Digression narrative et périple méditerranéen : la Grèce et Rome au prisme de l’Estoire del Saint Graal

DOI : 10.54563/bdba.976

p. 229-240

Outline

Text

L’Estoire del Saint Graal1 comporte, entre autres îlôts narratifs, deux longs récits enchâssés procédant d’un retour en arrière, et que l’auteur, en effet, inscrit dans son texte pour mémoire, au nom de la vérité2. Tous deux relèvent des lois de la géographie humaine, au moment où la découverte du site engage la description, puis surtout de la biographie, qui rend compte d’un habitat déserté, déchu, pour ainsi dire condamné. Le premier, concernant Rome, enseigne une prouesse de Pompée en Méditerranée occidentale ; l’autre résume et apprécie, pour la postérité, l’étonnante carrière d’Hippocrate.

Il y a dans l’Estoire d’autres récits insérés, biographiques et rétrospectifs à la fois, par exemple celui de l’éducation chrétienne de la reine Sarracinte3, ou celui de l’origine d’Evalach, inspiré par le Saint Esprit à Josephé qui évente le secret du roi sarrasin4 : à la différence de ces deux récits, les histoires de Pompée et d’Hippocrate sont exogènes et formellement refermées sur un passé en apparence indépendant de la dynamique du roman. Aussi est-ce en rapport avec un autre long et dense récit intercalé, celui de la construction par Salomon de la nef 5, que ces deux passages sur Rome et la Grèce devraient finalement être lus : ici, néanmoins, le passé biographique, aussi apocryphe que dans les autres récits méditerranéens, est biblique et n’a rien d’exogène : la nef de Salomon indique le sens de la navigation dans l’espace et dans le temps ; elle définit, par delà l’Estoire, un lien, au travers des vicissitudes de l’histoire, entre l’Ancien Testament et le Nouveau, de même qu’elle accomplit vraiment les aventures du Graal, puisque, dans la Queste, c’est à bord de cette nef, grandiose écrin du Graal, que Galaad fils de Lancelot finit par retourner à Sarras6. Le présent sujet invite à réduire l’étude de l’Antiquité aux civilisations grecque et romaine, à l’heure où s’implante le christianisme à Sarras.

Pompée, Hippocrate : l’auteur enregistre en effet, dans ces digressions, ce que l’histoire officielle, à ce qu’il prétend ou suppose, a voulu taire : autrement dit, ce qu’il nous apprend, sous le sceau de la vérité, vise à rectifier notre appréciation de ces deux modèles antiques. Il en use d’ailleurs lestement de l’historicité, mais la pratique de l’anachronisme est peut-être délibérée. Finalement importe, on l’avait deviné, la manière dont ces deux témoignages sur Rome et la Grèce se situent par rapport au nouvel orient du christianisme.

Les marques de l’enchâssement

Le récit de la prouesse de Pompée7, dans le manuscrit A8, tient environ neuf colonnes9, soit presque cinq pages (il s’agit d’un manuscrit à deux colonnes), et s’étend sur trois feuillets. Son insertion suspend la durée pendant laquelle Mordrain, fraîchement déposé en un pays sauvage après un transfert miraculeux, découvre d’un regard circulaire le site de Port Peril. La marque d’ouverture est assurée par la phrase suivante :

Et si i eut jadis une maison fremee par mout grant orguel10, et si l’i frema uns lerres de mer qui estoit apielés Foucaires11.

La marque de fermeture est on ne peut plus explicite :

Atant se taist ore li contes de Pompee et si retorne au roi qui est en la roche mout esbahis et mout trespensés de che qu’il ne savoit ou il estoit ne en quel maniere il i estoit venus12.

Ainsi le propos, sitôt qu’il en revient à Mordrain, résume les sentiments du roi lorsqu’il découvre le site. Autrement dit, la durée de son aventure a été suspendue par ce récit historique à statut pleinement digressif, entièrement pris en charge par le conte, et développé en tiroir par le narrateur.

L’histoire d’Hippocrate est de deux à trois fois plus longue que la précédente13 ; au manuscrit R 14, elle tient vingt-trois colonnes, soit (à raison de trois colonnes par page) quatre feuillets15 , huit pages. Ici aussi, l’insertion provoque une rupture, ou tout au moins suscite une transition qui, annonçant les points du récit rétrospectif, introduit une autre temporalité :

Mais or laisse li contes ci endroit a parler d’els por conter la verité de cele meson que Ypocras fist fere por son manoir : et comment ele fu estoree et atornee si richement et par qel maniere, et qui cil fu qui l’estora, et coment cele meson, qui jadis ot esté si riche et si bele, fu einsint dechaoite16.

