Pourquoi écrire en picard ?
Tout d’abord pour témoigner du plaisir à parler cette langue devenue dialecte par les caprices de l’histoire, cette langue réfugiée dans l’intime connivence de quelques personnes, alors qu’elle fut un parler noble, officiel, une langue littéraire riche et vivante. Voyez Philippa de Hainaut, reine d’Angleterre : ses contes picards ont inspiré Chaucer. Sans textes fondateurs (mythologie, contes, légendes, chants, poèmes, récits, théâtre…) bref, sans littérature, une langue finit par sombrer. Il y a une transmission à assurer, orale puis écrite, en famille, à l’école, via divers médias, et à enrichir par des créations nouvelles.
Il faut écrire en picard pour montrer que ce qui est arrivé à la langue picarde pour des raisons purement politiques risque d’être le sort de nos langues européennes (français, allemand, néerlandais, italien, suédois, letton, etc.) au profit de l’anglais. On nous dit : autrefois, le latin nous servait de koïnè, maintenant, c’est l’anglais. Comparaison n’est pas raison : le latin n’était la langue intime de personne… D’ailleurs, cet infâme ‘business English’ n’a rien à voir avec la belle langue anglaise littéraire car ce jargon-là n’est pas une langue, c’est un rouleau compresseur. Pire : c’est une mauvaise prothèse pour les invalides linguistiques que nous sommes en train de devenir, plongés dans un monde virtuel où règne en maître le nombre, la quantité (au détriment de la qualité), la vitesse, le bâclé, la désinvolture, l’irrespect, l’à peu près. Une mondialisation virtuelle qui souvent nous dépasse, nous domine, façon 1984 du roman de George Orwell – on ne dira jamais assez les vertus pythiques des poètes ! Et pourtant, que lisent nos écoliers ? Nos lycéens ? Quels auteurs sont au programme des cours de français ? Et des cours en autres langues ? Comment nos enfants apprennent-ils à écrire ? Avec quel souci de correction ? Loin de moi l’idée d’accabler mes chers collègues, certes pas tous adeptes de l’aberration : « On ne fait plus de dictées car c’est trop discriminatoire ».
Sous des apparences passéistes, ma réflexion est lucide, contemporaine, axée sur l’avenir. Que les fées autour des berceaux offrent à chaque enfant deux, trois, quatre langues, qui s’éclaireront les unes les autres : sur ce patrimoine-là, richesse imprenable, ils ne paieront pas de droits de succession.
Bref rappel historique
La Picardie existe aussi en Belgique : j’y suis née, j’y ai vécu près de dix-huit ans. Plus qu’un pays ou une province, la Picardie est surtout un espace linguistique. Bordé au nord par le flamand, à l’est par le wallon, au sud par le français, à l’ouest par la mer, ce paysage eut valeur de nation quand, en 1200, les étudiants de l’Université de Paris ont décidé d’en organiser quatre : celle de Normandie (pour les Normands et les Bretons), de Picardie (pour les Picards et les Wallons), de France (pour les étudiants de souche latine) et celle d’Angleterre (pour les Anglais, les Allemands et les Suédois ; appelée d’Allemagne après 1436). La Picardie a aussi une littérature que les savants s’accordent à faire commencer avec la cantilène de Sainte Eulalie (881). Parmi les grands auteurs médiévaux, Jean Bodel, Adam de la Halle, Gautier le Leu, Froissard étaient picards. La chantefable anonyme Aucassin et Nicolète est très probablement due à une plume picarde.
En 1539, l’ordonnance de Villers-Cotterêts écarte le latin et les langues régionales au profit du français. Dès lors, la littérature en (moyen) picard (xvie-xviiie siècles) se veut connivente et joyeuse, dans la tradition rabelaisienne. Il faudra attendre, au xixe siècle, l’engouement romantique pour tout ce qui est exotique et régional (paradoxe apparent) pour voir (re)fleurir une littérature picarde aux genres diversifiés, dont la célèbre berceuse lilloise du P’tit Kinkin (Alexandre Desrousseaux, 1853) ou l’Oraison pour la Crèche, de Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859), ne sont que deux exemples. La défaite de 1870 dicte au Ministère de l’Éducation Publique un programme ‘francophonissime’ avec, à la clé, l’humiliation délibérée des écoliers à qui l’on inculque l’idée d’une infériorité socio-culturelle liée à leur langue. C’est pourtant en 1875, au moment où il doit quitter Frameries pour s’installer à Bruxelles, que Joseph Dufrane (1833-1906), resté célèbre sous son nom de plume Bosquètia, commence à écrire en picard borain, entre autres des fables succulentes d’après Ovide et La Fontaine. Pendant la guerre 1914-18, la Picardie allait (une fois encore) servir de champ de bataille à l’Histoire. Le poète borain Henri Tournelle, alias Jules-Henri Lefèbvre (1893-1961), auteur d’émouvantes Fleurs de Terril, nous livre un Mariage de guerre (pièce qui dure trois heures !) dont le ‘monologue’ Èl garde civique n’a pas perdu sa saveur de lapin aux pruneaux – faut-il dire d’âne au pruneau ?
