Quelques ammonites rares du turonien type, dont romaniceras mexicanum et subprionocyclus bravaisianus près de Langeais et Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire)

  • Some rare ammonites from the type Turonian, including Romaniceras mexicanum and Subprionocyclus bravaisianus near Langeais and Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire)

DOI : 10.54563/asgn.2267

p. 17-40

Résumés

Dans la région du Turonien type, « depuis Saumur jusqu’à Montrichard », c’est-à-dire dans les coteaux bordant la Loire et le Cher, le Turonien inférieur et une grande partie du Turonien moyen (Tm 1-2-3) ont été bien définis antérieurement par la récolte de nombreuses ammonites. Toutefois le sommet du Turonien moyen (Tm 4) et la base du Turonien supérieur n’ont pas ou peu fourni d’espèces caractéristiques. Quant à la plus grande partie du Turonien supérieur, celle-ci n’est pas représentée en raison d’une importante lacune de sédimentation.

La récolte de deux ammonites index dans le Tuffeau Jaune de Touraine apporte des éléments nouveaux. Premièrement, la présence d’un Romaniceras mexicanum à la base du « falun de Continvoir » à Pont-Boutard près de Langeais (Indre-et-Loire) – équivalent sableux du Tuffeau Jaune de Touraine – date la base de la formation du Turonien moyen élevé (Tm 4). Deuxièmement, la découverte d’un Subprionocyclus bravaisianus dans le hardground Langeais près d’Azay-le-Rideau, également en Indre-et-Loire, confirme l’âge Turonien supérieur non terminal du sommet du Tuffeau Jaune de Touraine.

In the type area of the Turonian stage, « between Saumur and Montrichard », in outcrops running along the Loire and Cher rivers, the lower and a great part of the middle Turonian (Tm 1-2-3) were previously well defined with numerous ammonites. Nevertheless, the top of the middle Turonian (Tm 4) and the base of the upper Turonian did supply none or a little index species. Moreover, the greatest part of the upper Turonian is not represented due to a strong gap in the sedimentation.

The collect of two index ammonites in the Tuffeau Jaune de Touraine provides new informations. Firstly, the finding in a quarry at Pont Boutard near Langeais (Indre-et-Loire) of Romaniceras mexicanum at the base of the « falun de Continvoir » - a sandy lateral faciès of the Tuffeau Jaune de Touraine – gives it a Tm 4 age. Secondly, the collect of Subprionocyclus bravaisianus in the Langeais hardground at the top of the Tuffeau Jaune de Touraine near Azay-le-Rideau, supports the « middle » upper Turonian age of the level.

Plan

Texte

Introduction

Suivant les indications fournies successivement par Alcide d’Orbigny en 1842, 1847 et 1852, la région type de l’étage Turonien s’étend sur un peu plus d’une centaine de kilomètres le long des coteaux bordant les vallées de la Loire et du Cher « depuis Saumur jusqu’à Montrichard » (fig. 1).

Fig. 1

Fig. 1

Extension des dépôts turoniens au sein du Bassin de Paris. La région type de l’étage Turonien est située dans la partie sud-ouest du bassin entre Saumur et Montrichard. SP : seuil du Poitou ; 1 : Pont Boutard ; 2 : Saché.
 
The turonian deposits in the Paris Basin. The type area of the Turonian stage is located in SW of the basin, between Saumur and Montrichard.SP : Poitou swell ; 1 : Pont Boutard ; 2 : Saché.

Les connaissances actuelles concernant le Turonien stratotypique viennent de faire l’objet d’une présentation détaillée dans l’ouvrage « Stratotype Turonien » édité par les Publications scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris (Amédro, Matrion & Robaszynski coord., 2018). Une des conclusions de ce livre est que le sommet du Turonien supérieur n’est pas représenté dans le stratotype en raison d’une importante lacune de sédimentation. L’intervalle manquant concerne la plus grande partie de la zone d’ammonite à Subprionocyclus bravaisianus et l’équivalent de la zone à Prionocyclus germari, c’est-à-dire les deux tiers supérieurs du sous-étage.

Dans ce contexte, la récolte d’un Subprionocyclus bravaisianus dans le hardground Langeais, au sommet du Tuffeau Jaune de Touraine, au sein d’un petit affleurement situé à flanc de coteau le long de la vallée de l’Indre à Saché, à 6 km à l’est d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire) est particulièrement intéressante dans la mesure où il s’agit de la première citation de cette espèce index de zone au sein de l’aire stratotypique de l’étage Turonien.

Sept autres ammonites ont été recueillies dans la partie inférieure du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir dans la carrière de Pont Boutard localisée aux abords de la vallée de la Loire à 6 km à l’ouest de Langeais, également en Indre-et-Loire. Elles se rapportent aux espèces Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (Stoliczka, 1864) (un exemplaire), Romaniceras (Romaniceras) mexicanum Jones, 1938 (1 ex.), Collignoniceras woollgari (Mantell, 1822) sensu lato (2 ex.) et Scaphites geinitzii d’Orbigny, 1850 (3 ex.). Cette association confirme l’attribution de la base du Tuffeau Jaune de Touraine au Turonien moyen élevé et non au Turonien supérieur comme on l’a longtemps accepté.

Enfin, deux ammonites rares venant du Tuffeau de Saumur à Usseau (Vienne) sont, pour l’une, révisée et pour l’autre citée pour la première fois en Touraine. Il s’agit respectivement de Pseudotissotia faustinleybachae Bert, Perès et Marchand, 2006 et d’Hoplitoides sp., deux ammonites de la base du Turonien moyen à affinités téthysiennes.

La partie supérieure de l’étage turonien dans la région stratotypique (Saumurois et Touraine)

L’étage Turonien est représenté dans le Saumurois comme en Touraine par trois formations corrélées entre elles de la façon suivante, du haut vers le bas (Amédro, Matrion & Robaszynski coord., 2018 ; Amédro et al., 2020.b) :

SAUMUROIS TOURAINE

Sables de St-Hilaire = Tuffeau Jaune de Touraine Turonien moyen (Tm 3 p.p.) et supérieur

(absence de dépôt) Tuffeau de Bourré Turonien moyen (Tm 3)

Tuffeau de Saumur = Craie d’Amboise (partie sup.) Turonien moyen (Tm1 + Tm 2)

Tuffeau des Ardilliers = Craie d’Amboise (partie inf.) Turonien inférieur.

Durant la partie moyenne du Crétacé, le Saumurois est situé en position plus marginale sur la bordure du bassin de Paris par rapport à la Touraine et la tranche d’eau y est toujours restée relativement faible. Au sommet du Turonien moyen et au Turonien supérieur, des sables fins carbonatés, glauconieux, à noyaux gréseux (bioturbations cimentées par de la silice) se déposent dans le Saumurois sous une faible tranche d’eau : de quelques mètres à une ou deux dizaines de mètres, dans un environnement correspondant à l’avant-plage de la zone littorale (shoreface), à proximité de la ligne de rivage. Il s’agit des Sables de Saint-Hilaire (Amédro et al., 1998, 2003). En s’éloignant du Massif armoricain vers la Touraine, les Sables de Saint-Hilaire passent latéralement au Tuffeau Jaune de Touraine (d’Archiac, 1846) déposé dans une tranche d’eau un peu plus importante : quelques mètres à quelques dizaines de mètres de profondeur, au niveau de l’avant-plage et de la plate-forme littorale (shoreface et offshore supérieur). Le Tuffeau Jaune de Touraine est constitué de sables moyens à grossiers (0,5-2 mm), parfois même de graviers (> 2 mm), très glauconieux et riches en bioclastes. Il est affecté de nombreuses structures sédimentaires correspondant à une suite assez rapides d’événements sédimentaires : couches à litage oblique correspondant à d’anciennes dunes subaquatiques, couches à litage en mamelons engendrées au cours de tempêtes. Ces épisodes sont entrecoupés par des phases de ralentissement ou d’arrêt de sédimentation, voire d’érosion avec genèse de firm- et de hardgrounds (Bréhéret in Amédro, Matrion & Robaszynski coord., 2018).

La transition entre les Sables de Saint-Hilaire et le Tuffeau Jaune de Touraine s’effectue au niveau de la confluence entre la Vienne et la Loire (Alcaydé, 1975 ; Amédro et al., 2020). Mais un faciès particulier du Tuffeau Jaune de Touraine se développe sur la rive droite de la Loire à l’articulation entre le Saumurois et la Touraine, au nord de Bourgueil et jusqu’à Langeais, en particulier aux abords de la vallée du Changeon jusqu’à Gizeux et de la vallée du Roumer jusqu’à Pont-Boutard (fig. 2), où « le Tuffeau jaune devient très tendre, très chargé en mica et, perdant toute cohérence, passe parfois à un véritable falun »et pour lequel Lecointre (1960) a créé le terme de« falun de Continvoir »1. Il s’agit plus précisément de sables jaune-orangé à stratifications obliques, de biocalcirudites riches en bioclastes carbonatés, essentiellement des fragments de bryozoaires et de petites huîtres (Macaire & Bréhéret, 1976 – fiche 37-72 in Site Web). Ce corps sédimentaire évoque, comme pour les autres localités où le Tuffeau Jaune de Touraine est présent sous son faciès typique, un dépôt en zone littorale ou infratidale. Des échantillons prélevés au sein du falun de Continvoir dans la localité type près de Gizeux (mais sans indication précise du niveau de prélèvement) ont livré une riche association d’ostracodes incluant en particulier Mauritsina cuvillieri (Damotte, 1962), Neocythere verbosa (Damotte, 1962) et Asciocythere polita (Damotte, 1962 ; Riveline-Bauer, 1965). Dans le forage de Civray-de-Touraine implanté dans la vallée du Cher, au cœur du stratotype de l’étage Turonien, ces trois espèces sont connues dans l’intervalle 37,00 m – 9,60 m qui correspond au Tuffeau Jaune de Touraine attribué dans sa plus grande partie au Turonien supérieur (Amédro, Matrion & Robaszynski coord., 2018).

