« Notre corps nous appartient ». Perceforest : un roman « féministe » ?

  • Our Body is Ours: Perceforest as a Feministe Romance?

DOI : 10.54563/bdba.330

p. 301-314

Abstracts

Perceforest présente de nombreuses figures féminines qui semblent relever du modèle des mulieres viragines, des femmes fortes et viriles. Elles résistent aux violences masculines, s’organisent solidairement et semblent décider de leur sexualité ou exercer un pouvoir politique ou lignager. Elles pourraient donc à ce titre préfigurer le féminisme moderne. Pourtant une analyse des présupposés qui sous-tendent ces représentations autour du désir et de l’incubat suggère que le rapprochement n’est que superficiel.

Perceforest presents many female figures who seem to come from the model of mulieres, viragines, strong and virile women. They resist male violence, organize themselves in solidarity and seem to decide their sexuality or exercise political power or lineage. As such, they could foreshadow modern feminism. However, an analysis of the presuppositions underlying these representations (about desire and incubi) suggests that the rapprochement is only superficial.

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Text

« Notre corps nous appartient » : le slogan féministe est bien connu, qui, entre autres, affiche le refus de relations sexuelles et de procréations non consenties ou désirées. Nonobstant l’inévitable anachronisme, il ne semble pas contredit par Perceforest1, qui en met en récit dans des manuscrits dont aucun n’est antérieur à 1460, dans une chronique fictive racontant les progrès de la civilisation entre paganisme et christianisme, le passage d’une époque de violences exercées par les hommes contre les femmes, à la courtoisie, en même temps qu’il met en scène des personnages de femmes fortes, maîtresses de leur corps. C’est une thèse qu’il faudrait consacrer à la représentation des genres dans Perceforest. Ce texte en prose n’a retenu ni Roberta Krueger, dont l’étude sur les lectrices porte sur les textes en vers2, ni Helen Swift, qui focalise son approche sur les débats3, mais Jeanne Lods a consacré un développement à ses « figures de femmes4 » et Sylvia Huot, dans Postcolonial Fictions in the Roman de Perceforest5, met en relation l’établissement de la civilisation chevaleresque et courtoise par les hommes, et celui d’une norme hétérosexuelle, dans une analyse qui retient comme date de composition 1340. Cependant j’ai tenté de montrer que la « reprise » de Perceforest dans les années 1450 est en fait un remaniement profond, qui ne peut que différer fortement de la supposée version de 1340. Se pose alors la question d’un possible engagement de notre texte dans la Querelle des Femmes : je souhaiterais revenir sur l’hypothèse d’une coloration « féministe » de cette œuvre, qui accorde une large place à la géographie « bourguignonne », qui est conservée dans des manuscrits pouvant être rattachés soit directement à la cour de Bourgogne, soit aux goûts littéraires diffusés par celle-ci, et qui a été composée (ou recomposé, si l’on suit G. Roussineau) en milieu bourguignon vers 1450-14606, à une époque où les pièces du débat du Roman de la Rose ont déjà largement circulé et où le relais a été pris par la Querelle des Femmes7.

Dans un premier temps, je m’intéresserai aux « femmes fortes » de Perceforest, c’est-à-dire à celles qui transgressent les codes du genre médiéval et pourraient préfigurer les revendications féministes modernes dans leur relation au corps. Cependant, dans un second temps, il sera nécessaire de questionner ces représentations en en mettant à jour les présupposés, relevant de représentations du désir et de l’incubat ancrées dans l’époque médiévale (voire les années 1430-1460) et étrangères aux préoccupations modernes.

Les mulieres viragines

De nombreuses figures féminines de Perceforest adoptent des postures qui relèvent des représentations masculines de l’époque. Certaines se déguisent en homme comme Néronés ou Cersés : leur vêtement, leur fonction sociale (écuyer, berger), leur teint (noirci), leur pseudonyme (Tarquin, Malaquin) font qu’on les prend pour des hommes. D’autres ont un nom masculin : la Pucelle aux deux Dragons est nommée Alexandre8 ; Blanche, se fait appeler Gorloés9, d’un nom homonyme du mari d’Ygerne. Ces femmes ont en commun de décider elles-mêmes de leurs choix amoureux et sexuels. Elles partagent cette posture avec d’autres figures, qui n’adoptent pas des stratégies aussi radicales que le travestissement, la fuite, le déclassement social ou la pseudonymie, mais qui n’en ont pas moins une attitude active dans la mesure où elles revendiquent la maîtrise de leur corps, qu’il s’agisse du refus du viol, de leur sexualité, de leur maternité ou de l’exercice du pouvoir lignager ou politique.

