Collectionner l’art des « fous » en Europe : la naissance de l’art asilaire au XIXe siècle.

DOI : 10.54563/mosaique.133

Résumés

Qu’entend-on par « l’art des fous » ? C’est au XIXe siècle que naissent au cœur des asiles des créations étonnantes et fabuleuses. Oscillant entre l’histoire de l’art et la psychiatrie, ces productions singulières peuplent aujourd’hui les vitrines de musées et de galeries à travers le monde. Partons à la rencontre de ce que l’on appelle aussi « l’art asilaire » et ses principaux acteurs en France et dans le reste de l’Europe.

What does « insane art » mean ? In the XIXth century astonishing and fabulous works made by mad people appeared in the asylums. Today, those unusual productions between art history and psychiatry are exhibited in museums and galleries all over the world. It is now time to discover how the, so called, « insane art » emerged in Europe and how the physicians took part in that adventure.

Index

Mots-clés

folie, création, art, asile, collection, psychiatrie

Keywords

insanity, creation, art, asylum, collection, psychiatry

Plan

Texte

Que faut-il entendre par l’appellation « art asilaire » ? Ce terme, souvent apparenté à l’Art Brut, regroupe en réalité des créations de patients (dessins, peintures, sculptures, broderies, …) collectées par des médecins et conservées au sein des asiles. Par « asile », il faut comprendre le lieu où, au début du XIXe siècle, on soignait les personnes atteintes de troubles de la psyché. D’abord sauvegardées dans le but de participer à un classement nosologique, ces productions éveillent chez certains aliénistes un intérêt esthétique qui permettra à ces productions d’accéder au rang de création artistique. C’est donc avec ces collections que naît véritablement, au début du XIXe siècle, le terme d’art asilaire. L’Art Brut n’est inventé par Jean Dubuffet (1901-1985, peintre et sculpteur français) qu’après la seconde guerre mondiale, en 1945.

Le vocable art asilaire implique de prendre en considération un contexte aussi bien médical qu’esthétique et social. Il voit en effet le jour uniquement au sein des asiles, contrairement aux créations d’Art Brut qui peuvent se donner à voir dans d’autres lieux. Pensés par Jean-Etienne Esquirol (1772-1840, aliéniste considéré comme un des Pères de la psychiatrie française), les asiles sont mis en place sur le territoire français au début du XIXe siècle. Dans son article intitulé « Des établissements des aliénés en France et des moyens d’améliorer le sort de ces infortunés » (Esquirol, 1819), l’aliéniste présente au ministre de l’Intérieur, en 1819, un nouveau moyen de traiter les malades mentaux, jusqu’alors pris en charge au sein d’hospices, de maisons de force ou de dépôts de mendicité.

Au-delà de cette condition, de situation, l’art asilaire ne peut être compris sans une étude approfondie du contexte médical du XIXe siècle. Ce sont toutes les avancées ayant participé à la naissance de la psychiatrie, comme par exemple la création des asiles prévoyant un meilleur traitement des insensés, qui ouvriront la voie à une plus grande compréhension des maladies psychiques. Ce bouleversement au sein de la politique de prise en charge des aliénés, institué par la loi de 1838 dite « Lois des aliénés », rendra possible, de diverses manières, l’émergence d’aptitudes créatrices au sein même des lieux de « claustration ». Bien que très controversée, cette loi1 offre un cadre législatif qui permet aux malades d’intégrer des structures adaptées quant au traitement des troubles qui les affectent.

Nous aurons donc compris que l’occurrence de dispositions créatrices chez le patient n’est rendue possible que grâce à l’évolution de l’étude des maladies mentales, allant de pair avec une reconsidération plus humaine du sujet. Le traitement moral de la folie, instauré au XVIIIe siècle par Philippe Pinel (1745-1826, aliéniste français connu comme étant le Père de la psychiatrie en France) ainsi que d’autres praticiens, fait rupture avec la politique dite du « Grand renfermement »2, élaborée au XVIe siècle, et à la suite de laquelle on enfermait dans un même lieu, mendiants, fous, pauvres et criminels.

Figure 1

Figure 1

Charles-Louis Müller, Pinel fait enlever les fers aux aliénés de Bicêtre, huile sur toile, 1848, hall de réception. © Ecole nationale de médecine, Paris.

