topoï littéraires et les traditions iconographiques, mais aussi dans les mentalités et les modes de pensée de leur temps. Elles sont le résultat « d’une fascination pour la multiplicité des sens, pour la richesse des possibles, pour l’attrait chatoyant de l’ambigu » ; elles sont le fidèle reflet de « l’esprit médiéval », tel que Bruno Roy le caractérise4. Le Maître de Wavrin, très attentif à l’humour que suggère le prosateur, exploite tous les éléments à sa disposition pour encoder les images de manière équivoque, déstabiliser le lecteur-spectateur à l’aide de procédés plastiques inédits, de jeux sur les expressions et locutions d’une parole inscrite dans les images. Son objectif est de susciter le sourire ou le rire et la grivoiserie que suggère le contenu iconographique joue un rôle primordial. Mon angle d’approche permet l’analyse des procédés plastiques et iconographiques porteurs d’une charge symbolique, au fil d’un récit en images qui est autant celui d’une éducation sentimentale et sexuelle que guerrière. C’est dans les échanges entre jeunes gens que s’exprime le plus clairement la facétie du Maître et, à cet égard, le manuscrit de Bruxelles constitue un point d’entrée dans l’étude des « pratiques symboliques relatives à la pensée érotique5 » et des pratiques de lecture d’un cercle restreint de bibliophile qui s’est constitué autour de Philippe le Bon.

 

Quand l’histoire de Gérard commence, le Maître de Wavrin plonge immédiatement les spectateurs dans l’action. Il met véritablement en scène le chevalier avec toute l’impétuosité et la fougue de sa jeunesse, au moment où il proclame son amour pour Euryant, une épée rougie à la main (Figure 1). Attribut par excellence du chevalier, l’épée est une des métaphores utilisées fréquemment pour faire référence au sexe masculin. Elle revêt alors une double fonction pour le chevalier qui « doit faire preuve d’une compétence érotique au moins égale à la prouesse guerrière6 », selon un mode de pensée analogique qui donne à la forme valeur de signe. La métaphore phallique associée à la couleur rouge renvoie alors aux multiples expressions consacrées ou proverbiales de la langue parlée. Comme le baston au bout rouge fait référence au désir sexuel7, l’épée enflammée symbolise l’ardeur amoureuse8 de Gérard qui a littéralement le feu d’amour9. Le Maître de Wavrin inscrit du texte qui n’est pas celui de la prose dans l’image. L’association du rouge avec le jaune, « qui excite ou qui transgresse10 », en est un indice supplémentaire. Gérard est immédiatement dépeint comme un chevalier de l’Ardente Espee, une expression qui trouve une place de choix dans le dictionnaire érotique de Rose Bidler11. Le jeune chevalier ne manque cependant pas de défauts, même si la beaulté, sens, courtoisye, humilité, la hardiesse et proece […] en luy [sont] apparant12. Présenté dans l’image comme inexpérimenté et vaniteux, il est un personnage comique13 qui se pose en instigateur involontaire de la suite des événements.

Son impétuosité et son ardeur préfigurent une conséquence majeure de la gageure : la perte de sa bien-aimée. Le Maître de Wavrin lance le récit en images d’une manière magistrale. Les spectateurs sont avertis des tonalités humoristiques et grivoises et sont invités à participer activement pour accéder à un autre niveau de lecture. L’image fonctionne par association d’idées, avec au centre, cette épée équivoque, véritable ressort comique qui « rompt avec les convenances14 » et suscite d’emblée une réaction. La miniature répond aux ambitions narratives d’un conteur qui donne à voir sa propre lecture de l’histoire, une lecture subjective où la « présence comique15 » est signifiée et où le désir masculin, dirigé vers les femmes qui en sont les objets, se révèle être une thématique centrale.

La demoiselle objet de désir fait en effet partie du répertoire wavrinois. Évidemment, d’un point de vue plastique, le recours à des traits schématiques16 tend vers un effacement des personnages féminins, représentés à la manière de constructions géométriques érotisées. Les demoiselles, ni mères ni fidèles épouses, ont un statut qui leur permet d’entrer officiellement dans les jeux de l’amour, dans le Jardin de Déduit. Elles se retrouvent souvent en détresse, quand elles ne sont pas ou mal accompagnées, et deviennent alors des interlocutrices idéales pour le chevalier qui va pouvoir mettre en œuvre ses compétences guerrières et érotiques au fil d’un parcours initiatique.

