Dominique Blanc sous le regard de Patrice Chéreau

« La douleur », de la création à la reprise (2008-2023)

DOI : 10.54563/cahiers-duras.487

Abstracts

Publié en 1985, La Douleur a été, en 2008, porté à la scène par la comédienne française Dominique Blanc, sous le regard du metteur en scène Patrice Chéreau et du chorégraphe Thierry Thieû-Niang. Quatorze ans plus tard, cette actrice reprend ce spectacle épuré comme un seul-en-scène, avec la complicité du chorégraphe, en hommage à la mémoire et au travail de Chéreau, disparu en 2013. Comment est né ce projet lié à un théâtre destiné à être « lu » et non pas « joué » et quels sont les défis posés par un tel type de théâtre ? Au-delà de l’hommage à Patrice Chéreau, pourquoi reprendre cette création en 2022 ? Tels sont les trois temps forts de notre article.

Published in 1985, La Douleur was brought to the stage in 2008 by French actress Dominique Blanc, under the watchful eye of French director Patrice Chéreau and choreographer Thierry Thieû-Niang. Fourteen years later, the actress is reviving this pared-down, one-woman show, with the complicity of the choreographer, as a tribute to the memory and work of Chéreau, who passed away in 2013. How did this project come about, and what are the challenges posed by a type of theater designed to be “read” rather than “performed”? Beyond the homage to Patrice Chéreau, why should this creation be revived in 2022? These are the three highlights of our article.

Outline

Text

Publié en 1985, « La douleur », récit autobiographique qui ouvre le recueil du même nom1, a été porté à la scène en 2008 par la comédienne française Dominique Blanc, sous le regard du metteur en scène français Patrice Chéreau et du chorégraphe français, d’origine vietnamienne, Thierry Thieû Niang. Près de quinze ans plus tard, la comédienne reprend ce spectacle épuré, ce « seul en scène », avec la complicité de Thierry Thieû Niang, en hommage au travail de Patrice Chéreau, décédé en 2013.

Comment est né ce projet lié à un texte en prose destiné à être lu et non pas joué et quels sont les défis posés par une telle entreprise, quand on connaît la défiance de Marguerite Duras concernant le passage de ses textes à la scène ? Comment ce matériau littéraire a-t-il inspiré le geste artistique de Patrice Chéreau, ceux de la comédienne Dominique Blanc et du chorégraphe Thierry Thieû Niang ? Pourquoi reprendre cette création en 2022-2024 qui, réservée exclusivement à la scène, n’avait jamais été filmée ? Telles sont les interrogations qui nous guideront tout au long de cet article dont l’écriture procède notamment de la consultation d’archives inédites du metteur en scène à l’IMEC (Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine)2.

De la création…

À propos de la mise en scène que Klaus Michael Grüber a proposée de Bérénice de Jean Racine en 1984 à la Comédie-Française, Marguerite Duras affirme : « Dans la Bérénice de Grüber qui était presque immobile, j’ai regretté l’amorce des mouvements, ça éloignait la parole […]. Pourquoi on se ment encore là-dessus ? Bérénice et Titus, ce sont des récitants, le metteur en scène, c’est Racine, la salle, c’est l’humanité »3. Tiré de La Vie matérielle, ce commentaire de Duras qui insiste sur l’épure propre au tragique racinien définit, nous semble-t-il, parfaitement le théâtre de l’autrice. En effet, tel le théâtre « dans un fauteuil » d’Alfred de Musset, la pratique scénique revendiquée par Marguerite Duras vise non pas le jeu démonstratif qui s’attache à donner l’illusion du personnage mais la lecture. Les gestes et l’effort corporel, inhérents à une certaine idée de l’incarnation, nuisent au texte qui, dans le cas de « La douleur », s’avère porteur certes d’une expérience personnelle, mais qui, en réalité, concerne l’Europe en guerre, et le sort des déportés.

La conception théâtrale que défend Marguerite Duras pose d’emblée un défi scénique aux artistes que sont Dominique Blanc, Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang : en effet, il s’agit de passer du texte en prose qu’est « La douleur » à une version scénique où l’enjeu est de donner vie à cette écriture sur un plateau de théâtre. C’est la raison pour laquelle ils ont opté pour un décor nu (une table, quelques chaises, des bouts de costumes appartenant à la comédienne et un sac contenant des accessoires différents à chaque représentation) afin de revenir à l’essentiel, à savoir la présence d’une actrice transmettant, de manière singulière, un texte intime racontant un moment tragique de l’histoire commune.

Si nous avons cité d’entrée de jeu les propos de Marguerite Duras relatifs à Jean Racine, c’est que de Phèdre à M. – l’initiale par laquelle Marguerite Duras se désigne dans La Douleur – il n’y a qu’un pas que Dominique Blanc a franchi4. En effet, la comédienne a pu éprouver physiquement cette parenté en ayant joué les deux rôles sous la direction de Patrice Chéreau. D’après elle, Phèdre et M. représentent toutes deux des femmes amoureuses, fascinées par la mort. De surcroît, le théâtre de Marguerite Duras lui paraît comparable à celui de Jean Racine, tant par sa forme que pour sa fable5. De fait, La Douleur aborde des thèmes propres à la tragédie, à savoir l’attente, l’amour et la guerre, dans une langue dont la prose est poétique, parfois lyrique. Dominique Blanc revendique également l’idée selon laquelle La Douleur se déroule comme une tragédie intime de l’attente d’une femme, M., en avril 1945, qui se consume (partie I) en compagnie de D., son autre amour, en espérant le retour de son époux, vraisemblablement déporté dans un camp de concentration, à Buchenwald ou à Dachau, et qui revient si affaibli qu’il est entre la vie et la mort (partie II)6.