C’est au sein de son Traité médico-philosophique de l’aliénation mentale ou de la manie, édité en 1800, que Pinel évoque pour la première fois le traitement moral3. Selon le mythe mis en image par le peintre Charles-Louis Müller, il serait le premier médecin à avoir libéré les insensés en 1793 à l’hôpital de Bicêtre à Paris. En réalité, ce genre d’événement a déjà eu lieu dans d’autres endroits en Europe comme en Angleterre avec William Tuke4 ou en Italie avec Vincenzo Chiarugi5. Bien que l’Histoire évoque de façon récurrente l’œuvre de Pinel, le nom de Jean-Baptiste Pussin, surveillant en chef des fous à Bicêtre est également à retenir. Ce dernier participa activement à ce geste glorieux de la libération des insensés. Cette libération, ainsi que l’application du traitement moral de la folie dont Philippe Pinel est le théoricien, rendra possible le développement de productions plastiques au sein des asiles. Ces étapes, qui fondent l’histoire de la psychiatrie, nous permettent de souligner l’importance de la constitution de cette discipline dans la genèse des collections asilaires.

Au regard de notre étude, il est intéressant d’évoquer rapidement quelques-uns de ces médecins-collectionneurs en Europe, afin d’appréhender l’importance du collectionnisme dans le paysage asilaire du XIXe siècle.

 

Nous ne savons pas exactement à quand remonte la première mention de constitution d’une telle collection sur le sol européen. Il semblerait toutefois, que l’artiste anglais William Hogarth (1697-1764, peintre et graveur), nous offre le premier témoignage d’un fou dessinant, preuve d’une activité plastique au sein des maisons de santé.

Figure 2

Figure 2

William Hogarth, In the Madhouse,gravure, 1735. © Metropolitan Museum, New-York.

La scène, qui se déroule probablement à l’hôpital de Bedlam6 à Londres, présente des fous dans diverses situations. Dans l’une d’entre elles, on distingue à l’arrière-plan un malade en train de graver un dessin sur le mur. L’œuvre intitulée In the Madhouse est la huitième planche d’une série de gravures réalisées entre 1735 et 1763 représentant la déchéance psychique de Tom Rakewell (Mc Gregor, 1992 : 11). C’est donc dès la fin du XVIIIe siècle que l’intérêt pour des productions de malades semble se constituer. Afin de mieux appréhender l’ampleur de ce phénomène, nous allons découvrir quelques collections d’art asilaire, dont l’une des plus anciennes est celle du Dr Browne en Ecosse.

Le Dr Browne, un pionnier

L’œuvre accomplie par le Dr William Alexander Francis Browne7 à la Crichton Royal Institution de Dumfries en Ecosse atteste du développement d’un intérêt pour ces productions singulières. La collection, ainsi que la gamme de soins et d’activités proposées aux patients, font de ce lieu une place de choix au sein de l’art asilaire. C’est dès 1838, un an après l’ouverture de l’institution, qu’il commence à collecter des productions de ses patients. Véritable pionnier du traitement des malades mentaux, il publie dès 1880 un article intitulé « Mad Artists » au sein de la revue The Journal of Psychological Medicine and Mental Pathology. Cet écrit nous révèle que le praticien a collecté un nombre important de productions de ses patients, qu’il a compilées au sein de trois recueils d’œuvres. Il décrit le type de méthode utilisé pour ces productions : crayon, encre, craie ou encore aquarelle.

On y découvre aussi que l’idée principale qu’il défend est celle d’un encouragement constant à la création. Comme le rapporte Maureen Park8, selon le Dr Browne « les arts tels que la musique, la littérature et le théâtre doivent être encouragés chez les malades mentaux » (Park, 2015 : 37). Bien que les trois volumes de Browne aient aujourd’hui disparus, un recueil s’intitulant « Art in Madness » est retrouvé par une archiviste en 1983.

Figure 3

Figure 3

Joseph Askew, Figure stylisée, crayon et aquarelle sur papier, vers 1865.
© Dumfries and Galloway Archives

Le témoignage est d’autant plus incroyable qu’il fait figure de premier exemple de création d’une collection de ce type en Europe alors qu’au même moment, dans les années 1880, certains de ses homologues ne prêtent pas attention à l’aspect esthétique des productions de leurs patients. Il faudra attendre les années 1890 pour voir se développer de nouvelles collections de ce type, à l’image de celle du Dr Auguste Marie, médecin-chef de l’asile de Villejuif, qui crée un « musée de la folie » en 1905. Un article de l’aliéniste dans le journal Je sais tout (Marie, 1905 : 355), rend compte de l’ouverture d’un lieu regroupant des travaux de patients dont il s’est occupé. L’idée de créer au sein même d’un hôpital un petit musée lui a probablement été inspirée par son homologue écossais, dont il avait visité l’institution en 1892 lors d’un voyage d’étude (Audinet et al., 2017 : 156).

