« Rien de tout cela n’est vrai… »
À propos de quelques interpolations tardives du Devisement du Monde

DOI : 10.54563/bdba.794

p. 55-70

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Lorsqu’à son retour de Chine en 1295, Marco Polo entreprend l’écriture du Devisement du Monde1, il se place dans la lignée des textes de voyages qui apparaissent dans le courant du xiiie siècle. Depuis les conquêtes de Gengis Khan, maître unique de l’Asie et menace pour l’Europe, l’Occident a en effet jugé sage d’envoyer des missionnaires vers l’Orient. Avec les missions se multiplient les récits de voyage. Cet essor, qui prend racine dans une préoccupation immédiate et inquiétante, est déjà en germe dès l’Antiquité avec Pline, Solin ou Æthicus Isther par exemple qui traitent d’une partie de l’Asie dans leurs géographies ou encyclopédies respectives. Marco Polo n’est donc pas le premier à décrire le monde de l’Est. En revanche, ce n’est pas en premier lieu une volonté d’évangélisation qui pousse le Vénitien à partir mais davantage mercantile. À son retour, son Devisement du Monde témoigne d’une volonté didactique à l’intention d’un lectorat riche et puissant, appartenant au monde politique et financier. Son œuvre propose de décrire les territoires traversés, les peuples rencontrés, leurs coutumes mais également ce qu’il nomme dans son prologue toutes sortes de « merveilles2 ». Mais, contrairement à nombre de ces prédécesseurs, la confrontation avec celles-ci lui pose parfois problème. Si la majeure partie de son ouvrage rend compte méthodiquement d’une géographie terrestre et humaine où se côtoient usages et coutumes réels et merveilles fantaisistes comme les hommes à tête de chien, certains passages témoignent d’une prise de distance face à des phénomènes, de son point de vue, manifestement mensongers ou erronés. Certaines mirabilia sont intégrées comme faisant partie du monde réel, d’autres phénomènes étonnants sont contestés, enfin une troisième catégorie apparaît comme merveilleuse parce qu’éloignée du monde occidental ; la merveille devient alors une réalité3. Mais une version tardive de la toute fin du xve siècle (version S) s’approprie l’œuvre du Vénitien en lui donnant une portée apologétique marquée. Ainsi, des interpolations au récit polien, particulièrement significatives, se font jour dans la narration sur la Perse. Tout en conservant les éléments initiaux de Rusticien de Pise, un remanieur anonyme propose, par de brèves mais récurrentes insertions, un nouveau regard sur une merveille perse : le puits ardent. Ce n’est pas tant une remise en cause de la merveille qui apparaît alors qu’une interrogation face au merveilleux ; le narrateur – qui n’est plus la voix du Vénitien mais qui est perçue comme telle par le lecteur4 – se trouve tiraillé entre sa vérité, soutenue par une culture religieuse et un savoir scientifique, et celle des habitants de la contrée traversée. Cette version tardive qui détourne le récit polien de son sens initial et en propose une réception originale retiendra notre attention. Nous tenterons de cerner l’attitude paradoxale du remanieur devant le puits de feu. Quelles sont ses interrogations devant une réalité qui, tenue pour vraie par certains, s’apparente, à ses yeux, à un mensonge ? Nous rappellerons d’abord comment, initialement, l’œuvre de Marco Polo se place dans la lignée de ses prédécesseurs, géographes et encyclopédistes puis comment se fait jour une subjectivité, au service d’une mise à distance de certains phénomènes. Enfin, nous analyserons les insertions tardives dans les premiers chapitres sur la Perse pour essayer de mettre en lumière la manière dont le remanieur tente de résoudre la dichotomie entre le vrai et le faux qu’il a fait émerger. Nous montrerons notamment que, malgré ses tentatives pour distinguer le vrai du faux, il demeure prisonnier des croyances traditionnelles occidentales.

Le Devisement du Monde, une œuvre didactique singulière

Le Devisement du Monde apparaît comme une œuvre didactique singulière. Ce récit du voyage aller-retour de Marco Polo en Chine est, si l’on suit le prologue, une remise en ordre de quelques brèves notes du Vénitien et de souvenirs que celui-ci aurait transmis à son compagnon de cellule : Rusticien de Pise. En soulignant, dès le prologue, l’extraordinaire multitude des lieux visités et des rencontres du voyageur, les premières lignes de l’œuvre font du voyage narré un récit non seulement exemplaire mais surtout auctorial.

Puis que Nostre Sire Diex fist Adam, [nostre] premier pere, ne fu oncques homme de nul[e] generacion qui tant seust ne cerchast des diverses parties du monde comme cestui mesire Marc Pol en sot. Et pour ce pensa que ce seroit granz maus se ce ne feist metre en escript ce que il avoit veu et oÿ par verité, a ce que l’autre gent que ne l’ont veu ne oÿ le sachent par cest livre5.

