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Les journées d’études consacrées à la réception et à la représentation de l’Antiquité, en particulier dans la littérature du Moyen Âge, succèdent à un certain nombre de travaux antérieurs. Mentionnons d’abord L’Humanisme médiéval dans la littérature française des xiie et xiiiesiècles, colloque organisé à Strasbourg en 1­962, et Présence de Virgile, colloque organisé en 1976 par R. Chevallier – mais on n’y relève qu’une seule communication se rapportant au Moyen Âge. En 1981 D. Buschinger et A. Crépin ont dirigé un colloque sur La représentation de l’Antiquité au Moyen Âge, tandis qu’en 1982 l’École Française de Rome se consacrait aux Lectures médiévales de Virgile. Signalons encore en 1991 Troie au Moyen Âge (Centre d’Études Médiévales de Dialectales de Lille III), en 1993 Images de l’Antiquité dans la littérature française, le texte et son illustration et en 1997 Entre fiction et histoire. Troie et Rome au Moyen Âge, ces deux colloques sous la responsabilité d’E. Baumgartner et L. Harf-Lancner. Ajoutons qu’on doit désormais se référer à l’article de F. Mora-Lebrun sur « La réception de l’Antiquité au Moyen Âge », publié en mars 2005 dans Perspectives Médiévales, importante mise au point qui met aussi l’accent sur l’horizon des recherches actuelles en la matière.

Ces journées ont été en partie consacrées à des figures féminines frappantes ou parfois « redoutables », comme la Sibylle, d’abord femme de savoir avant sa transformation, Médée dans les versions françaises, italiennes et espagnoles, Didon, son humanisation et sa fortune littéraire, de Lavine amoureuse, occasion d’explorer le savoir sentimental féminin, ou encore de la tradition antique d’une représentation féminisée du péché originel. Pour les personnages masculins, il a été question d’Hippocrate et de Pompée, mais aussi de Virgile, précepteur philosophe et prophète, détenteur de la clergie, de Narcissse, de Merlin, fils du diable, et au delà des individus on s’est également intéressé au type du despote oriental et au modèle du roi occidental.

Pour Virgile, si le corpus de base pris en considération était évidemment l’Énéide (avec en particulier le livre IV et son importance aux aurores de la poétique romanesque et le livre VI, avec par exemple la présence virgilienne dans La Maison hantée d’Alberto Savinio, mais aussi la valorisation des six derniers livres chez Chateaubriand, le relief particulier du vers initial du livre I chez Aragon ), il a aussi été question de la relecture des Bucoliques et des Géorgiques. Les autres textes-sources ont été notamment représentés par l’œuvre d’Ovide (les Métamorphoses, les Remèdes à l’Amour et les Héroïdes), de Cicéron, Lucain, César et Orose.

En langues vulgaires les textes envisagés sont le Roman d’Énéas et sa version en haut-allemand d’Heinrich von Veldeke, le Roman de Troie en vers et en prose, dans oublier les versions italiennes et espagnoles de la légende, l’Abrègement du siège de Troie, le Roman d’Alexandre, mais aussi par le Dolopathos, Yonec, Athis et Prophilias, Robert de Boron et l’Estoire del Saint Graal. Mais ce n’est pas seulement la littérature romanesque qui a été prise en considération, c’est aussi le dernier des grands rhétoriqueurs, Jean Bouchet, les dialogues (débats philosophiques) au moment de la Contre-Réforme, l’historiographie avec la traduction des Histoires contre les Païens d’Orose en vieil anglais, l’Histoire Ancienne jusqu’à César, Jean Wauquelin et la traduction de la Guerre des Gaules par Jean Du Quesne. Observons à cet égard qu’une œuvre comme Li Fet des Romains, mentionnée en plus d’une occasion, offre beaucoup d’intérêt à l’analyse. Les problèmes liés à la translatio ont été souvent abordés, que ce soit entre autres avec l’attitude de l’adaptateur dans l’Ovide moralisé, ou encore la translatio imperii chez Michelet, tout en posant le cas échéant le problème de la représentation de la mythologie dans les créations artistiques et du syncrétisme, du rôle de textes-écrans et d’une culture littéraire fondée aussi sur la mémoire, les souvenirs…

Ces journées, qui ont accordé une place privilégiée à l’œuvre de Virgile, ont envisagé la réception et la représentation de l’Antiquité du Moyen Âge à nos jours, à travers presque tous les siècles et la plupart des genres et formes d’expression littéraires, dans le contexte de l’humanisme, soit considéré lors de la Renaissance du xiie siècle ou de la pré-Renaissance, soit dans son acception la plus ample.

References

Bibliographical reference

Aimé Petit, « Introduction », Bien Dire et Bien Aprandre, 24 | 2006, 7-8.

Electronic reference

Aimé Petit, « Introduction », Bien Dire et Bien Aprandre [Online], 24 | 2006, Online since 01 mars 2022, connection on 18 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/748

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Aimé Petit

Université Charles-de-Gaulle – Lille 3

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