In memoriam : Daniel Vachard (1947-2024)

DOI : 10.54563/asgn.2482

p. 7-8

Text

Notre collègue et ami Daniel Vachard nous a quittés cette année, et avec lui c’est un grand chercheur qui disparait. Chargé de Recherches de 1re classe au CNRS, il a terminé sa carrière au sein de l’Unité Mixte de Recherches 8217 CNRS – Université Lille 1 « Géosystèmes ».

Il est né le 6 mai 1947 à Nanterre (Hauts de Seine), il a soutenu sa thèse de 3e cycle en 1974 à la Faculté des Sciences de Paris sur le thème : « Contribution à l'étude stratigraphique et micropaléontologique (algues et foraminifères) du Dévonien-Carbonifère inférieur de la partie orientale du versant méridional de la Montagne Noire (Hérault, France) ». Sa thèse de Doctorat d’Etat soutenue à Dijon en 1980 a été publiée la même année dans les Documents et Travaux de l’IGAL et portait sur « Téthys et Gondwana au Paléozoïque supérieur - Les données afghanes-biostratigraphie, micro-paléontologie, paléogéographie ». Ses sujets d’études, très diversifiés, étaient : micropaléontologie ; Paléozoïque supérieur ; foraminifères ; fusulines ; algues et microproblématiques calcaires ; microfaciès ; paléobiogéographie ; paléoécologie ; taphonomie ; paléoenvironnements. Cette capacité à gérer des thèmes qui peuvent sembler de premier abord disparates m’avait toujours étonné. Très réputé dans le monde de la paléontologie, il travaillait régulièrement aussi avec les archéologues soucieux d’identifier l’origine de roches calcaires utilisées par l’Homme. Il avait une connaissance encyclopédique des objets de ses recherches, et une mémoire très pointue de détails lus au cours de ses incroyables lectures. Passionné par son travail, qui ne l’a pas vu le vendredi soir partir avec une valise pleine de tirés à part et d’ouvrages destinés à lui permettre de rédiger un article durant le week-end ! Car c’est un auteur dont la liste des publications a dépassé les 600 références ! Il a ainsi à son actif une très riche et impressionnante production scientifique, avec plus de 602 publications à ce jour dans des revues nationales et internationales, dont de nombreux travaux monographiques très conséquents et faisant référence.

Il a participé à 44 Congrès internationaux et nationaux sur les thématiques telles que le Carbonifère-Permien, les algues, les foraminifères paléozoïques, les carbonates et les bioconstructions.

Ses travaux lui ont valu de recevoir trois distinctions honorifiques : le Prix Deflandre de l’Académie des Sciences de Paris (1996), le Prix Léonard Danel de l’Académie des Sciences, de l’Agriculture et des Arts de Lille (1999) et le Prix Léon de Lamothe de la Société Géologique de France (2015).

C’était aussi un homme de terrain, car durant sa carrière il a eu l’opportunité de se rendre pour des missions scientifiques dans 27 pays depuis 1968, certains ayant fait l’objet de plus d’une dizaine de missions. Il a été le responsable français de projets internationaux ECOS/ANUIES de 2000 à 2004, 2006-2010, et en 2014.

Très soucieux de transmettre ses compétences et connaissances, il a été 8 fois directeur de thèse et participé à 40 jurys de thèse et d’HDR. Il est par ailleurs très souvent sollicité par des collègues français et étrangers en tant qu’expert pour identifier des échantillons de roches contenant des fossiles de foraminifères ou diagnostiquer des espèces fossiles de ce grand groupe.

Enfin, fait très rare pour un chargé de recherches, il a obtenu malgré la limite d’âge, son maintien en fonction par décision exceptionnelle du CNRS pour une durée de deux ans de 2012 à 2014 afin de lui permettre d’achever ses recherches et ses encadrements d’étudiants, avec le projet de recherche sur les Foraminifères pour formaliser la crise Frasno-Famennienne et son fonctionnement.

 

Daniel a été durant 3 ans le secrétaire de la SGN de 1990 à 1992.

Outre la personnalité scientifique, c’était un érudit dans de nombreux domaines culturels. J’ai le souvenir de discussions sur les films d’horreur des années 60/70, dont il était grand connaisseur. C’était aussi un fan d’opéra et d’opérette, là où je le suivais moins…

En fait, que ce soit au cours de sa vie professionnelle ou personnelle, c’était un homme de caractère, refusant les compromissions, ce qui ne plaisait pas à tout le monde.

Daniel sur le terrain au Sonora (Mexique), avec Sébastien Clausen et Léa Dewaere (photo : L. Dewaere).

Daniel sur le terrain au Sonora (Mexique), avec Sébastien Clausen et Léa Dewaere (photo : L. Dewaere).

Illustrations

References

Bibliographical reference

Patrick Auguste, « In memoriam : Daniel Vachard (1947-2024) », Annales de la Société Géologique du Nord, 31 | -1, 7-8.

Electronic reference

Patrick Auguste, « In memoriam : Daniel Vachard (1947-2024) », Annales de la Société Géologique du Nord [Online], 31 | 2024, Online since 02 décembre 2024, connection on 06 décembre 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/annales-sgn/2482

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Patrick Auguste

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