Comment faire d’un héros un modèle de vertu ?

Hector dans l’Epistre Othea de Christine de Pizan

DOI : 10.54563/bdba.821

p. 51-70

Plan

Texte

Selon Marie-Josèphe Pinet1, Hector fait partie des héros favoris de Christine de Pizan, avec Alexandre et Orphée. On le trouve nommé dans le Chemin de longue estude, le Livre de la mutacion de Fortune, le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, dans divers ballades, mais surtout dans l’Epistre Othea. Cependant, selon elle, Christine n’innoverait pas, présentant le personnage selon les motifs habituels à cette époque, l’associant en particulier à la prouesse guerrière, ce qui, au xve siècle, tend à devenir sa seule caractéristique. Mais Hector est-il un modèle de vertu, que l’on puisse donner en exemple à un Prince ?

Dans l’Epistre Othea, datée de 1400, Hector occupe une place centrale puisque non seulement il est le destinataire de cette lettre, mais il apparaît aussi dans les exemples mythologiques cités par Othéa. Cette œuvre se présente en effet sous la forme de cent chapitres où Othéa, la déesse de la Sagesse, enseigne au jeune Hector de Troie alors âgé de quinze ans les normes de conduite du chevalier. Chaque chapitre est constitué d’un texte en vers, le plus souvent un quatrain, adressé à Hector et évoquant un héros mythologique dont le comportement doit servir d’exemple. Ce texte en vers est suivi d’une « glose », qui développe le poème et en tire une leçon morale adressée au « bon chevalier ». Enfin le chapitre se termine sur une « allégorisation » qui propose une interprétation spirituelle du mythe, qui doit servir à l’édification de l’âme.

Cette œuvre connut un succès certain et une très large diffusion – environ cinquante manuscrits – en France mais aussi en Flandre et en Angleterre2. Toutefois sa forme, déroutante pour beaucoup, et qui implique de changer constamment de posture de lecture3, explique en partie les critiques dont elle a fait l’objet à une époque plus récente. En effet, son genre est difficile à définir. Christine fait-elle œuvre de mythographe ? Ou s’agit-il d’un « miroir » du Prince, d’une œuvre morale ou politique ?

La question du genre de l’Epistre Othea

Renate Blumenfeld-Kosinski4 souligne que, dans l’Epistre Othea, Christine se sert du modèle mythographique mais s’en approprie les caractéristiques pour créer ses propres mythes, dans le sens où elle réinterprète les mythes antiques d’une manière personnelle. Cette manière de s’emparer d’un modèle et de le détourner pour en faire œuvre personnelle peut expliquer en partie la difficulté à mettre une étiquette de genre sur ce texte. Mais il faut aussi tenir compte du problème lié à la question de l’existence même d’une réflexion politique chez Christine de Pizan. Gabriella Parussa5 montre qu’on a longtemps considéré que cet auteur réutilisait simplement les idées qui circulaient à son époque sans qu’il y ait dans son œuvre de pensée politique personnelle, si ce n’est le regard féminin avec lequel elle les transmettait. Ce sont surtout les historiens s’intéressant aux mentalités qui ont relu l’œuvre de Christine au regard de cette problématique6. Ils constatent que la littérature politique de cette époque se place clairement sur le plan de la morale. Il ne faut donc pas chercher dans l’Epistre Othea de théorie politique mais y voir un ouvrage éducatif à l’usage des princes, qui exprime toutefois la manière dont Christine concevait le pouvoir politique. G. Parussa souligne pour sa part que, « comme les auteurs de miroirs, Christine propose au jeune chevalier des exempla de bonne ou de mauvaise conduite qui devraient lui apprendre à éviter les vices et à suivre les vertus7 ». On sait, par ailleurs, comme le rappelle G. Parussa, que Christine avait lu le De Regimine principum de Gilles de Rome, dans la version traduite par Henri de Gauchi, et le Polycraticus de Jean de Salisbury. Il nous faudra donc établir pourquoi Christine a choisi à la fois Hector pour incarner ce prince, tout en le conservant comme l’un de ses exempla.