L’épisode de la Demoiselle au Gant (Figure 2) constitue la première rencontre que fait Gérard après s’être rendu compte qu’il a vainement mis à l’épreuve Euryant. Maîtresse d’un povre hostel17 assiégé, la demoiselle tente de repousser Galerant, un mauvais chevalier qui voudrait la faire sienne. Le prosateur mentionne les divers éléments autour desquels se construit l’action de la miniature qui accompagne le texte : le coffre sur lequel s’installe Gérard, le vieux chevalier et les soldats, ainsi que le gant tendu à Gérard. L’image semble donc constituer une illustration littérale du moment où la damoiselle entendy le chevalier et prist son gant senestre sy le bailla a Gerart, que moult volentiers le prist18. Cependant, les jeux sur les mots et les expressions inscrits dans l’image par le biais des éléments iconographiques ajoutent au texte un essaim de significations et d’interprétations.

Pour Gérard, le gant signifie l’investiture : c’est au nom de la demoiselle, dont il devient le champion, qu’il s’apprête à relever ce défi. Associé à la demoiselle, le gant renvoie à la reddition19. Elle, docile et accommodante ou, selon une expression de l’époque, molle comme un gant20, s’en remet entièrement à Gérard. La connotation grivoise est bien présente quand le gant, d’un rouge saturé, passe d’une main à l’autre : avoir les gans signifie ‘être le « premier » homme d’une femme’21. Cette interprétation concorde avec celle du coffre, un motif immédiatement identifiable comme féminin et évocateur, car le coffre d’une femme, c’est aussi son sexe22. Le motif renvoie également à la beauté et la richesse de la demoiselle. Or, la demoiselle est pauvre, mais très belle. L’expression belle au coffre, qui se dit d’une femme qui est ‘laide mais riche’, est donc présente a contrario dans une image qui fonctionne encore une fois par association d’idées, une image riche en possibles23.

Cette première épreuve de Gérard est toute symbolique. Au sens figuré, l’assaut du château, comme la cueillette de la rose, a pour objectif la relation sexuelle et en est devenu une image. Mais c’est littéralement que Galérant assiège le château de la demoiselle. Or, grâce à la bravoure et aux prouesses de Gérard, le siège de Galerant n’a pas raison de la forteresse féminine. Et c’est en revanche sans eschielles que le héros a pris chasteaux et tours, une expression dont le sens figuré, avec une acception érotique24, vient à l’esprit à la lecture des paroles de la demoiselle qui dit : Ma terre et mes chasteaulx et tout ce que j’ay au monde vous abandonne pour en faire a vostre plaisir ; moy meismes me donne a vous pour estre vostre femme ou vostre amye25. La représentation de Gérard assis sur le coffre dans la figure 2 est donc loin d’être anecdotique, le Maître utilise littéralement l’expression seoir en banc pour signifier que Gérard est « à la place d’honneur, en pouvoir26 ».

Avec la miniature qui suit le combat des deux chevaliers (Figure 3), le Maître s’éloigne du texte qui précise que la demoiselle hastivement par ses gens sur son escu le [Gérard] fist emporter ou chastel27. Dans l’image, c’est elle qui accourt les bras tendus. D’un point de vue métaphorique, c’est le château qui se jette dans les bras de l’assaillant. Certes, le cadavre décapité de Galérant témoigne de la férocité du combat, pourtant Gérard ne paraît pas en avoir souffert. Assis, il tourne le dos à la demoiselle. L’enlumineur donne du chevalier une image ambivalente qui oscille entre celle du chevalier qui refuse de prendre la demoiselle pour femme, et celle de l’amant non satisfait qui en a fait son amye. En effet, la figure du chevalier la main à la maisselle, c’est-à-dire la main à la mâchoire28, fait partie du vocabulaire du Maître de Wavrin. L’expression n’apparaît pas dans le passage du texte qui narre cet épisode et l’enlumineur l’utilise de manière tout à fait originale pour signifier la frustration sexuelle29. Gérard n’a pour l’instant pas trouvé d’adversaire à sa taille, mais cela ne saurait tarder.

