Guillaume et les voies didactiques de ses Moniages

Chanson de geste du xiie et adaptation de Louis Gabriel-Robinet

DOI : 10.54563/bdba.825

p. 103-117

Plan

Texte

Guillaume fait sa « conversion » : le guerrier qu’il renonce à rester entre dans l’état monastique, puis il devient ermite. Ce pan de vie en deux volets est pris comme objet de discours et il établit une morale, la tournure didactique du Moniage s’épanouissant aussi dans des directions historiques. Mais les prises de position médiévales pouvaient-elles présenter un quelconque intérêt au xxe siècle ? Toujours est-il qu’une rénovation de ce récit, cette fois en prose et adressé à la jeunesse française, a été réalisée peu après l’explosion politique de mai 1968 par Louis Gabriel-Robinet, une personnalité remarquée en son temps surtout pour son activité (de journaliste, d’essayiste, de grand reporter et de directeur du Figaro) et qui, pour ces raisons professionnelles, reste cité dans plusieurs ouvrages concernant la presse (après sa mort le 24 juin 1975, l’Encyclopedia Universalis lui consacre une présentation). Du côté des médiévistes, exception faite de l’étude qu’Alain Corbellari a consacrée au héros méridional1, l’existence du Guillaume au court-Nez2 de L. G.-R n’est plus vraiment signalée. « Pour la continuité du récit », l’inspiration de l’ouvrage de la collection « super 1000 » est dite avoir été prise dans « la traduction de Wilhem Clœtta, qui a consacré deux forts volumes aux deux rédactions en vers du Moniage Guillaume », dans un attachement surtout marqué « à la seconde »3. Entre le Moniage que les manuscrits cycliques nous livrent et l’avatar romanesque que L. G.-R a signé, la volonté d’enseigner et de faire œuvre utile a perduré, mais les efforts didactiques déployés n’ont pas choisi pour s’exprimer les mêmes outils et n’ont pas soutenu les mêmes objectifs. Quelles sont les différences les plus frappantes que nous puissions constater entre les voies et les visées de l’animation littéraire au temps de Philippe-Auguste et de Georges Pompidou ?

Les Moniage Guillaume du xiie siècle types d’enseignements, volonté dominante, principaux emprunts

Les deux rédactions en vers du Moniage Guillaume que nous pouvons lire délivrent plusieurs leçons. Leurs auteurs anonymes souhaitent en effet :

Conduire un élément de série à respecter enfin l’ordo naturalis

Le premier engagement de ces écrivains est d’ordre métanarratif et porte la marque d’un mûrissement de la réflexion sur l’organisation littéraire.

À la différence de Vivien, dont la mort du prototype historique le 24 août 851 enclenche le processus et dont, partant de cet ancrage, les épisodes de renforcement fictionnel s’accroissent selon le mode de procédure à rebours que la cyclisation emploie si volontiers, Guillaume, son oncle du point de vue de la légende, propose d’abord un modèle d’activité infatigable qui ne peut et ne doit pas mourir avant son heure. Héros d’une dramatisation qui respecte mieux que pour son neveu chéri la chronologie événementielle à laquelle tout être humain est soumis, la vie du marquis qui épousa Guibourc conduit à sa mort selon le cours naturel du destin. La fiction du Moniage se montre raisonnable et manifeste que l’ordonnance de l’âge est à respecter.

L’architecture des deux versions conservées est peu provocatrice. De part et d’autre la narration suit l’axe du temps, ce qui ne lui interdit pas, dans certains lieux stratégiques d’établir quelques bilans renvoyant en arrière4 ou d’établir un fin jeu intertextuel de mise en abîme dans le cœur du récit5. Mais la progression domine : le récit d’une entrée au couvent aux prolongements fantaisistes construit une logique d’enchaînements particuliers mais aussi, puisque partie intégrante d’ensembles textuels qui la dépassent, établis pour mener à un point d’aboutissement strict ou approximatif tantôt le « petit cycle » (groupe des chansons attachées au seul Guillaume), tantôt le « grand cycle » (même cercle élargi aux ancêtres et collatéraux). Dans ce cas il est plus difficile au respect du déplacement vers l’avant du curseur chronologique d’être réglé dans toutes ses conséquences absolues, donc les différents manuscrits font à la large sélection qu’ils accueillent ce qui leur paraît être, sur le tas, le meilleur classement envisageable. Si « l’histoire des derniers exploits de Guillaume et de sa conversion à l’état érémitique a pu constituer », par rapport au deuxième noyau fondateur du cycle, comme ne l’exclut pas François Suard6, « un élément primitivement indépendant », ce n’est pas dans cet état qu’elle nous a été livrée. Le Moniage est raconté dans un contexte de non indépendance et, si sa disposition native n’est pas contrariée, il sert de point final et donne une leçon de clôture.