La verité de cele meson : l’aménagement humain du paysage amène la leçon d’histoire. La reconnaissance du site est progressive : les naufragés ne visitent les vestiges que vingt-quatre heures après avoir été jetés sur l’île, au lendemain d’une nuit qu’ils ont passée à l’abri d’un vieux mur17. Ils font l’expérience du faste ruiné. Mais c’est une inscription qui les met sur la piste d’Hippocrate : une trace écrite du passé, laissée pour mémoire, et adressée à la postérité. Hippocrate n’est pas un inconnu pour les quatre malheureux, qui entendent la langue grecque ; ils constatent la déchéance du site18. Le conte va expliquer, par l’homme et par sa carrière, le destin de cette maison, son délabrement et l’abandon de l’île à la nature sauvage.

L’irruption de l’histoire est ici mieux apprivoisée que dans l’épisode de Foucaire ; elle est préparée par le regard des naufragés, qui figure notre propre curiosité devant de prestigieux décombres. Ainsi, du premier au second des récits exogènes, il y a gradation. Le perfectionnement des moyens techniques s’ajuste au raffinement architectural. La visée de l’auteur obéit en quelque manière à la discipline archéologique : à partir des choses mortes, concrètes, un pan du passé se remet à vivre, épanoui dans l’écrit. La narration biographique est explication : il faut conter une vie pour se rendre compte. Cependant, le récit se clôt sur une formule aussi nette que celle de son ouverture :

Par tel maniere come je vos ai devisee fu la meson establie premierement si riche et si bele come je vos ai conté et aprés fu desertee si malement. Si s’en test ore atant li contes, quar assez longuement en a parlé et retorne en une autre voie19.

Après la digression, le roman reprend sa progression : le lecteur retrouve les trois personnages où le conte les avait laissés, devant l’inscription qu’ils commentent ensemble, en condamnant d’abord la ruse féminine, puis en appréciant le préjudice subi par un lieu si splendide autrefois20.

Pompée en Méditerranée occidentale, Hippocrate en son île

Port Peril, ce promontoire rocheux que le bandit Foucaire a choisi pour citadelle, désigne d’abord un site. En lui-même, le terme de port suggère plus que l’ancrage en terre ferme, ou du moins s’entend comme la fin du danger maritime : port signifie toujours plus ou moins, pour le voyageur, port de salut . L’oxymore Port Peril21 est déterminé par la morphologie du lieu. C’est ce qu’explique l’auteur, en rapportant le toponyme usité parmi les indigènes :

Et pour chou ke la roche siet en si sauvage lieu et en si perilleus, pour che est apielee des païsans la roche del Port Peril22.

Le nom, par conséquent, signifie d’abord une sorte de trahison de la terre ferme, hostile, et s’explique naturellement par une bizarrerie de la Création (un peu, toutes proportions gardées, comme cette île Tournoyante où est déposé Nascien) : ce n’est que plus tard que la dame tentatrice, diabolique et en tant que telle encline à charger la nature humaine, en rend compte à Mordrain par les méfaits du banditisme23.

L’histoire du misérable Foucaire accomplit ou annonce, au fond, l’archétype du bandit non de grand chemin ni de haute mer, mais de détroit périlleux24. Nanti d’une flotte de plusieurs galies toujours prêtes, il se terre dans une caverne creusée de main d’homme à flanc de rocher25. On peut discerner en lui des traces mythiques : c’est au feu, focus, que renvoie son nom, ce feu qu’il emploie si bien comme un leurre ; il est une créature de la nuit, dont le gîte est souterrain ; sa stature évoque le géant26 : dans l’imaginaire inconscient, l’ogre interdisant le passage et tuant n’est pas si loin. Dès lors on comprend, face à ce génie du mal, la parole emportée de Pompée, qui se propose proprement d’en débarrasser le territoire27. On mesure aussi l’importance de l’imagination élémentaire dans le dessein du même Pompée, qui amène le bandit à se battre de jour et, enfumant sa caverne comme on ferait du terrier d’un nuisible, l’assiège avec sa bande en quelque sorte par le feu28.

Dans ce roman qui s’adonne à la fresque de bataille épique29, à l’évocation du combat naval30, ce type de récit, assaut de navire et de camp retranché, puis lutte au corps à corps, pouvait prêter à nouveauté. Cependant l’effet produit par le remploi des motifs descriptifs oscille entre pastiche et parodie ; le détail, intervenant inattendu, surprend par effet de placage31. Si le compte est irréprochablement tenu des victimes de part et d’autre32, l’expression chil dedens et chil dehors désignant assiégés et assiégeants s’applique à l’abordage sur mer aussi bien qu’à l’assaut du rocher ou de la caverne et concerne alternativement les deux camps33. Il ne faut pas s’y perdre : telle est la rançon du cliché.