Un dernier point concerne la question du genre et de la portée politique de l’œuvre : pourquoi avoir choisi la forme de l’épître ? Plusieurs explications s’offrent à nous. Jacqueline Cerquiglini-Toulet8 constate que ce procédé est utilisé fréquemment par Christine dans ces années-là, qu’il s’agisse de lettres fictives, comme en 1399 l’Epistre au dieu d’amour, ou de lettres adressées à des correspondants réels mais destinées à une large diffusion comme Les Epistres sur le Roman de la Rose (1401-1404), L’Epistre à la Reine, Isabeau de Bavière (1405), ou, quelques années plus tard La Lamentacion sur les maux de la France adressée au duc de Berry en 1410, dont Sylvie Janneret remarque qu’il s’agit de textes où Christine s’engage politiquement, bien davantage que dans ses textes littéraires. Dans ces lettres, elle cherche à convaincre son destinataire d’œuvrer pour la paix, une de ses préoccupations politiques majeures. Le choix de l’épître dans l’Epistre Othea pourrait donc s’expliquer ainsi. Christine y trouve un moyen privilégié pour s’adresser à un prince et lui donner des conseils de conduite. De plus on ajoutait souvent au Moyen Âge des lettres d’enseignement dans les recueils concernant les traités moraux, comme la lettre d’Aristote à Alexandre ou les lettres de Saint Louis à son fils et à sa fille9. L’association de la lettre au genre didactique semble donc naturelle à cette époque. Mais on peut aussi penser que Christine, qui décide de choisir ses exempla parmi les mythes antiques, a pu également s’inspirer des Héroïdes d’Ovide. L’Epistre Othea se situerait donc au croisement de deux sources : la lettre d’enseignement et la lettre à sujet mythologique. S’affirmant femme de lettres, elle revendique sa connaissance de la culture antique et sa capacité à rivaliser avec elle, mais s’adressant à des puissants, elle doit montrer qu’elle est capable d’une réflexion sur la vie du pays et la manière de gouverner. C’est cette double revendication que l’on retrouve dans le choix du duo Hector-Othéa. Du point de vue littéraire, le choix d’Hector incarne la connaissance qu’a Christine de la mythologie gréco-latine, tandis que l’invention d’Othéa traduit sa capacité à faire œuvre créatrice. Du point de vue politico-moral, Hector est associé à la prouesse guerrière tandis qu’Othéa est une déesse de la Sagesse, soulignant ainsi que le pouvoir royal doit allier les deux qualités. S’il est clair qu’Othéa représente la voix de Christine, il nous faut maintenant nous intéresser au destinataire de l’enseignement.

Les destinataires de l’Epistre Othea

Les destinataires réels

L’Epistre Othea a été envoyée dans différentes cours princières, là où Christine tenait à ce qu’on la lise, et à des destinataires précis : Louis d’Orléans, Philippe le Hardi à la cour de Bourgogne, Jean de Berry et Henry IV d’Angleterre10. Cependant si l’on part du principe que Christine, à travers la voix d’Othéa, s’adresse aux princes pour leur donner des conseils, pourquoi avoir fait du destinataire fictif, Hector, un jeune homme de quinze ans ? L’âge d’aucun des princes du temps11 ne semble correspondre. D’autres critiques ont envisagé qu’elle ait écrit ce texte pour son propre fils, âgé de quinze ans en 1400, mais le contenu du discours ne semble pas destiné à Jean de Castel mais bien plutôt à des princes ou des rois12. Il convient donc de renoncer à trouver un destinataire réel et de voir plutôt dans cet âge une fonction symbolique : le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Dès lors l’Epistre Othea est bien destinée à l’entourage du roi : Christine rappelle les responsabilités qui lui incombent dans la formation du futur souverain. On ne peut donc pas parler d’un miroir du prince puisqu’il n’y a pas d’identification entre Hector et le destinataire, mais d’un livre sur la manière de former un prince. Si l’on pousse ce raisonnement jusqu’au bout, c’est donc à Othéa et non à Hector que Christine invite le destinataire à s’identifier : Louis d’Orléans, Philippe le Hardi et Jean de Berry, conseillers du futur roi, devraient prendre exemple sur la déesse de la sagesse. Dans la mesure où c’est Christine qui parle par la voix d’Othéa, cela renforce l’idée qu’elle pose, dans ce texte, une réflexion politico-morale sur le gouvernement de la France. Mais elle le fait par des voies détournées. Elle s’empare d’un genre établi pour le transformer en une forme nouvelle et personnelle. Hector y figure donc le prince à éduquer dans sa future fonction royale.

Pourquoi faire d’Hector le destinataire de l’épître ?

Au début du xve siècle, Hector apparaît comme une figure du guerrier parfait. Il appartient en effet à la liste canonique des Neuf Preux, à laquelle Christine fait souvent référence. Qu’elle adresse son épître à l’un des Preux contribue à l’éloge du prince destinataire. Ici la démarche consisterait donc à juxtaposer le destinataire de l’œuvre et la figure d’un des Preux que Louis d’Orléans, ajoutons-le, avait fait représenter dans la grande salle du château de Coucy. Pourquoi cependant faire le choix d’Hector plutôt que d’un autre Preux ? La raison essentielle réside sans doute dans le désir de mettre en avant les origines troyennes que revendique la maison de France. Dans la dédicace de l’Epistre Othea, Louis d’Orléans est d’ailleurs désigné comme le descendant des Troyens13. Dans le Livre du chemin de longue estude, Hector est considéré comme un personnage-clé de la succession de la maison royale de France14, donné en modèle à Charles V. Le choix d’Hector, qui combine à la fois le motif des Neuf Preux et celui des origines troyennes, semble donc s’imposer15 et relève de la propagande de soutien à l’autorité monarchique16.

