Il nous a été donné de faire le constat de l'intérêt particulier qu'a suscité notre article auprès de nos collègues de l'université de Marrakech. Nous tenons à les remercier pour avoir consacré tout le temps qu'il fallait à la lecture et aux critiques du dit article, et nous pensons que ce fait constitue une pratique louable. Notre réponse s'inscrit dans le souci de compléter les informations sur les deux sites de Kettara et de Roc Blanc dans les Jebilet au Maroc, et de poursuivre les études dans le but de proposer des scénarios qui permettraient d'atténuer le phénomène du drainage minier acide (DMA). Le choix du scénario de réhabilitation le plus approprié pour un parc à résidus miniers nécessite la caractérisation préalable des résidus et l'évaluation de leur potentiel générateur d'acide (El Adnani et al., 2009). Il est actuellement admis que les rejets miniers génèrent des lixiviats acides, chargés de métaux lourds, qui peuvent être toxiques pour les écosystèmes dans lesquels ils se déversent. Plus encore, le DMA ne s'arrête jamais de lui-même. Il a tendance à se poursuivre pendant plusieurs dizaines, voire milliers d'années, une fois déclenché (Aubertin et al., 2002). Le stockage et la production de l'acidité peuvent donc être à l'origine de la continuité du DMA même après l'arrêt de l'oxydation des sulfures.
L'échantillonnage effectué dans les deux sites a été aléatoire, simple comme il en est de coutume dans les résidus miniers solides. Il n'a pas été question de faire un triage et encore moins un échantillonnage à caractère légal. Nous avons relevé les coordonnées des puits dans les deux sites :
Tableau I
A Kettara : | Kp1 | X = 238388 – Y = 145566 |
Kp2 | X = 238370 – Y = 145574 | |
A Roc Blanc : | Rbe1 | X = 252566 – Y = 145566 |
Rbe2 | X = 253023 – Y = 136381 |
Les puits existent bel et bien et on y a fait notre échantillonnage ; seulement, ils peuvent être légèrement décalés lors de leur report sur la carte en raison des différences d'échelles. Pour ce qui est des échantillons Kt1, Kt2 et Kt3, se trouvant au SE de la mine de Kettara, il faut lire Kt6, Kt7 et Kt8 comme indiqué dans le tableau III de notre article (Nfissi et al., 2011, p. 49). La goethite a été donnée à titre indicatif. Elle ne constitue nullement le seul minéral secondaire. Hakkou et al. (2006) ont dressé une liste exhaustive des minéraux secondaires incluant, entre autres, l'hématite, la magnétite, la lépidocrocite, la ferrihydrite, la maghémite …. Nous nous sommes plus focalisés sur les éléments chimiques que sur leurs expressions minéralogiques, sachant qu'une quantité colossale de résidus de procédés de traitement dans les deux usines s'est trouvée dans les résidus miniers. Les précipités secondaires constituent des réserves temporaires de métaux et d'acidité (Alpers et al., 1994). El Amari et al. (2006) ont bien montré qu'une partie des eaux chargées de métaux lourds s'infiltre directement vers la nappe phréatique en insistant sur l'existence d'un système de failles NE-SW traversant les terrains complètement fracturés, ce qui confère, toujours d'après leur théorie, une grande perméabilité au substratum, facilitant l'infiltration des eaux polluées. Les eaux provenant des puits situés en aval et au NW des haldes de la mine de Kettara ne répondent pas aux normes marocaines (Toughzaoui et al., 2009). L'agglomération de Kettara est actuellement en grande partie raccordée au réseau national d'eau potable, mais cela ne devrait pas être une raison pour laisser la nappe phréatique à son sort dans une région où le potentiel générateur d'acidité est parmi les plus élevés au Maroc. Enfin, il faut juste signaler que l'atténuation du phénomène du drainage minier acide est une chose, la réhabilitation des sites miniers en est une autre.