En ce qui concerne le viol10, le rapt, la violence physique et verbale, le livre I montre que leur vengeance, tout comme leur prévention, souvent prises en charge dans les romans médiévaux par des chevaliers ou des rois, sont ici aussi du ressort des femmes. Darnant et son lignage se rendent coupables de méfaits envers les demoiselles11. Les viols, rapportés en général au passé dans des évocations rétrospectives, sont nombreux. La lutte entre les chevaliers de Perceforest et le lignage de Darnant est marquée par de nombreuses mentions de demoiselles insultées, maltraitées, violées, enlevées, tuées, dont l’extrême jeunesse (comme dans le cas de Filote) teinte ces crimes de pédophilie. Si ce sont les chevaliers de Perceforest qui tuent les félons, comme il se doit dans un récit de chevalerie, les demoiselles sont actives et apportent leur contribution : elles renseignent et soignent. Et surtout elles s’organisent : réunies à quarante dans le château de l’une d’elle, Sarra, elles décident d’aider Perceforest et ses compagnons et pour ce faire, elles se divisent en quatre groupes (parties, compagnies). Sarra tient à ses compagnes un véritable discours militant, invoquant leur triste situation commune : Nous […] qui sommes les plus serves et les plus viles tenues de toutes les femmes du monde […]. Utilisant le mot courtoisies12, qui fait l’une de ses premières apparitions dans le récit, elle décide ses compagnes à agir13. Elles adoptent un rôle viril, décidant de leur destin, prenant les chemins. En les voyant approcher, Alexandre et ses compagnons les prennent d’ailleurs pour des chevaliers14. Le texte suit successivement ces quatre groupes, dans un mouvement narratif qui annonce, plus loin la quête masculine de Perceforest. Quarante chevaliers du lignage de Darnant15 assiègent le château de Malebranche, quarante demoiselles de la forêt aident les vingt-deux chevaliers de Perceforest : l’antagonisme se joue plus entre les demoiselles et le lignage de Darnant (quarante de chaque côté), qu’entre les chevaliers des deux camps. Les femmes ne sont pas les simples auxiliaires des chevaliers de Perceforest ; au contraire ce sont eux qui soutiennent la lutte menée par les demoiselles.

Les demoiselles sont constituées en ordre, celui des demoiselles au cainse roseté. Blessé, Perceforest a serré Sarra dans ses bras pour la remercier de son aide, tachant de sang sa tunique blanche. Toutes ont alors demandé à ce que leur vêtement soit marqué de même : désormais, lors des cours, elles porteront leurs cainses enrichies du sanc du roi16. Cet épisode constitue les demoiselles en ordre féminin17 : bien avant que Perceforest institue l’Ordre du Franc Palais (masculin), ce sont des femmes qui inventent, selon Perceforest, l’ordre comme organisation sociale, en écho aux pratiques contemporaines. À la fin du Moyen Âge, la coutume se développe chez les princesses – à l’imitation des hommes – de distribuer des robes emblématiques, qui contribuent à constituer autour d’une femme des groupes sociaux caractérisés par une tenue commune. C’est le cas par exemple, comme l’a montré Laurent Hablot, de Marguerite de Savoie, cousine de Philippe le Bon, qui, en 1434, distribue des livrées identiques à un public d’hommes et de femmes18. Certes il ne s’agit pas dans ce cas d’un ordre composé exclusivement de femmes ou de livrées distribuées uniquement à des femmes, mais selon Laurent Hablot la symétrie entre les pratiques des princes et celles des princesses est remarquable, et il est possible que l’auteur de Perceforest ait eu l’idée de transposer les ordres de chevalerie avec emblèmes et livrées dans un contexte féminin.

Ce qui caractérise l’action des femmes contre Darnant, c’est sa dimension collective. De nos jours, nous les estimerions militantes et solidaires. Indépendantes, sans maris, sans protecteurs, isolées dans des châteaux où elles accordent l’hospitalité, elles mettent en place des systèmes défensifs qui contribuent à leur indépendance : elles se rendent invisibles19, renforcent les fortifications de leurs demeures20 ; Gloriande invente un ingénieux dispositif et le partage avec ses consœurs21. Les demoiselles sont maîtresses de leurs demeures, elles bâtissent (ce n’est certainement pas pour rien qu’Alexandre découvre des fours à chaux près de chez Sebille22), elles sont solidaires et utilisent leur intelligence contre la violence masculine et les aléas d’une histoire construite par les hommes. Constituées en communautés (demoiselles de la forêt, ordre du cainse roseté), elles sont aussi soudées par des solidarités familiales puissantes : les mères et les filles, qui souvent portent le même nom (comme dans le cas de Blanche ou Lisane), sont très proches (voire interchangeables), tout comme les cousines. La reine de la Roste Montagne aide sa fille, Flamine, jusqu’au sacrifice, contre son mari incestueux et diabolique, Aroés. Les solidarités verticales et horizontales, qui structurent le monde des hommes dans l’Europe féodale, sont ici préfigurées. Les mères23, les tantes et les nourrices sont plus actives que les pères, qu’il s’agisse de la Reine fée ou de Morgane, parmi bien d’autres, d’autant que le ravage de la chevalerie après la défaite contre les Romains a provoqué la mort de presque tous les hommes : l’éducation de Passelion par Morgane en est la preuve.

Refusant les injures, le rapt, le viol, les coups, les femmes se veulent aussi maîtresses de leur sexualité, dans le sens où elles décident des relations sexuelles, et non les hommes. Certes le topos de la fée séductrice, qui renvoie à un fantasme masculin et à une figure féminine d’exception, peut expliquer ce trait. Pourtant dans Perceforest ce ne sont pas seulement les fées qui décident de leur propre vie sexuelle, mais aussi de simples mortelles, comme Néronés. D’ailleurs femmes et fées partagent une même nature : la féerie, relevant d’un savoir acquis, d’origine orientale, puis transmis de mère en fille, n’est pas le signe d’une surnature.