Fig. 2

Fig. 2

Situation géographique des affleurements situés dans les environs de Langeais le long de la vallée de la Loire.
 
Geographical location of the outcrops located around Langeais, along the Loire valley.

Qu’il s’agisse des Sables de Saint-Hilaire ou du Tuffeau Jaune de Touraine, les faciès de ces deux formations ne sont pas favorables à la récolte d’ammonites. Dans l’état actuel des connaissances, aucun spécimen ne semble avoir été découvert au sein des Sables de Saint-Hilaire. Quelques ammonites sont en revanche connues du Tuffeau Jaune de Touraine à travers l’aire stratotypique sensu stricto, aucune n’ayant toutefois été citée au sein du faciès falun de Continvoir. Selon notre inventaire, 32 ammonites ont été récoltées dans le faciès typique du Tuffeau Jaune de Touraine depuis le XIXsiècle le long des vallées de la Loire et du Cher, représentées par trois espèces : Lewesiceras mantelli Wright et Wright, 1951 (2 exemplaires), Romaniceras (R.) deverianum (d’Orbigny, 1841) (18 ex.) et Coilopoceras requienianum (d’Orbigny, 1841) (12 ex.). À ces taxons, on peut raisonnablement ajouter Subprionocyclus bravaisianus (d’Orbigny, 1841), connu par trois spécimens recueillis au sommet du Tuffeau Jaune de Touraine en périphérie du stratotype, pour les deux premiers dans la vallée du Loir à la Chartre-sur-le-Loir (Sarthe) et près de Villedieu-le-Château (Loir-et-Cher), associés à C. requienianum (Jarvis & Gale, 1984 ; Kennedy et al., 1984) et pour le troisième au-dessus des hardgrounds constituant la Pierre de Clion dans l’Indre (de Grossouvre, 1889, 1901). Toutes les espèces citées appartiennent au Turonien supérieur.

Le nouveau matériel décrit ici inclut huit ammonites recueillies au sein du Tuffeau Jaune de Touraine (fig. 3).

Fig. 3

Fig. 3

Position stratigraphique des coupes ayant fourni des ammonites.
 
Stratigraphical location of sections containing ammonites.

Le premier spécimen est un Subprionocyclus bravaisianus dont il s’agit de la première véritable citation au sein du stratotype sensu stricto, collecté dans le hardground Langeais à la limite supérieure de la formation près d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire). Les autres exemplaires sont représentés par un lot de sept ammonites incluant Romaniceras (Romaniceras) mexicanum Jones, 1938, Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (Stoliczka, 1864), Collignoniceras woollgari (Mantell, 1822) sensu lato et Scaphites geinitzii d’Orbigny, 1850. Ces sept ammonites proviennent de la partie inférieure du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir dans la carrière de Pont Boutard au bord de la vallée de la Roumer, à quelques kilomètres à l’ouest, de Langeais (Indre-et-Loire). Il s’agit de la première récolte d’ammonites au sein de ce faciès particulier du Tuffeau Jaune de Touraine et cette association est caractéristique, non pas du Turonien supérieur comme on pourrait s’y attendre, mais du Turonien moyen élevé, de façon comparable à ce qui vient d’être décrit en Touraine méridionale, aux abords de Richelieu, par Amédro et al. (2020 a, b).

L’affleurement de Saché près d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire)

Un arrachement dans le coteau au lieu-dit la Sablonnière à Saché, à 6 km à l’est d’Azay-le-Rideau, sur la rive gauche de l’Indre, entaille sur une hauteur de trois mètres la partie supérieure du Tuffeau Jaune de Touraine surmontée par la base de la Craie de Villedieu. Le sommet du Tuffeau Jaune de Touraine, creusé et parcouru de caves, est représenté par un tuffeau glauconieux jaunâtre. À la limite supérieure de la formation, le hardground Langeais, qui définit la limite avec la Craie de Villedieu sus-jacente, est en relief et constitue un excellent repère visuel. Ce hardground est formé d’un tuffeau très induré, glauconieux, pénétré dans sa partie supérieure de nombreux terriers de type Thalassinoides. Quant à la base de la Craie de Villedieu, elle montre une succession de plusieurs hardgrounds. Une coupe détaillée de l’intervalle concerné a été levée par Jarvis & Gale (1984) au lieu-dit les Caves à Azay-le-Rideau, à quelques kilomètres à l’ouest de notre affleurement. Le Subprionocyclus bravaisianus (d’Orbigny, 1841) collecté au sein du Tuffeau Jaune de Touraine à Saché n’a pas été recueilli en place, mais sur place et provient très probablement du hardground Langeais en tenant compte de sa lithologie et de sa préservation.

La carrière de pont Boutard près de Langeais (Indre-et-Loire)

La carrière de Pont Boutard est située en rive droite de la Loire, sur le territoire de la commune de Saint-Michel-sur-Loire, à 3 km du fleuve et à 6 km à l’ouest de Langeais. Son exploitation a cessé en 1999. Aujourd’hui remodelée et en grande partie végétalisée, elle présentait à l’époque de son activité trois fronts de taille, dont l’un atteignait une hauteur de 15 m suivant les informations publiées par Macaire (2016 – fiche CEN 0024 in Site Web 1). La carrière entamait le falun de Continvoir du Turonien supérieur surmonté de quelques mètres d’argiles à silex attribuées au Coniacien. Ce faciès particulier du Tuffeau Jaune de Touraine apparaissait sous l’aspect de sables bioclastiques à stratifications obliques, riches en débris de bryozoaires et de petites huîtres (pycnodontes et exogyres), ainsi qu’en dents de poissons, suggérant un dépôt en zone littorale au niveau de l’avant-plage, ou infratidale sur la plate-forme littorale. Les sables étaient entrecoupés de lits décimétriques gréséifiés soulignant de grandes structures sédimentaires (rides, chenaux) encore partiellement visibles de nos jours. Il est probable que les argiles à silex de l’angle sud-est de la carrière résultent d’une décalcification d’une Craie de Villedieu sus-jacente dans la mesure où la formation est connue sous son faciès typique de hardgrounds, à la fois à Langeais à 6 km à l’est de Pont Boutard et à Saint-Michel-sur-Loire à 3 km au sud (Jarvis & Gale, 1984).

La coupe partielle levée en octobre 2021 par l’un d’entre nous (F.R.) dans ce qui subsiste de la carrière de Pont-Boutard après réhabilitation du site est illustrée dans la figure 4.

Fig. 4

Fig. 4

Le Tuffeau Jaune de Touraine à faciès « falun de Continvoir » dans la carrière de Pont-Boutard près de Langeais (Indre-et-Loire).
 
The Tuffeau Jaune de Touraine with facies « falun de Continvoir » in the Pont-Boutard quarry near Langeais (Indre-et-Loire).

Les fronts de taille ayant été remodelés, il n’est plus possible d’en donner une description suivie. Toutefois, dans l’angle nord-est, une succession de petits affleurements en place ont permis de décrire par relais 7,50 m de coupe dans le faciès « falun de Continvoir », la partie haute de l’ancienne carrière correspondant à quelques mètres d’argile à silex. Plusieurs observations peuvent être formulées.

  • Les affleurements qui subsistent montrent un tuffeau sableux blanc-gris, parfois beige, bioclastique, avec des passées lenticulaires grossières présentant des lumachelles riches en bivalves, dont des huîtres [Rhynchostreon suborbiculatum (Lamarck, 1801) = Exogyra columba Lamarck, 1819], des gastéropodes, bryozoaires et dents de sélaciens.
  • Trois groupes de bancs plus résistants (numérotés de 1 à 3 sur la figure) apparaissent en relief dans la partie nord-est dont la pente du front est inclinée à environ 40°. Les deux niveaux inférieurs correspondent à des passées lumachelliques consolidées et le niveau supérieur à un intervalle grésifié.
  • Enfin un banc décimétrique situé à 1,90 m-2,00 m, constitué de tuffeau blanc-gris, dur, cristallin, montre une certaine continuité latérale et sert de niveau repère.

Un échantillon prélevé vers la base de l’ancienne carrière montre, après lavage, les caractères suivants sous la loupe binoculaire, dans la granulométrie de 0,3 – 0,4 mm :

  • Des grains de quartz, dont de nombreux Émoussés – Luisants et sub Émoussés – Luisants (soulignant le caractère marin) ;
  • Des granules carbonatés, généralement des bioclastes de bivalves, de bryozoaires et d’autres fossiles à l’état calcitique ;
  • De nombreuses paillettes de muscovite ;
  • Des grains de glauconie, ovoïdes, vert-foncé, peu nombreux.