Issu en droite ligne de la première créature choisie par Dieu, Marco Polo est présenté comme surpassant toutes les autorités antérieures qu’il relègue, de fait, au second plan. Le Devisement du Monde se concentre sur la seule autorité désormais valable de celui qui a vu. Le projet livresque balaie, par ces quelques lignes, la topique encyclopédique qui vise à compiler les Auctoritates. Alors que la connaissance du monde médiéval repose sur l’Écriture et sa glose ainsi qu’un éternel ressassement du savoir des Anciens, l’œuvre du Vénitien met en avant non plus les autres mais le « je » du voyageur, à la fois témoin et initiateur de leur rédaction. L’objectivité du regard se heurte à la subjectivité d’une écriture faite a posteriori. Marco Polo apparaît alors comme la figure d’autorité du récit qui va suivre. Non seulement son projet se démarque nettement des textes didactiques antérieurs, mais il va au-delà : il instaure une nouvelle autorité textuelle, qui n’est ni un récit de pèlerinage, ni une œuvre strictement géographique ou encyclopédique, ni même, selon Pierre-Yves Badel, un récit de voyage6 : ce texte hybride se situe au point de rencontre du didactique, du narratif, du descriptif et de l’apologétique.

À cela s’ajoute une volonté d’exhaustivité et de classement qui transparaît dès le titre de l’œuvre. Il ne s’agit pas seulement de partager une totalité mais aussi de s’attaquer à un ensemble géographique circulaire correspondant à un itinéraire aller-retour. Il est donc question, d’une certaine manière, d’englober, sinon le « cercle des connaissances », du moins le cercle de certaines connaissances, essentiellement liées à la géographie physique et humaine. Tout en se distinguant nettement des sommes globalisantes qui fleurissent au xiiie siècle, Le Devisement du Monde semble se rapprocher d’un texte à vocation encyclopédique en utilisant certains de ses codes. Au-delà de l’écho avec le titre de l’encyclopédie de Gossuin de Metz, l’Image du Monde, d’autres ressemblances peuvent être soulignées avec ce type d’œuvre.

L’une des caractéristiques des encyclopédies, selon Bernard Ribémont, est d’être une summa brevis, c’est-à-dire une tentative pour rapprocher, dans l’écriture, deux extrêmes : la totalité et la brièveté. Les encyclopédistes cherchent en effet à tout dire en un minimum de mots. D’où l’importance du lexique de la brièveté dans les prologues. Cette volonté se retrouve chez le Vénitien, à la différence que les expressions employées sont plus propres à la narration qu’au texte didactique. Mais l’impossibilité de tout dire et de réduire une multitude de cas à un ou deux exemples témoigne d’une recherche de mêler exhaustivité et nécessité d’avancer propre à l’itinéraire du voyageur. Si l’encyclopédiste peut tenter de tout dire en accumulant les strates auctoriales, le Devisement du Monde, se fondant sur une nouvelle autorité – le voyageur – ne développe que quelques cas comme exemples pour témoigner de la richesse du monde. En d’autres termes, l’encyclopédiste est un compilateur extrêmement savant qui met en avant, de façon mimétique et systématique, la variété des éléments de la Création par l’accumulation d’Autorités et s’efface devant elles en ne résolvant pas leurs divergences et paradoxes, mais en les soulignant sporadiquement. Dans le récit polien, c’est une autre méthode qui est utilisée, nécessairement fondée sur une diégèse qui prétend rendre compte de l’itinéraire du Vénitien. Par obligation – mais aussi par choix – le Devisement du Monde passe sous silence certains éléments de la Création, à la fois absents du parcours et peu représentatifs des informations que l’auteur7 veut transmettre. Sont donc sélectionnés, par ce dernier, des éléments emblématiques qui rendent compte de « sa » réalité, celle qu’il considère comme exemplaire, et qui symbolisent une totalité que le lecteur peut se représenter par induction.

De plus, l’usage, même détourné, de certaines caractéristiques encyclopédiques se fait jour dans l’œuvre du Vénitien. Ainsi, la récurrence de certains topoi comme la volonté de proposer un ensemble de connaissances de façon claire, suivant un ordre et une méthode est visible dès le prologue. Il s’agit pour l’auteur de conter « tout par ordre. »

si comme nostre livres [vous] contera tout par ordre [apertement] des que mesires Marc Pol, sajes et nobles sitoiens de Venice, raconte por ce qu’il les vit8.

C’est là un lieu commun des encyclopédistes. Gossuin de Metz, par exemple, exhorte son lecteur à suivre l’ordre proposé et à lire « tout ordonéement. »

Qui bien veult savoir et entendre cest livre pour savoir et pour aprandre comment il doit vivre et soi contenir en cest siecle, dont il vaudra mieulz touz les jours de sa vie, si lise tout premierement et tout ordenéement […]. Et ainsi porra il savoir et entendre cest livre9.

