Introduction
Souterraines ou à l’air libre, les carrières jouèrent des rôles très variés dans les conflits armés. Le plus évident est celui d’abri. Retranchements et refuges plus ou moins élaborés, mais aussi dépôts d’armes, cantonnements ou infirmeries… Parfois des batailles s’y déroulent aussi et le refuge se mue en cimetière. Telles les carrières souterraines de gypse de Montmartre où, en juin 1848, les fédérés poursuivis par Cavaignac furent massacrés. Plus proche de nous et portant un nom évoquant aussi Paris, la carrière Montparnasse, avec quelques autres, basculeront dans l’enfer du Chemin des Dames en avril 1917. Les exemples ne manquent pas (Sbrava, 2011) et, dans la région qui nous concerne, cette diversité est, en particulier, démontrée dans Bergerat et al., 2018 (in Nicot, Fig. 142-143, p. 163 ; Gély, Fig. 150 -153, p. 172-174 ; Montagne, Fig. b, p. 181 ; Harmand et al., Fig. 197, p. 221 ; Obert, Fig. 215, p. 237 ; Devos et Taborelli, Fig. 327, 329, 330, 331, p. 385-389 ; Gely, Fig. b, c, d, p. 392-393). Avec la protection de la roche, l’espace souterrain assure une certaine sécurité autant qu’il dissimule les activités défensives ou offensives. Régionalement, il s’agit principalement de la craie plus ou moins résistante (Bergerat et al., 2018) ou du calcaire lutétien (Devos & Taborelli, 2018).
Figure 1
Le site de Blairville dans le sud du saillant d’Arras entre 1914 et 1918. Schéma des étapes significatives, d’après la carte de la fig. 121, p. 141 in Bergerat et al., 2018, Opération Alberich, German retirements (Somme, January-March 1917) Wikipédia, consulté le 05/04/2021, le croquis du secteur de Rivière, p. 269 in Eggenspieler, 1932.
The site of Blairville in the southern part of the Arras salient between 1914 and 1918. Sketch of the significant steps, after the map of the fig.121, p.141 in Bergerat et al., 2018, Opération Alberich, German retirements (Somme, January-March 1917) Wikipédia, consulted the 05/04/2021, the sketch of the Rivière sector, p. 269 in Eggenspieler, 1932.
Abris et retranchements dans les roches meubles semblent plus rares (voir Leroy & Leroy, p. 390-391 ; Duchaussois, fig. 133, p. 153, en reprenant la même source). Aussi, le cas de la sablière de Blairville, ouverte dans les sable et argile du « Landénien continental » (« Sparnacien »), peut-il prendre valeur d’exemple.
Au sud-ouest d’Arras, le site de Blairville est une colline boisée et allongée, orientée NE-SO, dont le point haut était autrefois signalé par le Moulin de Ficheux (1750), repère détruit dès octobre 1914. Le retour sud du saillant d’Arras, entre les champs de bataille de l’Artois et de la Somme (Fig. 1) repose sur ce point stratégique. Les lignes françaises et alliées se fixent à hauteur du Bois des Martinets, une faible ondulation de terrain qui est loin d’avoir les qualités stratégiques du Bois de Blairville (Fig. 2). Au moins dès octobre 1914, les Allemands sont établis dans le bois et dans la sablière qui s’ouvre au SSO vers Blairville. Dans l’espace protégé de l’excavation, une douzaine de mètres plus bas, l’occupant développe un cantonnement et des infrastructures en partie souterraines. A notre connaissance, il n’y en a plus de trace aujourd’hui, aussi les documents produits ici en révèlent-ils des aspects inconnus. Ce secteur du front garde une remarquable stabilité de 1914 à 1917 bien qu’il souffrît très durement, en particulier de l’offensive emboitée Artois-Champagne du 25 septembre 1915 (2e bataille d’Arras, Bergerat et al., 2018). Dès leur arrivée, les envahisseurs, dont on soupçonne une bonne connaissance anticipée du terrain, mettent à profit les caractéristiques géologiques de la sablière qui, conjuguées avec ce qui a pu être interprété comme des erreurs tactiques ou stratégiques (Eggenspieler, 1932 ; Laurentin, 1956), contribueront à l’immobilité des lignes. Aussi le rôle de la sablière dans la fixité du retour sud du saillant d’Arras n’est-il pas sans poser de questions. La sablière est abandonnée et les infrastructures allemandes concomitamment détruites pendant le repli de l’Opération Alberich entre les 17 et 20 mars 1917 (Fig. 1).
Figure 2
Carte et photo aérienne du front à hauteur du Bois de Blairville en septembre 1915. A, carte des lignes alliées et allemandes, s’appuyant respectivement sur le Bois des Martinets en haut à gauche et sur le Bois de Blairville dont on voit la sablière, au centre. B, photo aérienne du site datée du 13 septembre, visualisant l’état des tranchées de part et d’autre. Le nord est orienté à environ 45° vers l’angle en haut et à gauche de la figure. C, château ; S : sentier ; T1, T2 : tranchée reliées à la sablière. Source : site « Mémoire des Hommes », JMO du 268e RI, 26 N 733/2, pages du 25 septembre 1915.
