La révision des figures féminines dans la prose de Huon de Bordeaux

  • Revision of female characters in the prose of Huon de Bordeaux

DOI : 10.54563/bdba.196

p. 137-150

Abstracts

Cette étude analyse comment la mise en prose de Huon avantage la représentativité des personnages féminins. Les personnalités de premier ou de second rang sont maintenues alors que de nouvelles recrues se mettent à leur service de telle manière que l’éventail des âges et des appartenances sociales est plus largement déployé. Le rapport au corps féminin, au désir, aux comportements et aux parcours éducatifs est revu et corrigé par la réécriture. La morale chrétienne et féodale du xve réprouve avec plus d’autorité, mais moins d’humour et de fantaisie, toutes les formes de vilennyes que le cycle poétique développait. Le nouvel auteur prend certaines distances avec les fées d’antan, appréciées surtout en tant qu’objets littéraires et montre plus de respect envers la religion chrétienne. Il convient pour finir de poser la question des vues féministes qui ont pu être défendues.

This study analyzes how the prosification of Huon increases the representativeness of the female characters. First- and second-rate personalities all remain while new recruits are put at their disposition, with the range of ages and social affiliations being more widely distributed. Rewriting changes and corrects all kinds of relationship to the female body, desire, behaviour or educational trajectories. The Christian and feudal morality of the 15th century condemns with greater authority, but less humor and fantasy, all forms of vilennyes that the poetic cycle brought together. The new author distances himself from the fairies of the past, who are appreciated above all as literary objects, and shows more respect for the Christian religion. Finally, it is worth asking if feminist views have been defended.

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Text

Achevée le 29 janvier 1455 puis entrée dans la bibliothèque de Philippe le Bon, la prose de Huon de Bordeaux [Hp1] a pour support un ensemble complexe de chansons de geste. Dans le coup d’envoi Huon, puni, doit aller à Babylone et l’Orientale avec laquelle il revient et plusieurs autres figures féminines sont dignes d’intérêt. Après quoi la constitution du grand cycle (fin xiiie siècle) change la donne et, dans certains épisodes intermédiaires, fixe directement son attention sur des protagonistes du sexe faible. Dans un cas plus particulier, un miracle transforme en homme l’héroïne, changement de sexe qui permet à Yde de procréer un fils.

De l’avis de Georges Doutrepont, le Huon que la Bourgogne reformule au milieu du xve siècle est, « une des refontes qui se conforment le plus fidèlement au modèle2 ». L’intervenant anonyme qui a mis au goût du jour cette histoire révolue s’est solidement appuyé sur la source dont il disposait, mais les regards qu’il jette sur les personnages féminins sont encore plus chaleureux. Pour commencer, le roman permet d’enregistrer un double réflexe de sélection et de déformation. Le traitement corporel des héroïnes et la traduction du désir amoureux évoluent. Enfin, la vie de l’esprit, dans le soulignement de ses caractéristiques, permet de ne plus tout à fait superposer les modèles féminins récents avec leurs prototypes épiques. Influencée par la production littéraire de son époque, la parole de cet écrivain représentatif des courants de pensée circulant à la cour de Philippe de Valois, parvient-elle à signaler une bonne percée du féminisme ?

Renforcement des évocations sur une base de données écourtée

Sur les presque 32 000 vers du cycle long, plus d’un tiers n’a pas servi, ce qui n’empêche pas le socle retaillé d’avantager le taux de représentativité des personnages féminins. Délesté d’Auberon et Godin, le cadre neuf restreint sa sélection. Les grandes personnalités féminines du poème fondateur (HB) sont toutes là et leurs consœurs plus épisodiques (comme la mère des Bordelais, l’épouse de Garin, Sébille ou la fille d’Yvorin de Montbrant) sont affectées de rôles proches. Ce secteur bien ancré reste stable, l’onomastique lui apportant tantôt une précision (Aclis pour la duchesse de Bordeaux), tantôt une variante (Clairette remplace Clarissette), tantôt un changement motivé (dame Katherine3). Les évocations fugitives sont maintenues4 et, dans les références encore plus occasionnelles, les ajouts compensent les disparitions5. Les recrues qui remplissent des services pratiques auprès des héroïnes sont multipliées et dans le personnel féerique plusieurs innovations compensent largement l’absence de Marse et Sebile. La série des références célèbres s’élargit à Cleopatras, qui apporte le renfort de l’histoire antique à Eve et à Yseult, que le trouvère citait déjà6.

S’ajoutent à tous ces compléments particularisants des réflexes langagiers actifs impliquant le nom commun femme dans des binômes ou des trinômes (ne homme ne femme, etc). L’auteur du roman associe les veuves aux orphelins, les femmes aux vieillards qui ne peuvent pas combattre, de la même façon qu’il bâtit l’image émouvante des petytes femmelettes prêtes à vider leurs bourses quand elles rencontrent un pèlerin7. Le récit devient choral quand des groupes spontanés participent à l’action. Dames, bourgoyses, pucelles jaillissent aux fenêtres et aux portes des maisons pour voir passer Esclarmonde conduite au bûcher. Les Bordelaises hurlent leur douleur parce qu’elles ont perdu leurs maris, frères et fils. Inversement dames et demoiselles s’extasient à Montbrant sur la beauté de Huon et, à Terragonne, sur celle de Clairette. Un regroupement de dames et de damoyselles, bourgoyses et pucelles, qui moult melodieusement chantoyent, accueille en liesse le couple ducal qui récupère Bordeaux. La présence de femmes est mentionnée là où le poème ne la précisait pas (l’invitation à aller souper gratuitement chez Gondré s’ouvre maintenant à toutes les classes sociales, à tous les âges et à tous les sexes).