Mais, c’est dans le traitement de la merveille que l’auteur se place parfois comme en contrepoint d’une démarche encyclopédique. En effet, les encyclopédies, par l’accumulation des Autorités, proposent un carcan qui semble limiter la réflexion personnelle10. Les seuls commentaires autorisés sont à visée apologétique. Les mirabilia font ainsi partie intégrante des encyclopédies comme éléments constitutifs du monde. Elles ne sont pas tant un indice d’une erreur de création, qu’une marque de la toute puissante divine. La licorne par exemple va ainsi trouver une place légitime chez Brunetto Latini entre la taupe et l’ours. Sa description met l’accent sur sa ressemblance avec le cheval, malgré son hybridité, et sur sa corne unique. L’encyclopédiste explique ensuite le moyen de l’attraper grâce à une jeune fille. Chez un Philippe de Thaon11, les animaux, comme les pierres ou les plantes, sont décrits puis expliqués de façon allégorique, afin de mettre en relief la toute puissance divine et le lien entre le Créateur et chaque élément de la Création. La licorne est Dieu, la jeune fille la Vierge Marie et le sein de la demoiselle correspond à l’Église. Marco Polo, confronté aux éléments merveilleux, s’interroge, quant à lui, sur leur vérité et sur leur place dans le monde. Ainsi, lorsqu’il se trouve face à ce qu’il considère comme des erreurs manifestes, il n’hésite pas à démystifier un phénomène et à évacuer toute perspective allégorique ou apologétique. La licorne est alors vue comme une sorte d’éléphant à défense unique qu’une jeune fille ne pourrait supporter.

Il ont olifans assez et si ont aussi unicornes ensi que des olifans de grandesce. Il sont si faites : quar il ont tout le poil comme le bugle et les pies comme olifanz et si a une corne noire enmi le front grosse. […] Elle est moult laide beste a veoir elle n’est pas si faite, comme nous disons en ce paÿs, qu’elle se prent au sein d’une pucelle virge, mais c’est tout le contraire12.

De même rectifie-t-il la croyance concernant les pygmées de l’île de Java, affirmant qu’il s’agit en réalité de singes qui, une fois maquillés par les indigènes sont semblables à des êtres humains.

Et si vous dit que ceuz qui aportent les petis hommes, qu’il dient qui sont d’Ynde, ilz dient granz mençonges. Car je vous di que ceuz qui dient qu’il sont hommes d’Ynde si petiz il ne le sont pas, ainz sont singes petit qui sont contrefait en ceste ylle en ceste manière. Devons dire comment. Il y a en ceste ylle une manière de singes qui sont mout petis et ont les visages fais comme hommes. Ils les prennent et les poil touz, sanz ce que il leur laissent un pou de poil a la barbe et au penil et puis les mettent en fourme et puis les laissent sechier et [les] adoublent de saffren et d’autres choses, si que ils samblent a estre hommes et ce n’est mie verité. Quar en [trestoute] Ynde ne en nul autre paÿs [plus sauvaiges ne furent oncques veuz nul si petit hommes come celz semblent]13.

Dans son traitement de la merveille, l’auteur du Devisement du Monde se distingue donc des encyclopédistes, dont il est pourtant proche dans l’utilisation des procédés, en ceci qu’il ne cherche pas à la concilier avec une vision religieuse du monde. De fait, son projet n’est pas tant de proposer une chimère exhaustive de l’ensemble du monde dans une perspective de moralisation comme chez un Alexandre Neckam par exemple ni d’englober les éléments constitutifs de la Création pour la gloire divine et le Salut à venir, comme chez Gossuin de Metz, que de donner la vision d’un monde, celui parcouru. En cela, l’apparition d’une subjectivité va de pair avec une vision traditionnelle de l’Orient. Deux extrêmes sont dès lors à rapprocher : l’objectivité de la description dans un but didactique, et l’interrogation sur les mirabilia. Le merveilleux, élément constitutif du réel dans les textes didactiques et voulu par Dieu est alors parfois soumis à un examen, pas seulement en tant que catégorie ontologique mais aussi en tant qu’élément à rapprocher ou non de la vérité. Celui-ci apparaît notamment dans un épisode où la frontière entre la merveille et le miracle devient indécise.

Une Merveille sous examen

Les pages concernant la Perse débutent par une volonté de décrire ce royaume, à la manière d’un géographe ou d’un encyclopédiste. Mais la description proprement dite n’est en effet véritablement développée que deux chapitres plus loin.

Or sachiez que en Perse a .VIII. royaumes pour ce qu’elle est grande province ; si vous les nommerai [touz] par non14.

Le chapitre initial sur cette contrée semble donc avoir une autre fonction que descriptive et informative. Certes les premiers éléments sont d’ordre didactique et écrits de façon neutre et objective, mais Saveh, la cité qui ouvre le chapitre sur la Perse, n’est pas tant décrite pour son architecture, ses coutumes ou son organisation sociale par exemple que parce qu’elle est le lieu où sont ensevelis les trois Mages du Nouveau Testament.

En Persie est la citez qui est appelee Sarra, de laquelle se partirent li .III. roy quant ils vindrent aourer Jesus Crist. Ils sont ensevelis en ceste cité15.