Map and aerial view of the front near the Bois de Blairville in September 1915. A, map of the Allied and German positions, respectively supported on the Bois des Martinets, left upper high, and on the Bois de Blairville in the centre of which the sand pit is visible. B, aerial photograph of the site dated 13 September, showing the conditions of the trenches on both sides. The North is oriented at about 45° towards the left high angle of the picture. C, castle; S : pathway; T1, T2 : trenches linked to the sand pit. Source : site « Mémoire des Hommes », JMO du 268èmeRI, 26 N 733/2, 25 September 1915 pages.
Les faciès sparnaciens de la sablière du Bois de Blairville
L’exploitation des sédiments paléogènes de Blairville est ancienne. Le sable a été extrait jusque dans les années 1960, et l’argile qui terminait la séquence, utilisée autrefois pour la fabrication de carreaux, semble avoir été entièrement excavée. Actuellement, l’ancienne carrière est une décharge de classe 3 (SAS Gilles Delambre et Compagnie).
Sable et argile du « Landénien continental » (facies sparnacien, Paléocène terminal-Eocène basal) occupent un chenal incisé dans la craie blanche. Le site est individualisé sur les cartes géologiques au 1/80 000 et 1/50 000 (Potier, 1878, Gosselet, 1909, Delattre, 1968). La coupe décrite par Dehay en 1928 et 1936 (Fig. 3A) a encore été observée par Feugueur en 1963. La succession stratigraphique se lit aussi sur la figure 3B, une photographie de la sablière prise par Combier1 entre 1910 et 1914. On y reconnait assez aisément les subdivisions relevées par Dehay et en particulier, superposées aux sables, les couches argileuses (Fig. 3A, couches c à e) qui ont livré ambre, empreintes de plantes et quelques éléments de faune, un gastéropode, des écailles et un fragment de mâchoire de Lepidosteus (Dehay, 1928). En 1901, Leriche publie une nouvelle espèce d’Unio récoltée à la base de l’argile, qui en signe le caractère dulçaquicole. En outre, le paléoenvironnement fluviatile est souligné par la stratification entrecroisée des sables qu’il était encore possible d’observer, il y a peu, dans la partie est du bois (Fig. 3C).
Très tôt, la séquence de Blairville a été mise en parallèle avec le Sparnacien du bassin de Paris (Briquet, 1906) ce que précisent les travaux en cours sur l’intervalle Paléocène-Eocène régional. Ainsi les rattache-t-on maintenant, aux dépôts transgressifs qui envahirent les chenaux fluviatiles creusés lors de la chute majeure du niveau marin de la fin du Thanétien (Fig. 4, Briquet, 1906, Dupuis & Gruas-Cavagnetto, 1985, Dupuis et al., 1998, Dupuis et al., 2011 ; Gulinck, 1965, 1973 ; Leriche, 1901, 1919, 1933, 1945, 1947 ; Schuler et al., 1992 ; Smith & Smith, 1996, Smith et al. ; 2014 ; Steurbaut et al., 2003). Le développement du réseau hydrographique auquel appartient le chenal de Blairville, participe de l’emprise de biotopes continentaux et lagunaires sur les atterrissements méridionaux du bassin de la Mer du Nord à l’Yprésien inférieur (Fig. 4). Un recensement succinct des chenaux connus est porté sur cette carte paléogéographique schématique qui distingue les régions hautes restées en environnement terrestre des zones plus basses envahies par la transgression laguno-marine sparnacienne. Les bas niveaux marins relatifs de l’intervalle sparnacien coïncident avec les phénomènes bio-climatiques du PETM, marqueur global de la base de l’Yprésien (Dupuis et al., 1998 ; annexe 1). La séquence de Blairville est parmi les rares occurrences encore accessibles montrant cette coupure majeure du Paléogène dans le Nord de la France.
Figure 3
La sablière de Blairville. A, coupe de la sablière reprise de Dehay, 1936, Annales de la Société Géologique du Nord, t. LXI, p. 236, légende : a=craie sénonienne ravinée, b=sable landénien fluviatile à stratifications entrecroisées (épaisseur : 8 mètres), c=croûte de grès ferrugineux au contact du sable et de l’argile, d1=base ferrugineuse de l’argile plastique (1m environ), d2=argile noire schisteuse, ligniteuse au sommet 2m, e= alternance de couches de sables et de lits d’argile plastique gris-bleutée ; B, Vue de la sablière avant la guerre entre 1910 et 1915, CPA Combier Macon (Tous droits réservés). Au dernier plan vers le NO, les camions indiquent la base du sable, à l’avant plan à droite, affleurent 3 à 4 mètres d’argiles sparnaciennes ployées en fond de bateau par le soutirage karstique. C, Profil de quelque 3,5 m de haut, orienté sensiblement NS observé en 2020 dans la partie NE du bois. La structure du sable à stratifications entrecroisées suggère une sédimentation instable avec une forte hétérométrie de la charge. L’alternance sable-argile résulte de crues brutales suivies de périodes de décantation d’une eau très turbide. Le prisme à droite du cliché s’interprète comme une barre de méandre recouverte en onlap par l’aggradation de la séquence postérieure à gauche. Les teintes brunes à rousses et les bandes d’illuviation marquent les effets de l’altération quaternaire. Les festons verticaux sont des artéfacts dus aux coups de pelle. (cliché C. Dupuis).