Ce faciès souligne, après les tuffeaux calcaires du Turonien moyen (Tuffeau de Saumur surmonté du Tuffeau de Bourré), une reprise de la sédimentation détritique au sommet du Turonien moyen et au Turonien supérieur dans des conditions littorales. Selon Alcaydé (1975), le falun de Continvoir affleure peu sur la feuille de Chinon, mais il a été largement entamé, sur plus d’une dizaine de mètres d’épaisseur, dans les vallées du Changeon et de la Roumer, particulièrement au hameau de Pont Boutard.

Par comparaison, les niveaux consolidés observés dans la carrière de Pont-Boutard au sein du falun de Continvoir rappellent la description de la partie supérieure du Tuffeau Jaune de Touraine prise à Langeais, à 6 km à l’est, publiée par Jarvis & Gale (1984), du bas vers le haut :

         Tuffeau Jaune de Touraine pars (Turonien supérieur)

unité 1 (vue sur 4 m) : calcarénite glauconieuse friable de teinte jaunâtre, grossière, riche en bioclastes, incluant des niveaux graveleux et à stratifications obliques ;

unité 2 (0,50 m) : hardground constitué d’une calcarénite glauconieuse indurée, limitée au sommet par une surface d’omission riche en Thalassinoides ;

unité 3 (2,50 m) : calcarénite glauconieuse jaunâtre ;

unité 4 (3 m) : calcarénite comparable à la précédente, mais bioturbée, durcie et limitée au sommet par un hardground (hg Langeais), épais de 0,90 m et dont la surface est parcourue de nombreuses bioturbations qui s’enfoncent sur toute la hauteur du niveau durci.

         Craie de Villedieu pars (Coniacien)

Calcaire dur de la Ribochère (1 m) : hardground complexe constitué de calcarénite indurée.

C’est probablement d’un niveau consolidé comparable à l’unité 2 que proviennent les ammonites recueillies à Pont-Boutard.

Les sept ammonites de Pont Boutard décrites ici : Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (1 exemplaire), Romaniceras (Romaniceras) mexicanum (1 ex.), Collignoniceras woollgari sensu lato (2 ex.) et Scaphites geinitzii (3 ex.) proviennent de la passée lumachellique plus résistante située vers la base de la coupe actuelle, entre 1,30 m et 1,80 m. La décalcification partielle du tuffeau explique le caractère relativement friable des moules internes.

La carrière de la butte de la Martinière à Usseau (Vienne)

À la différence des localités précédentes, Usseau ne fait pas partie de l’aire stratotypique de l’étage Turonien, mais se situe à une vingtaine de kilomètres au sud. On retrouve une succession lithologique comparable à celle observée dans le Saumurois. La carrière de la Butte de la Martinière à Usseau a été décrite récemment de façon précise par Amédro et al. (2020). Les différents paliers d’exploitation et les fronts de taille associés recoupent la quasi-totalité du Tuffeau de Saumur sur une hauteur de 23,90 m, puis au-dessus la base du Tuffeau de Bourré sur 2,60 m. La moitié inférieure du Tuffeau de Saumur (intervalle 0 à 12,40 m) livre des ammonites de la base du Turonien moyen, plus précisément de la zone à Kamerunoceras turoniense, tandis que la moitié supérieure de la formation (intervalle 12,40 m à 23,90 m) contient une riche association attribuée à la zone suivante à Romaniceras kallesi. Les quelques mètres de Tuffeau de Bourré visibles ont quant à eux livré l’index de la zone suivante à Romaniceras ornatissimum.

Pourquoi parler de nouveau de la carrière d’Usseau qui est située en dehors du stratotype ? Tout simplement parce que l’on se trouve en bordure méridionale du Bassin de Paris, à proximité du seuil du Poitou et que les associations d’ammonites récoltées ici comprennent des formes téthysiennes (Pseudotissotia et Hoplitoides) inconnues dans le reste du bassin, mais bien représentées à travers tout le continent africain et au Proche Orient, en Espagne, au Texas, Nouveau Mexique, Mexique et Amérique centrale. La carrière de la Butte de la Martinière à Usseau est également la localité-type de l’espèce Pseudotissotia faustinleybachae Bert, Perès & Marchand, 2006, une ammonite dont l’attribution stratigraphique était jusqu’à présent incertaine, mais qu’il est possible d’attribuer maintenant à la zone à Romaniceras kallesi.

Paléontologie systématique : description des ammonites

La classification utilisée est celle du Treatise on Invertebrate Paleontology (Wright, 1996). Le matériel décrit ci-dessous est issu de la collection Bruno Guével (B.G.) actuellement préservée chez l’auteur à Azay-le-Rideau [des moulages seront déposés à l’Université de Bourgogne à Dijon], de la collection Bertrand Matrion (B.M.) déposée à l’Université de Bourgogne à Dijon et de la collection Viviane Perès (V.P.) qui n’a pas été retrouvée.

  • Ordre Ammonoidea Zittel, 1884
  • Sous-ordre Ammonitina Hyatt, 1889
  • Superfamille Acanthoceratoidea de Grossouvre, 1894
  • Famille Acanthoceratidae de Grossouvre, 1894
  • Sous-famille Euomphaloceratinae Cooper, 1978
  • Genre et sous-genre Romaniceras Spath, 1923

Espèce-type : Ammonites deverianus d’Orbigny, 1841, par désignation originale.

Discussion : deux sous-genres sont reconnus en Europe au sein du genre Romaniceras, différenciés en fonction du nombre de rangées de tubercules portés par les côtes longues : R. (Romaniceras) Spath, 1923 à 9 rangées et R. (Yubariceras) Matsumoto, Saito & Fukada, 1957 à 11 rangées (Kennedy, Wright & Hancock, 1980 a).

Romaniceras (Romaniceras) mexicanum (Jones, 1938)

pl.1, fig. 1

1938 Romaniceras mexicanum Jones, p. 121, pl. 7, fig. 1, 6.

1938 Romaniceras adkinsi Jones, p. 120 (pars), pl. 8, fig. 4, 5.

1938 Romaniceras santaanaense Jones, p. 121, pl. 8, fig. 1, 6.

1938 Romaniceras toribioense Jones, p. 122, pl. 7, fig. 7, 8.

1988 a Romaniceras mexicanum Jones ; Kennedy & Cobban, p. 25, text-fig. 2-3, 5-6 a-d, g, 7-10 (avec synonymie).

1988 b Romaniceras mexicanum Jones ; Kennedy & Cobban, p. 601, text-fig. 5 : 9, 10 ; text-fig. 6 : 16, 17.

2014 Romaniceras mexicanum Jones ; Amédro & Devalque, p. 139, pl. 21, fig. 1, 2 ; pl. 22, fig. 1, 2 ; pl. 23, fig. 23, fig. 1 ; pl. 24, fig. 1.

2015 Romaniceras mexicanum Jones ; Kennedy, Bilotte & Melchior, p. 460, text-fig. 16 G.

Matériel : un spécimen (BG-PBT 1) provenant de la base du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir dans la carrière de Pont Boutard (Indre-et-Loire).

Description : le moule interne décrit ici est préservé dans un tuffeau assez fin et cohérent. Il s’agit d’un moule interne de 175 mm de diamètre comprenant le phragmocône et la totalité de la chambre d’habitation. L’enroulement est modérément évolute, avec un ombilic représentant 29 % du diamètre. La section du tour est aussi haute que large (H/E = 1,00), avec une épaisseur maximale observée au niveau de la bordure ombilicale. Les flancs sont plats, subparallèles et la région ventrale est large et arrondie. L’ornementation est constituée de côtes fines, légèrement flexueuses. Sur la chambre d’habitation, les côtes longues naissent seules au niveau d’un petit tubercule ombilical. Une, parfois deux côtes courtes apparaissent à des hauteurs variables sur le flanc et s’intercalent entre les côtes longues. Sur la portion de phragmocône visible, la costulation est assez comparable avec toutefois une petite différence : entre les côtes primaires s’insèrent systématiquement une, voire deux côtes intercalaires qui naissent très bas sur le flanc, quasiment au niveau de la bulle ombilicale. De ce fait, les côtes longues semblent naître par paire ou par faisceaux de trois. Une quarantaine de côtes sont présentes sur le dernier tour de spire. On compte 9 rangées de tubercules sur les tours internes du phragmocône : ombilicaux pincés radialement, latéraux à peine visibles, ventro-latéraux internes et externes, et enfin siphonal. Seuls les tubercules ombilicaux restent réellement visibles sur la chambre d’habitation, les tubercules siphonaux et ventro-latéraux internes n’étant plus marqués que par une faible ondulation à peine perceptible au toucher.