Unir légendes et Histoire, c’est-à-dire le héros et le saint

Conçues dans la deuxième moitié du xiie siècle dans une chronologie relative « incertaine, de même que leur genèse respective et leur hypothétique filiation »7, les deux rédactions de la chanson – dites Moniage 1 (MG1) pour le poème court, assonancé, inachevé et à petit vers, et Moniage 2 (MG2) pour la version longue assonancée – présentent comme complémentaires et désormais indissociables les deux versants de la personnalité de Guillaume, parce que le héros épique qui combat si magnifiquement est aussi un saint, comme l’a ébruité vers 1125 la Vita beati ac gloriosissimi confessoris Christi Guillelmi cuius festivitas celebratur .V. kal. iuni (en abrégé Vita Guillelmi). La vie du principal prototype personnel ayant favorisé l’épanouissement du héros littéraire apportait avec elle pareille conjonction thématique. « La sédimentation documentaire carolingienne concernant Guilhem présent[ait] une dualité, qui constituait un des soubassements de la prolifération légendaire à venir », « les textes conservés s’agenç[ant] effectivement autour de deux épisodes ou séries d’épisodes principaux ; les batailles et la fondation de l’abbaye de Gellone, lieu de la conversion puis du décès, vers 812, de l’aristocrate carolingien »8. Venait à être célébré de manière incontestable le mariage de l’Histoire et des légendes épiques développées autour du comte carolingien qui, sur le plan de la réalité, avait coupé la route d’Abd al-Malik et de son armée super fluvium en 793 et avait participé pleinement, après 801, au mouvement de restauration monastique permettant à Louis de s’affirmer sur le plan politique puisqu’il avait fondé, derrière celle de Casa Nova, une seconde cella à Gellone. Devenu veuf des deux épouses qu’on lui connaît (Cunegonde et Vuitburgh, une troisième ayant pu également exister), à en croire la Vita édifiante qui célèbrera en lui le saint dans le premier quart du xiie, le 29 juin 806 Guillaume revêt l’habit monastique et se retire dans l’abbaye de Gellone où il meurt sous la bure (possiblement vers 812)9. Pour insister sur le rôle primordial joué par la ville d’Arausica dans la notoriété du saint, l’hagiographe de la Vita Guillelmi raconte, en concordance avec les chansons des trouvères, que Guilhem-Guillaume a pris Orange et s’y est installé. Prenant appui sur la même source informative – rédaction elle-même fondée sur le chapitre 30 (dans l’édition de Waitz10) de la Vita Benedicti d’Ardon Smaragde –, le Moniage convie à une excursion littéraire fantasmée autour de la fin de vie de celui que la Geste a caractérisé d’abord par son nez « corb » puis « cort ». La détermination auctoriale qui s’exprime au travers du Moniage Guillaume se préoccupe d’un certain rapprochement entre Histoire et Fiction. Il n’y aura pas, car c’est impossible et contraire aux règles du genre poétique qui fait travailler l’imagination, de mise en concordance totale, mais le fil des laisses conduit à assener une vérité qui n’est plus à contester : le héros des chansons et le saint vénéré à Saint-Guilhem-du-Désert forment une personne bien définie, sur l’existence de laquelle des preuves vérifiables sont fournies.

Deux grandes tranches de vie revisitées par le désir d’invention sont devenues jointives. Guillelmes effectue une entrée dans l’état monastique, – un moniage se limitant ici à une expérience conventuelle temporaire – puis il enchaîne sur un ermitage, qui prolonge le vécu dans une communauté par une période autrement orientée, l’isolement étant recherché. Dans MG1, la phase érémitique se passe à côté de Montpellier, dans un endroit sauvage, un défilé rocheux qu’alimente une source. Parce qu’elle est un objet littéraire abondamment développé dans MG2, la même action s’y révèle plus agitée.

Faire réfléchir sur ce qu’est une vie bien conduite au travers d’un grand modèle et de plusieurs contre modèles

Cette création qui joue sur l’opposition entre deux tableaux s’autorise en effet à ouvrir une réflexion sur le comportement chevaleresque et les métamorphoses que le guerrier doit savoir opérer. Jusqu’à ce point du cycle l’activité de Guillaume correspondait aux multiples applications de la mentalité de l’honneur et désormais il s’agit de faire évoluer cette morale tout entière vers le service de Dieu11. Le chevalier qui a beaucoup tué connaît le remords, abandonne la vie mondaine, fait pénitence et se consacre à la prière. Il lui faut renoncer à tout égoïsme, éliminer ses pulsions violentes, vivre dans l’austérité, aider son prochain. Le débat est ouvert sur la thématique de l’engagement. Gourmandise et égoïsme prévalent dans la vie monastique, alors que les préoccupations d’un ermite sont beaucoup plus spirituelles et charitables. La critique des agissements qui incarnent la puissance diversifiée du Mal dans le monde (aux païens sauvages et agressifs tiennent compagnie les voleurs ou les faux bons chrétiens qui ne sont que des traîtres, des cupides et des hypocrites) propose un exemple à suivre, celui de Guillaume, dans tous les aléas de sa figure d’excès.