The Blairville sand pit. A, section of the sand pit from Dehay, 1936, Annales de la Société Géologique du Nord, t. LXI, p. 236, legend : a= eroded Senonian chalk, b= Landenian fluviatile cross bedded sand (thickness : 8 meters), c= ferruginous sandstone crust at the sand-clay junction, d1= ferruginous base of the plastic clay (about 1 m), d2= shaly black clay, with lignite on top 2 m, e= alternation of sand beds and blue-grey plastic clay layers; B, view of the sand pit before the war between 1910 and 1915, Ancient Postcard from Combier, Macon (All rights reserved). Northwestwards, on the background, the trucks suggest the lower part of the sand, on the right, crop out 3 or 4 meters of Sparnacian clay slightly warped because of a karstic subsidence. C, an approximately NS trending ~3,5 m high profile, observed in 2020 in the NE part of the wood. The cross bedded structure of the sand suggests an instable sedimentation with a strongly heterometric load. The sand-clay alternation is the result of sudden floods followed by decantation intervals of highly turbid waters. The prism on the right of the picture may be interpreted as a point bar onlapped by the aggradation of the successive sequence on the left. Brown and reddish colors and illuvial bands evidence the effects of the Quaternary weathering. The vertical festoons are artifacts produced by the mechanical shovel.(photo C. Dupuis).
La sablière de Blairville dans le front
Les sources d’information
Trois principales sources d’information illustrent le contexte et la place de la sablière dans le cours de la Grande Guerre. La première est militaire. Il s’agit essentiellement des « Journaux des Marches et Opérations » (JMO) accessibles sur le site web « Mémoire des Hommes » du Ministère des Armées. La deuxième est littéraire et fait appel aux témoignages des livres du colonel Eggenspieler (1932) et du lieutenant Laurentin (1956), témoins et acteurs, en particulier de la bataille Artois-Champagne du 25 septembre 1915 à Blairville et Ficheux. La troisième, photographique, réunit une sélection de sept cartes postales anciennes (CPA), françaises et allemandes, images du site disparu, avant et pendant les combats (collection CD).
Les « Journaux des Marches et Opérations »
Les « Journaux des Marches et Opérations » (JMO) consignent la description des attaques et des mouvements des alliés (ainsi que le décompte nominatif des morts et des blessés). En l’occurrence, les JMO du 268e RI (26 N 733/2), relatent les combats qui se sont déroulés dans le secteur Blairville-Ficheux au cours de l’offensive Artois-Champagne. En proviennent, la carte des lignes française et allemande qui tissaient le front entre le Bois de Blairville et le Bois des Martinets (Fig. 2A) ainsi que la photo aérienne du champ de bataille prise le 13 septembre 1915, vingt-trois jours avant (Fig. 2B). Ces documents sont complémentaires. La carte, quelque peu antérieure à la photographie, restitue précisément le plan des tranchées et les contours et détails du bois et de la sablière. De la photo aérienne dont la date de prise de vue est très proche de celle de l’attaque, ressortent nettement les traces des travaux préparatoires des tranchées évoqués ci-après. Les nouveaux boyaux sont bien visibles. De nombreux détails de l’installation allemande sont aussi perceptibles aux abords de la sablière, comme le sentier qu’emprunte la voie ferrée étroite connectée à l’un des souterrains du retranchement (« tunnel Basse-Saxe », § III-3), ou les deux tranchées reliant directement les zones de combat au retranchement dans la sablière (Fig. 2B, T1 et T2).
Colonel Eggenspieler et lieutenant Laurentin, témoins et acteurs
Dans les mouvements incessants des armées, le hasard a fait que les deux officiers se trouvèrent engagés dans l’opération Artois-Champagne du 25 septembre 1915 avec leurs régiments respectifs. Du champ de bataille, leurs livres rapportent, avec le quotidien du front en arrière-plan, leurs perceptions des conditions du terrain, de la troupe et des options stratégiques. Les quelques mots écrits sur les cartes postales allemandes, traduits en annexe 2, apportent une idée du point de vue réciproque du fond de la sablière.