Le court paragraphe descriptif sur les maisons et le parfait état de conservation des mages s’achève sur l’ignorance des habitants concernant la vie de ces illustres défunts. Ce que savent les villageois se résume à ceci : ceux qui sont ensevelis étaient trois rois amis. Mais ce n’est pas tant la ville qui semble intéresser le narrateur que l’ignorance des habitants au sujet de ces trois figures du Nouveau Testament. Celle-ci en effet met en relief la supériorité des Chrétiens que Dieu n’a pas laissés dans l’ignorance. Il est remarquable que l’évocation de Saveh vienne juste après les longs chapitres sur le savetier de Baudac qui, par ses prières, déplace une montagne, convertissant ainsi un cruel Calife. En d’autres termes, ce court passage sur Saveh semble rappeler au lecteur le long récit exemplaire qui précède et qui souligne l’omnipotence divine. Mais, si l’ignorance des habitants de Saveh est une chose, l’erreur d’autres villageois, ceux de Cala Atapéristan en est une autre, pire car elle consiste en une fausse interprétation d’un vrai miracle. Ceux-ci en effet adorent un feu merveilleux qui ne s’éteint jamais dont l’origine se trouve, selon eux, dans le périple des Mages. Une volonté didactique est alors à l’œuvre : il s’agit pour le narrateur d’énoncer un fait véridique et d’apporter des informations topographiques et ethnologiques.

Les paragraphes qui suivent transcrivent le récit étiologique des villageois. Ils rapportent comment les trois Mages allèrent adorer l’enfant Jésus et lui offrir chacun un cadeau. Le nouveau-né, à son tour, leur donna une cassette. Sur le chemin du retour, les Mages l’ouvrirent et y trouvèrent une pierre. Ne comprenant pas sa signification, ils la jetèrent au fond d’un puits et, immédiatement un feu céleste vint l’embraser. Devant cette merveille, ils ramenèrent le feu dans leur église et lui vouèrent un culte, conservé par les habitants du village. Relais de ce récit, le narrateur précise que ces différentes péripéties sont, selon les habitants, véridiques.

Ainssi le [conterent] cil de celui chastiau au dit messire Marc Pol et li affermerent por verité que ainssi avoit esté16.

Un commentaire est toutefois inséré. En effet, alors que les Mages n’ont pas saisi le sens du don de Jésus, le narrateur, lui, a correctement interprété la signification de la pierre. L’insertion dans le récit des phrases suivantes ne peut que lui être attribuée :

Et la senefiance fu […] [que] la foy qu’il avoient encommenciee [deust] estre ferme en eulz comme pierre ferme17.

À l’évidence, les Mages, et à leur suite, les villageois, ont mal interprété ce qui, aux yeux d’un Occidental apparaît clairement et immédiatement comme d’origine chrétienne. Alors que Marco Polo a vu les fontaines d’où sourd un liquide visqueux qu’on fait brûler, il n’a fait qu’entendre le récit du puits ardent. En d’autres termes, ce qui peut paraître surprenant mais qu’il voit n’est pas nécessairement une merveille, tout au plus quelque chose digne d’être couché par écrit. En revanche, bien qu’il soit témoin indirect de la merveille du puits ardent, son interprétation est immédiate et chrétienne. Si le terme de « merveille » demeure, ce n’est peut-être pas tant parce qu’elle est perçue ainsi que parce qu’elle est l’indice d’une transcription fidèle du récit des villageois qui, eux, la considèrent comme telle.

Aux chapitres précédents, la montagne qui se déplace était clairement caractérisée comme un miracle. La volonté didactique était occultée pour laisser place à une volonté apologétique : il s’agissait d’abord de souligner, par un récit exemplaire, la supériorité de la chrétienté et l’extrême cruauté des musulmans. Dans le cas du puits ardent, le récit se suffit à lui-même. Point n’est besoin d’expliciter ce qui apparaît pour le voyageur, le narrateur et le lecteur occidental comme un phénomène d’origine divine. Or, certains manuscrits tardifs, d’ordinaire rejetés dans les éditions du Devisement du Monde, scandent cet épisode de commentaires singuliers. Bien qu’inauthentiques, ils apportent un éclairage nouveau sur la volonté didactique, non plus de Marco Polo et de son relais narratif, mais de copistes, remanieurs du texte18.

Une émancipation de la pensée sous contrôle

Alors que Le Devisement du Monde est marqué dès son prologue par une affirmation de sincérité et un souci constant de crédibilité, l’épisode des Mages est précédé, dans deux manuscrits vénitiens de la toute fin du xve siècle, d’un avertissement au lecteur. Le narrateur précise que, bien que la croyance des habitants soit erronée, il ne faut pas la mépriser.

Mais d’autres gens de la même province, il en apprit ce que je vous dirai. Et point ne faudra le mépriser comme chose fausse19.