En 2008, alors qu’elle avait incarné plusieurs mois durant au cours de l’année 2003 Phèdre aux Ateliers Berthier du Théâtre de l’Odéon, sous la direction de Patrice Chéreau, Dominique Blanc traverse une période professionnelle difficile au cours de laquelle elle s’inquiète de « ne plus être capable de jouer »7. C’est alors que son mari lui propose de reprendre contact avec Patrice Chéreau, arguant que le metteur en scène, dont elle est éloignée depuis cinq ans, est celui qui l’a révélée à elle-même, au théâtre et au grand public8. Lors d’un déjeuner avec le metteur en scène, Dominique Blanc l’interroge, désireuse de connaître son avis sur son parcours professionnel à ses côtés depuis 19819. Leur conversation se termine par une suggestion que Patrice Chéreau fait à Dominique Blanc – parce qu’« il a dû sentir [qu’elle] étai[t] dans un grand désarroi », assure-t-elle10 – : « Pourquoi ne ferait-on pas une lecture, toi et moi ? »11 au Théâtre des Amandiers à Nanterre.

Il se trouve que lire un texte est un exercice particulièrement apprécié par la comédienne, qui aime prendre à bras le corps chaque mot, chaque ponctuation12. Patrice Chéreau suggère alors à Dominique Blanc, d’une part, de choisir un texte pour lequel ils auraient tous deux un coup de cœur et, d’autre part, que cette lecture se fasse sous le regard de Thierry Thieû Niang. C’est ce dernier qui va leur suggérer de choisir « La douleur » de Marguerite Duras.

Ce texte apparaît comme une révélation aux yeux non seulement de Dominique Blanc, mais aussi de Patrice Chéreau, dont le désir de monter le texte durassien naît de la phrase qu’avait écrit son autrice en avant-propos du recueil : « La douleur est une des choses les plus importantes de ma vie »13. Patrice Chéreau décide donc de proposer un montage de ce texte en vue « de conférer une plus forte intensité à l’expression des affects »14. Pour ce faire, il supprime des passages qu’il juge trop descriptifs, ou factuels, mais préserve les articulations structurelles du texte, les répétitions, les silences, et souligne les adverbes temporels et les temps verbaux employés (« J’ai entendu » et « j’attends »). En d’autres termes, il met en exergue les repères temporels. En outre, il choisit de terminer par une fin heureuse et apaisée consacrant la victoire sur la mort remportée par Robert L.15. Fasciné par « le corps souffrant d’Antelme »16, Patrice Chéreau « déporte l’intérêt final du spectateur de La Douleur vers, dit-il, la prosopographie d’un organisme en péril de mort »17. La comédienne est immédiatement convaincue par la qualité de l’adaptation proposée : « [J]e dois dire que, quand vous regardez ou quand vous lisez le texte de La Douleur et de son montage, c’est extraordinaire. Ça tient du génie », affirme-t-elle en 201818.

Une première lecture publique de l’adaptation a lieu à Genève. Patrice Chéreau y interprète D. et Dominique Blanc, M. Le metteur en scène rejoint l’actrice pour une nouvelle lecture, à l’approche de Noël à Reims, tout particulièrement fatigué et irrité par les répétitions milanaises de l’opéra wagnérien Tristan und Isolde19. Sur les conseils de l’éclairagiste L’Amoureux20, Dominique Blanc dit à Patrice Chéreau : « Je pense que cette Douleur, c’est une femme qui attend toute seule chez elle. Accepterais-tu de mettre tout cela en scène ? Surtout, prends le temps de réfléchir. Ne me réponds pas maintenant »21. Elle lui propose dès lors un « seul en scène » et de passer ainsi d’une lecture à deux voix à un spectacle. Quelques jours plus tard, le metteur en scène donne son accord, à condition que Thierry Thieû Niang soit inclus dans le projet, car la collaboration avec le chorégraphe lui paraît indispensable22.

C’est ainsi que la version scénique de « La douleur » a vu le jour en faisant « l’objet de deux spectacles successifs, liés mais dissemblables »23. Ce sera la sixième (et ultime) collaboration entre Dominique Blanc et Patrice Chéreau, dans le cadre de laquelle ils vont tous deux travailler différemment que lors de leurs précédents spectacles en compagnonnage.

Le metteur en scène invite la comédienne à la Manufacture des Œillets d’Ivry-sur-Seine pour lui proposer des improvisations autour de la situation principale, celle d’une femme qui attend. Durant ces exercices, Patrice Chéreau photographie Dominique Blanc, qui confie avoir été à la fois surprise et sidérée par cette méthode inédite, mais dont elle comprend vite qu’elle nourrit ainsi l’imaginaire de Chéreau24. De son côté, l’actrice alimente son travail en consultant notamment les archives relatives aux Cahiers de la guerre et autres textes25 qui représente la toute première version de La Douleur. Venue à Caen pour y jouer son « seul en scène » lors d’une tournée internationale passant notamment par la Pologne, le Brésil et le Japon, Dominique Blanc a profité de l’occasion pour consulter les cahiers de l’autrice à l’IMEC, qu’elle relit fréquemment au fur et à mesure des représentations. Ce faisant, la comédienne adopte en quelque sorte une position de chercheuse – une posture qu’elle fait sienne pour chacun de ses rôles.