« Le petit musée de la folie » du Dr Auguste Marie à l’hôpital de Villejuif

Figure 4

Figure 4

Auguste Marie, « Le musée d’asile ». (Marie, 1910 : 42)

Tout comme son confrère écossais, Marie prône l’application d’un traitement moral de la folie : « […] un des meilleurs moyens d’adoucir une captivité souvent indispensable, est d’encourager les malades dans leurs dispositions naturelles » (Marie, 1905 : 355). Selon un témoignage écrit datant de 1905, il semblerait que le médecin ait commencé sa collection vers 1887 : « […] Depuis dix-huit années que je suis attaché au service médical des asiles, j’ai pu réunir une collection personnelle de documents intéressants à ce point de vue » (Marie, 1905 : 355).

Les œuvres de ce « petit musée de la folie » (Marie, 1905 : 355) sont disposées au sein d’une même salle d’exposition. A l’image d’un cabinet de curiosités, les créations sont présentées sous vitrine, encadrées ou simplement accrochées à même le mur. L’unique témoignage photographique de ce lieu inédit illustre un article du médecin, publié en janvier 1910 au sein du Bulletin de la Société clinique de médecine mentale (Marie, 1910). Le Dr Auguste Marie est l’un des premiers médecins-collectionneurs français. Sa collection compte des figures majeures de l’art asilaire comme Emile Josome Hodinos9et le Voyageur français10. Une grande majorité de sa collection a été donnée à la Collection de l’Art Brut où, selon la conservatrice Astrid Berglund, on ne dénombre pas moins de 869 dessins dont 39 auteurs ont été identifiés et 10 demeurent inconnus.

La collection Pailhas : « un vœu en faveur de la création »

Toutefois, la collection du Dr Marie ne constitue pas l’unique témoignage d’une collection d’art asilaire en France. Un autre médecin albigeois, Benjamin Pailhas (1862-1943), médecin-chef de la fondation du Bon-Sauveur d’Albi et l’un des pionniers de l’art asilaire en France, émet lui aussi le souhait de créer un musée où seraient présentées les créations de ses patients. La collection Pailhas s’est probablement constituée à partir de 1890. Elle se compose principalement de petites sculptures (391) ainsi que d’innombrables cahiers de dessins, dessins et broderies. Cet ensemble constitue sans doute l’un des rares exemples de collection d’art asilaire encore conservé dans un hôpital aujourd’hui. C’est à la fin des années 1950 que des Sœurs de la fondation ont découvert la collection. Sans leur intervention, les œuvres auraient été dispersées ou seraient tombées dans l’oubli.

Figure 5

Figure 5

Jean Loubressanses, amulette, corde, bois, pierre, raphia, vers 1900, Collection du Dr Pailhas, Fondation du Bon-Sauveur, Albi, © Lou Haegelin

L’ensemble a été collecté par le praticien dans le but de fonder un petit musée de la folie, à l’image de ce qu’avait réalisé son confrère le Dr Auguste Marie à l’hôpital de Villejuif en 1905. Malheureusement, ce musée ne verra pas le jour de son vivant et il faudra attendre 2008 pour voir se réaliser son « vœu en faveur de la création » (Pailhas, 1908). Le musée Pailhas est installé dans l’ancienne résidence épiscopale de l’archevêque d’Albi datant du XVIIe siècle. La singularité de cette collection consiste en ce qu’elle ne concerne pas des artistes à proprement parler, mais des productions de personnes ayant développé des maladies psychiques. En effet, ces créateurs/patients sont des autodidactes qui ne se revendiquent pas artistes, bien qu’ils aient été reconnus comme tels à un moment donné et leurs réalisations sont généralement qualifiées de spontanées. De ce fait cette collection est hybride, entre deux disciplines, histoire de l’art et psychiatrie.