Lidoire, la Reine Fée, est une femme forte particulièrement intéressante. Son mari, Gadifer, préfiguration du roi Méhaigné, a été blessé ou tournant de la cuisse24 par un sanglier monstrueux, et reste alité, impotent (mais pas impuissant), et elle se substitue à lui pour régner, organiser la vie féodale et veiller sur le lignage. Princesse promue fée par son savoir et la nécessité où elle se trouve de compenser les faiblesses de son mari, elle devient la Reine Fée, après avoir appris la nigremance d’Aristote, puis d’une demoiselle car elle estoit de bon sens et de cler engin et sy y mist toute son entente25. Si Morgane ou Viviane dans le Lancelot Graal apprennent de Merlin en monnayant leurs charmes physiques, le savoir dans Perceforest s’acquiert de femme à femme, et repose sur le desir […] de sçavoir la science, la libido sciendi, et non la libido sentiendi, sexuelle. Douée de ce savoir, la Reine Fée fabrique pour son époux qu’elle ne parvient pas à guérir un beuvraige oublieux26 qui lui fait perdre le souvenir de son passé : désormais, elle assure une sorte de régence et c’est pendant cette période qu’est conçu le quatrième enfant du couple, destiné à régner, dans un épisode qui montre la reine décidant de sa sexualité, ce qui, dans le cas de l’engendrement de cet héritier mâle entre particulièrement fortement en contradiction avec les cadres mentaux de l’époque.

Une nuit, la reine se lève de son lit et métamorphose un chevalier, Estonné, en ours, irritée qu’elle est de l’entendre parler à son amie Liriopé, jeune protégée de la reine. Gadifer, son mari, lui demande de revenir se coucher, ce qu’elle fait :

Et le roy, qui estoit esveillié, ala dire : « Madame, que faictes vous la ? Venez couchier, sy me direz de voz nouvelles. – Sire, dist elle, je le feray voulentiers. » Lors s’en vint couchier lez son seigneur, sy s’entreprindrent a accoler. Dont la chose ala si avant que la royne conceupt et demoura celle nuyt ençainte d’un filz de son seigneur27.

Ce récit ne met pas en avant particulièrement la part active de la reine dans la conception, qui semble plutôt résulter d’une prise de décision du mari et d’une attirance partagée. Pourtant c’est une autre version qui est proposée au livre IV, alors que l’enfant est devenu un adulte. De toute évidence, la reine, à son retour dans le lit, n’a pas informé son mari de ce qui vient de se passer, elle n’a pas donné les nouvelles demandées, puisque ce n’est que dans le livre IV qu’elle lui apprend ce qui s’est passé, dans un récit où son je écrase toute initiative maritale :

Je conceus un filz [...]. Mais telle fut l’aventure que l’enffant vint sur terre pelu comme ung ours par la melancolie que j’avoie, en le concevant, sur Estonné que j’avoie mué en ours par mon subtil art28.

Le lecteur peut avoir l’impression que la reine a eu des relations sexuelles avec le roi pour détourner sa curiosité et éviter les questions, ce que semble confirmer le récit que Lidoire poursuit : en celant la verité je me accointay de vous tellement qu’a ce point je conceus un fils de vous, dont au terme deu je me delivray29. Le père ne saura rien avant longtemps de ce fils, de sa conception, de son destin, et apparemment il n’a même pas été au courant de la grossesse. Par ailleurs c’est la colère de la mère contre Estonné qui déterminera seule l’aspect de l’enfant. La reine a transformé le chevalier en ours parce qu’elle cherchait à réguler le désir de celui-ci pour Liriopé, dont elle est en quelque sorte la mère adoptive. Paradoxalement la reine réprime et sanctionne le désir d’Estonné en le transformant en ours, symbole de la vigueur sexuelle, et met au monde un fils à morphologie ursine, ressemblant à Estonné comme un enfant à son père. Dans ce scénario, Estonné semble le vrai père, fortement sexué, transmettant son physique à son fils, alors que le roi n’a qu’un rôle secondaire et se trouve dépossédé de sa paternité. L’exil de l’enfant, que la reine explique par sa pilosité (révélatrice d’un adultère fantasmé ?), a été motivé, nous l’apprenons ensuite, par le fait que la reine a lu dans les étoiles que l’enfant devait, pour son honneur, quitter la Bretagne30. La conception d’Ourseau, si elle convoque des croyances bien connues sur l’influence de la vue et de l’imagination maternelle dans les conceptions, est aussi l’occasion de camper une Reine Fée qui décide, sagement (grâce aux étoiles) du destin de l’enfant et surtout de sa conception, manipulant un père impotent et mettant à contribution un père de substitution, plus viril, sans qu’aucun des deux ait conscience de ce qui se passe.