Éradiquer une langue est une entreprise longue et difficile : il n’est sans doute pas trop malaisé de la sortir des palais de justice, de l’administration et de l’armée ; l’évincer des écoles ne va déjà plus de soi (si nous, les filles du Lycée de Mons, n’utilisions que le français, je sais par mon cousin et mes copains que dans la même ville, des garçons de l’Athénée se parlaient picard à la récréation1… parfois pour imiter en se tordant de rire leur pauvre prof de math qui, cramoisi de colère devant leur incurie, répétait des chapelets de « Nondèd’djeu nondèd’djeu nondèd’djeu »). Des siècles de décrets et de brimades n’ont pas réussi à rayer des mémoires et des cœurs les proverbes, les comptines, les chansons, les verbes et expressions que traduire décolore : avèrlu (vif, éveillé, intelligent), dèscafotèr (chipoter, littéralement ‘sortir de sa coque’ – èscafe, cf. italien scafo), arlochèr (secouer), bèrdèlèr (ronchonner, maugréer), dèmis’lèr (émietter, réduire en poudre : si mis’ler peut vouloir dire ‘neiger finement’, Gare a magn, i misèle ! est un cri d’alarme dans une galerie de charbonnage, où un époudrement est signe d’éboulement proche), fé ’ne fourlache (faire une faute, commettre un erreur, un impair), s’inscoubarer (perdre la tête), etc.
Mais au xxie siècle, la mondialisation, qui n’épargne rien, décime les langues. Les grosses mangent les petites, évidemment. Et à chaque langue qui meurt, c’est une fenêtre qui se ferme sur le monde. Certes, « Où il y a une grande littérature, il n’y a pas de petite langue », comme aimait à le dire le beau poète letton Māris Čaklais, car une langue est grande non par son nombre de locuteurs mais par la culture qu’elle transmet, développe et perpétue.
Et in Picardia ego
Il est heureux que je n’aie pas su au départ combien d’heures de recherche (historiques, linguistiques) et d’apprivoisement informatique allait signifier l’entreprise Et in Picardia ego. Au départ écrit en français, ce livre était grevé de notes attestant de nombreux passages en picard, donc d’instants vécus dans cette langue. Mais de là à tout traduire !… Pas facile, d’écrire dans une langue qui s’est perdue avec l’enfance, qui est restée au stade oral (!), sans grammaire ni orthographe. Pire : une langue à la fois disqualifiée, réprouvée, interdite (voyez plus loin La Punition) et omniprésente (complicité secrète avec les grands-parents et désobéissance partagée avec les enfants du village).
Le picard : une langue morte ? Une langue pour parler avec les morts ? Pourquoi, pour qui, allais-je m’atteler à cette auto-traduction que je qualifierais volontiers de ‘rétroduction’ ? Pourquoi, pour qui prendre du temps sur mes autres livres en chantier et recommencer celui-ci ? Pour ne pas refermer ma fenêtre sans avoir partagé ce qu’elle offre à ma vue ? Peut-être. Mais comment m’y prendre ? J’ai toujours dit à mes étudiants : pensez dans la langue que vous parlez. Et allez dans les pays où on la parle. Et moi, où vais-je aller ? On cherche dans l’espace / derrière, devant / ce que cache le temps / après, avant 2 […] À entendre les Borains, je suis une Padlayô « Par delà l’eau » (de la Haine, affluent de l’Escaut), une manoue (niaise) de Baudour. Comprenez que je viens d’un pays rural plutôt qu’industriel. Mais à l’horizon sud de nos prés marécageux s’élevaient les terrils du Borinage. J’ai grandi à Criquelions et à Douvrain (respectivement lieu-dit et hameau de Baudour, inclus dans Saint-Ghislain lors de la fusion de communes). J’allais souvent à Hensies chez mes grands-parents : la France, nous semblait-il, commençait au bout de la grand-route. J’ai d’abord fréquenté l’école communale de Douvrain, puis en 5e et 6e primaire l’école des Sœurs à Saint-Ghislain, ensuite, comme ma mère, le Lycée Royal Marguerite Bervoets à Mons.
Le jour où j’ai décidé de ‘doubler’ mon livre d’une version picarde (mais n’est-ce pas le français qui allait en devenir la doublure ?), je me suis endormie en pensant aux vieilles personnes du village… J’ai rappelé des voix, des maisons, des jardins. Et au matin en m’éveillant, J’ai entendu quelqu’un s’exclamer : « Il avot d’s-ounènes tout’t-tavô ! » (Il y avait des chenilles tout plein !) Cette phrase n’avait rien à faire dans mon livre mais elle prouvait au moins que j’avais retrouvé le chemin.
Èl punicion
Vins l’ rûe du Timpe, a Douvrègn, al fin dès-anées quarante.