Il se fait ici le témoin d’une croyance fausse, mieux, son relais objectif. Tout en sachant que ces gens sont dans l’erreur, il choisit tout de même d’énoncer leur croyance. Elle apparaît alors comme une vérité à un moment et un lieu donné pour une catégorie de personnes – une vérité de terrain, pourrait-on dire – fausse dans l’absolu, aux yeux du narrateur mais tout de même importante en soi dans la perspective d’objectivité et d’exhaustivité qui était celle du récit initial. À ce titre, elle doit être portée à la connaissance du lecteur. Le narrateur se place alors dans une didactique du faux mais dans une perspective d’intelligibilité ethnologique ; il s’agit d’expliquer, par le biais du récit étiologique des villageois, l’origine d’une croyance réelle, fondée sur un phénomène perçu par le narrateur comme faux, là où, auparavant, aucune prise de position n’était soulignée. Dès lors, la place du narrateur va de pair avec le paradoxe de la situation : il tente d’expliquer la croyance des Adorateurs du Feu, en cherchant à prendre ses distances ; le « je » du témoin-narrateur va donc être relayé par le récit, apparemment objectif, des villageois.

Et je vous dirai pourquoi ils l’adorent. Les gens de ce village disent que20

Le récit qui suit évoque le trajet de trois rois de Perse allant rendre hommage à un prophète nouvellement né au pays des Juifs. Chacun souhaite offrir un cadeau (or, encens et myrrhe) pour connaître le statut de l’enfant (roi terrestre, Dieu ou médecin). Chacun leur tour, ils entrent avec leur offrande et trouvent devant eux, non un nouveau-né mais un être semblable à eux-mêmes : d’abord jeune homme, puis homme d’âge moyen et enfin, homme d’âge avancé. C’est seulement lorsqu’ils entrent ensemble qu’ils découvrent un enfant de treize jours servi par des anges. Les trois hommes lui font les offrandes et l’enfant les prend toutes en même temps. Dans le récit des villageois s’insère alors un premier commentaire :

À propos de cette histoire, on raconte moult fables21.

Le narrateur poursuit sans pouvoir toutefois s’affranchir de ses interventions qui mettent en doute la véracité de l’histoire du fait du jeune âge de l’enfant.

Parmi les autres faussetés, on dit qu’ensuite, quand ils voulurent quitter le prophète – qui n’était qu’un enfant de quelques jours ! – celui-ci leur donna une cassette close en leur commandant de ne pas l’ouvrir. Et après qu’ils l’eurent reçue, les trois rois partirent pour retourner dans leur contrée22.

La première partie du récit est donc présentée comme une fausseté qu’il ne faut pas mépriser. Mais, dans le même temps, le narrateur parvient mal à la raconter sans insérer des commentaires qui vont à l’encontre de son avertissement initial. Tout se passe comme si le faux ne devait pas être dénigré mais quand même signalé comme tel ; autrement dit, comme si le faux était une catégorie de la connaissance, à proscrire certes mais réelle, de même que les écrits apocryphes, bien que rejetés par l’Église, sont source d’une diffusion populaire d’éléments bibliques23. Alors que le phénomène merveilleux n’est pas encore évoqué, le narrateur semble déjà tiraillé entre sa volonté d’apporter une information sur une caractéristique réelle du village de Cala Atapéristan – ses habitants adorent le feu – et l’explication étiologique de ce phénomène, manifestement fausse à ses yeux. La seconde partie du récit accentue la délicate position du narrateur.

Celui-ci poursuit le récit que lui ont fait les villageois ; au bout de quelques jours, les trois rois outrepassent la consigne de l’enfant et ouvrent la cassette. Ils y trouvent, à leur grand étonnement et incompréhension, une pierre. Interprétant ce don, le narrateur passe d’une volonté didactique à une perspective apologétique et exégétique, mais, à cause de ses précédents commentaires, non seulement il nie la mise à distance dont il fait preuve au début du récit mais surtout il renverse par son interprétation religieuse ses précédentes affirmations sur la fausseté du récit, déformant complètement la pensée et la sensibilité du Vénitien. Si le récit est faux en effet, alors le cadeau de l’enfant ne saurait être interprété de façon allégorique. Le faux semble renfermer du vrai, dès lors qu’il touche à Dieu. Ce nouveau paradoxe n’empêche pas le narrateur à la fois de poursuivre le récit en affirmant que les trois rois jettent la pierre au fond d’un puits et de commenter cet élément supplémentaire.

Rien de tout cela n’est vrai, mais c’est la croyance de ces gens qui n’ont pas la vraie foi24.

Finalement, le lecteur ne sait plus très bien distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux, ni même ce que pense le narrateur, qui semble se retrancher derrière la croyance des villageois : on ne sait pas au juste à quoi renvoie l’expression « rien de tout cela ». S’agit-il du dernier élément du récit ou de son ensemble ? Ce qui est nouveau, en revanche, c’est la disparition complète de l’objectivité du narrateur et l’apparition d’un nouvel élément religieux : le narrateur oppose désormais la vraie foi à toutes les autres. Une nouvelle objectivité se fait jour par la subjectivité du narrateur, dictée par le dogme chrétien. Si le récit des villageois est partiellement ou totalement faux, c’est tout simplement parce qu’ils ne sont pas chrétiens. Qu’importent dès lors au narrateur ses propres paradoxes ? Un glissement s’est produit insensiblement au cours de la narration : la mise à distance du récit des villageois par ce narrateur – qui n’est plus Marco Polo – s’est peu à peu affranchie d’une vision objective et neutre au profit d’un discours qui reprend des éléments religieux de la culture occidentale. L’indiscernable vérité est désormais vue objectivement par le prisme de la subjectivité du voyageur occidental.