Un autre épisode met en scène des femmes maîtrisant leur sexualité et leur maternité, et imposant leur désir aux hommes. Dans le livre V, les nièces de Morgane ont décidé de mettre en place des épreuves pour sélectionner les meilleurs géniteurs pour tomber enceintes31 et les trois premières sœurs réussissent à séduire trois valeureux chevaliers et à tomber enceintes sans qu’ils le sachent Dans le livre I, Sibille, de même, retenait Alexandre dans son château par ses charmes, physiques et magiques, et lui faisait oublier le temps : quand il part, elle est enceinte mais il n’en sera informé que tardivement.

Perceforest met donc en scène des femmes fortes, qui luttent contre les prédateurs, décident de leur choix amoureux et sexuels, exercent le pouvoir politique et au sein du lignage. Leurs atouts : leurs actions solidaires et le savoir qu’elles ont acquis, la nigremance, c’est-à-dire, si l’on transpose sans craindre l’anachronisme, l’éducation et le militantisme.

Perceforest, campant des femmes fortes et positives, serait-il donc un roman « féministe » ? Imprégné par le Roman de la Rose (le luiton Zéphir doit à Genius32) et diffusé dans un milieu bourguignon qui n’est pas resté à l’écart du débat du Roman de la Rose, déjà un peu ancien vers 1450, mais toujours d’actualité dans la Querelle des femmes, comme en témoigne Martin le Franc et son Champion des Dames de 1440-1442, Perceforest peut se lire dans le contexte du questionnement contemporain sur les femmes. Par ailleurs, un certain nombre de rapprochements peuvent être proposés entre la Reine Fée et Isabelle de Portugal33 et Cersés tient peut-être de Jeanne d’Arc, mais aussi, et surtout selon moi, de Jacqueline de Hainaut (de Bavière) qui eut de nombreux maris et se déguisa en page pour soulever la Hollande contre Philippe le Bon34, tout comme Cersés, dont la première apparition dans le texte se situe à Tournai, se vêt en écuyer et livre le royaume de Perceforest à l’ennemi. Certes le motif du travestissement est attesté ailleurs, comme en témoigne le Roman de Silence, et un parallèle historique, plus ancien, pourrait être fait, comme le suggère Sylvia Huot, avec Guillaume de Hainaut et Jean d’Avesnes35 : il n’en demeure pas moins que le lecteur bourguignon des années 1450 n’a pu manquer de mettre en relation les femmes fortes de Perceforest avec la Querelle des femmes et avec quelques figures contemporaines. Il se pourrait que le « féminisme » de Perceforest soit inscrit dans son siècle, au moins si ce n’est plus, daté (dans les deux sens du terme : relevant d’une période donnée et dépassé) que précurseur. C’est ce que suggère l’étude des présupposés qui sous-tendent les représentations des femmes fortes, autour du désir et de l’incubat.

Les femmes, le désir et le surnaturel

En effet, si les femmes adoptent des postures que les représentations médiévales placeraient plutôt du côté du masculin, c’est surtout parce que les hommes sont faibles quand ils sont mus par le désir sexuel. Perceforest ne traite pas de la même façon les désirs masculins et féminins. Le désir porte la Reine fée au savoir (elle est mue par le grant desir qu’elle avoit de sçavoir la science36), vers ses enfants qu’elle veut revoir après en avoir été séparée (la royne desira moult ses enfans37), mais pas à la sexualité. Les nièces de Morgane veulent avant tout des enfants.

La libido sentiendi n’est pas féminine. Elle est masculine, et c’est un point faible. De nombreux épisodes suggèrent que le désir masculin peut se tromper d’objet : c’est le cas pour Norgal, qui croit aimer Blanche, à tort. Ce désir est mortifère : le dos de la Beste Glatissant, qui montre à chacun l’objet de ses désirs, piège, dans une luminosité colorée, celui qui regarde, puis le dévore. Le miroir où les chevaliers contemplent, stupéfiés, leur désir dans le livre VI les rend récréants38. L’une des fonctions principales du luiton Zéphir est de canaliser les désirs de chevaliers fougueux comme Estonné ou Passelion, ou d’orienter de jeunes velléitaires comme Nestor, afin qu’ils se reproduisent et donnent naissance à de glorieux lignages, assurant la transition entre les Grecs d’Alexandre le Grand et le monde arthurien. Livré à lui-même, le désir masculin n’est que faiblesse et erreur.

La comparaison des pulsions de Néronés et de son ami, le Chevalier Doré, est significative39. Le texte insiste très longuement sur le désir amoureux du Chevalier Doré, le premier à être frappé par la flèche d’Amour40. Il éprouve tous les symptômes hérités d’Ovide, le froid, les suées, l’insomnie… Subissant (il n’avoit pouoir de se deffendre) un désir qui est manque (comme le rappelle l’étymologie desiderium par opposition à libido), il imagine et fantasme. Si plusieurs pages sont consacrées aux souffrances que le désir inflige au chevalier41, une phrase suffit pour Neronés : elle estoit tellement ferue en l’amour du jenne chevalier que plus n’en pouoit42. Il n’y a pas symétrie : ces deux amans furent plusieurs jours a grant martire, l’un par couardie de requerre et l’autre par faulte de requereur43. Finalement le chevalier fait un aveu contourné, les yeux cachés derrière un coeuvrechief44 et c’est à Néronés qu’il revient de traduire et de prononcer, paradoxalement, la déclaration d’amour que le jeune homme devrait lui adresser45. Désormais, elle est le médecin, lui le malade, et c’est attendrie par ses larmes (et non poussée par le désir), qu’elle approche son visage du sien46 et lui accorde explicitement son corps et son amour, dans un baiser. Dans cette histoire d’amour réciproque et exemplaire, le désir est masculin, il rend vulnérable, et si les femmes sont fortes, c’est qu’elles ne lui sont pas soumises. Il n’est pas question d’un désir féminin émancipé : si les femmes sont fortes, c’est qu’elles ne sont pas hantées par la libido sentiendi.