– A r’vwôr!
– A r’vwôr dalé!
– Si on n’sè vwot pus on s’èscrîra!
– Su ’ne fwèye dè chou avè ’ne plume dè cat!
Nos rion’ come deûs p’tites sotes, come on pèt l’ fé a ç’n-âje la : sièt’ ans, possièpe sîs’… mès én coup sèc’ èm’ sésit : èm’ mamére a toqu’tè ô cârô avè s’n-éndecs, qu’èle èrdrèsse pou moutrèr qu’èle èst mèchante3 eyèt pou m’fé rintrer. Jè n’ pè niè jwèr su l’ rûe, jè n’ pè niè d’visèr picârd. Jè l’ sè biè, mès qu’ ch’eint bong…
Adon mè v’la què j’ rinte in rwékant mès solés tout pléns d’ièrbe èyèt d’ bèrdouye. Ç’ coup-ci, èle n’a riè a r’dîre la d’zeûr.
– Prends ton ardoise et ta touche.
Misére! Ène punicion !
– Écris dix fois: Je ne peux pas parler patois.
Dîs coûps ! Pour mi èle est sote! Èj’ n’âré mîe jamés fini ôjordwî!
– Il faut –s à patois?
– Le Larousse est derrière toi.
Le-La-rousse. Le La… Les ! I d’a deûs, foû foû foû grands, ingrinkiés tout-in ôt (niè d’én chèrisièr4, maleûreûs’mint, mès) dèl bibliothèque. D’abitûde, jè n’ pè niè lsè prinde. C’èst pou çoula qu’on l’s-a mis lôvô, ôtant dîre al coupète dèl pièrche couvèrte5. Èj poûsse ène cayére èdvant mi : in grimpant d’zeûr, j’arive tout jusse, mès qu’ c’eint b’zant ! Eyèt i fôt co fée atincion d’ niè kèyi su l’pâje dès sales biètes qui m’ font trian.nèr d’peû: reptiles, avè l’boa constrictor bleû a takes gônes qui r’mûe su l’ pâje sans jamés s’in dalèr. Èl vwas d’èm mamére résone vins mès-orèyes: Tu ne peux pas parler patois. Tu ne peux pas parler, pas toi. Tu ne peux pas parler. Tu ne peux pas… « Patois » : I fôt én-ès’ al fégn. Èle arot pu mè l’ dîre, què j’ l’avo bié d’viné. Tout mèt’nant, i fôt co r’mète a plache èl mastodonte, sinon i va spitèr dès clôs d’chabot6. Dîs coûps, èyèt i fét si biô a l’uch ! Mès larmes in kèyant su m’n-ardwâse transform’tè m’n-ècritûre in cafouyâjes dè carabouyas.
J’é tout scrit, jusqu’ô d’bout. Mès come vos vèyèz, èj’ n’é niè fét çou qu’i falot, co pîre : èj cwâ bié qu’èm’ curiositè pou lès langues dwot datèr dè ç’ tamps la. A l’eûre qu’il èst, èj d’é bié tripotè ’ne quinzin.ne. Èm’ mamére vit co. Souvînt, j’ li di mèrci pou ç’ punicion la. ’L èst bè seûr, èle n’a niè fét kèyi l’mouchon qu’èle arot bié volu7. Mès i m’ chane a vîr qu’èm’ mamére va co dîre : « Tu vois, à quelque chose malheur est bon »8.
Géographies
Il fallait donc retourner sur les lieux du ‘crime’ de désobéissance, partir à la recherche des paysages de l’enfance : aller humer l’air du village, du hameau, ignorer les nombreuses maisons apparues au cours des années, fermer les yeux pour revoir, sur un pré d’hiver dénudé, des rideaux de peupliers tout tremblants dans leur lumière de mai et récemment abattus. Les paysages me parlaient picard. Cependant, il fallait chercher un informateur, un locuteur né natif et resté là. Le hasard m’a permis de retrouver Nelly Hostelaert, perdue de vue depuis la tendre enfance mais avec qui j’avais pratiqué l’art délicat de la tatache, la confection de pâtés de boue. Avec elle, j’allais pouvoir, sans encourir de punition, débusquer de mon ardèyon (mon for intérieur) cette langue endormie, ce ‘patois’ que Nelly n’avait cessé de cultiver. Ne m’a-t-elle pas fait la surprise de m’inviter chez elle en même temps qu’André Capron ? Et tandis que nos maris faisaient connaissance dans leur langue (l’allemand), nous nous parlions picard tous les trois. Moi, j’adoptais ma méthode habituelle : me mettre à parler sans craindre le ridicule d’une erreur, d’une faute, d’une forme verbale laissée en suspens et que l’interlocuteur ne manquerait pas de compléter… Puiser dans mes réserves : lexique de la mémoire et grammaire intérieure. Repousser peu à peu l’ombre du français portée sur le picard depuis des siècles. Renoncer cependant à toute illusion de pureté.
