Jeux du corps, jeux du cœur. Le « roi qui ne ment », un jeu d’adultes parmi les jeux enfantins de l’Espinette amoureuse de Jean Froissart ?

  • The « Roi qui ne ment », an adult game among children’s games in Jean Froissart’s Espinette amoureuse?

DOI : 10.54563/bdba.2087

p. 27-42

Abstracts

Le célèbre catalogue de jeux d’enfants qui sert de prologue à l’Espinette amoureuse (1369) de Jean Froissart contient une nette majorité de jeux tournés vers l’activité physique et faisant appel aux éléments naturels extérieurs. Cependant, il inclut de manière surprenante le « Roi qui ne ment », un jeu courtois de casuistique amoureuse qui ne semble pas destiné à des enfants mais à des jeunes adultes. Cet article vise à justifier sa présence en montrant qu’il participe d’une interpénétration des jeux de l’enfance et des jeux de l’amour, par laquelle Froissart expose que l’amour des romans courtois est une illusion qui n’a d’existence réelle que dans sa projection enfantine.

Jean Froissart’s Espinette amoureuse starts with a famous list of children’s games, most of them focusing on physical activity and using natural elements from the outdoors. However, it includes the “Roi qui ne ment”, a courtly game based on love casuistry which doesn’t seem intended for children but for young adults. This paper aims to justify its presence, showing that it is part of an interweaving of children’s games and love games. Doing this, Froissart states that courtly love is an illusion, whose only real existence lies in its childish anticipation.

Outline

Excerpt

Le dit de l’Espinette amoureuse de Jean Froissart, qui relate sur un mode pseudo-autobiographique les tribulations de son amour de jeunesse, est resté célèbre surtout pour son prologue, dans lequel apparaît une liste de 55 jeux d’enfants, soit la plus longue dans un texte français avant les 217 jeux du Gargantua de Rabelais. Considéré tantôt comme un document historique émouvant et coloré, tantôt comme produisant un effet de réel rhétorique au service du sens poétique, le catalogue de ces jeux transmet en tout cas une impression de naturel qui ne laisse pas le lecteur indifférent et lui permet d’imaginer sans peine des enfants du XIVe siècle en train de s’amuser et de se chamailler dans les rues de Valenciennes, d’où est originaire l’auteur. La plupart de ces jeux sont liés à l’espace extérieur et aux éléments naturels, mais il y en a un, le « Roi qui ne ment », qui semble détonner, puisque comme le fait remarquer Hélène Bellon-Méguelle : « L’érotisme est une composante essentielle ...

References

Bibliographical reference

Julie Bévant, « Jeux du corps, jeux du cœur. Le « roi qui ne ment », un jeu d’adultes parmi les jeux enfantins de l’Espinette amoureuse de Jean Froissart ? », Bien Dire et Bien Aprandre, 39 | 2024, 27-42.

Electronic reference

Julie Bévant, « Jeux du corps, jeux du cœur. Le « roi qui ne ment », un jeu d’adultes parmi les jeux enfantins de l’Espinette amoureuse de Jean Froissart ? », Bien Dire et Bien Aprandre [Online], 39 | 2024, Online since 04 décembre 2025, connection on 14 juillet 2025. URL : http://www.peren-revues.fr/bien-dire-et-bien-aprandre/2087

Author

Julie Bévant

Université de Genève

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CC-BY-NC-ND