Discussion : la densité costale élevée et la présence de côtes fines, sinueuses et faiblement tuberculées sont des caractères morphologiques que l’on observe chez Romaniceras (Romaniceras) kallesi (Zázvorka, 1958). C’est sous ce nom que nous avions déterminé le spécimen dans un premier temps, suite à une observation rapide. Mais ce moule interne provient de la base du Tuffeau Jaune de Touraine, tandis que la distribution verticale de R. (R.) kallesi est limitée à la moitié supérieure du Tuffeau de Saumur et correspond à un horizon stratigraphique nettement plus ancien. Entre le Tuffeau de Saumur et le Tuffeau Jaune de Touraine s’intercale en effet le Tuffeau de Bourré qui est caractérisé par la présence d’une autre espèce : Romaniceras (Y.) ornatissimum. Un examen plus attentif du moule interne de Pont-Boutard révèle que son enroulement est un peu plus involute (29 % du diamètre) que chez les formes typiques de R. (R.) kallesi (32 à 38 % du diamètre), ces dernières possédant également des côtes plus fines et saillantes et des espaces intercostaux un peu plus larges. La plupart des côtes sont longues et simples chez R. (R.) kallesi, les côtes courtes étant seulement occasionnelles. Enfin les côtes longues ne naissent jamais par paire chez R. (R.) kallesi, à la différence de ce que l’on observe ici sur les tours internes du phragmocône. Pour toutes ces raisons, le moule interne décrit est considéré comme un variant gracile de Romaniceras (Romaniceras) mexicanum (Jones, 1938), très comparable aux spécimens illustrés par Kennedy & Cobban (1988 a, text-fig. 6 C-D) de la zone à Prionocyclus hyatti du Nouveau-Mexique et Kennedy et al. (2015, text-fig. 16 G) du sommet du Turonien moyen des Corbières.

Romaniceras (Romaniceras) marigniacum Amédro & Châtelier, 2020 possède un enroulement plus évolute, une coquille massive avec une section du tour épaisse et présente sur le dernier tour de spire une alternance régulière de côtes longues et courtes.

Distribution : Turonien moyen, zone à Romaniceras mexicanum (Tm 4) ; base du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir à Pont-Boutard (Indre-et-Loire). Il s’agit de la première citation de l’espèce au sein du Bassin de Paris. Distribution en dehors du stratotype : Vaucluse et Corbières en France, Mexique, Nouveau Mexique et Texas.

  • Sous-genre Romaniceras (Yubariceras) Matsumoto, Saito & Fukada, 1957

Espèce-type : Yubariceras yubarense Matsumoto, Saito & Fukada, 1957 par désignation originale (= Ammonites ornatissimum Stoliczka, 1864)

Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (Stoliczka, 1864)

Pl. 2, fig. 1.

1864 Ammonites ornatissimum Stoliczka, p. 75, pl. 40.

1889 Ammonites Deverioides de Grossouvre, p. 524, pl. 12, fig. 1, 2 (incluant les variétés inermis et armata).

1980 a Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (Stoliczka) ; Kennedy, Wright & Hancock, p. 348, pl. 39, fig. 1-6 ; pl. 40, fig. 1, 3-5 ; pl. 45, fig. 1 ; pl. 48, fig. 1-4 ; pl. 50, fig. 1-4 ; text-fig. 3E, 7-8 (avec synonymie).

2014 Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (Stoliczka) ; Amédro & Devalque, p. 141, pl. 16, fig. 1 ; pl. 17, fig. 1 ; pl. 18, fig. 1 (avec synonymie additionnelle).

2015 Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (Stoliczka) ; Kennedy, Bilotte & Melchior, p. 462, text-fig. 15 C-F, I, J, L ; 18 A, B.

2018 Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (Stoliczka) ; Amédro & Matrion, p. 194, text-fig. 145 A, B ; 150 A, B.

2020 Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (Stoliczka) ; Amédro & Châtelier, p. 55, pl. 1, fig. 1 ; pl. 3, fig. 1-2 ; pl. 5, fig. 3-4.

Matériel : un exemplaire (BG-PBT 2) recueilli à la base du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir dans la carrière de Pont Boutard (Indre-et-Loire).

Discussion : Kennedy et al. (1980 a) ont distingué trois formes dans les stades moyen et adulte de l’espèce Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (Stoliczka, 1864) :

  • forme A (= R. deverioides de Grossouvre, 1889) : la section du tour est déprimée, les côtes alternativement longues et courtes, les côtes longues portant 11 rangées de tubercules, les courtes seulement 7 ;
  • forme B (= R. ornatissimum typique) : avec une section du tour plus déprimée, un ventre moins arrondi, presque plat et des tubercules latéraux tendant parfois à devenir épineux ;
  • forme C (= R. deverioides var. inermis de Grossouvre, 1889) : avec une section du tour qui tend à devenir subrectangulaire, un ventre plat et surtout une atténuation de la tuberculation au profit de la costulation, les tubercules tendant à disparaître au-delà de 100 mm de diamètre.

Le spécimen illustré pl. 2, fig. 1 appartient clairement à la forme C. Il s’agit d’une portion de chambre d’habitation d’un individu adulte d’un diamètre approximatif de 250 mm. On observe une alternance régulière des côtes longues et courtes, toutes concaves vers l’avant, ainsi que la disparition totale des tubercules. La morphologie de notre spécimen est identique à celle du lectotype du Tuffeau de Poncé illustré par Kennedy et al. (1980 a, pl. 50, fig. 1-2), ainsi que de l’exemplaire du Tuffeau de Bourré figuré par Amédro & Matrion (2018, fig. 150 A). Les variants robustes de Romaniceras (R.) mexicanum d’une taille équivalente, comme ceux figurés par Kennedy & Cobban (1988 a) ont des côtes plus radiales portant des tubercules ventro-latéraux développés en cornes.

Distribution : Turonien moyen, zone à Romaniceras ornatissimum (Tm 3) ; base du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir à Pont Boutard et Marigny-Marmande (Indre-et-Loire), sommet du Tuffeau de Saumur à Montsoreau (Maine-et-Loire), Tuffeau de Bourré à Bourré et à Montrichard (Loir-et-Cher), ainsi qu’à Maillé et Marigny-Marmande (Indre-et-Loire). Distribution en dehors du Saumurois et de la Touraine : Vienne, Sarthe (Tuffeau de Poncé), Vaucluse, Aube et Corbières en France, sud de l’Angleterre, Espagne, République tchèque, Tunisie, Israël, Liban, Madagascar, sud de l’Inde, Japon, Russie asiatique (Sakhaline), Californie, Texas et nord du Mexique.

  • Sous-famille Pseudotissotiinae Hyatt, 1903
  • Genre Pseudotissotia Péron, 1897

Espèce-type : Ammonites galliennei d’Orbigny, 1850, par désignation originale.

Pseudotissotia faustinleybachae Bert, Perès & Marchand, 2006

Pl. 3, fig. 1-3.

2006 Pseudotissotia faustinleybachae Bert, Perès & Marchand, p. 9, pl. 1, fig. 1,2 ; pl. 2, fig. 1, 2.

Types : la série type comprend trois spécimens appartenant à la collection Viviane Perès et recueillis au sein du Tuffeau de Saumur dans la carrière de la Butte de la Martinière à Usseau (Vienne). Bert et al. (2006) indiquent dans leur texte que l’holotype est le spécimen n° VP 2, mais illustrent ce même moule interne (pl. 2, fig. 1a-c) sous l’appellation de paratype ! Dans les planches, l’exemplaire présenté comme holotype est en revanche le n° VP 3 (pl. 1, fig. 1a-c), une information confirmée par l’étiquette du spécimen ! Pour éviter toute confusion, le spécimen VP 3 est désigné ici comme holotype de Pseudotissotia faustinleybachae.

Matériel : il n’a pas été possible de retrouver la trace du matériel original, les ammonites n’étant plus en possession de Viviane Perès qui les avait collectés. Ils ne sont pas non plus déposés dans les collections de l’Université de Bourgogne – Franche-Comté à Dijon (information communiquée par Didier Marchand). Ils se trouveraient peut-être dans les collections de la réserve géologique de Haute-Provence à Digne, mais seraient inaccessibles pour l’instant (Didier Bert, communication personnelle). Heureusement, des moulages réalisés par Gérard Delanoy (Levens, Alpes-Maritimes) permettent de revoir l’espèce. Ces moulages sont déposés dans les collections de l’Institut de Géologie de l’Université de Rennes 1 sous les numéros IGR 94955 (moulage de l’holotype = VP 3), IGR 94956 (moulage du paratype = VP 2) et IGR 94957 (moulage de l’exemplaire VP 1).

L’espèce est également connue par deux autres exemplaires, n° 404 et 405 de la collection Émile Hourqueig (La Roche-sur-Yon, Vendée), recueillis dans le Tuffeau de Saumur au sein d’une tranchée de la Ligne ferroviaire à Grande Vitesse (LGV) Sud-Europe-Atlantique à l’ouest de Châtellerault dans le département de la Vienne.