On peut cependant objecter qu’Hector, en tant que Preux, incarne le chevalier idéal et non le Prince. Toutefois le héros apparaît aussi dans le texte comme exemplum chevaleresque. Dans ces références, il incarne autant le fils du roi Priam que le valeureux chevalier. Hector destinataire n’est donc pas seulement un modèle à suivre pour les chevaliers mais aussi modèle de prince. C’est ce vers quoi tendent aussi les enluminures qui ornent et complètent la lecture des textes de l’Epistre. S. Hindman17 a fait l’analyse de trois manuscrits dédiés à Louis d’Orléans18 : les enluminures initiales montrent successivement Christine présentant son livre à Louis d’Orléans et Othéa donnant sa lettre à Hector. Dans le manuscrit de Paris, BnF fr. 848, les armes de la maison d’Orléans décorent la tapisserie de la première enluminure ; le bâton ducal (ou une massue) est tenu par un prince derrière Louis d’Orléans. Hector est identifié par son nom et surtout par l’héraldique : les lions qui recouvrent l’arrière-plan font référence aux armes associées à ce personnage. Mais ses vêtements de cour lui font incarner le fils du roi Priam. Ces enluminures témoignent aussi d’une volonté de créer un lien visuel entre Hector et le destinataire réel de l’œuvre. On peut constater de nombreux parallèles entre ces deux scènes, ce qui traduirait la volonté de Christine, qui a travaillé avec les enlumineurs pour certains manuscrits, de suggérer une assimilation de Louis à Hector, et d’elle-même à Othéa. Dans le manuscrit de Londres [annexe 1], Louis et Hector portent tous les deux une robe bleue décorée de motifs d’or, une houppelande brodée de loups pour Louis, de couronnes pour Hector. S’ajoutent à ces vêtements des bijoux d’or pour chacun d’eux. Le parallélisme est renforcé par la représentation des conseillers, vêtus d’un manteau de la même couleur, mais surtout portant tous deux une coiffe surmontée de plumes rouge et blanche. Christine et Othéa sont habillées de la même robe sombre. De plus dans les manuscrits de Londres et de Paris BnF fr. 606 [annexe 2], un faucon est perché sur le bras d’Hector ; or cet animal est le symbole de Louis, il doit donc être interprété comme un attribut personnel plutôt que comme référence à la chevalerie19. Tout pousse donc ici à identifier Hector et Othéa à Louis et Christine20. Toutefois l’écu vierge représenté sur les enluminures mettant en scène Hector dans les manuscrits de Paris Bnf fr. 606 et de Londres pose problème. Il n’est pas en attente de décor et est volontairement entièrement recouvert d’or. Signifie-t-il qu’Hector est un chevalier qui doit se construire afin de se composer un blason par ses faits d’armes ? Pour S. Hindman, il s’agirait d’un symbole de chevalerie : alors que dans la première miniature Louis d’Orléans est représenté avec le collier de l’Ordre du porc-épic, Hector aurait les attributs de l’Ordre de l’Écu d’or et de Notre-Dame du Chardon. Celui-ci a été créé en 1363 par Louis II de Bourbon et ses membres portaient un écu d’or sur la poitrine : dans ce cas l’Epistre Othea serait non seulement un livre expliquant comment faire pour devenir un bon chevalier mais aussi pour apprendre le code de chevalerie dans la perspective de l’appartenance à un ordre chevaleresque21. Mais le rapport à établir entre le collier de l’Ordre du porc-épic et l’Écu d’or est plus problématique22 : à quel ordre particulier Hector est-il censé se rattacher ?

On peut comparer ces manuscrits au ms. 49 de la Bibliothèque Bodmer23 [annexe 3]. Dans celui-ci on ne trouve pas de dédicace mais on sait qu’il est destiné à Antoine, Grand Bâtard de Bourgogne car, au fol. 7r, se trouve son blason, caractérisé par la barre transversale de la bâtardise et, au fol. 150, sa devise : « Nul ne s’i frote, Ob de Bourgogne » où b est l’abréviation de bâtard. Dans ce manuscrit il n’y a pas d’enluminure représentant Christine offrant son livre. Toutefois sur la miniature initiale, on voit Othéa offrant à Hector un livre et non une lettre comme dans les manuscrits précédents. On peut proposer qu’ici les deux miniatures sont fondues en une seule, où le livre figure l’œuvre de Christine, l’absence de dédicace justifiant l’absence de miniature représentant la scène de don au destinataire. Celui-ci est cependant présent : en effet Hector est entouré de quatre personnages identifiés comme Philippe le Bon, Charles le Téméraire, et les deux bâtards Antoine et David de Bourgogne24, ce qui renforce l’interprétation d’une fusion en une seule miniature du don de Christine à Antoine et de celui d’Othéa à Hector.

Le choix d’Hector semble donc clairement justifié par des raisons politiques et littéraires. Étudions maintenant plus précisément l’image que Christine donne d’Hector destinataire et comment elle articule la figure du Preux avec celle du Prince.

Quelle image est donnée d’Hector destinataire ?