A l’image de la collection du Dr Marie, Benjamin Pailhas s’attache à valoriser le talent créatif de ses patients. L’aliéniste fait partie de ces médecins qui militent en faveur de la création artistique comme traitement moral de la folie. En quête d’une nouvelle thérapeutique, il met à disposition de ses patients toutes sortes de matériaux, encourageant l’action créatrice de ces derniers. Avec son collaborateur le Dr Auguste Marie, ils font partie de ce groupe d’aliénistes qui, riches des enseignements de pionniers comme Philippe Pinel ou Francis Browne, ont su se démarquer en valorisant la singularité de leurs patients. Bien que s’inscrivant dans un continuum, la collection Pailhas est remarquable en raison du lien ténu qu’elle entretient avec la création. Constitué par un médecin, cet ensemble possède un caractère inédit et singulier lié à son origine indiscutablement médicale tout en appartenant de fait à la sphère artistique. Ainsi, cette réunion de productions revêt un caractère atypique.

Figure 6

Figure 6

Anonyme, cahier de collage et de poésie, encre, vers 1920, Collection du Dr Pailhas. © Fondation du Bon-Sauveur, Albi.

Illustration de l’art asilaire qui tend à s’affirmer dans le courant du XXe siècle, la collection Pailhas nous permet d’observer l’augmentation de l’intérêt du docteur pour les productions de ses patients et leur constitution en ensembles dès le XIXe siècle.

La naissance d’un mythe : le patient-créateur

Encore assez discret au XIXe siècle, ce phénomène de reconnaissance d’un art asilaire va prendre de plus en plus d’ampleur durant le XXe siècle, grâce notamment à l’action de médecins-collectionneurs comme le Dr Hans Prinzhorn (1886-1933, psychiatre et historien d’art allemand) dont l’ouvrage Expressions de la folie (Prinzhorn, 1984), publié en 1922, influencera fortement la scène artistique. Cet ouvrage, qui offre une vue d’ensemble de « l’art des aliénés », reste encore aujourd’hui une référence en la matière. Ce type d’étude, jusqu’alors inédite, fascine un grand nombre d’artistes expressionnistes et surréalistes qui ne manqueront d’ailleurs pas de s’en inspirer pour la création de leurs propres œuvres. Notons également que, contrairement aux premiers écrits d’aliénistes à propos de ces productions marginales, Hans Prinzhorn affirme pleinement la prégnance esthétique de ces créations et nie un quelconque rapport diagnostique.

Les médecins-collectionneurs du XIXe siècle ont assuré de par leurs actions la mise en place d’un nouveau « genre esthétique » : l’art asilaire. Au début du XXe siècle l’intérêt a gagné d’autres praticiens, curieux de percer les processus de ces créations esthétiques oscillant entre génie et folie. Convaincus de leurs richesses expressives, et par-delà la seule valeur clinique, des psychiatres vont dès le début du XXe siècle s’intéresser de plus près à ces auteurs marginaux.

Figure 7

Figure 7

Fernand d’Alquier en Cyrano, photographie noir et blanc, vers 1910, Collection du Dr Pailhas. © Fondation du Bon-Sauveur, Albi.

La publication en 1907 De l’art chez les fous par Marcel Réjà, aliéniste à l’hôpital de Villejuif et également connu sous le nom de Paul Meunier11, semble confirmer cette tendance. Dès 1901, Réjà affirme son intérêt pour diverses formes d’expressions telles que l’art primitif, les productions asilaires, les dessins d’enfant, ou encore les dessins médiumniques. Souvent éclipsé par l’écrit de Hans Prinzhorn, l’ouvrage de Réjà n’en demeure pas moins essentiel dans la considération de ces ensembles. À l’image de celle de son homologue allemand, l’œuvre de Réjà participe à la reconnaissance artistique de ces « curiosités ». Au début du XXe siècle, des membres de l’avant-garde trouvent en la folie un moyen de renouer avec l’essence de la création. Pour André Breton, chef de file du Surréalisme, la folie est le signe d’une authenticité de la création artistique : « Par un bouleversement effet didactique, la claustration, le renoncement à tous profits comme à toutes vanités, […] sont ici les garants de l’authenticité totale qui fait défaut partout ailleurs et dont nous sommes à ce jour plus altérés » (Breton, 1999 : 887). Comme le démontrera Jean Dubuffet, inventeur de l’Art Brut en 1945, la découverte de ces objets a permis un renouvellement dans le processus de création et a développé un veritable attrait de la folie. Des expositions consacrées aux productions de malades de l’esprit seront d’ailleurs organisées à Paris sous l’impulsion notamment du Dr Marie au profit de l’Œuvre du patronage des aliénés guéris. Le premier opus de 1927 connait un tel succès qu’une seconde exposition est organisée à la galerie Max Bine en 1929.