Le colonel Eggenspieler (1932), proche du haut commandement, est chargé de superviser des préparatifs alors très secrets (p. 258). Sa relation est plutôt technique. Au cours d’une inspection, son attention se porte à la nature du sol qu’il juge favorable, « pierreux (calcaire), les tranchées et boyaux… très sains,… ni eau, ni boue » (p. 261). Il est nettement plus réservé au sujet de la préparation des nouvelles tranchées d’attaque dont il stigmatise les erreurs de mise en œuvre en même temps qu’il exprime son scepticisme au sujet de la préparation d’artillerie (p. 267). La position stratégique avantageuse de l’ennemi ne lui échappe pas « il y avait en face de nous, dans les lignes allemandes, le Bois de Blairville et dans ce Bois il y avait une grande carrière dans laquelle les Allemands pouvaient dissimuler et mettre à l’abri tout ce qu’ils voulaient et notamment leurs Minenverfer » (p. 266) (« lance-mines », sortes de mortiers très redoutés, effectuant des tirs courbes de tranchée à tranchée). Ces réserves s’avèreront justifiées. Confrontée à l’extrême violence de la réplique allemande, l’opération de diversion est rapidement déclarée manquée et abandonnée. Eggenspieler n’aura pas à intervenir en soutien avec son bataillon et se mettra immédiatement en marche vers son objectif suivant (p. 272).
Quant au lieutenant Laurentin (1956), il va se trouver terriblement engagé avec son régiment dans cette vaine attaque. Dès son arrivée dans le secteur le 1er septembre 1915, il avait perçu la situation particulière qui régnait sur cette portion du front depuis dix mois. Après la 1re bataille d’Arras d’octobre 1914 qui concerna Blairville et Ficheux pendant plusieurs jours (relatée par Heinrich, auteur des lignes de la CPA de la figure 5B, à lire dans l’annexe 2), une sorte de trêve tacite semblait s’être établie (p. 127). Les travaux préparatoires de l’opération qu’il dirige vont y mettre fin. Très présent sur le terrain, il constate l’excellente préparation des tranchées ennemies (p. 141). Celle-ci est évidente sur la photo aérienne de la figure 2B où la largeur des parapets de craie des tranchées allemandes atteste de l’important approfondissement corrélatif des boyaux. Les tranchées d’attaque françaises contrastent fortement par leur étroitesse et la faiblesse des extensions très peu visibles sur la figure 2B. Réalisant aussi l’importance stratégique de la sablière du Bois de Blairville, Laurentin est interloqué par le fait qu’elle semble ignorée par la préparation d’artillerie (p. 137). Architecte de métier, il a une approche plus sensible, ouverte sur les aspects (in)humains du front. En artiste, il en donne un remarquable témoignage graphique par ses croquis saisis sur le « vif ». Exemple percutant, le 20e croquis de ses carnets qui brosse le champ de bataille à l’issue de l’attaque désastreuse, jonché des cadavres de « ses » hommes, le Bois de Blairville en toile de fond (près de 300 morts d’après Laurentin, 1956, p. 138)2.
La robustesse de l’implantation allemande dans la sablière ressort des appréciations professionnelles d’Eggenspieler et de Laurentin. Le retranchement allemand dans la sablière nourri une inquiétude que les images directes des figures 6 et 7 confirment et documentent.
Figure 4
Le chenal de Blairville dans le contexte paléogéographique de l’Eocène inférieur des bassins de Paris, Dieppe, Londres et belge. Autres occurrences de chenaux initiaux des faciès sparnaciens connus, localités significatives et principales structures héritées actives pendant le Paléogène, axes de l’Artois, du Bray et du Brabant (Bibliographie dans le texte). La gouttière Hoegarden-Leval cerne les nombreux sites à faciès sparnacien fluviatile où l’influence marine est très faible à nulle (dinoflagellés sporadiques) et dépourvus de la faune malacologique laguno-marine présente dans les Sables et Argiles à Ostracodes et Mollusques (SAOM), les Argiles et Lignites du Soissonnais et les Fausses Glaises (C. Dupuis).
The channel of Blairville in the paleogeographic context of the lower Eocene of the Paris, Dieppe, London et Belgian basins.Otherknown initial Sparnacian channel occurrences, significant localities and main inherited structures active during the Paleogene, Artois, Bray and Brabant axes (Bibliography in text). The Hoegarden-Leval gutter encompasses the numerous occurrences of Sparnacian fluviatile facies in which the marine influence is very weak or inexistent (dinocysts sporadic) and devoid of the laguno-marine malacological fauna known in the Sables et Argiles à Ostracodes et Mollusques (SAOM), the Argiles et Lignites du Soissonnais and the Fausses Glaises (C. Dupuis).