À ce moment du récit, les commentaires du narrateur n’apparaissent même plus comme des parenthèses dans le récit mais s’intègrent complètement à celui-ci. Ainsi, la conséquence du geste des trois rois est triple. D’abord, un feu ardent descend du ciel et embrase le puits, ensuite, ce phénomène leur fait comprendre que le cadeau de l’enfant avait une signification, enfin, ils portent ce feu dans leur église et le vénèrent.

La conséquence de ce geste – le feu céleste qui s’abat sur le puits – est une merveille pour les villageois. En revanche, dans notre version tardive, il s’agit d’un miracle non seulement pour le narrateur mais aussi pour les Mages, ce qui est absent du récit initial :

Aussitôt que la pierre fut jetée dans le puits, un feu ardent descendit du ciel et vint tout droit dans le puits où ils avaient jeté la pierre. Et soudainement, par divin miracle, une immense flamme commença de jaillir par la gueule du puits. Et quand les trois rois virent cette grande merveille, ils en devinrent tout ébahis et se repentirent fort d’avoir jeté la pierre, voyant bien maintenant qu’elle avait grande signifiance et vertu25.

Le narrateur fait donc basculer les Mages orientaux dans la Chrétienté. Ils comprennent que le cadeau de Jésus a une signification et interprètent correctement le signe divin ; en cela, ils quittent le monde des païens pour intégrer celui de ceux qui ont la Vraie Foi. Seuls demeurent dans l’erreur les villageois, incapables de différencier la merveille du miracle. Mais, en qualifiant comme miracle le feu céleste, le narrateur exclut dès lors que ce phénomène soit faux puisqu’il émane nécessairement de Dieu. Paradoxalement, le miracle peut donc être présent dans un récit faux. De même, lorsqu’il affirme que les rois comprennent le sens de la pierre, il ne précise pas s’ils comprennent la signification allégorique de la pierre – donnée précédemment par le narrateur exégète – ou seulement s’ils saisissent qu’elle en avait une. Finalement, de tout cela ne restent apparemment que deux choses : d’une part, Dieu fait des miracles et montre sa puissance à tous, d’autre part, ce miracle a converti les trois rois : il n’est certes pas dit qu’ils comprennent la signification exacte de la pierre, mais le narrateur le sous-entend, au moins a posteriori. La seule chose vraie est l’existence de Dieu. Que le récit et les croyances des villageois soient faux est le moyen pour les adeptes de la vraie foi de reconnaître la seule chose vraie, digne d’être reconnue : Dieu. Le propos du remanieur est donc sensiblement différent de la pensée de Marco Polo ; il vise en effet à souligner que l’objectivité doit être dépassée pour ne pas rester dans l’erreur. Il semble qu’il faille en effet retenir de ce récit une interprétation apologétique : parce que les villageois de Cala Atapéristan ne possèdent pas la vraie foi, ils ne savent pas interpréter la toute puissance de Dieu. Autant l’ignorance des habitants de Saveh n’est pas blâmable, autant l’erreur d’interprétation des Adorateurs du Feu l’est.

Le glissement d’une écriture objective à une écriture apologétique pourrait alors conclure notre analyse de ce passage si notre remanieur ne venait pas ajouter, une fois encore, un commentaire sur la fausseté de ce qu’il vient de raconter.

Encore une fois, tout cela est faux, mais c’est vérité qu’ils le font brûler et briller toujours en ce lieu et ceux qui y habitent l’adorent comme Dieu26.

Ce qui semble ressortir de ces lignes, c’est une nouvelle volte-face du narrateur qui revient à son explication initiale : pourquoi les villageois adorent-ils le feu ? La vérité d’un fait constaté s’explique par des croyances fausses.

Pour ces raisons que je vous ai contées, ceux de ce pays adorent le feu, et vous dis que sont maintes gens dans cette erreur. Voilà ce que contèrent ceux du village à Messire Marco Polo, et tout ainsi est vérité27.

Au terme de ce chapitre, les choses semblent donc claires pour le narrateur : les villageois adorent le feu mais leur croyance est fondée sur un récit étiologique qui ne s’accorde pas avec la réalité. Toutefois ce que le narrateur ne parvient pas à résoudre, ce sont ses propres contradictions qui sont à nouveau visibles quelques lignes avant sa conclusion. Il explique en effet que si le feu s’éteint, les villageois vont dans d’autres lieux où brûle cette flamme. Mais, s’il advient qu’elle soit complètement éteinte, ils retournent au puits originel. Et notre remanieur de reprendre pour vrais les éléments du récit qu’il a affirmé être faux.

Et s’ils n’en trouvent pas, ils vont parfois jusqu’au premier feu, qui est dans le puits où les Mages avaient jeté cette pierre que l’enfant né à Bethléem leur avait donnée, et qui, lui, ne s’éteint jamais28.