Rapport au corps féminin, au désir et aux comportements

Concernant le physique des héroïnes, les modifications touchent moins aux fondamentaux qu’à l’application, moins nourrie et mélangée, des stéréotypes rencontrés dans la source en vers. Soit l’arrêt sur image montrant Clairette :

Elle avoit la chair plus blanche que n’est la fleur ou pré, puis par dessus estoit coulouree comme la rose vermeille est en sa saison. Elle avoit les hanches bassettes et les mammelettes ung pou soullevees ; la gorge avoit moult polye et claire ; le menton avoit voltis et la bouche vermeille comme la rose ; les dentz de la bouche avoit blanches, petites et bien serrees, la face blanche et coulouree, entremellee de blanc et de vermeil. Elle avoyt les yeulx rians, la chiere moult amoureuse a regarder, si avoit le nez traictis, le front blanc et la grefve moult bien faicte, les cheveulx blons, ung pou recherselez au derriere des oreilles, qui estoyent moult gentes et serrees8.

Les continuations de HB décrivaient aussi bien Clarisse qu’Ydain9, en établissant entre les deux silhouettes un jeu de résonances et de formules qui disposait la future mère à ressembler par avance à sa progéniture, à un détail stratégique près touchant uniquement Clarisse, celui des mameletes f[aisa]nt ses dras soushaucier10. En effet, fin constructeur, le trouvère d’Yde et Olive dépourvoyait sciemment le second portrait du diptyque des attributs saillants qui auraient pu gêner la jeune fille amenée à fuir l’inceste : n’ot mamelete c’on aperchoive riens11. Pour révéler la splendeur juvénile de Claire, qui n’a pas dix ans, le prosateur démarque partiellement ses deux appuis et fait un montage. Les éléments marqués ici en gras empruntent à la vision de Clarisse et les mots soulignés à celle d’Ydain. Un cumul est pratiqué pour rassembler sur une seule personne les qualités esthétiques que possédaient la fille et la petite-fille de Huon (blondeur, fraîcheur et coloris du teint). Dans les décasyllabes, le lyrisme de présentations physiques presque identiques faisait passer le message de la ressemblance qui conduisait Florent à désirer Yde, l’inceste étant associé à la subtile et presque totale confusion établie entre les aperçus séparés mais se faisant écho. Le romancier manœuvre plus directement. Ayant demandé que lui soit trouvée pour épouse la pareille […] telle et aussi belle comme estoyt la sienne12, le roi dit à Claire : tant bien ressemblez vostre mere que advis m’est, quant je vous voy en la face, que devant moy la voye13. Cette affirmation suffit.

L’état physique de la duchesse intéressait surtout dans les vers quand la prison allemande le dégradait. Deux avertissements, l’un prononcé par un ange, l’autre par un sénéchal, esquissaient un triste bilan. Le prosateur creuse la dramatisation. En amont, son héros, encore à Acre, est visité par un songe qui lui permet d’apercevoir, conduite vers une montagne où le feu est déjà allumé, son épouse palle, mesgre, descoulouree, en pur le corset14 ; vision prémonitoire déstabilisante vérifiée à l’écoute des commentaires féminins quand Esclarmonde est conduite au bûcher à Mayence, le visaige palle et descoulouré […] meisgre et deffiguré, les cheveux noirs et traillez15. Le roman serre de près les lourds dégâts que cause l’enfermement sur cette fragile créature et s’emploie à les faire réparer sans perte de temps. Prolongeant cette démonstration orchestrée qui donne à voir un spectacle insoutenable et compose une sorte de contre-blason, le roi de Féerie s’emploie à faire stopper l’exécution du châtiment et à obliger l’empereur d’Allemagne à accorder plusieurs semaines d’affilée à la dame les soins indispensables. Les bains, l’étuve et les riches vêtements en juste rapport avec son état social soignent avec efficacité l’âme et le corps de la duchesse éprouvée.

La beauté féminine est un principe si fondamental que, de texte en texte, l’économie descriptive se fait de plus en plus naturelle. Un énoncé de HB rappelait que Tristan était mort per Belle Yseut amer16 et le prosateur le reprend à son compte : Tristan mourut pour la belle Yseult, s’amye, et elle pour luy17. Flanqué de l’article défini, l’adjectif belle porte maintenant sur plus de personnages, dont le caractère de séduction fait pratiquement partie du code de désignation courant. Raison pour laquelle la fille de Gaudisse, sans vouloir paraître prétentieuse, apostrophe Huon au fond de sa prison en se rappelant à son souvenir comme étant la belle Esclarmonde, la fille de l’admiral que au jourdhuy as par troys foys baysee18. Appliquée 57 fois à Esclarmonde, cette enveloppe nominale laudative est utilisée encore 35 fois pour Clairette et seulement à deux reprises pour Olive. Bien que la beauté d’Yde ne soit pas à contester, le même encodage ne sert pas pour la petite-fille du couple principal : ce marqueur de féminité n’a pas à être appliqué à celle qui se fait passer pour un garçon19.