Dimensions : holotype (VP 3) : Ø = 68 mm ; H = 35 mm ; E = 28 mm ; O = 11 mm

                                               Ø = 55 mm ; H = 28 mm ; E = 26 mm ; O = 8 mm

                     paratype (VP 2) : Ø = 66 mm ; H = 31 mm ; E = 34 mm ; O = 10 mm

Description : l’holotype, illustré ici pl. 3, fig. 1 a-c, est un moule interne de 68 mm de diamètre montrant la totalité du phragmocône et un tiers de tour de spire de la chambre d’habitation. La coquille est cassée au niveau de la chambre d’habitation et la partie antérieure de celle-ci est légèrement décalée et oblique par rapport au reste de la coquille. L’enroulement est très involute (O = 15 à 16 % du diamètre), avec un ombilic profond bordé d’un mur vertical. La coquille, comprimée, est plus haute que large avec un rapport H/E de la hauteur sur l’épaisseur du tour variant de 1,08 sur le phragmocône à 1,25 sur la chambre d’habitation. La section du tour subtrapézoïdale, présente une épaisseur maximale au niveau des tubercules ombilicaux proéminents. Les flancs, convergents, sont faiblement convexes. La région ventrale est tricarénée, avec une carène siphonale, légèrement plus haute que les carènes ventro-latérales. Les trois carènes portent de petits tubercules pincés en clavi dans le sens de l’enroulement ce qui leur confère un aspect légèrement onduleux. L’ornementation est constituée de gros tubercules ombilicaux coniques, au nombre de quatre sur le dernier tour de spire préservé, à partir desquels naissent une à trois côtes larges et mousses, à peine visibles, formant souvent de simples ondulations à la surface des flancs. Les clavi observés sur les carènes ventro-latérales correspondent à la terminaison de ces ondulations. La ligne de suture, mal préservée sur le moulage, ne peut pas être décrite.

Le paratype VP 2 (pl. 3, fig. 2 a, b) est un moule interne de 82 mm de diamètre, incluant le phragmocône et le début de la chambre d’habitation. L’ornementation est identique à celle de l’holotype, mais il s’agit d’un variant épais, avec une section du tour plus large que haute (rapport H/E = 0,91).

Le spécimen VP 1 (pl. 3, fig. 3) possède un diamètre de 137 mm, plus important que celui des deux exemplaires précédents. Il s’agit d’un individu adulte sur lequel la totalité de la chambre d’habitation est préservée. L’intérêt de cet exemplaire est de montrer une forte atténuation de l’ornementation sur la chambre d’habitation avec, en particulier, la régression des tubercules ombilicaux dont il ne subsiste que de simples renflements et la disparition des carènes ventro-latérales.

Discussion : l’espèce Pseudotissotia faustinleybachae a été créée par Bert et al. (2006) à partir de trois moules internes provenant de la carrière de la « Butte de la Martinère » à Usseau (Vienne). Le niveau de récolte du matériel est le banc n° 7 de Bert et al. (2006) qui correspond à l’intervalle 15 m – 17 m d’Amédro et al. (2020). Lors de notre levé lithologique du front de taille en septembre 2018, le propriétaire de la carrière, monsieur Dominique Maquignon, nous a montré sa collection d’ammonites qui rassemble 56 spécimens recueillis sur toute la hauteur de l’exploitation et inclut les espèces suivantes : Lewesiceras peramplum (Mantell, 1822), Fagesia rudra (Stoliczka, 1865), Neoptychites cephalotus (Courtiller, 1860), Kamerunoceras turoniense (d’Orbigny, 1850), Spathites (Jeanrogericeras) reveliereanus (Courtiller, 1860), Collignoniceras woollgari woollgari (Mantell, 1822), Romaniceras (Romaniceras) kallesi (Zázvorka, 1958) et Lecointriceras fleuriausianum (d’Orbigny, 1841). En toute honnêteté, l’absence de Pseudotissotia nous a alors interpellés et le premier auteur de cet article (F.A.) s’est demandé si les spécimens décrits par Bert et al. sous le nom de P. faustinleybachae ne pouvaient pas être en réalité des Spathites légèrement écrasés, leur région ventrale tricarénée n’étant alors qu’un artefact. L’examen des moulages en notre possession montre qu’il n’en est rien. Pseudotissotia faustinleybachae Bert, Perès et Marchand, 2006 est bien une espèce valide dont le principal caractère spécifique est le développement de gros tubercules sur la bordure ombilicale.

Son attribution stratigraphique ne correspond pas en revanche à la zone à Romaniceras ornatissimum (ou sous-zone à Collignoniceras woollgari regulare) comme suggéré par Bert et al. (2006), mais à la zone antérieure à Romaniceras kallesi dans la mesure où les espèces associées sont Collignoniceras woollgari woollgari, Romaniceras (R.) kallesi et Lecointriceras fleuriausianum.

Pseudotissotia faustinleybachae diffère de P. galliennei (d’Orbigny, 1850) connu dans la zone suivante à R. ornatissimum du Tuffeau de Poncé (Sarthe) (Kennedy et al., 1979) par le développement de tubercules ombilicaux massifs et saillants. Ce même critère le distingue également de Pseudotissotia nigeriensis (Woods, 1911) du Turonien inférieur de la mer trans-saharienne et du golfe de Guinée, qui montre en plus une perte rapide de toute ornementation (Woods, 1911 ; Barber, 1957 ; Amédro et al., 1996).

Le « Pseudotissotia gallieni » (sic) du banc 13 de Bert et al. (2006) [équivalent à notre intervalle 23,90 m – 26,50 m], illustré par les auteurs pl. 2, fig. 3, est selon nous indéterminable spécifiquement en l’absence de vue ventrale. Nous ne disposons malheureusement pas d’un moulage de ce spécimen qui aurait pu permettre de discuter la détermination proposée.

Les deux Pseudotissotia faustinleybachae recueillis par É. Hourqueig dans une tranchée de la LGV Sud-Europe-Atlantique aux abords de Châtellerault sont des moules internes de 75 et 57 mm de diamètre qui correspondent à des variants comprimés de l’espèce (Sites web 2 et 3).

Distribution : Turonien moyen, zone à Romaniceras kallesi (Tm 2) ; moitié supérieure du Tuffeau de Saumur à Usseau (Vienne).

  • Famille Collignoniceratidae Wright & Wright, 1951
  • Sous-famille Collignoniceratinae Wright & Wright, 1951
  • Genre Collignoniceras Breistroffer, 1947

Espèce-type : Ammonites Woollgari Mantell, 1822, par désignation originale de Meek, 1876 (pour le genre Prionotropis Meek, 1876), non Fieber, 1853, pour lequel Breistroffer, 1947 a proposé le nouveau nom de Collignoniceras). Opinion ICZN 861, 1968.

Collignoniceras woollgari (Mantell, 1822) sensu lato

Pl. 1, fig. 2, 3

1822 Ammonites Woollgari Mantell, p. 197, pl. 21, fig. 16 ; pl. 22, fig. 7.

1981 Collignoniceras woollgari (Mantell) ; Wright & Kennedy, p. 103, pl. 28, fig. 1-3 ; pl. 29, fig. 1-7 ; pl. 30, fig. 1-3 (avec synonymie)

2001 Collignoniceras woollgari woollgari (Mantell) ; Kennedy, Cobban & Landman, p. 42, text-fig. 10-15 (avec synonymie additionnelle).

2001 Collignoniceras woollgari regulare (Haas) ; Kennedy, Cobban & Landman, p. 45, text-fig. 17-33 (avec synonymie additionnelle).

2015 Collignoniceras woollgari (Mantell, 1822) sensu lato ; Kennedy, Melchior & Bilotte, p. 480, text-fig. 27 A-F (avec synonymie additionnelle).

Matériel : deux spécimens (BG-PBT 3 et BG-PBT 4) provenant de la base du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir dans la carrière de Pont-Boutard (Indre-et-Loire).

Discussion : Les deux exemplaires en notre possession sont des moules internes avec un diamètre estimé entre 22 et 25 mm. La section du tour est légèrement comprimée (H/E = 1,26) et subrectangulaire, avec des flancs plats, subparallèles et une région ventrale dominée par une carène siphonale. L’ornementation est constituée de côtes fines, longues, droites et faiblement inclinées vers l’avant. Les côtes naissent sur la bordure ombilicale et portent deux rangées de tubercules au niveau de l’épaule ventro-latérale : des tubercules ventro-latéraux internes et des tubercules ventro-latéraux externes, ces derniers étant reliés à des tubercules siphonaux pincés dans le sens de l’enroulement et en nombre identique aux précédents.

La détermination de ces deux exemplaires juvéniles n’est pas aisée. Nous les avions attribués dans un premier temps au genre Subprionocyclus en prenant en compte leur petite taille et leur niveau de récolte : le Tuffeau Jaune de Touraine. Mais les Subprionocyclus possèdent des côtes flexueuses qui naissent seules ou par paires au niveau de minuscules bulles ombilicales. Dans le cas présent, toutes les côtes sont longues, simples et droites et il ne semble pas y avoir de bulles ombilicales, de façon identique à ce que l’on observe chez Collignoniceras woollgari à ce stade de développement de la coquille. Les deux moules internes décrits ici sont très comparables aux Collignoniceras woollgari illustrés par Kennedy et al. (1980 b) et Amédro & Matrion (2018, fig. 136 C, D) des Tuffeaux de Saumur et de Poncé. En revanche, l’identification de la sous-espèce : woollgari woollgari (Mantell, 1822) ou woollgari regulare (Haas, 1946) est impossible en raison de leur petite taille.

Distribution : Turonien moyen (zone à Kamerunoceras turoniense à zone à Romaniceras mexicanum), France, Angleterre, Allemagne, République tchèque, Autriche, Bulgarie, Espagne, Tunisie, Iran, Turkménistan, Japon, Western Interior des USA et du Canada, Californie, Oregon et nord du Mexique.