Il est surtout question du héros dans le premier chapitre : Hector y est présenté comme un jeune homme de quinze ans dans sa prime jeunece25 (v. 31) : cette représentation du personnage est rare car il apparaît le plus souvent dans les textes à l’âge adulte, chef des armées troyennes. Mais les qualités qu’il développera étant adulte sont déjà présentes : sa vaillance et sa prouesse. Le but d’Othéa est donc de conseiller le jeune Hector afin qu’il augmente et préserve ces qualités. Dans ce premier chapitre se mêlent ainsi les deux aspects du personnage : d’une part il est désigné par l’expression noble prince poissant (v. 16) et présenté comme l’héritier du pouvoir troyen et d’autre part il est caractérisé comme un Preux Qui en armes es adez flourissant (v. 17). Cette idée de prouesse est renforcée par le fait que Christine le présente comme le fils de Mars et de Minerve. La présence de Minerve vient ici corriger l’image donnée par Mars car il doit ajouster sagece a chevalerie, qui moult bien y est duisant (glose du chapitre 14). Sagesse et Prouesse doivent donc être associées pour que le Prince soit idéal, ce qui correspond au désir de paix que Christine exprime à travers l’envoi de ce texte à plusieurs destinataires.

Ce qui frappe dans cet Hector destinataire du texte, c’est surtout l’artifice littéraire. Il apparaît comme l’archétype du prince-chevalier à former, un symbole en devenir, qui semble se détacher de l’Hector littéraire protagoniste de la guerre de Troie, ou plutôt être en tension entre cette représentation du personnage héritée des romans et l’archétype du Preux qu’il est devenu à cette époque. Derrière cet Hector, on voit le prince contemporain que Christine cherche à aider de ses conseils. Mais faire d’Hector le destinataire de l’Epistre a aussi pour conséquence d’orienter le choix des exempla : les histoires retenues sont majoritairement liées à l’histoire de Troie et c’est pourquoi on y retrouve naturellement Hector devenu adulte. Nous allons maintenant nous intéresser à ces références en nous interrogeant sur la manière dont Christine articule Hector destinataire et Hector personnage exemplaire.

Hector destinataire / Hector personnage exemplaire

Comme le rappelle Jacqueline Cerquiligni-Toulet26, deux logiques rivalisent dans l’Epistre Othea, « une logique narrative qui met en scène Hector, son destin et le destin de Troie, et une logique didactique, à la manière des sommes de vices et de vertus, fondées sur le nombre et les séries ». La logique didactique sert à organiser le texte qui, par exemple, commence par la présence des quatre vertus cardinales. Chaque chapitre correspond à une prescription qu’Othéa fait à Hector, donnant des modèles à suivre ou à éviter. Ainsi elle lui conseille de se détourner de l’amour passion, comme celui qui a poussé Pâris à enlever Hélène et a causé la ruine de Troie. Cet enseignement tourne autour de trois termes associés : armes, amour et sagesse. Il peut se résumer ainsi : il faut se méfier des ruses et des haines, s’entourer d’amis sûrs, écouter les sages, se séparer des traîtres et être sage soi-même sans orgueil, passion ni envie27. Othéa cherche à convaincre Hector qu’il doit être maître de lui, alors que ses actions, telles qu’elles sont racontées par les romans, témoignent plutôt de l’attitude contraire. Comment, dès lors, Hector peut-il servir de modèle à Hector lui-même ?

Le personnage qui apparaît dans les exempla semble différent du Hector destinataire. D’une part là où le destinataire de l’épître est un jeune homme de quinze ans, le personnage évoqué dans les chapitres est un adulte marié à Andromaque. Leur couple peut cependant être compris comme un double de celui formé par Hector et Othéa, puisqu’Andromaque fait partie des figures de femmes sages, qu’il convient d’écouter. Toutes deux se partagent la capacité à voir l’avenir : la première, la déesse, annonce à plusieurs reprises à Hector son destin, justifiant cela par son don de prophétie, la seconde, l’épouse, a un songe lui annonçant la mort de son mari (ch. 88).

« Aussi te fais je mencïon
D’Andromacha ; l’avisïon
Ta femme du tout ne desprises
Ne d’autres femmes bien apprises. »

Christine généralise ce conseil dans la glose :

Andromacha fu femme Hector, et la nuit devant qu’il fu occis vint a la dame en avision que se le jour Hector aloit en la bataille sanz faille il y seroit occis, dont Andromacha a tout grans souspirs et pleurs fist son pouoir que il n’alast en la bataille ; mais Hector ne l’en volt croire et il y fu occis. Pour ce dit que le bon chevalier ne doit du tout desprisier les avisions sa femme, c’est a entendre le conseil et avis de sa femme, se elle est sage et bien condicionnee, et mesmement d’autres femmes sages. (glose 88)

Cette lecture du songe d’Andromaque se termine par une citation de Platon qui invite à écouter la parole sage, parole d’autorité qui vient renforcer la leçon donnée par l’épisode d’Andromaque et faire écho à la voix de Christine-Othéa. À travers Andromaque, « Christine est en train de légitimer sa propre position d’écrivain femme qui voudrait se faire écouter par les puissants du royaume, et qui n’écrit pas ce traité exclusivement pour l’éducation morale et religieuse des jeunes chevaliers28 », selon les mots de G. Parussa. Ces deux couples ne sont pas seulement construits en parallèle mais aussi en opposition : là où Christine espère que sa voix aura plus de poids que celle d’Andromaque, Hector le destinataire est invité à adopter l’attitude opposée à celle de l’autre Hector, à savoir écouter les voix sages de son entourage et ne pas mépriser leurs conseils.

