Méduse, reine des métamorphoses : les avatars médiévaux d’une légende antique

  • Medusa, Queen of Metamorphoses: Medieval Adaptations of an Ancient Greek Myth

DOI : 10.54563/bdba.1966

p. 209-226

Résumés

Dans les représentations de la Gorgone qui se multiplient à partir du xvie siècle, elle apparaît déshumanisée, amputée de son corps dont ne reste que la tête à la chevelure ophidienne et aux yeux grands ouverts symbolisant son pouvoir de pétrification. Or, une autre tradition remontant à Hésiode et adoptée par Ovide la peint comme une mortelle et construit un récit autour de sa figure. Alors que la critique a déjà consacré de nombreuses études à la Gorgone, ses avatars médiévaux restent encore largement méconnus. Dans l’article que nous proposons, il s’agit d’explorer quelques réécritures de la légende de Méduse aux derniers siècles du Moyen Âge et d’étudier comment les auteurs de langue française appréhendent l’altérité du personnage.

The depictions of Gorgon that became more and more common since the sixteenth century often show her as a dehumanised object, an ophidian creature without a body, but with unnaturally large eyes symbolising her power to petrify. However, another tradition going back to Hesiod and adopted by Ovid presents her as a mortal and creates a narrative account of her life. While the myth of Medusa has already been extensively studied, its medieval adaptations are still largely unknown. The present article aims to examine the reception of the myth in France in the last two centuries of the Middle Ages, in order to see how the authors reflect on and interpret the hybrid nature of their protagonist.

Extrait

Lorsque Carl von Linné choisit de donner, en 1735, le nom de Méduse aux animaux aquatiques dont les tentacules lui rappellent les cheveux de la célèbre héroïne antique – « une dénomination heureuse et poétique que l’Europe s’empresse d’adopter » –, il codifie ce qui est devenu un élément déterminant dans la perception de Méduse aux temps modernes : sa bestialité. Si les représentations de la Gorgone se multiplient dès le xvie siècle, elle apparaît déshumanisée, amputée de son corps dont ne reste que la tête à la chevelure ophidienne et aux yeux grands ouverts symbolisant son pouvoir de pétrification. L’image n’est pas neuve : dès sa première apparition dans l’Iliade d’Homère, la Gorgone, « l’effroyable monstre, terrible, affreuse », est réduite à l’emblème sur le bouclier de Minerve. On retrouve la même image vingt-deux siècles plus tard chez Jean Lemaire de Belges : dans les Illustrations de Gaule et singularitez de Troye, l’égide de Pallas porte toujours l’horrible teste Gorgone p...

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Référence papier

Elena Koroleva, « Méduse, reine des métamorphoses : les avatars médiévaux d’une légende antique », Bien Dire et Bien Aprandre, 38 | 2023, 209-226.

Référence électronique

Elena Koroleva, « Méduse, reine des métamorphoses : les avatars médiévaux d’une légende antique », Bien Dire et Bien Aprandre [En ligne], 38 | 2023, mis en ligne le 08 décembre 2024, consulté le 09 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/1966

Auteur

Elena Koroleva

Université Littoral Côte d’Opale, UR 4030 HLLI

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