Le défi de l’écriture
Parmi les difficultés soulevées, celles d’ordre phonologique se préciseraient au passage à l’écrit : comment arrêter un continuum de sons, un arc-en-ciel dont chaque village avait sa nuance ? Nié ou niè ? Bié ou biè ? Il ètot, i ’tot, i ’stot ? i ’stwat, i ’stwèt, il èstwat, il ètwat ? Doûchi ou lôci ? Doûla ou lôvô ? Cha du côté maternel, ça du côté paternel, çoula côté rue : le Borinage commençait au bout du ‘pavé’, des villageois qui travaillaient dans les usines du Borinage ramenaient parfois une épouse de là-bas, telle la presque voisine Toria l’ Borène… Il avot, il a.ot, il awot, il avwot, il avwat, il awat… toutes ces formes, tour à tour, me paraissaient justes. Mes grands-parents situaient les gens d’après leur parler, chaque village avait le sien. Pour s’amuser de celui d’Herchies, on disait : Frîz bî, dîrîz bî, dî coûps l’ toûr du clokî d’Herkîes sans bèguîes9 ?
Au fil des pages, je m’aperçus que ce que j’avais en tête, ce n’était pas une langue, mais deux, mais trois, mais quatre, mais dix, mais cent. Thulin. Douvrain. Hensies. Sirault. Mons. Quaregnon. Ath ? Quand j’ai lu Vindal, j’ai eu l’impression que là, enfin… Et puis non. Pas vraiment. Pas complètement. Nulle part la totalité. Le métissage comme pureté originelle.
De ma traduction, la première version, particulièrement débridée, (il y en a eu une douzaine) visait aux extrêmes, recourait à des formes d’autant mieux mémorisées qu’elles étaient parodiques – donc exotiques. Ainsi, j’ai dû me résoudre à éliminer les èwiles au profit des ègwîes, les bèguîes pour les crochètes, etc. Renoncer souvent à écrire infang ou mésong. Ne pas aller a scole mais a l’ècole.
Je remercie Jean-Luc Fauconnier et Jacques Lardinois de m’avoir appris à écrire – si pas ma langue d’enfance, alors l’une d’elles – un savoir-faire qui me donne un étrange sentiment d’émancipation. Ils m’ont initiée au Feller-Carton. Ils m’ont parfois laissé une certaine marge de manœuvre et de mon côté je me suis astreinte à la plus grande rigueur, tout en évitant le piège d’une orthographe à tout prix fidèlement phonétique, ce qui relèverait de l’illusion. Aucune langue n’entre totalement dans un moule orthographique ; il y a toujours, peu ou prou, des coulées de pâte : des cas limites, des incohérences dues non seulement aux couches diachroniques mais irréductibles même dans la synchronie. Le totalitarisme n’a jamais réussi à enfermer les langues humaines, pas plus que, à long terme, leurs locuteurs. Le lecteur intéressé par les questions orthographiques trouvera plus loin des considérations techniques à ce sujet.
Davantage encore que les difficultés d’ordre phonologique, les questions lexicales et stylistiques allaient m’embarrasser. Les champs sémantiques dont rendent compte les différents dictionnaires et lexiques (plus souvent vers le français qu’à partir du français) ne correspondent que partiellement à ceux explorés par mon texte. Il en va de même des registres et des niveaux de style. Bon nombre de mots abstraits, par exemple, ont dû être ‘concrétisés’ ou bien rendus par une image ou une périphrase. Mais dans la mesure même où la langue semblait me résister, je devais l’interroger davantage, la prendre à bras-le-corps, alors, je la sentais revivre, cette langue, et au lieu de la forcer, de la sommer, je la suivais… jusqu’en des environnements disparus dont elle me faisait retrouver les sons et les odeurs parfois mieux encore que n’y avait réussi mon texte français. Il est même arrivé que je retravaille et complète celui-ci à partir du picard.
Il y a des mots qui font mal. Que, par exemple, le péché d’orgueil s’appelle ambicion en dit long sur l’immobilisme social attendu (exigé ?) du locuteur ‘patoisant’. Cela m’a rappelé un souvenir de mon grand-père maternel (1890-1983), toujours premier de classe et qui regardait sans broncher le fils du riche brasseur recevoir le premier prix : ‘J’ai toujours su tenir ma place’, concluait fièrement mon aïeul… avec un sanglot dans la voix. Moins triste : je vous laisse rêver sur le mot po.ète, dont les dictionnaires ne donnent qu’une seule acception : ‘orgelet’ ! Mystère ? Du mistére, c’est du purin, emprunté au flamand mest/mist, qui signifie fumier. Dans un monde qui souffre de plus en plus d’acouphènes, le bruit est un souci majeur. Én’ fètes nié tant d’pastan ! disait-on aux enfants bruyants. Au départ, cela m’a déplu de voir qu’il s’agissait de ‘passe-temps’. Je ne voyais là que coïncidence phonétique. Fé du pastan n’a rien à voir avec se passer le temps. Quoique. L’ado qui tourne à mobylette autour de la place du village, l’homme qui agite ses clés dans sa poche ou celui qui, dans le bus, sifflote en pianotant sur le siège de son voisin… tous font du bruit pour se passer le temps. Va donc pour pass’tamps.