Les hyperboles permettent aussi d’esquiver les portraits complets. Le temps de la narration est pressé : Si la grant beaulté et la bonté dont [Yde] estoit garnye vous voulloye dire et racompter, trop y pourroye mettre […]20. L’indicible passe par des raccourcis et un seul mot, comme la nompareille ou l’outrepasse peut exprimer beaucoup21.

Cependant le très large panel des développements physiques du désir amoureux contrebalance cette tendance à l’économie. Le roman est confronté à un éventail de situations de plus en plus invraisemblables. Trois exemples développés avec humour dans les poèmes montraient des femmes enflammées de désir pour un partenaire qui se dérobait à elles (Esclarmonde orchestre quatre jours de jeûne pour faire changer Huon d’avis22 ; la fille d’Yvorin perd aux échecs afin de passer la nuit avec le vainqueur… qui ne souhaite pas profiter des droits qu’il a acquis23 ; Olive relance Yde quinze jours après la nuit de noces pour que leur mariage soit enfin consommé24). Quant à l’irrépressible désir sexuel masculin, il est représenté dans le même support par encore plus de cas de figure. Huon passe aux actes sur le bateau sans qu’Esclarmonde soit consentante25. Raoul tremble devant la femme mariée qu’il convoite26. Les tentatives de viols se multiplient sur Clarisse. Florent veut commettre un inceste. Yde accomplit des exploits très virils en cachant sa nature féminine, mais le roi de Rome programme un bain qui mettra à nu son véritable sexe. Quantité d’épisodes violents se succèdent à vive allure, dans une sorte de crescendo poussant de plus en plus loin la provocation.

L’écrivain bourguignon ne supprime aucun de ces volets. Les personnalités du sexe faible continuent chez lui d’employer des moyens plus ou moins réguliers dans l’espoir d’être contentées par un héros faisant preuve à leur égard de trop de désintérêt et sont constamment sur la défensive quand de vrais dangers s’abattent sur elles. Mais le traitement réservé au rendu de telles péripéties évolue.

Ainsi, dans l’habile manœuvre pratiquée par Esclarmonde à Babylone, l’adjonction de détails insiste sur la décence de la présentation de la Sarrasine qui, avant de descendre dans la geôle, se vestyt de tous ces habillemens, accompagne son aveu d’amour à Huon d’une déclaration insistant sur ses intentions altruistes et lui fait vérifier, matin et soir, pendant les trois jours de famine qu’elle impose, que cette torture ne met pas la vie de son prisonnier en péril27. Alors que la prose continue à la peindre en larmes à l’idée de ne pas attendre d’être mariée pour coucher avec son ami, la Sarrasine participe ensuite au plaisir pris en commun et une fois l’union célébrée par le pape, le roman insiste sur le déduit qui occupe le couple toute la nuit28. La fille d’Yvoyrin fut presque toute oublyee et delaissa son jeu pour penser a Huon, parquoy elle le perdit29. Olive affirme qu’elle est chaste et cette vertu chrétienne l’aide à supporter l’abstinence sexuelle de son mari, enlacements et baisers faisant toutefois partie du programme appliqué juste après le mariage30.

Bien que toutes les situations embarrassantes qui présentaient dans les vers des demoiselles victimes d’attaques portées contre elles par des hommes ou, dans le cas d’Olive, souffrant au contraire d’être une épouse trop bien respectée, soient relatées, l’application de stéréotypes courtois les affecte davantage. À noter par exemple les effets physiques liés à la violente convoitise qui s’empare de Raoul : étincelle d’amour qui enflamme le Viennois ; insomnie ; perte d’appétit ; nouvel embrasement ; blocage des yeux dû à la contemplation de la dame ; changement de couleur associé à une passion tellement forte qu’elle lui ferait braver l’Enfer31.

La peinture du coup de foudre qui frappe les deux enfants dans la prose de Huon profite d’une tradition bien établie dans le roman idyllique (xiie-xve siècles), ce qui lui permet de peaufiner les images du feu comme du dard d’amour, de la plaie vive, des tremblements, des gestes tendres qui accompagnent la rencontre assortie et parfaite de deux victimes vertueuses, dont seule une supposée mésalliance s’oppose à l’union.