  • Genre Subprionocyclus Shimizu, 1932

Espèce-type : Prionocyclus hitchinensis Billinghurst, 1927 ; par désignation originale.

Subprionocyclus bravaisianus (d’Orbigny, 1841)

Pl. 1, fig. 4.

1841 Ammonites Bravaisianus d’Orbigny, p. 308, pl. 91, fig. 3,4.

1849 Ammonites Neptuni Geinitz, p. 114, pl. 3, fig. 3.

1977 Subprionocyclus bravaisianus (d’Orbigny) = S. neptuni (Geinitz) ; Hancock, Kennedy & Wright, p. 165.

1979 Subprionocyclus neptuni (Geinitz) ; Wright, p. 319, pl. 5, fig. 2, 3 (avec synonymie).

1990 Collignoniceras bravaisianus (d’Orbigny) ; Futakami, p. 238, pl. 1, fig. 4-5, 7 ; pl. 2, fig. 1-7 uniquement (fig. 8-14 = Collignoniceras ou Prionocyclus) ; pl. 3, fig. 1 ; non pl. 4, fig. 2, 4-5 (= Collignoniceras).

1990 Subprionocyclus neptuni (Geinitz) ; Futakami, p. 244, pl. 5, fig. 1-2 ; pl. 6, fig. 1.

2014 Subprionocyclus bravaisianus (d’Orbigny) ; Amédro & Devalque, p. 155, pl. 39, fig. 1-8 ; text-fig. 40 a-f (avec synonymie additionnelle).

2006 Subprionocyclus bravaisianus (d’Orbigny, 1850) ; Kennedy & Juignet in Fischer coord., p. 112, pl. 60, fig. 3a-d, 4.

2019 Subprionocyclus neptuni (Geinitz, 1849) ; Kennedy, p. 99, pl. 35, fig. 7-11, 28-29 ; pl. 36, fig. 1-4, 10-13, 20-21, 24 ; text-fig. 55 B, C, D, 57 B, D (avec synonymie additionnelle).

2019 Subprionocyclus neptuni (Geinitz, 1849) ; Kennedy & Kaplan, p. 70, pl. 1, fig. 6 ; pl. 38, fig. 2-4, 7-9, 11 ; pl. 39, fig. 14, 15 ; text-fig. 26 B-D.

Matériel : un spécimen (BG-S 1) provenant du sommet du Tuffeau Jaune de Touraine, probablement du hardground Langeais, au lieu-dit la Sablonnière à Saché (Indre-et-Loire).

Description : le spécimen, illustré pl. 1, fig. 4, est un moule interne de 21 mm de diamètre. L’enroulement est modérément évolute, avec un ombilic qui représente 35 % du diamètre. La section du tour est comprimée, avec un maximum d’épaisseur près de la bordure ombilicale. Les flancs sont légèrement convexes et convergents, la bordure ventro-latérale arrondie et la ligne siphonale surélevée en une carène distincte. L’ornementation se compose de côtes sinueuses qui naissent le plus souvent seules ou par paires au niveau d’une petite bulle ombilicale. Quelques-unes sont des intercalaires. On compte 21 côtes sur le demi-tour de spire préservé. Toutes portent un tubercule ventro-latéral interne à peine développé, formant une minuscule bulle et un petit tubercule ventro-latéral externe pincé dans le sens de l’enroulement. La carène siphonale est continue et présente de fines dents de scie qui correspondent chacune à une côte.

Discussion : les côtes sinueuses, majoritairement longues et naissant souvent par paires au niveau de minuscules bulles ombilicales, les tubercules ventro-latéraux internes à peine visibles, les tubercules ventro-latéraux externes pincés en clavis et la carène siphonale finement crénelée sont des caractères typiques de Subprionocyclus bravaisianus (d’Orbigny, 1841). Le spécimen décrit ici est très comparable aux exemplaires illustrés par Amédro & Devalque (2014, pl. 39, fig. 6) de la localité type d’Uchaux et par Kennedy (2019, pl. 36, fig. 12) de l’Upper Chalk d’Angleterre.

L’espèce Subprionocyclus bravaisianus (d’Orbigny, 1841) est souvent désignée dans la littérature sous le nom de Subprionocyclus neptuni (Geinitz, 1850) (cf. les synonymies publiées par Wright, 1979 ; Kennedy & Kaplan, 2019 et Kennedy, 2019). Même si le nom de bravaisianus a été moins utilisé, ce taxon a été cependant été bien interprété par de nombreux auteurs, en particulier Sharpe (1855), Fritsch (1872), Roman & Mazeran (1913) et plus récemment Amédro & Devalque (2014) qui ont révisé la série type provenant du massif d’Uchaux (Vaucluse) et illustré huit autres spécimens provenant du même gisement. Ainsi que Hancock et al. (1977) et Wright (1979) l’affirment à juste titre, « S. bravaisianus et S. neptuni ne peuvent être maintenues comme espèces distinctes en dépit de l’étude de Matsumoto & Noda (1966), le spectre de variation des syntypes de S. bravaisianus étant plus grand que la différence entre les lectotypes de bravaisianus et de neptuni », une opinion partagée par Kennedy et Juignet in Fischer coord. (2006) et plus récemment par Amédro & Devalque (2014). Bravaisianus ayant antériorité sur neptuni, le premier terme est utilisé ici malgré la proposition récente et inverse de Kennedy & Kaplan (2019) et Kennedy (2019) qui n’est pas recevable si l’on veut satisfaire aux règles du Code de Nomenclature Zoologique [une discussion détaillée de cette question nomenclaturale est présentée par Amédro & Devalque, 2014, p. 155-158].

Distribution : Turonien supérieur, zone à Subprionocyclus bravaisianus. Le seul exemplaire clairement rapporté à l’espèce recueilli au sein du stratotype de l’étage Turonien est le moule interne de Saché (Indre-et-Loire) décrit ici et qui provient vraisemblablement du hardground Langeais. Trois spécimens sont également connus au sommet du Tuffeau Jaune de Touraine à la périphérie de la région type, les deux premiers dans la vallée du Loir à la Chartre-sur-le-Loir (Sarthe) et près de Villedieu-le-Château dans le Loir-et-Cher (Kennedy et al., 1984), le troisième dans les environs de Clion dans l’Indre (de Grossouvre, 1901). Distribution en dehors du stratotype : Bassin de Paris, Vaucluse et Provence en France, Angleterre, Allemagne, Pologne, Autriche, République tchèque, Europe du Nord et centrale, Russie, Kazakhstan, Espagne, Tunisie, Madagascar, Japon, Californie et Oregon.

  • Famille Coilopoceratidae Hyatt, 1903
  • Genre Hoplitoides von Koenen, 1898

Espèce-type : Hoplitoides latesellatus von Koenen, 1898, par désignation subséquente de Solger, 1904.

Hoplitoides sp.

pl. 4, fig. 1

Matériel : un spécimen, coll. Bertrand Matrion, déposé dans les collections de l’Université de Bourgogne – Franche-Comté à Dijon, n° UBGD 34001, provenant de la moitié inférieure du Tuffeau de Saumur et plus précisément du lit à grands Lewesiceras peramplum, c’est-à-dire du niveau 10,00 m dans la carrière de la Butte de la Martinière à Usseau (Vienne).

Discussion : l’unique spécimen en notre possession est un individu de grande taille. Seul le phragmocône est préservé et celui-ci atteint un diamètre impressionnant de 390 mm. L’enroulement est très involute (O = 6 % du diamètre). La section du tour est comprimée (H/E = 2,45) et lancéolée, avec une épaisseur maximale de la coquille observée au quart interne des flancs qui sont faiblement convexes et convergents. Sur la partie interne du phragmocône, on observe un méplat de 2 à 3 mm de large sur la ligne siphonale. Ce méplat disparaît sur le dernier tour de spire préservé et la section du tour devient alors tranchante. Aucune côte n’est visible sur le phragmocône à ce diamètre. La préservation du spécimen est malheureusement médiocre et il n’est pas possible d’observer de façon satisfaisante la ligne de suture externe qui constitue un des principaux critères de détermination spécifique des Coilopoceratidae. Le méplat siphonal présent sur les tours internes du phragmocône est caractéristique des Hoplitoides. En revanche, une détermination spécifique est plus problématique en raison de l’altération du moule interne.

Les Hoplitoides sont des ammonites typiquement téthysiennes, bien connues en Espagne, Tunisie, Algérie, Maroc, Syrie, Liban, Jordanie, Israël, Égypte, Cameroun, Nigéria, Madagascar, Nouveau Mexique, Mexique, Vénézuela, Colombie, Pérou et Brésil. Elles sont en revanche inconnues dans le domaine boréal et il s’agit à notre connaissance de la première citation du genre dans le Bassin de Paris. Hoplitoides mirabilis Pervinquière, 1907, du Turonien inférieur de Tunisie centrale, garde un méplat ventral jusqu’à la naissance de la chambre d’habitation. H. sandovalensis Cobban & Hook, 1980, du Nouveau Mexique, possède des flancs plus convexes et correspond à un taxon plus jeune, connu uniquement au sommet du Turonien moyen associé à Prionocyclus hyatti (Stanton, 1894) et à Romaniceras (R.) mexicanum (Jones, 1938). Les deux espèces qui semblent présenter le plus d’affinités avec notre moule interne sont Hoplitoides wohltmanni (von Koenen, 1897) et H. koeneni (Solger, 1904), toutes deux décrites au Cameroun, mais contemporaines de notre spécimen dans la mesure où elles sont associées à Collignoniceras woollgari woollgari au Nouveau Mexique (Cobban & Hook, 1979). Morphologiquement, les deux taxons sont très proches, mais la ligne de suture d’H. wohltmanni paraît plus complexe, en particulier au niveau du lobe adventif. Il semblerait que ce soit également le cas sur le moule interne recueilli à Usseau mais, sans certitude, nous préférons rester au niveau générique comme Hoplitoides sp.