Les photographies des cartes postales anciennes (CPA) françaises et allemandes
Les recherches destinées à illustrer la géologie du site de Blairville ont amené la trouvaille de cartes postales d’époque illustrant, d’une part, le contexte de la sablière avant le conflit, telles les photographies des figures 3B et 5, et d’autre part, l’occupation et l’aménagement de celle-ci par les Allemands (Fig. 6-7). Le site web de Wailly (Wailly au fil du temps…) affiche quelques CPA allemandes de cette occupation qui ont été consultées.
Le tableau 1 fondé sur ces éléments propose un historique schématique du site en replaçant quelques phases de son évolution et quelques aspects de l’occupation de la sablière par rapport aux étapes principales du conflit. Le tableau 2, en annexe 3, documente la datation des CPA, interprétée en distinguant l’origine des clichés, leur impressions et rééditions de leurs devenirs épistolaires et postaux consécutifs. La transcription et la traduction de la correspondance (non illustrées) des CPA des figures 5B, 6B et 7B, font l’objet de l’annexe 2.
Tableau 1
Etapes du conflit | Secteur Blairville-Ficheux | Illustration |
avant 1914 | post 1910 | sablière de Blairville Fig. 3B et 5B |
1914 déclaration de guerre le 3 août | ||
Bataille d’Arras 4-6 octobre 1914 | les Allemands investissent | entrée de la sablière CPA écrite le 10 octobre 1914 par un occupant sur le front depuis le 1er octobre, Fig. 5B |
stabilisation novembre 1914 -avril 1915 | et aménagent la sablière | CPA non datée, non écrite, Fig. 6A début du creusement des tunnels |
1915 | château de la sablière, vue du site, Fig. 5A | |
offensive Artois-Champagne du 25 septembre 1915 | offensive du Bois de Blairville et prise du moulin de Ficheux, attaque repoussée et abandonnée | carte du Bois de Blairville, Fig. 2A photo aérienne 13 septembre 1915, Fig.2B |
tunnels, déblais sable et de craie, CPA écrite, Fig. 6B | ||
1916 | photo de groupe devant le tunnel Basse-Saxe, CPA datée du 28 juin 1916 au recto, Fig. 7A | |
1917 opération Alberich mars 1917 | abandon de la sablière et destruction du retranchement | CPA double, écrite, datée 6 mai 1917 au verso, Fig. 7B, expédiée après le repli |
1918 Armistice le 11 novembre |
Chronologie et illustration de l’occupation de la sablière de Blairville.
Le site avant le conflit
Les figures 3B, 5A, 5B et le tableau 1, restituent le paysage de la sablière avant l’invasion. Sur la figure 3B (cf. § II), l’exploitation photographiée en vue légèrement plongeante, met en scène une dizaine d’ouvriers principalement dans l’angle nord de la sablière, à la fois le plus profond et le plus abrité, là où les Allemands creuseront leurs souterrains. La figure 5B montre le même secteur du front d’exploitation vu vers le nord-est depuis l’entrée de la sablière entre une construction de bois à gauche et l’angle du mur de brique d’une dépendance du « château » à droite dans les arbres. En plus de livrer une image du site, elle a la particularité d’avoir été écrite le 10 octobre 1914, par un des occupants qui l’aura acquise sur place peu après son arrivée (il est au combat dès le 1er octobre ; voir son message en annexe 2, correspondance de la CPA de la figure 5B). Le même cliché a été réimprimé quasi identiquement après 19153, munie cette fois d’un visa militaire (Paris, visé 719). Dans cette réédition, en plus de quelques retouches au paysage, le titre est mis au goût du jour : « Blairville, Pas-de-Calais – la sablière profonde d’une vingtaine de mètres (sic) qui a servi d’abri aux boches »4. Pas plus que la vue de la figure 5B, elle ne restitue l’état des lieux à la fin de la guerre, lequel devait être plus proche de celui de la figure 7B haut, mais un aspect bien antérieur à 1914.
Il en est de même pour la photo de la figure 5A qui révèle la vastitude du site disponible au moment de l’invasion. À gauche, le chemin mène au front d’exploitation qui se devine derrière les arbres en arrière-plan de part et d’autre du « château » qui sera occupé par les allemands et détruit par l’artillerie. La carte est une réédition (tableau 2, annexe 3) et son titre « - Guerre 1914-1916 - La maison de la sablière dont les allemands se sont fait un refuge contre nos obus » rappelle, si besoin était, que l’occupation est en cours au moment de la réédition qui se situerait entre 1915 et 1916. L’absence de dégât de tir d’artillerie sur la construction, pas plus que d’arbres déchiquetés ou cassés tels qu’ils apparaissent en plein conflit sur la photo datée du 27/12/1915 (Fig. 6B), confirme bien qu’il s’agit d’un cliché plus ancien. A contrario, sur une photo allemande datée du 11/01/1915, consultée sur le site web de Wailly (Wailly au fil du temps…), officiers et soldats allemands posent devant le château dont la façade est déjà endommagée. Aussi, le cliché de la Fig. 5A est-il nettement antérieur au conflit et sa prise de vue possiblement contemporaine de celle de la figure 5B. En effet, sur cette dernière, on distingue au bout du chemin qui longe la prairie, à l’entrée de la sablière, la même construction de bois noire sur la gauche à hauteur du château (Fig. 5A-B, flèche). Les deux photos, prises sans doute à peu de temps d’intervalle, restituent un aperçu du site très antérieur à son occupation.