Deux épisodes laissent cependant deviner un désir (libido sentiendi) féminin : ils correspondent à des situations d’exception. Cersés la romaine a d’abord une liaison avec Luce, puis avec Betidés. Dans les deux cas, les sentiments semblent symétriques : Mais il vous fault entendre que, se Nabel s’enamoura de la damoiselle, aussi fist elle de lui ; il y a amour sy grande entre eulx deux47. Mais cette symétrie est contredite par le fait que le texte accorde une quinzaine de lignes à la naissance de l’amour chez Nabel et rien à Cersés. Par ailleurs la formule Mais il vous fault entendre que attire l’attention du lecteur sur ce qui, ainsi présenté, apparaît comme surprenant, résistant à l’entendement : cette symétrie n’est pas normale, Cersés est un contre-exemple. Cersés, qui se déguise en homme, est habitée par un simulacre de désir, elle singe le désir des hommes, elle finira infanticide et foudroyée, le corps brûlé par le feu divin sanctionnant l’embrasement contre nature de sa chair48.

 

Un autre épisode laisse émerger un désir féminin et montre en même temps un homme résistant, de son propre chef, aux pulsions sexuelles (sans que Zéphir ait besoin de le canaliser, ce qui est exceptionnel). Contredisant doublement les représentations majoritaires dans le récit, l’histoire de Capraise et Galafur met en scène une demoiselle qui éprouve un désir sexuel et un héros prédestiné à accomplir le destin de la Bretagne en ne succombant pas à sa libido : dans le livre V, les nièces de Morgane ont mis en place l’aventure de l’épée vermeille, qui gardera sa couleur uniquement si le chevalier qui a réussi à la saisir reste chaste, après qu’elles auront tenté de le séduire pour engendrer une descendance valeureuse. Les sœurs ne sont pas animées par la libido sentiendi : elles sont en grant desir de connaître le vainqueur de l’épreuve du Perron et surtout d’avoir des enfants. Elles instaurent une épreuve pour sélectionner le meilleur géniteur, qui n’aura pas semé ses gênes aux quatre vents, et elles attisent son désir par des boivres. Les trois sœurs les plus âgées parviennent à leurs fins. Capraise, cependant, mue par un puissant désir de maternité49, tente en vain de séduire Galafur50 qui résiste à la mise en scène complexe des sœurs qui lui font croire que la déesse Vénus va le visiter la nuit. Sans qu’il soit possible de développer51, il importe de noter que Vénus inspire du désir à Capraise : couchée avec Galafur, elle commensça […] a souppirer ung petit. Et ce lui procedoit d’une certaine tendreur et paour entremeslee de grant desir52. Cependant le désir de Capraise ne peut se confondre avec un désir masculin : il est tempérée par sa virginité (mais pour ce qu’elle estoit encores pucelle et que vergongne dominoit fort en elle, certes elle se deporta du surplus53), qui en même temps l’explique : si elle n’était pas vierge, elle serait mère et assouvie, car, le texte ne cesse de le rappeler, son désir le plus puissant est d’être mère et elle agit non pas tant pour le plaisir du deduit comme pour estre mere54. Cet épisode, fort long, illustre un cas extrême et exceptionnel, d’une femme qui désire et d’un homme que son désir ne contrôle pas, Galafur, annonçant par son nom et sa vertu Galaad, étant un élu qui rend caduques, par sa valeur morale et spirituelle, les lois naturelles, en particulier cette faiblesse qu’est le désir masculin.

C’est donc, non au nom d’une reconnaissance du désir féminin que les femmes fortes de Perceforest pourraient incarner un féminisme médiéval, mais au contraire parce que les femmes sont présentées comme moins susceptibles que les hommes de subir les assauts d’une libido asservissante.

 