À l’ULg, mon maître, Joseph Warland (grammaire historique et comparée des langues indoeuropéennes, particulièrement des langues germaniques), aimait à répéter non seulement que « la grammaire n’existe pas : il suffit de savoir ce que l’on veut dire » mais, plus provoquant encore, que « les dictionnaires, cela ne sert à rien… qu’à vérifier nos intuitions » vu que, de toutes façons, ils seront toujours incomplets. Que ce dur écolage ne m’empêche pas de le remercier vivement pour ses enseignements. Ma gratitude va aussi aux professeurs de philologie romane Maurice Delbouille, Louis Remacle, Jules Horrent… il m’arrivait, étudiante puis assistante en germanique, de me glisser parmi leurs étudiants. Que soient également remerciés ici les auteurs (certains à titre posthume, hélas), dont j’ai, bien plus tard, lu et relu d’un bout à l’autre les ouvrages de consultation comme on se meut dans le monde d’un roman que l’on finit par faire sien. Voyez la bibliographie ci-dessous.
Les champs sémantiques des lexiques et dictionnaires ne peuvent que refléter leurs sources : trop souvent, les chansons, récits, pièces de théâtre appartiennent à un monde platement misogyne (voyez Raveline, p. ex.), vulgaire, grossier… On y trouve peu d’adjectifs visant à mettre en valeur les personnages évoqués. En revanche, il y a abondance de mots pour décrire les défauts de caractère, l’aspect physique, l’accoutrement, etc. Sans parler de la scatologie : (ne) voyez (pas) sur Internet les versions lamentables de Djan Lariguète. On peut donc parler de caricature sans pitié et sans grâce. Mais c’est oublier que le picard fut, au même titre que le français par exemple, une langue courtoise, raffinée, généreuse, belle. J’aimerais inscrire mes poèmes, chansons, récits, théâtre, dans cette tradition-là.
Plurilinguisme et polyglossie
Mes livres en picard sont tous bilingues (avec français en regard) ou traduits (en roumain, en letton…) J’aime lire la littérature européenne en éditions bilingues, même s’il s’agit de langues que je connais à peine.
Nous sommes tous métis. Historiquement, le monolinguisme « primaire » caractérisait des populations isolées, coupées du monde, repliées sur elles-mêmes dans leur idiome et ses idiotismes (îles éloignées, vallées encaissées). Le monolinguisme disparaît dès qu’il y a échange, commercial ou matrimonial. Or l’échange, dont l’exogamie est le premier modèle, est un gage de bon développement. Le monolinguisme « secondaire » ou imposé est le fait de l’impérialisme, qui peut revêtir différentes formes : religieux, colonial, géopolitique (citons, dans le désordre, quelques langues qui ont ainsi fait fortune : latin, russe, anglo-américain, espagnol, mandarin, arabe, etc.) Le rayonnement du français, p.ex., fut non seulement celui des Lumières mais également la conséquence de conquêtes territoriales (Louis XIV, Napoléon Bonaparte). La langue anglo-américaine s’est installée avec la culture (musicale entre autres) de nos libérateurs, dès la fin de la deuxième guerre mondiale. Sitôt que les Pays Baltes ont recouvré l’indépendance (1991), les États-Unis ont prospecté dans les campagnes. Mon prof de letton a ainsi fait un séjour Outre-Atlantique où on l’a formé pour enseigner l’anglais, appelé à remplacer l’allemand (langue des seigneurs depuis le début du xiiie siècle), le français (voir ci-dessus) et le russe (voir ci-dessus). N’est-il pas tragi-comique d’entendre le polyglotte Monsieur Jean-Claude Juncker annoncer le Brexit [brèksit]… en anglais ! Comment, dès lors, réprimer un réflexe euro-national ?!
Le poète bulgare Penio Penièv a dit : « On est vraiment humain quand on est en chemin ». Or le voyageur ne vit pas seulement de pain mais aussi de parole échangée. Les grammaires et les dictionnaires pèsent moins dans les bagages quand on les a dans la tête. Si les adultes et les ados peinent à sortir de leur monolinguisme, les tout-petits se jouent des difficultés : à peine en ont-ils conscience. Le cerveau humain est conçu pour la polyglossie. Voyez au jardin d’enfants comme les langues s’échangent. Pensez aux petits élevés dans les différentes langues de leurs parents. Songez également à cette merveille qu’est l’immersion linguistique. Plongés très tôt dans la potion magique du plurilinguisme, tous les enfants du monde deviennent ce qu’ils sont par nature : polyglottes.