Patrice Chéreau donne aussi à Dominique Blanc des indications de mise en scène, dont le tapuscrit que nous avons pu consulter à l’IMEC garde trace. Les injonctions sont simples : elles concernent à la fois les déplacements du corps (« s’asseoir » écrit en rouge, se tenir « debout », « [Partir loin !] » écrit en rouge, « revenir » et « repart[ir] au fond » …) et la manipulation du livre que Dominique Blanc conservera sur le plateau et gardera en main lors des représentations (« tourner la page » ou, au contraire, ne pas la tourner pour pouvoir lire et feuilleter le manuscrit…)26. Le metteur en scène a également inséré des flèches dans le texte pour en souligner à la fois le rythme et l’enchaînement des idées. Il met en avant les répétitions et les ressassements de l’écriture durassienne qui sont, d’après lui, le geste par lequel l’autrice dit l’impossibilité d’exprimer l’inconnu de la douleur27. L’importance prépondérante du dialogue, l’attaque sur les questions, sont aussi mis en relief28. En somme, Patrice Chéreau recherche dans le texte tous les signes d’une mise en scène susceptible de valoriser les contrastes et les paradoxes d’une pensée et d’un récit que modèle le travail de la mémoire :

[…] la mémoire de Duras est […] soumise au régime alternatif de l’éloignement et du rapprochement, de l’écart et de l’analogie, comme pour suggérer les mouvements inégaux et moirés du souvenir, diversement ravivé selon le degré de remémoration émotionnelle29.

Ces termes d’« éloignement », de « rapprochement », d’« écart » et d’« analogie », si fondamentaux quand il est question de devoir de mémoire, nous paraissent intrinsèquement liés aux notions d’« intime » et d’« extime », telles qu’elles sont exposées par Valérie Nativel30. Tandis que l’intime désigne ce qui est le plus intérieur, l’extime – un néologisme dû au psychanalyste Jacques Lacan31 – renvoie à ce qui se situe le plus à l’extérieur de soi. Sur scène, l’intime, propre ici à la langue de l’autrice qu’est Marguerite Duras, passe par la comédienne Dominique Blanc et supporte ce qu’Aline Mura-Brunel appelle une « extimation »32. Selon Serge Linarès, ce passage de « l’intime » à « l’extime » a exigé de rendre perceptibles, « trois niveaux de temporalité » spécifiques à la lecture de La Douleur qui influent sur le jeu corporel de Dominique Blanc et sur les divers types d’adresse que ceux-ci activent33 :

  • « le temps de la représentation » : debout face au public, la comédienne prononce la préface durassienne, apprise par cœur, dans laquelle l’autrice décrit les circonstances pour le moins confuses de la rédaction de son journal. Dès lors, l’assistance se sent pleinement incluse et se voit comme le témoin direct et privilégié du discours de l’autrice ;
  • « letemps du récit » : quand Dominique Blanc prononce la phrase « La Douleur est une des choses les plus importantes de ma vie », elle introduit un deuxième niveau de temporalité, corrélé à la situation de lecture, feuilles en main, tantôt dirigeant son regard vers le public, tantôt les yeux baissés, entre extériorisation (« l’extime ») et intériorisation (« l’intime ») ;
  • « le temps de l’actualisation » : cet ultime niveau de temporalité est lié, quant à lui, aux épisodes joués et dialogués, tels les « frémissements physiques, gestuelles lyriques, altérations vocales, regards intenses sont alors le lot de la comédienne, livrée à la confusion du présent et du passé, soit à une fiction de réminiscence revécue à plein »34.

Le fait que le texte durassien a été appris par cœur et dans son entièreté par Dominique Blanc établit un pont entre « le temps de l’actualisation » et « le temps de la représentation », cette « activité de contage, sans l’entremise de la lecture »35. Cela permet à la comédienne d’interpeller directement les spectatrices et les spectateurs et de multiplier les « gestes expressifs »36.

Même s’il avoue que mettre en scène un tel « seul en scène » s’avère éminemment plus complexe qu’un opéra, Patrice Chéreau confie néanmoins au journaliste Jacques Nerson qu’il « adore les lectures » et y voit « le prolongement de [s]on activité de metteur en scène. En effet, selon lui, il s’agit toujours de transmettre au public la pensée de l’auteur »37, son intelligence et sa sensibilité. La lecture liminaire à la table a donc fait place au « seul en scène » d’un texte à part, situé entre récit (destiné à la lecture) et théâtre (l’incarnation), dans le sens où la lecture encadre les scènes dialoguées. Mais aussi, le metteur en scène n’aurait pas accepté cette double version scénique, « s’il n’y avait vu la possibilité d’une confrontation à double niveau avec l’irreprésentable : celui d’un genre introspectif à l’énonciation solitaire et […] celui d’une mémoire de la guerre vouée à l’oubli »38. En effet, d’après Serge Linarès, cette situation d’attente « a priori irreprésentable » n’est pas pour autant « exempte de charge dramatique » :

[Cette situation] se prête à l’actualisation du passé, au moins autant qu’au constat de son étrangeté. Le paradoxe de cette théâtralité tangente se révèle d’un rendement fructueux pour qui, comme Chéreau, greffe sur le sujet biographique la question de l’état des consciences européennes39.