La sablière de Blairville occupée
Pour résumer, les Allemands prennent rapidement possession de la sablière probablement déjà repérée de longue date. Ils y disposent d’un vaste espace aisément accessible par le chemin qui rejoint le village. Dès 1914, le château et ses dépendances sont occupés et dans la sablière, le retranchement, abris et souterrains, est en cours d’installation, sinon déjà en fonction.
Figure 5
La sablière avant le conflit. A, vue vers le NE du château qui sera occupée par les Allemands, réimpression avant 1916 d’une prise de vue très antérieure (tableau 2). B, aperçu de la sablière vers le NE, entre l’aile gauche du château et la maison de bois pointée sur la figure 5A. (Tous droits réservés).
The sand pit before the war. A, towards the NE view of the castle that will be occupied by the Germans, ante 1916 reprint of a very earlier shooting (tableau 2). B, northeastwards glimpse of the sand pit, between the left aisle of the castle and the wooden house pointed on the figure 5A. (All rights reserved).
Les figures 6A, 6B, 7A, 7B réunissent des éléments permettant de reconstituer, au moins partiellement, ces infrastructures et suscitant quelques hypothèses quant à leurs fonctions possibles. Ces aménagements sont groupés dans l’angle nord de la sablière, bénéficiant à proximité du front, du camouflage du bois et de la protection de l’encaissement maximal. Au moins deux souterrains et un abri y ont été établis. Le plus large des souterrains, le « Niedersachsen-Tunnel » (Fig. 7A, tunnel Basse-Saxe) est creusé de niveau avec la voie ferrée étroite qui longe le chemin de Blairville (Fig. 7A-B). Un deuxième souterrain, plus petit, jouxte le bas de l’escalier qui conduit au bois (Fig. 6B et 7A). L’édicule à toit bulbeux, ressemblant à un kiosque (Fig. 6B), ne semble pas correspondre à un creusement horizontal comparable aux autres. Une vue consultée sur le site web de Wailly (Wailly au fil du temps…) montrerait plutôt à cet emplacement le départ d’un puits dans le plat du terrassement où sont aussi disposés le petit tunnel et le départ de l’escalier vers le bois. Cette terrasse est prolongée par une estrade en bois qui rejoint le niveau du tunnel Basse-Saxe par l’intermédiaire de quelques marches (Fig. 6C et 7A). L’abri ainsi formé s’ouvre entre les talus de déblais sous l’estrade au plancher épais et renforcé de sacs de sable (Fig. 6B et 6C). Son entrée, partiellement cachée par une toile de camouflage, communique peut-être avec un espace ménagé sous la terrasse et possiblement avec le kiosque par un puits ? Le tunnel Basse-Saxe abritait sans doute des pièces d’artillerie, tels les « Minenverfer », qui par la voie ferrée, pouvaient parvenir rapidement dans le bois en passant par l’aiguillage situé un peu plus loin vers Blairville (S sur la Fig. 2, Fig. 7B haut, et ci-après). Le petit tunnel qui est opportunément placé au pied de l’escalier menant au bois abritait peut-être un casernement (Fig. 6B et 7A) ?
Une vue d’ensemble assez représentative de ces infrastructures et un aperçu des autres installations réparties le long du chemin de Blairville apparaissent sur la figure 7B. Le cliché du haut ouvre à droite, derrière l’arbre du premier plan, sur le terreplein surélevé qui porte les décombres du château (noté C sur la Fig. 2, intact sur la Fig. 5A). La figure 7B haut, montre à gauche l’aiguillage qui dérive la voie principale vers la branche menant au bois, connectant ainsi le tunnel Basse-Saxe avec la zone des combats (S sur les figures 2A-B). Sur le cliché du bas, en arrière-plan, entre les déblais clairs et le talus sombre passablement éboulé, on reconnait le kiosque et le tunnel Basse-Saxe ainsi qu’entre deux, le petit souterrain au pied de l’escalier rejoignant le bois en diagonale. A gauche, deux baraquements s’adossent au versant à hauteur du départ d’une tranchée (T1 sur la Fig. 2B). La baraque en retrait paraît en constituer l’accès. Outre cette fonction possible, l’usage de ces structures reste incertain, arsenal, cantonnement ? Au-delà des baraquements et vers l’angle de la sablière, se trouvent des structures très dégradées et mal visibles qu’on ne repère que sur ce cliché. Elles comprennent des contreforts et une sorte de portique dont les deux montants dépassant du talus pouvaient marquer l’entrée d’un autre souterrain ? On ne dispose pas d’autre vue de cette infrastructure.