Pour être efficace sur le plan spirituel et philosophique, le poème utilise la meilleure des armes littéraires, celle du comique et de la satire. Dans le Moniage, l’authentique vocation du héros déchaîne autour de lui les rires12. La médiocrité et la perversité propres aux couvents sont dénoncées de manière acerbe. L’anti-monachisme s’autorise à être fort tout en restant prudent. L’institution elle-même n’est pas fondamentalement remise en cause, mais le formalisme du monastère, la fausseté des religieux capables de prévoir un assassinat sans se salir les mains, la noirceur d’âme de l’abbé Henri finissent par être tellement inquiétants que Guillaume ne contrôle plus son instinct guerrier qui ressort (la mort du prieur suit celle du portier) et que, pour obtenir un vrai pardon, cette bouillonnante personnalité « décide de s’engager dans un plus digne et saint anachorétisme »13. Alors que l’ermitage pourrait rester du vécu voué à la contemplation14, les préjugés ordinaires sont pris à rebours de ce qu’on pourrait en attendre, et les occasions de combattre sont à bonne fréquence invitées à percer la période de retraite.

Se servir d’auctoritates et appeler la mémoire des pierres à témoigner

Par le remploi ingénieux d’anecdotes dont la tradition monastique est depuis longtemps établie le dynamisme du Moniage trouve le moyen d’être alimenté (le stratagème des braies, l’épisode de l’étrange jardinier, le rajeunissement d’un destrier dont la vitalité avait été usée à charrier des pierres, sont les héritiers de tout un passé littéraire, même s’ils ne le proclament pas15). Dans le saccage par Guillaume de son jardin, la violente fureur qui s’exprime au travers de la gestuelle muette, renouvelle « une anecdote qui courait dans le monde depuis des siècles »16. Les aventures du protagoniste remontent à plus haut que lui, mais la voix du conteur laisse imprécises les sources qui l’aident à trouver les idées qui fondent les motifs narratifs qu’il rhabille. Au fonds des joca monachorum succède l’histoire de Paris et le développement de deux légendes topographiques dont les fondations sont inscrites à rebours pour préparer l’avenir : grâce au roi sarrasin Ysoré qui assiège la capitale pourra être célébrée la Tombe-Issoire. Quant à Bernard, un pauvre qui habite dans un fossé en dehors de l’enceinte de la cité, son personnage a généreusement servi d’hôte à Guillaume et il en sera récompensé : quand il remet à Louis la tête tranchée du païen, que le vainqueur du duel lui a confiée, le roi le gratifie d’une rue, à laquelle penseront les contemporains du poème, celle « des Fossés-saint-Bernard ». Les références culturelles dans ces passages restent implicites. À chacun de reconnaître ce qu’il connaît déjà.

Dans son évolution vers la sainteté, Guillaume propose un modèle positif dont la vertu d’enseignement est renforcée par le fait que cet exemple est garanti par des « autorités », ces dernières pouvant être de plusieurs catégories (un livre, une rue, un édifice comme un pont, un monument laïc comme un château ou religieux comme une chapelle que son devenir a transformée en abbaye). Le prologue de MG2 manifeste sa fierté d’avoir sorti de l’oubli une estoire gardée au mostier Saint Denis (MG2, v.5). Quant à la Vita Guillelmi elle sert d’appui aux poèmes pour aboutir à un lieu de culte ayant pris le nom du saint (Saint Guillaume des Desers, MG1, v.878 ; Saint Guilliaume du Desert, MG2, v.6626) ; ce lieu monastique est encore vivant (encor i a gent de religion, MG2, v.6625) et il attire vers lui les pèlerins (MG1, v.878) : l’invitation au voyage est lancée. Inscrite dans un manuscrit qui raconte sa fin « en l’ermitage fu tant puis li sains hom / Qu’il i prist fin, si com lisant trovon », MG2, v.6621-22), la mort de Guillaume permet aussi de lire de manière vivante le grand livre de pierre que constitue l’arrière-pays de Montpellier. En se rendant sur place les « marcheurs de Dieu » découvrent dans le paysage toutes les inscriptions que le héros fondateur a laissées pour eux (un pont que Guillaume a construit par avance pour servir au pélerin se rendant à Saint-Jacques de Compostelle, en passant par Rocamadour ; le tourbillon que cet ouvrage d’art permet d’éviter depuis que le diable a été précipité dans cette eau et qu’une prière de Guillaume l’y a fixé). Dans cette série d’accrochages géographiques, MG1 fait aussi référence, dans les alentours de l’ermitage que Guillaume avait remis en état, à un château sur une hauteur dans lequel Guillaume au court nez allait coucher pour être à l’abri des Sarrasins.

La communication, pour être pédagogique, se tourne vers des odonymes et fonde de nouveaux rites. Qui se rend à Saint-Guilhem-le-Désert prend du plaisir à faire des ronds dans une eau à histoires qui ne peut pas lui être indifférente.