Mes deux langues d’enfance sont donc le français et le picard. Ma quinzième langue est le letton. Depuis les années 80, en pleine « aventure lettone », j’ai écrit plusieurs fois « Lettonie rime avec Picardie ». Cette petite phrase apparemment ludique, j’en ai compris la vérité profonde en septembre 2006, à Ventspils sur la côte de Courlande, alors que l’on fêtait les cinquante ans du poète Juris Kronbergs. Né en Suède de parents lettons exilés, il a donc été scolarisé en suédois. Un jour, son ophtalmologue lui annonce qu’il va probablement perdre un œil. Bouleversé par cette nouvelle, il compose une suite de poèmes sous le titre Un Loup borgne10, il passe sans cesse d’une langue à l’autre. D’abord, son indécision l’agace, puis il comprend que ses deux langues sont comme ses deux yeux : il a besoin des deux, les deux font intimement partie de lui. En septembre 2006, c’est ce long poème que je l’entends réciter en letton dans le pays de ses ancêtres. Son émotion me gagne. Ce poète, je le vois dans mon miroir, celui que je traverse jusqu’au pays perdu où me voilà revenue : sa Lettonie, c’est ma Picardie. Mon sort n’a presque rien de comparable à celui de Juris Kronbergs. Mon ‘exil’ à Liège, qui m’amenait simplement à l’université, était bien moins cruel que le sien ! Quant au sevrage d’avec la langue picarde, il s’est fait insensiblement puisque mes grands-parents sont morts respectivement en 1948, 1962, 1983 et 1985. Mon père a vécu jusqu’en 1992 et ma mère s’est éteinte en 2011, à la veille de ses 99 ans. C’est à ma grande surprise qu’à la fin de sa vie elle m’a « offert » de beaux mots picards comme hardi perdeû (voleur, lit. hardi preneur), muret (giroflée), fé bèle bèle (flatter), fègn conte fègn, i n’ fôt nié d’ doublûre (à malin, malin et demi), etc. Pourquoi « à ma grande surprise » ? C’est que je croyais que ma mère avait définitivement perdu le picard dès le jour où mon grand-père a décrété qu’à la maison on ne parlerait plus que le français. C’était en 1924, ma mère allait entrer au Lycée et ma grand-mère attendait sa troisième fille. Contrairement à moi, qui m’étais révoltée, ma mère avait obtempéré. Il n’empêche, je n’avais pas oublié ses très anciennes menaces (jamais exécutées) : tu vas attraper ‘ne dandine mon compère (tu vas recevoir une correction, une raclée).
J’aurais dû savoir qu’une langue apprise ne s’efface jamais – et cela vaut a fortiori pour une langue entendue dès l’enfance. Une langue acquise qu’on a laissé dormir cent ans à peine est comme un trésor celé dans un tiroir fermé à double tour. D’abord, il refuse de se donner, puis tout d’un coup il cède à nos efforts – et ici, comme en amour, la caresse et le baiser sont, pour ouvrir sans mal, des moyens plus sûrs que l’impatience et l’effraction. La condition première est d’aimer la langue que l’on a voulu nous faire mépriser.
Il y a quelques années, lors d’une réunion de BabeLg, association des (anciens) étudiants de langues modernes à l’Université de Liège, je me trouve par hasard assise à table à côté de François Renaville, qui, lui, s’est intéressé au lithuanien. Je lui dis en riant : « Tiens, on a regroupé les Baltes ». Mieux : il m’apprend qu’il est né à Pâturages ! Plus jeune que moi d’une génération, il n’a pas eu l’occasion de pratiquer son picard (borain, en l’occurrence) mais il comprend tout ce que je lui dis… èyèt in m’intindant l’ loumèr m’ biô, èj vwa s’ visâje qui s’inlumine dè riyâjes èd pus-in pus largues, què cha fét pléji a vwâr. Mais son bonheur, visiblement, n’a d’égal que sa frustration à ne pouvoir me répondre dans la langue qui fut celle de ses grands-parents plus encore, dans son souvenir, que celle de ses parents, avec qui il a dû quitter la région.
C’est dans la frustration de ce sympathique collègue – mais pas seulement là, bien sûr – que j’ancrerai la question : pourquoi écrire en picard ? De potentiels lecteurs comme celui-là seraient-ils donc plus nombreux que l’on ne croit ?
Encore fallait-il, afin de ne pas écrire un idiolecte, apprendre l’orthographe cohérente qui permet de lire globalement.
À propos d’orthographe
Ponctuation
- L’apostrophe (’) marque l’élision intérieure : rap’lèr, r’sèki, l’s-ôtes, c’èst d’s-infants ; elle marque l’élision initiale :’ne = ène après voyelle : avè ’ne pleume ‘avec une plume’ ; ’squ’ô d’bout : ‘jusqu’au bout’; elle marque l’élision finale, comme en français pour la ou de : l’apiète ‘la hache’ ; d’abôrd ‘alors’ ; dans paç’ què ‘parce que’, l’ coupète ‘le sommet’, notons l’espace après l’apostrophe devant consonne.