Interpellé par « l’amnésie collective touchant la Seconde Guerre mondiale », le metteur en scène propose le « spectacle d’une mémoire au travail, éprouvée par le drame et menacée par l’oubli », en vue de « raviver chez les spectateurs le souvenir d’antécédents traumatisants pour l’humanité »40. Pour ce faire, il recourt à « la médiation de deux lecteurs, puis d’une comédienne » soumis à l’expérience de « l’éloignement et de la prégnance du vécu, soit [à] l’abstraction comme la subjectivisation du révolu »41. Ce faisant, Patrice Chéreau n’interroge pas seulement le caractère rémanent d’une histoire personnelle et collective, il donne également à voir sur scène « la précarité identitaire de l’individu, aux prises avec un passé qui ne passe pas »42.

Par un effet de miroir, La Douleur a réconcilié Dominique Blanc avec elle-même et lui a permis de renouer avec son désir de théâtre, car elle s’est sentie capable de se mettre en danger et d’assumer d’être seule sur un plateau pour défendre à haute voix ce texte de Marguerite Duras, résistant, amoureux, militant, et de faire ainsi œuvre de mémoire43. Alternant entre des retours réguliers à la lecture, intériorisée ou extériorisée, – comme pour elle-même ou vers la salle, tels des moments joués comme revécus – et narration clairement adressée, mais mettant à distance l’histoire racontée, la comédienne déjoue sans cesse l’illusion qu’elle incarne de façon fusionnelle le personnage de M. Par cette alternance, elle opère une dépersonnalisation de la parole : « La mise en scène de la mémoire suppose précisément une alternance d’identification et de distanciation »44. Faire acte de mémoire demeure d’ailleurs une des raisons pour lesquelles Dominique Blanc a souhaité reprendre ce spectacle – avec lequel elle espère vieillir45 – près de quinze ans après sa création.

… à la reprise

« Patrice Chéreau n’était pas mon père mais je suis orpheline ».
Dominique Blanc46

Le mercredi 28 septembre 2022 a eu lieu la première représentation de la reprise du « seul en scène » de Dominique Blanc de La Douleur au Théâtre National Populaire de Villeurbanne47. À cette date, cela fait près de quinze ans qu’elle côtoie ce texte.

Une première raison pour laquelle la comédienne en 2022 a souhaité ardemment reprendre ce spectacle est que le 7 octobre 2023 cela allait faire exactement dix ans que Patrice Chéreau avait disparu et laissé ses collaborateurs « orphelins » pour paraphraser les propos de Dominique Blanc qui, depuis la disparition du metteur en scène, était entrée à la Comédie-Française48, et ouvrait une autre étape importante de sa carrière. Ce choix l’avait, d’après ses dires, aidée à mûrir, à se sentir plus libre et à éprouver la « chair des mots » avec intensité et profondeur49.

Un deuxième motif pour lequel la comédienne a voulu reprendre ce « seul en scène » renvoie au « coup de foudre absolu » qu’elle avait eu pour un texte à l’origine d’« un véritable bouleversement physique » en elle. En un mot, il s’agirait du « texte de [s]a vie »50 et, s’il lui faut reconnaître que ce « grand texte » n’était « pas fait pour le théâtre », Patrice Chéreau « avec une scénographie minimaliste et intense en a fait une grande tragédie de théâtre »51.

La troisième et principale raison de revenir sur scène avec « La douleur » renvoie au fait qu’il est apparu essentiel à Dominique Blanc de « rappeler l’horreur nazie » dans le contexte actuel52. En témoigne ce passage du texte de Marguerite Duras que Patrice Chéreau a reproduit dans ses notes et dont il souligne la violence :

Ce nouveau visage de la mort organisée, rationalisée, découvert en Allemagne déconcerte avant que d’indigner. On est étonné. Comment être encore Allemand ? On cherche des équivalences ailleurs, dans d’autres temps. Il n’y a rien. D’aucuns resteront éblouis, inguérissables. Une des plus grandes nations civilisées du monde, la capitale de la musique de tous les temps vient d’assassiner onze millions d’êtres humains à la façon méthodique, parfaite, d’une industrie d’état. Le monde entier regarde la montagne, la masse de mort donnée par la créature de Dieu à son prochain53.

La comédienne, qui avoue ne s’être jamais livrée au type d’exercice qui consiste à reprendre un texte porté à la scène longtemps auparavant, a été convaincue de la nécessité de le faire par le déclenchement de la guerre en Ukraine54 :

Alors que la guerre est à nos portes, avec l’Ukraine, il devient un grand texte politique. Que fait l’Europe aujourd’hui ? Et il ne faut pas oublier les 6 millions de morts de la Shoah et les 11 millions de morts de la guerre. Je suis effarée de la façon dont on oublie l’horreur nazie aujourd’hui. Surtout quand j’en parle avec les jeunes. L’histoire ne semble pas les intéresser55.