Surtout, l’appréciation de la prouesse laisse perplexe, alors que l’exploit de Pompée est l’enjeu du récit. Certes le chef donne l’exemple et paie de sa personne en risquant sa vie. Mais que désigne dans son cas l’estoutie : avoir pénétré seul dans la caverne où restent plusieurs bandits, ou transpercer un mort devant ses compagnons morts et jeter des cadavres au pied du rocher? La phrase présente à cet égard un savoureux exercice de style, avec entre autres la progression de hardemens à estoutie et la nature et la place du commentaire personnel :

Et lors fist il un grant hardement, car il se mist dedens la cave et feri le premier des larrons de l’espié parmi le cors. Et quant il l’ot feru, si vit ke li autre ne disoient mot ne ne se mouvoient. Si se merveilla trop ke che pooit estre. Lors se traist avant, ke il vit bien et aperchut que il estoient tout mort. Et il les prenoit, si les jetoit tous hors un a un, voians ses chevaliers, qui a mout grant folie le tenoient. Et il n’avoient mie tort, car che fu li plus grans hardemens et la graindre estoutie ke il onques eüst faite, si en avoit fait assés de grans34.

Il reste par conséquent un doute non sur la valeur militaire de Pompée, mais sur la forme et l’application de sa bravoure : est en cause, finalement, la représentation littéraire de la prouesse.

L’histoire d’Hippocrate est un fabliau qui finit mal, ou plus exactement qui rebondit en tragédie narrative. La dynamique assurant l’unité de l’ensemble repose apparemment sur le postulat convenu de la ruse féminine. En sa première partie, qui s’apparente à certaine mésaventure légendaire de Virgile, une dame de Gaule, en somme déportée à Rome où l’empereur lui ménage un train de vie princier, démasque l’imposture du médecin.

Au passage on observe que Rome, fût-elle impérialement représentée par Auguste35, se laisse prendre aux apparences puisqu’elle promeut pratiquement au rang d’un dieu cet Hippocrate estimé thaumaturge36, avec la complicité muette et le silence ambitieux de l’intéressé. D’autre part, et sans doute à son insu, la dame de Gaule, dans une boutade rapportée au style indirect et raillant le médecin, pressent bel et bien l’avènement du Christ. C’est le lieu de se souvenir qu’un autre personnage accéderait quelques années plus tard à la chevalerie romaine alors que sa seule beauté suffisait à le créditer d’une haute naissance : il s’agit d’un Gaulois, fils d’un savetier de Meaux qui, aventurier de haut vol au Moyen-Orient, deviendrait Evalach37. Or, vieux roi de Sarras, c’est lui qui cautionnerait l’implantation du christianisme récent. Si l’on en croit l’Estoire, il y a donc dans la nation gauloise une certaine appétence à la droiture spirituelle.

De quoi la dame de Gaule punit-elle, au juste, Hippocrate? Avant tout de la qualité de sage et de divin médecin que Rome unanime lui prête, ainsi qu’en fait foi l’emphatique inscription commentant la somptueuse effigie voulue par l’empereur38 : la science la plus aiguë, puisqu’elle serait capable de ressusciter les morts, la plus haute sagesse ne sauraient modérer les emportements du cœur. Il faut voir comment le meilleur médecin du monde manque mourir, irrémédiablement, de la maladie d’amour, tant il est prompt, et tendre, au coup de foudre39. On soupçonne sous l’euphémisme plus ou moins courtois le personnage concupiscent, et c’est en partie pour cela, sans doute, que, dans la seconde partie, sa jeune épouse d’une douzaine d’années le hait jusqu’à mûrir un meurtre. Entre le désir du corps féminin et le dévouement à la science, existerait une incompatibilité qui peut être fatale. Hippocrate, au surplus, ne s’éprend qu’en haut lieu. L’ambition amoureuse est fortifiée chez lui par l’orgueil intellectuel. Cet orgueil est sensible dans sa résolution de se mesurer au Christ : l’auteur prend soin de distinguer alors, jusqu’à l’hyperbole, entre science et clergie40. Cet orgueil lui permet aussi de parvenir en changeant d’état, puisqu’il finit par vivre en roi dans l’indépendance insulaire41 : aussi, lui mort, c’est un roi justement, dont la haine envers le défunt n’est même pas justifiée, qui, exterminant sa famille et dévastant son territoire, abolit une souveraineté42.

Pour résumer, à titre de moralité provisoire : voilà jusqu’où peut conduire une science intéressée, sans conscience chrétienne. Hippocrate était au moins coupable de recel d’imposture.

Les raisons du conte

L’auteur précise que l’épisode qu’il enregistre n’a pas été consigné dans la Vie écrite à la gloire du personnage43scripta manent –, ou suggère avec une feinte naïveté qu’il le rapporte en marge de l’histoire officielle, afin de la compléter, voire de l’éclairer44. Sous la ruse d’auteur, vantant la primeur d’une révélation pour capter la bienveillance d’un éventuel auditoire, est d’emblée posé le problème de la mémoire sélective, utile précaution prise en vue de la postérité.