Le Guillaume au courz-nez de L. Gabriel-Robinet : types d’enseignements, volonté dominante, principaux emprunts

Les visées du Guillaume du xxe siècle ont également une tournure didactique qui ne passe pas inaperçue. L’œuvrette (écrite en 1970, parue en 1971 et destinée à promouvoir lecture et culture chez les adolescents) a un caractère récréatif mais elle inscrit dans son cahier des charges une bien longue liste de services que ce roman doit rendre. La réécriture, qui assume clairement ne pas être une création à part entière, cherche à :

Enseigner à son lectorat qu’Histoire et histoire ne sont pas superposables (bien qu’entre les deux domaines des liens soient à creuser)

Guillaume au court-nez conduit l’auteur à renouer avec son goût naturel pour le domaine historique. Mais L. G.-R est aussi un romancier expérimenté et il n’est pas dupe de la façon dont chaque écrivain est capable d’assaisonner les événements et les personnalités. Un avertissement au lecteur, qui tient à faire bonne impression et à expliquer quels ont été les scrupules méthodologiques, souligne les zones d’ombre qui entourent la figure centrale : « ce qu’on va lire n’est pas de l’Histoire mais une histoire… bien que Guillaume d’Orange au court nez ait réellement existé, les événements qui jalonnent sa prodigieuse existence sont si étroitement mêlés à la légende – voire au conte de fées – qu’il est pratiquement impossible de dire avec certitude à quelle date exacte naquit et mourut le héros de cette aventure, sous quel règne elle se déroula, à quelle famille il appartint et quelle fut sa descendance ». Trop flou, au point de passer pour insaisissable, le point d’Histoire se retrouve balayé au vent de la légende mais cet aspect paradoxal n’empêche pas le narrateur d’avoir besoin de brosser un tableau qui mette l’imagination sous contrôle et qui se retrouve assisté par de solides recherches documentaires. Très nombreux sont les garants évoqués (Joseph Bédier, André Rigaud, le Larousse encyclopédique, Léon Gautier, Wilhem Cloetta, Jean Frappier, Héron de Villefosse ; est fournie en fin d’ouvrage une bibliographie qui compte seize entrées). L’affichage des auctoritates est pour cette adaptation un argument qui passe inaperçu encore moins qu’antan.

« Pour composer la légende de notre Guillaume », pense un Léon Gautier cité à comparaître, « on a fondu entre elles les légendes ou les histoires de plusieurs Guillaume. À vrai dire on les a amalgamées plutôt que fondues » (G., p. 13). Retenant dans pareille attitude critique l’encouragement qu’elle apporte, tout en ayant fait sentir que la théorie des seize Guillaume, réfutée par Bédier, dépassait la saine limite, L. G.-R reconstituera l’itinéraire de son champion au travers de plusieurs amalgames, qu’il ne faudra pas multiplier à l’infini, et qui seront d’ailleurs invités à fusionner pour créer une cohérence, l’aspect de conservation d’un patrimoine pluridirectionnel n’étant pas seul à opérer puisque les inventions libres sont également bien accueillies.

Faire comprendre que la partie peut passer pour le tout, que les éléments narratifs se réorganisent et que les témoins intermédiaires rendent de meilleurs services que les poèmes originaux.

Guillaume au court-nez tranche sur les adaptations des devanciers de L. G.-R – Jonckbloet, Adolphe d’Avril, Tuffrau, Teissier – en établissant une politique hybride. Il s’agit de s’intéresser au héros du cycle, comme le souligne le titre du roman, mais sans rien dire de Vivien et de Rainouart, donc sans raconter la bataille des Aliscans, et sans non plus reconstituer le contenu des Enfances Guillaume. Si compilation il y a encore, c’est au travers d’un déséquilibre : MG2 constitue certes, comme indiqué, la pièce maîtresse mais à l’intérieur de ce cadre quelques échos de MG1 résonnent (cf. G., p. 73 et MG1, v.130-31) et les cinq premiers chapitres se chargent de brasser des souvenirs permettant d’entrevoir quelques rappels de la Prise d’Orange, du Couronnement de Louis et du Charroi. Le romancier du xxe siècle affirme s’être inspiré de ce qu’il appelle « la traduction » de Cloetta, ce qui fausse de manière grandissante le rapport au double poème de départ, puisque dans son introduction le t. II de la SATF offre un sommaire analytique – comme il est d’usage résumé et surplombant –, distinguant certes version courte et version longue mais en acceptant de louvoyer par endroits de MG1 à MG2, pour souligner les divergences qui apportent à chaque état du texte son caractère original17. Dans Guillaume les épisodes issus de MG2 peuvent inclure du matériau venu de MG1 ou d’ailleurs, faire l’objet d’un montage différent (ainsi la construction du Pont-du-Diable intègre par déplacement la troisième partie du roman) et toutes les articulations ne sont pas forcément reprises (l’anecdote du braier a disparu ; Synagos-Synagon est l’objet d’une simple allusion, d’ailleurs inexacte, G., p. 150). La tenue à distance des textes originaux, pourtant consultés, est facile à constater : L. G.-R croit plus utile de se tourner vers le champ des études guillaumiennes que vers les laisses en ancien français (qu’il appelle du reste des « lais » ou des « laies », G., p. 13 et 215, en estropiant ce mot technique par confusion avec un autre). Alors qu’il ne procède pas à une lecture fondamentale des poèmes, le rédacteur plein d’astuce mais aussi de bonne volonté additionne les recherches documentaires annexes et sait en tirer un parti judicieux, propre à impressionner favorablement ses destinataires. Ainsi la description d’Orange intègre-t-elle, phénomène inédit et savant, les détails que Jean Frappier puisait lui-même chez Henri Grégoire pour expliquer que l’Arc de Triomphe, « souvenir de la victoire des Romains contre les Teutons » (G., p. 34) était enserré dans le palais d’Orange ; toujours à cause de cette glose le sarrasin Tiebaut est immédiatement référencé comme étant Teutobochus, effet d’érudition surajouté (G., p. 30)18. Quant à la quatrième partie de l’enveloppe romanesque, abordée sous le titre inédit de « Haut dans le ciel, une colombe… », elle joue également à mixer entre elles plusieurs strates textuelles. Le déroulement du combat contre Isoré est facilité par l’intervention d’un adjuvant de type « merveilleux chrétien », une péripétie que l’auditeur-lecteur de l’authentique MG2 ne peut qu’ignorer. En effet le récit du duel entre le héros et le champion est ici retravaillé à partir de l’article qu’André Rigaud avait fait paraître dans Vie et Langage en mai 1970, y compris dans ses enjolivements (un passage des Singularités de Paris de René Héron de Villefosse a aidé A. Rigaud à fabriquer le détail d’un miracle ajouté).