Avec près de quinze ans de recul, Dominique Blanc apprécie l’idée selon laquelle, après avoir été déconstruite par le rôle de Phèdre en 2003, elle a pu se reconstruire, en 2008, grâce à ce texte de Marguerite Duras, fait d’abnégation et de résurrection56, mais aussi grâce à Patrice Chéreau. Dominique Blanc affirme que le regard du metteur en scène l’avait « en partie construite », car elle se sentait véritablement exister, « au plus profond » avec lui : elle pouvait dire qu’il aimait en elle à la fois la personne et la comédienne.

Lors de notre séjour à l’IMEC, nous avons découvert et compris, avec un fort et agréable étonnement, que les réflexions de Chéreau sur La Douleur l’ont inspiré pour un film testamentaire qu’il entendait initialement intituler La Douleur : sous le mot amour57, avant de l’avoir en définitive nommé Persécution. Ce long-métrage, comparable à une Douleur Deuxième58, a paru en 2010 avec Romain Duris, Charlotte Gainsbourg et Jean-Hugues Anglade dans les rôles-titres. Seul avant d’être rejoint par Anne-Louise Trividic59, Patrice Chéreau a donc réfléchi aux protagonistes principaux de son prochain film, comparable à l’aventure de La Musica Deuxième de Marguerite Duras60. Dans ce cadre, Patrice Chéreau a pensé à un trio composé d’un homme nommé D. ou M., d’une femme et d’un inconnu qui vient fréquemment rendre visite à l’homme. Cet inconnu paraît se trouver entre les amants, tout comme Robert Antelme est entre M. et D. dans « La douleur ». Vécu à huis clos, cet amour intime, tacite et partagé, quoique de l’ordre d’une « passion obsessionnelle »61 et égoïste qui se révèle douloureuse, unit tous les personnages. Et qui dit douleur, dit absence, mais aussi espoir et « courage »62. En tout état de cause, les protagonistes doivent faire preuve de lucidité sur eux-mêmes et sur leur vie ; il leur faut également être attentifs et sensibles aux autres – qu’ils considèrent pourtant comme des ennemis –, et à l’éclosion du sentiment amoureux, qui se produit inopinément. Les personnages « se côtoient [en abritant] un noyau de méfiance qui signale leur irréductible solitude »63, commente Patrice Chéreau. Vivre « une passion amoureuse dans le malheur » et dans la solitude : s’illustre là l’essence du geste artistique de Patrice Chéreau (Phèdre, La Douleur et Persécution), l’œuvre de Duras (Cahiers de la guerre et autres textes, La Douleur et La Musica Deuxième), ainsi que le répertoire racinien (Bérénice et Phèdre).

Dans ses notes de mise en scène conservées à l’IMEC, Patrice Chéreau commente le texte de Marguerite Duras en ces termes : « la regarder » [et] « main près d’elle sur la table » [en rouge] : « La semaine dernière il s’approchait encore de moi, il me prenait la main, il me disait : “Robert reviendra, je vous le jure”. Il attend aussi Robert »64. Ces annotations du metteur en scène nous sont apparues pleinement incarnées, quand nous avons vu Dominique Blanc, lors de la reprise de ce « seul en scène », le samedi 26 novembre 2022, sur la scène du Théâtre de l’Athénée à Paris. En effet, du quatrième rang où nous étions installée, nous avons cru apercevoir non seulement le regard, mais aussi la main du metteur en scène près de celle de la comédienne. Notre ressenti semble confirmé par ces mots de l’interprète : « Le 2 novembre 2021, j’ai repris le texte, je l’ai relu et j’ai vraiment eu la sensation – mais ce sont des intuitions – qu’il était au-dessus de mon épaule, que j’entendais sa respiration »65.

Le mardi 14 mai 2024, Dominique Blanc donnera vraisemblablement une dernière représentation de La Douleur au Piccolo Teatro di Milano, là où Patrice Chéreau a tout appris du théâtre, en travaillant aux côtés de Giorgio Strehler66. C’est encore une manière pour elle de rendre un ultime hommage à ce metteur en scène, auquel elle doit tant.

Pour une comédienne qui implique sa sensibilité, ses émotions, son corps et sa voix, de quelle manière se construit la mémoire ? Comment dire la parole durassienne, entre présence et absence ? Entre mémoire et oubli, entre une histoire personnelle et la grande Histoire, Dominique Blanc, sous le double regard de Patrice Chéreau et de Thierry Thieû-Niang, et, lors de la reprise de ce « seul en scène », aux côtés du chorégraphe, en hommage au metteur en scène, a opté pour un entre-deux. Requis par le devoir de mémoire, le fait d’osciller entre intériorisation (l’intime) et extériorisation (l’extime) permet à la comédienne d’actualiser le propos de Marguerite Duras relatif à la Seconde Guerre mondiale, livré au public en vue d’interpeller l’assistance, surtout la jeunesse.

Faire ainsi acte de mémoire permet également à Dominique Blanc d’appeler le souvenir secret et intime de Patrice Chéreau, lequel demeure pour elle à la fois un maître et un guide.