Sur la prouesse de Pompée, l’histoire autorisée s’est tue, comme sur un exploit de Vespasien rapporté plus haut dans le roman (mais postérieur selon la chronologie réelle)45 : les estoires des empereours ou la chronique sous contrôle ont expurgé une biographie, pour un motif qu’enseigne l’auteur de l’Estoire. Entre la conversion de Vespasien guéri par miracle et la destruction de Jérusalem à laquelle il se prête, insupportable, inavouable est la contradiction. Dans la légende de Pompée, l’explication subit un dédoublement, croissant en gravité. Ne trouvant pas glorieux d’avoir lutté corps à corps avec un bandit, l’empereur, au retour à Rome, ordonne à ses proches de taire l’aventure, honorable pourtant, et combien bénéfique à l’humanité. Mais, de la Méditerranée occidentale, Pompée est revenu à Rome en passant par Jérusalem. Il y a logé ses chevaux dans le Temple. Et c’est là probablement qu’interpellé publiquement par le père de Siméon, vieillard courageux, indigné du méfait, il a (tout en négligeant l’altercation pour sauver la face ou par orgueil) réalisé qu’il venait d’agir en chef de bande, en bandit que Dieu châtierait, ou cesserait de soutenir46. Jérusalem a joué comme un révélateur. Pour lui comme pour Vespasien, le tort subi par la ville accuse la foncière impiété, l’inconséquence morale ou l’immaturité spirituelle du Romain.

Épreuve de vérité pour Pompée (comme pour Vespasien), Jérusalem est pour Hippocrate une rencontre manquée, le Christ, un profil à jamais perdu. On se souvient qu’après des années de séjour à Rome, le plus éminent des médecins entend parler, par un chevalier romain revenu de Galilée, des miracles du Christ. L’anachronisme est ici flagrant, il paraît même énorme pour être involontaire, puisque nous sommes alors dans les années 30 à 33 de notre ère. Hippocrate, quoi qu’il en soit, est curieux de connaître le Christ. Les circonstances font mieux que différer la rencontre : elles détournent Hippocrate de Jérusalem. En effet, au moment de prendre la mer en quelque port de la péninsule italienne, le scénario du jeune prince malade, en état de catalepsie, répète alors celui qui avait valu au médecin les faveurs de l’empereur de Rome47.

L’imposture a l’occasion de se confirmer ; l’avidité, la sensualité aussi, vont précipiter Hippocrate à sa perte. Après tout, la thaumaturgie est une médecine du corps par l’âme, un triomphe de la vie qu’obtient un homme par son recours à Dieu. La prétendue thaumaturgie d’Hippocrate est un mensonge par omission ou plutôt par compromission, puisque, soignant uniquement par sa science humaine, excellente au demeurant, mais stimulant la vie à défaut de la redonner, le médecin laisse croire, à son avantage, au miracle. Il simule. Entre esprit grec et christianisme, avec cet anthropocentrisme incarné par le prince des médecins, l’incompatibilité, mesurée à l’aune de l’Estoire et symboliquement, figure une rupture historique. Croire en des dieux, comme à Rome ou en Grèce, a pour effet de livrer l’homme à lui-même.

 

Au regard de ce roman, l’importance et même la pertinence de la notion d’estoire sont incontestables : l’estoire est un élément indispensable de connaissance, la mémoire à défaut de laquelle une civilisation, plus que mortelle encore, est sans avenir. Toutefois le concept d’estoire, qui, dès le titre de l’oeuvre, évacue celui de roman, revendique ici la vérité d’une fiction retraçant, en dépit des obstacles et même des détours de la Providence, l’essor inéluctable du christianisme, d’orient en occident, par le progrès de l’évangélisation.

Lorsque l’auteur insère, à la faveur de l’errance en Méditerranée de ses héros, des pages éclairant les vies d’hommes illustres de l’Antiquité, l’un Romain, célèbre par le pouvoir, ou du moins la prouesse, et l’autre, Grec, éminent par le savoir, il met en cause, déjà, les valeurs majeures de civilisations anciennes, ou du moins l’image qu’on en garde communément : ici la connaissance au service de l’homme et de la vie, là l’intrépidité confirmant la loi d’un empire.

Meublant de révélations les silences de l’écriture autorisée, ce même auteur altère des biographies glorieuses. Pompée, à des fins profitables et d’ailleurs avec un rare courage, en vient aux mains avec un bandit : telle n’est pas la façon de chevaliers tels Evalach ou Séraphé, avant même qu’ils ne deviennent Mordrain ou Nascien. La précellence d’un médecin dans sa science ne préserve pas sa vie des méfaits d’une femme.

Bref, l’échec de ces modèles antiques est imputable à des valeurs apparemment trop humaines pour s’ouvrir aux promesses du christianisme : ivre de son autorité, Pompée souille le Temple, et Hippocrate, enivré par sa renommée de thaumaturge, ne rejoint pas le Christ. L’anachronisme, assumé par l’auteur, prend ici la forme d’un raccourci condamnant la clergie sans humilité, la toute-puissance usurpée du savoir, comme s’il s’agissait d’une forme hellénique du péché d’Adam.