- La minute (´) après une consonne indique que celle-ci se prononce : èl lit´ ‘le lit’, èl nwit´ la nuit, ès´ ‘se, son, sa’, is trouv´tè ‘ils trouvent’, èles dîs´tè ‘elles disent’.
- Le point (.) isole les phonèmes : a.out’ ‘août’, kin.ne ‘chaîne’, ca.os’ ‘chaos’
- Le trait d’union (-) sert uniquement à marquer comme prononcées les consonnes en ‘liaison’ ou servant d’appui, ç’-n-afére la ‘cette chose-là’ ; lèyèz-l-lè lôci ‘laissez cela ici’ ; tout’t-avô ‘partout’ ; mès-ôtès lîves ‘mes autres livres’(à distinguer de lès ôtès cayéres ‘les hautes chaises’). À ‘garde-robe’, ‘porte-bagage’, ‘au-dessus’, p. ex, correspondent donc respectivement : gardèrôbe, porbagâje, pa d’zeûr.
Consonantisme
- En règle générale, les consonnes finales sont désonorisées, cela n’apparaît donc pas dans la graphie : aveûgue [k] ‘aveugle’; quand-èj [t] ‘quand je’, ène béje [∫] ‘un baiser’.
- La gémination n’est pas marquée si elle n’est pas prononcée (mes grands-parents disaient encore ‘al-longé’) : bone anée ! ‘bonne année’ ; audible, elle est rendue à l’aide de traits d’union : lèyèz-l-lè su l’ tâbe ‘laissez-le (la) sur la table’. Le -ss- reste, à côté du -c-, une graphie pour le -s- sourd [s]. Le suffixe français ‘-tion’ se transcrit -cion : atincion ! ‘attention’
- m est conservé devant -b et -p, comme en français.
- x n’est pas utilisé : Licsite ‘Alexis’, miès ‘mieux’, g’nous ‘genoux’, ègzamégn ‘examen’, èstinsion ‘extension’ et èstincsion ‘extinction’.
- h n’est pas utilisé (sauf dans ch comme en français pour rendre [∫]) : Ènsi : Hensies; ph s’écrit f ; th s’écrit t ; chaos s’écrit ca.os.
- l final se prononce comme à l’intérieur, p.ex. il, on va fèl ô canal ‘on va vite au canal’ et dans les contractions de préposition plus article dèl, al.
- y final se prononce comme à l’intérieur : solèy, fôtwèy.
- gn se prononce comme à l’intérieur : mès mègn ‘mes mains’.
- j final devant -e se désonorise en [∫] : âje ‘âge’, vilâje ‘village’.
- ch final se prononce comme à l’intérieur : pichon ‘poisson’ ; lès puch ‘les puits’.
- c final se prononce comme à l’intérieur : ècole, sac, bloc.
- r se prononce généralement, sauf dans la finale -èr(s) en è ouvert bref [ε] de, p.ex., minjèr ‘manger’, jwèr ‘jouer’, invièrs ‘vers, environ’, à distinguer du é fermé [e] de p.ex. fiér ‘prétentieux’, minjé ‘mangé’ et du è ouvert long [ε :], lès fwêr ‘les foins’, l’infêr ‘l’enfer’, du fiêr ‘du fer’.
- Après une consonne finale prononcée, on ne note pas de désinence (morphologique) – voir infra – sauf le -t de la 3e personne.
- d, t, p, muets en finale, peuvent être suivis d’une marque morphologique : lès bôrds, lès pârts, lès côrps, lès cants, lès camps, èl tamps.
- s est sonore en entourage sonore : ésîle ‘facile’ ; masingue ‘mésange’. Il est généralement muet en finale. z est conservé selon l’usage dans p.ex. pa d’zous, dîzième, quinzin.ne et dans b’zant
‘lourd’ (où -z- infère un -b-, bien que le verbe s’écrive‘pèzer’ ou ‘p’zer’ selon le rythme de la phrase). - Tout en visant à un maximum de cohérence, nous n’avons pas eu l’imbicion de résoudre l’hésitation des auteurs sur l’emploi de -k- et de -qu-. C’est souvent l’étymologie qui nous guide11.
Vocalisme
- ô note les ‘o, au, eau’… l’yô ‘l’eau’, én ôt poupièr ‘un haut peuplier’ ; dalèr pô gardégn’ ‘passer par le jardin’.
- L’hésitation persiste entre -ô- et -oû- : nous avons opté p.ex. pour ôr, bôrd mais pour foû(rt) ‘très’. Mort (adjectif) se dit : moûrt, au féminin morte ; le nom est la mort et se prononce comme en français, avec l’article ‘la’.
- y vocalique est rendu par i : biciclète ; il est conservé dans lycée.