Si cette conception du désir qui invite à nuancer fortement l’idée d’une modernité intemporelle du féminisme de Perceforest fait partie des représentations communes au Moyen Âge, il revient à l’auteur de s’engager plus personnellement dans les débats de son temps pour tout ce qui relève de la relation au surnaturel. La nigremance n’est pas un pouvoir mais un savoir qui s’apprend, qui dans le cas des demoiselles ou dames faees n’est pas diabolique (alors qu’un Aroés ou un Darnant pratiquent une magie noire). Dans un épisode surprenant du livre II55, Estonné, emporté par le luiton Zéphir, assiste à un sabbat de vieilles sorcières barbues, qui finit en pugilat carnavalesque56 : j’ai pu rapprocher cet épisode de la vauderie d’Arras, en territoire bourguignon (1459-1460)57. Dans cet épisode, les sorcières (des femmes uniquement) sont des villageoises, laides, vieilles, stupides, armées d’ustensiles de la vie quotidienne : elles sont moquées et finalement dupées, lorsque le diable ne les défend pas contre Estonné. Bavardes impénitentes, elles ne semblent pas très maléfiques et la scène ne comporte rien qui renvoie à un imaginaire diabolique inquiétant, le démon supervisant la scène étant plus farceur qu’autre chose. Perceforest rejette le modèle de la sorcière diabolique, en possession d’un pouvoir dangereux dont elle userait au détriment des humains et en particulier des hommes, et se ferait l’écho du débat qui anima le monde bourguignon au moment de la vauderie : si certains diabolisèrent celle-ci, Philippe le Bon eut pour le moins une attitude pondérée, et certains historiens, dont Johan Huizinga, portent à son crédit l’arrêt des persécutions58. Les adeptes des puissances des ténèbres, dans Perceforest, ne sont pas les sorcières, mais la secte de Darnant ou Aroés59 : des femmes, dont les demoiselles de la forêt (dans le cas du lignage de Darnant) ou la Reine de la Roste Montagne et sa fille (dans celui de Darnant) œuvrent à mettre fin aux maléfices de ces mâles créatures du Diable. Perceforest déconstruit donc le lien privilégié entre femme et diablerie, que l’imaginaire de la fin du Moyen Âge tendait à consolider. Le « féminisme » de Perceforest tient surtout à ce rejet de la diabolisation des femmes.

Encore plus étranger aux mentalités actuelles, la problématique de l’incubat permet aussi de valoriser les femmes. Comme je l’ai montré dans Perceforest et Zéphir60, l’incubat est rejeté par Perceforest alors que le luiton Zéphir, qu’Anne Berthelot définit comme « épigone rétroactif de Merlin61 », le fils du diable, aurait pu donner lieu à des épisodes annonçant la conception par incubat du devin des premiers temps arthuriens, d’autant que le luiton et l’incube relèvent d’imaginaires apparentés. Perceforest tient cependant à l’écart toute union entre des esprits ou des dieux et des humains, qu’il s’agisse d’incubes, de succubes ou de hiérogamies : l’idée que Vénus souhaite coucher avec des chevaliers, émise par les nièces de Morgane, n’est qu’une fiction ; le père de Zélandine, dans le livre III, se trompe en pensant que c’est Mars qui a mis sa fille enceinte alors qu’elle était enfermée dans une tour : le père n’est pas ni un incube, ni Zéphir, c’est le chevalier Troylus que le luiton, sous la forme d’un oiseau, a transporté dans la chambre de la demoiselle62. Zéphir canalise, dompte, facilite les désirs des hommes, mais ne se substitue jamais à eux. Toutes les naissances, même celles qui annoncent Merlin ou Arthur, sont naturelles, et le péché originel d’une matière arthurienne dont le roi fondateur aurait été engendré selon un scénario du type « Amphytrion » avec l’aide du fils d’un démon se trouve effacé. C’est avec une énergie notable que l’auteur décline les généalogies et accouple les humains, aidé en cela par un Zéphir dont la tâche première est de faciliter la procréation et le renouvellement des générations. Une femme ne peut être trompée par des démons qui coucheraient avec elle : aucune n’a à craindre le sort de la mère de Merlin. La seule conception hors norme que reconnaît (et valorise) le texte est celle du Christ.

 

La valorisation de la femme dans Perceforest prend donc appui sur une conception du désir et un positionnement sur la question des rapports entre la femme et le diable qui n’auraient rien de féministe aujourd’hui, même si le rôle de l’éducation et des solidarités féminines peuvent entretenir l’illusion d’une communauté de pensée. Le rejet de l’incubat, qui rend à la Vierge Marie son statut d’exception miraculeuse, ne se comprend que resitué dans les débats contemporains de l’œuvre (en particulier au sujet de la sorcellerie) et relève d’un imaginaire daté, même s’il contribue, lui aussi, à affermir la maîtrise des femmes sur leur corps et leur sexualité. Dans cette perspective, l’orthodoxie chrétienne, sur laquelle s’appuie Perceforest, posant l’exception virginale dans son unicité, contribue à valoriser la femme. Le « féminisme » de Perceforest n’est donc pas prophétique, il n’est que superficiellement concordant avec les discours des xxe et xxie siècles. Si le rejet de la violence physique et verbale, du viol, la maîtrise de la sexualité, la possibilité d’exercer le pouvoir, pourraient constituer des points de convergence, tout comme l’on pourrait mettre en relation le souci de dédiaboliser les villageoises du sabbat, de modestes femmes, avec le projet social de certains féminismes, il n’en demeure pas moins qu’il faut résister à la séduction de l’analogie et à l’illusion d’une représentation trop téléologique de l’histoire des idées : la représentation du désir et de la conception virginale du Christ comme exception absolue aux conceptions naturelles qui sont la loi générale, fondamentale dans Perceforest, entre en contradiction avec les discours féministes modernes. Le « féminisme » de Perceforest n’est que très superficiellement concordant avec celui (ceux) des xxe et xxie siècles. Pour reprendre l’expression d’Alcuin Blamires Perceforest est plus « profeminine » que « profeministe63 » et rejetterait certainement la PMA en même temps que l’incubat.