Le viol étant d’une pratique courante dans les histoires et dans la vraie vie, le prosateur prend le temps de condamner cet agissement. Dans la suite donnée à des affrontements entre chrétiens, un code d’honneur militaire est à appliquer : l’empereur [d’Allemagne] fist publier de carreffour en carreffour que nul ne fust si hardy sur paine de mort de prendre ne violler femmes ne defflorer pucelles32. Cependant le niveau de langue varie quand le romancier dépeint les périls qui menacent une demoiselle. Alors qu’il était question à propos de Clarisse de vergonder, d’avoir, d’avoir le pucellage ou d’esforcier la mescine33, ces expressions sont remplacées pour Claire par des équivalents moins crus comme estre deshonnoree, faire son plaisir par amour ou par force, avoir jouyssance de son cors, tenir entre [ses] bras, les intentions de chaque agresseur voulant l’obliger à faire [sa] voulenté (Brohart, un larron) ou à coucher nue avec lui étant contrariées par d’efficaces prières de la jeune fille34. Bref les tournures se font plus délicates, alors même que les agressions restent à un niveau égal d’ignominie.

Abordée par nombre d’œuvres du xiiie au xve siècle, la thématique traitant du sentiment incestueux qu’un père éprouve pour sa fille fascine les auteurs de fiction ou de traité didactique35. Le prosateur tend à atténuer dans les circonstances et dans le détail du comportement l’émergence de la relation scandaleuse que Florent entretient avec sa fille. Le trouvère montrait le roi d’Aragon dans une attitude franchement révélatrice quand sa fillette n’avait que sept ans (Ydain baisoit la bouce et la poitrine36), alors que la version destinée à la cour de Bourgogne attend qu’Yde ait quinze ans pour dépeindre une gestuelle ambiguë, moins clairement alarmante (Souvent la baisoit et accolloit en la tenant entre ses bras37). Le premier roi annonçait d’abord son projet de mariage à ses barons, dans un verger, puis convoquait toute sa cour pour faire mieux part de sa décision. L’illégalité était bien posée : dénonciation de l’acte envisagé38, rappel de la loi divine et de la règle que le quatrième concile de Latran avait fixée, interdisant pour la consanguinité la ligne directe et la ligne collatérale jusqu’au quatrième degré inclus, seule façon d’éviter la bougrenie39. Le remaniement plante, lui, tout de suite un grand conseil pendant lequel Sorbarré lance une violente invective contre le souverain : […] pis vauldroit que bougrerye que a celluy qui de ton sang propre as engendré vouldroys ainsi pollir. Les barons suspectent très bien quel type de scène pourrait avoir lieu : Ha ! le tresdesloyal roy ! ses pensees et ses voulentez sont aultres que celles de sa fille, car si elle estoit seulle, icy tost l’avroit deshonnoree et gettee soubz luy l’amour que pere doibt avoir a fille. Tout ce débat qui combat l’endogamie se passe en public et, mis à part le pouvoir décisionnaire que détient Florent, aucun religieux ou laïc ne soutient la réalisation de ce passage à l’acte40.

Identique révision lorsque les deux jeunes femmes partagent à Rome le lit conjugal. Dans la continuation en vers les équivoques et le registre de langue creusaient sur le long terme le jeu et la comédie de cette nuit de noces : Ydain se savait incapable de se demener étant donné qu’elle n’avait membre nul qu’a lui puist abiter41, situation qui l’obligeait à prétexter avoir mal à la tête ; Olive de son côté ne souhaitait pas que son ami imagine qu’elle voulait immédiatement à jouer a la pate levee42. Quinze jours de répit étaient accordés, la nuit où il n’i [ot] cri ne mellee étant tout de même remplie d’embrassades, bien qu’il y ait exemption temporaire de l’amour c’on dist qui est privee43. Lors de la seconde occasion, comme il n’y a toujours pas de passage à l’acte plus efficace (Yde ne l’a nient plus que soloit aparlee, / devers les rains pointe ne adesee44), Olive essaie de mieux engager l’action (sa compaignie a sacie et boutee45), ce qui n’aboutit pas bien qu’Yde sache bien u elle bee46. Dans Hp, le sujet qui était traité avec une malice digne d’un fabliau, est maintenant développé de moins piquante manière. Quand Yde se voit proposer par l’empereur des fiançailles avec Olive, l’aperçu physiologique de sa réaction n’a plus rien de grivois : Elle ne sceut quelle chose pouoit faire, car sus elle n’avoit membre qui ne tremblast de paour. La dynamique de la locution jouer a la pate levee est aplatie en la chose que par droit doit estre faicte entre femme et mary et parce qu’Olive se prévaut d’être chaste, il lui suffira d’estre baisee et acollee, la jeune Romaine ajoutant même être contente d’être dispensée de l’amour que on dit en privaulté47. La version en prose ajoute pourtant un trait d’esprit, quand Olive répond à l’interrogation d’Othon : Ma fille, comment estes vous maryee ? – Sire, dist elle, ainsi que je desiroye car plus ayme Yde que vous qui estes mon pere48, ce qui, étant donné la situation, déchaîne plus finement les rires de l’empereur et des barons que le plus banal ensi com moi agree que le trouvère lui prêtait49. Mais le recours à un descriptif plus pudique (laquelle elle ne approchoit ne tastoit50) et à l’euphémisme périphrastique (si ne m’a fait quelque semblant de faire la chose que tant ay desiree51) se détache des pointes égrillardes que l’ancienne version arrivait à décocher. C’est à peine si quelques résidus lexicaux appartenant au champ de la lutte amoureuse parviennent à être réutilisés quand Olive heurte et boutte52 Yde pour la faire réagir. L’image du combat entre les corps féminins s’est affaiblie car Eros reste ici sous contrôle.