Aussi le roman, qui s’intitule Estoire, est-il une fiction qui dit vrai. Les récits insérés sont à cet égard non pas accessoires, mais subsidiaires. Il s’agit de montrer, en suivant des voies parallèles à la constitution historique de l’Église, l’élan du christianisme au premier siècle, contre vents et marées, vents contraires de la tentation, voire de la séduction diaboliques, et marées antiques de civilisations dépassées pour avoir ignoré le Messie.

Notes

1 L’Estoire del Saint Graal, édité par Jean-Paul Ponceau, Paris, Librairie Honoré Champion, 1997, 2 vol. (C.F.M.A., 120-121). Return to text

2 Un autre récit inséré, celui de l’isle Tournoiant où Nascien, emporté par un nuage, atterrit pour y subir son épreuve, est un exposé didactique aussi, mais d’ordre géologique (401-419). Return to text

3 217-238. Return to text

4 155-159. Return to text

5 455-458. Return to text

6 La Queste del saint Graal, éd. A. Pauphilet, Paris, Champion, 1923 (C.F.M.A., 33), p. 273-280. Return to text

7 305-318. Return to text

8 Amsterdam, Bibliotheca Philosophica Hermetica, sans cote (début xive siècle), fol. 1a-63d. Return to text

9 Fol. 43b-45b. Return to text

10 Étonnante formulation, pour désigner l’habitation souterraine d’un pirate (attentif, à vrai dire, à l’aspect imprenable du lieu) : l’auteur, sans doute, recourt plaisamment au propos figé. Toujours est-il, en effet, que sous les yeux des naufragés explorant l’île d’Hippocrate et remarquant des ruines, l’expression revient presque identique (542, 1-4) : «Au soir, quant la nuit fu aprochiee, si regarderent que amont en la roche avoit un mur viez et ancien d’une maison qui jadis i avoit esté dreciee par mout grant orgueill, mais ele ot esté abatue, passé avoit mout lonc tens.” Return to text

11 305, 1-2. Return to text

12 319, 1-3. Cf. supra, 303 (lorsque Mordrain arrive miraculeusement sur son isthme lointain), 4-11 (c’est nous qui soulignons) : «et quant il fu a terre, si commencha a esgarder entour lui, comme chil qui mout estoit esbahis et trespensés, car il se veoit seus en terre estrange, dont il ne quidoit jamais escaper a nul jour. Et pour chou n’estoit il mervelle se il estoit esbahis, car il n’estoit pas enchore bien asseürés des grans mervelles qui li estoient avenues en son palais ne il ne li estoit mie avis ke jamais ches mervelles li fausissent, pour la grant angoisse qu’il en avoit soufferte. Et avoec tout chou ne savoit il pas comment il estoit venus en chel lieu ou il se trova ne quel chose l’i pooit avoir porté.” Return to text

13 545-577. Return to text

14 Rennes, Bibl. mun., 255 (XIIIe s.), fol. 43f-100e. Return to text

15 Fol. 57a-60e. Return to text

16 545. Return to text

17 543, 1-3 : « A l’endemein, si tost conme li jorz aparut et il orent dites lor proieres et lor oroisons, qe Nostre Sires par sa pitié les conseillast, il se drecierent vistement et distrent qu’il iroient veoir que il avoit laienz entre ces murs… » Return to text

18 544, 5-15 : « Desus le lit avoit une tombe trop bele et trop riche et si bien ovree que trop fust delitable chose a veoir et par desus le plus gros chief de la lame avoit letres escrites en grezois qui disoient : Ci gist Ypocras, li soverains des fisiciens, qui par l’engin de sa feme reçut mort et fu ci aportez par Antoine, lo roi de Persse.
Qant il voient les letres, si les conoissent molt bien et em parolent assez et dient que d’Ypocras avoient il oï assez parler mainte foiz. Il regardent la meson de chief en chief, si voient trop de beles choses qui totes estoient tornees a naient et dechaoites et dient que iluec ot jadis molt riche manoir et mout bel, car seulement la richesce qui ci est remese ne porroit nus hom esligier, se trop n’estoit riches. » Return to text

19 577, 10-13. Return to text

20 578, 1-11 : « Ci endroit dit li contes que, qant li dui mesage et la damoisele qui avec els estoit orent grant piece regardee la maison et la tombe Ypocras et il conurent par les letres qui desus la tumbe estoient qe li sages philosophes Ypocras avoit en tel maniere mort receüe par l’engin de sa feme, si en commencent entr’els a parler et distrent que molt avoit esté cist damages granz, et deable chose et mout dotable avoit en feme, car encontre son enging ne puet sens d’ome durer.
Qant il orent la meson regardee amont et aval et pleint et regreté le damage de ce que si biaus lius come cist avoit esté jadis estoit einsi destruiz et desertez, lors monterent tot contremont la roche, el plus soverain leu et el plus haut, et ce fu aprés hore de midi. » Return to text