 

Lors de sa rencontre avec Denise de la Lande, Gérard est confronté à une femme expérimentée qui a déjà cédé aux avances d’un puissant chevalier avec lequel elle s’est plue à jouer aux champs30 (Figure 4). Parce qu’elle a vanté les mérites d’un autre, son amant lui a imposé le châtiment de l’immersion dans l’eau froide. Une fois libérée, Denise dévoile son corps totalement nu à Gérard comme aux spectateurs. Sa longue chevelure, qui signale qu’elle est une femme « peu sérieuse31 », se fond dans l’arrière-plan par un effet de transparence en même temps que sa couleur jaune semble « contamine[r]32 » le reste de l’image. En associant ainsi le jaune et le vert de la campagne environnante, le Maître encode la miniature et rappelle que les bois et forestz que Gérard a traversés pour arriver jusque-là sont estranges33. L’enlumineur signale la dangerosité de la demoiselle34. Il en est de même avec les rayures de la robe, disposée sur un arbre à la manière d’un trophée : elles placent immédiatement Denise dans une sphère différente, qui n’est plus celle de la raison ou de la norme, mais celle de la transgression35.

Le cadavre gisant au premier plan évoque également la proximité entre armes et amour. Le texte décrit bien le combat guerrier qui précède le sauvetage de Denise, mais le Maître de Wavrin relate un autre type de combat, le combat amoureux. Le sang offre un point d’entrée dans l’image et crée une connivence avec les spectateurs. Il n’est pas qu’un symbole de violence : trace du combat, il témoigne d’un symbolisme sexuel. Au corps nu érotique de Denise fait écho une sexualisation du corps masculin dont la « force » et « l’impénétrabilité36 » se matérialise « en surface » par le biais de l’armure37. L’épée rougie, le membre viril de Gérard, est bien présente. Elle est dirigée vers Denise, car, comme on disait à l’époque, femme nue veult on au lict38. Sa couleur est d’autant plus explicite qu’elle est associée au vert du paysage, de la reverdie et de l’inconstance39 qui offre un cadre approprié aux aventures que vit le jeune chevalier.

Le geste de Gérard qui glisse son épée dans le fourreau, geste métaphorique de la pénétration, suggère l’expression mettre la main a l’espee40. Les mains ouvertes et tendues de la demoiselle, grandes et bien visibles, témoignent de la disponibilité sexuelle de Denise qui effleure l’arme et de son emprise possible sur Gérard. La fontaine explicite le type de relation qu’ils entretiennent et évoque les expressions boire à la fontaine qui peut être d’amour41 ou verser en la fontaine qui ne sera jamais pleine qui renvoient à l’acte sexuel42. Tous deux sont en train de s’escrimer, de s’adonner à la lutte amoureuse43.

Dans la miniature suivante (Figure 5), Denise est rhabillée et Gérard est allongé, la tête sur le giron de la fausse demoiselle en détresse alors qu’elle est maintenant en train d’échafauder une tentative de meurtre par intermédiaire. L’enlumineur semble faire preuve de réserve, mais la tonalité plaisante et grivoise de la miniature précédente perdure. La fontaine a été déplacée, mais pas supprimée et le cheval de Gérard est représenté la tête baissée, en train de boire l’eau qui s’en écoule. Le cheval renvoyant au chevalier, c’est aussi Gérard qui boit à l’eau de la fontaine. Bien que dans son fourreau, l’épée que Gérard tient fermement de ses deux mains est toujours présente, toujours aussi rouge, même si elle semble être au repos. L’enlumineur a ajouté un détail : un court trait perpendiculaire à la lame en délimite clairement le bout comme pour rendre la représentation plus anatomique. Avec la juxtaposition de l’épée au cadre, la connivence est encore de mise, les spectateurs sont en contact physique avec l’image.

L’ironie de la scène suscite le sourire, mais ce sont bien les jeux de mots dont on peut déchiffrer l’inscription dans l’image qui s’avèrent susceptibles de déclencher le rire des spectateurs. Gérard s’est mis dans une position de vulnérabilité : il a baissé la garde. Il est pourtant bien connu qu’il ne faut se fier ni a femme, ni au giron44 ! Dans cette séquence de deux miniatures, l’enlumineur met en scène deux « situations plaisantes45 » : la ruse et la déconvenue de Denise. En en faisant une illustration littérale, il fait une lecture figurée du contenu textuel qui présente Denise la main a sa maisselle46. Et c’est elle qui se trouve alors en position de frustration sexuelle, une position habituellement réservée aux hommes. Alors qu’il était jusque-là présenté comme séducteur dominant, Gérard est séduit et dominé.

 

Les demoiselles ne sont donc pas de simples objets du désir masculin et la question du désir féminin est également posée avec force, qu’il s’agisse de Denise, de la Demoiselle au Gant ou d’Euryant, la première des demoiselles. Objet du désir, mais aussi séductrice, cette dernière n’est pas qu’une demoiselle-étape sur le parcours de Gérard.