On constate, au terme de ces examens, que la beauté féminine, dont les modèles personnalisés sont tous repris, y compris dans les multiples systèmes d’agression qui se déroulent sur trois générations, se concrétise moins dans des portraits développés. La morale chrétienne et féodale du xve siècle réprouve avec encore plus de conviction et d’autorité, mais moins d’humour et de fantaisie, toutes les formes de vilennyes que le cycle du xiiie siècle avait su joindre les unes aux autres. Le désir de la femme pour l’homme est considéré comme naturel et vice-versa. Quand cette impulsion se porte d’une femme vers une autre femme, c’est uniquement à cause d’une méprise, qui n’est pas vraiment drôle, et qu’il faut se dépêcher de régler sérieusement. Le langage, tout comme les comportements, est surveillé de près et réajusté.

Comment l’esprit vient aux jeunes filles et la féerie et la religion profitent de nouveaux appuis

La bonne éducation des jeunes filles fait partie de leurs traits ordinaires. Dans le support, Clarisse va grandir à Cluny dans un couvent53 et les études d’Ydain, entamées à sept ans, rendent la fillette capable de lire dans un psautier et d’écrire en rommans et en latin54. Dans Hp, la jeune Esclarmonde sait parler françoys55 et Claire est confiée par son grand-oncle à une notable dame du pays et une nourrysse, qui s’occupent d’elle56. Quant à sa fille, Yde, on ne sait plus à partir de quel âge, avant ses quinze ans, elle reçoit un bon enseignement mais son équipe pédagogique compte quatre nobles dames ainsi comme a la fille d’ung roy appartenoit57.

L’approfondissement intellectuel se constate aussi dans les prises de parole plus fréquentes. Dans la chanson, la duchesse mère prodiguait deux fois à ses fils quelques bons conseils de comportement58. Dans Hp, les recommandations ducales sont uniquement prononcées devant les émissaires, et l’appel à la générosité s’appuie sur l’exemple immédiat des superbes dons distribués aux messagers59. Puis il revient à Esclarmonde de délivrer à Claire plusieurs beaulx et notables enseignemens60, qui reflètent les v. 6129-6143 du prototype61. L’adaptateur place dans la bouche de la Sarrasine convertie quelques paroles de consolation philosophique et religieuse pour apaiser Huon, puis la veuve, que la mort de Garin touche de plein fouet62. L’orientation du discours peut prendre un tour plus politique que dans le poème. Tel est le cas quand la dame de Bordeaux dicte à son mari un plan de manœuvre bien mieux renseigné sur le plan de la personne à faire intervenir, sur sa position géographique, sur les raisons qui appuient et pourraient motiver facilement sa participation, l’avis donné prévoyant aussi de joindre à l’expédition cinq ou six prêtres63. La discussion se met brusquement à faire se recouper les urgentes préoccupations de survie et celles de la croisade.

Parce que ce sont les hommes qui gèrent leurs destinées, parce que leur avenir dépend de leur père, de leur frère, de leur vainqueur, tous les modèles de femmes ont besoin de s’émanciper. Dans la prose les propositions de mariage sont encore plus nombreuses que dans le poème mais, ce qui ne varie pas en revanche, c’est que grâce à l’exercice de leur volonté et de leur intelligence, les héroïnes n’épousent que l’élu de leur cœur. Leur équipement pour bien choisir est d’ailleurs en passe de s’améliorer : est évoquée l’existence d’une treille, peut-être inspirée des moucharabiehs, au travers de laquelle Claire devrait pouvoir examiner à leur insu tous ses prétendants64.

Ruses employées, comédies jouées, mensonges qui leur viennent vite aux lèvres permettent aux personnages féminins de retourner les situations les plus délicates et d’arriver toujours à leurs fins. Leur foi chrétienne est solide, même si Esclarmonde feint de croire encore en Mahomet quand cela sert son intérêt et se montrerait disposée à revenir à sa religion de naissance si Huon mourait à cause de la fausseté de son frère et de l’injustice de Charlemagne. Privée de son ami, elle serait prête à entrer en quelque abbaye de nonnains affin que tout le temps de [s]a vie elle puisse prier pour l’âme du disparu65.

Le texte sur lequel notre écrivain s’appuie accordait une part d’autant plus grande à la vie spirituelle que la féerie installée par les trouvères dans leurs poèmes était christianisée. Le développement du grand cycle intègre les êtres fées dans le dessein divin, moyen hors normes qui permet au lignage des Bordelais de se prolonger sur plusieurs générations sans que le couple fondateur prenne une seule ride.