21 Voir, 537, 16-20, la prière que les quatre messagers, emportés sur la Méditerranée dans leur navire sans pilote, adressent à Dieu (c’est nous qui soulignons) : «Qant il se voient en tel point et en tel peril qu’il ne gardent l’ore qu’il soient perillié en la mer et il conoissent qu’il ne puent eschaper, se la misericorde Nostre Seignor ne les secort, il s’agenoillent en la nef et crient merci a Nostre Seignor que il par sa pitié les regart en cel peril ou il sunt en tel maniere qu’il ne soient mort ne peri, mais a port de salu les ramaint.»
Pour confirmation de la nature oxymorique du toponyme, voir, dans la Queste del Saint Graal, éd. citée, p. 165, ce mot que Bohort adresse au religieux, dans la conversation pieuse qu’ils tiennent ensemble : « Li cuers de l’ome si est l’aviron de la nef, qui le meine quel part qu’il veut, ou a port ou a peril. » Emmanuèle Baumgartner traduit : « à bon port ou à sa perte » (La Quête du Saint Graal, Champion, 1983, Traductions des C.F.M.A., XXX, p. 152). Return to text

22 304, 11-13. Return to text

23 Au roi qui lui demande où il se trouve (et à quelle distance de son pays), la dame commence par répondre (328, 7-9) : « (...) or saches tout premierement ke tu iés en une roche qui est apielee la roche de Port Peril, pour chou ke ch’est li lieus de mer ou on a plus fait traïsons et felounies.» Sans s’en rendre compte, la dame trahit peut-être ses propres intentions, ou dit ses raisons d’être apparue sur le site. La suite de l’explication (id., 9-14), qui détaille ce que le lecteur sait déjà, la distance qui sépare Port Peril du pays de Mordrain, a le mérite de situer le royaume de Sarras : «Et se tu veus savoir combien tu iés loing de ta terre, che saches tu bien ke il a de chi ou tu iés jusc’au commenchement de ton regne .XVII. journees grans, car nule nes, tant l’eüst boins vens acuellie, ne porroit estre hors de mer, se ele mouvoit de chi, en mains de .VIII. jours ; et de l’issue de la mer jusc’au commenchement de ton roiame ne porroit nus aler ke il n’i mesist .IX. journees. » Ce royaume est donc continental, profondément, sans façade maritime. Return to text

24 Deux exemples, empruntés à la littérature de la fin du xviiie siècle, et d’abord à Rousseau juge de Jean-Jacques (1782) : « Professeurs de mensonge, c’est pour l’égarer que vous feignez de l’instruire, et comme ces brigands qui mettent des fanaux sur les écueils, vous l’éclairez pour le perdre» (Troisième Dialogue, Extraits, 3 (Lettre à M.de Beaumont), dans Rousseau, Dialogues, présentation par Erik Leborgne, GF Flammarion 1021, p. 345. Second exemple, puisé dans Le Mariage de Figaro (1784), I, 4, dans la bouche de Bartholo, parlant de Bazile : «Cet autre maraud loge ici? C’est une caverne ! » Return to text

25 305, 4-6 : « En chele roche fist li lerres son habitacle de la roche meïsme, car il crousa tant ke il i eut bien maison a .XX. homes osteler. En chel ostel repairoit entre lui et ses compaignons... » Plus loin, durant l’assaut, pour désigner cette habitation troglodytique, il n’est question que de cave (310, 10 et 18 ; 311, 6, 7, 16, 18 et 20 ; 312, 3, 6, 9 et 15 ; 313, 3 ; 315, 3 ; 316, 5, 7 et 9). Return to text

26 305, 3-4 : « Chil lerres estoit de grant cors a desmesure et de si grant forche ke nus hom ne peüst souffrir la virtu de ses membres. » Return to text

27 306, 5-7 : « Et lors dist il ke che qu’il avoit fait estoit noiens, se il de chestui ne sevroit la terre. » Return to text

28 Voilà comment s’expliquent, à notre sens, deux longueurs que comporte le récit : d’abord le conseil que donnent les chevaliers d’attendre le jour pour l’attaque (309), alors que cette nécessité tombe sous le sens, ensuite la citation des propos de Pompée, à qui seul vient l’idée, de chasseur apparemment plus que de héros, d’enfumer la caverne (310). Return to text

29 La guerre d’Evalach contre Tholomé, 153-242. Return to text

30 La flotte du roi de Label attaquée par celle du roi de Tarse, 534 (récit par lequel la fille du roi de Label renseigne les messagers de Sarracinte). Return to text