Le Maître de Wavrin explicite le statut particulier de l’héroïne grâce à un simple accessoire que porte Gérard. Pour cette miniature extrêmement codifiée et empreinte de pensée symbolique et proverbiale (Figure 6), nous ne nous attarderons que sur un détail d’importance dans la caractérisation d’Euryant : le foulard qui cache partiellement le visage du héros. Le Maître de Wavrin l’utilise pour faire référence à la maladie d’amour dont Gérard est frappé et que suggère le contenu textuel47. Parce que le mal d’amour est souvent associé au mal de dents48 et que la jalousie qui vient de tres grant amour49 est à l’origine d’un mal plus esragié que nul mal de dens50, le foulard atteste de la force et de la véracité des sentiments de Gérard pour Euryant, qui s’impose comme la vraie amie.

L’enlumineur insiste par ailleurs sur la dimension psychologique d’Euryant à de nombreuses reprises, ce qui témoigne de l’importance qu’il lui accorde. C’est par ailleurs en l’absence de Gérard qu’Euryant démontre au mieux sa force et sa résilience. La miniature où Euryant se défend de Méliatir (Figure 7) est très fidèle au texte qui dit qu’elle haulcha le piet destre sy en fery le chevalier par la bouche ung cop si grant que quatre de ses dens luy rompy en la gorge51. L’enlumineur insiste sur l’efficacité du coup porté et fait du méchant chevalier l’objet du rire. L’aplomb d’Euryant et son dynamisme freinent nettement le mouvement vers le lit engagé par son assaillant. La fenêtre derrière elle, solidement grillagée (symbole de virginité), et la couleur bleue des draps confirment la loyauté52 dont elle fait preuve envers Gérard. Le coup porté est hautement symbolique. Contrairement à Gérard, ce n’est pas l’amour, mais la concupissence53 qui fait souffrir Méliatir des dents, dans une sorte de justice poétique. Les symptômes de l’humiliation et de la colère de Méliatir sont les mêmes que ceux du mal d’amour : il refuse de s’alimenter et de s’hydrater jusques ad ce que d’Euryant euist vengance54. L’objet de son désir étant définitivement inaccessible, c’est par ailleurs ironiquement derrière un coffre que Méliatir se dissimule pour tenter d’assassiner la jeune femme dans son sommeil.

Le Maître de Wavrin n’illustre pas ce passage et les spectateurs pénètrent avec le meurtrier dans la chambre qu’Euryant et Ismaine partagent, les découvrant au lit (Figure 8). L’enlumineur profite de cette occasion pour broder sur le texte. La scène se déroule de nuit et c’est un procédé habituel du Maître de Wavrin que d’utiliser la présence de bougies pour renvoyer à l’obscurité. Mais une chandelle aurait été suffisante alors que le Maître de Wavrin en fait figurer deux ici. Liées à la flamme amoureuse, les bougies sont souvent mises en relation avec l’amour55. Et, parce que la chandelle fonctionne dans les images par symbolisme analogique et que sa forme fait allusion au sexe masculin56, les deux chandelles sur le dressoir convoquent immédiatement à l’esprit des spectateurs attentifs l’expression mettre deux chandelles au chandelier57, utilisée pour dire d’une femme qu’elle a deux partenaires58. La fumée qui se dégage des mèches indique clairement qu’Euryant et Ismaine ont allumé puis éteint la chandelle59.

Le pot, ici enchâssé entre les « jambes » du dressoir, fait référence au sexe féminin60. Véritable signe visuel, son interprétation est essentielle pour la construction du sens : il renvoie à plusieurs expressions proverbiales liées à la vie de couple61. Les demoiselles pensent être a pain et a pot62 (en toute intimité), mais les spectateurs descouvrent le pot63 (la vérité cachée) s’ils se rappellent les expressions proverbiales relatives à la sexualité et plus précisément à l’homosexualité féminine, puisque n’avoir soin de pilete dans le pot fait référence aux « pratiques lesbiennes64 ». Le pot, qui évoque une sexualité « périphérique65 », n’est pas présent dans la description textuelle qui est faite de la chambre, c’est un détail ajouté par le Maître de Wavrin qui s’appuie sur différents éléments du texte pour en faire une lecture figurée. Le prosateur insiste sur le fait qu’Euryant trouve du réconfort en retrouvant Ismaine et que ces dernières tant amoyent l’une l’autre que deux seurs n’en pouoyent plus faire66. Plus loin dans le texte, il est dit que les demoiselles ont découvert leurs bras et leur poitrine en raison de la grant chaleur67 qui peut aussi signifier « l’excitation sexuelle68 ». La métaphore filée des travaux d’aiguille est présente dans le texte comme dans les images et nous nous contenterons de mentionner qu’Euryant, qui en est experte, se trouve toute désignée pour apprendre et monstrer a ouvrer d’or et de soye69, à la moult jone et belle70 Ismaine.