Faire valoir que la reprise d’une tradition n’est intéressante que lorsqu’elle est soumise à un enrichissement libre ou semi spontané

À force d’user d’éléments de compilation additionnés et réorganisés, Guillaume continue certes à prolonger ses caractéristiques les mieux répandues, soutenues par la grande valse des épithètes permanentes (taille et vigueur de Fierebrace, nez mutilé agrémenté d’une bosse qui fait de lui le « court-nez » au profil ambigu, propension à rire…) ou plus simplement poussées au devant du tableau à cause du contexte adéquat (gloutonnerie hors normes). La méridionalisation moderne du protagoniste est appuyée par l’emploi du prénom de Guilhem, qui double celui de Guillaume. Mais de nouveaux traits de personnification sont dessinés et les déviations psychologiques fleurissent avec aisance : le chevalier qui fait pénitence reste fidèle à son épouse mais il quitte une Guibourc encore vivante, dont le souvenir le poursuit de façon assez générale et légère (G., p. 173). Avant son mariage le baron a connu une vie sexuelle débridée, orgiaque avec les belles Sarrasines qu’il capturait, vulgaire avec les servantes qu’il troussait, et sans doute polissonne avec les nobles dames qu’il courtisait. Le déroulement des actions proliférantes met en place nombre de précisions (l’onomastique s’élargit), faisant sortir de l’anonymat plusieurs personnages secondaires ou bien inventant de nouvelles silhouettes (de valets, de familles de commerçants, de paysans, etc.). L. G.-R a le sens de la fresque sociale et son utilisation des personnages est typique, ciblée, très ouverte à la représentation des classes populaires. Lorsque l’ermite Émar, natif de Carcassonne, raconte sa triste jeunesse (G., p. 123-24), c’est pour expliquer de manière quasiment picaresque comment un pauvre fils de grainetier, devenu orphelin, entre au service d’un seigneur à douze ans, enchaîne sur l’état de convers dans une abbaye puis part s’installer dans une cahute à flanc de coteau au bord de l’Érau. Les deux étapes de Guillaume à Clermont-Ferrand permettent de découvrir l’aisance matérielle qui règne chez Guioton, bourgeois dont l’entrepôt regorge de nourritures à vendre, lesquelles profitent fort bien à sa fille Marguerite, demoiselle « à la croupe rondelette » et aux « formes rondes » qui a bien du mal à admettre qu’on puisse vouloir se consacrer à Dieu dans les déserts de Provence. Grâce à l’échantillonnage nuancé des différents états sur lesquels la société féodale établit sa tripartition, le monde des oratores, des bellatores et des laboratores devient l’objet de descriptions méticuleuses. Le baron et les personnages de ses rencontres constituent des types socio-historiques dont l’exactitude sera démontrée par une couleur médiévale poussée dans les détails descriptifs les plus méticuleux.

Recomposer un Moyen Âge vivant, élastique et enseignable au travers d’énumérations profuses et de détails constamment expliqués