On peut donc ajouter un deuxième niveau d’assimilation : Christine – Louis d’Orléans = Othéa – Hector destinataire = Andromaque – Hector personnage. Certains critiques relèvent d’ailleurs que Christine ne se trompait pas en mettant Louis d’Orléans en garde contre les haines malveillantes, puisque celui-ci sera assassiné quelques années plus tard par les hommes du duc de Bourgogne. D’une certaine manière, faute d’avoir écouté Christine, il a connu la destinée d’Hector racontée dans les romans alors qu’il aurait pu gagner le rang de Preux. Ainsi il semblait nécessaire de montrer Hector-personnage dans ses excès afin que Hector-destinataire puisse en prendre conscience et se corriger.

Cependant répartir les deux traitements du personnage d’Hector, destinataire et personnage exemplaire, entre les deux pôles du mythe, l’un des neuf Preux et le héros du Roman de Troie puni pour son orgueil, n’est pas satisfaisant car cela ne correspond pas au sens du texte. En effet le destinataire de l’épître n’est pas un Preux mais un Preux en devenir, un jeune homme qui possède toutes les qualités nécessaires pour rejoindre cette liste de grands chevaliers. Mais le jeune Hector peut commettre les erreurs qui le conduiront à la mort, comme il peut éviter ces mêmes erreurs pour devenir un modèle de chevalerie et siéger parmi les Preux. C’est précisément ce choix que Christine propose au destinataire de son livre. Si elle cherche à établir une assimilation entre le destinataire de son œuvre et le jeune Hector, le personnage adulte joue plutôt le rôle d’exemple à éviter.

En effet Hector incarne le guerrier que sa passion du combat aveugle. On peut d’ailleurs remarquer que, dans les manuscrits, il est toujours vêtu d’une armure, alors qu’Hector, destinataire de l’épître, est habillé, comme nous l’avons vu, d’un manteau29. Cette spécificité guerrière du personnage est d’autant plus frappante lorsqu’il est représenté face à Andromaque accompagnée, selon les manuscrits, d’un ou deux enfants30. Dans le manuscrit de Paris (BnF fr. 606, fol. 41r) par exemple [annexe 4], le mouvement d’Hector qui monte à cheval s’oppose à l’attitude calme d’Andromaque dont les mains semblent traduire un raisonnement logique et sage, l’une désignant l(es) enfant(s) et l’autre paume ouverte vers le haut en signe de conseil31. Hector, en tant que personnage, est donc considéré avant tout comme un guerrier. Othéa invite ainsi le jeune Hector à dépasser la seule prouesse en y ajoutant cette qualité qui aurait pu sauver Troie : la prudence. Mais Christine invite aussi le Prince à exprimer cette sagesse en remettant en cause le pouvoir de la violence, refusant d’en faire une valeur chevaleresque. Une nouvelle fois, c’est Hector qui est associé à ce défaut, notamment dans la scène où il tue Patrocle, et de ce fait il apparaît de plus en plus comme un modèle à éviter. Christine l’a choisi parce qu’il était un exemple de prouesse, mais précisément pour faire réfléchir sur cette notion et mettre l’accent sur ce qui semble primordial à ses yeux : l’association de la prouesse et de la sagesse.

Le manque de sagesse s’exprime particulièrement lors de la mort d’Hector : il refuse d’écouter la parole sage d’Andromaque, désobéit au roi et fait preuve de négligence et de convoitise. Au chapitre 85 en effet, Othéa conseille à Hector de se méfier d’Achille qui le hait pour avoir tué Patrocle.

« Quant Patroclus occis aras,
Lors d’Achillés te garderas,
Se tu m’en croys, car c’est tout un,
Leur bien sont entre eulx .ij. commun. »

La glose explicite la conséquence que cela aura sur son destin :

[…] Et pour ce que Hector occist Patroclus en la bataille, vint la grant hayne d’Achilés sus Hector, et tres lors jura sa mort ; mais pour ce que trop redoubtoit sa grant force oncques puis ne fina de lui gaitier pour le surprendre a descouvert et en trahison. Si dit Othea a Hector, comme par prophecie de ce qu’estoit a venir, que quant Patroclus occis aroit, besoing lui seroit soy gaitier d’Achilès. Et est a entendre que tout homme qui a occis ou meffait au loyal compaignon d’un autre que le compaignon en fera la vengence se il peut.