Notes

1 Perceforest, éd. G. Roussineau, 14 vol., Genève, Droz, 1988-2018 (Textes littéraires français, 343, 365, 409, 434, 506, 540, 592, 615, 631, 647) (livre I, 2 vol., 2007 ; livre II, 2 vol., 1999, 2001 ; livre III, 3 vol., 1988, 1991, 1993 ; livre IV, 2 vol., 1987 ; livre V, 2 vol., 2012 ; livre VI, 2 vol., 2014 ; Complément. Variantes inédites, 1 vol., 2018). Return to text

2 R. L. Krueger, Women Readers and the Ideology of Gender in Old French Verse Romance, Cambridge University Press, 1993 (Cambridg Studies in French, 43). Return to text

3 H. J. Swift, Gender, Writing, and Performance. Men Defending Women in Late Medieval France, 1440–1538, Oxford, Clarendon Press, 2008 (Oxford modern languages and literature monographs). Return to text

4 J. Lods, Le roman de Perceforest. Origines, composition. Caractères. Valeur et influence, Genève, Droz, 1951, p. 126-134. Return to text

5 S. Huot, Postcolonial Fictions in the Roman de Perceforest. Cultural identities and hybridities, Cambridge, D. S. Brewer, 2007 (Gallica, 1). Return to text

6 L’un des éléments suggérant que le Perceforest actuel n’est pas antérieur à 1460 est qu’avant cette date on ne trouve aucune allusion à ce texte, alors qu’elles se multiplient après ; cf. Chr. Ferlampin-Acher, Perceforest et Zéphir : propositions autour d’un récit arthurien bourguignon, Genève, Droz, 2010 (Publications romanes et françaises, 251), p. 53-85. Le Pas du Perron Fée (qui se tint en 1463) fait allusion à deux reprises à Perceforest dans le prologue et à une dame appelée Toute Passe, qui rappelle le surnom que Galafur donne à sa dame, la Pucelle aux deux Dragons ; cf. Le pas du perron fée. Édition des manuscrits Paris, BnF fr 5739 et Lille BU 104, éd. Chl. Horn, A. Rochebouet et M. Szkilnik, Paris, Champion (Les classiques français du Moyen Âge, 169), 2013 (p. 155-156, p. 157). Return to text

7 V. Greene, « Le débat sur le Roman de la Rose », Cahiers de recherches médiévales, t. 14, 2007, p. 297-311 ; Le débat sur le “Roman de la Rose”. Christine de Pisan, Jean Gerson, Jean de Montreuil, Gontier et Pierre Col, éd. et trad. É. Hicks, Paris, Champion, 1977 (Bibliothèque du xve siècle, 43). Return to text

8 Perceforest, éd. G. Roussineau, l. VI, § 460, 6. Return to text

9 Sur les noms en –ès, –és (relevant d’une suffixation masculine en grec) portés dans Perceforest par des figures féminines, cf. Chr. Ferlampin-Acher, « Le mauvais genre des noms propres féminins se terminant par –és dans Perceforest », dans Par le nom connaît on l’homme. Poétique médiévale de l’onomastique, dir. Chr. Ferlampin-Acher et F. Pomel (à paraître). Return to text

10 L’épisode où Troÿlus dans le livre III met enceinte Zélandine endormie ne peut être assimilé à un viol : la demoiselle est amoureuse du chevalier et après que Troÿlus s’est uni à elle, elle pousse un soupir d’aise (Perceforest, éd. G. Roussineau, l. III, t. 3, p. 90). Return to text

11 Perceforest, éd. G. Roussineau, l. I, § 188 ; l. I, § 203 ; l. I § 313, 13-12 ; l. I, § 318 ; l. I, § 388. Return to text

12 Perceforest, éd. G. Roussineau, l. I, § 435, l. 6. Return to text

13 Ibid., l. I, § 435. Return to text

14 Ibid., l. I, § 439. Return to text

15 Ibid., l. I, § 476. Return to text

16 Ibid., l. I, § 537, § 539. Return to text

17 Cf. Chr. Ferlampin-Acher, « Le sang dans Perceforest : du sang real au sang du Christ », Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes, t. 21, 2011, p. 153-168. Return to text

18 L. Hablot, « Les princesses et la devise. L’utilisation politique de l’emblématique par les femmes de pouvoir à la fin du Moyen Âge », dans Femmes de pouvoir et pouvoir des femmes dans l’Occident médiéval et moderne, dir. E. Santinelli et A. Nayt-Dubois, Presses Universitaires de Valenciennes, 2009 (Lez Valenciennes, 41-42), p. 163-183. Return to text

19 Perceforest, éd. G. Roussineau, l. I, t. 1, § 532. Return to text

20 Ibid., l. I, t. 1, § 411. Return to text

21 Ibid., l. II, t. 1, § 411-412. Return to text

22 Cf. Chr. Ferlampin-Acher, « Sebille prophétesse et maternelle : du monde antique au monde arthurien dans Perceforest », dans La Sibylle, parole et représentation, dir. M. Bouquet et Fr. Morzadec, Presses Universitaires de Rennes, 2004 (Interférences), p. 211-225. Return to text