Comme Gérard avec ses demoiselles déflorées, Euryant, qui n’est visiblement pas blanche comme violette71, excelle dans l’art de l’amour. Pour reprendre la métaphore des travaux d’aiguilles qui a peut-être mis le Maître de Wavrin sur la piste de la grivoiserie, nous pouvons résumer ici en disant que sur touttes les aultres femmes Euryant en estoit la maistresse72. Le parcours d’Euryant n’est donc pas si divergent de celui de Gérard. Ses mésaventures sont des occasions pour faire ou parfaire une éducation sentimentale et sexuelle, mais aussi presque guerrière !

 

Le cycle iconographique de l’Histoire de Gérard de Nevers offre un exemple particulièrement divertissant d’une lecture facétieuse des images qui se faisait sans aucun doute entre amis, dans le cercle très restreint de « lecteurs amateurs73 » qui s’était constitué autour de Philippe le Bon. Les compétences qu’Euryant et Gérard acquièrent sont aussi celles requises du lectorat. Les images suggèrent que ces dernières sont non seulement militaires et officielles, mais aussi sociales et érotiques. À travers les tribulations du jeune couple, le lecteur-spectateur lui-même est éclairé sur les choses de la vie, la complexité des rapports sociaux, notamment avec l’autre sexe, et la nécessité de percevoir les intentions parfois mauvaises qui motivent les actions. C’est après beaucoup de péripéties que les deux héros sont finalement réunis – et prêts – pour vivre en bonne paix et amour tout le cours de leur vye74.

« Obscénité rendue courtoise75 » ou courtoisie rendue obscène ? Difficile d’apporter une réponse claire : le Maître de Wavrin s’adresse à ses spectateurs de manière bien plus personnelle et complice, mais avec élégance et sophistication. Son style spontané et sa touche humoristique sont mis au service du trait ou du « mot d’esprit76 », avec pour objectif affiché le sourire ou le rire77. Aux « dimensions affective, esthétique, poétique ou onirique » s’ajoute la dimension humoristique qui s’avère être une propriété tout aussi « essentielle à [l]a mise en œuvre et à [l’]efficacité78 » du symbole dans les miniatures du manuscrit bruxellois. C’est seulement lorsqu’ils revêtent une fonction symbolique que ces « objets [qui] n’existent que rapportés au[x] héros79 » – et aux héroïnes – deviennent pour nous une porte d’entrée dans l’univers du Maître de Wavrin.

 Fig. 1

 Fig. 1

Gérard, chevalier de l’épée ardente, à la cour de Louis le Gros (Miniature 2) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 2v°

© Bibliothèque royale de Belgique

 Fig. 2

 Fig. 2

Gérard se fait le champion d’une demoiselle en détresse : la Demoiselle au Gant (Miniature 18) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 33r°

© Bibliothèque royale de Belgique

 Fig. 3

 Fig. 3

La demoiselle se jette dans les bras de Gérard après son combat avec Galérant (Miniature 20) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 37v°

© Bibliothèque royale de Belgique

 Fig. 4

 Fig. 4

La Demoiselle hors de la fontaine, Denise de la Lande (Miniature 39) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 85v°

© Bibliothèque royale de Belgique

 Fig. 5

 Fig. 5

Gérard, tête sur le giron de la mauvaise demoiselle (Miniature 40) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 88v°

© Bibliothèque royale de Belgique)

 Fig. 6

 Fig. 6

Le foulard ou Euryant la vraie amie (Miniature 21) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 40v°

© Bibliothèque royale de Belgique

 Fig. 7

 Fig. 7

Euryant se défend de Méliatir (Miniature 33) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 71r°

© Bibliothèque royale de Belgique

 Fig. 8

 Fig. 8

Euryant et Ismaine au lit (Miniature 34) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 72r°

© Bibliothèque royale de Belgique

Notes

1 Le texte est conservé dans un second ms. : Paris, Bnf, fr. 24378. Matthieu Marchal propose une présentation complète des deux témoins dans son édition critique : Histoire de Gérard de Nevers. Mise en prose du Roman de la Violette de Gerbert de Montreuil, éd. M. Marchal, Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2013 (Textes et perspectives. Bibliothèque des seigneurs du Nord), p. 21-29. Les deux mss sont disponibles en ligne, le ms. de Bruxelles sur Belgica (https://uurl.kbr.be/1065669), le ms. de Paris sur Gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10532591q). Retour au texte