Hector est donc coupable d’avoir mal évalué la haine d’Achille et son désir de vengeance. Pour le bien du pays le prince ne doit se montrer ni présomptueux ni craintif mais prendre la juste mesure des événements, ce qu’Hector n’a pas su faire. Le dernier défaut, condamné déjà dans Le Roman de Troie, est la convoitise ; Hector est tué car il a négligé de se protéger (chapitre 91) :

« Encor te vueil je faire sage
Qu’en bataille n’ayes usage
De tes armes toy descouvrir,
Car ce fera ta mort ouvrir. » (91)

Hector en la bataille fu trouvé descouvert de ses armes et lors fu occis, et pour ce dit que de ses armes en bataille ne se doit descouvrir (Glose 91)

En effet il a cédé à la passion de s’emparer des armes de Polibétés (chapitre 92) :

De Polibetés ne couvoites
Les armes, ilz sont maloites ;
Car au despouller s’ensuivra
Ta mort, par cil qui te suivra.

Ce chapitre combine un conseil général (ne pas céder à l’envie), et l’annonce de la conséquence extrême qui peut en découler : la mort. Il s’agit donc ici de relire l’histoire de Troie en soulignant les erreurs d’Hector, erreurs fatales à la cité. Précisément parce qu’il est le destinataire de l’épître, le personnage d’Hector doit attirer particulièrement notre attention.

L’exemple ne sert plus de confrontation avec autrui, mais invite à réévaluer ses propres actes. C’est à proprement parler un miroir qui permet de juger de ses décisions et de ses actions, qui se prolonge en une prophétie.

C’est donc précisément le caractère paradoxal du personnage d’Hector qui a poussé Christine à en faire à la fois le destinataire et un des exempla les plus présents dans le texte. Elle flatte ainsi les prétentions de la famille royale à une ascendante troyenne, car la prouesse guerrière est en arrière-plan de tout texte ayant trait à Troie, mais poussant l’exploitation littéraire du mythe jusqu’au bout, elle en rappelle l’issue tragique. L’implicite de l’Epistre Othea pourrait donc être : « tu veux être un nouvel Hector, soit, je t’y encourage ; mais n’oublie pas que son manque de sagesse l’a conduit à la mort et a ruiné sa cité ». Le personnage d’Hector contient donc à la fois un modèle et une mise en garde, ce qui explique son choix ici, et sans doute, plus largement l’engouement dont le Moyen Âge a fait preuve à son égard.

Ainsi Christine ne se contente pas ici d’évoquer le passé troyen pour mettre en avant les valeurs que le mythe porte en lui-même, mais procède à une relecture de celui-ci, partant de l’idée que la chute de Troie aurait pu être évitée. Hector tient dans cette démarche une place de choix puisqu’il incarne à la fois la gloire et la chute de Troie mais aussi parce que son orgueil cause un certain nombre de situations propices à la leçon.

On peut donc ainsi appliquer à l’Epistre Othea les conclusions de J. Krynen32 : les ouvrages qui veulent former les Princes doivent tenir compte de leur haute naissance qui les prédispose à l’orgueil. Mal conseillés, ils peuvent prendre les mauvaises décisions, voire perdre le sens de l’honneur. Le choix d’un Hector de quinze ans comme destinataire de l’épître ciblerait donc parfaitement ce type de jeune noble trop passionné et mal encadré. Les exemples puisés dans la vie du personnage montrent les conséquences que ces défauts ont sur la vie d’un Prince et de sa cité. Ainsi l’humilité est, de l’avis de Christine, le seul remède à l’orgueil. Et c’est le conseil principal que l’exemple de la mort d’Hector et de la destruction de Troie donne au Prince qui lit l’Epistre Othea. En effet la chute d’un seul peut mener une nation à sa perte, d’où la nécessité de bien éduquer celui qui la gouverne et de lui apprendre à réfléchir sur ses fautes.

Annexe

 

Annexe 1.

Image

Manuscrit de Londres (BL, Harley, MS 4431, fol. 95r)

Annexe 2.

Image

Manuscrit de Londres (BL, Harley, MS 4431, fol. 95 v)

Annexe 2.

Image

Manuscrit de Paris (BnF fr. 606, fol. 1r)

Annexe 2.

Image

Manuscrit de Paris (BnF fr. 606, fol. 1v)

Annexe 3.

Image

Christine de Pizan, Epistre d’Othea, fac-similé du ms. 49 de la Bibliothèque

Annexe 4.