31 Exemple, lorsque Pompée, sans connaissance après sa chute dans le brasier, est secouru par les siens, 314, 3-7 : « Et il l’en traisent mout tost, si li osterent son haume et li abatirent sa ventaile. Et quant il li orent le viaire descouvert, si le virent ausi pale com se il fust mors, ne ne traoit a lui ne pié ne main. Lors orent mout grant paour de lui, si le misent en son escu et l’enporterent en la nef pour couchier… » Les présents gestes, au demeurant indispensables, des sauveteurs n’ont donc rien que de très attendu pour qui connaît un peu la littérature épique et chevaleresque, mais c’est ici seulement, un peu tard, que nous découvrons Pompée sous l’armure (l’écu au col, probablement). Return to text

32 Par exemple, 312, 12-13 : «Ensi en ochist Pompees .V. a chele cache, si ne furent mais que .XIIII., et de cheus estoient si navré li .VII. ke petit se pooient mais aidier.” Return to text

33 Par exemple (nous soulignons) 307, 3-4 : « (...) et si tost com il vinrent tout abrievé pour ferir, et chil dedens lor jetent les cros… » (il s’agit des gens de Pompée) ; 308, 5-6 : « (...) et si estoient chil dehors trente, et chil dedens n’estoient ke .XIX., car tout li autre estoient ke ochis ke jetés en mer. » (il s’agit cette fois des bandits battant en retraite et poursuivis sur le rocher). Return to text

34 316, 9-15. Return to text

35 547, 1-2 : « Veritez fu provee qe au tens Augustus Cesar, le buen empereor de Rome, vint Ypocras a Rome… » Return to text

36 549, 4-9 : « Si fist tant en pou de terme par sa fisique que li povre home, qui assez estoient idiot et non sachant, l’apeloient “demi deu”, et li autre, qui totevoies estoient mielz letré, l’apeloient “le soverein des sages” por le grant sens qu’il trovoient en lui ; et por ce firent il a la figure de lui si grant henor come se ce fust la figure d’un de lor dex. » Return to text

37 157, 7-9 (Josephé à Evalach) : « Et quant tu fus a Rome, si te regarderent a mervelle et li un et li autre, car il quidoient bien que tu fuisses de plus haut lignaige que tout li autre enfant, tant par estoies biaus. » Return to text

38 548, 10-20 (l’empereur) : « Lors fist fere une grant figure d’or et haute, en figure d’ome semblable au plus que l’en pot en la forme d’Ypocras, et aprés refist faire une autre a la maniere de son neveu ; puis les fist metre desus la mestre tor de Rome, el plus haut liu, si que nus n’entrast en la vile qui nel peüst veoir apertement. Desus cez dous ymages fist faire un arc volu, ovré d’argent et d’or trop sagement, por la pluie, qui n’i peüst avenir en nule saison. Li empereres fist faire letres desus Ypocras qui disoient : “Ce est Ypocras, li soverains des filosophes, qui par le sens de la clergie fist venir de mort a vie a Rome le neveu Auguste, l’empereor, celui meesmes dont la figure est dejoste lui.” Qant cil briés fu escriz, li empereres dist que il ne voloit pas que jamais fussent cil dui ymage remus de celui leu ou il estoient mis. Et il li otroient volentiers. » Return to text

39 552, 6-17 (Hippocrate au temple) : « Si se prist garde qe cele estoit de plus merveilleuse biauté que fame qu’il eüst onques mes veüe. Si chaï maintenant en fole pensee de lui, a ce qu’il n’ot onqes feme amee. Lors se retorna devers li por veoir la mielz qu’il ne l’avoit veüe, si la comença a regarder. Et en ce que il la regardoit mielz et mielz, si en estoit sorpris et angoisseus plus et plus et i mist si outreement sa penssee que il n’en puet son cuer oster en nule maniere.
Qant la dame se fu del temple partie, il s’en ala a son ostel, si se trova si malades et si deshaitiez qu’il se coucha maintenant. Einsint aama Ypocras la dame ; et por ce qu’il ne la pooit veoir a sa volenté ne avoir ne il n’en osoit por honte proier l’empereor, acoucha il malades et fu si deshaitiez que li autre maistre qui de fisique savoient distrent que il cuidoient bien que il moreüst, et neporqant il ne savoient pas veraiement qel maladie il avoit. » Return to text

40 565, 9-13 : « Par ceste achaison se parti Ypocras de Rome : por estriver de clergie encontre celui qui estoit fonteine de tote science et que nos devons apeler la “soveraine science”, ce fu Jesucriz meesmes, qui a celui tens faisoit entre les Gius meint biau miracle et tantes beles vertuz qu’il ne pooit estre qe la renomee de si haut Seignor ne fust estandue par universe monde. » Return to text