2 Cf. M. Pérez-Simon, « L’image narratrice dans le Roman d’Othovyen », dans L’art du récit à la cour de Bourgogne. L’activité de Jean de Wavrin et de son atelier, éd. J. Devaux et M. Marchal, Paris, Champion, 2018 (Bibliothèque du xvsiècle, 84), p. 331-347. Retour au texte

3 Cf. P. Schandel, « Le Maître de Wavrin », dans Miniatures flamandes, 1404-1482, dir. B. Bousmanne et Th. Delcourt, Paris, Bibliothèque nationale de France, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 2011, p. 358-366 (p. 359). Retour au texte

4 B. Roy, Une culture de l’équivoque, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, Paris, Champion/Slatkine, 1992 (Études médiévales), p. 10. Retour au texte

5 Ibid., p. 11. Retour au texte

6 E. Baumgartner, « Des femmes et des chiens », dans Le rire au Moyen Age dans la littérature et dans les arts. Actes du colloque international des 17, 18 et 19 novembre 1988, éd. Th. Bouché et H. Charpentier, Talence, Presses universitaires de Bordeaux, 1990, p. 47. Retour au texte

7 R. M. Bidler, Dictionnaire érotique. Ancien français, moyen français, Renaissance, Montréal, CERES, 2002 (Erotica vetera), p. 58-59 et G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions. Ancien français, moyen français, Renaissance, 2 vol., Turnhout, Brepols, 2015, p. 131. Retour au texte

8 R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, s.v. feu, p. 279-283. Retour au texte

9 Avoir le feu d’amour signifie ‘brûler d’amour’ ; cf. ibid., p. 281. Retour au texte

10 M. Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, Éditions du Seuil, 2004 (La librairie du xxie siècle), p. 23. Retour au texte

11 R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 120. Retour au texte

12 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 111 (I, 16). Retour au texte

13 Cf. Ph. Ménard, Le rire et le sourire dans le roman courtois en France au Moyen Âge (1150-1250), Genève, Droz, 1969 (Publications romanes et françaises, 105), p. 570 ; H. Bergson, Le Rire : essai sur la signification du comique, Paris, Presses Universitaires de France, 2012 (14e éd.) (Quadrige), p. 131-136. Retour au texte

14 Ibid., p. 149. Retour au texte

15 Nous reprenons ici l’expression utilisée par Adrian Tudor et Alan Hindley pour souligner l’omniprésence du comique dans la mentalité médiévale, inattendu ou contaminant des sphères a priori sérieuses (Grant Risee ? The Medieval Comic Presence, Essays in memory of Brian J. Levy, dir. A. P. Tudor et A. Hindley, Turnhout, Brepols, 2006 (Medieval texts and cultures of Northern Europe, 11), p. 1-16). Retour au texte

16 M. Lavenus, « La représentation des genres féminins et masculins dans Le Livre des amours du châtelain de Coucy et de la dame de Fayel, un manuscrit du xve siècle », dans Actes du 1er Colloque des étudiants de Master en Sciences historiques et artistiques de Lille (Villeneuve d’Ascq, 12-13 mai 2015), dir. D. Moreau, E. Dehoux et Cl. Barillé, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2019 (Actes des colloques des étudiants de Master en sciences historiques et artistiques de Lille, 1), p. 217-238. Retour au texte

17 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 161 (XVI, 8). Retour au texte

18 Ibid., p. 163 (XVI, 23). Retour au texte

19 G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions, p. 778. Retour au texte

20 Cf. Ibid., p. 778-779. Retour au texte

21 R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 320. Retour au texte

22 Cf. G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions, p. 355 et R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 139. Retour au texte

23 C’est une allusion à la citation de Bruno Roy en partie citée en introduction : « Ce que j’appellerais alors l’esprit médiéval, dans tous les sens du mot, résultait alors d’une fascination pour la multiplicité des sens, pour la richesse des possibles, pour l’attrait chatoyant de l’ambigu » (B. Roy, Une culture de l’équivoque, p. 10). Retour au texte

24 Prendre sans eschielles chasteaux et tours, cf. R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 123 ; G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions, p. 287-288. Retour au texte

25 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 174 (XIX, 16). Retour au texte

26 G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions, p. 116. Retour au texte

27 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 173 (XIX, 7). Retour au texte