- y consonantique est toujours sonore en finale; il sert aussi à rendre le l mouillé : ène fîye in dwèy : ‘une fille en deuil’, du solèy vins én bocay ‘du soleil dans un bocal’
- Après une dentale, i a tendance à se prononcer ‘j’ ou ‘ch’ : adieu, pa dière ‘derrière’, quatième ‘quatrième’, martiô ‘marteau’, rètiô ‘râteau’, bosquètia ‘écureuil’ se prononcent presque adjeu, pa djère, quatchème, martchô, rètchô, bosquètcha.
- a représente un son entre [α] et o ouvert : i counwat lè rwa ‘il connaît le roi’. Le â représente un son long entre [α:] et [ɔ:] : mirwâr, istwâre. Il y a parfois hésitation à noter ô. Nous avons choisi dwat pour ‘droit’ et dwot pour ‘doigt’ ; cwat pour ‘croit’ et cwos pour ‘croix’, swo pour ‘soif’, swa pour ‘soie’. Arbitrairement ? Ou selon la voyelle latine -e- a, -i- et -u- o.
- ‘à, çà et là’ sont notés a, ça et la.
- Grande hésitation sur la voyelle ‘centrale’ qui se meut, d’un village à l’autre, entre [ə], [ε], [ø], [æ], [ö], par exemple dans les mots atones tels que que, le, niè/nié, inviérs/invièrs… Capron et Nisolle notent ë, Vindal signale que eu est ‘un e fermé sans équivalent en français’. Nous avons opté pour è tout en ayant conscience que cette graphie note aussi le [ε] è ouvert bref (légèrement différent) de p.ex. on n’ pèt nié ‘on ne peut pas’.
- Le [ε:] est noté ê dans èl têre, l’ivêr, èl fiêr, l’infêr (voir ci-dessus à propos de r). Hésitation non résolue (reflétant l’usage) entre p.ex. biè et bié, niè et nié. Par souci de cohésion, j’ai fini par opter pour é en ce qui concerne ces deux mots très courants.
- [e] é fermé est rarement bref, comme dans piésinte (formé sur pié ‘pied’), ‘sentier’. En revanche, èl clé [e:] ‘la clé’ se termine par un -é long. Les participes féminins en -é fermé sont notés ée comme en français et se prononcent [e :] : l’uch èst frumée ‘la porte est fermée’. Un -r- allonge la voyelle qui le précède. ène piére ‘une pierre’. Contrairement au français, le participe passé employé avec avoir ne s’accorde pas : Èl cayère qu’èle m’a moutré ‘la chaise qu’elle m’a désignée’.
Les voyelles nasales
- En position finale, les voyelles nasales ont une pronociation particulière : an [αŋ], on [oŋ], in [εñ], én [eñ]. Nous avons renoncé à l’écrire, à l’exception de quelques ègn. Quand ce -ègn est noté, il n’est pas suivi de désinences morphologiques : mès mègn ‘mes mains’, deûs pègn ‘deux pains’, deûs twôs lapègn ‘quelques lapins’. Le mot in est la préposition ‘en’ : in francès ‘en français’. L’article indéfini est noté én ‘un’, féminin ène ‘une’. Dans én-anvé(g)n ‘un instant’, nous avons gardé le -é- en souvenir de l’étymologie : ‘le temps de dire un avé (Maria)’. Quant à un, il se prononce comme le /un/ de Belgique, mais beaucoup plus fermé, c’est plutôt un [ö] nasalisé, noté eun ‘un’ (numéral dont le féminin est eugne [öñ]) ; chacun, chaqueugne ‘chacun(e)’ ; èl cieu, èle cieugne ‘celui, celle’.
- À l’intérieur du mot, quand la voyelle nasale est suivie d’un -n-, on insère un point : min.nèr ‘conduire’, pin.ne ‘peine’, jon.ne ‘jeune’, trian.nèr ‘trembler’. À distinguer donc de minme ‘même’, lonmint ‘longuement, longtemps’.
Publications en picard ou à propos du picard
- Outre les contributions en revues (à retrouver sur le site www.RoseMarieFrancois.eu) et deux pièces de théâtre inédites, quatre livres bilingues picard-français sont actuellement disponibles :
- François, Rose-Marie, 2007, Et in Picardia ego, Charleroi, micRomania. Petites proses sur les années 1945-1957, avec photos d’époque. Prix du Hainaut 2008.
- François, Rose-Marie, 2008, Panamusa, Charleroi, micRomania. Chantefable (critique politico-socio-humoristique) sur la problématique des langues en péril. Prix triennal de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour la Poésie.
- François, Rose-Marie, 2013, Lès Chènes / La Cendre, Charleroi, micRomania. Petites proses sur les années 1940-1945, avec 29 photos retrouvées dans les archives de mon père. Prix triennal de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour la Prose (2016).
- François, Rose-Marie, 2016, Charlayana, Charleroi, micRomania. Mythologie picarde en poésie : Partir, dans tous les sens du terme. Avec des peintures de Charles Delhaes.