41 571, 8-20 : « Ypocras avoit grant avoir que il fist metre en barges et en nes, si se parti maintenant del roi Anthoine et del roi de Sur et enmena aveques lui sa feme et ses parenz en cel isle.
Et qant il i fu venuz si salvement qu’il n’avoit riens perdu en la mer, il manda charpentiers et fist meintenant drecier en l’isle un fort chastel et bien seant. Et quant il fu dreciez et parfez, il fist dedenz fere a son manoir une meson la plus bele et la plus riche qui puis fust faite par home, car tuit li huis devant en furent d’or et d’argent, ovré a pierres preciouses, riches et vertuouses ; et li piler qui par dedenz estoient et sostenoient la maison estoient de marbre, mais li marbres n’aparoit mie, car tuit estoient covert d’or et d’argent. Del lit qu’il fist faire a son gesir vos porroit l’en conter merveilles, et a droit, qu’il fu merveilleus par les pierres vertuouses qu’il i mist, que nus, tant fust malades, ne s’i couchast qui maintenant ne fust gariz. » Return to text

42 577, 5-9 : « Li parent Ypocras remestrent laienz et se fussent bien et merveilleusement escreü et monteploié de lingnee, a ce que li leus estoit riches et biaus et la terre planteüreuse et atempree par raison, mais li rois de Babyloine, cui aventure amena puis cele part, les destruist toz et deserta le liu por Ypocras, que il avoit haï trop mortelment. » Return to text

43 318, 1-6 (à propos de Pompée) :
Et quant il s’en parti de Jherusalem, si desfendi a toute sa maisnie ke jamais ne parlaissent de Foucaire, car il ne voloit mie ke on li reprovast che ke il avoit toute sa forche et son pooir mis a un larron asalir et prendre. Ensi fu teüe chele proueche, ke ele ne fu mie escrite entre ses autres fais, car la chelee de lui et de sa maisnie en abati le renon, et si fu chou li graindres biens ke il eüst onques fait et de quoi il deüst estre plus amenteüs.” Return to text

44 546-547, 1-2 : « Voirs fu, ce dit li contes et L’Estoire des philosophes le tesmoigne, que Ypocras fu li plus sovereins clers et li plus sages de l’art de fisique que nus autres hom qui a son tens regnast, qui en cele science eüst mis son tens et sa cure ; et si vesqui il longuement, mais gueres ne fu renomez : mais par une chose qu’il fist a Rome fu coneüe et esprovee sa clergie, par coi il fu puis tenuz en haute renomee des filosophes et apelez “sovereins mestres des fisiciens”. Et si vos dirai conment ce li avint.
Veritez fu provee qe au tens Augustus Cesar, le buen empereor de Rome, vint Ypoocras a Rome… » Return to text

45 57, 1-10 (lors du siège de Jérusalem par un Vespasien pourtant baptisé) : « Ne li contes n’en parole en avant, fors ke, tant que Tytus et Vaspasiiens, ses fiex, orent assis Jherusalem, ke il assirent dedens l’an ke Joseph fu mis hors de prison, si avint cose ke Vaspasiiens assaloit mout durement, car il estoit plains de mout grant proueche et de grant hardement. Et uns clers qui avoit esté a lui baptisier le connut, si li commencha a crier : “Ahi ! Vaspasiens ! Desloiaus sarrasins et puis crestiens renoiés ! Pour quoi guerroies tu celui qui te gari de la meselerie et qui baptesme tu recheüs?” A che mot laissa Vaspasiiens a assalir, si s’en corecha ses pere tant a lui, que il li reprochoit che ke li clers avoit dit et si le cacha hors de son lieu grant pieche – mais che ne content pas les estoires des empereours. » Return to text

46 317, 24-28 : « Ensi parla li preudom a Pompee, mais il tint tout a rage et a foursenerie. Et nepourquant chil ne dist chose qui puis n’avenist, car il avoit tous jours esté li plus renomés chevaliers ke on seüst et li plus cheans, ne onques puis ne fu se mescheans non ne onques puis n’entra en plache ou il se combatist ke il ne s’en partesist honteusement. » Return to text

47 566-568. Dans l’entourage d’Antoine, roi de Perse, et aux yeux du peuple, Hippocrate passe alors (mieux qu’à Rome, des années plus tôt) pour un dieu. Voir 568, 9-12 : « Et Ypocras s’entremist en tel maniere del vallet qu’il fu toz seins et toz haitiez a l’endemain, si qe toz li pueples dist erramment que Ypocras l’avoit fait venir de mort a vie et distrent entr’els que Ypocras ne devoit pas estre apelez hom mes pareill a deu. » Erramment définit au passage le jugement par précipitation. Return to text

References

Bibliographical reference

Gérard Gros, « Digression narrative et périple méditerranéen : la Grèce et Rome au prisme de l’Estoire del Saint Graal », Bien Dire et Bien Aprandre, 24 | 2006, 229-240.

Electronic reference

Gérard Gros, « Digression narrative et périple méditerranéen : la Grèce et Rome au prisme de l’Estoire del Saint Graal », Bien Dire et Bien Aprandre [Online], 24 | 2006, Online since 01 mars 2022, connection on 18 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/976

Author

Gérard Gros

Université d’Amiens

By this author

Copyright

CC-BY-NC-ND