28 Cf. DMF 2015 : Dictionnaire du Moyen Français, ATILF – CNRS & Université de Lorraine, 2015 ; http://www.atilf.atilf.fr/dmf), s. v. maisselle. Retour au texte

29 C’est le cas de Liziart, dans la miniature 4 de l’Histoire de Gérard de Nevers (Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 8r° ; cf. Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 118). Retour au texte

30 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 249 (XXXVIII, 8). Retour au texte

31 G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions, p. 315. Retour au texte

32 M. Pastoureau, Couleurs, Images, symboles. Études d’histoire et d’anthropologie, Paris, Le Léopard d’or, 1989, § « Vers une histoire sociale des couleurs », p. 49. Retour au texte

33 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 246 (XXXVII, 35). Retour au texte

34 Cf. M. Pastoureau, Couleurs, Images, symboles, p. 51. Retour au texte

35 Cf. M. Pastoureau, L’étoffe du diable. Une histoire des rayures et des tissus rayés, Paris, Édition du Seuil, 1991 (La librairie du xxe siècle), p. 47. Retour au texte

36 M. Camille, The Medieval Art of Love. Objects and Subjects of Desire, Londres, Laurence King, 1998, p. 35. Retour au texte

37 L’armure devient symboliquement le corps du chevalier : « Armor […] became not only elaborately fashioned and the focus of the metalworker’s art, but symbolically of the male body itself » (Ibid., p. 37). Retour au texte

38 G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions, p. 669. Retour au texte

39 Cf. P. Stirneman et M. Zink, Das Buch der Liebenden. Histoire d’amour sans paroles, Ms. 388 du Musée Condé à Chantilly. Kommentar zur Faksimileausgabe. Commentaire de l’édition en fac-similé, Simbach am Inn, Müller und Schindler, p. 11-34, 47-67 (p. 63). Retour au texte

40 R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 405. Retour au texte

41 Ibid., p. 295 ; G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions, p. 727. Retour au texte

42 Ibid., p. 727. Retour au texte

43 R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 242. Retour au texte

44 Ibid., p. 273. Retour au texte

45 L’expression est empruntée à Jean Verdon qui présente successivement des situations et des personnages « capables de déclencher le rire » (J. Verdon, Rire au Moyen Âge, Paris, Perrin, 2001 (Pour l’histoire), p. 200). Retour au texte

46 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 254 (XXXIX, 2). Retour au texte

47 Cf. Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., n. 1, p. 176. Retour au texte

48 R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 407. Retour au texte

49 Ibid., p. 362. Retour au texte

50 Ibid., p. 363. Retour au texte

51 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 225 (XXXII, 5). Retour au texte

52 Cf. P. Stirneman et M. Zink, Das Buch der Liebenden, p. 64. Retour au texte

53 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 225 (XXXII, 5). Retour au texte

54 Ibid., p. 226 (XXXIII, 1). Retour au texte

55 Cf. M. Pérez-Simon, « L’image narratrice dans le Roman d’Othovyen », p. 343. Retour au texte

56 R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 117. Retour au texte

57 Ibid., p. 118 ; G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions, p. 270. Retour au texte

58 Le Maître de Wavrin utilise le même procédé dans Le Livre des amours du Chastellain de Coucy et de la dame de Fayel quand la dame retrouve son amant dans l’intimité de sa chambre (Lille, BM, ms. Godefroy 50, fol. 117r° ; cf. Le livre des amours du Chastellain de Coucy et de la Dame de Fayel, éd. A. Petit et Fr. Suard, Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires de Lille, 1994 (Textes et perspectives. Bibliothèque des seigneurs du Nord), p. 108). Retour au texte

59 R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 117. Retour au texte

60 G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions, p. 270, 519. Retour au texte

61 A pot et a feu signifie ‘chez soi, maritalement’, et ne faire qu’un pot et un feu ‘vivre ensemble comme des mariés’ alors que estre a in et a pot signifie ‘faire ménage ensemble’ (R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 519-520). Retour au texte

62 Ibid., p. 475. Retour au texte

63 Ibid., p. 520. Retour au texte

64 Par analogie, le pilet (‘le pieu’) est le membre viril et le pot ‘le sexe féminin’. Le geste effectué pour pileter (‘piler’) renvoie donc à l’acte de pénétration. Cf. R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 519 ; DMF 2015, s.v. pilet2, pileter. Retour au texte