Le manipulateur du Moniage remis à neuf veut en effet dresser l’état des mœurs et des éléments concrets de la vie quotidienne – d’un Moyen Âge laissé souplement mal délimité. Le propos du roman tient plutôt à ressusciter un monde disparu, ce qui se fait en positionnant des descriptions bavardes, de vastes répertoires d’objets, d’aliments, d’habits, soumis à des effets de listes et à des explications sur l’usage qui en était fait. C’est grâce à la reproduction linguistique exacte, variée et accumulative, assortie des développements et des gloses qui s’imposent, que les « effets de réel » doivent s’installer et la couleur historique se teinter joliment. Les catalogages énumératifs fonctionnent de manière systématique pour donner à voir d’abondance. Le procédé rhétorique de la liste est étendu jusqu’à saturation, amplifié de sous-catégories expliquant la vérité pratique de chaque élément, le matériau ou le tissu qui le compose. L’armement guerrier est démonté, démembré et dénombré avec éventuellement trop de richesse cumulative (la brogne et ses variantes de renforcements sera considérée par exemple comme très normalement recouverte du haubert), un aperçu étant dévidé comme une bobine, ou bien approché comme une page de catalogue dont le modèle est suivi page après page (l’équipement du pèlerin revient dans trois passages). Chaque secteur est analysé avec une bienveillance encyclopédique qui peut devenir tant soit peu ridicule tant la volonté d’établir une fiche complète semble exagérée. Le grenadier sauvage justifie l’intérêt que lui porte le regard attendri de Guillaume par ses fleurs rouges, son bois dont les Romains se servaient pour fabriquer des broches et sur lequel les Provençaux faisaient rôtir l’agneau pascal et aussi par le fait que ses pommes à grain servaient à tanner le cuir19. Les pavots plantés dans le jardin de l’ermite sont utilisés en tant qu’huile, infusion, tisane, décoction ou purgatif, moyen de soigner les toux et les coliques : en extraire les graines avec le professionnalisme approximatif que peut se permettre un Robinson est devenu la grande spécialité de Guilhem. On l’aura compris : Guillaume au court-nez ne perd pas la moindre occasion d’exposer une somme astronomique de connaissances et de développer à tout propos et hors de propos le contenu de notes détaillées. Sur le plan géographique, le souci de précision est également maximal. L. G.-R accorde aux déplacements la plus grande attention, se sert d’une carte IGN, suit attentivement le Voyage en France pour le tome qui concerne les Cévennes méridionales (l’auteur donne les références de ce qui a été pour lui un outil de travail efficace, l’approvisionnant en nombre de toponymes et d’éléments). Le pays après la Boissière, la ville d’Aniane sont décrits par les phrases que leur consacrait ce manuel d’Ardouin-Dumazet. Les appellations d’actualité, qui renvoient à des lieux vérifiables (par exemple le bois de Valène, après Ganges, Saint-Bauzille, Saint-Martin et Saint-Jean de Cuculles), côtoient sans l’éliminer le moins précis Val-de-Sigré de MG2, pour faire apercevoir au plus près la localisation de la clairière où les larrons dépouillent les voyageurs. Le Voyage en France, le guide illustré de St-Guilhem rédigé par François Dezeuze, l’article « Gellone » du dictionnaire de Moréri20, les traditions régionales et sans aucun doute la connaissance personnelle du terrain par un L. G.-R qui dit de lui-même qu’il a « beaucoup bourlingué »21, qui est né dans un milieu protestant, une position rendant vraisemblable et culturel l’amour porté aux Cévennes – aident l’écrivain à pousser en avant quantité de remarques réalistes qui travaillent la couleur locale avec un degré d’exactitude ne laissant rien au hasard. Dans le même esprit, le « fils du docteur André Robinet, qui avait été maire adjoint du VIe arrondissement de Paris » (information donnée dans la première phrase de la notice dans l’Encyclopedia universalis) se passionne pour l’histoire de notre capitale : il tient à expliquer où se trouvait le tertre de la « tombe Isoré » et où existe aujourd’hui la rue de la Tombe-Issoire.

Promouvoir avec bonne volonté l’apprentissage d’un vocabulaire médiéval pas forcément bien dominé

Le talent pédagogique de L. G.-R se déploie dans des stratégies repérables. L’expression tâche d’être la plus variée possible, le souci d’exploration des différents registres se positionnant à tous les niveaux. Le lecteur devra ressortir du parcours guillaumien avec un bagage lexical enrichi, et spécialement du côté du « médiévalisme ». La méthode d’enseignement du vocabulaire est éprouvée : la première fois le mot rare à retenir est expliqué ou bien il se fait comprendre par une utilisation dans un contexte particulièrement clair, avant d’être réutilisé un peu plus loin. Faire rentrer dans le circuit de la rédaction plusieurs termes de civilisation (essentiellement des substantifs) ou encore d’autres classes de mots appartenant à l’ancien français fait partie des efforts de la rédaction. Sont expliquées entre parenthèses, en note ou élucidées par reprise éclairante ou contexte évident, les difficultés soupçonnées d’être telles. À quelques petits détails révélateurs, un médiéviste se rend pourtant compte que la glose, l’énumération ou la traduction supposée fidèles laissent à désirer22, le plus frappant étant de constater que le mot de « moniage », fondamental dans ce récit à partir de la p. 107, c’est-à-dire cent quarante pages avant la fin du roman, est employé vingt-trois fois sur un faux-sens, pourtant évitable, qui lui fait vouloir dire « moine »23 alors qu’en réalité ce terme désigne « l’entrée dans la vie monastique » ou « l’état de moine ». C’est l’abandon de la vie profane qui est visé au travers du mot, et non le personnage qui le réalise. Ainsi le roman du xxe a-t-il bien fait de s’appeler Guillaume au court-nez puisque son auteur n’a pas bien saisi la signification de l’expression Le Moniage Guillaume.