Figure 6
Le creusement des souterrains dans les talus de la sablière. A, vue de l’angle NO de la sablière au début du creusement des souterrains. A droite, le futur tunnel Basse-Saxe est le seul visible. Un abri couvert de sacs de sable est ébauché entre les deux talus de déblais. Au-dessus, à droite, le versant est en cours de terrassement. B, progrès des aménagements du même secteur de la carrière vers 1915 (tableau 2). Le plus grand développement des déblais donne une idée de l’ampleur des creusements. Ils sont constitués de blocs de craie, ce qui indique que le fonçage des souterrains a atteint l’encaissant crayeux du chenal. C, agrandissement de la partie centrale de B montrant (1) l’entrée du tunnel Basse-Saxe, (2) l’encadrement de l’entrée du petit souterrain et (3) le « kiosque ». Les deux derniers édicules sont disposés sur la terrasse surélevée qui surmonte l’abri entre les deux déblais et d’où partent l’escalier et les cheminements vers le bois, suggérant la présence d’un cantonnement à ce niveau. (Tous droits réservés).
The subterranean workings in the slopes of the sand pit. A, view of the NW angle of the quarry at thebeginningof the tunnel digging. On the right, the Basse-Saxe tunnel is the only visible.A shelter covered with bags of sand is in course of building between the two slopes of dumps. Above, on the right, the slope of quarry is being floored. B, progress of the installations of the same sector of the quarry around 1915 (table 2). The larger extension of the dumps gives an idea of the magnitude of the diggings. They appear composed of chalk debris indicating that the sinking of the underground excavations have reached the channel wall. C, close up of the middle part of B showing (1) the entry of the Basse-Saxe tunnel, (2) the doorway of the small tunnel and (3) the « kiosk ». The last two small edifices are lying on the elevated terrace that overlies the shelter between the two dump slopes and from which depart the stairs and the pathways up to the wood, both suggesting that quarterings existed at that level (All rights reserved).
Les figures 6A, B et C illustrent le début de ces aménagements, dont la figure double 7B procure une perspective plus large, mais dans un état nettement dégradé, proche du repli. La figure 6A n’est pas datée, elle correspond à une étape manifestement très initiale des travaux souterrains qui ont pu commencer dès octobre 1914, peut-être après les premiers combats à Blairville et Ficheux (4-6 octobre 1914) comme l’indiquerait l’état des arbres déjà partiellement cassés et clairsemés. Le creusement du tunnel Basse-Saxe est en cours dans le versant nord-ouest de la sablière. On remarque que le boisage à angle droit qui en marque l’entrée est semblable à celui de la galerie de la figure 107, p. 132 in Bergerat et al. (2018). Devant, un soldat déverse sur le talus le contenu meuble, sableux, de sa brouette. A droite, le terrassement qui prolongera l’estrade du kiosque est en cours dans l’épaisseur du sable du versant. A gauche, un baraquement occupe l’emplacement de la maison de bois noire de la figure 5B. Des pièces de bois équarris, poutres ou madriers, jonchent le sol de la carrière, prêtes à être utilisées. Le champs de vision plus étroit la figure 6B est centré sur les constructions de l’angle nord de la sablière que détaille la figure 6C. Le talus de déblais, considérablement allongé par rapport à celui du cliché de la figure 6A, traduit l’important avancement des travaux souterrains. D’ailleurs, il est composé de blocs de craie qui indiquent que le fonçage de l’un ou l’autre souterrain aura recoupé l’encaissant crayeux du chenal. La CPA de la figure 6B-C a été oblitérée peu après l’offensive du 25 septembre, mais la prise de vue est sans doute antérieure et il est vraisemblable que les tunnels étaient prêts avant. Peut-être leur creusement a-t-il bénéficié du calme relatif du front de la fin de l’année 1915 évoqué par Laurentin (1956, p. 127 et § III-1b) ? Ou bien même en est-il la cause ? Sur la figure 7B, la CPA écrite le 6 mai 1917 et oblitérée le lendemain, comprend deux vues du retranchement prises avant sa destruction. La photo du haut, et dans une moindre mesure celle du bas, montre le chemin d’accès dont les bas-côtés sont blancs. Il est très probable qu’il ne s’agisse pas de craie, mais plutôt de neige et que les clichés auront été pris au cours de l’hiver 1916-1917 avant le retrait Alberich (Tableau 1). Ainsi peut-on dans une certaine mesure, restituer l’aspect du site de Blairville avant l’invasion et reconstituer quelques structures du retranchement allemand dans la sablière depuis son installation jusqu’à son état peu avant sa destruction au cours du repli Alberich, entre les 17 et 20 mars 1917 (Fig. 1).