Distribution : Turonien moyen, zone à Kamerunoceras turoniense ; moitié inférieure du Tuffeau de Saumur à Usseau (Vienne).

  • Sous-ordre Ancyloceratina Wiedmann, 1966
  • Superfamille Scaphitoidea Gill, 1871
  • Famille Scaphitidae Gill, 1871
  • Sous-famille Scaphitinae Gill, 1871
  • Genre Scaphites Parkinson, 1811

Espèce-type : Scaphites equalis J. Sowerby, 1813, par désignation subséquente de Meek, 1876.

Scaphites geinitzii d’Orbigny, 1850

Pl. 2, fig. 2, 3, 4.

1850 Scaphites Geinitzii d’Orbigny, p. 214.

1979 Scaphites geinitzii d’Orbigny ; Wright, p. 300, pl. 3, fig. 1-4, 6-7 ; pl. 7, fig. 9 (avec synonymie).

1987 Scaphites geinitzii d’Orbigny ; Kaplan, Kennedy & Wright, p. 10, pl. 1, fig. 1-4, 6-10 ; pl. 2, fig. 1-13 ; pl. 3, fig. 1-5, 9-11 ; pl. 4, fig. 1, 2, 7 ; pl. 6, fig. 6.

2014 Scaphites geinitzii d’Orbigny ; Amédro & Devalque, p. 163, pl. 37, fig. 1 ; pl. 39, fig. 14 (avec synonymie additionnelle).

2019 Scaphites geinitzii d’Orbigny ; Kennedy & Kaplan, p. 99, pl. 50, fig. 14-32 ; pl. 51, fig. 1-17 ; text-fig. 28 A-J (avec synonymie additionnelle).

2020 Scaphites geinitzii d’Orbigny ; Kennedy, p. 175, pl. 55, fig. 4-35 ; pl. 56, fig. 1-19, 28-30 ; pl. 57, fig. 1-31 ; text-fig. 85 B-D, 86d-G (avec synonymie additionnelle).

Matériel : trois spécimens, BG-PBT 5, BG-PBT 6 et BG-PBT 7, recueillis au sein du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir dans la carrière de Pont Boutard (Indre-et-Loire).

Discussion : Scaphites geinitzii d’Orbigny, 1850 est une espèce commune dans les niveaux condensés du Turonien supérieur d’Europe occidentale, en particulier dans les hardgrounds à Subprionocyclus du sud de l’Angleterre et du nord de la France (Wright, 1979) et dans les grès du massif d’Uchaux dans le Vaucluse (Amédro & Devalque, 2014). Mais l’apparition de l’espèce est en réalité nettement antérieure, les plus anciens spécimens étant connus dès la base de la zone à Collignoniceras woollgari du Turonien moyen, en particulier dans le NW de l’Allemagne (Kaplan et al., 1987 ; Kennedy & Kaplan, 2019). La spire est involute, avec une section du tour ovale, modérément comprimée. L’ornementation est constituée de côtes primaires légèrement sinueuses qui se ramifient à mi-hauteur ou aux deux tiers du flanc en trois ou quatre fines côtes secondaires. Sur la hampe et le début de la crosse, ce point de divergence correspond à un petit tubercule plus ou moins marqué à partir duquel naissent trois à cinq côtes secondaires.

Malgré leur mauvaise préservation, les trois spécimens en notre possession sont bien représentatifs du large spectre de variation de l’espèce allant des formes robustes aux formes graciles (=Scaphites geinitzii laevior Wright, 1979).

Distribution : Turonien moyen et supérieur avec un maximum d’abondance dans la zone à Subprionocyclus bravaisianus. Les seuls exemplaires recueillis au sein du stratotype de l’étage Turonien sont les moules internes de Pont Boutard (Indre-et-Loire) décrits ici et qui sont attribués au sommet du Turonien moyen. L’espèce est connue ailleurs en France, Angleterre, Allemagne, Pologne, République tchèque et Espagne.

Les apports des récoltes d’ammonites actuelles à la connaissance du turonien type

La distribution verticale des ammonites au sein des formations stratotypiques de l’étage Turonien a fait l’objet de synthèses récentes en prenant en compte un matériel incluant plus de 3 000 spécimens (Amédro, Matrion & Robaszynski coord., 2018 ; Amédro et al., 2020 a, b). Les ammonites décrites ci-dessus enrichissent toutefois encore la connaissance des associations successives et permettent en particulier de préciser l’attribution stratigraphique de la partie inférieure du Tuffeau Jaune de Touraine. En respectant la succession stratigraphique, les principaux apports de cet article sont les suivants, du bas vers le haut.

Les Hoplitoides sp. et Pseudotissotia faustinleybachae du Tuffeau de Saumur à Usseau (Vienne) témoignent d’incursions téthysiennes dans la partie méridionale du Bassin de Paris au cours de la moitié inférieure du Turonien moyen par franchissement du seuil du Poitou

Le Bassin de Paris est caractérisé au Turonien par une abondance de Collignoniceratidae (Collignoniceras, Lecointriceras, Subprionocyclus) signant son appartenance au domaine boréal. Toutefois le long de la bordure méridionale du bassin, le Tuffeau de Saumur, attribué aux deux premières zones d’ammonites du Turonien moyen, successivement à Kamerunoceras turoniense et à Romaniceras kallesi, contient quelques rares ammonites originaires du domaine téthysien. Il s’agit de l’Hoplitoides sp. et des cinq Pseudotissotia faustinleybachae recueillis dans la carrière d’Usseau et dans les tranchées de la LGV Sud-Europe-Atlantique (Vienne). Ces spécimens sont entrés dans le bassin par franchissement du seuil du seuil du Poitou à la faveur d’un haut niveau marin d’origine eustatique. Cet événement global s’inscrit dans le contexte de la grande transgression crétacée dont le point de départ peut être situé dans l’Aptien inférieur et l’amplitude maximale atteinte vers la limite Turonien inférieur-Turonien moyen (Hardenbol et al., 1998).

L’association à Romaniceras (Y.) ornatissimum, R. (Romaniceras) mexicanum, Collignoniceras woollgari et Scaphites geinitzii de la base du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir à Pont Boutard (Indre-et-Loire) démontre que la base de la formation est d’âge Turonien moyen élevé, le reste de l’unité appartenant au Turonien supérieur

Aucune ammonite n’avait été recueillie jusqu’à ce jour dans le Tuffeau Jaune de Touraine au sein du faciès falun de Continvoir. Ce faciès particulier, typique d’un dépôt sous une faible tranche d’eau marine, n’est pas favorable à la présence de céphalopodes. Le lot des sept spécimens recueillis dans la carrière de Pont-Boutard près de Langeais (Indre-et-Loire), incluant les espèces Romaniceras (R.) mexicanum, R. (Y.) ornatissimum, Collignoniceras woollgari et Scaphites geinitzii, est dans ce contexte spécialement intéressant. Tous proviennent de la partie inférieure du Tuffeau Jaune de Touraine et cette association est caractéristique du Turonien moyen élevé (Tm 3 et Tm 4).

Contrairement à ce qui était admis jusqu’à présent et de façon comparable à ce qui vient d’être décrit en Touraine méridionale, aux abords de Richelieu (Amédro et al., 2020 a, b), la base du Tuffeau Jaune de Touraine n’est pas datée du Turonien supérieur comme le reste de la formation, mais du Turonien moyen. La découverte dans l’intervalle 1,30 m-1,80 m de la carrière de Pont Boutard, au sein d’une passée lumachellique consolidée, d’un exemplaire de Romaniceras (Y.) ornatissimum et d’un autre de Romaniceras (R.) mexicanum, index de la zone éponyme et premier représentant de l’espèce dans le Bassin de Paris, suggère que la base du Tuffeau Jaune de Touraine pourrait réunir la partie sommitale de la zone à R. ornatissimum (Tm 3) et la zone à R. mexicanum (Tm 4) dans des niveaux plus ou moins condensés incluant des hardgrounds et des dépôts de tempêtes.