Notes

1 Marguerite Duras, « La douleur », La Douleur [1985], Paris, Gallimard, « Folio », 1993, p. 11-85. Return to text

2 Les archives ici décrites n’ont pas été publiées dans les journaux de travail de Patrice Chéreau (voir Journal de travail, t. 1 : Années de jeunesse (1963-1968), éd. par Julien Centrès, Arles, Actes Sud, 2018 ; id., Journal de travail, t. 2 : Apprentissages en Italie (1969-1971), op. cit. ; id., Journal de travail, t. 3 : L’Invention de la liberté (1972-1974), op. cit., 2019 ; id., Journal de travail, t. 4 : Au-delà du désespoir (1974-1977), op. cit., 2022 ; id., Journal de travail, t. 5 : De Villeurbanne à Nanterre (1977-1988), op. cit., 2023 ; le sixième et dernier tome paraîtra en 2024). Return to text

3 Marguerite Duras, La Vie matérielle, Paris, POL, 1987, p. 15. Return to text

4 Selon Dominique Blanc, incarner Phèdre revient à prendre en charge le désir féminin et la fascination pour la mort (podcast Hors-champs, émission de radio animée par Laure Adler, France Culture, diffusée le 8 sept. 2009, [en ligne], disponible sur URL : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/hors-champs/dominique-blanc-9264154, consulté le 23 nov. 2023). Return to text

5 Propos de Dominique Blanc (« 15h10-15h30 », France Info, émission de radio, diffusée le 1er sept. 2009). Return to text

6 En 1985, Marguerite Duras a ajouté à son texte des Cahiers de la guerre, rédigé en 1946-1947, la scène du retour où M. retrouve son époux qu’elle reconnaît par son sourire : « C’est à ce sourire que tout à coup je le reconnais […] » (La Douleur, op. cit., p. 69), voir Dominique Blanc, L’Humeur vagabonde, France Inter, émission de radio animée par Kathleen Évin, diffusée le 26 nov. 2008, [en ligne], disponible sur URL : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-humeur-vagabonde/dominique-blanc-8786013, consulté le 10 nov. 2023. Return to text

7 Dominique Blanc, « De Phèdre à La Douleur : la grande tragédienne », À voix nue, France Culture, émission de radio animée par Zoé Sfez, diffusée le 20 sept. 2018, [en ligne], disponible sur URL : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue/de-phedre-a-la-douleur-la-grande-tragedienne-6220394, consulté le 10 nov. 2023. Return to text

8 Le Parisien, mercredi 20 févr. 2008 (IMEC, Fonds Chéreau, revue de presse). Return to text

9 En 1981, au Théâtre des Amandiers à Nanterre, Dominique Blanc a interprété plusieurs petits rôles dans la mise en scène par Patrice Chéreau de Peer Gynt de Henrik Ibsen, avant de travailler à cinq autres reprises à ses côtés : Les Paravents de Jean Genet à Nanterre-Amandiers en 1983 ; La Reine Margot en 1995 [film] ; Ceux qui m’aiment prendront le train en 1998 [film] ; Phèdre de Jean Racine aux Ateliers Berthier du Théâtre de l’Odéon en 2003 ; La Douleur de Marguerite Duras au Théâtre de l’Atelier en 2009. Return to text

10 Dominique Blanc, Chantiers, je : entretiens menés par Alexandra von Bomhard, Laurent Digonnet, Dominik Manns, Arles, Actes Sud, « Le temps du théâtre », 2023, p. 105. Return to text

11 Patrice Chéreau cité par Dominique Blanc, « De “Phèdre” à “La Douleur” : la grande tragédienne », émission citée. Return to text

12 Dominique Blanc, Hors-champs, émission citée. Return to text

13 Marguerite Duras, La Douleur, op. cit., p. 12 (cette phrase est soulignée à de nombreuses reprises par Chéreau dans ses notes de mise en scène conservées à l’IMEC). Return to text

14 Serge Linarès, « Spectacles de La Douleur : Patrice Chéreau interprète de Duras », in Patrice Chéreau en son temps, dir. par Pascale Goetschel, Marie-Françoise Lévy, Myriam Tsikounas, Paris, Éd. de la Sorbonne, 2018, p. 214. Return to text

15 Patrice Chéreau, [La Douleur], 2008 (IMEC, Fonds Chéreau, CHR 345). Return to text

16 La fascination du metteur en scène pour les corps lui vient de son père, Jean-Baptiste Chéreau, artiste peintre. D’ailleurs, dès qu’il le peut, Patrice Chéreau n’hésite pas à faire référence à cette profession dans ses créations filmiques. C’est notamment le cas dans Persécution (2009) où Michel Duchaussoy, incarnant un homme d’âge mûr, peint des toiles à la gouache. Return to text

17 Serge Linarès, « Spectacles de La Douleur… », art. cité, p. 212. Return to text

18 Dominique Blanc, « De Phèdre à La Douleur : la grande tragédienne », émission citée. Return to text

19 Dans ses notes préparatoires conservées à l’IMEC, Patrice Chéreau compare le désir de mort de M. à Tristan : (« Simplicité de cette mort. J’aurai vécu », IMEC, Fonds Chéreau, CHR 345). Return to text