Figure 7
Aspects du retranchement allemand. A, vue rapprochée de l’entrée du tunnel Basse-Saxe, de la terrasse de l’escalier et des marches taillés dans le sable. Le petit souterrain est à peine visible à gauche au bas de l’escalier. On note la voie de chemin de fer étroite qui sort du tunnel. B, deux vues des retranchements le long du chemin de Blairville. Cliché du haut, entrée de la sablière à hauteur de l’aiguillage qui dérive la voie venant du tunnel Basse-Saxe vers le bois par le sentier S des figures 2A et 2B. A l’arrière-plan derrière l’arbre, le terreplein avec les ruines du château. Cliché du bas, vue des installations délabrées et partiellement enfouies dans les effondrements des talus. On reconnait néanmoins le kiosque et le tunnel Basse-Saxe. Départ de la tranchée T1 (Fig. 2B) à l’arrière des baraquements à gauche. Voir commentaires dans le texte. (Tous droits réservés).
Aspects of the German entrenchment. A, closer view of the entry of the Basse-Saxe tunnel, of the terrace, the stairs and the steps carved in the sand. On the left, the small tunnel is barely visible at the bottom of the stairs. Note the narrow railway track coming out the tunnel. B, two views of the entrenchment along the way to Blairville. Upper picture, sand pit entrance around the switch that derived the railway track coming from the Basse-Saxe tunnel to the wood by the trail S of the figures 2A et 2B. On the background, behind the tree, the embankment with the castle ruins. Lower picture, view of the decayed installations partially buried below the collapse of the slopes. The ‘kiosk’ and the Basse-Saxe tunnel are nevertheless recognizable. Starting point of the T1 trench (Fig. 2B) behind the barracks on the left.Comments in the text. (All rights reserved).
Conclusion
Au sud d’Arras, la modeste colline du Bois de Blairville est une sorte d’inversion de relief posée sur un chenal fluviatile d’âge paléocène terminal-éocène basal. Le comblement de ce chenal inaugure la transgression yprésienne avec un cortège fluviatile sparnacien qui signe la base de l’Eocène (PETM) dans le Paléogène du Nord de la France. L’exploitation des sables et argiles de la sablière qui s’est poursuivie jusqu’au siècle dernier, a laissé un vaste espace dont le remblaiement est en cours aujourd’hui par une décharge de type 3.
Le site stratégique, associant le camouflage naturel du bois sur un point haut avec la protection du sous-sol de la sablière en contrebas, est investi par les troupes allemandes dès le début de l’invasion. Profitant du volume considérable de l’exploitation et de la longueur des anciens fronts d’exploitation, les occupants creusent tunnels et abris et installent un puissant retranchement pour soutenir leurs lignes. Quelques éléments de ces infrastructures peuvent être reconstitués et documentés. Tunnels et/ou souterrains, abris, cantonnements, sont concentrés au fond de la sablière au bout du chemin de Blairville. Celui-ci est parcouru par une voie ferrée étroite facilitant autant les approvisionnements divers par le village, que les transferts rapides des pièces d’artillerie tels les minenverfer, depuis le tunnel Basse-Saxe jusqu’aux zones de combat.
L’ampleur des installations et la solidité du retranchement, fondamentalement conditionnées par la géologie de la sablière fondent la stabilité du retour sud du saillant d’Arras. De toute évidence, les choix tactiques des belligérants ont aussi pesé sur cette stabilisation. Ou bien, dès l’invasion, la maitrise totale du site de Blairville faisait partie intégrante des plans de l’envahisseur, ou bien la concrétisation du retranchement et sa mise à l’épreuve effective ont suscité l’option de le conserver coûte que coûte. Les violentes répliques défensives, comme la réaction à l’offensive de diversion du 25 septembre 1915, et l’absence de véritable contre-attaque susceptible de conduire à un déplacement des lignes, accrédite une telle détermination. En outre, de part et d’autre, tabler sur la stabilité de cette partie du front, permettait de diriger les efforts sur des champs de bataille stratégiquement plus complexes et en tout cas plus disputés. En ce qui concerne les alliés, peut-être est-ce une des raisons de l’abandon très rapide de l’attaque du 25 septembre 1915 à Blairville ? Quoiqu’il en soit, la solidité avérée du retranchement rendait le statuquo aussi bien incontournable de fait que tactiquement acceptable. En définitive, la détermination allemande se manifestera jusqu’au bout, puisque ce n’est qu’au prix d’un changement majeur de stratégie que la sablière de Blairville, sera dégagée en mars 1917 avec l’effacement du saillant d’Arras.
Remerciements. — François Delporte (francois.delporte@skynet.be), traducteur (et musicien), s’est chargé de traduire « l’altdeutsche Schrift » des cartes postales allemandes (Annexe 3), aimablement déchiffrées par Norbert Riedl avec le sympathique concours de son fils Alexander. Je les remercie vivement d’avoir ainsi permis de poser une touche sensible sur une approche au recul peut-être un peu cynique. L’auteur remercie les relecteurs.