Alors qu’il a sans cesse affirmé la fausseté du récit étiologique, il donne pour vrai l’existence de ce feu éternel et lie sa naissance au récit précédent. Finalement, le feu originel existe bien ; ce qui est faux, c’est l’interprétation merveilleuse des villageois. Le narrateur dissimule ses propres contradictions dans l’affirmation que les villageois n’ont pas été capables d’interpréter un miracle.

Pour ces raisons que je vous ai contées, ceux de ce pays adorent le feu, et vous dis que sont maintes gens dans cette erreur.

Bien plus, il tente de concilier avec le Nouveau Testament ces éléments incompatibles concluant à la supériorité des écrits bibliques.

De tout cela vous devez croire ce qui s’accorde avec le Saint Évangile29.

Par conséquent, si les contradictions ne sont pas résolues par le narrateur, c’est le renvoi final à la seule autorité valable – l’Écriture – qui lui permet de clore le débat et le problème insoluble qu’il a lui-même lancé.

Tiraillé entre une volonté de décrire de façon exhaustive ce qu’il voit autant que ce qu’il ne voit pas, une culture religieuse et un savoir scientifique nettement développé à la fin du xiiie siècle, Marco Polo tente de rendre compte, le plus souvent de façon objective, du monde qu’il parcourt. Mais, à la différence de ses prédécesseurs encyclopédistes ou géographes, il essaie de prendre du recul face à certains phénomènes, notamment merveilleux. Son but n’est pas de considérer la merveille comme catégorie du monde, comme preuve non seulement que Dieu est tout puissant et que les éléments de Sa Création se donnent à lire à qui sait les décrypter : sa perspective est plutôt de prendre du recul face à ce qui lui paraît étrange et explicable autrement que par le recours à la religion. En ce sens, la démarche globalisante des encyclopédistes dans un but moralisateur et téléologique ne semble pas être celle du Vénitien. Son propos concernant la merveille – relayé par Rusticien de Pise – cherche davantage à s’émanciper du carcan dogmatique de la religion. Lorsqu’il est question de ce qu’il considère comme des miracles, en revanche, la question de la prise de distance ne se pose pas : il est clair pour lui que Dieu déplace une montagne à la demande d’un savetier de Baudac (chap. 27-30). C’est lorsque les deux catégories de l’étrange se contaminent et que leurs contours sont poreux que se pose un problème. Dès que le merveilleux touche au miraculeux, le narrateur du Devisement du Monde se trouve devant un obstacle intellectuel. Toutefois, le poids de la religion semble suffisamment important pour qu’un phénomène d’origine divine soit immédiatement reconnu comme tel par le Chrétien qu’est Marco Polo et considéré comme une merveille par les habitants de Saveh. La merveille, touchée par la grâce du miracle, est nécessairement vraie, pour ceux qui n’ont pas la bonne foi et ne savent pas interpréter les signes divins. Le miracle, parce qu’il émane de Dieu, est toujours vrai. Parce qu’il est éminemment bon et omnipotent, Dieu admet tout ce qui est signe de Sa toute puissance : dans la hiérarchie des phénomènes, la merveille à côté du miracle ; dans la hiérarchie de la connaissance qui mène à Lui, l’erreur ou l’ignorance, à côté de la reconnaissance de la vérité. L’erreur d’interprétation est dès lors conductrice de vérité pour ceux qui savent que seules les Écritures disent vrai. Seul le Chrétien qu’est Marco Polo est à même d’interpréter correctement les signes, autant ceux de la merveille qu’il faut démystifier que ceux du miracle qu’il convient de louer. Derrière l’apparente objectivité de la description du monde parcouru se cache une volonté de transmettre au lecteur un désir d’herméneutique de la Création. Si cette démarche n’est pas totalement celle des encyclopédistes, le but recherché les rejoint. Ce n’est que deux siècles plus tard que des velléités réflexives sont insérées dans le récit polien. Mais les tentatives de ce remanieur pour démêler le vrai du faux se heurtent finalement au poids de la culture occidentale. Tentant de concilier le merveilleux avec une réflexion personnelle sur le vrai, celui-ci revient peu à peu à une pensée balisée par le dogme chrétien. Le temps d’un épisode, la volonté didactique disparaît au profit d’une perspective réflexive et heuristique. Mais, même à la toute fin du xve siècle, il semble encore prématuré de tenter de dépasser certains paradoxes, surtout lorsqu’ils touchent à Celui à qui il faudra rendre des comptes au Jugement Dernier.