20 Dominique Blanc, Chantiers, je, op. cit., p. 105. Return to text

21 Id., « De “Phèdre” à “La douleur” : la grande tragédienne », émission citée. Return to text

22 Id., Rendez-vous avec Claire Chazal, Radio Classique, émission de radio diffusée le 12 déc. 2008. Return to text

23 Serge Linarès, « Spectacles de La Douleur… », art. cité, p. 209. Return to text

24 Dominique Blanc, « De “Phèdre” à “La Douleur” : la grande tragédienne », émission citée ; les documents d’archives conservés à l’IMEC en témoignent (IMEC, Fonds Chéreau, CHR 345). Return to text

25 Marguerite Duras, Cahiers de la guerre et autres textes, éd. par Sophie Bogaert & Olivier Corpet, Paris, POL/Imec, 2006 (voir Dominique Blanc, Rendez-vous avec Claire Chazal, émission citée ; Bienvenue au Club, France Culture, émission de radio animée par Olivia Gesbert, diffusée le 24 nov. 2022, [en ligne], disponible sur URL : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-club/dominique-blanc-les-annees-chereau-5300296, consulté le 23 nov. 2023. Return to text

26 IMEC, Fonds Chéreau, CHR 345. Return to text

27 Dominique Blanc, L’Humeur vagabonde, émission citée. Return to text

28 IMEC, Fonds Chéreau, CHR 298-2. Return to text

29 Serge Linarès, « Spectacles de La Douleur… », art. cité, p. 216. Return to text

30 Valérie Nativel, La Représentation de l’intimité dans le travail de Patrice Chéreau (1982-2010), thèse de doctorat en études théâtrales, Université Sorbonne nouvelle, 2012, 418 p. Return to text

31 Aline Mura-Brunel, « Intime/Extime : introduction », in L’Extime-l’intime, dir. par Aline Mura-Brunel & Franc Schuerewegen, Amsterdam, New-York, Rodopi, 2002, p. 6 (« L’intime » et « l’extime » ont été les deux notions au cœur de notre thèse de doctorat, Figures de l’intime et de l’extime : réflexions autour du jeu de Marina Hands et Éric Ruf face à Phèdre de Jean Racine, Université du Luxembourg-Université de Lorraine, 2023, 596 p.). Return to text

32 Id., « Intime/Extime… », art. cité, p. 5. Return to text

33 Serge Linarès, « Spectacles de La Douleur… », art. cité, p. 216-217 (les niveaux de temporalité sont indiqués en italiques dans l’article de Serge Linarès). Return to text

34 Ibid., p. 217. Return to text

35 Loc. cit. Return to text

36 Loc. cit. Return to text

37 Propos de Patrice Chéreau à Jacques Nerson parus dans Le Nouvel Observateur du 21 févr. 2008 (IMEC, Fonds Chéreau, revue de presse). Return to text

38 Serge Linarès, « Spectacles de La Douleur… », art. cité, p. 210. Return to text

39 Ibid., p. 219. Return to text

40 Loc. cit. Return to text

41 Loc. cit. Return to text

42 Loc. cit. Return to text

43 Selon Dominique Blanc, ce texte qu’est La Douleur s’avère bien plus théâtral que le théâtre durassien (Studio-théâtre, émission de radio animée par Laure Adler, France Inter, diffusée le 13 déc. 2008). Avant d’entrer en scène pour accueillir le public dans un état de solitude extrême, Dominique Blanc relit toujours L’Espèce humaine de Robert Antelme (1947) qui a inspiré Marguerite Duras lors de la réécriture de La Douleur en vue de la parution en 1985 (Culture vive, Radio France internationale, émission de radio animée par Pascal Paradou, diffusée le 23 sept. 2009 ; Bienvenue au Club, émission citée). Return to text

44 Serge Linarès, « Spectacles de La Douleur… », art. cité, p. 215. Return to text

45 Dominique Blanc citée par Vincent Josse (Le Masque et la plume, France Inter, émission de radio animée par Jérôme Garcin, diffusée le 30 nov. 2008). Return to text

46 Propos de Dominique Blanc cités lors des obsèques de Patrice Chéreau par Élisabeth Quin (28 minutes, ARTE, émission de télévision animée par Élisabeth Quin, diffusée le 30 août 2022). Return to text

47 En 1969, Dominique Blanc y découvre, adolescente, la mise en scène de Patrice Chéreau de Massacre à Paris de Christopher Marlowe. Ce lieu s’imposait donc de lui-même, étant donné qu’elle s’y sent chez elle et qu’il scelle la première rencontre de la comédienne avec ce metteur en scène (ibid.). Return to text

48 En décembre 2014, Éric Ruf – qui fut l’interprète d’Hippolyte en 2003 dans la mise en scène de Patrice Chéreau – propose à Dominique Blanc d’intégrer la Comédie-Française en tant que « pensionnaire ». Elle y entrera le 19 mars 2016 et, depuis le 1er janvier 2021, est devenue la 538e « sociétaire » de la troupe : « Il y a une espèce de […] confrérie Chéreau, c’est-à-dire qu’on se retrouve les uns après les autres et on se met à retravailler ensemble ; d’où l’invitation d’Éric Ruf dans cette Comédie-Française, qui est venue du fait de Phèdre » (Le Grand Atelier : Dominique Blanc, émission de radio animée par Vincent Josse, France Inter, diffusée le 18 fév. 2018, [en ligne], URL : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-atelier/dominique-blanc-le-plateau-est-un-lieu-ou-la-vie-reelle-s-arrete-ou-tout-est-possible-ou-tout-peut-s-inventer-5098179, consulté le 23 nov. 2025). Dominique Blanc affirme d’ailleurs avoir été « la première comédienne à être choisie » par Éric Ruf : « Je ne le savais pas, je l’ai appris par la suite », explique-t-elle (Dominique Blanc, op. cit., p. 128). Return to text