Image

Miniature du manuscrit de Paris (BnF 606, fol. 41r)

Notes

1 Christine de Pisan 1364-1430, Étude biographique et littéraire, Paris, Champion, 1927. Retour au texte

2 Liliane Dulac rappelle dans « Travail allégorique et rupture du sens chez Christine de Pisan : l’Epistre Othea », Continuités et ruptures dans l’histoire de la littérature. Actes du colloque franco-polonais, 1987, Paris-Genève, Champion-Slatkine, 1988, p. 24-32, qu’on dénombre environ cinquante manuscrits, parfois enluminés par de grands artistes, et que plusieurs éditions de l’œuvre sont parues dès le début de l’imprimerie. Retour au texte

3 Ibid, p. 29 : « Les relations qui unissent la fable à chacune de ses interprétations ne forment pas une suite homogène et continue. Au commentaire littéral, qui a généralement la platitude d’une note explicative, succède l’exégèse rationnelle, qui réduit le mythe à un fait vraisemblable d’expérience courante et à une maxime de bon sens. L’accès aux sur-sens mystiques est autrement difficile, quand leur rapport au mythe est obscur, comme si l’on se trouvait tout à coup projeté dans un ordre de vérité où la logique ordinaire n’a plus cours. » Retour au texte

4 Reading myth : classical mythology and its interpretations in medieval French literature Stanford university press, 1997, Ch. 5 : « Christine de Pizan : mythographer and mythmaker ». Retour au texte

5 G. Parussa, « Instruire les chevaliers et conseiller les princes : l’Epistre Othea de Christine de Pizan », Studi di storia della civiltà letteraria francese, Mélanges offerts à Lionello Sozzi, Emanuele Kanceff (éd.), Paris, Champion, 1996, p. 130-133. Retour au texte

6 En particulier Jacques Krynen (Idéal du prince et du pouvoir royal en France à la fin du Moyen Âge [1380-1440]. Études de la littérature politique du temps, Paris, Picard, 1981) étudie ses textes en perspective de ceux de J. Gerson ou Philippe de Mézières. Retour au texte

7 G. Parussa, « Instruire les chevaliers […] », op. cit., p. 138. Retour au texte

8 Christine de Pizan, Épître d’Othéa, fac-similé du ms. 49 de la Bibliothèque Bodmer, préface de J. Cerquiligni-Toulet, traduction de H. Basso, Paris, Presses Universitaires de France (collection « Sources »), 2008. Retour au texte

9 G. Parussa, « Le concept d’intertextualité comme hypothèse interprétative d’une œuvre : l’exemple de l’Epistre Othea de Christine de Pizan », Studi francesi, 37, fasc. 111, 1993, p. 483. Retour au texte

10 G. Parussa (« Instruire les chevaliers […] », op. cit., p. 151-152.) fait aussi référence aux conclusions de Laidlaw, reprises par F. Autrand, selon lesquelles elle aurait envoyé son œuvre à Henri IV d’Angleterre afin d’obtenir de lui qu’il laisse Jean de Castel, son fils, rentrer à Paris. Retour au texte

11 Si on conserve 1400 comme date d’écriture, aucun prince ne semble correspondre : Louis d’Orléans a 28 ans, son fils Charles a moins de 10 ans et le roi lui-même, Charles VI, avait 33 ans. Retour au texte

12 C’est ce que dit Sandra Hindman (Christine de Pizan’s Epistre Othea. Painting and Politics at the court of Charles VI, Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1986, p. 38.) : « Whereas Hector the ideal knight might have been an appropriate model for Jean Castel, Hector the Trojan ruler, prototype for the kings of France, was not. […] that advice-giving letters were directed almost exclusively to princes and kings. » Retour au texte

13 D’estoc troyan ancianne noblece, Jacqueline Cerquiligni-Toulet, op. cit. Celle-ci rappelle également que Christine fait de Francion le fils d’Hector dans le Livre des fais et bonnes meurs du sage Roy Charles V. Retour au texte

14 Christine y évoque ainsi Francion aux vers 3621-26 : D’un des enfans du preux Hector / Qui plus avoit force qu’un tor / Vindrent li prince qui couronne / Portent en France, com raisonne / L’istoire qui fait mencion / D’eulx et de leur attraction. Cette version de l’origine de Francion vient de Rigord et de Guillaume le Breton et s’est développée au xve siècle. Pour plus de précisions, voir Colette Beaune, « Trojani aut Galli ? », Naissance de la nation France, Paris, Gallimard, 1985, p. 25-74. Retour au texte

15 G. Parussa le précise : « Ici le lien entre l’histoire de Troie (mythe des origines) et la dynastie royale se charge d’une importance majeure et donne un sens didactique précis à l’Epistre qui est adressée précisément aux princes de sang, les successeurs directs de Priam. », G. Parussa, « Instruire les chevaliers […] », op. cit., p. 140. Retour au texte

16 Pour plus de précisions sur ce sujet, voir S. Hindman, op. cit., p. 35 sq. et J. Krynen, Idéal du prince et du pouvoir royal en France à la fin du Moyen Âge (1380-1440). Études de la littérature politique du temps, Paris, Picard, 1981, p. 245-258. Retour au texte

17 S. Hindman, op. cit., p. 44-45. Retour au texte

18 London, BL, Harley MS 4431 ; Paris BnF fr. 606 ; Paris BnF fr. 848. Retour au texte

19 Dans le manuscrit de Paris (BnF fr. 606) Christine porte une robe claire alors qu’Othéa est en robe pourpre mais il s’agit du même style de tenue. L’association est plus nette pour Hector et Louis vêtus tous deux d’une robe verte. Retour au texte