Le nouveau responsable prend tout de même certaines distances avec les fées d’antan. En tant qu’objets littéraires, il les apprécie et il est même capable d’enromancer la biographie de la mère du nain, la Dame de l’Isle Celée, dont la vie fictionnelle est passée par trois étapes distinctes (amours avec Florimont ; puis avec le père de Neptanabus ; liaison avec Julius Cesar entraînant la venue au monde d’Oberon). La fée vexée de n’avoir pas été conviée par la jeune accouchée reste anonyme – Oberon lui doit sa petite taille – mais ses bons sentiments ont vite repris le dessus : elle s’en repentit et me voulut recompenser en aultre maniere, car elle me fist ce don que je seroye le plus bel que oncques Nature formast66. Morgue, mère de Meurvin, donne l’impression d’avoir adopté une vie maritale rangée avec Ogier67. Esclarmonde monte sur le trône du royaume de Féerie sans rencontrer la moindre opposition, ce qui n’était pas le cas. Cet aménagement soustractif est à remarquer parce qu’il fait disparaître le curieux tableau dans lequel Jésus-Christ en personne célébrait un baptême de fée, provocation difficile à assumer sur le plan théologique. Un plus grand respect des préceptes de la religion chrétienne se laisse entrevoir dans la refonte. Huon et Esclarmonde continuent à commettre le péché de chair contre la loi divine quand leur union sexuelle a lieu sur le bateau, mais le prosateur s’arrange pour que la faute commise ensemble soit moins grave. En effet, Huon fait baptiser la Babylonienne avant de quitter l’Égypte avec elle, ce qui évite au héros avant ses noces de coucher avec une païenne68. Comme la célébration du même sacrement sur la Sarrasine, cette fois par le pape à Rome, est maintenue, un doublon est réalisé concernant les cérémonies de baptême, sans être considéré comme gênant.

L’écrivain de Hp a choisi de prénommer Claire/Clairette l’héritière des Bordelais que la continuation en décasyllabes appelait Clarisse/Clarissette, déformation qui maintient un symbolisme proche de celui qu’exploitait sa source aux v. 201-20369 mais qui rétrécit d’une unité le compte des syllabes (alors que la coïncidence prosodique associant Clarissette à Nicolette n’était pas due au hasard).

Les fées du roman viennent féliciter l’accouchée et, en lui dictant le nom que portera l’enfant, lui apprennent quelle sera son destin sur terre et dans les cieux :

tel eur et telle destinee avra en ce monde que du royaulme d’Arragon sera royne couronnee et depuis se gouvernera tellement que saincte sera en paradis. Se aller voulez a Tourtouse, vous trouverez l’eglise ou elle est de present adoree, laquelle est fondee en son nom et feust nommee saincte Claire70.

Dans cette prédiction, un effet d’annonce met en relation la petite Claire du roman avec le royaume d’Aragon et un autre lieu bien réel, le couvent de sainte Claire fondé à Tortosa, sur l’Ebre. L’application d’une contamination thématique est à envisager, peut-être à partir de La belle Hélène de Constantinople, dont les versions, en vers puis en prose, incitent à identifier l’héroïne de la fiction à sainte Hélène. En dehors de ce réflexe dicté par une mode littéraire, une certaine pression historique liée à la réforme colettine, responsable d’avoir adaptée aux difficultés du temps la règle de sainte Claire, a peut-être été exercée. La maison de Bourgogne portait une vénération particulière à sainte Claire et ce détail innovant, qui mêle la pure invention à l’hagiographie en fournissant une assise réaliste, mais aussi une dimension spirituelle, à la première descendante de Huon et Esclarmonde, transmet une information vérifiable (le culte voué à sainte Claire d’Assise à Tortosa, pour nous en Catalogne, existe encore aujourd’hui). Ceci étant, cette annonce imprévue creuse le sensationnel sans que le romancier puisse en tirer des conséquences durables car le trajet de sa Claire la conduit à l’amour, au mariage, à la procréation et à la mort… sans que la moindre canonisation raisonnable se profile à l’horizon pour elle (sauf si les fées mettent en place une procédure merveilleuse) !

 

En rétrécissant la trop grande amplitude de la base qu’il exploitait, l’écrivain de la prose a pris le meilleur des partis possibles. Moins hétéroclite, son œuvre est restée sensible à la variabilité des centres d’intérêt que lui apportait sa source composite. La série textuelle qui avait misé sur Clarisse et les siens pour débattre de l’opposition ou de la réduction des différences entre les hommes et les femmes a séduit cet auteur bourguignon, qui a d’ailleurs maintenu cet espace d’expérimentation ludique. Précisions et ajouts ont renforcé le nombre des dames, des damoiselles et des fées croisées dans une bonne part du cycle en vers tandis que les réflexes langagiers, facilement énumératifs, se sont mis, sans doute aussi par politesse et courtoisie, à ne plus oublier de mentionner les femmes à côté, mais derrière, leurs homologues masculins. Le fait est que Philippe le Bon et sa cour appréciaient les récits relatant les malheurs et les heurs des jeunes héroïnes. L’air du temps était porteur : en toute femme il y a un homme potentiel qui s’ignore et pourrait faire illusion (même Esclarmonde voudrait prendre les armes quand son mari lui fait remarquer qu’étant enceinte de sept mois il paraît exclu pour elle de prévoir une chevauchée en armes jusqu’en Allemagne71).