Notes

1 Nous suivons, pour le début de notre exposé, l’édition en six volumes publiée sous la direction de Philippe Ménard (Le Devisement du Monde, Genève, Droz, 2001-2009). Par la suite, la traduction de Moule et Peillot – dont les réserves ont été formulées par les plus grands spécialistes – sera prise en considération pour des raisons qui seront dévoilées un peu plus loin. Return to text

2 Nous ne saurions proposer dans le cadre de ces quelques pages des remarques aussi érudites que celles de nos prédécesseurs. L’imposante bibliographie de Hiroshi Watanabe, Marco Polo Bibliography (1477-1983), qui propose plus de 2000 ouvrages, les nombreuses éditions et traductions des différentes versions du texte et bien évidemment les travaux de Philippe Ménard imposent le respect et l’humilité. L’article de Pierre-Yves Badel (« Lire la Merveille selon Marco Polo », Revue des Sciences humaines, fasc. 183, 1981-1983, p. 7-16) est également incontournable. Le regard que nous voudrions porter sur la question du merveilleux, souvent au cœur des préoccupations médiévales est avant tout fondé sur l’interrogation initiale d’un lecteur devant les hésitations et les contradictions d’un narrateur confronté à un phénomène étrange. Return to text

3 Nous reprenons ici les propos de Stéphane Yérasimos dans son introduction à la traduction anglaise du Devisement du Monde, par Arthur C. Moule et Paul Peillot, reprise en Français par Louis Hambis (Paris, éd. La Découverte, Poche, 1998), p. 31. Return to text

4 Le prologue qui met en avant le rôle de Rusticien de Pise interdit de faire de Marco Polo le narrateur du Devisement du Monde. Nous éviterons cet amalgame le plus possible. Notre propos portant sur un point particulier d’une réécriture tardive du texte, nous ne nous intéresserons pas plus avant aux différentes instances énonciatives. Return to text

5 Le Devisement du Monde, t. 1, p. 117-118. Return to text

6 Selon Pierre-Yves Badel (art. cit., p. 9), l’effacement des données personnelles, déjà soulignées par L. Olschki (L’Asia di Marco Polo, Venise, 1957, p. 24) est un des éléments qui interdit de mettre sur le même plan Marco Polo et Guillaume de Rubrouck par exemple et de considérer Le Devisement du Monde comme un récit de voyage stricto sensu. Return to text

7 Par « auteur », nous entendons « celui qui pousse à agir » : l’instigateur d’un projet, ici, littéraire. Return to text

8 Op. cit., t. 1, p. 117. Return to text

9 L’Image du Monde Maître Gossuin. Rédaction en Prose. Texte du ms. Bibl. nat. Fr. 574, O. H. Prior (éd.), Lausanne-Paris, 1913, p. 59. Return to text

10 Si certaines encyclopédies mentionnent l’existence de désaccords entre les Auctoritates, il ne semble pas qu’une véritable réflexion sur le vrai soit menée dans ces textes. L’émergence d’une volonté réflexive semble en germe à l’aube du xive siècle avec le Placides et Timeo. Voir Corinne Denoyelle et Denis Lorée, « Placides et Timeo : le Dialogue exemplaire comme Propédeutique à l’Exercice du Pouvoir », Formes dialoguées dans la Littérature exemplaire du Moyen Âge, Paris, Champion, 2012, p. 289-307. Return to text

11 Le bestiaire de Philippe de Thaon n’est pas une encyclopédie sur l’ensemble de la Création mais l’est sur un domaine particulier. Return to text

12 Op. cit., t. 6, p. 17. Return to text

13 Op. cit., t. 6, p. 17-18. Return to text

14 Op. cit., t. 1, p. 153. Return to text

15 Op. cit., t. 1, p. 150. Return to text

16 Op. cit., t. 1, p. 153. Return to text

17 Op. cit., t. 1, p. 152. Return to text

18 Les commentaires en question se trouvent dans la traduction anglaise de Arthur C. Moule et Paul Peillot (The Description of the World, Londres, 1938). Ils ont été repris par Louis Hambis en 1955. Nos citations renverront désormais à la dernière réimpression de cette version (Le Devisement du Monde. Le Livre des Merveilles, Paris, La Découverte, 2011). Return to text

19 Le Devisement du Monde, p. 91. Return to text

20 Id. Return to text

21 Ibid., p. 92. Return to text

22 Ibid., p. 92. Return to text

23 Le nom des Mages n’apparaît en effet pas dans les Évangiles, mais dans l’Évangile arménien de l’Enfance, déclaré apocryphe par l’Église catholique. Bien que renvoyant à l’Évangile (celui de Matthieu), le Devisement du Monde cite le nom des Mages. Return to text

24 Le Devisement du Monde, p. 92. Return to text

25 Id., p. 92. C’est nous qui soulignons. Return to text

26 Ibid., p. 93. Return to text

27 Id. Return to text

28 Id. Return to text

29 Id. Return to text

References

Bibliographical reference

Denis Lorée, « « Rien de tout cela n’est vrai… »
À propos de quelques interpolations tardives du Devisement du Monde », Bien Dire et Bien Aprandre, 30 | 2014, 55-70.

Electronic reference

Denis Lorée, « « Rien de tout cela n’est vrai… »
À propos de quelques interpolations tardives du Devisement du Monde », Bien Dire et Bien Aprandre [Online], 30 | 2014, Online since 01 mars 2022, connection on 18 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/794

Author

Denis Lorée

Université de Rennes 2, CELAM-CETM

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CC-BY-NC-ND