Figure 8

Figure 8

Agence Meurisse, Œuvre de fou, galerie Vavin, Paris, 1927. © Gallica.

Plus que des objets, certaines productions exposées sont hissées au rang d’œuvre d’art, comme en témoignent ces lignes de Roger Dardenne : « Les peintres d’asiles ont toutes les audaces. D’aucuns feraient figure aux manifestations d’avant-garde. Il en est qui invente des pays de rêve où la flore et la faune se mêle étrangement. Ainsi on peut trouver ici certaines de ces expressions qui prétendent ailleurs être l’art de demain et même l’art tout court » (Dardenne, 1929 : 6).

 

Nous l’aurons compris, si la conservation de ces objets est aujourd’hui rendue possible, c’est bien grâce à l’action première de médecins et d’artistes dès le XIXe siècle. En marge des schèmes esthétiques traditionnels, cet art singulier continue de nous fasciner aujourd’hui tout autant qu’il nous bouleverse.

Bibliographie

AUDINET G. et al., 2017, La folie en tête : Aux racines de l’art brut, Paris : Paris musées.

BRETON A., 1999, « L'Art des fous, la clé des champs » [1948], La Clé des champs, Œuvres complètes, tome III, Paris : Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, p. 884-888.

BROWNE, W. A. F., 1880, « Mad Artist », The Journal of Psychological Medicine and Mental Pathology, p. 33-75.

DARDENNE R., « Les œuvres de malades de l’esprit », Le Figaro, 27 mai 1929.

DECIMO M., 2017, Des fous et des hommes, avant l’art brut, Marcel Réjà édition critique et augmentée de l’Art chez les fous, Le dessins, la prose, la poésie (1907), Dijon : Les Presses du réel.

ESQUIROL J.E, 1819, Des établissements des aliénés en France et des moyens d’améliorer le sort de ces infortunés, Toulouse : impr. De Rouget frères et Delahaut.

FOUCAULT M., 1976, Folie et déraison : histoire de la folie à l’âge classique [1972], Paris : Gallimard.

MARIE A., 1905, « Le musée de la Folie par le Dr Marie », Je sais tout, n°9, p.353-360.

--, 1910, « Les Musées d’asile », BSCMM, p. 38-42.

MCGREGOR J., 1992, The Discovery of the Art of the Insane, Princeton : Princeton University Press.

PAILHAS B., 1908, « Projet de création d’un musée réservé aux manifestations artistiques des aliénés », L'Encéphale : journal de psychiatrie, p. 426-427.

PARK M, 2010, Art in Madness: Dr W.A.F. Browne's Collection of Patient Art at Crichton Royal Institution, Dumfries : Dumfries & Galloway Health Board.

--, 2015, « L’art dans la folie, Dr W.A.F Browne et l’art des patients de la Crichton Royal Institution de Dumfries en Ecosse », in FAUPIN S. (dir.), L’autre de l’Art, art involontaire, art intentionnel en Europe 1850-1974, Villeneuve d’Ascq : Musée d'Art Moderne de Lille Métropole.

PINEL P., 1800, Traité médico-philosophique de l’aliénation mentale ou de la manie, Paris : Richard, Caille et Ravier.

PRINZHORN H.,1984, Expressions de la folie : dessins, peintures, sculptures d’asile [1922], Paris : Gallimard, tr. fr : A. Brousse et M. Weber.

REJA M., 1907, L’art chez les fous. Le dessin, la prose, la poésie, Paris : Mercure de France.

Notes

1 Dont l’article premier est décisif dans la manière de prendre en charge le traitement des aliénés. Dorénavant, chaque département devra être doté d’un établissement public spécialement destiné aux soins et à l’accueil des insensés. Retour au texte

Le texte de la loi est disponible en ligne à l’adresse suivante : https://psychiatrie.crpa.asso.fr/1838-06-30-leg-Loi-no-7443-sur-les-alienes-du-30-juin-1838-Recueil-Duvergier-page-490-o-Loi-Esquirol?lang=fr

2 L’Edit royal du 27 avril 1656 promulgue la mise en place de l’Hôpital Général. Sur le sujet, voir l’ouvrage classique de Michel Foucault (1976). Retour au texte

3 Le traitement moral est le nom d’une thérapeutique qui prône la bienveillance dans les soins prodigués aux malades. Retour au texte