20 On peut noter cependant que leur disposition dans la miniature est inversée, Louis se trouvant à gauche tandis qu’Hector est à droite. Il est difficile de savoir si ce renversement est signifiant ou non. Si on compare ces miniatures à d’autres où figure le même motif du don de l’œuvre, il ne semble pas que la place du dédicataire soit codifiée : le plus souvent il se trouve à gauche de l’écrivain (ex : Christine de Pizan présente le Livre du Chemin de longue estude à Charles VI, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique inv. ms. 10982 fol. 1r, ou P. Salmon présentant ses Lamentations à Charles VI, Paris, BnF ms. fr. 23273, fol.1, etc.) mais il existe des exemples où le dédicataire est à droite (ex : Nicolas Oresme présente sa traduction des Éthiques d’Aristote à Charles V, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique inv. ms. 9505-9506 fol.1r, Pierre Le Baud, Compilation des Chroniques et histoires des Bretons, BnF, fr. 8266, fol. 393v). J. Förtel Guéret-Laferté (« La représentation du livre dans les enluminures de la fin du Moyen Âge », Eulalie, 1, 1998) souligne que le rôle de ce genre de miniature est d’exprimer l’exaltation du destinataire : « Par exemple, le peintre place le seigneur au centre de la scène et distribue les assistants et le décor tout autour : le prince constitue alors l’axe de symétrie qui gouverne l’ensemble. » Or nous avons aussi remarqué que le roi se trouvait le plus souvent côté reliure ; de ce fait il tend à devenir le centre de l’objet-livre que le lecteur regarde, ce qui peut relever également de la louange. Retour au texte

21 Pour plus de détails sur l’analyse des symboles de chevalerie, voir S. Hindman, op. cit., p. 48-49. Retour au texte

22 S. Hindman, op. cit., p. 49 : « Are we supposed to imagine that Hector is about to learn the code of chivalry necessary to join the Order of the Gold Shield ? If so, and this implication seems likely, why is Hector supposed to strive for acceptance in the order of the Duke of Bourbon rather than the order of the Duke of Orleans pictured in the first miniature ? ». Retour au texte

23 Christine de Pizan, Epistre d’Othea, fac-similé du ms. 49 de la Bibliothèque Bodmer, op. cit. Retour au texte

24 J. Cerquiligni-Toulet (préface à l’édition de l’Epître d’Othéa, op. cit. p. 21). Retour au texte

25 Les citations du texte sont extraites de l’édition de G. Parussa : Christine De Pizan, Epistre Othea, Genève, Droz, 1999. Retour au texte

26 Préface à l’édition de l’Epistre Othea, op. cit., p. 13. Retour au texte

27 L. Dulac, « Entre héroïsation et admonestation : la matière troyenne chez Christine de Pizan », Conter de Troie et d’Alexandre, E. Baumgartner, L. Harf-Lancner, L. Mathey-Maille et M. Szkilnik (éds), Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2006, p. 111-112. Retour au texte

28 G. Parussa, « Instruire les chevaliers […] », op. cit., p. 142. Retour au texte

29 Cette opposition se retrouve aussi dans le manuscrit de Cambridge (Newham College Library, ms. 900 (5), fol. 1r et 45v) et dans le ms. 49 de la Bibliothèque Bodmer (fol. 7r et fol.132v). Dans ce dernier elle renforcée par l’attitude d’Andromaque et des enfants qui sont à genoux devant Hector en armure. Retour au texte

30 Andromaque est accompagnée d’un enfant dans le manuscrit de Londres (London, BL, Harley MS 4431, fol. 135r), de deux dans le manuscrit de Paris (BnF fr. 606, fol. 41r) et celui de Waddesdon Manor (Rotschild Collection, ms 8, fol. 48r). Retour au texte

31 On retrouve ces mêmes oppositions dans le manuscrit de Lille, où Hector est en tenue de cour lorsqu’il reçoit l’épître d’Othéa (fol. 1) ou que celle-ci lui donne des conseils (fol. 84v), mais en armure lorsqu’il est représenté en tant que personnage exemplaire, notamment face à Andromaque à genoux (fol. 88) ou dans les miniatures représentant sa mort (fol. 90v, 91v). Retour au texte

32 Celui-ci fait porter son étude de la littérature politique seulement sur le Livre de la paix, le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V et le Livre du corps de policie. (J. Krynen, op. cit.). Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Sandrine Legrand, « Comment faire d’un héros un modèle de vertu ? », Bien Dire et Bien Aprandre, 29 | 2014, 51-70.

Référence électronique

Sandrine Legrand, « Comment faire d’un héros un modèle de vertu ? », Bien Dire et Bien Aprandre [En ligne], 29 | 2014, mis en ligne le 01 mars 2022, consulté le 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/821

Auteur

Sandrine Legrand

Université de Lille 3, ALITHILA

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