65 Ruth Evans parle d’une « sexualité périphérique » car elle ne s’inscrit pas dans ce que le discours dominant de l’Église définit comme la norme. Cf. A Cultural History of Sexuality in the Middle Ages, éd. R. Evans, Oxford, Berg Publishers, 2011 (The Cultural Histories Series), « Introduction », p. 3. Retour au texte

66 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 225 (XXXII, 6). Retour au texte

67 Ibid., p. 227 (XXXIII, 3). Retour au texte

68 R. M. Bidler, Dictionnaire érotique, p. 115. Retour au texte

69 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 221 (XXXI, 2). Retour au texte

70 Ibid. Retour au texte

71 C’est-à-dire ‘vierge’ ou ‘pure’ ; cf. G. Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions, p. 1804. Retour au texte

72 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 221 (XXXI, 2). Retour au texte

73 C. Van Hoorebeeck, « Lectures et lecteurs à l’épreuve des catégorisations sociales », dans Lecteurs, Lectures et groupes sociaux au Moyen Âge. Actes de la journée d’étude organisée par le Centre de recherche « Pratiques médiévales de l’écrit » de l’Université de Namur et le Département des Manuscrits de la Bibliothèque Royale de Belgique à Bruxelles le 18 mars 2010, dir. X. Hermand, É. Renard et C. Van Hoorebeeck, Turnhout, Brepols, 2014 (Texte, Codex & Contexte, 17), p. 123-184 (cit. p. 129). Retour au texte

74 Histoire de Gérard de Nevers, éd. cit., p. 313 (LIII, 15). Retour au texte

75 Cf. B. Roy, Une culture de l’équivoque, p. 75-88. Retour au texte

76 M. Pérez-Simon, « L’image narratrice dans le Roman d’Othovyen », p. 341. Retour au texte

77 L’expression est empruntée à Philippe Ménard (Ph. MÉNARD, Le rire et le sourire), même si notre approche est différente puisqu’elle concerne la réception de l’œuvre. Retour au texte

78 M. Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, p. 12. Retour au texte

79 P. Schandel, Le Maître de Wavrin et les miniaturistes lillois à l’époque de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire, 2 vol., Thèse de doctorat, Strasbourg, Université Marc-Bloch, 1997, t. 1, p. 239. Retour au texte

Illustrations

  •  Fig. 1

     Fig. 1

    Gérard, chevalier de l’épée ardente, à la cour de Louis le Gros (Miniature 2) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 2v°

    © Bibliothèque royale de Belgique

  •  Fig. 2

     Fig. 2

    Gérard se fait le champion d’une demoiselle en détresse : la Demoiselle au Gant (Miniature 18) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 33r°

    © Bibliothèque royale de Belgique

  •  Fig. 3

     Fig. 3

    La demoiselle se jette dans les bras de Gérard après son combat avec Galérant (Miniature 20) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 37v°

    © Bibliothèque royale de Belgique

  •  Fig. 4

     Fig. 4

    La Demoiselle hors de la fontaine, Denise de la Lande (Miniature 39) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 85v°

    © Bibliothèque royale de Belgique

  •  Fig. 5

     Fig. 5

    Gérard, tête sur le giron de la mauvaise demoiselle (Miniature 40) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 88v°

    © Bibliothèque royale de Belgique)

  •  Fig. 6

     Fig. 6

    Le foulard ou Euryant la vraie amie (Miniature 21) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 40v°

    © Bibliothèque royale de Belgique

  •  Fig. 7

     Fig. 7

    Euryant se défend de Méliatir (Miniature 33) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 71r°

    © Bibliothèque royale de Belgique

  •  Fig. 8

     Fig. 8

    Euryant et Ismaine au lit (Miniature 34) dans l’Histoire de Gérard de Nevers (Lavis d’aquarelle – Maître de Wavrin) : Bruxelles, KBR, ms. 9631, fol. 72r°

    © Bibliothèque royale de Belgique

Citer cet article

Référence papier

Marielle Lavenus, « L’Histoire de Gérard de Nevers ou les parcours érotiques d’un chevalier et sa demoiselle : une lecture renouvelée des miniatures du Maître de Wavrin », Bien Dire et Bien Aprandre, 36 | 2021, 215-230.

Référence électronique

Marielle Lavenus, « L’Histoire de Gérard de Nevers ou les parcours érotiques d’un chevalier et sa demoiselle : une lecture renouvelée des miniatures du Maître de Wavrin », Bien Dire et Bien Aprandre [En ligne], 36 | 2021, mis en ligne le 01 février 2022, consulté le 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/247

Auteur

Marielle Lavenus

Université de Lille – IRHiS UMR 8529

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