En conclusion, les Moniages du xiie et leur réécriture tardive en roman pour la jeunesse affichent des volontés didactiques qui ne se trouvent pas forcément aux antipodes mais qui ne se recoupent que partiellement. De leur côté, les modèles anciens apportaient un point final à la biographie de leur personnage préféré. Grâce aux rapprochements opérés entre l’Histoire portée par la Vita Guillelmi, l’examen du lieu de sépulture du comte carolingien et de ses alentours immédiats, la symbiose du héros célébré par quantité de poèmes et du saint prié par l’Église des croyants était établie en grande solennité. Après la mort de Guibourc, l’épopée de Guillaume pouvait se clore, faire gaiement réfléchir en imposant du burlesque et en orientant la morale de l’honneur vers la pénitence et le recueillement. Les textes latins, l’histoire de l’abbaye de Gellone, l’histoire de Paris, le contenu des autres chansons du cycle étaient déjà appelés à fusionner et la mémoire des pierres à témoigner. Au xxe siècle, sur un programme ressemblant, L. G.-R a lancé un pari éducatif différent. Pour commencer, ses raisons de célébrer un saint de la religion catholique ne devaient pas être fortes (il avait été élève à l’École alsacienne et il faut plutôt le situer comme étant d’une tournure d’esprit positiviste). Écrivain atteint par la maladie, la thématique de la fin de vie et de la belle sortie du monde lui correspondait assez, d’où son choix, facilité aussi par l’amour des Cévennes, de la Provence et du lieu magnifique qu’est le village de Saint-Guilhem. Les éléments personnels ont été encouragés car « l’aventure historique » destinée aux adolescents était une catégorie de roman en faveur dans les années 1970 et les débordements de mai 1968 ont peut-être aussi joué, appelant quelques conservateurs à prôner autour d’eux les engagements valables, le contrôle des pulsions et le retour au calme. Pour toutes ces raisons suspectées, le choix auctorial s’est fixé sur le modèle d’un protagoniste dont l’existence dans l’histoire littéraire et l’Histoire de France était garantie, alors que les rapports directs entre le domaine historique et celui du légendaire donnaient lieu à des discussions à n’en plus finir. Là où les chansons de geste misaient sur le principe d’écrire une fin de série, le roman a saisi la même occasion ultime pour faire connaître les principaux exploits antérieurs de Guillaume et rédiger l’équivalent d’une somme. Il fallait accorder à cette figure de chevalier une fonction démonstrative de « type historico-social », tout en faisant de ce support « une incarnation humaine » facile à appréhender, égayée qu’elle était par les illustrations de René Peron. Dans la nouvelle optique, le chevalier à la crinière ornée de cheveux blancs peut abandonner une épouse vieillie, à laquelle il pense fort peu, se sentir émoustillé en face d’une jolie demoiselle, que le déclin de sa sexualité ajouté au devoir moral lui permet de ne pas trop désirer. Qu’il s’agisse de vie quotidienne, de mode, de botanique, de déplacements géographiques ou d’effets linguistiques, les aperçus réalistes s’appuient sur une recherche de documentation qui interroge le passé pour établir une correspondance avec le présent, la connaissance de St-Guilhem-le-Désert et de sa région étant effective. Tous les signes du Moyen Âge virtualisé ne sont pourtant pas forcément convaincants, la générosité des faisceaux d’indices collationnés prêtant parfois à sourire, mais l’intertexte est déblayé, dirigé aussi vers bien d’autres classiques. L’influence jouée par les modèles du récit scottien, hugolien et vernien, l’affichage très voyant des consultations critiques et documentaires, la refonte des éléments psychologiques et sociaux définissant le personnel du roman ont permis de mettre en place une autre visée idéologique, les leçons à retenir étant laïques. Pour Bernard Guidot, dans MG1 et MG2, « Par ses qualités de cœur, par ses progrès spirituels, Guillaume, vieillard, s’est gagné un avenir radieux, une éternelle jeunesse »24, du côté littéraire l’effet actif de la fontaine de jouvence étant en quelque sorte vérifié par Guillaume au court-nez et son nouveau programme didactique de voies et de chemins à arpenter du côté de l’abbaye bénédictine et des rues parisiennes de la Tombe-Issoire et des Fossés-saint-Bernard.

Notes

1 Guillaume d’Orange ou la naissance du héros médiéval, Paris, Klincksieck, 2011 (Les grandes figures du moyen âge, 4), p. 226-227. Retour au texte

2 L. Gabriel-Robinet, Guillaume au court-Nez, illustrations de René Péron, Paris, éditions G.P., 1971 (coll. Super-1000) ; ce roman sera désormais désigné dans cette étude par l’abréviation G. Retour au texte

3 W. Cloetta, Les deux rédactions en vers du Moniage Guillaume, chansons de geste du xiie siècle publiées d’après tous les manuscrits connus, Paris, Firmin Didot « SATF », t. 1, textes, 1906 ; t. 2, introduction et glossaire, 1911. Annonce faite dans l’introduction de G., p. 14. Pour simplifier nos repères, nous nous appuyons en priorité sur l’édition Cloetta, qui a servi à L. G.-R. Retour au texte

4 Les prologues : MG1, v. 1-5 ; MG2, v. 11-30. Retour au texte

5 MG1, v. 446-450. Retour au texte

6 Guide de la chanson de geste et de sa postérité littéraire (xie-xve siècles), Paris, H. Champion, 2011 (coll. Moyen Âge - Outils et synthèses, 4), p. 139. Retour au texte

7 Le Moniage Guillaume, chanson de geste du xiie siècle, édition de la rédaction longue par Nelly Andrieux-Reix, Paris, Champion, « CFMA », 145), 2003, p. 12. Retour au texte

