Abstracts

A l’époque de Hegel, la question de la langue est associée à celle de la culture (Herder) et à celle des nationalismes naissants (Fichte, Jahn) qui essayent de fonder la communauté politique sur des caractéristiques culturelles communes. Pour le jeune Hegel, cependant, le langage est moins le moyen de la communion d’une communauté politique, comme le voulait Leibniz, préfigurant les nationalismes à venir, que l’élément dans lequel la pensée se constitue. En ancrant le langage dans l’esprit subjectif plutôt qu’en le subordonnant aux impératifs pragmatiques de l’esprit objectif, le jeune Hegel reconnaît la possibilité pour la population constituant un État moderne d’avoir une pluralité de langues. Cette diversité n’est pas seulement acceptée, elle est valorisée, puisque le passage d’une langue à une autre permet de réfléchir notre culture. Reste qu’au point de vue d’une Realpolitik, on peut se demander si cette diversité de langues de culture ne devrait pas se doubler d’un langage véhiculaire unique, en particulier en ce qui concerne le droit international public.

During Hegel’s time, the question of language is closely linked to that of culture (Herder) as well as to that of the rising nationalism (Fichte, Jahn) and its various attempts to ground the political community on common cultural features. For the young Hegel, however, language is less a mean of communion for a political community – as it is the case for Leibniz, who in that respect foreshadows the forthcoming nationalism – than the element in which thinking constitutes itself. By conceiving language within the frame of subjective spirit rather than within the pragmatic imperatives of objective spirit, the young Hegel recognizes the opportunity for those who are members of a modern state to speak a plurality of languages. This diversity is not only accepted, but even praised as such, since shifting from one language to another allows people to reflect on their own cultural background. Still, from the point of view of a Realpolitik, this article raises the question whether this diversity of cultural languages should not be combined with one single vehicular language, especially regarding public international law.

Index

Mots-clés

Langage, langues, Hegel, politique, nationalisme

Keywords

language, languages, Hegel, politics, nationalism

Text

Download Facsimile [PDF, 259k]

References

Electronic reference

Guillaume Lejeune, « Langage, langues et politique chez Hegel », Mosaïque [Online], 7 | 2011, Online since 01 décembre 2011, connection on 19 janvier 2025. URL : https://www.peren-revues.fr/mosaique/1331

Author

Guillaume Lejeune

Guillaume Lejeune est, depuis octobre 2008, aspirant du F.R.S.-FNRS à la faculté de Philosophie et Lettres (section philosophie) de l’Université Libre de Bruxelles où il a soutenu une thèse de doctorat sur le langage chez Hegel sous la direction du professeur Marc Peeters. Il est membre de la Fichte-Gesellschaft ainsi que du groupe de travail «Transzendentalphilosophie / Deutscher Idealismus». Il est également collaborateur au Bulletin de littérature hégélienne des Archives de Philosophie. Il a effectué divers séjours de recherches à l’étranger : à Berlin, au Hegel-Archiv de Bochum et à Paris. Ses travaux portent essentiellement sur le langage dans l’idéalisme allemand. Il a, notamment, écrit un article pour les Hegel-Jahrbuch, ainsi que des recensions pour la revue Dialogue et pour les Hegel-Studien. Il prépare actuellement la publication d’un ouvrage collectif sur la question de la logique dans l’idéalisme allemand.

By this author

Copyright

CC-BY