Les catalogues d’exposition deviennent de plus en plus des ouvrages de référence sans équivalent dans le monde de l’édition. C’est assurément le cas pour celui-ci, accompagnant l’exposition qui s’est tenue au Muséum de Neuchâtel. Rédigé et piloté en grande partie par T. Malvesy, il permet de découvrir un « géant » bien méconnu du grand public. Et pourtant, quelle importance il représente quant à l’évolution d’un groupe vedette, en l’occurrence les Dinosaures ! Ce formidable ouvrage bien complet sur le sujet, très bien rédigé et agréable à lire, avec de nombreuses illustrations, dévoile ainsi un pan de l’histoire des vertébrés terrestres.
Le genre Plateosaurus, un des premiers dinosaures découverts avant la création du nom par Owen en 1842, est en fait un animal extrêmement courant durant une bonne partie du Trias, le Norien, entre environ 220 et 205 millions d’années. Essentiellement européen, on le rencontre aussi en Amérique du Sud d’où il semble originaire. Logique, durant cette période géologique, les continents sont rassemblés en une entité nommée Pangée. On estime qu’il pouvait représenter près de 80 % des vertébrés terrestres durant le Trias supérieur. Il est un des premiers représentant des Sauropodomorphes, les futurs géants du Mésozoïque, un des grands groupes de dinosaures qui contient les plus grands vertébrés terrestres connus. De la taille d’un éléphant, il pouvait atteindre en moyenne 5 à 8 mètres de long. Son allure générale a longtemps fait l’objet de représentations très variées, souvent quadrupède. En fait, il était clairement bipède et digitigrade, avec un long cou et une queue également très allongée permettant une bipédie parfaite. Formidablement bien adapté au climat très sec et à la végétation peu luxuriante du début du Mésozoïque, il est, de par sa capacité à se lever, le seul vertébré à alors pouvoir accéder à la partie haute des végétaux. Ce qui lui a conféré un atout essentiel par rapport aux autres animaux, ce qui explique sa très grande répartition géographique et son succès évolutif. Il était le « roi » du Trias ! Le « héros » de l’exposition est un Plateosaurus de grande taille découvert en Suisse près de la ville de Frick et dénommé « Grande gueule » de par l’ouverture impressionnante de ses mâchoires.
L’ouvrage permet de retrouver toutes ces informations de manière très pédagogique et vivante, en particulier avec les interviews des paléontologues acteurs des études modernes. Il constitue ainsi une des rares mises au point sur ce groupe de dinosaures, à l’avenir si prometteur. Pour le plaisir, les afficionados de la bande dessinée y découvriront que Plateosaurus a été la vedette d’une célèbre aventure de Spirou, « Le voyageur du Mésozoïque » sous la plume d’André Franquin, en 1957. Certes, la représentation de l’animal correspond à la vision d’alors des dinosaures, et la période géologique n’est pas la bonne, m’enfin on ne critique pas le Maître ! Une autre apparition dans la bande dessinée, plus fugace cette fois, est celle réalisée par Edgar P. Jacobs pour « Le piège diabolique », une des aventures de Blake & Mortimer, en 1962. Et les fans de crochet pourront même créer de leur main un Plateosaurus grâce au tutoriel et au patron offert !
Bref, ruez-vous sur ce livre sans tarder !