23 Cf. Chr. Ferlampin-Acher, « Le rôle des mères dans Perceforest », dans Arthurian Romance and Gender, dir. Fr. Wolfzettel, Amsterdam Atlanta, Rodopi, 1995 (Internationale Forschungen zur Allgemeinen und Vergleichenden Literaturwissenschaft, 10), p. 274-284. Return to text

24 Perceforest, éd. G. Roussineau, l. II, t. I, § 235, l. 10. Return to text

25 Ibid., l. II, t. 1, § 256, l. 11-12. Return to text

26 Ibid., l. II, t. 1, § 260, l. 2. Return to text

27 Ibid., l. II, t. 1, § 576, l. 4-10. Return to text

28 Ibid., l. IV, p. 1002. Return to text

29 Ibid. Return to text

30 Ibid., l. IV, p. 1003. Return to text

31 Ibid., l. V, § 281. Return to text

32 Cf. Chr. Ferlampin-Acher, Perceforest et Zéphir, p. 300ss. Zéphir, cependant n’est pas misogyne comme Genius. Return to text

33 Ibid., p. 254-257, 402, 415. Return to text

34 Cf. J. Calmette, Les grands ducs de Bourgogne, Paris, Club des Libraires de France, 1956 (1re éd., 1949), p. 156. Return to text

35 S. Huot, Postcolonial Fictions, p. 180. Return to text

36 Perceforest, éd. G. Roussineau, l. II, t. 1, § 256, l. 13-14. Return to text

37 Ibid., l. II, t. I, § 261, l. 2. Return to text

38 Cf. Chr. Ferlampin-Acher, « Perceforest et ses miroirs aux alouettes », dans Miroirs et jeux de miroirs dans la littérature médiévale, dir. F. Pomel, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2003 (Interférences), p. 323-338. Return to text

39 On pourrait aussi analyser dans cette perspective les métamorphoses décalées en taureau et levrette du Tor et de Liriopé dans le livre III (Perceforest, éd. G. Roussineau, l. III, t. 2, p. 35ss). Cf. Chr. Ferlampin-Acher, Fées, bestes et luitons : croyances et merveilles dans les romans français en prose, xiiie-xive siècles, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne (Traditions & croyances), 2002, p. 149-151. Return to text

40 Perceforest, éd. G. Roussineau, l. III, t. 1, p. 109-112. Return to text

41 Ibid., l. III, t. 1, p. 108-112. Return to text

42 Ibid., l. III, t. 1, p. 111, l. 67-69. Return to text

43 Ibid., l. III, t. 1, p. 112, l. 85-88. Return to text

44 Ibid., l. III, t. 1, p. 114, l. 176-177, p. 115, l. 208. Return to text

45 Ibid., l. III, t. 1, p. 115. Return to text

46 Ibid., l. III, t. 1, p. 116. Return to text

47 Ibid., l. III, t. 2, p. 290, l. 627-629, l. 630-631. Return to text

48 Ibid., l. IV, p. 608. Return to text

49 Ibid., l. V, § 249. Return to text

50 Ibid., l. V, § 244-299. Return to text

51 Cf. Chr. Ferlampin-Acher, « Les amours des nièces de Morgane dans Perceforest (l. V) : la mise en scène du désir », dans Byzanz und das Abendland. Byzance et l’Occident VII. Actes du colloque de Budapest, 25-28 novembre 2019, Collège Eötvös József, dir. Em. Egedi-Kovács (à paraître). Return to text

52 Perceforest, éd. G. Roussineau, l. V, § 285. Return to text

53 Ibid., l. V, § 250. Return to text

54 Ibid., l. V, § 295. Return to text

55 Ibid., l. II, t. 1, p. 215ss. Return to text

56 Cf. Chr. Ferlampin-Acher, « Le sabbat de vieilles barbues dans Perceforest », Le Moyen Âge, t. 99, 1993, p. 471-504. Cf. aussi un complément dans Chr. Ferlampin-Acher, Perceforest et Zéphir, p. 164ss. Return to text

57 Ibid., p. 349. Return to text

58 Pour un développement plus complet, cf. ibid., p. 351ss. Return to text

59 Ibid., p. 355ss. Return to text

60 Ibid., p. 290ss. Return to text

61 A. Berthelot, « Zéphir, épigone “rétroactif” de Merlin dans le Roman de Perceforest », Le moyen français, t. 38, 1996, p. 7-20. Return to text

62 Chr. Ferlampin-Acher, Perceforest et Zéphir, p. 324. Return to text

63 Alc. Blamires, The Case for Women in Medieval Culture, Oxford, Clarendon Press, 1997. Return to text

References

Bibliographical reference

Christine Ferlampin-Acher, « « Notre corps nous appartient ». Perceforest : un roman « féministe » ? », Bien Dire et Bien Aprandre, 36 | 2021, 301-314.

Electronic reference

Christine Ferlampin-Acher, « « Notre corps nous appartient ». Perceforest : un roman « féministe » ? », Bien Dire et Bien Aprandre [Online], 36 | 2021, Online since 01 février 2022, connection on 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/330

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Christine Ferlampin-Acher

CELLAM université Rennes 2

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