Le Subprionocyclus bravaisianus récolté à Saché (Indre-et-Loire) confirme que le sommet du Tuffeau Jaune de Touraine appartient à la zone éponyme du Turonien supérieur (Ts 2)

Le Subprionocyclus bravaisianus décrit dans le présent article provient probablement du harground Langeais situé à la limite supérieure du Tuffeau Jaune de Touraine près d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire). Il correspond à la première véritable citation de l’espèce au sein du stratotype sensu stricto. Jusqu’à présent, les trois seuls spécimens connus au sein du Tuffeau Jaune de Touraine à l’échelle régionale étaient issus de la périphérie du stratotype, pour les deux premiers de la vallée du Loir (Sarthe) dans et aux abords d’un banc à gastéropodes qui forme un niveau repère à l’échelle régionale (Kennedy et al., 1982 ; Jarvis & Gale, 1984) et pour le troisième au-dessus des hargrounds constituant la Pierre de Clion dans l’Indre (de Grossouvre, 1901). Dans les trois cas, les récoltes ont été réalisées dans les deux à trois mètres sommitaux du Tuffeau Jaune de Touraine qui peuvent de ce fait être attribués à la partie basale de la zone d’ammonites à Subprionocyclus bravaisianus (deuxième zone du Turonien supérieur qui en compte trois). En-dessous, la plus grande partie de la formation est datée de la zone précédente à Romaniceras deverianum, à l’exception bien-sûr de l’extrême base qui est maintenant attribuée au sommet du Turonien moyen.

En définitive, sur les trente mètres d’épaisseur que mesure en moyenne le Tuffeau Jaune de Touraine dans la région stratotypique, on peut estimer que les 20 à 25 m médians correspondent à la zone à R. deverianum du Turonien supérieur, les 2 à 3 m supérieurs à la zone suivante à S. bravaisianus et les 2 à 3 m inférieurs au sommet du Turonien moyen incluant les niveaux les plus élevés de la zone à R. ornatissimum et, localement, des éléments plus ou moins condensés de la zone à R. mexicanum.

Conclusion

Les associations d’ammonites présentes au sein du stratotype de l’étage Turonien et de ses abords ont fait l’objet de nombreuses études depuis la publication de la « Paléontologie française » d’Alcide d’Orbigny entre 1840 et 1842. Notre récent ouvrage « Stratotype Turonien » publié dans la série des stratotypes français par le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris a permis de présenter une synthèse des connaissances acquises depuis le XIXe siècle jusqu’en 2018. Depuis la parution de ce travail, des récoltes paléontologiques complémentaires ont conduit à la description de quatre nouvelles espèces dans la partie méridionale de la Touraine et à l’identification d’une espèce connue jusque-là uniquement dans le sud-est de la France. La présente contribution permet d’enrichir à nouveau la connaissance des faunes d’ammonites du Turonien stratotypique et de ses abords, avec en particulier la description de deux ammonites jusqu’alors inconnues dans le Bassin de Paris : Romaniceras (Romaniceras) mexicanum et Hoplitoides sp.

Remerciements. Le Dr W.J. Kennedy (Oxford, UK) nous a donné son avis sur la détermination des Collignoniceratinae juvéniles de Pont Boutard. M. Gérard Delanoy (Levens, Alpes-Maritimes) nous a offert les moulages des types de Pseudotissotia faustinleybachae. Qu’ils en soient tous deux chaleureusement remerciés.

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Annexe

Planche 1

Image

Fig. 1 : Romaniceras (Romaniceras) mexicanum (Jones, 1938), coll. B.G.-PBT 1, du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir dans la carrière de Pont-Boutard (Indre-et-Loire), Turonien moyen, zone à R. mexicanum (Tm 4).
Fig. 2, 3 : Collignoniceras woollgari(Mantell, 1822) sensu lato, fig. 2 : coll. B. G-PBT 4, fig. 3 : coll. B.G.-PBT 3, les deux provenant du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir dans la carrière de Pont-Boutard (Indre-et-Loire), Turonien moyen (Tm 3 ou 4).
Fig. 4 : Subprionocyclus bravaisianus(d’Orbigny, 1841), coll. B.G.-S 1, probablement du hargroundLangeais situé à la limite supérieure du Tuffeau Jaune de Touraine au lieu-dit la Sablonnière à Saché (Indre-et-Loire), Turonien supérieur, zone à S. bravaisianus.
Barre d’échelle = 2 cm. Clichés B. Matrion.

Planche 2

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Fig. 1 : Romaniceras (Yubariceras) ornatissimum (Stoliczka, 1864), coll. B-G.-PBT 2, du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir dans la carrière de Pont-Boutard (Indre-et-Loire), Turonien moyen, zone à R. ornatissimum (Tm 3).
Fig. 2-4 : Scaphites geinitzii d’Orbigny, 1850, fig. 2 : coll. BG-PBT 5, fig. 3 : coll. BG-PBT 7, fig. 4 : coll. B.G.-PBT 6, tous trois du Tuffeau Jaune de Touraine sous faciès falun de Continvoir dans la carrière de Pont-Boutard (Indre-et-Loire), Turonien moyen (Tm 3 ou Tm 4).
Barre d’échelle = 2 cm. Clichés B. Matrion.

Planche 3

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Fig. 1-3 : Pseudotissotia faustinleybachae Bert, Perès & Marchand, 2006 (moulages déposés dans les collections de l’Université de Rennes 1), fig. 1 : holotype n° VP 3 (moulage = IGR 94955), fig. 2 : paratype n° VP 2 (moulage = IGR 94956), fig. 3 : VP 1 (moulage = IGR 94957), les trois de la moitié supérieure du Tuffeau de Saumur à Usseau (Vienne), Turonien moyen, zone à Romaniceras kallesi (Tm 2).
Barre d’échelle = 2 cm. Clichés H. Châtelier.

Planche 4

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Fig. 1-2 : Hoplitoides sp., coll. BM, n° UBGD 34001, moitié inférieure du Tuffeau de Saumur, lit à grands Lewesiceras peramplum situé au niveau 10,00 m dans la carrière de la Butte de la Martinière à Usseau (Vienne), Turonien moyen, zone à Kamerunoceras turoniense (Tm 1).
Barre d’échelle = 2 cm. Clichés B. Matrion.

Notes

1 À propos de « falun ». Selon Rey (2016), le terme est connu au moins depuis 1720 et semble issu de fal ≈ falo ≈ pâle, jaune clair, fauve, et lun ≈ lum ≈ lima = limon, sédiment. Implicitement, le mot oriente vers une roche peu cohérente, sans ou avec peu de ciment, mais contenant de nombreux fossiles, essentiellement des coquilles de bivalves et gastéropodes, mais aussi des bryozoaires, échinides, annélides, polypiers, etc. L’usage du terme falun, ou plutôt son pluriel faluns, est surtout réservé à la Formation des Faluns de Touraine d’âge Miocène (Desnoyers, 1829), correspondant à des accumulations de fossiles généralement très peu cimentés et inclus dans une matrice grossière fort friable. Le « falun de Continvoir » [noté C3c – Turonien supérieur – dans la notice de la carte géologique au 1/50 000 de Chinon (Alcaydé, 1975) et C3bF dans celle de Noyant (Brossé et al., 1984)] est beaucoup plus ancien. Selon les attributions apportées aujourd’hui par les ammonites et les ostracodes, il couvre un intervalle allant du sommet du Turonien moyen (partie terminale de la zone à Romaniceras ornatissimum) au Turonien supérieur (zone à Romaniceras deverianum et peut-être base de la zone suivante à Subprionocyclus bravaisianus). C’est au falun de Continvoir que se rapporte le faciès de l’affleurement de Pont Boutard. Retour au texte

Illustrations

  • Fig. 1

    Fig. 1

    Extension des dépôts turoniens au sein du Bassin de Paris. La région type de l’étage Turonien est située dans la partie sud-ouest du bassin entre Saumur et Montrichard. SP : seuil du Poitou ; 1 : Pont Boutard ; 2 : Saché.
     
    The turonian deposits in the Paris Basin. The type area of the Turonian stage is located in SW of the basin, between Saumur and Montrichard.SP : Poitou swell ; 1 : Pont Boutard ; 2 : Saché.

  • Fig. 2

    Fig. 2

    Situation géographique des affleurements situés dans les environs de Langeais le long de la vallée de la Loire.
     
    Geographical location of the outcrops located around Langeais, along the Loire valley.

  • Fig. 3

    Fig. 3

    Position stratigraphique des coupes ayant fourni des ammonites.
     
    Stratigraphical location of sections containing ammonites.

  • Fig. 4

    Fig. 4

    Le Tuffeau Jaune de Touraine à faciès « falun de Continvoir » dans la carrière de Pont-Boutard près de Langeais (Indre-et-Loire).
     
    The Tuffeau Jaune de Touraine with facies « falun de Continvoir » in the Pont-Boutard quarry near Langeais (Indre-et-Loire).

Citer cet article

Référence papier

Francis Amédro, Bruno Guével, Bertrand Matrion, Francis Robaszynski et Hervé Châtelier, « Quelques ammonites rares du turonien type, dont romaniceras mexicanum et subprionocyclus bravaisianus près de Langeais et Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire) », Annales de la Société Géologique du Nord, 30 | 2023, 17-40.

Référence électronique

Francis Amédro, Bruno Guével, Bertrand Matrion, Francis Robaszynski et Hervé Châtelier, « Quelques ammonites rares du turonien type, dont romaniceras mexicanum et subprionocyclus bravaisianus près de Langeais et Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire) », Annales de la Société Géologique du Nord [En ligne], 30 | 2023, mis en ligne le 15 décembre 2023, consulté le 14 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/annales-sgn/2267

Auteurs

Francis Amédro

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