La beauté féminine, tant elle est convenue d’avance, nécessite moins de développements, alors même que tous les débats sur la victoire de l’amour vrai sur les agressions sexuelles restent passionnés. La langue qui parle de l’amour physique doit toutefois être soucieuse de plus de décence et l’euphémisme fleurit dans Hp là où la Geste, exploitant un comique de situation, employait des expressions crues. La vie de l’esprit est mieux encadrée. La sagesse des femmes déteint même sur la conduite de Morgue. La sainteté de Claire est annoncée comme la plus belle des apothéoses.

La visée de cet auteur est-elle, pour finir, progressiste ? Le romancier montre beaucoup d’empathie pour ses personnages féminins. Il est vrai qu’il les valorise. Il se soucie davantage du confort de ses héroïnes et regarde avec bienveillance leurs comportements et leur mentalité. Courage, grâce, force physique et spiritualité concernent les deux sexes. Mais Huon a beau proclamer qu’il sait bien entrer en la chambre des dames pour les baiser et accoller et faire le seurplus se besoin est72, cette fanfaronnade n’empêche pas qu’au fond du cœur et de la pensée du héros, dans laquelle le prosateur pénètre, plus desiroit de occir et detrencher payens qu’il n’avoit a estre en chambres de dames ou de damoyselles73. Les hommes recherchent la compagnie des femmes, mais toujours est-il que ces dernières les intéressent moins que la guerre. Yde gagne au change en devenant, grâce à Dieu, un homme et en prenant le pouvoir à Rome. Si l’écrivain du xve siècle a des vues féministes réelles, ce progrès reste ambigu et limité.

Notes

1 Hp (pour Huon en prose) correspond à la translation en moyen français d’une bonne partie du cycle long de Huon de Bordeaux que seul le manuscrit de la bibliothèque de Turin (Turin, L-II-14), copié en 1311, nous a transmise. Return to text

2 G. Doutrepont, Les Mises en prose des épopées et des romans chevaleresques du XIVe au XVIe siècle, Genève, Slatkine Reprints, 1969 (1re éd., 1909), p. 336-337 (cit. p. 336). Return to text

3 Pour ces noms, cf. Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, per de France, duc de Guyenne, Paris, Michel Le Noir [et Jean Petit], 26 novembre 1513 (Boston, Public Library, G-f-400-38), fol. 14c, 77b-166d, 187d. La mère et l’épouse de Croissant s’appelant identiquement Olive, le v. 7685 du texte en vers créait une difficulté. Pour les continuations nos renvois se font vers la transcription effectuée par B. A. Brewka : B. A. Brewka, Esclarmonde, Clarisse et Florent, Yde et Olive I, Croissant, Yde et Olive II, Huon et les Géants, Sequels to Huon de Bordeaux as contained in Turin Ms. L.II.14 : an edition, PhD Thesis, Nashville, Vanderlibt University, 1977. Return to text

4 Épouses de l’oncle renégat et de Gerard (Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 22c, 55d) ; pucelle ayant libéré Gerasmes (ibid., fol. 15a) ; sœurs d’Agrappart ou du roi de Navarre (ibid., fol. 37b, 159a). Return to text

5 La reine de France se laisse corrompre (ibid., fol. 58d) ; la mère de Sorbrin est la sœur de Galafre (ibid., fol. 48c) ; le comte de Provence dispose d’une fille (ibid., fol. 179a) ; soit trois ajouts, en face desquels sont à noter deux disparitions, dont une double : deux Sarrasines mariées à Geriaume (cf. Huon de Bordeaux, éd. W. W. Kibler et Fr. Suard, Paris, Champion, 2003 (Champion Classiques – Moyen Âge, 7), p. 172, v. 3106 ; édition fondée sur le ms. Paris, BnF, fr. 22555) et celle de la reine de Rommenie (B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 462, v. 7622-7624). Return to text

6 Cf. Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 100d, 42a, 118a, 39d. Return to text

7 Cf. Ibid., fol. 52c, 126a, 50b, 132b. Return to text

8 Ibid., fol. 133c. Return to text

9 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 306, v. 3776-3785, p. 417, v. 6503-6522. Return to text

10 Ibid., p. 306, v. 3782. Return to text

11 Ibid., p. 417, v. 6521. Return to text

12 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 167a. Return to text

13 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 167c. Return to text

14 Ibid., fol. 126d. Return to text

15 Ibid., fol. 129d. Return to text

16 Huon de Bordeaux, éd. cit., p. 394, v. 7113. Return to text

17 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 39d. Return to text

18 Ibid., fol. 31c. Return to text

19 Le support poétique raisonnait autrement (y compris sous apparence masculine il était question d’Yde la bele, cf. B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 421-423, v. 6603, 6605, 6659, ou de le/la bele Yde, ibid., p. 423, v. 6664, p. 425, v. 6697). Return to text

20 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 166d. Return to text

21 Dieu et Nature n’y sçavroyent que amender ; pas ne vous sçavroye la disme partie deviser de la tres excellante beaulté […] ; ou monde on ne trouveroyt sa pareille et variante (ibid., fol. 68a, 129a, 133c, 155c, 163d) ; la nompareille (ibid., fol. 68b) ; l’outrepasse (ibid., fol. 139d, 166d, 167a). Return to text

22 Huon de Bordeaux, éd. cit., p. 322-338, v. 5837-6114. Return to text

23 Ibid., p. 430-434, v. 7760-7844. Return to text

24 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 445, v. 7205-7210. Return to text