8 P. Chastang, « De saint Guilhem à Guillaume d’Orange », Entre histoire et épopée. Les Guillaume d’Orange (ixe-xiiie siècles), Toulouse, CNRS - Université de Toulouse-Le Mirail, coll. « Méridiennes », 2005, p. 209. Retour au texte

9 Avant de condenser le contenu des Moniage, le t. 2 de l’édition de W. Cloetta (p. 1-58) propose en quatre points un grand survol de la vie de Guillaume de Toulouse, du récit d’Ardon, des falsifications des moines d’Aniane et de Gellone et de ce qu’en retiennent le sixième livre de l’Historia ecclesiastica d’Orderic Vital, le quatrième livre du Codex de Saint-Jacques de Compostelle et l’Historia miraculorum beati Willelmi. Plus récentes, les études de P. Chastang ont bien analysé tous les phénomènes de va-et-vient et d’influences entre les poèmes épiques et les documents en latin (cf. « Entre histoire et reconstruction des origines : les actes anciens (ixe siècle) des cartulaires de Gellone », Saint-Guilhem-le-désert dans l’Europe du haut Moyen Âge, p. 65-74). Retour au texte

10 Vita Benedicti abbatis Anianensis et Indensis auctore Ardone, Mon. Germ. Hist., SS., t. XV. Retour au texte

11 F. Suard, « Héros et actions héroïques », La Chanson de geste e il ciclo di Guglielmo d’Orange, Atti del convegno di Bologna, 7-9 ottobre 1996, a cura de Andrea Fassò, Medioevo Romanzo, vol. XXI, fasc. II-III, 1997. Retour au texte

12 Cf. A. Moisan, « Guillaume et Rainouard sous l’habit monacal », Burlesque et dérision dans les épopées de l’occident médiéval, B. Guidot (éd.), Besançon, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1995 (coll. Annales littéraires, 558, série Littéraires, 3), p. 93-110. Retour au texte

13 M. Aurell, « conclusions », Entre histoire et épopée…, op. cit., p. 274. Retour au texte

14 N. Andrieux-Reix, « De l’honneur du monde à la gloire du ciel : Guillaume ermite au désert », Mélanges… Ph. Ménard, op. cit., t. I, p. 37. Retour au texte

15 M. Delbouille et M. Tyssens, « Du Moniage Gautier au Moniage Guillaume », Les Chansons de geste du cycle de Guillaume d’Orange, t. III, p. 85-141 montrent la vivacité de la chaîne narrative qui alimente les transformations et renvoient, entre autres, vers le récit du moine de Saint-Gall, identifié à Notker le Bègue (ixe siècle), vers la Fecunda Ratis, d’Egbert de Liège (circa 1020), vers la Chronique de la Novalèse (1025-1050), en problématisant les voies de circulation de ces récits d’origine cléricale. Retour au texte

16 F. Lot, « Notes sur le Moniage Guillaume. II L’épisode des ronces », Romania, 26, 1897, p. 494. Retour au texte

17 Les analyses dont L. G.-R se sert se trouvent dans le t. II de Cloetta, p. 59-91. Les textes se trouvent dans le t. I, première rédaction, p. 1-39 ; seconde rédaction, p. 41-369. Retour au texte

18 J. Frappier, Les Chansons de geste du cycle de Guillaume d’Orange, t. II, Paris, SEDES, 1967 (seconde édit.), p. 276-278. Retour au texte

19 G., p. 112. Le Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle et des phénomènes de la nature de F.-E. Guérin-Méneville, 1835, confirme p. 499 l’exactitude générale de ce discours informatif. Retour au texte

20 Cf. L. Moreri, Cl. P. Goujet, E. F. Drouet, Le Grand Dictionnaire historique ou le mélange curieux de l’histoire sacrée, 20e édition, 1759, t. V, p. 123, ou une autre édition. Cet appui n’est pas signalé par L. G.-R. Retour au texte

21 Une vie de journaliste, Paris, Grasset, 1970, p. 21. Retour au texte

22 Les paissons fichiées de la p. 175 ; « caisses, caques, sommiers remplis de nourriture dans une resserre », p. 175 ; les v. 6161-6164 de l’édition Cloetta, traduits p. 202, avec au moins trois défauts : mauvaise interprétation de a tout et de vaut ; manque d’équivalence actualisée pour ne tant ne quant. Retour au texte

23 A. Corbellari, op. cit., p. 226. Retour au texte

24 B. Guidot, « Vieillesse, fontaine de jouvence. L’âge d’or du héros épique d’après le Moniage Guillaume », Vieillesse et vieillissement au Moyen Âge, Aix-en-Provence, CUERMA, 1987 (Senefiance n°19), p. 126. Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Caroline Cazanave, « Guillaume et les voies didactiques de ses Moniages », Bien Dire et Bien Aprandre, 29 | 2014, 103-117.

Référence électronique

Caroline Cazanave, « Guillaume et les voies didactiques de ses Moniages », Bien Dire et Bien Aprandre [En ligne], 29 | 2014, mis en ligne le 01 mars 2022, consulté le 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/825

Auteur

Caroline Cazanave

Université de Franche-Comté, ELLIAD, EA3187

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