49 Dominique Blanc, Le Grand Atelier…, émission citée ; Nicole Clodi, « Dominique Blanc : “La douleur”, “c’est le texte de ma vie” », [en ligne], disponible sur URL : https://www.ladepeche.fr/2023/06/24/dominique-blanc-la-douleur-cest-le-texte-de-ma-vie-11298926.php, consulté le 30 juin 2023. Return to text

50 Id., L’Invité de 7h50, France Inter, émission de radio animée par Léa Salamé, diffusée le 26 sept. 2022, [en ligne], URL : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-26-septembre-2022-7998795, consulté le 23 nov. 2024. Return to text

51 Nicole Clodi, « Dominique Blanc : “La douleur”, “c’est le texte de ma vie” », art. cité. Return to text

52 Dominique Blanc, L’Invité de 7h50, émission citée. Return to text

53 Extrait de « La douleur » (Marguerite Duras, La Douleur, op. cit., p. 64) repris dans les notes préparatoires de Patrice Chéreau conservées à l’IMEC où il précise combien ce passage est « violent » (IMEC, Fonds Chéreau, CHR 345). Return to text

54 Dominique Blanc, Bienvenue au Club, émission citée. Return to text

55 Nicole Clodi, « Dominique Blanc : “La douleur”, “c’est le texte de ma vie” », art. cité. Return to text

56 Dominique Blanc, Bienvenue au Club, émission citée. Return to text

57 IMEC, Fonds Chéreau, CHR 298-2, « Notes ALTr. 15 juillet 2007. La douleur : vision d’ensemble ». Return to text

58 Serge Linarès, « La Douleur, première », in Patrice Chéreau à l’œuvre, dir. par Myriam Tsikounas & Marie-Françoise Lévy, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016, p. 351. Return to text

59 Patrice Chéreau a également collaboré avec cette scénariste dans le cadre d’Intimité (2003) et de L’Homme blessé, long-métrage, co-écrit avec Hervé Guibert, qui devait initialement s’intituler L’Homme qui pleure (1983), IMEC, Fonds Chéreau, CHR 299-1, « La Douleur. Projet PC. D. Blanc : programme » ; Jean-Luc Douin, « “Persécution” : un idéaliste persécuteur et persécuté », Le Monde, 8 déc. 2009, [en ligne], disponible sur URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/12/08/persecution-un-idealiste-persecuteur-et-persecute_1277674_3476.html, consulté le 1er juil. 2023. Return to text

60 Serge Linarès, « La Douleur, première », art. cité, p. 351 (La Musica Deuxième a été créée le 20 mars 1985 au théâtre du Rond-Point, dans une mise en scène de l’auteur et publié la même année chez Gallimard). Return to text

61 IMEC, Fonds Chéreau, CHR 298-2, notes de janvier 2007. Return to text

62 Ce terme est indiqué en italiques dans les notes tapuscrites de Patrice Chéreau (IMEC, Fonds Chéreau, CHR 298-2, notes de janvier 2007). Return to text

63 Ces propos de Patrice Chéreau sont indiqués ainsi dans ses notes tapuscrites (IMEC, Fonds Chéreau, CHR 298-2, « Prémisses, premières impressions et propositions »). Il est tentant de se dire qu’après Intimité (2000) et Gabrielle (2005), Chéreau affiche une prédilection pour les histoires de couples, mais, paradoxalement, c’est plutôt à L’Homme blessé (1983) qu’il faut peut-être relier Persécution, en ce qu’il trahit une fascination pour quelqu’un qui vit une passion amoureuse dans le malheur. Return to text

64 Notes manuscrites de Patrice Chéreau (« La douleur. 2008. Fonds Chéreau, IMEC, CHR 345). Return to text

65 Dominique Blanc, op. cit., p. 106 (cette date n’est en rien fortuite ; bien au contraire, elle s’avère tout particulièrement symbolique, car Patrice Chéreau est né le 2 novembre 1944) Return to text

66 Id., « Dominique Blanc, comédienne : “Pour moi, le plateau est une belle terre étrangère” », entretien avec Thomas Louis, La Quille, [en ligne], disponible sur URL : https://soundcloud.com/la-quille/127-dominique-blanc-comedienne-pour-moi-le-plateau-est-une-belle-terre-etrangere consulté le 2 nov. 2023. Return to text

References

Electronic reference

Marine Deregnoncourt, « Dominique Blanc sous le regard de Patrice Chéreau : “La douleur”, de la création à la reprise (2008-2023) », Cahiers Marguerite Duras, [online], 3 – 2023, Online since 01 juin 2024, connection on 06 février 2025. URL : http://www.peren-revues.fr/cahiersmargueriteduras/487

Author

Marine Deregnoncourt

dgtmarine92@gmail.com