25 Huon de Bordeaux, éd. cit., p. 392, v. 7084-7091. Return to text

26 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 159, v. 219. Return to text

27 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 31c-d. Return to text

28 Ibid., fol. 39c-54b. Return to text

29 Ibid., fol. 45b. Return to text

30 Ibid., fol. 174d. Return to text

31 Ibid., fol. 68b-d, 69c-d. Return to text

32 Ibid., fol. 98a. Return to text

33 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 300, v. 3640, p. 306, v. 3789, p. 311, v. 3902, p. 312, v. 3920. Return to text

34 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 147c-149d. Return to text

35 Cf. au xiiie siècle La Manekine de Philippe de Remy, 1240 (Philippe de Rémi, La Manekine, éd. M.-M. Castellani, Paris, Champion, 2012 (Champion Classiques. Moyen-Âge, 35)) ; les Vitae duorum Offarum de Matthieu Paris, 1250 ; Mai und Beaflor, 1257-1259 ; le De regimine principum doctrina de Gilles de Rome. Au xive siècle, le Roman du comte d’Anjou de Jean Maillard 1316 (Jean Maillart, Le roman du Comte d’Anjou, éd. Fr. Mora-Lebrun, Paris, Gallimard, 1998 (Folio. Classique, 3087) ; La Belle Hélène de Constantinople en alexandrins (La Belle Hélene de Constantinople. Chanson de geste du xive siècle, éd. Cl. Roussel, Genève, Droz, 1995 (Textes littéraires français, 454). Au xve siècle, Le Livre du Gouvernement des Princes traduit par Wauquelin en 1450 ; la Manequine en prose de Jean Wauquelin rédigée pour Jean de Croÿ à une date inconnue (Jean Wauquelin, La Manequine, éd. M. Colombo Timelli, Paris, Classiques Garnier, 2010 (Textes littéraires du Moyen Âge, 30 – Mises en prose, 1)) ; les deux rédactions en prose de La Belle Hélène de Constantinople, une restée anonyme (« Histoire de la Belle Hélene de Constantinople ». Edizione critica di una ‘mise en prose’ anonima del XV secolo, éd. B. Ferrari, Thèse de doctorat, Milan, Università degli Studi di Milano, 2002-2003) et l’autre écrite par Jean Wauquelin en 1448 pour Philippe le Bon (Jean Wauquelin, La Belle Hélène de Constantinople. Mise en prose d’une chanson de geste, éd. M.-Cl. De Crécy, Genève, Droz, 2002 (Textes littéraires français, 547)). Return to text

36 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 411, v. 6353. Return to text

37 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 167a. Return to text

38 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 414, v. 6429-6431. Return to text

39 Ibid., p. 416, v. 6481-6489. Return to text

40 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 167b-c. Return to text

41 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 441, v. 7103-7104. Return to text

42 Ibid., p. 444, v. 7177. Return to text

43 Ibid., p. 444, v. 7190-7191, 7186. Return to text

44 Ibid., p. 445, v. 7203-7204. Return to text

45 Ibid., p. 444, v. 7209. Return to text

46 Ibid., p. 444, v. 7210. Return to text

47 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 174b-d. Return to text

48 Ibid., fol. 174d. Return to text

49 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 445, v. 7199. Return to text

50 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 174d. Return to text

51 Ibid. Return to text

52 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 445, v. 7209 (sa compaignie a sacie et boutee, que nous démarquons). Return to text

53 Ibid., p. 190, v. 979. Return to text

54 Ibid., p. 411, v. 6354-6356. Return to text

55 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 31c. Return to text

56 Ibid., fol. 99c. Return to text

57 Ibid., fol. 167a. Return to text

58 Huon de Bordeaux, éd. cit., p. 26, v. 432-445, p. 34, v. 597-605. Return to text

59 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 3a. Return to text

60 Ibid., fol. 166b. Return to text

61 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 402. Return to text

62 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 51d-53d. Return to text

63 Ibid., fol. 76d-77a. Return to text

64 Ibid., fol. 147a. Return to text

65 Ibid., fol. 49a ; ce passage correspond à B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 488, v. 8275-8276. Return to text

66 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 18c. Return to text

67 Ibid., fol. 145b. Return to text

68 Ibid., fol. 39a. Return to text

69 B. A. Brewka, Esclarmonde, op. cit., p. 158. Return to text

70 Les prouesses et faictz merveilleux du noble Huon de Bordeaulx, éd. cit., fol. 77c. Return to text

71 Ibid., fol. 69a. Return to text

72 Ibid., fol. 44d. Return to text

73 Ibid., fol. 123a. Return to text

References

Bibliographical reference

Caroline Cazanave, « La révision des figures féminines dans la prose de Huon de Bordeaux », Bien Dire et Bien Aprandre, 36 | 2021, 137-150.

Electronic reference

Caroline Cazanave, « La révision des figures féminines dans la prose de Huon de Bordeaux », Bien Dire et Bien Aprandre [Online], 36 | 2021, Online since 01 février 2022, connection on 19 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/196

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Caroline Cazanave

Université de Franche-Comté

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