4 William Tuke (1732-1822), Quaker philanthrope, a prôné l’application de méthode plus « humaines » dans le traitement des maladies mentales. Grâce à ses actions, un centre spécialisé dans le soin de la folie a ouvert en 1796, à York. A l’image de Pinel, il est un pionnier dans l’application d’une nouvelle méthode de traitement de la folie. Retour au texte

5 Vincenzo Chiarugi (1759-1820), médecin italien, promeut l’idée d’un traitement plus respectueux des insensés. Il souhaite la suppression des chaînes ainsi que la possibilité d’activités quotidiennes pour les malades. Son œuvre a permis de réformer le traitement de la folie au sein des « maisons de fous ». Retour au texte

6 Le Bedlam Hospital ou Bethlem Hospital est la première institution à traiter les malades mentaux en Grande Bretagne. A l’origine, en 1247, il s’agit du Prieuré de Sainte Marie de Bethlehem, lieu où l’on accueillait les pauvres et les malades. Puis, l’hôpital fut déménagé dans le quartier de Morefields à Londres en 1676. Retour au texte

7 William Alexander Francis Browne (1805-1885) est un aliéniste anglais partisan du traitement moral de la folie. Il fut l’un des premiers à s’intéresser aux productions de ses patients. Retour au texte

8 Maureen Park est Professeure en arts visuels à l’université de Glasgow. Sa thèse a porté sur la collection du Dr Browne (Park, 2010). Retour au texte

9 Josome Hodinos Emile (1853-1905), de son vrai nom, Ernest Ménétrier, suit une formation de graveur avant que sa vie ne bascule et qu’il soit interné à l’asile de Ville-Evrard jusqu’à la fin de sa vie. Retour au texte

10 « Le Voyageur français » (?), pas d’informations précises sur sa vie. On sait simplement qu’il était probablement décorateur. L’ouvrage récent de Marc Décimo nous indique que son nom serait « Laureys » (Decimo, 2017 : 245). Retour au texte

11 Paul Meunier (1873-1957), était médecin à l’hôpital de Villejuif. Il eut également une longue carrière littéraire, notamment en tant que critique d’art. Connu sous le pseudonyme de Marcel Réjà, il est l’un des premiers à publier une étude sur la question de l’art chez les insensés. Retour au texte

Illustrations

  • Figure 1

    Figure 1

    Charles-Louis Müller, Pinel fait enlever les fers aux aliénés de Bicêtre, huile sur toile, 1848, hall de réception. © Ecole nationale de médecine, Paris.

  • Figure 2

    Figure 2

    William Hogarth, In the Madhouse,gravure, 1735. © Metropolitan Museum, New-York.

  • Figure 3

    Figure 3

    Joseph Askew, Figure stylisée, crayon et aquarelle sur papier, vers 1865.
    © Dumfries and Galloway Archives

  • Figure 4

    Figure 4

    Auguste Marie, « Le musée d’asile ». (Marie, 1910 : 42)

  • Figure 5

    Figure 5

    Jean Loubressanses, amulette, corde, bois, pierre, raphia, vers 1900, Collection du Dr Pailhas, Fondation du Bon-Sauveur, Albi, © Lou Haegelin

  • Figure 6

    Figure 6

    Anonyme, cahier de collage et de poésie, encre, vers 1920, Collection du Dr Pailhas. © Fondation du Bon-Sauveur, Albi.

  • Figure 7

    Figure 7

    Fernand d’Alquier en Cyrano, photographie noir et blanc, vers 1910, Collection du Dr Pailhas. © Fondation du Bon-Sauveur, Albi.

  • Figure 8

    Figure 8

    Agence Meurisse, Œuvre de fou, galerie Vavin, Paris, 1927. © Gallica.

Citer cet article

Référence électronique

Lou Haegelin, « Collectionner l’art des « fous » en Europe : la naissance de l’art asilaire au XIXe siècle. », Mosaïque [En ligne], 15 | 2020, mis en ligne le 11 juin 2020, consulté le 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/mosaique/133

Auteur

Lou Haegelin

Lou Haegelin est doctorante en histoire de l’art à l’Université de Paris X-Nanterre (France) sous la direction de Marc Décimo. Son domaine de recherche est l’Art Brut. Elle s’intéresse tout particulièrement aux premières collections d’art asilaire et à l’émergence d’un réseau de médecins-collectionneurs à partir du XIXe siècle.

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